Revue Epsiloon (créée en 2021)
Après une interruption de plus de trois mois (l'automne, les jours qui diminuent, tout ça...), je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) tâche de reprendre la rédaction de mes billets "Challenge de la planète Mars", avec cette fois-ci une chronique un peu particulière.
Tout d'abord, merci à Mamaragan (blog l'Arène d'airain) qui a signalé sur la page du Challenge un intéressant billet. Ensuite, encore une fois un grand merci à Pativore (qui a créé le logo du Challenge). Car c'est sur son blog à elle que j'avais pris conscience (sinon connaissance) de la parution de la revue Epsiloon, lancée en 2021. La rédaction de cette jeune revue est constituée d'"anciens" de Sciences & Vie, qui ont quitté ce dernier journal par suite de désaccords éditoriaux avec le groupe Reworld Media. Ce dernier a racheté durant l'été 2019 ce vénérable titre (S&V) avec ceux du groupe Mondadori France (j'avais sans doute vu passer quelques communiqués de presse à l'époque, mais sans suivre le dossier...). Le premier numéro de la nouvelle revue (Epsiloon) est sorti cet été (daté de juillet 2021), mais je ne l'ai pas acheté à l'époque où il était disponible en kiosque.
Quel rapport avec la planète Mars, me direz-vous? J'y arrive.
Epsiloon se présente sous la forme d'une revue mensuelle de 100 pages, au format plus carré qu'allongé, et vendue 4,90 euros. Cherchant à rendre compte de l'actualité scientifique, les journalistes "conteurs de science" ont réussi à citer la planète Mars dans chaque numéro, à ma connaissance. Dans le numéro 6 (décembre 2021), la page 14-15 publie, un peu recadrée, une photo de trois cratères martiens prise par la sonde européenne Exomars au printemps dernier.
Dans le numéro 5 (novembre 2021), une brève nous informait que Mars avait connu des méga-erruptions volcaniques... il y a 4 milliards d'années (sans doute). Et citait juste le nom de la planète dans un article décrivant la "famille" des astres.
Le numéro 4 (octobre) "analysait" que le retour sur la Lune annoncé en 2024 dès 2019 par Donald Trump a pour véritable objectif un voyage humain vers Mars, chose à peine mentionnée dans le N°3 (p.45). Dans le numéro 2 daté d'août 2021, il fallait attendre la p.93 pour une "idée neuve": coloniser Mars avec des cerf-volants.
Comme dit plus haut, je n'avais pu me procurer en kiosque le N°1, déjà épuisé le 14 août (mais dont il paraît qu'on le trouvait encore à Ajaccio à cette date?). J'ai pu cependant en prendre connaissance, et je sais donc qu'un article (p.38) y était titré "Quand Mars devient un terrain de rivalité" (entre la Chine, les Emirats arabes unis, l'Inde, les Etats-Unis et l'Union soviétique).
Mais mis à part ces aspects martiens, quelques mots plus généraux sur la revue.
La création de ce nouveau titre de presse conte une histoire sympathique par bien des aspects. C'est une levée de fonds auprès du public, via Ulule, qui avait rassemblé 24 236 contributeurs pour de la prévente ou de l'abonnement: un bon moyen d'assurer la promotion du (futur) titre et de vérifier l'intérêt des futurs lecteurs! La page Epsiloon sur Wikipedia (consultée le 19/12/2021) contient des détails et des liens pour en savoir davantage sur cette aventure.
Les plus militants des lecteurs potentiels regretteront peut-être qu'il ne s'agisse pas d'une SCOP de presse comme Alternative Economiques par exemple, ni d'un journal véritablement "engagé".
J'ai relevé avec intérêt, en fin d'article 5 de la Charte éditoriale d'Epsiloon (9 juin 2021), que la Rédaction "s’engage à ne pas se cantonner aux modèles de pensée dominante et à traiter de points de vue innovants ou originaux, sous réserve qu’ils soient étayés par des arguments scientifiques robustes." Mais ce souhait ne risque-t-il pas d'entrer en conflit avec la troisième phrase de l'article 3, qui dit "Ils ont également collectivement la charge d’assurer dans la mesure du possible la réussite financière du Titre, suivant les meilleurs standards de rentabilité, qui sera le gage de son indépendance, de sa pérennité, et de la rémunération de la Rédaction, des Dirigeants et des Actionnaires, mais aussi de l’assurance de pouvoir réaliser les investissements nécessaires pour assurer son avenir."?
Ce que, à titre personnel, j'attends du journaliste, et notamment du journaliste spécialisé: c'est, d'abord, de ne pas se contenter de résumer des communiqués ou des dossiers de presse et autres "fils d'agence", en se dépêchant de publier sur des sujets à la mode, ceux dont parlent tous les confrères. De ne pas faire du "placement de produits", bien sûr. Et, plus généralement, de croiser les informations et de varier les informateurs et les "experts" interrogés (autant que possible), d'être force de proposition pour des sujets, et de les suivre sur le long terme.
J'ai appris pas mal de choses dans ces centaines de pages lues au fil des mois, sur des sujets bien variés (histoire, astronomie, ... covid-19, etc.). Au bout de cinq numéros lus, j'ai tout de même un léger a-priori sur le fait que ce journal peut avoir tendance à donner le point de vue "majoritaire" (dans le monde de l'industrie ou de l'entreprise), en tout cas à mettre seulement sur le même plan des opinions "pour" et "contre". Par exemple, dans le numéro 6 de décembre, quand il est question du "mur de rendement" du "bio", c'est davantage du bio "labelisé" (le bio industriel, à cahier des charges et obligations de moyens, orienté vers la vente en grande surface dans une approche "business") qu'il est question, plutôt que de la "bio-dynamie" ou des fermes en "bio holistique" (en polyculture-élevage...) ciblant les circuits courts. Et parler "contre" le bio, n'est-ce pas objectivement avantager l'agriculture "raisonnée" ou même "conventionnelle"? Epsiloon laisse au lecteur le monopole de l’engagement et de l’opinion... et ne s'en cache pas. Bref, nous voici bien loin de Mars encore!
Début septembre 2021, un échange de mail avec le service commercial m'avait informé qu'on devrait pouvoir se procurer les numéros en ligne d'ici la fin du mois. Je ne suis pas certain que cela ait bien été le cas fin septembre, mais, à ce jour (deuxième moitié de décembre), la vente au numéro sur leur site internet cible tous les numéros parus (précaution est prise de préciser "dans la limite des stocks disponibles"). Je continuerai en tout cas à lire les prochains numéros, même si je ne suis pas dans une démarche d'abonnement.
Je termine avec les liens vers les articles de Pativore sur les numéro 1 et numéro 2. Et, tout de même, le lien vers le site-vitrine de la revue Epsiloon!
La vérité sur la lumière - Audur Ava Olafsdottir
Après Miss Islande, je viens de lire avec grand plaisir La vérité sur la lumière de la romancière islandaise Audur Ava Olafsdottir (Zulma, 217 très belles pages apaisantes). Dyja (diminutif de Domhildur) est sage-femme (ljosmodir), littéralement "Mère de la lumière". Son arrière-grand-mère, sa tante et sa grand-tante l'ont été avant elle. Sa soeur est météorologue et ses parents dirigent une société de pompes funèbres. "C'est une longue tradition familiale de s'occuper de l'être humain, aussi bien au tout début de sa vie que lorsqu'il arrive à sa destination finale, ...", "La branche maternelle prend l'homme en charge lorsque la lumière s'allume, la branche paternelle prend le relais lorsqu'elle s'éteint" (p45). Dyja, qui vient de mettre au monde son 1922ème bébé, vit désormais dans l'appartement de sa grand-tante Fifa, qui le lui a laissé en héritage pour moitié. Dans ce lieu, Dyja trouve entre autre des manuscrits où Fifa livre ses réflexions sur la naissance des jeunes humains. En tant que sage-femme, elle tricotait des vêtements aux nourrissons qu'elle mettait au monde. Dyja retient quelques phrases dans ce qu'écrivit Fifa: "On dit que l'homme ne se remet jamais d'être né. Que l'expérience la plus difficile de la vie, c'est de venir au monde. Et que le plus difficile ensuite, c'est de s'habituer à la lumière" (p.128). Le roman peut paraître décousu à certains, mais Dyja est véritablement le personnage essentiel de cettte histoire qui parle aussi bien des aurores boréales, de l'être humain qui est l'animal le plus vulnérable de la Terre, et du métier de sage-femme. Il faut noter que Dyja comme sa grand-tante Fifa n'ont pas eu d'enfant. Je recommande ce très beau roman à garder et à relire.
Lire les billets d'Hélène, Philisine Cave et Baz'art.
La chaîne - Adrian McKinty
L'intrigue du roman est résumée dans la phrase d'accroche en couverture: "le seul moyen de récupérer votre enfant, c'est d'en kidnapper un autre." Dans La chaîne d'Adrian McKinty (Livre de poche, 473 pages) Rachel, une jeune femme de 35 ans, apprend que sa fille de 13 ans, Kylie, vient d'être kidnappée par un couple qui lui-même a eu son fils kidnappé. Si Rachel appelle la police, sa fille sera tuée et le fils du couple kidnappeur aussi. Une voix déformée l'appelle pour lui dire que quelqu'un va l'appeler pour lui donner des instructions. Désormais, elle fait partie de la Chaîne (une organisation criminelle mystérieuse qui semble être puissante). On lui demande une rançon calculée en fonction de son épargne et elle doit sélectionner un enfant qu'elle enlèvera à son tour. De victime, elle deviendra ravisseuse et criminelle. Heureusement que Rachel est une femme courageuse bien qu'elle soit gravement malade. Elle va trouver de l'aide en la personne de Peter, son ex-beau-frère, ancien marine qui adore sa nièce. Je ne dirai rien de plus sauf que ce roman est un "page turner" qui se lit bien, même s'il y a quelques invraisemblances. L'histoire se passe dans la région de Boston de nos jours. Lire les billets d'Encore du noir, de Val et de Jean-Marc Laherrère.
Les amants sacrifiés - Kiyoshi Kurosawa
Parmi les sorties de cette semaine, je ne savais pas trop quoi aller voir. Le West Side Story de Steven Spielberg ne m'attire pas trop. Je me suis décidée pour Les amants sacrifiés du réalisateur japonais Kiyoshi Kurosawa (Shokuzai, Tokyo Sonata, Cure, Kairo), dont le scénario a été écrit par un autre réalisateur qui a été son élève, Ryusuke Hamaguchi (Drive my car, Senses et Asako I et II). Le réalisateur a été récompensé du Lion d'argent au festival de Venise en 2020. L'histoire commence en 1940, à Kobé au Japon. Yusaku et Satoko forment un jeune couple d'une trentaine d'années, plutôt moderne pour l'époque. Ils portent des vêtements occidentaux de préférence au kimono. Yusaku est un chef d'entreprise prospère qui n'aime pas le régime en place. Lui et Satoko vivent dans une très belle demeure. Dès les premières images, j'ai été conquise par la beauté de l'image, les éclairages, les décors et les costumes. Après être revenu d'une mission en Mandchourie avec son neveu Fumio, Yusako n'est plus tout à fait le même homme. Satoko essaye de savoir pourquoi, car pour elle, son bonheur personnel passe par-dessus tout le reste. Elle va jusqu'à sacrifier Fumio en le dénonçant aux forces de l'ordre (un des policiers militaires est secrètement amoureux de Satoko) pour mieux se rapprocher de son mari. Parmi les preuves accablantes rapportées par Yusaku, il y a un film tourné sur place sur les expériences bactériologiques pratiquées par une unité militaire japonsaise sur des cobayes chinois. La suite de l'histoire est prévisible, tout va se terminer très mal, mais je ne vous dirai pas comment. Le film a de grandes qualités dont l'interprétation des deux acteurs principaux (Yû Aoi et Issey Takahashi), mais j'avoue que je n'ai pas été touchée par le destin de ces deux amants. En revanche, il faut saluer le fait que ce soit des Japonais qui évoquent leurs exactions commises en Mandchourie pendant les années 30. Lire les billets de Shangols et Wilyrah.
Le dernier espadon - Jean Van Hamme / Teun Berserik - Peter Van Donne
Malgré les réticences de mon ami qui après avoir feuilleté l'album m'avait dit que l'achat de cet album pouvait attendre, comme d'habitude je n'en ai fait qu'à ma tête, et bien m'en a pris. J'ai trouvé Le dernier Espadon (Editions Blake et Mortimer, 64 pages) tout à fait réussi. Surtout le scénario, avec une histoire qui se passe en 1948 à Londres et en Irlande. Jean Van Hamme conseille aux fidèles de Blake et Mortimer de relire Le Secret de l'Espadon. Personnellement, je n'en ai pas éprouvé le besoin et l'album est tout à fait compréhensible. Quelques nazis encore en activité sont arrivés sur le territoire irlandais. Ils fomentent une horrible machination contre l'Angleterre qui pourra se faire grâce à l'avion créé par Mortimer. Après la guerre contre les armées de Basam Damdu, cinq avions ont été épargnés et sont en état de marche. Bien entendu l'infâme Olrik, l'ennemi juré de Blake et Mortimer, n'est pas loin. Je ne vous dirai rien de plus sauf que la cible de la machination est le palais de Buckingham où règne encore George VI, le père de la future Elisabeth II. Un bon cru.
Paris Pontoise - Charb
Je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) vous présente ce mois-ci, dans le cadre de mes hommages "Charlie Hebdo", un recueil paru très récemment. Je me rappelle avoir savouré certaines chroniquettes de Charb, lorsque j'achetais épisodiquement Charlie Hebdo au numéro à l'occasion de voyages en train lors de mes vacances. Le livre couvre la période 1992-2004.
Charb, Paris-Pontoise, Charlie Hebdo 1992-2004, Les échappés, 180 pages, 8 euros, octobre 2021.
Charb prenait les transports en commun entre chez lui (Pontoise) et le journal, les oreilles grandes ouvertes aux conversations des autres voyageurs. Il en nourrissait sa colonne d'actualité dans Charlie Hebdo. Mais, selon la préface signée Riss d'où je tire ces informations, Charb avait très vite trouvé la formule définitive: "une simple phrase, dont la concision était inversement proportionnelle à la profondeur de la réflexion", accompagnée "d'un petit portrait du voyageur qui en était l'auteur".
Seules les pages 8-9 présentent la préhistoire de la chronique: deux dessins complexes, pleins de bulles. La quasi-totalité du corpus correspond au "canon": plus de 400 saynètes (dont il faut reconstituer l'ambiance, au-delà d'un visage croqué). Cela correspond bien à 8 années multipliées par une cinquantaine de parutions... Je suppose que le recueil est donc quasi-exhaustif? Pour le vérifier, il faudrait que je retourne en bibliothèque consulter la "série complète" papier comme je l'avais commencé il y a plus de deux ans... avec ce livre d'un côté et le journal de l'autre, pour pointer chaque date à coté de son dessin et de sa phrase!
Sans reprendre les classements "thématiques" du recueil, je me suis permis une petite sélection subjective (mes lecteurs reconnaîtront mon attrait pour l'agriculture, l'économie, la politique... ou la sociologie!).
p.15 (encore de l'anti-blaireauisme primaire, bien sûr... Tout est dans la chaussure)
p.32 et p.61
(on trouve vraiment tout, à la FN*C).
p.44 (dasola m'a fait remarquer que le dessin du haut - repris en 4e de couv' - rappelait un crayon).
p.60 (mais pas du tout, voyons: ce sont juste les conditions qui changent!)
p.66 (deux dessins sur cette page... et un utile rappel qu'il faut que je recommence à m'occuper de la planète Mars!
p.82
p.149 (on sait enfin pourquoi il est colère, le monsieur de la couv...)
p.156 (la concurrence épinglée?)
p.34
p.161 (encore une phrase de dasola: "il ressemble à Bérégovoy!")
Quand j'aurai dit que les illustrations des quatre coins de la couverture proviennent des pp. 18, 121, 149 et 162, et celle de la 4ème de couv' de la p.44, ... il ne vous restera plus qu'à aller vérifier et voir les phrases et dessins qui vous parlent, à vous!
La parution est peut-être trop récente pour avoir généré beaucoup de critiques sur les blogs littéraires, en tout cas je n'en ai pas trouvé. Que les blogueur.euse.s. ayant chroniqué Paris-Pontoise n'hésitent pas à laisser un commentaire ici!
Charb prenait-il des notes dans sa poche, comme Cabu dessinait des portraits? Comment transmutait-il la matière brute? Est-il arrivé que certains locuteurs se reconnaissent dans la publication? Cette rubrique générait-elle un courrier des lecteurs? Il paraît que Charb répondait à chaque lettre qu'il recevait...
J'ai aussi repéré le livre Lettre à mon fils Charb écrit cette année par Denise Charbonnier, sa mère. Je tâcherai de me le procurer et de le chroniquer un prochain mois.
*** Je suis Charlie ***
Le diable n'existe pas - Mohammad Rasoulof
Je ne savais pas trop ce que j'allais voir avec Le diable n'existe pas du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof. Je n'avais lu aucun résumé ni aucune critique. Et là, pendant deux heures trente, j'ai été happée par les quatre histoires. J'ai surtout été secouée par la première, intitulée "Le diable n'existe pas", qui suit Hesmat, la quarantaine, que l'on voit sortir en voiture d'un endroit très sécurisé. Il revient chez lui, regarde un peu la télé, puis il prend une douche, il récupère sa femme qui sort de son travail, il va chercher sa fille qui sort de l'école (et qui l'engueule car il est arrivé en retard). Ils vont faire des courses tous ensemble. Avec sa femme et sa fille, il part s'occuper de sa vieille mère en lui faisant la cuisine et le ménage, Il est l'incarnation tout à la fois du père, du mari et du fils idéal. C'est quand il retourne à son travail en pleine nuit que l'on découvre une faille dans la vie de cet homme. En poussant un simple bouton, il provoque la mort. J'ai reçu cette séquence comme un coup de poing. Je suis restée tétanisée pendant quelques secondes.
Dans les trois autres histoires, il est aussi question de cette mort légale, la peine de mort, qui est pratiquée à grande échelle en Iran. Dans "Elle a dit, tu peux le faire", Pouya est un jeune conscrit qui ne veut pas donner la mort à un condamné. Il va sortir de cette situation de manière rocambolesque en rejoignant sa fiancée. Dans "Anniversaire", Javad bénéficie d'une permission de trois jours qui lui permet de rejoindre Nana, une jeune femme qu'il compte bien épouser. C'est une maison en deuil qui le reçoit car un ami de la famille vient d'être exécuté pour des raisons politiques. On apprend le lien entre Javad et la victime. Dans "Embrasse-moi", Bahram qui va bientôt mourir est un médecin qui n'a pas voulu collaborer à une exécution 20 ans auparavant. Il tient à voir sa fille biologique venue d'Allemagne qui n'était au courant de rien.
J'ai aimé la manière dont le réalisateur, qui a tourné dans une quasi-clandestinité, suit tous les personnages au plus près. Cela n'empêche pas que certains plans larges montrent des paysages iranien arides ou boisés.
Un très grand film qui a reçu l'Ours d'Or au festival de Berlin en 2020. C'est bien qu'il soit enfin sorti. Allez le voir.
Madres paralelas - Pedro Almodovar
J'ai vu en avant-première Madres paralelas, le nouveau film de Pedro Almodovar, qui a permis à Penelope Cruz d'être récompensée du prix d'interprétation féminine au dernier Festival de Venise. J'étais restée sur une déception avec Douleur et Gloire. Avec Madres paralelas, j'ai retrouvé Almodovar qui sait si bien filmer les femmes, jeunes ou plus mûres ou âgées. Janis (Penelope Cruz, absolument divine) et Ana (Milena Smit) se rencontrent dans une chambre d'hôpital. Elles sont sur le point d'accoucher. Janis (la quarantaine épanouie), qui est photographe, a eu une liaison avec Arturo (l'acteur Israel Elejalde est plutôt séduisant), un anthropologue judiciaire marié de son côté. Ana, elle, encore mineure, n'avait pas prévu de tomber enceinte. Elles accouchent chacune d'une fille. Elles restent en relation, d'autant plus que Janis, faisant suite à une remarque d'Arturo, s'interroge (je vous laisse découvrir sur quoi). Il y a une autre histoire qui se greffe en arrière-plan, où la profession d'anthropologue judiciaire d'Arturo joue un grand rôle. Il va tout faire pour permettre qu'une fosse commune soit mise au jour. En effet, des membres de la famille de Janis ont été victimes des phalangistes pendant la guerre d'Espagne. Plus de 100 000 morts ont été enterrés dans des fosses communes. J'ai aimé le ton général du film, ses couleurs chaudes, et puis Penelope est pratiquement de tous les plans. On sent qu'Almodovar est sous le charme.
Virus, tu dors? Ton vaccin, ton vaccin va trop vite... - N°20
... mais on pourrait aussi chanter l'inverse [vaccin / virus]!
Voici déjà ma 20e chronique mensuelle, et ce ne sera sans doute pas la dernière... Qui s'en serait vraiment douté, il y a deux ans?
2 novembre 2021 - insidieux glissement de vocabulaire: je (ta d loi du cine, "squatter chez dasola) viens de découvrir la pub, à la TV, par laquelle les seniors sont incités à aller effectuer leur piqûre "de rappel" contre le Covid-19. Il n'est plus question seulement de "3ème piqûre"... Quelle sera donc désormais la fréquence de ces "rappels", certainement conçus comme "réguliers"?
30 novembre 2021 - ce soir, à 23 h 30, on frôlait semble-t-il les 120 000 morts officiels (119 997 selon y@hoo [Mise à jour : nov. 30 12.31pm PST Source de données : CDC, WHO], mais 119 131 selon Santé publique France). Courage, encore un petit effort...
...Et entre ces deux dates?
Après l'été, avec le froid et le vent, la bise ferait partie des causes du rebond de l'épidémie à l'automne, nous chante-t-on (mais je ne sais pas si nos journalistes sont capables de faire référence à la fable...).
A peine la campagne pour cette fameuse "dose de rappel" a-t-elle démarrée que les doutes sur la protection apportée par les vaccins actuellement commercialisés face au variant "Omicron" se font jour. Sera-t-il, ou pas, plus contagieux mais moins pathogène? Quand va-t-il débarquer? Il serait déjà là? Vite, dépêchons-nous de l'étudier...
En attendant, je pense que les Français ont bien été sensibles à l'argument "si pas de dose de rappel, alors passe sanitaire plus valide!", peut-être davantage qu'à tout autre argument? Des millions de personnes à piquer (une vingtaine de millions, entre les personnes fragiles et leur entourage)? Business as usual.
05/11/2021: un article publicitaire éveille ma suspicion. "Un décontaminateur d'air efficace contre le coronavirus", une machine qui peut décontaminer 25 m3 d'air en une heure? Il y est question d'un "laboratoire du CNRS", d'"une personne asthmatique", de COV (corps, ou composés, organiques volatils)? Pub mensongère? Bidon? Arnaque?
07/11/2021 - la double vaccination grippe-covid-19 est recommandée (pour les publics éligibles?): dès fin septembre 2021, la Haute Autorité de Santé (HAS) préconisait une piqûre dans chaque bras... Et avec les pieds, on applaudit?
Prémisses du 09/11/2021: "Je ne serai pas étonné qu'on aille progressivement vers des rappels vaccinaux pour tous les adultes", a affirmé Emmanuel Macron lors d'un déplacement dans le Nord. Hé ben, moi non plus, sincèrement, ce jour-là, je n'en étais pas étonné. Sans blague, qui donc pouvait être assez c... pour croire, rêver, y échapper, et qu'il suffirait de se faire vacciner une seule fois pour être peinard? Pour ma part, je le mettais en doute dès mon billet du 1er août 2021.
23/11/2021: Jean Castex, positif au Covid-19 en novembre, affirmait en juillet 2021 qu'avec 2 doses, on était sûr de ne plus être contaminés... Bah oui, mais vous comprenez, les conditions ont changé... (c'est JAMAIS la girouette qui tourne!).
Dès la mi-novembre, il n'y avait plus de terrasses éphémères à Paris. Etait-ce dû à la descente des températures? A une instruction de la Mairie de Paris de les démonter? Ou encore au fait que, maintenues, elles seraient devenues payantes? Je m'interrogeais. Vérification faite, la carotte municipale constituait bien en la promesse de renouveler l'opération en avril 2022 (mais sans doute plus gratuitement)...
Je crois avoir remarquer un moyen d'identifier les "touristes" provinciaux à Paris. Le provincial, lorsqu'il sort du métro, se dépêche de jeter son masque dans une poubelle (de peur de la contamination). Le Parisien le remet tranquillement dans sa poche pour son prochain trajet... Je n'oserais pas dire que le banlieusard, lui, porte dans le métro le masque sous le nez...
16/11/2021: 34 milliards de dollars par an, cela représenterait 1000 dollars par seconde? J'ai pas vérifié... Mais en tout cas, le "trio de tête" des entreprises fabriquant du vaccin semble, lui, bien se porter. Et rappelez-vous en bien, hein, de votre prochaine piqûre de rappel.
Selon que vous êtes adeptes convaincus par la vision du verre à moitié vide ou du verre à moitié plein, je vous laisse interpréter les chiffres qui mettent en parallèle les 90% d'adultes vaccinés face aux quelque 10% qui ne le sont pas (selon ce que j'ai compris du Point, sauf erreur de ma part), en terme de contamination comme en terme de cas graves... (et, "pour rappel", c'était avant l'entrée d'Omicron sur notre terrain!).
Petite parenthèse sans trop de rapport. Qu'est-ce que gm@il est intrusif! Cela fait des mois et des mois qu'ils me demandent ma date de naissance. Heureusement qu'il est facile de "passer à travers" et d'accéder tout de même à sa boite sans renseigner cette date... Aujourd'hui, le message de justification est: "Il manque votre date de naissance. Google a besoin de cette information pour se conformer à la loi." Mais au tout début, c'était plus "hard", avec quelque chose comme "La loi exige que vous communiquiez à Google votre date de naissance" (!). Je pense que G**gle a quand même dû se faire taper sur les doigts... Bah oui, ils ont besoin de vérifier si on a plus, ou moins, de 18 ans, pour jauger les contenus (ou les pub?) qui nous seront proposés.
Apparemment, en cette fin novembre 2021, ça se bouscule au portillon pour la troisième piqûre, pardon, la piqûre de rappel (première du genre, en attendant donc toutes les autres). Mais quelles peuvent être les parts respectives que prennent dans cette bousculade la peur de mourir, le civisme, le rêve de passer des fêtes insouciantes en famille, ou l'envie d'un pass sanitaire revalidé?
Tiens, et l'application tousAntiCovid? On n'en entend plus guère vanter les mérites, le nombre d'abonnés ni le coût... Ca mériterait que je tâche de trouver quelques infos à ce sujet dans les prochaines semaines!
Une autre question me taraude: quel budget a-t-on consacré aux recherches sur les vaccins contre le paludisme, le SIDA, ou d'autres maladies dont les victimes ne sont pas forcément très solvables?
A suivre l'an prochain, donc...
Derniers chrysanthèmes / A l'approche de l'automne - Mikio Naruse
Ayant découvert Mikio Naruse il y a seulement quelques années (mes billets ici et là), j'ai su par mon ami ta d loi du cine que deux films de Mikio Naruse inédits en France étaient programmés dans une salle Art et Essais du Quartier Latin. J'ai affronté les frimas de l'automne et me suis dirigée vers la salle de cinéma. A ma grande surprise, je n'étais pas toute seule. Il y a eu pour chacun des deux films une queue sympathique qui attendait patiemment pour entrer dans la salle, un samedi après-midi.
J'ai d'abord vu A l'approche de l'automne qui date de 1960. Il se passe dans un quartier populaire de Tokyo. Hideo, 12 ans, arrive avec sa maman Shige de la province de Nagano. Shige est veuve mais grâce à son frère vendeur de primeurs (depuis deux générations) à Tokyo, elle a trouvé un emploi dans une auberge. Elle est aux petits soins avec les clients en général dont un en particulier. En ce mois d'août étouffant, Hideo aide son oncle et ses cousins pour les livraisons. Hideo a une passion dans sa vie, les insectes. Il garde d'ailleurs avec lui un scarabée. Sa maman l'ayant abandonné pour partir avec le client de l'auberge, il se retrouve seul, même s'il s'est lié d'amitié avec Junko, la fille de la gérante de l'auberge. A un moment donné, les deux enfants partent pour le bord de la mer et ils déambulent dans une partie de la ville en friche. Tout le film est empreint de tristesse, confirmée par le plan final d'Hideo (un jeune garçon qui m'a émue) tout seul avec son scarabée. Un beau film.
Je passe à Derniers chrysanthèmes qui lui, date de 1954. Encore un film pas très gai qui narre l'histoire d'Okin, une ancienne geisha qui exerce la profession d'usurier en prêtant de l'argent à d'autres geishas retirée de leur profession. Mais elle ne prête pas qu'à des geisha, à des hommes aussi. Okin n'est pas très sympathique. C'est une femme seule qui vit avec une jeune femme sourde. Elle n'a aucune pitié pour les mauvais payeurs, se déplaçant chez les uns ou chez les autres pour récupérer son argent. Tomae et Tomi, deux geishas retraitées qui ne peuvent pas régler leur loyer avec leur maigre retraite, font régulièrement l'expérience des visites impromptues d'Okin. En revanche, cette dernière va déchanter face à la visite de deux anciens amants, Seki et Tabe (elle avait encore des sentiments pour lui), qui viennent aussi lui demander de leur prêter de l'argent. Le film est très pessimiste sur la condition humaine mais il ne dramatise rien. Un film à voir. Je suis contente (1) d'avoir reconnu à l'écran que l'actrice qui joue Okin (vérification faite, elle s'appelle Haruko Sugimura) joue aussi dans Voyage à Tokyo.
(1) Merci Pascale...