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Le blog de Dasola

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14 juin 2021

Podkayne fille de Mars - Robert Heinlein

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Je n'ai pas encore réussi à rattraper mon retard à l'allumage puisque voici seulement mon troisième billet (en tant que ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) alors que nous sommes dans le quatrième mois du Challenge de la planète Mars. Il s'agit encore d'un livre de Robert Heinlein, que j'ai dans ma pochothèque depuis 21 ans (achat le 27/05/2000). 

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L'illustration de cette édition est due à Wojciech Siudmak, peintre et illustrateur de couvertures de science-fiction souvent visionnaire: je trouve celle-ci un peu "nunuche". Je suppose qu'il s'est inspiré du dernier paragraphe (sur 4) de la 4ème de couv: "Podkayne, qui a recueilli un bébé-fée, une étrange bête vénusienne, est désormais en danger de mort. Son innocence écervelée et le génie diabolique de [son frère] Clark parviendront-ils à les sauver du piège qui leur a été tendu?". Ce paragraphe s'applique, peut-être, aux 10 dernières pages du roman. Mon avis est qu'il ne rend sûrement pas justice au livre, qui vaut mieux que sa couverture! A moins que ledit dernier paragraphe n'ait lui-même été rajouté après la livraison par l'artiste de la couverture, pour "coller" à celle-ci? L'édition, c'est un métier... Je ne le saurai jamais.

Toujours est-il que, même si l'action de Podkayne fille de Mars ne se déroule pas intégralement sur la planète en question, cette oeuvre de Robert Heinlein nous intéressera de par la vision qu'elle donne de Mars et surtout de ses colons terriens. L'essentiel du livre est écrit à la première personne par notre héroïne éponyme, gamine âgée entre 15 et 16 années terriennes et nantie d'un jeune frère qui en compte 11 (une fois effectué le calcul à partir du "taux" de conversion" qui consiste à multiplier par 1,88 le nombre d'années martiennes). La vie familiale, et les projets de vacances, de ces deux jeunes gens (visite de la Terre "en famille" avec papa et maman) sont perturbés par la "décantation" intempestive de leurs 3 jeunes frères et soeurs, dont la décongélation était censée intervenir seulement après le retour du voyage interplanétaire. Leur oncle leur sauve la mise en proposant que ses neveux l'accompagnent alors qu'il doit participer à une prochaine conférence triplanétaire (avec Vénus toute en tiers...) sur la Terre.

Comme souvent chez Heinlein, les jeunes héros bénéficient par ailleurs de QI exceptionnels hérités de leurs géniteurs (ingénieure généraliste pour la mère, archéologue spécialisé dans l'étude de la vieille civilisation des Martiens - il y a 50 ou 100 millions d'années! - pour le père), ce qui a donné respectivement 160 pour Clark et 145 pour Podkayne. A partir des "bavardages" de Podkayne, on peut reconstituer que l'on doit être à quelques décennies seulement (terriennes...) de l'autonomisation politique (et économique) des "hommes de Mars" par rapport à la Compagnie (terrienne) qui administrait initialement la planète rouge. Père et oncle sont des vétérans de cette "révolution".

Le thème sous-jacent dans le roman s'avère très "étatsunien": comment une colonie s'affranchit de la tutelle de ses fondateurs, pour prendre son indépendance politique et nouer des relations commerciales devant bénéficier de manière équilibrée aux deux parties. L'héroïne et son garnement de frère vont ainsi se trouver mêlés à des intrigues politiques qui les dépassent, alors qu'il s'agit de faire pression sur leur oncle, héros de l'indépendance et ambassadeur aussi extraordinaire que secret - en principe -, qui a pour mission de négocier un traité commercial avec la terre.

On trouve, ici ou là, des informations glissées par petites touches sur la vie des colons terriens sur la planète Mars. On relèvera, ainsi, dès les premières pages, la phobie de Podkayne par rapport à l'eau (l'idée d'une plage au bord de la mer l'angoisse), à l'exposition directe au soleil, et le rapport à la pesanteur. Cherchant sa voie, son rêve serait de devenir pilote d'astronef - mais elle prend durant le voyage conscience que personne ne l'attend sur ce genre de poste. C'est lors de l'escale sur Vénus - une sorte de gigantesque Las Vegas - que l'histoire dérape. Car tout le monde n'a pas les mêmes intérêts concernant la trop fameuse conférence tripartite. Afin de vous laisser quelques raisons de lire le livre, je dirai juste que j'ai cru comprendre qu'Heinlein a dû modifier, à la demande de son éditeur, la fin qu'il avait d'abord rédigée.

Grâce à quelques recherches sur la blogosphère, j'ai déniché à propos de cet ouvrage de vieux billets sur le blog Narcissique and co (dont la dernière publication remonte à décembre 2020), ainsi que sur celui de Lynnae (dans le cadre d'un "défi Robert Heinlein" en 2011?).

12 juin 2021

Dans la brume écarlate - Nicolas Lebel

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Je viens de terminer Dans la brume écarlate (Livre de poche, 534 pages) le cinquième roman de Nicolas Lebel qui m'a permis de retrouver avec plaisir le capitaine Merhlicht et ses deux lieutenants Sophie Latour et Mikaël Dossantos qui dépendent du commissariat du XIIème arrondissement de Paris. J'ai lu les quatre précédents. Voici mes billets sur trois d'entre eux, ici et .

Avec Dans la brume écarlate, Nicolas Lebel revisite le thème du vampire, de Dracula et des personnages du roman de Bram Stoker. De nos jours, des jeunes femmes de toutes nationalités et pour la plupart des sans-papiers, appartenant au groupe sanguin rhésus O négatif (7% de la population française) disparaissent sans que l'on sache ce qu'elle sont devenues. Il y a plusieurs récits en parallèle: Taleb et Noura, un frère et une soeur d'origine syrienne dans un camp de migrants à la porte de la Chapelle. Un jour, Noura partie pour une consultation dans un dispensaire ne revient pas. Un soir, Lucie revient d'une soirée. Elle est seule dans la nuit. Elle sent que quelqu'un la suit dans un boulevard du XXème arrondissement. Elle disparaît. Cathy, sa meilleure amie, va connaître plus tard une mésaventure qui aurait pu mal se terminer. On fait aussi la connaissance de Roumains, Yvan qui depuis vingt-huit ans poursuit un homme qu'il désigne par un surnom "le Monstru". Yvan avait une épouse appelée Mina qui est morte sous la dictature de Ceauscescu victime du vampire de Gherla (nom d'une prison roumaine). Quelques scènes du roman se déroulent au cimetière du Père-Lachaise où l'on va trouver le corps d'une des disparues. Je vous laisse découvrir où d'autres victimes sont "entreposées". Sinon, la demeure d'un des personnages principaux se trouve rue Edgar-Poe dans le XIXème arrondissement (j'ai vérifié, la rue existe). C'est un roman plaisant à lire qui rend bien hommage aux romans de vampires.

10 juin 2021

Films vus et non encore commentés depuis le 19 mai 2021 (réouverture des salles de cinéma) - 1/3

Depuis le 19 mai, j'utilise à plein ma carte d'abonnement de cinéma qui m'a déjà permise de voir dix films et ce n'est pas fini puisque cette semaine, j'ai noté quelques long-métrages qui me tentent.

Parmi les films vus, certains m'ont relativement déçue comme Falling et Sons of Philadelphia,

Falling de et avec Viggo Mortensen (qui a aussi écrit le scénario) semble être un récit avec une grande part d'autobiographie. Je me réjouissais de voir ce film après avoir vu la bande-annonce prometteuse. Après coup, je pense que Mortensen aurait dû être devant ou derrière la caméra, mais pas les deux. Le personnage du père joué (très bien) par Lance Henriksen est un vieux grincheux insupportable qui a fini par me crisper. Cette histoire d'un vieil homme en fin de vie, de sa relation avec ses enfants et petits-enfants, aurait pu me toucher plus si le père n'arrêtait pas de dire des insanités du fait qu'il perd la tête. On dit que la vieillesse peut être un naufrage, c'est vrai. Et puis, désolée, Viggo Mortensen dans le rôle d'un homosexuel, je n'y ai pas cru une minute. Lire les billets de Pascale, Missfujii et Ffred autrement plus positifs.

Je passe à Sons of Philadelphia de Jérémie Guez (oui, l'écrivain français qui a écrit plusieurs romans noirs) que j'ai vu parce que la séance d'Hospitalité était complète. Ce film qui m'a encore moins plu que Falling: je n'ai rien compris à l'histoire où les flash-back sont nombreux (comme pour Falling où, là, ils sont pertinents). On suit l'itinéraire de deux cousins (Matthias Schoenaerts et Joël Kinnaman) de l'enfance, pendant laquelle Peter Flood (Mathias Schoenaerts) a subi un grave traumatisme, à leur vie d'adulte. Je suis restée complètement en dehors de l'histoire, dont je n'ai pas compris les tenants et les aboutissants, à part que cela se passe à Philadelphie au sein de la Mafia irlandaise. C'est adapté d'un roman de Pete Dexter. Lire le billet de Ffred.

Dans quelques jours, je vous ferai un billet sur deux autres films qui m'ont plu davantage.

7 juin 2021

Marx [mode d'emploi] - Daniel Bensaïd / illustrations de Charb

J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) eu du mal à rédiger ma chronique sur une collaboration de Charb que je voulais traiter depuis des années, tout en respectant le planning de mes "hommages mensuels". Le dessinateur a illustré une des nombreuses oeuvres du philosophe et théoricien trostskiste Daniel Bensaïd, publiée originellement chez La Découverte en 2009 (coll. Zone): Marx [mode d'emploi]. L'édition "La Découverte / Poche" à laquelle je me réfère date, elle, de 2014.

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Je précise d'abord que ce n'est pas tant le texte de Daniel Bensaïd (décédé en janvier 2010, ancien acteur de Mai 68 chez les JCR, idéologue de la LCR, chercheur marxiste...) que les dessins de Charb qui m'ont attiré a priori vers cet ouvrage. J'aurais aimé savoir quels étaient leurs liens, s'il s'est juste agi d'une prestation rémunérée, ou si notre dessinateur y a mis aussi un peu de ses propres tripes. Dans la même collection, j'avais naguère chroniqué un livre de Michel Husson également illustré par Charb.

N'ayant pas pris le temps de bien le digérer, je vais me contenter d'une seule citation du texte de Daniel Bensaïd, avant de vous citer surtout les dessins de Charb que je trouve les plus remarquables.
p.64-65: "Alors que le libéralisme prétend développer l'individu, il ne développe en réalité que l'égoïsme dans la concurrence de tous contre tous, où le développement de chacun a pour condition l'écrasement ou l'élimination des autres. La liberté offerte à chacun n'est pas celle du citoyen, c'est celle du consommateur libre de choisir entre des produits formatés."

Et maintenant, place à un florilège de dessins décalés, choisis parmi les 73 dessins que comportent ces quelque 195 pages.

P1120375 p.12, pour illustrer "la thèse d'avril" [1841] du jeune Marx, sur La différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure.

P1120378 p.26 (personnellement, j'adhère de tout coeur à ce dessin - sans être marxiste pour autant).

P1120380 p.44 (vous disiez quelque chose?). Une bonne illustration du concept d'inachèvement dynamique de la définition des "classes" chez Marx.

P1120381 p.48 (pouf, pouf)

P1120382 p.61 & p.83 (pas si simple, de s'unir...) P1120383

P1120384 p.90 (on célèbre justement les 150 ans de la Commune, cette année 2021)

P1120385 p.105 (qui se rappelle encore, en 2021, de Besancenot?) P1120377 p.22 (vous avez dit médiatisation?)

P1120386 p.120 (l'exploitation de l'homme par l'homme... Le travail, tout simplement?)

P1120387 p.128 (admirez la taille respective des récipients...).

P1120388 p.122 & p.129: des dessins bien bonhommes? P1120389

P1120390 p.175 (il résiste, l'animal)

Petit élément de réponse en ce qui concerne les convictions du dessinateur: Philippe Corcuff a écrit le 8 janvier 2015 que Charb "pouvait voter pour la LCR ou pour le PCF en fonction des élections. Son casier à Charlie était d’ailleurs recouvert de deux autocollants, l’un du PCF, l’autre de la LCR."

Ceux qui veulent en apprendre davantage sur Daniel Bensaïd peuvent se reporter au site de l'association qui lui est consacrée, où figurent aussi différents éléments concernant le livre aujourd'hui chroniqué. Je pense qu'il faudra que je prenne le temps d'y revenir, un jour, à tête reposée...

 *** Je suis Charlie ***

6 juin 2021

Des hommes - Lucas Belvaux

A la différence de Pascale et Ffred, j'ai beaucoup aimé ce film même si l'on n'a pas toutes les réponses aux questions que l'on peut se poser. Les ellipses ne m'ont pas dérangée du tout. Bernard (Depardieu imposant, au sens propre et au figuré) arrive comme un éléphant dans un magasin de porcelaine dans la salle des fêtes du village du Morvan où il habite. Il a tenu à remettre un cadeau à sa soeur Solange (Catherine Frot) pour son anniversaire. Tout le village a été invité sauf lui. Lui, Bernard, qui se fait remarquer par ses remarques racistes envers le Maghrébin qui a aidé Solange pour l'événement. Bernard qui est ivre est mis à la porte de la fête. Il rentre chez lui et à partir de là, on commence à entendre les voix "off" des personnages, comme celle de Jean-Pierrre Darroussin qui interprète Rabut, le cousin de Bernard (alias Feu-de-bois). Cette altercation nous fait remonter plus de 60 ans en arrière quand Bernard, Rabut et quelques autres ont été en Algérie dans le cadre de leur service militaire qui à l'époque durait encore deux ans. Et cette guerre en Algérie a laissé un traumatisme indélébile à ces jeunes hommes. Les acteurs qui interprètent Depardieu et Darroussin jeunes (pour moi, ce sont des inconnus) sont remarquables. La guerre est vu à hauteur de ces jeunes soldats qui, parce qu'une nuit, ils reviennent trop tard d'une permission, provoquent un massacre. J'ai apprécié que Lucas Belvaux ne prenne pas trop partie: les "méchants" et les "gentils" sont dans les deux camps. Il n'y a pas de scène gratuite. Un film que je conseille absolument et qui m'a donné envie de lire le roman éponyme de Laurent Mauvignier dont le film est adapté.

4 juin 2021

L'ami - Tiffany Tavernier

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Je viens de terminer L'ami de Tiffany Tavernier (Edition Sabine Wespieser, 257 pages). Le roman se décompose en deux parties : la première est un roman noir où Thierry et sa femme Elisabeth découvrent que les voisins qu'ils fréquentaient presque tous les jours depuis quelques années n'étaient pas ce qu'ils paraissaient: un couple "normal. Quand, un samedi matin, Thierry et Elisabeth voient la police arriver dans la maison voisine, ils apprennent que leur voisin Guy est un dangereux serial killer de petites filles. Sa femme Chantal était sa complice. Thierry, qui est le narrateur de l'histoire, tombe des nues et voit sa vie fracassée. Lui et sa femme ne se doutaient de rien. C'est d'autant plus terrible que Guy était le seul ami proche de Thierry, qui un homme assez fermé aux autres et qui ne se lie pas facilement. Pendant les 157 premières pages, on assiste au délitement du couple formé par Thierry et Elisabeth. Leur fils Marc, âgé de 23 ans, est parti dans le sud-est asiatique comme barman. Elisabeth, qui est une personne fragile, pleure sans arrêt jusqu'au moment où elle décide de partir en laissant Thierry. Elle voudrait vendre mais lui qui a fait tant de chose dans la maison ne veut pas. Autour d'eux, c'est aussi le chaos. Thierry est odieux avec ses collègues. On lui conseille de prendre des vacances. Ils sont aussi harcelés par les journalistes, les parents des victimes, et la police n'est pas d'une grande aide. Elle se contente de faire des trous dans le jardin du voisin pour trouver d'autres petites victimes. Dans les 100 pages suivantes, Thierry décide de partir sur les traces de son enfance en Corrèze. Il fait une sorte d'instrospection qui m'a moins intéressée que le début. Mais c'est un roman qui se lit vite et que je vous conseille tout comme Belette, Krol et Une comète

1 juin 2021

Déconfinez-vous (pour le travail ou pour l'épargne?) - N°14

... comme disait à peu près Guizot - avec la probité en plus.

Ce mois-ci, mes brévouilles, c'est plus des humeurs, c'est une éphéméride (ça va tourner en creux à un "calendrier de l'avant!").

En tout cas, j'ai le plaisir de vous annoncer... que personne ne m'a approché en me proposant de me payer pour "dézinguer" Pfizer (24/05/2021). Bon, il faut que j'en prenne mon parti, je ne dois pas compter parmi les influenceurs les plus connus...

02/05/2021: à défaut de spectacle vivant... Saint-Quentin en Yvelines teste la nocturne pour son vaccinodrome! Faut-il applaudir?
30/05/2021 - à Toulouse, c'est un job d'été que s'arrachent les étudiants: bosser dans un vaccinodrome. Tant qu'on les paye...

- TILT! - Je crois que j'ai trouvé le bon pendant de la formule fameuse: "En France, quand on veut enterrer un projet, on crée une Commission".
Ce serait: "En France, quand on veut faire passer un projet, on (se) paie une Etude".

10/05/2021: ça y est, "Le" Robert 2022 écrira "le covid". Et qu'en dit la rousse (sur ses prunes)?

Je rigole un peu en lisant toutes les infos sur "l'inquiétude du gouvernement" sur le fait qu'"Astrazeneca" est boudé, tandis que "Pfizer" (dont davantage de doses que prévu en janvier 2021 vont arriver) est plébiscité. En prenant un peu de recul, ça m'évoque surtout la scène suivante: "Oh, bébé, tu ne veux pas de ta soupe? Lààà, regarde, maman éloigne l'assiette de soupe! ...Tiens, bébé, goûte-moi donc ce bol, avec du boooon potage dedans!".

10/05/2021: La nourriture salée étoufferait nos cellules immunitaires? Mais dites-nous donc plutôt à quelle sauce il va falloir manger, aux restos réouverts, pour tuer le covid-19...

- GRRRRR! - 25/05/2021: l'Académie de médecine préconise de rendre le vaccin obligatoire, au prétexte que les 15% d'hésitants et les 15% d'opposés au vaccin - estimés - ne permettraient pas d'attendre "un taux de couverture vaccinale qui assurerait une immunité collective suffisante pour contrôler l'épidémie", taux estimé à 80% de la population totale. Tiens, ils savent compter, nos académiciens?

Ah mais, attendez (17/05/2021), on va peut-être grignoter encore quelques pour-cent grâce à notre chauvinisme: Sanofi revient en deuxième semaine, pardon, deuxième sérum: la boite annonce une efficacité entre 95 et 100 pour ce successeur de son premier sérum (abandonné en décembre 2020...), qui vient de passer la phase 2 des essais... Et à l'international aussi, peut-être que le "Made in France" brillera de tous ses feux (pépètes pour qui?)...

07/05/2021: des chercheurs entraînent les abeilles à détecter le virus. Avec une goutte de néo-covidoïde?

27/05/2021: et maintenant, "les médecins alertent contre le "syndrome du vacciné"... (on se relâche trop vite après la piquouze, et hop!, à l'hôpital!). Dites-moi, est-ce que cela va être compté, et si oui comment, dans la communication sur le taux de succès (x... %) des vaccins?

Dans Le Canard enchaîné du 5 mai 2021, p.8, retour sur une étude parue l'été dernier dans The European Respiratory Journal, selon laquelle la nicotine protégeait du Covid-19 les fumeurs (j'avais dû en dire deux mots...). Il s'avère que les deux principaux auteurs de l'étude avaient oublié de déclarer qu'ils étaient au service des cigaretiers (consultant pour l'un, animateur d'une ONG faux-nez de Philip Morris pour l'autre). 

Encore un petit "suivi", sur un point abordé le mois dernier, "l'effet [de] moisson". J'ai continué à glaner des informations.

07/05/2021: les Danois, quand ils nous empoisonnent pas avec leurs caricatures, c'est avec leurs visons morts! Un bon conseil: si vous avez une cimenterie, voyez ça avec elle. C'est comme ça qu'on traitait nos vaches folles, une fois réduites en farine inconsommable...

07/05/2021: au hasard d'un article parlant de la situation aux Seychelles où le virus sévit malgré un fort "taux de vaccination", on peut lire noir sur blanc que le vaccin "a pour but non pas d’empêcher d’attraper le coronavirus, mais bien de stopper les formes graves et les décès". Ne me faites pas dire qu'on ne peut pas aussi le lire ou l'entendre à bien d'autres occasions.

05/05/2021: sur le "pass sanitaire", la CNIL sera naturellement saisie. Question: est-ce qu'elle pourra annihiler?
...Suite du feuilleton:
13/05/2021, la CNIL valide la mise en place du "pass sanitaire", avec quelques garde-fous pas si symboliques (j'ai pas dit gestes barrières!): obligation temporaire (juste le temps que la crise durera...), réservée aux événements rassemblant plus de 1000 personnes... Sérieusement, est-ce qu'elle pouvait faire autrement que valider?

16/05/2021: rions un peu en appréciant les listes de lieux avec pass sanitaire (ou pas) pour y accéder. Je prendrais bien des paris sur le fait que ça va râler sur le mode "pourquoi eux et pas nous?" parmi ceux où le pass sera exigé... en attendant sa suppression! A quand le mouvement des "masques oranges", entre bonnets rouges et gilets jaunes?

"Hikikomori" te salutant ? Comme l'écrit Delphine Bancaud dans 20 minutes, alors que la vie sociale redémarre mercredi 19 mai 2021, certains envisagent de rester chez eux. Messieurs-dames, va-t-il falloir aller chercher vos partenaires à la fourchette au fond de leur coquille, ou bien couper le ligament qui les y attache?

11/05/2021: la France va attribuer plus de 5% de ses doses de vaccin au dispositif Covax. De l'AstraZeneca à 100%, peut-être, les doses dont personne ne veut ici? (je hasarde une simple hypothèse, hein, faute de précisions...) [hypothèse qu'illustre de son côté un dessin cruel de Chappatte dans Le Canard Enchaîné du 12/05/2021, p.8...]. Cela permettra peut-être que le continent africain puisse vacciner ses 6,5 millions de soignants avec pour effet secondaire de contrer la "diplomatie sanitaire" de Pékin et MoscouLa realpolitik, c'est un métier...

12/05/2021: la pandémie aurait pu être évitée, selon des experts indépendants mandatés par l'OMS. Enchanté de l'apprendre... Ah, si on les eût écoutés en temps et en heure, ces mêmes experts, quelles merveilles n'auraient-ils pas accompli... Et du coup, personne ne se serait douté de ce qu'on aurait évité (sujet de  frustration intense...).

13/05/2021: les Américains vaccinés peuvent arrêter de porter un masque en extérieur, nous dit Europe 1. Ça, c'est une carotte motivante! Mais en France, la fin du masque pour les personnes vaccinées serait prématurée, parce que les Français ne sont pas encore assez nombreux à être allés se faire vacciner... Des carottes, encore des carottes. A votre avis, une fois que tout ceux qui le voulaient vraiment auront pu se faire vacciner, on en sera à quel pourcentage de couverture vaccinale, chez nous?

18/05/2021: selon Véran, "la fin du masque arrivera bientôt". Et est-ce qu'après-demain, être masqué dans la rue sera passible d'une amende de 135 euros, ...selon Darmanin?

LA question que tout le monde se pose: pourra-t-on un jour éradiquer totalement LE virus? C'est en tout cas conforme à mes espoirs les plus fous...
Vu sous un autre angle le 29/05/2021: pour l'OMS, pour en finir avec le virus, il faudra vacciner 70% de la population mondiale. C'est pas gagné.

21/05/2021: enfin une information que j'aurais bien envie de croire (elle correspond à ma "culture"). Par contre, dans l'Utah, ils ont aussi d'autres croyances, auxquelles je n'adhère pas du tout... Alors?

En début de mois (2 mai), j'entendais à la radio qu'Israël avait acquis l'immunité collective même avec "seulement" 60% de vaccinés... En fin de mois, le nombre de vaccinés y semble ne pas avoir dépassé les 65%? En France, je prends le pari que not'Manu se gargarisera, à échéance plus ou moins brève (une fois qu'on stagnera à notre tour à moins des 2/3 de la population totale vaccinée...), d'avoir laissé le virus circuler chez les jeunes, d'avoir commencé par vacciner les personnes "les plus fragiles", d'avoir décidé de maximiser les premières piqûres en arbitrant contre la "vaccination totale" à deux piqûres rapprochées, etc. Ou comment une contrainte devient un choix. Au fond, n'est-ce pas cela, la politique? Devoir trancher des noeux gordiens faisceaux de décisions avec chacunes leurs inconvénients...

Maintenant, je m'impatiente: après les articles sur la Covid-19, puis les polémiques sur les masques ou sur les tests de la Covid-19, puis la saga des vaccins contre la Covid-19 à jets continus, quand donc la presse va-t-elle pouvoir commencer à nous abreuver des contentieux concernant la Covid-19? 'va encore falloir attendre 2022 et les Présidentielles...

Déjà, on s'achemine vers un triomphe pour le marché libre: votre place de concert, vous la voudrez à 18, ou à 1000 dollars? (la carotte, là, elle est jolie...)

Week-end des 29-30 mai 2021: les Parisiens terrassés. Par le covid-19? Non, au soleil, par tablées entières...

Pour finir, une information totalement hors-sujet, mais qui vous prouvera le sérieux de mes informations. Aviez-vous entendu parler de cet homme tué par un dinosaure près de Barcelone (Espagne)?

30 mai 2021

Hospitalité - Kôji Fukada

Voici un film japonais tout à fait recommandable.

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Hospitalité de Kôji Fukada a été tourné en 2010 mais il sort seulement maintenant, en 2021. Le Japonais Kôji Fukada est aussi le réalisateur d'Harmonium (2016) et L'infirmière (2019). L'intrigue d'Hospitalité pourrait faire penser tout d'abord au film coréen, Parasite, mais pas du tout.

Mikio Kobayashi vit avec Natsuki, sa seconde épouse, Eriko, sa petite fille issue de son premier mariage, et Seiko, sa soeur, dans la maison familiale à un étage. Au rez-de-chaussée se trouve une petite imprimerie gérée par Mikio. Il est aidé par sa femme qui s'occupe des commandes et de la comptabilité et un employé. Pendant son temps libre, Natsuki enseigne des notions d'anglais à Eriko. C'est à cause de la disparition de la perruche d'Eriko, et des affiches imprimées d'avis de recherche de l'oiseau, qu'un élément perturbateur apparait en la personne d'Hanataro Kagawa qui se dit être le fils d'un ami du père décédé de Mikio. Il affirme savoir où se trouve la perruche mais les recherches restent vaines. En revanche, Hanataro va troubler la tranquillité de la famille. Il devient indispensable à la bonne marche de l'imprimerie après que l'employé est tombé malade. Mikio l'embauche et Hanataro s'installe dans une chambre à l'étage. Peu de temps après, Annabelle, une jeune femme blanche pas farouche  (la femme d'Hanataro), vient à son tour s'installer parmi la famille, qui regarde cette jeune femme non-japonaise avec des yeux ronds. Il faut savoir que le Japon a une population immigrée très faible, qui est considérée d'un mauvais oeil. Hanataro se montre vite curieux et inconvenant envers cette famille. On ne devine pas ses intentions. Jusqu'à ce qu'il invite toute une bande de garçons et filles de différentes nationalités qui vont squatter toute la maison. Heureusement (si je puis dire), les voisins veillent. En particulier une femme qui fait signer une pétition contre les sans-abri. L'histoire, un peu invraisemblable, m'a paru sympathique. Il y a des moments assez amusants avec un peu de folie et de piquant et tout est bien qui finit pas trop mal.

27 mai 2021

Si le vent tombe - Nora Martirosyan

si le vent tombe

Grâce au cinéma grand écran, je suis partie en voyage dans une région que l'on ne trouve même pas sur Google Earth, le Haut-Karabakh, une enclave arménienne dans l'Azerbaïdjan. J'ai donc vu Si le vent tombe qui avait été sélectionné dans la compétition cannoise de l'an dernier. Bien entendu, le film a été tourné bien avant la dernière guerre qui a eu lieu d'octobre à novembre 2020 entre le Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan. Pour ceux qui l'ignore, le Haut-Karabakh est une république autoproclamée depuis 1991 mais qui n'est pas reconnue par l'ONU. Alain Delage (Grégoire Colin, très bien) arrive en Haut-Karabakh. Son passeport n'est pas tamponné. Le voyage depuis France a consisté en un déplacement en avion jusqu'à Erevan (Arménie) et à partir de là, il a été conduit en voiture pendant huit heures jusqu'aux environs de la ville principale, Stepanakert. Il n'y a qu'une route. Il est accueilli par le responsable de l'aéroport (notre petite cathédrale aéroportuaire, comme il dit). Car Alain est là pour un audit qui permettra ou non que cet aéroport fantôme (pour le moment, aucun avion ne décolle ou n'atterrit) fonctionne. Cela donnerait à la région une reconnaissance de la communauté internationale. Alain doit rester pour quelques jours. Tout le personnel de cet aéroport se met à sa disposition pour lui rendre les choses faciles. Alain se pose néanmoins des questions comme "Quelle est la distance jusqu'à la frontière?" ou "est-ce que les avions pourront faire demi-tour en cas de besoin?". Dès le début de son audit, Alain a remarqué un petit gamin qui transporte de l'eau dans des bonbonnes. Il coupe à travers champ et passe et marche près de la piste de l'aéroport. Avec d'autres, ce même gamin joue à la guerre avec des armes et des munitions qui sont entreposées dans un bâtiment en ruine. La réalisatrice a pris le temps de nous faire ressentir la beauté des paysages et le calme apparent qui y règne. Mais elle sait aussi filmer la guerre vers la fin du film. Un film que je conseille absolument.

24 mai 2021

La croisière du Snark - Jack London

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Bon, ça commence à devenir de moins en moins drôle que je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) me retrouve désormais tout seul à participer au Challenge Jack London proposé de mars 2020 à ... "plus soif, je veux dire plus lire!" par ClaudiaLucia. Du coup, cette parution sera la dernière de mes huit billets, pour lesquels j'aurai quand même soutenu un bon rythme de croisière, depuis le 08/02/2021.

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De son côté, le récit de voyage La croisière du Snark est paru en 1911. Il se présente sous l'apparence de 17 chapitres, peut-être (?) rédigés par Jack London sous forme de reportages concernant le voyage effectué avec sa femme Charmian, d'avril 1907 à novembre ou décembre 1908, depuis la Californie jusqu'en Australie (initialement, ils devaient être 7 ans absents et rêvaient de faire le tour du monde). Le texte est précédé d'Un mot sur le Snark, quatre pages rédigées par Louis Postif, le traducteur du texte publié chez Hachette en 1936. Pour ce qui me concerne, il s'agit de l'un des deux bouquins que j'ai retrouvé dans mes étagères, déclassés par rapport au gros de mes London parce qu'achetés à des années d'intervalle. Mon édition est parue cette fois chez Le Livre de poche (en date du 3e trimestre 1976), et j'ai acheté le bouquin (d'occasion) en 2006. J'ai regretté l'absence d'un "apparat critique" qui m'aurait informé des dates exactes de publication dans tel ou tel support. J'ai dû glaner ailleurs les informations m'apprenant que, en parallèle à ce "reportage au fil de l'eau", London a trouvé moyen de rédiger aussi Martin Eden (commencé à Honolulu et terminé à Papeete), L'AventureuseContes des mers du SudRadieuse aurore, et de nombreuses nouvelles, ce qui lui permettait de financer les frais du voyage. Il faudrait quand même que j'arrive à feuilleter une édition en 10-18... une année ou l'autre. Ça se finit un peu en queue de poisson... Jack London fait justice, dans le dernier chapitre, de la rumeur comme quoi tous les frais de la croisière étaient intégralement payés par un magazine. 

Le premier chapitre, titré La réalisation d'un rêve, expose comment est née l'idée du voyage sur une embarcation de moins de 15 mètres de long à la flottaison. J'en extirpe ce qui paraît une bonne "profession de foi" ou "philosophie de vie" de London, pour répondre à ceux (ses amis...) qui prenaient le projet pour une folie (p.15): "Et si cela me plaît, à moi! Voilà les mots qui résument tout. Plus profonds que la philosophie, ils poussent l'ivrogne à boire et le moine à endosser un cilice; ils incitent celui-ci à poursuivre la gloire, celui-là à conquérir l'or, cet autre à vivre pour l'amour, ce quatrième à ce consacrer à Dieu. La philosophie est très souvent pour l'homme, un moyen individuel d'exprimer ses goûts et ses désirs". 

Pour dire quelques mots des autres chapitres qui composent cette oeuvre quelque peu décousue, j'ai retrouvé dans la description des mésaventures du fameux bateau, avant et après l'appareillage, la verve qui était déjà à l'oeuvre pour raconter les déconvenues du "correspondant de guerre" en Corée. Dès le second chapitre, London "règle ses comptes" avec tous ceux qui sont intervenus sur la fabrication du bateau: budgeté pour 7000 dollars, celui-ci lui en a finalement coûté plus de 30 000, et a pris la mer sans avoir mené à bien tous les essais qui se seraient probablement imposés avant un départ pour le tour du monde. Je n'ai rien compris aux explications données dans le chapitre Le navigateur amateur. Tout le sel des plaisanteries m'est passé au-dessus de la tête... Plus généralement, les  différents chapitres peuvent porter sur un thème (ah, la découverte du "surf-riding" à Hawai par London: le chap. VI y est consacré!), ou décrire un lieu, une excursion à terre... Ou les rencontres avec des personnages hauts en couleurs, indigènes ou bien Européens expatriés "dans les Îles". J'ai tiré de cette lecture le constat qu'encore une fois, London a nourri de ses observations personnelles sur le terrain, qu'on peut qualifier de "sociologiques", nombre de ses oeuvres ultérieures. J'ai relevé (p.256) la première notation (chronologiquement) des oreilles percées des "naturels" des Îles Salomon (qui lui resserviront dans Jerry dans les Îles et dans Fils du soleil). Et (p.268-269) l'histoire de l'aveugle qui a résisté toute la nuit à coup de flèches aux trois hommes qui venaient le tuer (mais ici, il subit le sort de la chèvre de Monsieur Seguin...).

Pour sa part, son épouse Charmian London a rédigé et publié le "journal de bord", cependant que leur cuisinier réalisait une captation photographique de la croisière. Ce dernier s'est ensuite lancé dans un documentaire cinématographique sur les Îles, dont, semble-t-il, il a pu tirer un bon prix, en capitalisant sur la notoriété des London.

Bien conscient que ma description est trop sommaire (je trouve particulièrement difficile de résumer ce  livre!), je signale que Chinouk en a parlé en 2018, avec des photos d'une exposition "Jack London dans les Mers du Sud" de 2017-2018, qu'a aussi présentée dans un long article publié en 2018 le blog Casoar (créé par des étudiants de l'Ecole du Louvre). Sur le livre seul, voir aussi le blog tour du monde (de Grenadine)

Et c'est avec cette croisière du Snark que je vais arrêter mes propres survols 2021 de l'oeuvre de Jack London - un peu frustré d'être resté le seul participant au Challenge depuis que j'ai entamé ma participation, en février 2021. Peut-être reprendrai-je dans quelques années - qui sait, en proposant moi-même un Challenge London-ien? Pour le moment, dans les prochains mois (jusqu'au 31 mars 2022), je vais me concentrer sur mon Challenge de la planète Mars

PS: il y a quelques semaines, en librairie, j'ai eu une lueur d'espoir, en y apercevant Martin Eden en 10-18 "neuf". Mais en regardant les copyrights, j'ai découvert que "10-18 est une marque d'Univers Poche" (groupe Editis?), et c'est tout... Enfin non, j'ai découvert sur leur site internet une autre marque, "12-21", qui propose quelques titres de JL en édition numérique et bilingue! Je suppose que la marque "15-25" a déjà été réservée pour publier du "young adult"... 

23 mai 2021

Une vie secrète - Aitor Arregi, Jon Garaño et Jose Mari Goenaga

Une vie secrète (La Trinchera infinita en VO), un film espagnol réalisé conjointement par trois réalisateurs, évoque 33 ans de la vie d'Higino Blanco et de sa femme Rosa entre 1936 et le début du Franquisme jusqu'en 1969.  Ce film m'a plu malgré sa longueur: 2H27. Higinio (Antonio de la Torre) et Rosa (Belén Cuesta) viennent de se marier quand la guerre d'Espagne éclate. Ils n'ont même pas eu le temps de partir en voyage de noces. Le film est découpé en chapitres plus ou moins long avec des verbes ou des noms communs en référence à ce qui arrive à Higinio. En 1936, cet homme est un Républicain recherché par les phalangistes qui réussissent à l'attraper, avant qu'il ne s'évade d'un camion. Après s'être enfui dans la campagne, il est contraint de revenir chez lui où il va se cacher dans une cache sous le sol de sa cuisine. Sa femme va être interrogée et maltraitée par les phalangistes, en particulier par un voisin Gonzalo qui épie et dénonce tout le monde. Il accuse Higino d'avoir tué son frère. Il est certain qu'avant d'être poursuivi, on ne sait pas ce qu'a fait Higino et ses camarades. Le temps passe, on est en 1944-45, Higino attend la victoire des alliés mais rien ne change en Espagne, Franco est toujours là. Higinio et sa femme emménagent chez le père d'Higinio dans le même village d'Andalousie. Là se trouve une cache plus grande dont l'entrée sont les portes d'un buffet. J'ai aimé le personnage de Rosa qui, même si elle ne se cache pas (elle n'est pas recherchée), va vivre la même vie recluse que son mari. Elle va néanmoins tomber enceinte et donner naissance à un petit garçon appelé Jaime qu'elle fait passer pour son neveu. Il y a plein de péripéties dans et autour de l'espace clos où Higinio est cloîtré. En 1969, Franco accorde l'amnistie à tous les crimes commis avant 1939. Le personnage d'Higinio est inspiré du destin d'une centaine de personnes qui ont vécu 30 ans terrés chez eux. On les a appelés les "topos", les taupes. C'est un film où il ne faut pas être trop claustrophobe. La caméra est très près des personnages dans des pièces exiguës. On a parfois l'impression parfois d'étouffer. Un film qui risque de passer inaperçu (peu de critiques dans la presse) et c'est bien dommage. Lire le billet de Wilyrah

20 mai 2021

Drunk - Thomas Vinterberg

Ca y est, les cinémas sont rouverts et pour ma première séance, hier soir, je suis allée voir Drunk de Thomas Vinterberg. L'histoire se passe à Copenhague de nos jours. Dans un lycée, quatre enseignants, Martin, Tommy, Peter et Nikolaj, respectivement professeur d'histoire, de sport, de philosophie et de musique, manquent de motivation. Martin est devenu ennuyeux. Il ne sait plus quoi raconter à ses élèves. Chez lui, ce n'est pas mieux. Il voit à peine sa femme qui fait des gardes de nuit et ses enfants ne l'écoutent plus. Le soir de l'anniversaire des 40 ans de Nikolaj, les quatre enseignants se retrouvent au restaurant. Lors de leur dîner bien arrosé (champagne, vodka et vin de Bourgogne), ils évoquent un philosophe norvégien qui a théorisé sur le fait que l'humain a besoin de 0,05 gr d'alcool dans le sang pour mieux supporter son existence et pour développer sa créativité. Dès son retour chez lui, Martin commence à mettre en pratique cette idée et il commence par boire du vin et puis des alcools de plus en plus forts, jusqu'à 20 heures en semaine, et pas le week-end. Ses collègues se joignent assez vite à lui dans des séances de saoulographie pour le moins spectaculaires. Quand on voit ces personnages à l'écran, on se demande comment ils font pour tenir. On les plaint beaucoup et on les envie un peu d'oser faire quelque chose pour essayer de changer leur vie d'homme. Les quatre acteurs sont formidables, Mads Mikkelsen en tête, qui prouve encore une fois être un très bon acteur et un bon danseur. Le final du film a un côté euphorisant. On a envie de chanter et danser.

Lire les billets de Pascale, ffred, mymp, et Wilyrah qui a écrit une critique et a interviewé le réalisateur.

Dans la salle, on était une cinquantaine de personnes qui ont gardé leur masque. J'étais vraiment ravie de cette soirée. Je me sens revivre.

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16 mai 2021

La possibilité d'un livre (voyager) ?

J’ai (ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) profité de l’absence de la propriétaire du blog (partie en province pour le long WE de l’Ascension, comme vous le savez) pour mettre le nez dans le cabas qui, chez elle, contient les livres en attente de départ, ceux dont elle envisage de se débarrasser. Hé oui, tant qu’à squatter, je ne fais pas les choses à moitié, moi. Cette fois-ci, il y en a vingt !

Et je me dis : « pourquoi ne pas les proposer en « livre voyageur » (comme cela se pratiquait souvent sur les blogs jadis) », plutôt que chercher à en tirer l’euro que l’aurait payé un Gibert repreneur d’occasion ? Peut-être que, si l’on ne voit plus beaucoup cette pratique, c’est à cause du renchérissement continu des frais postaux au fil des ans ? Bien entendu, dasola, je m’engage à les prendre en charge !

Voici la liste:

Quand il m’arrive de demander à Dasola pourquoi elle se sépare de tant de livres, la réponse est : je sais que je ne les relirai jamais, ceux-là / Je n’ai plus de place / ...

Et, au fond du sac, il y avait même quelques DVD:

  • The Outsider (série, non chroniquée)
  • L’aliéniste (série, non chroniquée)
  • The Killing (série - l’ultime saison, non chroniquée)
  • KORE-EDA Hirokazu : The Third murder (DVD encore emballé ! Un achat en double, je suppose…)

A votre choix, donc ! Signalez ici quel titre vous intéresse, puis dites en "contact privé" (échange par mail) vers quelle adresse le poster (ou, si vous êtes à Paris, on peut peut-être se croiser?). Rien ne vous interdira, ensuite, de les "mettre en quarantaine" quelques jours, à défaut de les badigeonner de gel hydroalcoolique...

Offre valable jusqu'au 15 juin 2021 !

PS : si ce billet en est arrivé au stade de la publication, c’est bien entendu qu’il y a eu, pour le moins, un Nihil obstat de la part de la propriétaire du blog.

15 mai 2021

Au prochain arrêt - Hiro Arikawa

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Etant en province pour ce week-end de l'Ascension, je suis allée dans une librairie que je fréquente régulièrement. Pour moi, c'est chaque fois un plaisir renouvelé d'entrer dans cette librairie car je sais que je trouverai toujours mon bonheur. Et depuis mars 2021, cette librairie indépendante applique à nouveau 5% de réduction sur l'achat des livres, ce que ne fait pas encore ma librairie de quartier à Paris.

Au prochain arrêt d'Hiro Arikawa, paru en mai 2021 (Actes sud, 183 pages), nous emmène au Japon dans la région de Kobé et Osaka, de nos jours, sur une ligne de chemin de fer comportant huit gares. On va parcourir la ligne à l'aller et au retour entre Takarazuka et Nishinomiya. Et au fur et à mesure des arrêts, des personnages monteront et descendront des wagons. Ainsi, à l'aller, on fait la connaissance de Tokié, une grand-mère et sa petite-fille Ami; Shoko, une jeune femme habillée dans une robe blanche coûteuse qui revient d'un mariage où le marié était l'homme avec qui elle devait s'unir après cinq ans de fiançailles. Il a préféré en épouser une autre qui est tombée enceinte de ses oeuvres. Masashi, un jeune homme et Yuki, une jeune femme vont nouer une relation lorsqu'ils vont découvrir après un pont sur lequel passe le train, le caractère "vie" créé par un alignement de pierres. Misa, une jeune fille, se dispute avec Katsuya, son bon à rien de petit ami qui la bat. Un groupe de lycéennes se font remarquer en parlant fort. Elles se moquent du copain (pas présent) d'Etchan, l'une d'entre elles. Cet ami un peu plus âgé et qui travaille, n'est pas capable lire certains idéogrammes japonais et il ne sait pas repasser une chemise. Enfin, un autre jeune homme à la tenue un peu punk s'intéresse à une jeune femme qui observe au loin des hélicoptères en opération et un "torii". Ils vont tous plus ou moins se croiser, se parler, donner leur opinion. On les retrouve tous presque six mois plus tard sur le trajet du retour. Les relations entre certains personnages ont évolué. J'ai été une fois de plus intéressée par les comportements des Japonais, vieux ou jeunes. Tout est codé. J'ai aimé ce court roman qui se lit bien. C'est le deuxième ouvrage traduit en français de cette romancière née en 1972, après Mémoires d'un chat que je n'ai pas encore lu. 

14 mai 2021

La voie martienne - Isaac Asimov

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Cette fois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) mets en orbite une seconde contribution au Challenge de la planète Mars, en espérant que ce lancement me permettra bien de rester sur une trajectoire d'un minimum de 13 contributions. Ce billet devrait aussi pouvoir compter pour le 9e Challenge de l'imaginaire proposé par Ma Lecturothèque!

Quatre nouvelles figurent dans ce livre "hors cycles" d'Isaac Asimov, La voie martienne. La nouvelle qui donne son nom au recueil n'est pas la plus longue, avec une cinquantaine de pages seulement contre plus de 90 pour la dernière. Je peux également noter que mon édition (imprimée en novembre 2019) ne présente pas de préface d'Asimov comme d'autres de ses recueils où il évoquait les circonstances de rédaction, et notamment la réception des textes par les rédacteurs en chef des magazines de SF de l'époque. 

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La voie martienne dont il s'agit ici, c'est la voie étroite et propre (différente de celle de la planète Terre) que sont contraints d'emprunter la planète Mars et les colons qui la peuplent pour conquérir leur indépendance énergétique, en tout premier point par rapport au carburant indispensable aux voyages dans l'espace: H2O, autrement dit... l'eau, lorsque le gouvernement terrien envisage d'en restreindre l'exportation hors de notre "planète bleue". Après le gaspillage, quelques générations auparavant, du pétrole et du charbon, certains démagogues terriens s'appuient sur la peur de manquer d'eau pour demander que la terre cesse d'en exporter vers les colonies installées dans l'espace (Mars, Vénus, la Lune), au motif que les lourds investissement consentis pour ces colonies ne sont rentables ni financièrement ni en terme de retour de "ressources naturelles" (minerai de fer, magnésium, titane, récupération des métaux en quoi sont confectionnés les grands réservoirs jetables indispensables au départ des vaisseaux spatiaux, lesquels semblent propulsé par l'éjection de... vapeur d'eau?). Je n'ai absolument pas vérifié le calcul, mais il est dit qu'un kilomètre cube d'eau pèse 4,5 milliards de tonnes, tandis que 50 000 vols consommeraient moins de deux kilomètres cubes... arguments de politiciens! Les "récupérateurs" martiens sillonnent l'espace entre Mars et la terre ("récupérer fait partie de la condition martienne", p.9). L'installation des ex-terriens sur Mars semble récente, puisque la troisième génération de "martiens" ne consiste encore qu'en quelques centaines de bébés sur 50 000 âmes. En tout cas, lorsque commence la nouvelle, l'économie circulaire n'est pas "bouclée" puisque chaque vol spatial "consomme" 100 000 tonnes d'eau terrienne (alors que sur Mars, elle est sévèrement rationnée: en cas d'invitation à dîner, la politesse veut que l'on amène sa ration d'eau...). Je me suis d'autant plus posé la question de savoir si l'installation sur Mars n'était pas une parabole de la création d'Israël (1948 - et il a aussi été question là-bas de mobiliser de l'eau pour un sol aride!) que le leader démagogue se nomme Hilder. Bref, une fois le blocus sur l'eau instauré, les récupérateurs vont devoir mettre au service de Mars leurs aptitudes professionnelles (passer des mois dans des vaisseaux spéciaux bien plus "spartiates" que ceux utilisés par les Terriens "de souche"). La parution en anglais a eu lieu plus d'une vingtaine d'années avant le premier choc pétrolier (en 1973, les pays producteurs de pétrole ont tâché de restreindre l'accès de l'Occident à cette ressource jusqu'alors bon marché), celle en français après.

Je n'ai pas réussi à percevoir d'unité dans le recueil, mais l'agencement des nouvelles remonte à la première publication du recueil en anglais, en 1955 (publication de la nouvelle dans la revue Galaxy Science Fiction en 1952, première traduction en français chez J'ai Lu en 1978). Pour dire quelques mots des autres nouvelles comprises dans le recueil:

Ah! Jeunesse: deux garnements, en villégiature à la campagne, s'amusent avec de drôles d'animaux qu'ils ont mis en cage. De leur côté, leurs pères s'inquiètent du sort des ambassadeurs attendus d'une autre planète. Hé oui, on a souvent besoin de plus petit que soi!

Les profondeurs: La civilisation américaine des années 1950 peut-elle se montrer suffisamment accueillante pour des "réfugiés planétaires"?

L'attrape-nigaud: si ma propre mémoire est bonne, le thème de l'humain présentant des capacités supérieures à celles d'un ordinateur a aussi été utilisé par Asimov dans une tout autre nouvelle, La sensation du pouvoir (1957) du recueil Le robot qui rêvait (où il est envisagé d'utiliser des "calculateurs humains" sacrifiables pour piloter des missiles habités: "on peut plus facilement sacrifier un homme qu'un ordinateur", comme pérore un général). Ici, dans L'attrape-nigaud, les humains surdoués chez lesquels on a cultivé l'hypermnésie par une éducation intégralement dédiée après sélection jouent essentiellement un rôle d'"association d'idées" en recourant à l'index que constitue leur cerveau saturé d'informations hétéroclites accumulées par plaisir sans savoir si elles serviront un jour. Cependant qu'une société utilitariste ne retient, elle, que ce qui peut lui servir dans l'immédiat - et s'empresse d'oublier ce qui lui semble inutile. Belle démonstration de la différence entre recherche fondamentale et recherche appliquée... Je ne dirai rien de plus du contenu de cette longue nouvelle, si ce n'est qu'elle ne concerne pas Mars.

On peut aussi lire des chroniques sur le recueil chez AnudarCapitaine café (dernier billet en mai 2020) ou Je lis la nuit (en pause depuis septembre 2018). Anna du blog Scifilisons l'évoque aussi.

12 mai 2021

Un flic - Jean-Pierre Melville

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Un flic est le dernier film qu'ait réalisé Jean-Pierre Melville en 1972. Je ne l'avais jamais vu. Je dirais que ce n'est pas son meilleur mais il y a des séquences marquantes comme la scène d'ouverture qui se passe en décembre quelque part dans une ville balnéaire battue par les vents et la pluie. Il se dégage une atmosphère lugubre. Quatre hommes pas très jeunes sortent d'une voiture, ils vont braquer une banque. Plus tard dans l'histoire, la nuit un train est survolé par un hélicoptère à bord duquel se trouve un homme, Simon, l'un des quatre braqueurs. Il descend avec un treuil pour s'introduire dans le train. Il va s'emparer d'une mallette pleine de drogue. Pendant ce temps-là, Edouard Coleman (Alain Delon), un flic austère, commence ses journées en parcourant l'avenue des Champs-Elysées déserte en voiture. Il est l'amant de Cathy (Catherine Deneuve) qui est aussi la maîtresse de Simon (sans forcément que l'un et l'autre le sachent). Comme souvent, chez Melville, on trouve une séquence se déroulant dans un night-club. Une fois de plus, il faut noter le peu de dialogues réduits au minimum. Plus que le film, j'ai beaucoup apprécié le documentaire de 25 minutes en bonus où sont interviewés Florence Moncorgé-Gabin et Jean-François Delon (le demi-frère). Elle débutait comme script-girl et lui était assistant-réalisateur sur le film de Melville. Ils racontent diverses anecdotes intéressantes.

11 mai 2021

Le cabaret de la dernière chance - Jack London

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C'est grave, docteur? Je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) n'arrive plus à me détacher du Challenge Jack London proposé de mars 2020 à ... "plus soif, je veux dire plus lire!" par ClaudiaLucia. Pour soigner le mal par le mal, j'ai donc décidé de traiter d'un titre un peu à part dans l'oeuvre de London, dans la mesure où c'est l'histoire de sa vie (envisagée sous un certain angle) que l'écrivain revisite. Jack London y confesse s'adonner à la boisson, mais nie être en proie à une addiction physiologique, et prétend boire uniquement par choix. Il met dans la bouche de son épouse: "tu n'es ni alcoolique ni dipsomane; tu as simplement pris l'habitude de boire" (fin du 1er chapitre, p.29).

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Le Cabaret de la dernière chance est le titre trouvé par Louis Postif lorsqu'il a traduit en 1928 John Barleycorn, rédigé fin 1912 et publié en 1913 (trois ans avant la mort de Jack London). "A La dernière chance", chez Johnny Heinhold, c'est un bar, naturellement (p.80). Cet ouvrage est qualifié de "roman autobiographique" sur Wikipedia [consulté le 08/05/2021] - qui m'apprend aussi que Philippe Jaworski l'a retraduit en 2016 pour une édition dans La Pléiade (Gallimard). On pouvait traduire le titre original par "Jean Grain d'Orge" - cet orge qui permet de fabriquer aussi bien la bière que le whisky. Dans son enfance, Jack London a été emmené au bistrot par le mari de sa mère (même si le bambin n'y dégustait qu'un biscuit apéritif, ou exceptionnellement un soda au sirop [menthe ou grenadine?]), raconte-t-il. A cinq ans, il vide "pour ne pas gâcher" le trop-plein d'un lourd seau de bière qu'il devait porter pour l'amener aux champs. A sept, il a peur de refuser d'avaler les verres de vin qu'un imbécile pose devant lui. Mais c'est à partir de 14 ou 15 ans qu'il a pris conscience que la boisson était un rite social de convivialité, indispensable pour s'intégrer aux groupes humains à la reconnaissance desquels il aspirait. Impossible de refuser un verre offert. Pourtant, notre jeune homme nous affirme ne pas aimer, à cette époque, ni le goût de l'alcool, ni la sensation d'ivresse. "Boire était un des modes de l'existence que je menais, une habitude des hommes avec qui j'étais mêlé". Et le jeune London préférait pour sa part lire en suçant des sucreries! "Des dollars et des dollars gaspillés au comptoir ne pouvaient me procurer la même joie que ces vingt-cinq cents dépensés chez un confiseur". Pour son malheur, il "tenait" bien l'alcool: encore un moyen d'épater les autres! Alors, une fois qu'il a enfin compris que tout verre offert doit être rendu (toute tournée payée par un autre en appelant une suivante), la pompe s'est amorcée... même si London, tout au long du livre, prétend se distinguer des "ivrognes".

Tout est dit dans une longue citation (p.108) - qu'il s'évertue à ne pas prendre à son compte. "Ainsi procèdent les fidèles de John Barleycorn. Quand la fortune leur sourit, ils boivent. Si elle les boude, ils boivent dans l'espoir d'un de ses retours. Est-elle adverse? Ils boivent pour l'oublier. Ils boivent dès qu'ils rencontrent un ami, de même s'ils se querellent avec lui ou perdent son affection. Sont-ils heureux en amour, ils désirent boire pour augmenter leur bonheur. Trahis par leur belle, ils boiront encore pour noyer leur chagrin. Désoeuvrés, ils prennent un verre, persuadés qu'en augmentant suffisamment la dose, les idées se mettront à grouiller dans leur cervelle, et ils ne sauront plus ou donner de la tête. Dégrisés, ils veulent boire; ivres, ils n'en ont jamais assez". 

Marin, chercheur d'or, reporter, auteur à succès, maître à bord sur son yach en croisière: d'après ce témoignage, chaque étape de la vie de Jack London s'est déroulée au contact de l'alcool, d'une manière ou d'une autre. Y compris, sur la fin (p.262), quand boire a fini par devenir un besoin, parce que l'écrivain professionnel n'arrivait plus à rédiger ses mille mots quotidiens s'il n'avait pas sa dose d'alcool. Cette lecture est un peu désespérante de par les choix néfastes qui sont faits (et assumés). La fin du livre dépeint parfaitement la "tolérance", c'est-à-dire le besoin d'augmenter la dose pour obtenir l'effet souhaité... jusqu'à ce que le livre se termine comme il a commencé: par l'annonce d'un vote de London en faveur du suffrage féminin, dans l'espoir que les femmes s'engagent pour la prohibition de l'alcool. Vision pessimiste, p.307: "moi je crie que nos jeunes gens ne doivent plus avoir à se battre contre le poison. Pour qu'il n'y ait plus de guerre, il faut empêcher les batailles. Pour supprimer l'ivrognerie, il faut empêcher de boire. La Chine a mis fin à l'usage général de l'opium en interdisant la culture et l'importation de l'opium. Les philosophes, les prêtres et les docteurs de la Chine auraient pu prêcher jusqu'à extinction de voix, prêcher pendant mille ans, et l'usage de la Drogue aurait continué sans ralentir tant qu'il aurait été possible de s'en procurer. Les hommes sont ainsi faits, voilà tout."

Ma propre édition a été imprimée en août 1981, je l'ai achetée en 1995 (il existe aussi une édition orange que je ne possède pas). Ele est précédée, comme mes autres "10-18", d'une préface de Francis Lacassin. Celui-ci insiste sur la fin de vie de London, qui selon lui s'est conclue par un suicide, thèse que l'historiographie semble depuis avoir remis en doute (?). Bien évidemment, on ne peut s'empêcher de relever les récits où notre héros frôle la noyade, ainsi que la phrase (à propos de la possibilité de passer en 3 ans de l'état d'ouvrier à celui d'écrivain reconnu): "Martin Eden, c'est moi" (p.229).

Voir les billets de Shangols  et de Ruedeprovence. Pour l'anecdote, j'ai découvert lors de mes recherches l'existence d'une chanson d'Yves Montand portant le même titre que le livre (?), mais sans la trouver chantée par lui en ligne. 

Jack London est mort sans avoir connu le XVIIIe amendement de la Constitution des Etats-Unis (instaurant la Prohibition). Les Alcooliques Anonymes, popularisés par Joseph Kessel dont la troisième épouse avait une addiction à l'alcool (il a écrit Avec les alcooliques anonymes en 1960), sont apparus en 1935. Faire une liste des oeuvres littéraires ayant évoqué l'alcoolisme serait fastidieux (je me rappelle Polyphème enivré par Ulysse aux mille ruses dans l'Odyssée). L'alcoolisme est reconnu comme une maladie par l'OMS depuis 1978. 

9 mai 2021

Adultère - Yves Ravey

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Après le "pavé" de 634 pages de Laurent Mauvignier chroniqué le 3 mai, j'ai continué avec les éditions de Minuit en lisant un roman nettement plus court (140 pages), le dernier en date d'Yves Ravey. Adultère est le cinquième roman que je lis de cet écrivain au style bien à lui [cf., dans la col. de droite, l'Index des livres], avec toujours un narrateur qui est le "méchant" de l'histoire. Le narrateur, Jean Seghers gère une station-service qui vient d'être déclarée en faillite. Il a eu affaire avec Walden, le président du tribunal de commerce qui est en charge du dossier de la faillite. Seghers soupçonne sa femme Remedios (quel prénom étrange) d'avoir une liaison avec Walden et avec Ousmane (lui-même marié à Amina et père de deux enfants), le veilleur de nuit de la station-service. Ce même Ousmane attend de Seghers qu'il lui verse ses indemnités de licenciement. Comme il n'a pas l'argent nécessaire, Seghers donne à Ousmane, en gage de bonne volonté une gourmette en or, que sa femme Remedios lui avait offerte lors d'un voyage à Venise. En parallèle, Seghers lui signe une reconnaissance de dettes. Mais Seghers se sent floué et trahi et il commet un homicide, d'une manière que je vous laisse découvrir. C'est là qu'intervient Brigitte Hunter, une experte en assurances qui va mener à bien son enquête. Un roman qui se lit vite: peu de pages et des phrases relativement courtes. La trame de l'histoire ressemble assez aux romans précédents de Ravey. Il narre plus ou moins la même chose mais dans un contexte différent. 

7 mai 2021

Mai 68 - Wolinski, Cabu, Gébé, Siné, ...

Ce mois-ci, dans la série de mes hommages aux dessinateurs assassinés à Charlie Hebdo en 2015, je [ta d loi du cine, "squatter" chez dasola] vais présenter un livre plus ou moins anniversaire: Mai 68, vu par l'équipe de Hara Kiri. Je l'avais acheté (à prix bradé) en septembre 2020 sur une aire d'autoroute (je sais, c'est pas bien - c'était à l'époque où l'on pouvait voyager sans restrictions, ce qui n'excusait pas de prendre la bagnole).  

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Nous sommes aujourd'hui cinquante-trois ans après les faits (lors desquels les vétérans fondateurs de Charlie Hebdo deux ans plus tard étaient déjà dans la force de l'âge, tandis que certains des participants à la seconde série étaient encore enfants [Tignous collégien et Charb sans doute porteur de couches!]), mais aussi 13 ans après l'édition originale, et 3 ans après la réédition que j'ai entre les mains. Voici le texte intégral de la présentation signée par l'éditeur (Michel Lafon): "En 2008, j'ai eu l'immense plaisir de publier ce Mai 68 d'anthologie, réunissant les extraordinaires dessins, mais aussi les textes de Cabu, Gébé, Reiser, Siné, Wolinski... Avec leurs mines acérées, ils ont observé, dépeint, critiqué, raillé, été les témoins de cette époque, sur laquelle un vent de révolution et de liberté a soufflé.
Aujourd'hui ils ne sont plus là pour nous croquer les cinquante ans de Mai 68, et depuis ce maudit 7 janvier 2015, leur liberté d'expression a été meurtrie. Cabu et Wolinski sont partis, les autres copains les ont précédés ou suivis... Mai 68 s'éloigne, mais le trait de ces dessinateurs de génie et la verve des irremplaçables Professeur Choron et Cavanna sont là pour nous empêcher d'oublier.
Alors nous avons décidé de rééditer ce Mai 68 sans changer un dessin, sans modifier un mot de ce que Cabu, Wolinski, Cavanna et les autres ont écrit. Pour leur rendre hommage à tous."

En le feuilletant, on y remarque beaucoup de Siné et de Wolinski avec un tout petit peu de Reiser (non mentionné sur la couverture). Une fois de plus, il s'agit d'un recueil de dessins ne comportant pas de numéros de pages! Cela ne m'a pas empêché de m'attacher à compter les dessins respectifs. En me fiant aux têtières des pages et au style de chaque dessinateur, voici les chiffres auxquels je suis arrivé (sachant que certaines "dessins" s'étalent sur plusieurs pages (jusqu'à six pour Wolinski) à raison d'une "case" par page. Pour Siné, j'ai compté 43 pages avec un seul dessin, 5 dessins sur deux pages et une série courant sur 4 pages (total 49 oeuvres en 57 pages). Avec Cabu, j'arrive à 11 dessins monopages, 5 sur deux pages, et une série sur 5 pages (total 17 oeuvres en 26 pages). Concernant Wolinski, j'ai trouvé seulement 6 dessins monopages (les autres courent de 2 à 6 pages - dont quelques bandes "Monsieur..."), mais un total de 20 oeuvres couvrant 67 pages. Figurent encore dans l'ouvrage deux oeuvres signées Gébé (4 et 1 pages), deux dessins signés Topor, 4 apparitions de Reiser (dont une sur 4 pages), un dessin avec la Marianne de Jean Effel (?), un de Sempé (sur deux pages), et une couv' d'Hara Kiri (octobre 68). Mais aussi (mais encore) 55 pages d'affiches (?) non signées (ou dont la signature est pour moi illisible, dans au moins deux cas!). Je ne sais pas si un certain nombre ne sont pas dues à Gébé, mais je suppose qu'il en aurait été crédité dans ce cas! On en a donc pour son argent puisque j'arrive à quelque 250 pages: 171 pages de dessins, plus une quinzaine de pages de témoignages écrits des quatre dessinateurs signataires (Cabu, Siné, Gébé, Wolinski), mais aussi de Cavanna, chacun sur 2 ou 3 pages, précédés d'un dessin de Cabu... et avec, par raccroc le Professeur Choron... sur une petite page et précédé d'un dessin de Reiser. 

Après ces quelques phrases un peu (ch...) austères, place à ce qui est le plus attendu par mes lecteurs je suppose: ma petite sélection subjective de dessins...

P1120297 Horrible, ou comble de l'erreur ?...

P1120301 Siné fait écho à Cabu... à moins que ce soit l'inverse! P1120299 

P1120304 Ce dessin de Reiser évoque pour moi deux échos particuliers, datant de l'occupation de la Sorbonne en... décembre 1986, avec des textes identiques ("il y a 18 ans, papa occupait la Sorbonne"). Premier écho (un père, visage sévère et lunettes aveugles): "Petit con!". Second écho (un CRS anonyme): "Papa aussi!". 

P1120298 Bravo pour l'image Siné... graphique. 

P1120307  P1120308 Wolinski: une, deux, une, deux... 

P1120302 Siné, encore (rien à voir, mais en 1968, Albert Dubout était toujours vivant...) 

P1120306  P1120310 Wolinski et Siné. Ah, ce dégaulisme primaire, qu'est-ce que ça apparaît daté en 2021...

P1120313 Reiser et le mot de la fin

P1120300  P1120303  P1120305  P1120309  P1120311  P1120312 Je termine par les auteurs de Hara Kiri / Charlie. Dans l'ordre: Cavanna, Wolinski, Siné, Géné et Cabu (croqués par ce dernier), et même le Professeur Choron croqué par Reiser. 

Comme ce n'est pas une année-anniversaire en "zéro" ou en "cinq", il y a peu de chances qu'on s'intéresse beaucoup à "mai 68" cette année...

*** Je suis Charlie ***

6 mai 2021

La piscine - Jacques Deray / Max et les ferrailleurs - Claude Sautet

Dans treize jours, les salles de cinéma devraient rouvrir, hip hip hip, hourra!!!

En attendant, je continue à revoir quelques films qui sont devenus des classiques. Ce billet est une sorte de mini-hommage à Romy Schneider (disparue le 29 mai 1982) qui joue dans les deux films chroniqués.

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La piscine de Jacques Deray, sorti en France en janvier 1969 (il a été tourné en 1968), a permis à Romy Schneider de relancer sa carrière. Elle interprète Marianne qui file le parfait amour avec Jean-Paul (Alain Delon), un agent publicitaire. Ils passent des vacances idylliques dans une superbe villa au-dessus de Saint-Tropez. Ils reçoivent un coup de fil inattendu d'Harry Lannier (Maurice Ronet), qui a l'intention de venir avec sa fille Pénélope (Jane Birkin).  Harry, au sourire charmeur, arrive en Maserati, accompagné de Pénélope. Harry est le meilleur ami de Jean-Paul et l'ancien amant de Marianne. Petit à petit, un malaise s'installe au sein de ce quatuor, dans lequel Pénélope, qui parle peu va provoquer le chaos. Quelqu'un est assassiné, noyé dans la piscine, l'enquête n'aboutit à rien (dans la version que j'ai vue). Mais il existe une fin alternative. J'ai beaucoup aimé revoir ce film pour les acteurs qui sont tous magnifiquement filmés sous le soleil de Saint-Tropez dans une villa de rêve. Voir le billet d'Armelle. Le film a été redifffusé récemment sur Arte en hommage à Jean-Claude Carrière qui a co-écrit le scénario.

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Je passse à Max et les Ferrailleurs dont Strum a tiré un très beau billet. J'ai eu envie de revoir ce film de Claude Sautet sorti en 1971 et qui réunit une brochette d'acteurs français comme il n'y en a plus beaucoup: Bernard Fresson, François Périer, Georges Wilson, Phlippe Léotard, Bobby Lapointe (dans un petit rôle). Et bien entendu le couple de Les Choses de la vie, Michel Piccoli et Romy Schneider. Max (Michel Piccoli) est un inspecteur de police qui rêve d'attraper des gangsters en flagrant délit lors d'un casse. C'est un homme d'un abord froid au visage blafard à l'air inquiétant qui porte un chapeau et un costume sombre. Il rencontre fortuitement Abel, un ancien camarade de régiment (Bernard Fresson) qui est ferrailleur, pillant les chantiers avec toute une bande de petits truands aux casiers judiciaires plus ou moins chargés. Abel vit avec Lily (Romy Schneider), une prostituée d'origine allemande. De manière préméditée, Max fait la connaissance de Lily, dont il devient un des clients sans jamais coucher avec elle. Il se fait passer pour un banquier et arrive à influencer les ferrailleurs, par l'intermédiaire de Lily, pour organiser un futur hold-up. Michel Piccoli est absolument remarquable dans le rôle de Max et Romy Schneider est bien charmante. Un film à (re)voir.

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