dimanche 20 mai 2018

Senses 1, 2, 3, 4 et 5 - Ryûsuke Hamaguchi

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A Paris et j'espère ailleurs, on peut voir un film japonais de plus de 5 heures divisé en 3 parties et donc trois séances, Senses (Toucher, écouter, voir, sentir et goûter) de Ryûsuke Hamaguchi. La version intégrale des trois parties en continu a été projetée lors de séances spéciales. Le film qui date de 2015 ne sort que maintenant. Mieux vaut tard que jamais. Les quatre actrices principales été très justement récompensées par un prix d'interprétation au festival de Locarno en 2015. Akari (une infirmière divorcée), Sakurako (la mère au foyer mère d'un grand adolescent), Fumi (mariée qui s'occupe d'une galerie) et Jun (enceinte qui veut divorcer de son mari) sont bonnes amies, même si on se rend compte au fur et à mesure de l'histoire que les liens qui les relient sont fragiles. Elles se sont connues par l'entremise de Jun. Ce film permet de suivre le chemin personnel de chacune de ces femmes après que l'une disparait (Jun). Certaines séquences sont longues (le stage de développement personnel ou la lecture publique d'une histoire) mais jamais ennuyeuses. J'ai aimé ces portraits de femmes dans le Japon contemporain où l'on assiste à un procès en divorce dans un tribunal avec un débat assez violent. Le film est riche même s'il ne se passe pas grand-chose. Par ailleurs, les personnages masculins sont en retrait mais cela ne minimise en rien leur importance. Je retiens la beauté de certains plans, le travail sur la mise en scène et les quatre actrices dont c'est le premier fim. Elles sont magnifiques. Lire les billets de Chris et ffred.

PS: en parlant de film japonais, je suis ravie que Hirokazu Kore-Eda dont j'ai vu presque tous les films jusqu'à présent ait été récompensé par une Palme d'or hier soir, 19 mai 2018, au Festival de Cannes. J'ai hâte de voir le film récompensé.

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vendredi 18 mai 2018

Le chagrin des vivants / La salle de bal - Anna Hope

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Je vous conseille les deux romans d'Anna Hope.
J'ai commencé par le deuxième paru en français, La salle de bal, (Gallimard, 383 pages, 2017). Il m'a tellement plu que j'ai lu le premier (le premier roman d'Anna Hope), Le chagrin des vivants, (Gallimard, 383 pages, 2016). L'auteur sait rendre tous les personnages attachants même les moins sympathiques comme Charles dans La salle de bal. J'aurais aimé rencontré ces personnages dans la vie.

La salle de bal, maintenant. En 1911, Ella, une jeune femme, est internée dans un asile d'aliénés après qu'elle a brisé une fenêtre de l'usine de filature où elle travaillait depuis l'enfance. On ne saura pas vraiment pourquoi. Dans cet asile de Sharston situé dans le Yorkshire, les femmes et les hommes sont séparés. Les premières font des travaux d'intérieur, les seconds travaillent aux champs à moins qu'ils ne creusent des tombes. Tous les vendredis, un bal est organisé dans une grande salle située dans l'enceinte de l'asile. Des pensionnaires des deux sexes sont sélectionnés. C'est là qu'Ella et John, un Irlandais, vont se croiser et danser. John Mulligan est un homme qui semble avoir été interné à la suite des décès de sa femme et de sa petite fille. Un troisième personnage essentiel à l'intrigue est le chef d'orchestre et violoniste, Charles Fuller. Cet être médiocre et homosexuel refoulé est premier médecin adjoint dans l'asile où il exerce depuis cinq ans. Il n'a fait que quatre ans de médecine mais il a été embauché parce qu'il savait jouer du violon. Séduit par l'eugénisme et par la théorie sur le contrôle des faibles d'esprit, Charles espère que ses projets funestes se réaliseront au détriment des malades. Le récit est composé de courts chapitres dans lesquels, Ella, John ou Charles apparaissent. Parmi les personnages secondaires, on remarque Clem (Clemency) Church, une jeune femme qui a été internée par sa famille plutôt aisée. Grande lectrice, c'est elle qui lit les quelques lettres que John envoie à Ella, qui, elle, ne sait pas lire. L'intrigue de ce roman est prenante. L'histoire d'amour d'Ella et John, bien que brève, est belle. Un roman que je conseille...

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...tout comme Le chagrin des vivants que je viens de terminer. L'histoire se passe entre le 7 et le 11 novembre 1920 à Londres. Le soldat inconnu (en anglais, on dit le guerrier [warrior] inconnnu) vient d'être choisi parmi quatre morts au combat. Il s'agit d'un soldat décédé fin 1915 ou début 1916. Le corps déterré en France va traverser la Manche dans un cercueil en chêne avant d'être inhumé à Westminster le 11 novembre, deux ans après l'armistice. A Londres, pendant ces cinq jours, on suit la vie de trois femmes, Evelyn, Ada et Hettie. Evelyn, qui a perdu la phalange d'un doigt dans une usine de munitions pendant la guerre, travaille au bureau des pensions de l'armée. C'est là qu'elle va croiser Rowan Hind, paralysé d'un bras. Rowan Hind cherche un certain Edward Montfort (c'est le frère d'Evelyn). Ce même Ed passe une soirée au palais de la danse à Hammersmith où Hettie est danseuse de compagnie pour 6 pences la danse. Ada, elle, croit encore apercevoir son fils Michael qui est pourtant mort au front en 1917. Evelyn, elle, a perdu son fiancé pulvérisé par un obus. Hettie donne la moitié de son salaire à sa mère et à son frère Fred, qui, revenu très perturbé de la guerre, ne travaille pas. Et on apprend le lien qui relie Ada aux autres personnages. Ce premier roman bien structuré se lit vit et bien. Anna Hope a un grand sens de la narration qui s'est confirmé, en attendant le troisième...

Pour La salle de bal, lire les billets de Krol, saxaoul, anis, Edyta et celui de miscellanées plus réservé.

Pour Le chagrin des vivants, les billets d'Edyta, Clarabel, Ariane, Noukette.

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mercredi 16 mai 2018

Afrique du sud - Swaziland - Zimbabwe - Bostwana (6)

Ce billet est le dernier sur mon voyage sud-africain. J'ai terminé en beauté avec les chutes Victoria et auparavant avec le parc de Chobe où se réunit la plus grande concentration d'éléphants d'Afrique. Et c'est vrai que l'on a en vu, des éléphants, on ne savait plus où regarder tellement il y en avait. On en a contemplé de nombreux qui se trempaient dans la rivière Chobe au Bostwana. Ils avaient l'air d'être heureux comme tout. Et nous, on était en mini-croisière sur cette même rivière et c'est comme cela qu'on a pu s'approcher au plus près des animaux. Un régal.

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On a passé la dernière matinée aux chutes Victoria qui furent découvertes par Livingstone, l'explorateur écossais en 1855. On nous a fortement incités à les survoler en hélicoptère. En effet, le débit des chutes est tellement important que la brume d'eau fait écran pour les personnes qui marchent le long du sentier bordant les chutes. Par ailleurs, l'eau se déverse dans un canyon étroit et il est très compliqué de prendre des photos. Les chutes sont larges de 1700 mètres avec une hauteur de 100 mètres.

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P1090270 Voici l'hélicoptère qui a emmené 5 personnes dont moi plus le pilote

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P1090313 Un des côtés des chutes.

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Pour prendre des photos, il faut presque un appareil photo étanche et nous-mêmes, on a pris des douches malgré les cirés que l'on avait revêtus.

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Et pour conclure, encore une girafe. Ce fut un beau voyage.

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dimanche 13 mai 2018

Passage des ombres - Arnaldur Indriðason

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Passage des ombres (Editions Métailie Noir, 300 pages) d'Arnaldur Indriðason clôt en beauté la Trilogie des Ombres (lire les billets sur le un et sur le deux). L'histoire se passe sur deux périodes, 1944 et de nos jours. En 1944, une jeune femme, Rosamunda, est retrouvée morte étranglée dans une rue près du futur théâtre national de Reykjavik. Elle travaillait dans un atelier de couture, elle était très douée dans son travail. Flovent et Thorson dont on avait suivi les enquêtes dans les deux premiers tomes sont chargés de découvrir qui a tué la jeune femme et pourquoi. Leur enquête va déboucher sur une impasse tragique. Plus de 60 ans après, un vieil homme nonagénaire est retrouvé étouffé dans son lit. On apprend assez vite qu'il s'agit de Thorson devenu Stephan Thordarson. Dans ce tome, on fait la connaissance de Konrad, un policier à la retraite qui aide la police à découvrir qui a tué Thorson et pourquoi. Je peux dévoiler que Thorson avait repris l'enquête sur la mort de Rosamunda et par la même occasion sur la mort de Hrund, une autre jeune qui s'était peut-être suicidée en se jetant dans un fjord. Leur point commun était qu'elles avaient été violées et que leur agresseur leur avait dit d'expliquer qu'elles s'étaient fait entreprendre par des elfes comme dans les sagas islandaises. J'ai trouvé l'intrigue bien menée. Indriðason maîtrise parfaitement les récits croisés sur deux périodes. Les histoires se recoupent. C'est vraiment prenant mais empreint d'une grande tristesse. Des trois tomes, c'est mon préféré. Lire le billet de Simone.

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vendredi 11 mai 2018

La route sauvage - Andrew Haigh / Une femme heureuse - Dominic Savage

Ayant suivi le conseil de Pascale, je suis allée voir La route sauvage d'Andrew Haigh qui narre l'histoire du jeune Charley, 16 ans, vivant dans l'Oregon. Peu après le début du film, son père volage se fait tuer par un mari jaloux. Quant à sa mère, il ne la connaît pas puisqu'elle est partie juste après sa naissance. Depuis peu, Charley s'occupe d'un cheval de course appelé "Lean on Pete" qui appartient à Del (Steve Buscemi). Ce Del n'est pas tendre avec ses chevaux. Dès qu'ils commencent à perdre des courses hippiques (comme Lean on Pete qui a mal aux jambes) il s'en débarrasse en les revendant au Mexique. Charlie, dévasté par le décès de de son père, kidnappe Pete avant qu'il ne soit revendu. Il s'embarque en sa compagnie vers le Wyoming où Charlie espère retrouver sa tante Margie. Pendant son périple, entre l'Oregon et Laramie, une ville du Wyoming, soit une distance de presque 2000 km, Charlie va affronter plusieurs épreuves dont une violente et terrible. Il va souffrir en particulier de la faim et de la soif. On se demande s'il va triompher de tous les obstacles. Une jolie histoire qui aurait gagné à être un peu plus courte. Le film qui dure deux heures m'a permis de découvrir un jeune acteur prometteur: Charlie Plummer.

Je passe à Une femme heureuse de Dominic Savage, un film qui m'a beaucoup plu malgré les critiques tièdes le concernant. Tara (Gemma Arterton, très inspirée) a tout pour être heureuse, un mari aimant, deux beaux enfants, une grande maison dans la banlieue de Londres. Mais Tara s'ennuie, elle n'est pas heureuse. C'est une des premières répliques qu'elle dit. Il faut noter qu'il y a peu de dialogues mais beaucoup de plans rapprochés sur les acteurs et en particulier sur le visage de Gemma Arterton. J'ai trouvé que le réalisateur avait très bien su montrer par sa manière de filmer ce que peut ressentir Tara. Elle étouffe, elle ne se sent pas bien. Elle est au bord de la dépression. La caméra illustre bien ses sentiments. Et pourtant son mari Mark l'aime, il n'arrête pas de le lui dire, même si, par ailleurs, il fait des remarques pas gentilles à son encontre. J'ai moi-même trouvé le personnage de Mark assez pénible. On peut comprendre que Tara veuille changer de vie malgré Florie et Ted, ses deux enfants. Elle ne se sent pas à la hauteur pour les élever. Le personnage de Tara m'a beaucoup fait penser aux femmes d'Arlington Road de Rachel Cusk, ces femmes enfermées dans un rôle, celui de mères de famille qui s'occupent de leur intérieur tandis que leur maris gagnent l'argent du ménage. J'ai aimé la fin ambiguë. Il faut noter la prestation toujours juste de Marthe Keller dans un petit rôle. Lire le billet de Baz'art.

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mardi 8 mai 2018

La révolution silencieuse - Lars Kraume / Comme des garçons - Julien Hallard

Cela serait dommage que vous passiez à côté de La révolution silencieuse de Lars Kraume. Je ne sais pas si le film rencontre son public d'autant plus que j'ai constaté que les critiques étaient un peu tièdes: "film académique, mise en scène convenue", etc. Ce film allemand raconte comment quelques lycéens, en 1956 à Berlin-Est pendant un cours d'histoire, ont respecté deux minutes de silence en hommage aux victimes de l'insurrection de Budapest en Hongrie. La répression par les soviétiques fut terrible. C'est l'année du bac pour Kurt, Théo, Erik, Lena et les autres. C'était cinq ans avant le construction du mur. Les habitants de Berlin-Est étaient autorisés à passer à l'Ouest pour rendre visite à de la famille. Kurt va souvent sur la tombe de son grand-père enterré à Berlin-Ouest. Il emmène la plupart du temps Theo avec lui. Ils allaient souvent deux par deux au cas où l'un des deux serait arrêté. Un jour, ces jeunes gens vont écouter une radio clandestine chez l'oncle d'un des leurs. C'est là qu'ils apprennent les événéments de Budapest. Les deux minutes de silence décidée par l'un d'entre eux et accepté par les autres provoquent la colère de leur professeur qui en réfère au directeur. Un engrenage s'enclenche et une envoyée du pouvoir est-allemand mène l'enquête. Il lui faut un coupable qui sera sévèrement puni. Elle met la pression sur tous ces élèves qui résistent. Tous les coups, même les coups bas, sont permis. On fait connaissance des familles de ces élèves. Certains sont des notables, d'autres des ouvriers. Les convictions de chacun sont différentes et le nazisme reste dans les mémoires. D'ailleurs, ce passé douloureux joue un rôle partiel dans le dénouement du film que j'ai trouvé passionnant. Les jeunes comédiens sont tous remarquables. Un très bon film.

Je voudrais maintenant parler de Comme des garçons de Julien Hallard, un film sans prétention et sympathique qui raconte comment une équipe de France de foot féminine fut créée en 1970 à Reims. Un journaliste sportif du journal local a l'idée de créer une équipe de football féminine pour qu'elle joue à l'occasion d'une kermesse. Les candidates passent un entretien, elles sont jeunes ou moins jeunes, plus oui moins jolies, salariées pour quelques-unes et presque toutes mariées. A cette époque encore, le mari doit donner la permission pour que sa femme puisse jouer au football. Nous sommes pourtant après mai 68! Ces femmes toutes motivées pour jouer au foot s'entraînent malgré les obstacles administratifs, le machisme ambiant et la misogynie. Il faut voir Emmanuelle Bruno (Vanessa Guide), une secrétaire compétente et fille d'un ancien footballeur, dribbler de manière magistrale. Allez voir le film pour l'originalité du sujet.

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lundi 7 mai 2018

Cabu à la Comédie Française (salle Richelieu)

Dasola et moi (ta d loi du cine, "squatter") avons eu l'occasion récemment d'aller à la Comédie Française. Je vais m'appuyer sur cette sortie théâtrale (qui n'est pas le sujet du présent billet) pour mon billet "Charlie hebdo" du mois de mai 2018.

Depuis le 10 mars et jusqu'au 25 juillet 2018, la salle Richelieu expose 200 dessins de Cabu sur la thématique "Vive les comédiens" (dont un certain nombre de croquis inédits), à voir "pendant l'entr'acte" (dans la pratique, il est difficile d'en faire le tour en ce laps de temps sauf à marcher très vite!).

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Plutôt que de la paraphraser, voici les photos de la petite plaquette.

P1090422   P1090421 Il paraît donc qu'il y a des photos jusque dans les toilettes. Question sans réponse à ce jour: dessins différents pour les hommes et les femmes?

Il existe aussi, disponibles en téléchargement, deux riches "Dossier pédagogique" (pour les scolaires) et "Dossier à destination des enseignants".

Durant sa carrière, Cabu a illustré les affiches de plus d'une d'une centaine de pièces de théâtre. Une douzaine sont visibles dans le grand escalier (pas de photos ici).

Lors de notre visite (avant la pièce, à l'entracte, et enfin à contresens lorsque le gros des spectateurs sortaient en fin de spectacle), j'ai fait une sélection "à la volée" des dessins qui me "parlaient" le plus, et Dasola a bien voulu les capter au vol pour que je puisse les citer dans le présent billet. N'oublions pas, bien entendu, de préciser que toute l'oeuvre de Cabu est désormais "copyright Véronique Cabut".

20180429_134121 Je me rappelle avoir vu Bernard Tapie dans cette pièce naguère. Il n'a plus la même tête aujourd'hui (pour la faconde, je ne sais pas!).  

20180429_134402 Il faut prêter attention à tous les textes (accessoirement, je ne savais pas que Cabu avait illustré la chronique théâtrale du Figaro à la fin des années 60...).

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20180429_134621 Bien trouvé, pour l'intermittence! ...

20180429_152933 ... et comme quoi, Cabu est toujours d'actualité (tout est dans le choix parmi ses dizaines de milliers de dessins...).

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20180429_153114 Que n'aurait-il pu encore dessiner, Macron président, en terme de "comédies du pouvoir", ce grand Cabu!

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20180429_163622 Ah, et pour finir, ma souffleuse me signale qu'elle voulait faire un petit "coucou" à Claudialucia via ces derniers dessins!

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*** Je suis Charlie ***

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samedi 5 mai 2018

Le retour / Jamais - Bruno Duhamel

Grâce à Violette et à Mo que je remercie, j'ai découvert le dessinateur et scénariste de BD Bruno Duhamel.

Le Retour (Bamboo Edition, collection "grand angle", 96 pages) est une évocation très libre de la vie et l'oeuvre de César Manrique (1919-1992) et de l'île de Lanzarote où il est né. Lanzarote fait partie des îles Canaries. Grâce à Manrique qui était un peintre, architecte et scupteur, Lanzarote n'a pas trop subi les effets du tourisme de masse mais il semblerait que les touristes viennent mallheureusement de plus en plus nombreux d'année en année. Manrique avait réussi par son engagement à ce que son île soit préservée; en particulier à ce que les maisons contruites ne dépassent pas deux étages. Duhamel fait de Manrique (Cristobal dans l'album), un homme plus torturé, plus intransigeant que ne l'était peut-être Manrique qui a fait de son ile volcanique une oeuvre d'art. Comme Violette, je ne connaissais pas Manrique et je n'ai jamais été à Lanzarote. La BD donne envie de découvrir et l'oeuvre de Manrique et l'île. J'ajouterai que j'aime beaucoup les dessins, le noir et blanc et la couleur, les planches "pleine page". Pour compléter cette lecture et pour vous donner une idée sur à quoi ressemble Lanzarote, lire les billets de Géraldine.

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Jamais (Bamboo édition, collection grand angle,  56 pages) raconte l'histoire de Madeleine, une vieille dame aveugle au caractère pas commode qui a perdu son mari en mer depuis plusieurs années. Cela ne l'empêche pas de continuer à lui parler comme s'il était toujours là. Madeleine vit avec son chat Balthazar dans une maison isolée au bout d'une falaise en train de s'écrouler sur la côte d'albâtre. Le ton de la BD est souvent drôle, touchant et grave en même temps. Madeleine, malgré son infirmité, se débrouille bien toute seule. C'est pourquoi elle tient tête au maire de la ville voisine qui voudrait qu'elle parte en maison de retraite. La fin nous laisse dans l'expectative: tombera? Tombera pas? Une BD que je conseille tout comme Aifelle, Brize et Mo.

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mercredi 2 mai 2018

Sonate pour Roos - Boudewijn Koole / Game Night - Jonathan Goldstein / Jersey Affair - Michael Pearce

Après avoir écouté les conseils d'une critique de l'émission Le Masque et la Plume, je suis allée voir Sonate pour Roos de Boudewijn Koole (un réalisateur hollandais). Roos, une femme photographe, revient auprès de sa mère (professeur de piano) et de son jeune frère Bengt, dont le passe-temps favori est d'enregistrer des sons. L'histoire se passe en Norvège dans des paysages enneigés loin de tout. Le film baigne dans une atmosphère ouatée. On comprend très vite qu'entre Roos et sa mère, une femme austère, les rapports sont tendus. En revanche, Roos et Bengt sont très complices. Roos (Rifka Lodeizen, magnifique) est revenue parce qu'elle doit faire une annonce à sa mère et à son frère. Nous, spectateurs, on sait très vite ce qu'il en est. Le film traite des relations mère-fille et d'autres choses. Le tout est traité avec délicatesse et douceur et j'ai aimé la fin, mais je n'avais vraiment pas le moral quand je suis sortie de la projection.

C'est pour ça que deux jours après, je suis allée Game Night de Jonathan Goldstein. J'ai trouvé le film distrayant. Les acteurs jouent le jeu (si je puis dire). Max (Jason Bateman) et Annie (Rachel McAdams), qui ont une libido au point mort, se rattrapent en s'amusant à des jeux de sociétés avec deux autres couples une fois par semaine. Un jour, Brooks, qui a réussi dans ses affaires, vient rendre visite à son frère Max. Il l'invite lui, sa femme Annie et les deux autres couples, à une soirée jeu inoubliable. Je m'arrête là pour le résumé, car l'histoire comporte plein de rebondissements où il est question d'un oeuf de Fabergé, d'un Bulgare, d'un kidnapping, d'une liste, d'une belle voiture rouge, d'un voisin étrange, policier de son état. Ce n'est pas la comédie du siècle mais c'est plaisant.

Je termine avec Jersey Affair de Michael Pearce. Comme son titre l'indique, l'histoire se passe dans l'île de Jersey, île où est né le réalisateur qui a aussi écrit le scénario. J'ai découvert à cette occasion la beauté de l'île très pentue. Moll (Jessie Buckley, une révélation) est une jeune femme perturbée qui vit avec sa mère despote et le père qui perd la tête. Un jour, elle fait la connaissance de Pascal Renouf, un jeune blond aux ongles sales, à l'allure sauvage. Elle tombe amoureuse de lui (et réciproquement). Pendant ce temps, l'île vit dans la peur, des jeunes femmes sont assassinées. Et Pascal devient vite le suspect numéro 1. On est assez vite pris par cette histoire à l'atmosphère inquiétante. Pascal est-il coupable ou non? Qu'en est-il de Moll? Le film m'a plu, sauf les cinq dernières minutes que j'ai trouvé ratées, car un peu "gore" à mon goût. C'est dommage car le reste du film vaut la peine. Lire le billet de Pascale.

dimanche 29 avril 2018

Cartons / Flux - Pascal Garnier

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Je suis tombée par hasard, dans une des bibliothèques que je fréquente, sur deux romans de Pascal Garnier (1949-2010). Je ne regrette pas mon choix car j'ai beaucoup aimé ces deux romans qui dégagent autant d'humanité que de misanthropie. Cela traite aussi de notre condition de mortels.

Flux (125 pages, Edition Zulma) paru en 2005 est l'histoire de Marc, qui vient d'être interné dans un asile psychiatrique. Marc ne parle pas et il a un problème de vue. Après avoir reçu une balle dans la tête, il a quand même survécu, d'où son internement. Marc est fasciné par l'eau sous toutes ses formes, l'eau d'une rivière ou celle d'un lave-linge. Avec des flash-backs en italique, on apprend que Marc avait une femme, Corinne (une garce, âpre au gain) et il a une soeur et un beau-frère qui aimeraient récupérer la fortune de Marc après que celui-ci a fait un héritage inespéré. A l'asile, Marc fait la connaissance d'une infirmière, Mireille, qui le prend sous son aile. Tout se termine dans un déluge d'eau provoqué par un orage phénoménal. Le style est dépouillé, pas un mot de trop. J'aime beaucoup, comme Simone et Violette.

Je passe à Cartons (182 pages, Edition Zulma) qui est un roman posthume de l'écrivain. Il est paru en 2012. Brice, la cinquantaine, un illustrateur de livres pour enfants, emménage dans une grande maison dans une petite ville près de Valence. Il a quitté Lyon. Il est entouré de cartons à déballer mais il attend sa femme, Emma, une journaliste partie dans un pays en guerre. Elle doit revenir très vite. En attendant, Brice fait la connaissance d'un chat et surtout de Blanche, une jeune femme sans âge qui vit seule, depuis la mort de son père, dans une maison pas très loin de chez lui. Au fur et à mesure du récit, on apprend que Emma ne reviendra pas, que Blanche est une femme perturbée, et que Brice lui-même souffre de dépression. Je n'en dirai pas plus à part que le titre Cartons résume l'histoire jusqu'à l'épilogue. C'est un roman noir et désespéré mais l'écrivain a beaucoup d'empathie pour ces personnages. Et une fois de plus, j'aime cette écriture : "Les jours passaient ou bien était-ce le même toujours recommencé? A part un minimum de maintenance, manger, boire, dormir, qui nécessitait de brèves opérations commando au supermarché, Brice ne faisait rien.... Il avait adopté l'attitude du varan, immobilité totale, paupière mi-closes, prêt à attendre des siècles le passage d'une proie, à savoir un signe d'Emma. Il s'accoutumait à l'ennui, comme d'autres à l'opium." Lire le billet du bouquineur.

Les deux romans qui se dévorent vite valent la peine d'être lus.

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