Comme un hibou au soleil - Maurice Denuzière
Encore un livre que j'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) chiné vendredi 26 août 2022 chez l'un des nombreux libraires d'occasion que je fréquente à Paris.
Comme un hibou au soleil (1974, 188 pages dans cette édition LDP datant de 1984) se lit très vite et et agréablement. Un quidam (Félix, écrivain...) se laisse convaincre par un ancien copain de classe de devenir honorable correspondant d'un service secret français pour une mission faisant appel à son talent personnel (que laisse plus ou moins deviner le titre). Et voilà notre "anti-héros" propulsé aux Bahamas, comme un poisson chinois, pour y rencontrer un "contact". Ce n'est qu'après quelques premières mésaventures qui l'ont laissé impavide qu'intervient cette rencontre. Le compagnon d'aventures de Félix s'avère être François, un vétéran du "service action". Et c'est parti pour quelques journées de "planque" dans un archipel isolé et désolé, mais avec au moins le soleil et la mer. Pour passer le temps, en plus de le forcer à s'entraîner à la natation, François ne manquera pas de [nous] servir un couplet patriotique sur le fait que, ancien résistant, il ne lui a pas été possible de reprendre ses études ni une vie "normale" après la libération, et qu'il a préféré consacrer sa vie, dans l'ombre, à lutter contre la subversion et pour protéger les citoyens insouciants dans ce monde resté si dangereux... Bref, au cours des pages, notre écrivain si candide au départ s'avèrera un tireur passable à la carabine, et même capable, à l'occasion, de tirs mortels. On se croirait dans un James Bond de la belle époque (mais avec davantage d'humour!), impliquant base secrète, organisation qui ne l'est pas moins et qui cherche à dresser les Etas-Unis contre l'URSS, sans oublier les "girls"... Heureusement que la France est là pour sauver le monde! Tout est bien qui finit bien quand arrive au rendez-vous (convenu par radio) la frégate Suffren... Ce navire de la Marine nationale, je sais qu'il a vraiment existé (actif entre 1969 et 2001). Pour le reste?!?
Je n'ai pas réussi à trouver de blog ayant parlé de ce "vieux" livre. Pour ma part, jusqu'à présent, je ne connaissais guère Maurice Denuzière (96 ans aujourd'hui même [29/08/2022]!) que par la saga Louisiane (1977-1987, j'en possède cinq tomes...). Pas mal de temps s'étant écoulé depuis, un nouvel épisode Louisiane ne serait-il pas envisageable, en y intégrant jusqu'aux décennies les plus récentes (chute du mur, interventions américaines ici ou là, changement climatique et ouragans, gaz de schiste... et coton bio)? Quitte à se faire assister par une plume plus jeune, comme l'a fait par exemple Arthur C. Clarke (sauf erreur de ma part) dans ses dernières oeuvres? Le dernier livre publié par M. Denuzière remonte à 2016 (sauf erreur de ma part - bis).
Quant à une série "Hibou"... J'ai juste vérifié (non sans mal pour dénicher l'info!) que L'Anglaise et le hibou, rédigé précédemment (en 1961), n'avait rien à voir avec notre nyc... (oups pardon, spoiler!) notre héros, mais tout avec une statue de Guy Lartigue. Pour Comme un hibou au soleil, ça n'a donc pas été le début d'une série à la "Langelot". Bon, il faut dire que Langelot est plus "jeune" [Bibliothèque Verte], il tue rarement et ne couche jamais - sauf erreur de ma part (ter). Quant à la Bibliothèque Verte telle que je l'ai connue, elle a disparu...
Les vieux fourneaux 2, Bons pour l'asile - Christophe Duthuron / Beast - Baltasar Kormakur
Etant fan des six albums déjà publiés (le 7ème doit paraître le 4 novembre 2022), je suis allée voir la deuxième adaption cinéma de la série BD Les Vieux fourneaux. Le scénario a été écrit par Wilfrid Lupano (comme pour les BD). Je ne m'attendais à rien de transcendant. Et bien contre toute attente, j'ai aimé ce film sympathique et plein de bons sentiments. On retrouve les trois inséparables Pierrot, Antoine et Emile. A Paris, Pierrot (Pierre Richard) décide de partir avec six migrants qui étaient cachés dans un immeuble hausmannien du IXème arrondissement. Il les emmène dans le village de Moncoeur (jumelé avec Montcuq) dans le sud-ouest de la France chez Antoine (Bernard Lecoq), qui vit dans une maison située pas loin de celle de sa petite-fille Sophie. Les migrants découvrent avec étonnement la vie de province, ses bons et ses mauvais côtés. Entre le maire en pleine période électorale et quelques chasseurs curieux, les migrants ne sont pas les bienvenus mais ils s'adaptent. Deux d'entre eux qui viennent d'Afrique Noire sont bricoleurs (et joueurs de pétanque). Ils réparent un vieux tracteur appartenant à Berthe, la voisine irascible d'Antoine. Emile (Eddy Mitchell) est amoureux d'elle de longue date, mais quand il se présente avec son bouquet de fleurs, en guise d'accueil, il reçoit des pelletées de lisier en retour. Quant à Sophie, elle fait ses tournées avec son théâtre de marionnettes, "Le loup en slip". Le scénario du film reprend une bonne partie du tome 5 (Bons pour l'asile), et il y a des éléments du tome 4 (La Magicienne). J'ai passé un très bon moment et en plus, cela nous a donné envie, à mon ami Ta d loi du cine et à moi-même, de relire la série des Vieux Fourneaux. Un régal.
Je passe à un film nettement plus stressant, Beast de Baltasar Kormakur, qui se passe en Afrique du Sud. Le docteur Nate Samuels (Idris Elba) vient passer quelques jours en Afrique du Sud avec ses deux filles. Il est veuf depuis peu. Lui et ses deux filles sont logés par un vieil ami de Nate, Martin Battlles, qui est biologiste et proche des animaux sauvages. Dès leur première virée dans des paysages un peu désertiques, ils vont devoir affronter un lion vindicatif dont la famille a été massacrée par de méchants braconniers. Le lion est ivre de vengeance. Il n'épargne rien ni personne. Pendant plus d'une heure, on se demande ce que le lion va faire, il semble invincible. Je vous laisse découvir les différentes péripéties qui jalonnent le film jusqu'à la conclusion. Un film qui se laisse voir mais avec des moments qui font peur même si c'est du cinéma. Le seul point commun avec Le roi lion, c'est peut-être les images de synthèse?
Leila et ses frères - Saeed Roustaee
En préambule, Leila et ses frères est selon moi le film étranger de l'année. Le réalisateur iranien Saeed Roustaee (La loi de Téhéran) est aussi le scénariste du film qui sort demain, mercredi 24 août 2022. Pendant 2H49 (non, non, le film n'est pas trop long), on suit quelques semaines dans la vie assez rude de la famille de Leila, une jeune femme d'une trentaine d'années toujours pas mariée. Elle est la seule fille au milieu de quatre garçons. Elle gagne à peu près sa vie et c'est la seule à vraiment tenir tête à Esmaïl, le père de la famille, un vieux monsieur à la santé fragile mais au mauvais caractère. C'est un tyran domestique. Parmi les quatre frères de Leila, un seul est marié et il est le père de cinq filles. Mais quand son épouse accouche enfin d'un petit garçon, c'est la joie dans la famille malgré la crise économique qui la touche durement. Ils sont criblés de dettes. De ce fait, Leila a l'idée d'acheter une boutique à crédit dans une galerie commerciale pour toute la famille. Elle s'attend à ce que son père les aide dans leur entreprise. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévues car le père a promis une importante somme d'argent qui le ferait devenir le nouveau parrain de sa communauté, la plus haute distinction de la tradition persane. Cette distinction aboutirait peut-être a ce que Esmaïl soit moins méprisé par de nombreuses personnes de sa connaissance. L'affiche représente le moment de gloire d'Ismaîl, même si elle sera éphémère. La famille va arriver au bord de l'implosion à l'issue de cette cérémonie. Certains dialogues entre les personnages sont très violents et démontrent bien le ressentiment entre les deux parents et les enfants. Leila est particulièrement virulente. Il faut saluer l'interprétation des acteurs qui ont presque tous joué dans La loi de Téhéran. Certains sont méconnaissables comme Navid Mohammadzadeh qui interprétait le "dealer" et Payman Maadi (qui interprétait le rôle du policier). Et je n'oublie pas l'actrice Taraneh Alidoosti qui interprète Leila: elle est magnifique. Le réalisateur né en 1989 confirme son grand talent.
Après La loi de Téhéran qui fut le grand film de l'été 2019, Leila et ses frères est le grand film de l'été 2022. Il est regrettable qu'ayant fait partie de la compétition officielle du dernier festival de Cannes, il n'ait reçu aucune récompense. Pour l'anecdote, j'ai vu le film en avant-première dans une salle climatisée très agréable le mardi 19 juillet dernier. Quand je suis sortie de la projection, j'ai eu l'impression d'entrer dans un four, mon téléphone affichait 40°. Il paraît que ce fut la journée la plus chaude à Paris. C'est bien d'aller au cinéma quand il fait chaud dehors.
Monsieur Papa - Patrick Cauvin
Encore un billet de Ta d loi du cine, squatter... sur un "vieux bouquin" chiné dans les bacs de librairies d'occasion.
Monsieur Papa, Le Livre de Poche N°5699, 217 p.
J'ai acheté il y a quelques jours ce livre que je dois posséder par ailleurs dans ma propre pochothèque depuis quelques décennies [1996, vérification faite]. C'est le genre d'achats que j'effectue dans les bacs d'occasion avec des "classiques de poche" à 30 centimes d'euros (0,50 centimes d'euros les 3 - ça ne vaut plus rien, un livre!). J'avais dans l'idée de le mettre dans l'armoire à livres du hall de chez dasola. Et puis, tant que j'y étais, je l'ai relu. Et tant que j'y suis, j'en tire un billet (mon précédent sur un roman de Patrick Cauvin remonte à 2010 - déjà).
Par comparaison avec une autre de mes lectures (le premier roman de Maryse Wolinski, que je chroniquerai dans quelque temps), j'ai trouvé ce livre d'"enfance" reposant. Patrick Cauvin l'a écrit en se glissant dans la peau d'un gamin de 10 ans (Laurent), dont les parents sont séparés (c'est récent). Laurent préfère rester avec son père, qu'il appelle "Franck" (et en particulier l'accompagner lors d'un voyage prévu à l'étranger) plutôt qu'aller passer les prochaines vacances d'été avec sa mère et son nouveau compagnon. Et ce gamin, plutôt intelligent mais pas spécialement surdoué, va commettre plusieurs bêtises (vol, fugue, ...), pas tant pour "se faire remarquer" que pour se donner les moyens de parvenir à ses fins. Le "roman à la première personne" raconté à hauteur d'enfant (en toute candeur) est plutôt reposant. Ici, on ne trouve pas de problématiques "lourdes" ou glauques (du genre inceste, viol, harcèlement, drogue ou autres addictions, ni même "dys" quelconque ou questions sur le genre). L'époque ne s'y prêtait pas, me direz-vous - ou bien ces sujets n'étaient pas encore à la mode, la société n'y était pas sensible, et il n'existait aucun "marché" encore à ce sujet... Bref, ça se lit très gentiment.
J'ai trouvé quelques mots sur Monsieur Papa sur un vieux blog dont le principal intérêt est de compiler aussi plusieurs entretiens avec Patrick Cauvin. Plus intéressant, l'avis de Jake (2014). Ou celui de Milou (dernier billet en 2020).
Je me dis que ce genre de livre, paru il y a déjà quelques décennies (1976...) peut éventuellement interpeller quelques blogueuses-documentalistes (en CDI, en collège), pas forcément nées à sa sortie, mais toujours intéressées par des bouquins à proposer à leur lectorat... (je pense à Doc Bird, mais il y en a d'autres). Il semble qu'on puisse encore trouver sans problème Monsieur Papa en neuf ou en occasion. Le livre avait été adapté au cinéma en 1977, je ne l'ai (encore) jamais vu.
Le silence de la ville blanche - Eva Garcia Saenz de Urturi
Grâce à un excellent roman policier qui se passe à Vitoria, capitale de la province d'Alava au Pays basque en Espagne, je participe, pour la deuxième fois cette année, au challenge "Pavé de l'été" organisé par Brize que je remercie à nouveau.
Le silence de la ville blanche d'Eva Garcia Saenz de Urturi (Edition Pocket, 621 pages haletantes) se passe alternativement en 2016 et au début des années 1970. En 2016, dans la cathédrale Santa Maria, deux corps sont retrouvés. Il s'agit d'un garçon et d'une fille âgés de 20 ans. Entièrement nus, les mains posés sur les joues l'un de l'autre avec trois chardons (eguzkilore en basque), l'un entre leur tête et les deux autres à leurs pieds. La ville est en émoi et la police aussi, car cela rappelle des crimes qui se sont déroulés vingt plus tôt, où les victimes, retrouvées dans différents lieux de la ville, furent deux nourrissons, puis deux enfants âgés de 5 ans, puis deux âgés de 10 ans et enfin 2 âgés de 15 ans. Ils avaient été empoisonnés par de l'If. A priori, le coupable, Tasio Ortiz de Zarate, avait été arrêté par son frère jumeau, Ignacio. Unai Lopez de Ayala, surnommé Kraken (depuis l'adolescence), un inspecteur de police qui est aussi profileur, mène l'enquête avec sa collègue Estibaliz Ruiz de Gauna. Unai est le narrateur des événements de 2016. Quelques jours après, d'autres crimes vont être perpétrés, les victimes sont cette fois-ci âgées de 25 ans, puis 30 ans, puis 35 ans. Cette fois-ci, le modus operandi a changé, avec l'injection d'une piqûre de rohypnol dans le cou et puis l'introduction de quelques abeilles dans la bouche fermée avec du sparadrap. Les abeilles piquent le fond de la gorge et les victimes meurent dans d'atroces souffrances. Les corps sont toujours disposés de la même manière dans d'autres lieux historiques de la ville. Ces crimes se déroulent en été pendant des fêtes comme le jour de la Blouse et puis de la Virgen Blanca (la patronne de Vitoria-Gasteiz). Ce roman qui se dévore en peu de temps m'a permis d'apprendre plein de choses sur une ville dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Il donne envie d'aller visiter cette partie de l'Espagne pas loins de la frontière française. Sinon, Le silence de la ville blanche, dont je n'ai bien sûr pas raconté toute l'histoire, est le premier tome d'une trilogie. Je ne manquerai pas de lire les tomes suivants. Lire les billets de Richard, Eve-Yeshé et L'atelier de litote.
Là où chantent les écrevisses - Olivia Newman
Je n'ai pas encore lu le roman de Delia Owens paru en 2020 que je viens d'emprunter en bibliothèque [chroniqué le 08/09/2022], mais j'ai vu en avant-première l'adaptation cinématographique de Là où chantent les écrevisses de la réalisatrice Olivia Newman. Le film sort en France aujourd'hui, mercredi 17 août 2022. Ce film assez classique comporte pas mal de flash-back qui retracent la vie de Kia Clark entre 1954 et 1969. Kia Clark, née en 1945, vit dans les marais de Caroline du Nord avec son père, sa mère et ses frères et soeurs. C'est la benjamine de la famille. Un jour, le père très brutal provoque le départ de sa femme et de ses enfants, sauf Kia qui ne veut pas partir. Elle se fait très discrète. Un peu plus tard, le père disparaît à son tour et Kia se met à vivre seule et se débrouille comme elle peut pour gagner un peu d'argent. Kia se déplace en barque à moteur et vit en harmonie avec la nature. Les seuls adultes qu'elle côtoie sont un couple de Noirs qui tiennent une épicerie. Ils s'attachent à elle. Kia devient une belle jeune fille qui est surnommée "la fille des marais" par les habitants de la ville voisine. Un jour, elle croise le chemin d'un garçon de son âge, Tate, qui sera son grand amour. Il lui apprend à lire et à écrire. Le jour où il s'en va pour poursuivre ses études, Kia est inconsolable, mais elle fait la connaissance d'un autre garçon, Chase Andrews, un fils de notable qui va mourir tragiquement. Meurtre ou accident? La thèse du meurtre est privilégiée et Kia est emprisonnée. Elle se croit condamnée d'avance, malgré qu'elle soit défendue par un avocat à la retraite qui, pour elle, a repris du service. C'est un joli film qui se laisse voir agréablement. Je ne connaissais pas les jeunes acteurs qui sont tous très bien. Comme je n'ai pas encore lu le roman, je ne sais si l'adaptation est fidèle ou non. En tout cas le film m'a plu.
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PS du 09/09/2022 de ta d loi du cine ("squatter" chez dasola): dasola vient de m'autoriser à faire participer ses deux billets (livre et film) au "Mois américain 2022". Il s'agit de la 11e édition d'un "rendez-vous" bloguesque que s'efforcent aujourd'hui de perpétuer Pativore et Belette2991 (créatrice des logos) sous le titre "Le mois américain 2022 en solitaire". En effet, la blogueuse qui avait initié ce rendez-vous annuel, Titine75, avait renoncé à l'organiser de nouveau après la 9e édition de 2020.
Les filles qui mentent - Eva Björg Ægisdóttir
Les filles qui mentent (Editions de la Martinière, 413 pages) est le deuxième roman de l'écrivaine islandaise Eva Björg Ægisdóttir traduit en français (le premier était Elma, que je n'ai pas encore lu). Le cadavre d'une femme est retrouvé dans un champ de lave. On l'identifie assez vite. Elle s'appelait Marianna Thorsdottir, elle avait trente et un ans et était mère célibataire d'une fille de 14 ans, Hekla. Marianna avait disparu depuis plus de six mois. Elma, une inspectrice de police, est chargée de l'enquête avec son équipe. A la suite de l'autopsie du corps, il s'avère que la victime a été assassinée alors que l'on pensait qu'elle s'était suicidée. On sait qu'elle n'est pas morte là où on l'a retrouvée. L'histoire se passe dans l'ouest de l'Islande entre Sandgerdi, Akranes, Borganes, Bifrost et le volcan Grabrok. J'ai trouvé ce roman haletant car il réserve beaucoup de surprises et de révélations dont la principale (p.294) que je n'avais pas vu venir. Un personnage dont je vous laisse découvrir l'identité raconte de manière chronologique sa vie depuis la naissance de sa fille, quatorze ans auparavant. En ce qui concerne le titre du roman ("Les filles qui mentent"), il en est pas mal question vers la fin du roman. Ce livre est vraiment très bien construit et le suspense nous tient en haleine jusqu'au bout. Une nouvelle romancière islandaise à suivre.
Bullet train - David Leitch
Bullet Train de David Leitch est un film survitaminé qui demande quelques neurones disponibles pour suivre l'histoire. Cela va à 300 à l'heure (comme la vitesse du shinkansen, le TGV japonais). C'est d'ailleurs dans un shinkansen qui relie Tokyo à Kyoto que se déroule l'essentiel de l'histoire. Des tueurs complètement déjantés avec des noms à l'avenant (Coccinelle, Mandarine, Citron, Le loup et le frelon) se retrouvent dans le train pour différentes raisons: récupérer une mallette pleine d'argent, sauver le fils d'un mafieux ou se venger de quelqu'un. Il y a aussi un serpent très venimeux, un boomslang, qui intervient dans ce jeu de massacre où ça flingue et ça saigne à tout va, non sans beaucoup d'humour. Parmi les méchants, il ne faut pas oublier Prince, une jeune femme dont on va découvrir qui elle est vraiment. Brad Pitt (Coccinelle), qui joue un rôle de "crétin des Alpes", a l'air de beaucoup s'amuser, comme les autres acteurs. Il faut noter qu'on a droit à la présence, à la fin, de Sandra Bullock. J'ai passé un bon moment. Sinon, le scénario du film est adapté de Bullet Train de Kotaro Isaka, un roman policier de 2010 traduit en 2022 en français aux Presses de la Cité (je ne l'ai pas lu). Lire les billets de Selenie et Pascale.
La gifle - Christos Tsiolkas
Ca y est je suis arrivée au bout de mon pavé de l'été. Cette année, j'ai choisi La gifle (Editions 10/18, 593 pages) de l'écrivain australien d'origine grecque Christos Tsiolkas. Le roman a été publié il y a une dizaine d'années et l'histoire est contemporaine à la publication. Le roman se découpe en huit parties. Chaque titre de partie est le prénom d'un des personnages de l'histoire. La gifle est celle que donne Harry à un petit garçon nommé Hugo, âgé de trois ans, lors d'un barbecue entre amis. Cette gifle va avoir des conséquences sur les relations entre certains personnages qui réagissent de manière différentes selon leur sensibilité. L'histoire se passe à Melbourne dans un milieu "upper middle class" où se mélangent des personnes de la communauté grecque et des Australiens de souche. Ce que je retiens de ce roman, ce sont les personnages que j'ai trouvé tous assez antipathiques. Les rapports entre eux ne sont pas dans l'apaisement puisque les parents d'Hugo, Rosie et Gary (un buveur invétéré) vont porter plainte auprès d'un tribunal contre celui qui a giflé leur fils. On y parle de sexe, de drogue et d'alcool. Dans chaque chapitre, le lecteur apprend à connaitre certains personnages et leur caractère, comme Hector et Aisha (une vétérinaire d'origine indienne), les organisateurs du barbecue ; le cousin d'Hector, Harry, l'auteur de la gifle et qui a fait fortune en étant propriétaire de garages ; Rosie qui allaite encore son fils ; Anouk, une quadragénaire scénariste et romancière qui refuse d'être mère ; le père d'Hector, Manolis, un vieil immigré grec qui constate que les gens vieillissent et meurent autour de lui ; Connie et Richie, deux adolescents qui, occasionnellement, sont les baby-sitters d'Hugo. Malgré sa longueur, le roman se lit bien. Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman mais je suis contente de l'avoir lu. Il a été adapté deux fois en mini-série pour la télévision en 2011 et 2015. Lire les billets d'Yv, Sylvie et Nelfe.
Merci de nouveau à Brize pour l'organisation de ce challenge.
C'était Calais - Hors-série Charlie Hebdo, décembre 2016 / janvier 2017 - Coco & Foolz
Ce mois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente dans le cadre de mes "hommages du 7" touchant Charlie Hebdo un "Hos-série" sans beaucoup de rapport avec l'actualité.
C'était Calais, novembre 2016, 48 pages, 6 euros
Ce Hors-série fait partie d'un lot que j'ai acheté il y a quelques mois (fin 2021 / début 2022...), 5 ans après sa parution, donc. Au moment où la France est en vacances, je me suis dit que je pourrais rappeler a contrario que la vie dans un département au bord de la mer n'est pas charmante pour tous tout le temps.
L'édito signé Riss, p.3, explique ce reportage et ce "hors-série comme destinés à "prendre date". C'est au moment où il était question de démanteler la "jungle" de Calais que Coco et Foolz, deux des dessinateurs de Charlie Hebdo, ont effectué ce "reportage dessiné". Pour rappel, des migrants venus de nombreux pays, souvent de religion musulmane, toujours pauvres, et souvent en proie à la guerre civile, ne rêvent que de passer en Angleterre pour y trouver de meilleures conditions de vie que celles qu'ils peuvent espérer chez eux, et pouvoir, éventuellement, soutenir leur famille restée au pays, qui s'est souvent saignée aux quatre veines, pour les envoyer vers le mirage occidental - je résume. A part la page signée Riss, il n'y a rien d'autre à lire que les légendes des dessins (qui contextualisent), ou leurs "récitatifs"", qui donnent un peu plus de détails... Tout y est dit, si l'on prend la peine de lire chaque mot.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire au vu du titre, ce reportage ne couvre pas seulement Calais, mais aussi Grande-Synthe (dans le Nord). Au fil des pages, nos reporters dessinent des tentes, des cabanes, des migrants, des boutiques de bric et de broc, la gadoue, la police, les bulldozers qui "démantèlent", des bénévoles, des vigiles, des voisins... Il faut regarder chaque détail, lire chaque mot gardé pour la bonne bouche...
Nous n'avons que les seuls dessins, et aucun contexte sur le "comment" ou le "pourqoi"du reportage, pas "d'histoire": quelles ont été exactement les dates du reportage? Qui en a eu l'idée ou l'initiative? Pourquoi, comment, en fait? Je regrette donc un peu le manque (à mon avis) d'analyses, de QQQOCP,... et de solutions. Je suppose que c'est parce qu'il n'en existe aucune, absolument aucune. Les flux de ces "migrants" en transit ne tarissent pas. Six ou sept ans après, il y en a toujours qui cherchent à passer en Angleterre, malgré le "Brexit" et autres changements politico-sociologiques. Sur les embarcations de fortune fournies par les passeurs, certains se noient, dans l'indifférence générale. Et le "pire" est certainement devant nous en terme de nombre de personnes concernées.
De mon côté, je n'ai guère réussi à choisir de montrer d'autres dessins. C'est difficile de résumer une synthèse: on ne peut guère "comprimer" davantage, il faudrait faire des choix, je préfère suggérer à mes lecteurs intéressés par le sujet d'investir eux-mêmes dans l'acquisition de cet ouvrage. Ce que l'on peut trouver déprimant, c'est qu'il n'y a pas de perspective. Les migrants arrivent, seuls ou parfois en famille, traversent pour certains, cependant que bénévoles et associations, inlassablement, essaient d'alléger la misère et d'améliorer les conditions de vie, dans le provisoire et un perpétuel recommencement... tandis que les pouvoirs publics, eux, cherchent à rendre "la vie dure" à tous ces "indésirables" pour à la fois respecter les obligations internationales (vis-à-vis de l'Angleterre) et éviter un "appel d'air" craint comme la peste.
Pour qui prend la peine de "suivre" un peu ce sujet, ce HS qui date déjà d'il y a quelques années recoupe d'autres articles que la presse évoque de temps en temps, à l'occasion (quand elle n'a pas d'autres sujets à aborder...), sur le "business" que représente l'activité pour les réseaux de "passeurs" organisés en mafia. Souvent, à mon avis, ces articles paraissent dans une visée "utilitariste", sont destinés à mettre en évidence l'absence de moyens de tels ou tels intervenants, lorsqu'il s'agit de sanctuariser un budget, ou d'essayer d'obtenir davantage de moyens, au moment d'arbitrages budgétaires...
Ce hors-série est toujours en vente (6 euros) sur la boutique, mais sans que sa fiche comporte davantage d'explications.
Pour ma part, j'avais déjà abordé ce thème quelques années avant (décembre 2014) en évoquant le livre La jungle, un reportage photo de Jérôme Erquer sur le même thème.
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Dasola m'a offert un album récemment sorti qui reprend une quinzaine de dessins de Cabu publiés dans Le nouveau Candide en 1967 pour illustrer des articles sur la rafle du Vel d'Hiv. J'en parlerai un prochain mois.
*** je suis Charlie ***