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Le blog de Dasola

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19 février 2010

Une exécution ordinaire (le film) - Marc Dugain

J'avais lu le roman de Marc Dugain il y a plus de 3 ans (voir mon billet du 08/02/07). Il vient de passer à la réalisation en adaptant une seule partie de son roman: celle qui se passe en 1952, en Russie où Staline vit ses derniers mois d'existence. Anna est urologue et magnétiseuse. Elle aime son mari Vassili qui ne vit que pour elle. Ils désespèrent d'avoir un enfant. Dans le dispensaire où elle exerce, elle est en butte à la concupiscence d'un supérieur hiérarchique. Elle devient la magnétiseuse de Staline sous la contrainte et ne doit en parler à personne, même pas à son mari. Elle le quitte. A la place, elle se retrouve à écouter Staline qui lui parle un peu pendant qu'Anne arrive à le soulager de ses douleurs. Dans son discours, il énonce une phrase terrible parmi d'autres: "Crois-tu que j'ai instauré la terreur de gaité de coeur? Les hommes doivent accepter qu'à tout moment, sans raison précise, on puisse les ramener à cette forme absolue de modestie qu'est la mort". Je trouve que pour un premier film, Marc Dugain ne s'en sort pas si mal. On sent bien la menace, l'oppression, la peur. Les décors sont lugubres. Les acteurs jouent tous très bien. Edouard Baer en mari désespéré est touchant, Marina Hands, très bien comme d'habitude, et André Dussolier dans le rôle de Staline est plus vrai que nature. Cela m'a même donné envie de relire en partie le roman.

17 février 2010

Vers l'aube - Dominic Cooper

C'est en lisant le billet d'eeguab que j'ai eu envie de découvrir ce roman d'un écrivain écossais, Dominic Cooper, Vers l'aube (Editions Métailié), et je ne le regrette pas. Ce roman n'est pas d'une lecture facile parce que l'auteur fait beaucoup de descriptions de paysages et de faune d'une région peu connue: une des îles au large de l'Ecosse avec ses Lochs. Je reconnais que j'ai eu du mal à me faire une idée de ce qui est décrit mais ce n'est pas trop grave. Nous suivons le périple de Murdo Munro, bientôt 59 ans, qui vient de perdre son travail (il boit) à la voirie de la petite ville d'Acheninver. Il y vit avec sa femme, Margaret, pour qui il ne ressent plus que de la haine. Mariés depuis 26 ans, ils marient leur fille Flora (méprisante envers son père) un 4 août. Pendant que se déroule la cérémonie religieuse, Murdo part brusquement en plein milieu. Après avoir pris quelques provisions et vêtements, il met le feu à sa maison et quitte le village sans se retourner. Il a l'intention d'aller voir sa soeur Bessie qui vit sur une autre île. La nature qu'il traverse est quelque peu hostile avec ses ravins et ses montagnes. Il y a aussi des lacs à traverser. La plus grande partie du roman nous fait partager le cheminement long et difficile de cet homme qui, après avoir retrouvé sa soeur qu'il n'avait pas vue depuis douze ans, décide de retourner chez lui prêt à payer peut-être sa faute (la maison en ruine appartenait à la municipalité). Chez sa soeur, il aura été en butte à l'hostilité d'un habitant de la maisonnée, mais se sera fait un ami en la personne d'un petit garçon. Toute l'histoire se passe sur trois semaines. C'est un livre âpre sur un homme qui a raté sa vie par timidité ou qui n'a pas su s'affirmer. Ce roman dont il faut noter un côté répétitif dans certaines descriptions ou dans les termes employés a ennuyé Kathel (ce que je regrette) et est relativement court (moins de 200 pages). Voir aussi la critique mitigée d'Aifelle et celles élogieuses de Keisha et de Marie.

15 février 2010

Tetro - Francis Ford Coppola

Je suis contente d'avoir enfin vu Tetro, magnifique oeuvre en noir et blanc et en couleur qui se passe à Buenos Aires et en Patagonie. J'ai été surprise que deux de mes collègues de travail avec qui j'en parlais m'aient dit être partis au bout d'une heure de projection, ils n'en pouvaient plus. En revanche Véranne et quelques autres blogueurs/euses en ont dit du bien. J'ai été vraiment emballée par ce film où l'on apprend que Tetro (le diminutif de Tetrocini) est le nom de famille des personnages principaux de l'histoire. Bennie et Angelo (surnommé justement Tetro), deux frères, ne se sont pas vus depuis dix ans. Benny est un jeune marin à la veille de ses 18 ans. Suite à une avarie du navire où a embarqué le jeune Benny, ce dernier fait escale à Buenos Aires et y retrouve son frère Tetro qui l'accueille avec froideur. Ce dernier vit avec une charmante jeune femme. La période où se passe l'histoire est indéfinie: années 60, années 70? Les séquences en couleurs constituent des retours en arrière avec l'enfance de Tetro et les drames qui se sont produits. Les séquences en noir et blanc se passent donc à Buenos Aires et en Patagonie. La réparation du navire prenant plus de temps que prévu, Bennie reste plus longtemps qu'il ne le pensait, et celui permet de découvrir le passé de son frère et donc le sien. Tetro essaye d'écrire une pièce de théâtre autobiographique qu'il n'arrive pas à terminer, c'est Bennie qui le fera. Comme parfois au théâtre, il y a un retournement final. Il paraît que cette oeuvre est bien plus ou moins autobiographique pour Coppola lui-même. Et, pour ma part, cela a renforcé mon envie de retourner en Argentine un jour.

13 février 2010

Sylvia - Leonard Michaels

Les confessions/journal/mémoires de cet écrivain universitaire disparu en 2003 sont un de mes coups de coeur de ce début d'année. Dans Sylvia, qui vient d'être traduit en français (édition Christian Bourgois), Leonard Michaels raconte pendant 150 pages l'histoire du couple qu'il a formé avec sa première épouse. Ils se sont aimés tout en n'arrêtant pas de se déchirer et de se disputer continuellement. Leur relation fut passionnelle mais douloureuse. Leonard a aimé Sylvia au premier regard après l'avoir rencontrée chez une amie commune à New York. Sylvia Bloch lui rappelait "les statues égyptiennes avec sa silhouette, la surface lisse de son visage avec sa large bouche ainsi que de longs cheveux noirs d'Asiatique". Quand il rencontra Sylvia en 1960, Leonard Michaels venait juste de rentrer à New York après deux ans de thèse (inachevée) à l'université de Berkeley en Californie. Il voulait à présent écrire des histoires. Sylvia et Leonard ont emménagé dans un appartement situé au sud de Manhattan. Leur relation a duré quatre ans entre 1960 et 1964, jusqu'à la fin brutale et tragique de Sylvia à l'âge de 24 ans. Ils s'étaient mariés en 1962. Leonard Michaels, qui avait 29 ans à l'époque, a attendu presque 30 ans (jusqu'en 1992) pour écrire sur cette période sentimentale de son existence pendant laquelle il a croisé ou entendu Miles Davis, Lenny Bruce ou même Jack Kerouac. Quand j'ai refermé ce livre, je me suis dit que j'avais lu un hymne à l'amour magnifique mais tragique raconté de manière pudique. La vie de couple que Leonard Michaels décrit n'est pas une sinécure, car au travers des pages, on comprend vite que Sylvia, qui était une enfant précoce, avait un tempérament instable, cyclothymique, auto-destructrice et masochiste. En résumé, elle était très malheureuse sans qu'il puisse faire quelque chose pour soulager sa peine. Bien au contraire, jour après jour, leur relation était une épreuve autant pour lui que pour elle. Pour éviter le conflit, il essayait toujours d'arrondir les angles, de faire comme elle voulait que les choses se passent. Leonard n'a pas su deviner ce qui allait arriver. Je conseille vivement de découvrir ce livre où sont disséminés quelques extraits du journal de l'auteur. Voir aussi les billets d'Amanda et d'Esmeraldae.

11 février 2010

A single man - Tom Ford

Quand Jérôme de Cinefeed/cinefriends (et oui, encore lui) m'a invitée à la projection de A single man de Tom Ford qui sort le 24 février 2010, j'ai dit oui tout de suite, et pourtant je ne savais pas du tout ce que j'allais voir. C'était une projection de presse avec des journalistes critiques de cinéma (ou faisant fonction de -) qui semblaient un peu blasés. Tout le monde se fait la bise, on (non-professionnel[le]) se sent de trop. En plus, une dame à côté de moi qui venait d'assister à une projection, juste avant, du dernier film de Fatih Akin (très bonne comédie paraît-il), répétait que A single man était très mauvais (c'était des oui-dire). Cela démarrait mal, parce que, dans ce genre de circonstance, à son corps défendant, on a un a priori. Après avoir vu le film réalisé par un créateur de mode (Tom Ford a travaillé chez Gucci et YSL avant de créer sa propre maison de couture en 2005), je ne suis pas aussi négative. Rien que pour la prestation de Colin Firth en homosexuel (oui mesdames les blogueuses), le film vaut le détour. Colin est remarquable de sobriété. Il ne tombe jamais dans la caricature. Sa prestation a été récompensée par le prix d'interprétation masculine au Festival de Venise en 2009 (et il est nommé aux Oscars, cette année). L'histoire est adaptée d'un roman de Christopher Isherwood (assez autobiographique). Cela se passe en 1962 (en pleine crise des missiles à Cuba). A Los Angeles, un professeur d'université, George Falconer (Colin Firth), vient de perdre, dans un accident de voiture, son compagnon Jim (architecte avec qui il vivait depuis presque 15 ans). Il n'arrive pas à faire son deuil malgré la sollicitude de son amie Charley (Julianne Moore), qui a un tendre sentiment pour lui. Jusqu'au jour où il rencontre un jeune étudiant qui suit un de ses cours. Mais le destin veille. On peut reprocher à Tom Ford quelques afféteries. Le début surtout fait un peu film de pub, avec un travail sur la couleur de l'image et une voix off désincarnée. Disons que cela manque de simplicité; et puis petit à petit, je suis bien entrée dans le film, mais Colin Firth y est pour beaucoup. Il est présent dans tous les plans ou presque. C'est LA bonne raison d'aller voir le film. La bande-originale années 60 n'est pas mal non plus.

10 février 2010

Aux blogueuses(eurs) qui ont reçu le roman (?) Level 26

Je croyais être la seule ou presque à avoir reçu ce livre, Level 26 d'Anthony Zuiker, que je ne qualifierai pas de roman mais de pur produit de marketing. Je n'en parlerai pas, je ne l'ai pas lu ni n'ai regardé le lien internet (qui prend le relais du roman toutes les 20 pages). Mais vous pouvez voir des billets plus ou moins long sur cette littérature (?) d'un nouveau genre (Stephie, Celsmoon, Karine et Leiloona - vous y trouverez d'autres liens!). Depuis quelques jours, on voit l'affiche de la couverture sur les murs du métro à Paris. Personnellement, j'ai reçu le roman directement de l'éditeur Michel Lafon sans que je sache comment alors que je n'étais pas demandeuse. Je n'aime pas les lectures imposées. Je ne savais pas qu'il y avait eu d'autres victimes (consentantes ou non). Je l'ai feuilleté et me suis empressée de le mettre sur ma PAL en attente de mon bon plaisir. Il risque d'être vite recouvert par pas mal d'autres.

9 février 2010

Le refuge - François Ozon

Entre la descente en flammes de Dr Orlof et la critique élogieuse de Céline, je me situe au milieu avec une opinion plutôt positive.
L'argument (l'histoire): Louis et Mousse se droguent. Le dernier "shoot" est fatal à Louis mais Mousse s'en sort et en plus elle apprend qu'elle est enceinte depuis 8 semaines. Voici maintenant les miens (d'arguments).
Les points plutôt négatifs du Refuge de François Ozon sont à mon avis:
- les séquences du début où l'on voit le couple en train de se droguer en se faisant des piqûres en gros plan. Il y a un côté complaisant assez insupportable et qui n'apporte rien;
- le fait que cela se passe dans un milieu bourgeois très riche (du côté de Louis). Le même couple (Louis et Mousse interprété par Melvil Poupaud et Isabelle Carré) squatte en plein Paris un appartement de plus de 200 m2 et donne 400 euros pour 6 grammes d'héroïne frelatée. Je trouve cela un peu cliché;
- le fait qu'on ne sait pas de quoi vit Mousse, il n'y a aucune information sur qui elle est, d'où elle vient ni de quoi elle vit;
- le fait que la mère de Louis, très grande bourgeoise, semble un monstre insensible et qui demande à Mousse de se faire avorter: son fils Louis ne peut pas avoir de descendance. Elle est un peu caricaturale (L'actrice Claire Vernet, très bien, n'est pas en cause).

Le point ni négatif, ni positif, mais qui peut provoquer un débat: la question de l'homoparentalité.

Les points positifs qui me font adhérer au film sont:
- L'actrice qui était vraiment enceinte pendant le tournage. Elle irradie. On sent la plénitude. Ozon filme avec une grande délicatesse les formes arrondies d'Isabelle Carré (Mousse).
- Le pays Basque (la région de Guétary) où Mousse s'est retirée en attendant d'accoucher. Elle vit dans une jolie maison avec vue sur mer au loin. Superbe. Cela donne envie de partir. Les trois-quarts du film se passent dans cet endroit paradisiaque.
- Le frère homosexuel de Louis, Paul, très protecteur envers Mousse. Il la rejoint quelque temps avant de partir pour l'Espagne.
- Pour ce contraste brutal entre le début de l'histoire violente et mortifère et tout le reste du film où c'est l'attente d'une naissance dans une atmosphère apaisée.

7 février 2010

Le mec de la tombe d'à côté - La pièce

Ca commence fort. Je crois me souvenir que le livre, Le mec de la tombe d'à côté (de Katarina Mazetti), a la même construction, c'est-à-dire que tout commence par la fin, avant de repasser par du flash-back, au motif - intelligent - de la lecture de son journal intime - à elle (excellente Anne Loiret). Pour lui, (Vincent Winterhalter), il fait plus grand dadais que nature, avec un accent qui fait plutôt penser à du bûcheron québécois qu'à du croquant bien de chez nous (l'histoire a été transposée de Suède en Normandie). Mais je n'ai pas encore évoqué le sujet, pour ceux et celles qui n'auraient pas lu mon billet sur le livre dont la pièce est tirée. Elle, Daphné (Désirée dans le roman), 39 ans, et lui, Jean (Benny dans le roman), 45 ans, se croisent au cimetière, sur les tombes respectives de celui et celle qui les ont laissés seul(e) dans la vie. Ils parlent à tour de rôle comme dans un monologue en regardant la plupart du temps le public. Et à un moment donné, les monologues se rejoignent même s'il n'y a presque jamais un vrai dialogue entre les deux. Le peu de personnages secondaires du roman ne sont qu'évoqués mais n'apparaissent jamais. Avec un décor minimaliste mais intelligent (ah, le lit multifonction: banc, auto, ... et lit!), et quelques mots de description lancés comme au hasard, on arrive à restituer leurs deux univers aux antipodes l'un de l'autre. Elle, bibliothécaire bac + 5, et lui (l'autre) qui doit s'occuper de ses vaches après avoir renoncé à faire des études pour aider sa mère à la ferme. Daphné est attendrissante tout au long. Peut-être parce que, tout de même, c'est elle l'héroïne (et le point de vue principal?), qu'il appelle (affectueusement?!) "la crevette". Peut-être aussi parce que le "bougon", le coléreux, c'est lui, le "forestier", "le mec" qu'annonce le titre.

Il serait intéressant de savoir si les spectateurs ont lu le livre avant de venir au théâtre du Petit Saint-Martin à Paris (je le pense d'autant plus que personne, semble-t-il, n'a acheté le roman en poche vendu à la sortie). En tout cas, cette pièce adaptée par Alain Ganas (une personne dont je n'avais jamais entendu parler) rencontre un joli succès. C'est la pièce "qu'il-faut-aller-voir". D'ailleurs, les représentations sont prolongées jusqu'en mars, ai-je cru entendre à la caisse. La salle de 180 places à placement libre était comble. Le public est multiple: d'un certain âge d'un côté, bobo de l'autre (capable de rire aux quelques allusions bio, culturelles, altermondialistes etc.). Si vous passez par Paris, allez assister une représentation de cette pièce très bien jouée et mise en scène. Elle dure 1H40.

5 février 2010

Père des mensonges - Brian Evenson

Après avoir lu de nombreux billets avec des avis positifs (cuné, keisha, stephie, cathulu, amanda, leiloona, et pimprenelle) sur Père des mensonges de Brian Evenson (Editions du Cherche-midi), je l'ai acheté et lu très vite. Mais depuis que j'ai fait cette lecture, je ne sais pas quoi en penser. J'ai plutôt apprécié ce roman perturbant, mais avec des réserves. Je trouve que l'auteur a écrit son roman de façon trop neutre (j'espère que c'est voulu). Son héros, Fochs, doyen laïc d'une secte religieuse (la Corporation du sang de l'agneau, les Sanguistes), vient de commettre des actes aussi épouvantables que le viol sur des jeunes garçons et le viol suivi du meurtre d'une jeune fille. Evenson ne juge pas Eldon Fochs, puisque la plus grande partie du récit est écrite à la première personne du point de vue de Fochs. On pourrait croire qu'Evenson est presque de son côté et compatit à ses troubles de la personnalité. Il y a là une ironie qui m'échappe un peu. On ne sait pas trop à quelle époque (ni en quel lieu) cela se passe même si on devine qu'il s'agit d'une période contemporaine, aux Etats-Unis. Le plus terrible dans l'histoire, c'est l'impunité dont Fochs bénéficie malgré ses crimes, parce qu'il est un membre éminent d'une secte religieuse et que ce sont les victimes qui sont coupables de ne pas assez croire en Dieu. Quand le roman commence, Fochs vient de suivre une psychothérapie suite à des cauchemars perturbants et des crises de somnambulisme. Les conclusions du psychothérapeute sont accablantes pour Fochs mais il ne faut pas que cela se sache. Par la suite, il va perpétrer un crime envers un être proche, sans parler des rapports incestueux avec sa fille aînée. En y repensant, je pense que Fochs est, sous la plume d'Evenson, une espèce d'ectoplasme dans un contexte artificiel pour parler d'un sujet douloureux et qui reste malgré tout tabou. Je n'ai pas été très convaincue par les passages où "Tête sanglante" (vous verrez vous-même de qui il s'agit) fait des siennes. C'est quand même dur de se mettre dans la peau d'un schizophrène pédophile. Je ne suis pas sûre qu'Evenson ait réussi ces passages. Quoi qu'il en soit, je ne regrette pas ma lecture, mais je la conseillerai avec modération.

3 février 2010

Quelques films vus et non commentés depuis le 27/01/10

Cette fois-ci, contrairement à ma série précédente, le regroupement se justifie par le fait que j'ai vu depuis le début de l'année beaucoup de films qui risquent de disparaître des salles rapidement et dont je souhaite parler tant qu'ils passent encore, au moins, à Paris.

Agora (dont Céline a dit le plus grand bien) est un des premiers films que j'ai vus cette année. Il a été réalisé par Alejandro Amenabar (qui a aussi tourné Les autres, en 2001, et Mar adentro, en 2005). On peut le qualifier de "peplum" parce qu'il se passe pendant l'Antiquité, à Alexandrie, au IVème siècle après Jésus-Christ. L'originalité de l'histoire est que le personnage principal est une femme, Hypathie, une astronome qui a réellement existé. Son père, Theon, fut le dernier directeur de la célèbre bibliothèque de la ville. Cette période reflète une transition entre le déclin de la civilisation gréco-romaine et l'influence croissante du christianisme. Tour à tour, les Chrétiens, les Juifs et les non-croyants se persécutent mutuellement, sans parler de la bibliothèque mise à sac et des parchemins et autres documents brûlés (c'est un autodafé). Mais au bout du compte, la dernière persécutée, c'est Hypathie, femme cultivée, savante: on lui reproche d'être ce qu'elle est (cela reste malheureusement très actuel). J'ai trouvé la dernière séquence bouleversante, entre Hypathie et un jeune esclave affranchi qui l'aime. La reconstitution d'Alexandrie et de sa bibliothèque est très belle avec de nombreux effets numériques. J'ai lu des critiques disant que les personnages masculins ne sont pas intéressants: cela ne m'a pas dérangée puisque c'est le personnage féminin (Rachel Weisz, lumineuse) qui est important.

Restons avec une femme comme personnage central mais dans un registre complétement différent: Mother de Bong Joon Hoo (à l'affiche depuis cette semaine), vu en avant-première grâce à Jérôme de cinefriends (et je l'en remercie une fois de plus). J'avoue que j'ai eu un peu de mal à "entrer" dans l'histoire, et puis petit à petit, je me suis laissée emmener dans cette histoire d'amour entre une mère et son fils (on n'est pas loin de l'inceste). Dans une ville de Corée, une jeune fille est retrouvée morte en haut d'un immeuble dans une posture grotesque. On accuse Do-Joon, 28 ans, qui est le dernier à l'avoir vue. La mère de Do-Joon (âgée d'une soixantaine d'année) fait tout pour le sortir de prison en essayant de prouver son innocence. Pour cela, elle commettra jusqu'à l'irréparable. On ne connaît pas leur passé à tous les deux qui a dû être difficile. Le fils est à la limite de la débilité. Il y a une séquence au début du film qui nous montre cette femme dans un champ de blé en train de danser. Le reste n'est pas aussi bucolique et la fin est terrible. En tout cas, avant de traiter quelqu'un d'idiot, je ferais attention (cet aparté est destiné à ceux qui connaissent déjà l'histoire). L'actrice qui joue la mère est sensationnelle, c'est elle qui porte tout le film. On plaint cette mère, et en même temps, elle est monstrueuse. Seul défaut du film, c'est un peu long (surtout quand on sait ce qui s'est passé): 2h10. Du même réalisateur, j'avais vu Memories of murder (2004) que je n'avais pas du tout aimé.

Pour finir dans un registre plus léger, j'ai bien apprécié Pas si simple (dont le titre original est It's complicated) de Nancy Meyers, qui met en scène des quinquas qui assurent plutôt bien côté bagatelle devant la jeune génération ébahie. Meryl Streep m'a épatée une fois de plus dans le rôle d'une femme, Jane, divorcée depuis 10 ans, mère de trois enfants et qui revit quelques moments de folle passion (sexuelle) avec son ancien mari, Jack (lui-même remarié avec une plus jeune), joué par un Alec Baldwin avec quelques kilos en trop. L'histoire se passe entre Malibu en Californie et New York. Jane dirige une grande pâtisserie / salon de thé (elle est la reine du croissant, ayant pris des cours de cuisine en France). En plus de son ex-mari, elle entame une relation plus chaste avec un architecte, Adam (Steve Martin), qui lui refait toute sa maison. Dans ce film, on trouve quelques moments d'anthologie, dont un où Jack, sur un lit, en tenue d'Adam, dissimule à nos yeux ses parties intimes derrière un écran d'ordinateur allumé sur le mode webcam. Je ne vous raconte pas la suite. La salle était hilare. Une très bonne comédie qui semble avoir du succès depuis sa sortie.

2 février 2010

Les chats persans - Bahman Ghobadi

Les chats persans de Bahman Ghobadi, long-métrage iranien très soutenu par Cinefeed/cinefriends, fait une jolie carrière grâce à un bon bouche-à-oreille. C'est une excellente surprise en ce qui me concerne, et je le conseille pour celles et ceux qui veulent découvrir un Iran différent de ce que l'on voit à la télé, loin des clichés habituels. Dans ce film tourné en 17 jours dans la clandestinité, une certaine jeunesse de Téhéran est à l'honneur, incarnée par Negar et Ashkan, une jeune femme et un jeune homme tout juste sortis de prison. Ils veulent former un groupe musical de rock afin de pouvoir partir vers d'autres horizons. Pendant tout le film, on les suit dans leur recherche, d'une part, de quelques musiciens pour leur groupe et d'autre part, d'un passeport et un visa "au noir" (donc onéreux). La séquence où de vieux messieurs fabriquent des faux-papier et énoncent les prix, selon que l'on veut un passeport afghan (cinq dollars), ou américain (plusieurs milliers de dollars), est assez marquante. Comme tout est clandestin, on passe de cave en cave avec une incursion dans une étable. Les chats persans donne l'occasion d'entendre du rock, du rap et du heavy metal (sur la bande originale, je vous recommande un rap en perse Ekhtelaf par Hichkas), et c'est une très belle expérience. Cette musique est totalement interdite par le régime iranien en place. Autre chose proscrite: promener son chien (ou son chat) dans la rue ou dans une voiture. Ce sont des animaux impurs comme la musique. Il y a une scène révoltante où une voiture est arrêtée avec Negar et Ashkan (Negar a un chien sur ses genoux). L'agent de police s'empare du chien. Je n'ose imaginer ce qu'il advient de cette pauvre bête. Et pourtant on n'entend pas une fois parler de religion. Bahman Ghobadi a filmé en numérique dans des conditions précaires. On le sent dans certains plans pris au vol où l'on peut voir par exemple que certains wagons de métro ne sont réservés qu'aux femmes. Un de mes coups de coeur de ce début d'année.

1 février 2010

Le dernier crâne de M. de Sade - Jacques Chessex

Comme je l'avais annoncé dans mon billet du 29/01/2010, voici le dernier roman (posthume) de Jacques Chessex, Le dernier crâne de M. de Sade. Là, il s'attaque à forte partie avec le divin Marquis mort le 2 décembre 1814 à l'asile de Charenton à l'âge de 74 ans. La description que Chessex en fait n'est pas ragoûtante. Le roman commence le 2 juin 1814. Sade est interné à l'asile de Charenton depuis 11 ans. Son état physique s'est beaucoup dégradé mais il garde son oeil bleu de prédateur et son air hautain. Il bénéficie d'une cellule confortable avec une petite bibliothèque attenante. Il a surtout le privilège d'avoir sa maîtresse, Marie-Constance Quesnet, dans une chambre voisine, depuis 10 ans, d'une part; et la chance qu'une jeune donzelle de 15 ans et demi, Madeleine Leclerc (apprentie repasseuse - je vous passe ses autres qualités), lui rende fréquemment visite, d'autre part (et ce n'est pas que pour parler...). Du corps du marquis (qui est considéré comme un être fou) semble émaner une aura venue plutôt des enfers que du paradis. Mais il fascine certaines personnes qui le côtoient, dont un médecin et un abbé. A ce dernier, Sade demande instamment que, après de son décès, son corps ne soit pas autopsié (comme c'est l'usage) et qu'aucune croix ni signe religieux ne soit érigé au-dessus de sa dépouille. Il n'aura gain de cause pour aucun de ses deux souhaits. Son corps sera autopsié deux jours après son décès et une croix sera érigée à l'endroit où il est enterré. En 1818, le cimetière de Charenton où est enterré le marquis est désaffecté. La tombe est ouverte afin que les ossements soient enterrés ailleurs. C'est là que le crâne de M. de Sade est emporté par le médecin, le Dr Ramon, qui a assisté à la mort de Sade. Il veut l'étudier car il a devant lui un beau crâne lisse qui pourrait faire passer le marquis pour un Père de l'Eglise! A partir de ce moment-là (100 pages après le début du roman), le crâne va voyager et passer de main en main: prêté à un autre médecin adepte forcené de l'étude des crânes, on le suit de Paris à Toulon en passant par Aix-en-Provence avec un détour par Zürich et Lausanne. Ses détenteurs vont connaître des (més)aventures que je vous laisse découvrir pour arriver jusqu'en novembre 2009: le marquis, au travers de ce fameux crâne, émet des ondes brûlantes qui influent sur le comportement des gens. Bon, je sais bien que j'ai l'air d'en avoir raconté beaucoup sur le contenu du livre, mais je suis loin d'avoir tout dit! Je ne sais pas si ce roman donne envie de lire ou de relire l'oeuvre de Sade mais pourquoi pas? A mon avis, Chessex a une certaine tendresse pour ce personnage malgré ses vices. A moins qu'il ne l'envie d'avoir eu un esprit si libre. Sinon, à propos de ce crâne voyageur, je ne sais pas si tout est inventé ou non. Pour ceux qui me lisent, avez-vous des renseignements à ce sujet?

31 janvier 2010

La terre de la folie - Luc Moullet

La terre de la folie est un documentaire qui, malgré son sujet grave, est assez réjouissant (et bourré d'humour). On y voit et entend des personnes pas banales qui ont "un grain" (comme on dit) pour certains. Luc Moullet a pris le parti de nous raconter que dans le département des Alpes de Haute-Provence dont le chef-lieu est la ville de Digne-les-Bains, il y a un pourcentage de gens "fous" plus élevés que la moyenne nationale. C'est d'ailleurs une région où il y a beaucoup d'asiles psychiatriques. Je ne sais s'il faut prendre l'info au sérieux, mais au cours des conversations, on apprend que le nuage de Tchernobyl, qui est passé au dessus de cette région, ne serait pas étranger aux cas de folies récentes, sans parler du mistral qui souffle et excite les gens fragiles psychologiquement. Ce film donne l'occasion d'admirer des paysages magnifiques assez arides et déserts. Luc Moullet prend des exemples des faits divers qui ont défrayé la chronique, dont le plus célèbre est l'affaire Dominici dans les années 50, mais d'autres drames plus récents ont endeuillé une partie de la région où se trouve Manosque et Folcalquier (chère à Pierre Magnan). Si vous voyez le film (ce que je souhaite), vous verrez une séquence savoureuse où, sur une carte géographique, des épingles et un élastique qui les relie montrent que la région incriminée forme un pentagone. Comme dans d'autres endroits enclavés en France, les mariages consanguins étaient courants jusqu'au début du 20ème siècle: les accès de folie viennent peut-être de cette hérédité. Le seul reproche que je ferais au film, c'est que c'est trop court. Luc Moullet était bien parti pour faire un documentaire plus long. Certaines personnes interrogées valent à elles seules de voir le film. J'espère qu'il passe ou qu'il passera par chez vous. Sorti dans deux salles à Paris le 13 janvier 2010, il ne se donne déjà plus que dans une salle.

29 janvier 2010

Le vampire de Ropraz - Jacques Chessex

Jacques Chessex, grand écrivain suisse, nous a quitté en octobre dernier pendant qu'il faisait une conférence sur son dernier ouvrage que je chroniquerai prochainement. Voici, en attendant, un billet sur un autre de ses romans, dont j'avais entendu parler et que j'ai trouvé à ma bibliothèque.

Le vampire de Ropraz est paru en 2007. Comme pour Un Juif pour l'exemple (mon billet du 09/02/2009), il s'inspire d'un fait divers. L'histoire commence en 1903 dans le Haut-Jorat vaudois (région où vingt ans auparavant on a tué le dernier loup). La fille d'un juge de paix meurt à 20 ans d'une méningite au mois de février. Un ou deux jours après son inhumation, le caveau est profané et on retrouve le cadavre de Rosa (tel est son prénom) mutilé, découpé, mâché et/ou mangé. Deux autres cadavres de femmes subissent le même sort en mars et mai 1903. Les journaux baptisent assez vite le monstre qui a fait ça "le vampire de Ropraz" (ce fait sera même relaté jusqu'en Amérique). Des hommes sont soupçonnés mais sans suite. Chessex a un sens remarquable de la phrase pour décrire un canton, une région, la mentalité, les moeurs, la carence dans l'éducation d'êtres frustes et malnutris. Il fait des descriptions parfois crues mais qui ne m'ont pas choquée. Un suspect (Chessex ne dit pas qu'il a reconnu ces actes de cannibalisme) est arrêté. C'est un être attardé dont l'enfance fut bercée (si je puis dire) par l'inceste et l'alcoolisme, avec la consanguinité en arrière-plan. Coup de théâtre, Favez (c'est son nom), un homme de 21 ans (qui en paraît le double) est relâché au bout de 57 jours grâce à l'intervention et au rapport d'un psychiatre et d'une mystérieuse jeune femme. Après avoir été repris à nouveau peu de temps après et incarcéré, il purgera plusieurs années en prison avant que l'on ne perde sa trace en 1915. Favez s'est a priori engagé pendant la 1ère guerre mondiale et est mort au combat. Je vous laisse découvrir ce qu'il est peut-être advenu de son corps.  Ce roman est court mais intense. Je vous le recommande.

27 janvier 2010

Deux films vus et non commentés pendant la 1ère quinzaine de janvier 2010

Voici deux films que je considère comme ne méritant pas un billet individualisé (toujours dans la logique de ma série).

D'abord, Une petite zone de turbulence d'Alfred Lot. Ce film, vu en avant-première en présence des acteurs principaux, fut une déception. Et pourtant, comme l'a expliqué Michel Blanc, l'histoire est adaptée d'un roman anglais de Mark Haddon, "A spot of bother", qui a été traduit chez nous sous le titre "Une situation légèrement délicate". C'est Michel Blanc lui-même qui a écrit l'adaptation (on sent qu'il s'est fait plaisir), mais il n'a pas jugé bon de réaliser ce film qui s'étire en longueur. Je ne l'ai pas trouvé très drôle, même si je reconnais que certaines répliques font sourire. Michel Blanc joue le rôle de Jean-Paul, un retraité hypocondriaque (il se croit atteint d'un cancer de la peau), que sa femme, Anne (Miou-Miou), trompe avec un ancien collègue. Miou-Miou, excellente comme d'habitude, fait ce qu'elle peut, et j'ai eu l'impression qu'elle se demandait ce qu'elle faisait là. Gilles Lellouche joue le rôle d'un "con", son personnage (Philippe Faure) doit épouser la fille de Jean-Paul et Anne, Cathy (Mélanie Doutey), crispante dans son rôle de "chieuse", qui en est à son deuxième mariage tout en hésitant jusqu'au bout. Le fils, Mathieu, joué par Cyril Descours (plutôt beau gosse), est homosexuel. Michel Blanc nous a dit qu'il s'agissait d'une famille ordinaire. Vous pouvez vous contenter de la bande-annonce, qui nous donne à entendre et à voir les répliques qui font mouche.

Ensuite, Just another love story d'Ole Bornedal (Rob en a dit du bien). Personnellement, j'ai eu du mal à entrer dans ce film qui est une sorte d'histoire d'amour réalisée en numérique avec une caméra qui s'agite beaucoup et une image saturée. Dès le début, on assiste à une suite de scènes sans lien apparent. C'est à la toute fin qu'on finit par les comprendre. Entretemps, on a suivi l'histoire d'un homme, Jonas (photographe de personnes décédées dans une morgue), marié et père de famille, qui est responsable d'un accident de voiture (très spectaculaire) dans lequel une jeune femme gravement blessée devient amnésique. Se sentant coupable, il lui rend visite, et la famille de cette dernière croit qu'il est son petit ami. De fil en aiguille, Jonas quitte sa femme pour vivre avec la jeune femme dont il est tombé amoureux, mais on ne change pas impunément d'identité et on ne prend pas la femme d'un autre sans qu'il y ait des répercussions (tragiques au demeurant). C'est un film qui ne m'a pas touchée ou intriguée. En revanche, les acteurs sont très bien. A vous de voir.

25 janvier 2010

Le déjeuner du Coroner / La dent du Bouddha - Colin Cotterill

Si vous avez envie de lire des romans policiers dont le contexte sort de l'ordinaire, je vous recommande ces deux romans de Colin Cotterill que j'avais repérés chez Claude Le Nocher (voir son billet). Les titres ainsi que les couvertures des deux ouvrages parus au Livre de Poche m'avaient donné envie de découvrir de quoi il retournait. Les deux histoires se passent à 6 mois d'intervalle, l'une en octobre 1976 et l'autre en mars 1977. Nous sommes dans la République démocratique populaire du Laos. Siri Paiboun, 72 ans (qui a fait ses études de médecine à Paris dans les années 30) se trouve nommé (à son corps défendant) médecin légiste de la capitale du Laos, Vientiane, sur les rives du Mekong. Il est le seul coroner de tout le pays. Siri est un nabot habité par les esprits qui le visitent en songe depuis peu. Il a deux adjoints très efficaces, une infirmière un peu forte, Dtui, et Geung, atteint de trisomie 21. Siri essaie de rester assez neutre face aux autorités en place dont il ne partage pas toutes les idées. Quelques autres personnages apparaissent dans les deux romans: Civilai, un ami proche de Siri, et un lieutenant de police, Phosy. Dans ces deux romans, Colin Cotterill (né à Londres en 1952) nous fait partager les us et coutumes d'un petit pays qui été un protectorat français à la fin du 19ème siècle, il y évoque aussi la pénibilité d'être un Laotien en 1976 sous un régime communiste et les conséquences sur la vie des gens qui sont pauvres, n'ont pas grand-chose à manger et peu de moyens. C'est la pénurie partout. Par exemple, les cadavre sont gardés dans un seul grand congélateur, les analyses post-mortem sont réduites au minimum faute de produits suffisants. Ils se heurtent également à une carence de pellicules photos pour photographier les cadavres. Tous les Laotiens sont très surveillés mais cela n'empêche pas quelques téméraires de faire la traversée du Mékong à la nage pour rejoindre la Thaïlande située de l'autre côté du fleuve. Dans les deux romans, tout ce qui a trait à la religion ou à la spiritualité, à Bouddha, aux shamans hmongs, aux esprits de la forêt et même à ceux des morts ont une grande importance. Pour en revenir aux intrigues, dans Le déjeuner du Coroner, Siri se retrouve à autopsier le corps d'une épouse d'un ponte du parti: meurtre ou suicide? Il enquête aussi sur trois cadavres flottant sur un lac. Dans La Dent du Bouddha, où le temps est à la canicule (répété comme un mantra tout au long du roman), nous avons des meurtres des femmes affreusement mutilées et vidées de leur sang par un animal qui semble être un ours mais qui n'en est pas un. C'est là que l'on apprend que Siri a 33 dents comme Bouddha. Je n'en dirai pas plus sur les deux romans que je vous conseille de lire dans l'ordre, d'autant plus que j'ai une grosse préférence pour le deuxième roman, La Dent du Bouddha (si vous avez bien suivi).

23 janvier 2010

Une vie toute neuve - Ounie Lecomte - Films vus pendant la 1ère quinzaine de janvier 2010

Je voudrais commencer par une observation. Au moment où le générique de fin du film Une vie toute neuve a commencé, une dame à côté de moi était en larmes, et moi-même j'avais la gorge serrée. On venait de suivre, pendant plus d'une heure et demie, l'histoire d'une petite Coréenne de 9 ans, Jinhee, abandonnée par son père. Et l'histoire que la réalisatrice nous raconte, c'est la sienne. Cela se passe en Corée en 1975. Après avoir été laissée par son père dans un orphelinat tenue par des religieuses, Jinhee est certaine qu'il va revenir la chercher: son papa ne peut pas l'avoir abandonnée. Jinhee se fait tout de suite remarquer car elle reste en marge des autres. Quand des familles adoptives se présentent, elle ne sourit pas, elle reste mutique. Elle a des accès de colère et de violence (elle casse les poupées de ses petits camarades). Néanmoins, une fille plus grande qu'elle, âgée de 12 ans, arrive à s'en faire une amie. Elles recueillent un petit oiseau blessé. Le film est une suite de scènes inégales mais on ne peut pas rester insensible à la jeune actrice qui joue Jinhee, personnage avec un mélange de douceur, d'obstination et de caractère bien trempé qui ne pleure qu'à une occasion, quand elle explique à un médecin pourquoi son père l'a abandonnée (elle se sent coupable). C'est le plus long texte qu'elle ait à dire. Une autre scène nous émeut, quand elle veut s'enterrer dans la terre et disparaître comme le petit oiseau blessé (qui est mort entretemps) dont elle ne retrouve plus le cadavre. A la toute fin du film, on sait que la vie de Jinhee va changer: elle va se retrouver dans une nouvelle famille, parler une nouvelle langue (le français), et vivre dans un nouveau pays (la France). C'est la première fois, je pense, que l'on traite l'adoption du point de vue d'un enfant. Et c'est le côté bouleversant de l'histoire. Dans le dossier de presse, la réalisatrice française d'origine coréenne, Ounie Lecomte, explique qu'elle a situé son récit en 1975, car, de nos jours, il n'y a plus d'adoption d'enfants de cet âge. Le film est une coproduction franco-coréenne entièrement jouée en coréen (même si la réalisatrice ne le parle pas). Si le film est projeté par chez vous, allez le voir.

21 janvier 2010

L'arbre à bouteilles - Joe R. Lansdale

Afin de ne pas lasser mes lectrices(teurs) avec seulement des billets "cinéma", en voici un sur un roman policier paru en poche (Folio policier) de John R. Lansdale. Ce dernier auteur semble être une des références de Ken Bruen (ils sont contemporains, nés tous les deux en 1951) qui le mentionne en tête de chapitre dans Le Dramaturge. Dans L'arbre à bouteilles, nous faisons connaissance de Hap Collins (un blanc hétéro) et Leonard Pine (un noir homo) qui vivent au Texas de nos jours dans un comté où les blancs sont minoritaires. Les deux compères sont vite attachants. Quand le roman commence, l'auteur nous donne très peu d'information sur leur vie: comment ils la gagnent, comment ils se sont connus, etc. On sait juste que Hap récolte quelques cents en faisant du piquage de boutures de fleurs dans un champ, qu'il a été marié, et que Leonard a une patte "folle" pour avoir sauvé la vie à Hap sans qu'on sache dans quelles circonstances. Suite au décès d'un oncle appelé Chester, Leonard se retrouve l'héritier de 100 000 dollars, de bons de réduction pour de la nourriture (pizza essentiellement), et surtout d'une vieille bicoque devant laquelle se trouve un grand poteau planté de clous auxquels sont accrochées des bouteilles en verre ou des canettes de bière et de soda bien abîmées. Hap appelle cela "l'arbre à bouteilles". Au cours de travaux effectués dans la maison avec son copain Hap, Leonard met au jour un squelette d'enfant assassiné enterré sous le plancher (d'autres seront découverts par la suite). De là, ils mèneront une enquête en parallèle avec la police du coin, ce qui n'empêchera pas Hap de vivre une courte liaison avec l'avocate (une très jolie femme noire) d'oncle Chester. Je ne dis rien de plus de l'histoire à part le fait que le mobile des crimes est sordide. Pour ma part, je ne manquerai pas de lire d'autres romans où l'on retrouve nos deux héros: Le mambo des deux ours, Bad Chili et Tape-cul. En attendant, j'ai prévu de lire un autre roman de Lansdale où ils n'apparaissent pas: Les marécages (avant la mienne, voir la chronique d'eeguab).

20 janvier 2010

Cracks - Jordan Scott - Films vus pendant la 1ère quinzaine de janvier 2010

Cracks est le premier film de Jordan Scott, la fille de Ridley Scott (qui est producteur du film). Cracks est sorti seulement dans trois salles à Paris le 30 décembre 2009 (il ne se donne plus que dans une seule) et a eu peu d'échos dans la presse. Il dégage pourtant un charme suranné un peu vénéneux. Nous sommes en 1934, dans un pensionnat de jeunes fille en Irlande. Elles paraissent assez libres de faire ce qu'elles veulent. L'histoire se focalise sur une dizaine d'adolescentes qui sont sous le charme (et non la férule) de Miss G (Eva Green et son beau regard bleu). Cette dernière les entraîne à faire des plongeons dans un lac voisin et leur donne un entraînement sportif. Tout en étant assez familière avec elles (elle est comme une grande soeur), elle les domine et garde toujours ses distances. On sentirait une harmonie parfaite jusqu'au jour où arrive une nouvelle pensionnaire venue d'Espagne, Fiamma, issue de la noblesse (le fait qu'elle soit asthmatique est un élément important pour la suite de l'histoire). Cette dernière est tout de suite prise en grippe par ses camarades de classe, mais Miss G a une attirance trouble pour cette jeune fille (mais ce n'est pas réciproque). Fiamma se méfie de Miss G et elle la défie. Miss G semble perturbée par la présence de Fiamma. Preuve en est que lors d'une séquence qui se passe dans le village voisin, on se rend compte que Miss G souffre vraisemblablement de problèmes psychiques. Je ne raconterai pas la fin, sauf pour dire que les pensionnaires vont vivre une expérience douloureuse qui les changera à jamais. Les paysages de collines et de bois sont bien filmés, le suspense bien mené. Le sujet est original (c'est l'adaptation d'un roman de Sheila Kohler - non traduit en français (1) - qui se passe dans les années 60). J'attends le prochain film de Mademoiselle Scott pour voir si son talent se confirme ou non.

(1) Du moins c'est ce que je croyais, jusqu'au com' de Moira ci-dessous. Lire mon billet sur Splash du 17/06/2010.

19 janvier 2010

Bright Star - Jane Campion - Films vus pendant la 1ère quinzaine de janvier 2010

D'abord, je voudrais dire que j'ai assisté à une séance du film dans une salle où j'étais pratiquement la benjamine des spectatrices(teurs) et la salle était comble. J'ai vu Bright Star de Jane Campion (en compétition au dernier Festival de Cannes en 2009) parce que les avis sont mitigés parmi les blogueurs(euses) - je voulais me rendre compte par moi-même - et parce que cela me faisait plaisir de retrouver Jane Campion après plusieurs années de silence. Il est intéressant de constater que certains films ne font vraiment pas l'unanimité. Pour ma part, j'ai trouvé que Bright Star manquait cruellement d'émotion (même si Fanny pleure beaucoup à l'annonce du décès de Keats). De plus, nous faire entendre "Ode to Nightingale" (l'Ode au rossignol) au moment du générique de fin, quand les spectateurs commencent à quitter la salle, est une faute de goût impardonnable. Il n'y a aucune traduction des vers récités et c'est dur de se concentrer sur un poème en voix-off alors que défilent sur l'écran des mots qui n'ont rien à voir. Ceci dit, l'histoire débute en 1818 lorsque John Keats, 23 ans, rencontre Fanny Brawne, 18 ans, dans la maison de cette dernière. Keats vient de perdre son frère du même mal qui l'emportera moins de 3 ans plus tard. Fanny n'apprécie pas forcément la poésie du jeune Keats mais elle tombe amoureuse de lui (c'est réciproque). Malheureusement, Keats est pauvre et il n'arrive pas à vendre sa poésie. Il vit au crochet d'un certain Mr Brown. Une liaison hors mariage est inenvisageable, c'est pourquoi ils se fiancent, mais cela n'ira pas au-delà; Keats s'éloigne souvent de Fanny. Il ne peut subvenir à ses propres besoins et commence à souffrir de phtisie. Au bout du compte, il n'y a pas vraiment d'histoire si ce n'est que Fanny est présente pendant tout le film (C'est elle, l'étoile brillante / Bright star). Les décors et les costumes sont beaux, les acteurs aussi. Mais il manque la passion.

Petite anecdote vécue: j'ai eu l'occasion d'aller à Rome, pendant 4 jours, il y a 9 ans, et la visite du cimetière protestant fut un de mes buts de promenade. Je suis donc allée dans ce lieu, calme, pas grand et loin des circuits touristiques, où sont enterrés Keats et Shelley. Les tombes sont sobres et sans aucune fleur. Je recommande d'autant plus la visite que vous pouvez voir de nombreux chats qui parcourent les allées. Je n'en avais jamais vu autant dans un cimetière (et j'en connais un certain nombre).

PS: Suite aux billets et/ou commentaires de Rob, ffred, moskau, yohan, céline, aifelle, coming soonn, jade et j'en oublie, il semblerait que les hommes apprécient plus le film de Jane Campion que les femmes. C'est une simple observation qui n'engage que moi.

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