Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais vous parler d'un film qui a aujourd'hui une vingtaine d'années (il est sorti en 2003, et le DVD date de 2004). Etant en cours de visionnage de la série Game of Thrones (nous venons de commencer la série complète - pas plus d'un épisode par jour!), Dasola m'a fait découvrir hier (à l'occasion du reclassement de sa DVDthèque) le film The Station Agent (Les rencontres de Mr McBride), de Tom McCarthy, qu'elle avait vu bien avant qu'on se connaisse. L'acteur principal (sinon le héros) en est Peter Dinklage, qui, comme chacun sait, a été mondialement connu à partir de 2011 dans le rôle de Tyrion (mais, promis, je ne parlerai plus de GoT dans la suite de cet article).
The Station Agent nous montre des "tranches de vies" d'une "personne de petite taille" (comme on dit aujourd'hui!) à l'âge adulte, Finbar McBride (dit Fin) qui a construit sa vie autour de son intérêt pour les chemins de fer (américains). C'est quelqu'un de plutôt renfermé, quasi-muré dans une solitude choisie. Peu après le début du film, il hérite d'une gare désaffectée dans un trou perdu (je connais des villages français comme ça...). Il va y organiser sa vie (tous ses avoirs tiennent dans une petite valise), entre la lecture de livres sur les chemins de fer et, au fil des jours, l'ouverture à différentes personnes qui, pour commencer, s'immiscent dans sa vie à l'insu de son plein gré.
En premier lieu, c'est Joe, bon cuisinier, qui conduit le food truck de son père malade, qui s'impose. Des interactions se créent aussi avec Olivia, qui ne sait pas exactement ce qu'elle veut (elle peint des figures humaines dans son chalet) et son ex dont elle dit être toujours amoureuse. Son amour des livres amène Fin à rencontrer Emilie, la jeune bibliothécaire, dans une position intéressante, et son abruti de copain. Il constitue un peu une curiosité locale... même si les notations sont subtiles davantage qu'explicites (oui, mais vous savez bien que j'adore enfoncer les portes ouvertes...). La gérante de l'épicerie du coin se comporte surtout en boutiquière. Cleo, une jeune écolière noire un peu enveloppée, lui organisera une conférence.
Fin marche beaucoup, surtout le long de voies de chemins de fer (parfois désaffectées): c'est de cette manière qu'il arrive à son nouveau "home". Comme sur beaucoup de lignes en France, le trafic passager est supprimé, mais des trains de marchandise continuent à passer devant la gare. Dans cette campagne américaine, tout les autres utilisent un véhicule. Lui se promène (accompagné ou seul), et cinq kilomètres (le double aller-retour, bien sûr) ne sont pas pour lui faire peur.
Il s'agit d'un film qui chemine lentement. On ne dirait pas vraiment qu'il progresse, et pourtant, peut-être débouchera-t-il sur quelque chose, après la fin du film? Nous n'en saurons rien. Pour moi, c'est dommage qu'il n'y ait pas eu une suite: j'aurais aimé savoir ce qui se passe "après". Je dirai encore avoir remarqué que la mort est y fortement présente (et liée à la vie). Celle, soudaine, du patron de Fin (qui lui lègue la gare). Une tentative de suicide d'un personnage. Le père d'un autre dont la maladie est sans doute grave. Et divers accidents dont chacun aurait pu s'avérer définitif. J'ai aimé ce film qui m'a aussi évoqué Stand by me.
Quelques mots à propos des bonus du DVD. Le réalisateur a débuté comme acteur, une dizaine d'année (et une demi-douzaine de films) avant de passer derrière la caméra (The Station Agent étant son premier film). Le film a disposé de 500 000 dollars de budget pour 20 jours de tournage. Dans une interview, il dit qu'il n'a pas fait d'école de cinéma, mais qu'il est diplômé en philosophie. J'ai été ravi qu'il y parle de son admiration pour Truffaut: je pensais de mon côté à une saga comme celle d'Antoine Doinel.
Comme le film et le DVD ont près de vingt ans, le seul blog sur lequel j'ai trouvé un article est L'oeil sur l'écran.
Ah, signalons pour conclure que Fin ne possède pas de téléphone (mobile), non plus.
Edit du 09/06/2023: on peut désormais trouver deux chroniques différentes de ce film sur le blog 1001bobines.