lundi 20 février 2023

La femme de Tchaïkovski - Kirill Serebrennikov

Je voulais voir La femme de Tchaïkovski du cinéaste russe Kirill Serebrennikov, à propos duquel je n'avais rien lu. Et je n'ai pas été déçue. Pendant deux heures vingt sept, on suit la sombre histoire d'Antonina Milioukova, jeune femme de la petite noblesse russe qui va peu à peu sombrer dans la folie après avoir épousé Piotr Ilytch Tchaïkovski. Le film est le portrait d'une femme qui, parce qu'elle était amoureuse, a épousé Tchaïkovski, un homme qui préférait les hommes (c'est encore un sujet tabou en Russie). En préambule, le spectateur est transporté en 1893, Tchaïkovski vient de mourir. Aux pompes funèbres, il se rèlève de son enveloppe mortuaire et déclare à sa femme qu'il la hait. En 1873, Antonina tombe amoureuse de Tchaïkovski qui ne la remarque pas. Elle lui écrit des lettres enflammées auquelles, contre toute attente, il répond. En 1877, le mariage est célébré. Le repas des noces se déroule dans une atmosphère mortifère. Le réalisateur montre indirectement que le mariage ne sera jamais consommé. Tchaïkovski ne la touche pas et ne veut pas être touché par elle. Elle le dégoûte. A partir de là, la caméra ne lâche plus Antonina (Alyona Mkhailova, sensationnelle) qui commence à se consumer. Elle endure toutes les humiliations de la part de Tchaïkovski et de l'entourage du musicien (uniquement des hommes). Ils veulent qu'elle accepte le divorce. Ils n'y arriveront pas. Antonina aime le musicien et ne veut pas s'en séparer. Les scènes se passent presque exclusivement dans des intérieurs, appartements, salons, wagon de train. On ressent une impression d'étouffement. Il faut noter le très beau travail sur la lumière, gris, bleu et ocre. Mais s'il y a une seule raison d'aller voir le film, c'est pour l'actrice russe de 27 ans Alyona Mikhailova, qui aurait amplement mérité un prix d'interprétation à Cannes. Son rôle est vraiment "casse-gueule". Elle s'en tire haut la main. Lire les billets de Pascale, de Mymp et du Bleu du miroir. Roland est nettement plus réservé.

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jeudi 17 mars 2022

Films vus et non commentés depuis le 4 mars 2022 - 1ère partie

Je suis allée voir plusieurs films depuis début mars mais je n'ai pas encore eu le temps de les chroniquer. Voici donc un premier billet sur trois films.

Je commence par Belfast de Kenneth Branagh, réalisateur et acteur né à Belfast en 1960, qui rend plus ou moins hommage à ses parents et à ses grands-parents. Pendant l'été 69, dans un des quartiers de Belfast où vivent des catholiques et des protestants, des actes de violence ont lieu. Buddy, un petit garçon de huit ans, assiste à cette violence. Heureusement que Buddy vit dans une famille unie. Pourtant le père est souvent absent pour son travail. Cette absence est compensée par l'affection que Buddy porte à sa mère et surtout à ses grand-parents. Ils vivent tous dans la même maison. Le film a été tourné dans un beau noir et blanc. Judy Dench et Ciaran Hinds qui interprètent les grands-parents sont vraiment bien. Ce n'est pas un film sur le conflit entre protestants et catholiques dans les années 60 mais plutôt l'évocation de l'enfance du réalisateur. J'ai trouvé le film très touchant.

Je continue avec Blacklight de Mark Williams où Liam Neeson (vous ai-je déjà dit que je vais voir les films avec Liam Neeson?) interprète Travis Block, un homme seul contre tous. Là, il agit en secret pour le compte du FBI. Il est chargé de sortir des agents infiltrés de situations dangereuses. Dusty Crane, le dernier agent dont Travis doit s'occuper, semble avoir "pété un câble". En effet Dusty est poursuivi par d'autres agents qui sont aux ordres d'un agent du FBI haut placé et corrompu. Il y a.quelques courses-poursuites en voiture ou à pied. Travis a aussi une vie privée puisqu'il est père d'une fille et grand-père d'une petite-fille dont il voudrait s'occuper plus souvent. A la fin du film, on devine que son souhait va être exaucer. Le film américano-chinois et tourné en Australie se laisse voir.

Je termine avec Les poings desserrés de Kira Kovalenko. Ce premier film de la réalisatrice a reçu le prix Un certain Regard au dernier Festival international du film de Cannes. L'histoire se passe de nos jours en Ossetie du nord, à proximité du Caucase. Ada est une jeune fille qui rêve de s'évader de son milieu familial étouffant entre son père, un de ses deux frères et un jeune qui en pince pour elle. Ada veut récupérer son passeport  que son père a camouflé. On va apprendre petit à petit ce qui est arrivé à Ada et pourquoi elle est surprotégée par sa famille, mais malgré tout Ada veut partir loin de tout ça, quitter ce paysage que j'ai trouvé sinistre et angoissant. On peut la comprendre. La caméra suit au plus près les acteurs. On a l'impression d'étouffer comme Ada. C'est un film dur mais avec des moments de douceur. A vous de voir.

Suite dans un billet du 24 mars 2022.

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mardi 13 août 2019

Une grande fille - Kantemir Balagov

La très bonne critique d'Henri Golant m'a incitée à aller voir Une grande fille de Kantemir Balagov (dont j'avais vu Tesnota). J'ai nettement préféré Une grande fille, qui se passe en un an après la fin la Deuxième guerre mondiale, à Saint-Petersbourg. Le film commence de manière étrange. Le spectateur entend des sons (un genre de sifflement) qui sortent de la bouche de Lya, une grande jeune femme blonde qui doit mesurer plus d'un mètre quatre-vingt cinq, d'où son surnom de "la girafe". Elle est dans un état de catalepsie. Elle travaille comme aide-soignante dans un hôpital où sont soignés des soldats revenus de la guerre, plus ou moins grièvement blessés. Sinon, elle s'occupe de Paschka, un petit garçon qui l'appelle maman et que l'on croit être son fils. Elle dort avec lui dans le même lit, dans une pièce parmi d'autres d'un immense appartement. Et on réalise très vite que de nombreuses autres personnes vivent dans ce même appartement avec une cuisine et une salle de bain communes. Par une simple réplique, on comprend que la nourriture manque. La population, dans cette après-guerre en Russie sous le régime stalinien, vit dans la faim et le froid. Macha, l'amie de Lya, arrive un jour sans prévenir. Autant Lya parle peu, autant Macha est volubile, même si elle ne raconte pas tout ce qu'elle a subi pendant la guerre. On sent les deux jeunes femmes très unies mêmes si elles sont très différentes. L'une ne pourra plus enfanter, l'autre peut-être, on ne sait pas non plus ce qu'elles vont devenir, la fin reste ouverte mais cela ne m'a pas dérangée. ll y a quelques rôles secondaires intéressants comme le médecin de l'hôpital ou le garçon amoureux de Macha. Il faut noter le très beau travail sur la lumière, le cadre, les décors, les costumes. Les acteurs sont filmés en plan large ou serré. Cette réalisation est d'une grande maîtrise. J'ai vu ce film de 2H17 sans m'ennuyer, et pourtant l'histoire n'est pas gaie. Lire les billets de Pascale et Anne, nettement moins convaincues.

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samedi 3 août 2019

Factory - Yuri Bykov

Je suis allée voir Factory de Yuri Bikov (sorti le 24 juillet 2019), car j'ai été attirée par le sujet et par le fait que cela se passe en Russie. Comme l'écrit Pascale, le film est prenant dès les premières images. L'histoire se passe presque exclusivement de nuit ou aux petites heures du jour. Un homme marche sur une route droite jusqu'à une usine immense mais un peu décrépite. Cet homme, Le Gris, a préféré marcher plutôt que de prendre la navette. Il trouve cela "trop bruyant" alors que dès qu'il passe la porte de l'usine où se fabriquent des barres métalliques, le vacarme est indescriptible. C'est le jour où le patron, un oligarque russe sans état d'âme et pas très honnête, déclare à tous les ouvriers que l'usine va bientôt fermer car pas assez rentable et qu'ils n'auront pas leur salaire dans l'immédiat. Le Gris, un ancien soldat (l'acteur est excellent), a l'idée d'enlever Kaluguine, l'oligarque, et de demander une rançon. Il arrive à convaincre cinq ouvriers de le suivre dans cette entreprise hasardeuse. A part Le Gris, tireur d'élite, les autres, avec des armes trouvées chez eux, se révèlent pas du tout à la hauteur de la situation qui va suivre. En effet, ils doivent affronter la garde rapprochée de l'oligarque et la police (suite à un appel anonyme). Le siège de l'usine va durer une nuit et révéler les caractères des protagonistes des deux côtés. J'ai beaucoup aimé la scène où Le Gris dit ses quatre vérités à Kaluguine. J'ai été passionnée de bout en bout par ce long-métrage qui j'espère, ne passe pas trop inaperçu. Lire le billet de Wilyrah.

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samedi 1 septembre 2018

Arythmie - Boris Khlebnikov

Suite à la suggestion du distributeur du film en France, je suis allée voir Arythmie, un film russe sorti dans quelques salles à Paris et ailleurs le 1er août dernier, et qui a eu un peu d'échos dans la presse. L'histoire se passe dans une grande ville russe. Katya et Oleg sont médecins tous les deux. Oleg est médecin urgentiste au diagnostic sûr même s’il boit pas mal de vodka avec ses collègues. Le couple qu’il forme avec Katya est en crise. Lors d’une réunion de famille (l’anniversaire de son père à elle), Katya envoie un simple SMS à Oleg qui est dans la pièce à côté. Elle dit qu’elle veut divorcer. Oleg ne répond pas tout de suite. Ils se mettent à faire lit à part (il dort sur un matelas dans la cuisine) en attendant qu'il trouve un logement ailleurs. Par ailleurs, de nouvelles mesures de rentabilité dans l’hôpital où il travaille obligent Oleg et ses collègues à consacrer de moins en moins de temps à chaque patient: 20 minutes pour chacun. Le couple formé par Oleg et Katya est très touchant. Oleg a un côté grand gamin assez irrésistible même s'il fait son métier sérieusement. La fin reste ouverte. A la différence d’autres films russes récents, le ton du film est plus léger. J’ai aimé. S'il passe par chez vous, vous pouvez aller le voir. Larroseurarrose le recommande aussi.

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samedi 23 septembre 2017

Faute d'amour - Andrey Zvyagintsev

Le mercredi 20 septembre 2017 est sorti, parmi d'autres films, le film russe Faute d'amour  (qui a reçu le prix du Jury au dernier Festival de Cannes) du réalisateur Andrey Zvyagintsev. C'est le quatrième film que je vois de ce réalisateur après Le retour, Elena et Leviathan.

Faute d'amour raconte l'histoire très triste d'un gamin de 12 ans, Aliocha, qui m'a fait beaucoup de peine. Et pourtant, on ne le voit qu'au tout début du film, soit en colère soit en train de beaucoup pleurer, avant qu'il ne disparaisse. Genia et Boris, ses parents qui n'arrêtent pas de se disputer, font peu de cas de leur fils, qui est plus un embarras qu'autre chose. Ils envisage même de le mettre dans un internat pour ne plus s'en occuper. Ils sont en train de divorcer et ils mettent leur appartement en vente. Désormais, Genia fréquente un homme aisé, tandis que Boris a mis une jeune femme enceinte et vit maintenant avec elle. Un matin, Aliocha part pour l'école et on ne le reverra plus, mais on sent malgré tout sa présence. Les parents mettront 36 heures à se rendre compte qu'il a disparu. Pendant le reste du film, on suit un groupe de bénévoles volontaires qui cherchent les personnes disparues. Cette association de bénévoles existe dans la réalité et ils font ces recherches gratuitement par principe. On voit la manière dont ils ratissent systématiquement les bois alentour dans la banlieue de Moscou. Ils interrogent ceux qui connaissaient les habitudes d'Aliocha. Entretemps, Genia et Boris vont jusqu'à rendre visite à la mère de Génia sur la route vers Kiev. La confrontation est terrible. J'avoue que les parents, surtout la mère, m'ont paru antipathiques. Elle a les yeux vissés sur son portable et puis c'est tout. Et elle dit des choses terribles sur son accouchement, que la naissance d'Aliocha était une erreur. C'est une vraie tragédie. J'ai beaucoup aimé ce film comme les précédents du réalisateur. Je vous le conseille. Lire le billet de Chris.

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samedi 25 juillet 2015

Les nuits blanches du facteur - Andreï Kontchalovski

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Je voulais évoquer Les nuits blanches du facteur d'Andreï Kontchalovski sorti le 15 jullet dernier. Il est projeté dans peu de salles. Le film est interprété par des acteurs non professionnels. L'histoire se passe de nos jours autour du lac de Kenozero à presque 1000 kilomètres au nord de Moscou. Le facteur Aleksey Tryaptisyn est le seul lien entre les habitants autour du lac et le monde extérieur. Il apporte par bateau le maigre courrier, les pensions de retraite et autres médicaments. Aleksey est un homme affable qui mène une vie régulière (il se lève tous les jours à la même heure) après avoir cessé de boire depuis 2 ans. De temps en temps, un chat gris (un chartreux) vient lui rendre visite (c'est certainement un songe). Il vit seul mais il est amoureux d'Irina, une amie d'enfance. Timur, le fils de cette dernière, est très attaché à Aleksey qui lui fait faire des tours sur son bateau en lui évoquant des légendes plus ou moins effrayantes se rapportant au lac. Ou alors il lui montre une école en ruines qui rappelle la Russie d'avant. Les plans larges sur le lac et le paysage tout autour en été et en automne sont magnifiques. Tout est calme dans ces lieux où il y a l'électricité mais pas l'eau courante. Un matin, Aleksey se rend compte que le moteur de son bateau a été volé et la vie du facteur va être chamboulée. Le réalisateur qui est aussi le co-scénariste nous montre une Russie rurale pauvre mais qui garde une certaine dignité. Le film dure 1H45 et il m'a plu.

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jeudi 2 octobre 2014

Leviathan - Andrey Zviaguintzev

Pour ceux qui me lisent, je vous recommande absolument Leviathan, un film russe d'Andreï Zviaguintzev, le troisième que je vois de ce réalisateur (après Le Retour et Elena). Il a reçu le prix du scénario (amplement mérité) au dernier festival international du film de Cannes. De nos jours, au bord de la mer de Barents au Nord-Ouest de la Russie, Kolya, sa femme Lilya et son fils Romka vivent dans une grande maison en bois. Lilya, qui est la seconde épouse de Kolya, a des relations difficiles avec son beau-fils Romka. Quant à Kolia, il tient un garage et fait de petites réparations. Quand l'histoire commence, on apprend que le maire de la petite ville voisine veut, pour son compte personnel, exproprier Kolya et sa famille: il guigne le terrain. Je vous laisse découvrir comment il va arriver à ses fins, par des moyens pour le moins brutaux qui peuvent faire désespérer du genre humain. Pendant les deux heures quinze que dure le film, les personnages parlent beaucoup, s'affrontent, s'aiment et boivent des litres de vodka (les femmes ne sont pas en reste). Les paysages où se côtoient squelette de baleine et bateaux échoués donnent une impression de fin du monde. La musique de Philip Glass est vraiment très belle. La fin laisse un goût amer. Il n'y a aucun espoir. Il semble que le réalisateur se soit inspiré d'un fait divers survenu aux Etats-Unis. Ce film admirable est, pour moi, un des meilleurs de 2014. Lire le billet de Miriam.

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dimanche 18 mars 2012

Elena - Andrei Zvyagintsev

L'année 2012 continue bien avec des films passionnants. Ne passez surtout pas à côté d'Elena d'Andrei Zviagintsev, réalisateur russe du superbe Le retour. De nos jours, quelque part en Russie, Elena, ancienne infirmière est mariée avec Vladimir, un vieil homme très riche et avare. Ils logent dans un bel et vaste appartement avec tout le confort. En les voyant faire chambre à part, on sent qu'Elena et Vladimir mènent une vie routinière sans beaucoup de sentiments. Lui va régulièrement dans une salle de sport (il a une fille qui ne vient jamais le voir) tandis qu'Elena rend régulièrement visite à son fils et à sa famille. Quelle contraste entre la vie solitaire de Vladimir qui vit dans sa bulle et celle d'Elena qui se frotte à la Russie des "laissés pour compte" comme son fils Serguei. Je vous laisse découvrir le genre de logement dans lequel Serguei et sa famille vivent. Serguei n'a pas d'autre occupation (à part de faire des enfants à sa femme) que de fumer, de boire de la bière et de récupérer l'argent que lui donne sa mère. Ce fils et sa famille sont la raison de vivre d'Elena. Telle une louve, Elena est prête à tout pour eux, même à commettre l'irréparable suite à un événément imprévu. Ce film marquant vous laisse un souvenir durable: la musique de Phlip Glass y contribue pour beaucoup. La mise en scène est virtuose avec quelques plans fixes dont celui du début qui met tout de suite dans l'ambiance. Elena est un très grand film glaçant et pessimiste sur la nature humaine qui se termine de façon immorale. Je vous le recommande comme Ffred, Alex et Rosa.

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samedi 3 mars 2012

Dix hivers à Venise - Valerio Mieli / Portrait au crépuscule - Angelina Nikonova

Mon ami et moi-même avons passé un moment sympa, en compagnie de Camilla (jolie comme un coeur) et de Silvestro, homme pas très mature mais très attachant, dans un cadre ayant pour nom Venise, loin de l'image touristique connue. Tout commence donc sur un vaporetto en 2001, Camilla est en route pour s'installer dans une petite maison, près d'un canal accessible uniquement par bateau, quand ils se rencontrent pour la première fois. Sur l'embarcation, munie entre autres d'une grande lampe à pied, elle croise le regard de Silvestro tenant une plante (un pied de tomates?). Il est assis au fond du vaporetto. Un échange de regard, quelques gamineries et Silvestro a le coup de foudre. Pour Camilla, l'intravertie, on ne sait pas ce qu'elle pense. Rien ne se passe vraiment entre les deux à ce moment-là, mais ensuite, pendant 10 ans, entre études et vie préprofessionnelle, ils vont se retrouver, se croiser (parfois sans se voir quand une grande église sur une place se dresse entre eux deux), se séparer, se disputer, s'apprivoiser, entre Venise et Moscou. Dix hivers à Venise est vraiment un très joli film que je vous conseille. Je suis sûre que vous aurez envie d'aller faire un tour à Venise. Lire le billet enthousiaste de Pascale.

Maintenant, voici un film nettement moins léger et joyeux, Portrait au crépuscule, d'une réalisatrice russe, Angelina Nikonova, avec une actrice étonnante, Olga Dykhovichnaya, qui a co-écrit le scénario avec la réalisatrice. Dans une Russie triste, dépressive et brutale, celle de Poutine, Marina, la trentaine, est assistance sociale (sans s'épanouir dans son travail), a un grand appartement, un mari "gnangnan", un amant "pas très sexy ni très galant" et des amis qui n'en sont pas. Un jour, en allant à son travail, après avoir cassé un talon d'une de ses chaussures, puis s'être fait voler son sac à l'arraché, elle se fait violer par des policiers (un de leur "passe-temps"). La vie de Marina bascule. Envoyant tout promener, elle devient l'amante de son violeur, Sergueï (oeil d'acier et visage coupé à la serpe). Il ne l'a pas reconnue. C'est sa façon à elle de se venger. Qu'on adhère ou pas, il faut reconnaître que ce film ne peut pas laisser indifférent. Ce film suinte la misère sociale, sexuelle, et la violence. Pourtant, à la fin, une lumière d'espoir apparaît. Le dernier plan sur cette femme suivie de loin par son amant/tortionnaire est bouleversant. J'ai aimé mais, comme dirait l'autre, cela ne donne pas envie de partir en vacances en Russie. Lire le beau billet de Mymp et celui de Chris.

Je ne suis malheureusement pas sûre que ces deux films soient beaucoup sortis en province.

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