L'affaire Lerouge - Emile Gaboriau
C'est allant d'un blog à l'autre que j'avais noté chez une blogueuse le fait qu'elle chroniquait des polars "classiques". Et cela a été l'occasion pour moi de lire un deuxième roman d'Emile Gaboriau (1832-1873) - je n'avais pas chroniqué le premier. L'Affaire Lerouge (Edition France Loisirs, 455 pages) débute en mars 1862. Une femme, Claudine Lerouge, est retrouvée assassinée dans son pavillon dans le hameau de la Jonchère qui dépend de Bougival, à l'ouest de Paris. La victime n'avait semble-t-il pas d'ennemis. Ce n'est pas un crime crapuleux car des pièces d'or sont retrouvées dans un tiroir d'un meuble. Un juge d'instruction appelé Daburon est chargé de l'instruction de l'affaire. L'enquête elle-même est menée par un homme appelé Tabaret, dit "Tirauclair", que connaît l'inspecteur Lecoq (personnage que l'on retrouve dans d'autres romans de Gaboriau). Tabaret, après quelques investigation, est sûr que l'assassin (homme ou femme) est jeune. Je ne vous dirai rien de plus de l'histoire qui est racontée en détail sur W.K.pedia. Je veux seulement donner quelques-unes des mes impressions. J'ai trouvé que l'histoire se traînait un peu en longueur. J'ai mis du temps à lire ce roman. Il faut dire que l'Affaire Lerouge a d'abord été publié en feuilleton. L'histoire est tirée d'un fait divers qui s'est passé à la même époque, sous le Second Empire. On n'y parle pas du tout de politique, mais dans l'épilogue il est question d'abolition de la peine de mort. Car on a été à deux doigts de l'erreur judiciaire. L'intrigue est concentrée sur une dizaine de personnages de toutes conditions sociales. Un roman que j'ai été contente d'avoir lu.
La maman et la putain - Jean Eustache
Que dire de ce film qui dure 3H39, soit 219 minutes? La maman et la putain, longtemps invisible, date de 1973. Il vient de bénéficier d'une ressortie sur grand écran depuis le 8 juin dernier. Il avait été récompensé du Grand Prix du Festival de Cannes en 1973. Il a été écrit, réalisé et monté par Jean Eustache (1938-1981). Personnellement, je ne l'avais jamais vu. Alexandre (Jean-Pierre Léaud), un oisif intellectuel qui a une vie très occupée, vit aux crochets de Marie (Bernardette Lafont) qui tient un magasin de mode. Alexandre parle beaucoup et a un coeur d'artichaut. Il décide sur un coup de tête de demander en mariage Gilberte, une ancienne petite amie, qui refuse sa proposition. Plus tard, elle lui apprend qu'elle va très bientôt se marier. Alexandre fréquente beaucoup le café des Deux Magots ou le café de Flore, en plein coeur de Saint-Germain des Prés. C'est aux Deux Magots qu'il croise le regard de Veronika (Françoise Lebrun), infirmière anesthésiste à l'hopîtal Laennec (aujourd'hui, cet hôpital n'existe plus). Il demande son numéro de téléphone. A partir de là, on assiste à un genre de ménage à trois houleux entre Alexandre, Marie et Véronika. Chacune des deux femmes voudrait garder Alexandre pour elle seule.
Je voudrais faire quelques remarques générales: les personnagess n'arrêtent pas de boire de l'alcool fort (je ne donnerai pas de marque), de fumer du tabac blond ou brun. Ils ne font pratiquement que cela. Ils parlent de sexe en passant de la théorie à la pratique, ils écoutent de la musique et des chansons sur un électrophone 33 tours. Le téléphone à cadran est aussi présent. Dans une séquence, on peut admirer le très beau corps de Bernadette Lafont, et dans plusieurs scènes, le sublime sourire de Françoise Lebrun: quand elle sourit, son visage irradie. Sinon, quand il est aux Deux Magots, Alexandre lit La prisonnière de Proust, les quotidens Le Monde et France-Soir (ce dernier quotidien a cessé de paraître depuis plusieurs années). Et Alexandre roule dans une 4L empruntée à une voisine.
Du point de vue technique, l'image noir et blanc est carrée. Le film est une suite de scènes plus ou moins liées.
Mon sentiment personnel est que le film est un peu long, surtout vers la fin. Jean-Pierre Léaud m'a paru jouer faux dès le début, mais au bout d'un moment, on s'habitue. Je suis contente de l'avoir vu mais je ne suis pas sûre de le revoir.
Trois versions de Mort sur le Nil - Kenneth Branagh / John Guillermin / Andy Wilson (avec David Suchet)
Vous me direz, Dasola est un peu bizarre d'avoir vu ou revu, en moins d'une semaine, les trois adaptations de Mort sur le Nil d'après le roman d'Agatha Christie paru en 1937, deux pour le cinéma et une pour la télévision. Eh bien, cela m'a permis de faire quelques comparaisons.
Je trouve la version de 1978, celle de John Guillermin, la plus réussie car elle réunit une distribution comme on n'en fait plus beaucoup: Peter Ustinov, David Niven, Bette Davis, Maggie Smith, Lois Chiles, Mia Farrow, Jane Birkin, Olivia Hussey, George Kennedy et Angela Lansbury. J'ai vu le film à l'époque de sa sortie sur grand écran. Je sais que j'avais aimé ce film qui permet de voir Karnak et Abou Simbel. Et puis l'intrigue policière tient en haleine dans un décor magnifique. Il s'agit d'un drame de l'amour dans lequel Linnet Ridgway, une riche héritière, "pique" Simon Doyle, le fiancé de sa meilleure amie sans le sou, Jacqueline de Bellefort. Agatha en connaissait un rayon sur la psychologie humaine. Sur un beau bateau à aube qui navigue sur le Nil, il y a trois meurtres, quelques suspects (qui n'aimaient pas la première et principale victime pour différentes raisons) et Hercule Poirot, un détective belge et non français, qui fait travailler ses petites cellules grises.
La version la plus récente est sortie la semaine dernière et elle a été réalisée par Kenneth Branagh. Elle n'est pas si mal selon moi (une adolescente est sortie de la projection en disant que "c'était trop bien"). Les ressorts dramatiques y sont. Certains personnages sont très différents de la première version. Le réalisateur a choisi des acteurs de différentes origines. Parmi les trois victimes, il y a un homme. Et en préambule, on remonte à la guerre de 14-18 dans les tranchées où Hercule Poirot sauve sa section à l'exception de son capitaine. Et on apprend qu'Hercule a été amoureux. C'est clinquant, le bateau est très beau. On admire aussi dans ce film Abou Simbel (dont je garde un souvenir ému). En revanche, j'ai trouvé les acteurs sans vrai personnalité. Je ne connais qu'Annette Bening et Emma Mackey. Armie Hammer qui interprète Simon Doyle est absolument insipide et sans saveur. On se demande pourquoi deux femmes se battent pour lui. Il faut noter que ces deux films durent plus de deux heures chacun.
Alors que la version télévisée de 2004 avec David Suchet dans le rôle de Poirot ne dure qu'une heure trente-sept minutes. L'histoire est bien entendu resserrée, on ne voit pas de cobra qui menace Hercule Poirot. On n'admire pas Abou Simbel, mais on voit le temple de Dendérah. Il faut voir cette adaptation en VO, et non en VF qui n'est pas terrible.
Si vous ne devez en voir qu'un, je conseille la version de 1978 où il y a aussi de l'humour. Et il ne me reste plus qu'à relire le roman.
Celui par qui le scandale arrive / Comme un torrent - Vincente Minnelli
Comme je ne peux pas aller au cinéma, j'en profite pour revoir quelques films classiques américains que j'apprécie depuis longtemps.
Je viens de revoir coup sur coup Celui par qui le scandale arrive (Home from the Hill, 1960) et Comme un torrent (Some came Running, 1958), tous les deux réalisés par Vincente Minnelli.
Dans Celui par qui le scandale arrive, le Capitaine Wade Hunnicutt (Robert Mitchum) est l'homme le plus influent et le plus riche de la ville située dans l'Est du Texas. Tout le monde est à ses ordres, sauf sa femme Hannah (Eleanor Parker), qui se refuse à lui depuis 18 ans car Wade est un homme à femmes depuis toujours, il a couché avec pas mal de femmes mariées ou pas de la ville. Et son épouse ne lui pardonne pas d'avoir eu un enfant illégitime, Rafe (George Peppard), qui vit chichement. Dans le salon de la demeure familiale où le Capitaine passe beaucoup de temps, il est entouré de trophées de chasse et de fusils. Un salon d'"homme". Avec Hannah, il a eu un fils, Theron (George Hamilton) qui vit dans une chambre d'enfant. C'est un fils à sa maman. Désormais, les choses vont changer, Wade va prendre en main l'éducation de son fils qui subissait les quolibets des hommes de la ville. C'est une façon de prendre leur revanche sur Wade qu'ils ne peuvent pas atteindre directement. Du jour au lendemain, Theron va faire ses preuves en partant chasser le sanglier. Et Rafe qui a cinq ans de plus que Theron veille sur lui de loin. Un film que je revois toujours avec plaisir grâce aux acteurs, à l'histoire et à sa progression dramatique. Les personnages sont bien campés. Il faut noter qu'il y a une scène marquante qui montre la ségrégation entre Noirs et Blancs dans ce Sud des Etats-Unis. Il s'agit d'une "party" après une chasse au sanglier, on voit quelques petits gamins afro-américains à l'écart qui regardent manger les notables blancs. Les seuls Noirs acceptés pour le repas sont les domestiques qui font le service.
Je passe à Comme un torrent dont le scénario a été tiré d'un roman de James Jones (auteur par ailleurs de Tant qu'il y aura des hommes). A la fin des années 40, Dave Hirsh (Frank Sinatra), un militaire démobilisé, revient en autocar à Parkman en Indiana. Une jeune femme habillée de franfreluches, Ginnie (Shirley McLaine), le suit comme son ombre. Elle est tombée follement amoureuse de Dave. Ce dernier n'est pas revenu dans l'Indiana depuis plus de 15 ans. Il a écrit deux romans qui ont eu du succès mais il est en panne d'inspiration. Il n'arrive pas à terminer le troisième manuscrit. A Parkman, il ne se presse pas pour renouer avec son frère Frank, un notable très aisé. Dave, qui boit beaucoup, se lie d'amitié avec Bama Dillert (Dean Martin), un joueur de poker alcoolique qui ne quitte jamais son chapeau, même pour dormir. Et Dave ne reste pas insensible au charme de Gwen French, une jeune prof de littérature et admiratrice des deux romans de Dave. C'est un superbe mélo très bien joué. Shirley McLaine y est bouleversante.
J'espère que ces deux films sont disponibles à la location en médiathèque, car on a aujourd'hui du mal les trouver dans le commerce à un prix raisonnable.
Derniers chrysanthèmes / A l'approche de l'automne - Mikio Naruse
Ayant découvert Mikio Naruse il y a seulement quelques années (mes billets ici et là), j'ai su par mon ami ta d loi du cine que deux films de Mikio Naruse inédits en France étaient programmés dans une salle Art et Essais du Quartier Latin. J'ai affronté les frimas de l'automne et me suis dirigée vers la salle de cinéma. A ma grande surprise, je n'étais pas toute seule. Il y a eu pour chacun des deux films une queue sympathique qui attendait patiemment pour entrer dans la salle, un samedi après-midi.
J'ai d'abord vu A l'approche de l'automne qui date de 1960. Il se passe dans un quartier populaire de Tokyo. Hideo, 12 ans, arrive avec sa maman Shige de la province de Nagano. Shige est veuve mais grâce à son frère vendeur de primeurs (depuis deux générations) à Tokyo, elle a trouvé un emploi dans une auberge. Elle est aux petits soins avec les clients en général dont un en particulier. En ce mois d'août étouffant, Hideo aide son oncle et ses cousins pour les livraisons. Hideo a une passion dans sa vie, les insectes. Il garde d'ailleurs avec lui un scarabée. Sa maman l'ayant abandonné pour partir avec le client de l'auberge, il se retrouve seul, même s'il s'est lié d'amitié avec Junko, la fille de la gérante de l'auberge. A un moment donné, les deux enfants partent pour le bord de la mer et ils déambulent dans une partie de la ville en friche. Tout le film est empreint de tristesse, confirmée par le plan final d'Hideo (un jeune garçon qui m'a émue) tout seul avec son scarabée. Un beau film.
Je passe à Derniers chrysanthèmes qui lui, date de 1954. Encore un film pas très gai qui narre l'histoire d'Okin, une ancienne geisha qui exerce la profession d'usurier en prêtant de l'argent à d'autres geishas retirée de leur profession. Mais elle ne prête pas qu'à des geisha, à des hommes aussi. Okin n'est pas très sympathique. C'est une femme seule qui vit avec une jeune femme sourde. Elle n'a aucune pitié pour les mauvais payeurs, se déplaçant chez les uns ou chez les autres pour récupérer son argent. Tomae et Tomi, deux geishas retraitées qui ne peuvent pas régler leur loyer avec leur maigre retraite, font régulièrement l'expérience des visites impromptues d'Okin. En revanche, cette dernière va déchanter face à la visite de deux anciens amants, Seki et Tabe (elle avait encore des sentiments pour lui), qui viennent aussi lui demander de leur prêter de l'argent. Le film est très pessimiste sur la condition humaine mais il ne dramatise rien. Un film à voir. Je suis contente (1) d'avoir reconnu à l'écran que l'actrice qui joue Okin (vérification faite, elle s'appelle Haruko Sugimura) joue aussi dans Voyage à Tokyo.
(1) Merci Pascale...
Au nom de la loi - Pietro Germi
Avant de repartir à Riga, j'ai souhaité vous emmener en Sicile en 1948-1949 avec Pietro Germi (1914-1974). Avec mon ami, on vient de voir Au nom de la loi (In nome della Legge en VO), publié en DVD/Blu-Ray tout récemment. Nous ne l'avions jamais vu. L'histoire est adaptée d'un roman écrit par un magistrat et juriste, Giuseppe Guido Loschiavo (1899-1973). Il semble que c'est le premier film qui parle ouvertement de la Mafia. Le film commence dans une contrée désertique. Un homme attend le train qui doit le reconduire à Palerme. On ne saura pas pourquoi il s'en va. Son successeur Guido Schiavi (Massimo Girotti) vient d'être nommé juge dans la petite ville de Capodorso où les coutumes ont la vie dure. Face à lui, il va affronter un baron, propriétaire terrien qui a mis au chômage toute une partie de la population après avoir fermé une mine de soufre de la région. Ce baron qui est un être détestable (il bat sa femme) est épaulé pour défendre ses terres par des hommes à cheval et fusil à l'épaule, dirigés par Passalacqua (Charles Vanel, surprenant), le chef de la mafia locale. Guido ne reste pas insensible au charme de la femme du baron. Les paysages de ce film pourraient faire penser à certains décors de western et les hommes à cheval font penser aux cow-boys dans lesdits westerns. Le juge est un idéaliste qui aimerait changer les choses, mais il a du mal. Je ne vous dirai rien de la fin qui peut sembler optimiste. Il faut noter que le scénario adapté a été écrit par Pietro Germi lui-même, Mario Monicelli et Federico Fellini (si, si). Un très bon film à (re)découvrir.
Un flic - Jean-Pierre Melville
Un flic est le dernier film qu'ait réalisé Jean-Pierre Melville en 1972. Je ne l'avais jamais vu. Je dirais que ce n'est pas son meilleur mais il y a des séquences marquantes comme la scène d'ouverture qui se passe en décembre quelque part dans une ville balnéaire battue par les vents et la pluie. Il se dégage une atmosphère lugubre. Quatre hommes pas très jeunes sortent d'une voiture, ils vont braquer une banque. Plus tard dans l'histoire, la nuit un train est survolé par un hélicoptère à bord duquel se trouve un homme, Simon, l'un des quatre braqueurs. Il descend avec un treuil pour s'introduire dans le train. Il va s'emparer d'une mallette pleine de drogue. Pendant ce temps-là, Edouard Coleman (Alain Delon), un flic austère, commence ses journées en parcourant l'avenue des Champs-Elysées déserte en voiture. Il est l'amant de Cathy (Catherine Deneuve) qui est aussi la maîtresse de Simon (sans forcément que l'un et l'autre le sachent). Comme souvent, chez Melville, on trouve une séquence se déroulant dans un night-club. Une fois de plus, il faut noter le peu de dialogues réduits au minimum. Plus que le film, j'ai beaucoup apprécié le documentaire de 25 minutes en bonus où sont interviewés Florence Moncorgé-Gabin et Jean-François Delon (le demi-frère). Elle débutait comme script-girl et lui était assistant-réalisateur sur le film de Melville. Ils racontent diverses anecdotes intéressantes.
La piscine - Jacques Deray / Max et les ferrailleurs - Claude Sautet
Dans treize jours, les salles de cinéma devraient rouvrir, hip hip hip, hourra!!!
En attendant, je continue à revoir quelques films qui sont devenus des classiques. Ce billet est une sorte de mini-hommage à Romy Schneider (disparue le 29 mai 1982) qui joue dans les deux films chroniqués.
La piscine de Jacques Deray, sorti en France en janvier 1969 (il a été tourné en 1968), a permis à Romy Schneider de relancer sa carrière. Elle interprète Marianne qui file le parfait amour avec Jean-Paul (Alain Delon), un agent publicitaire. Ils passent des vacances idylliques dans une superbe villa au-dessus de Saint-Tropez. Ils reçoivent un coup de fil inattendu d'Harry Lannier (Maurice Ronet), qui a l'intention de venir avec sa fille Pénélope (Jane Birkin). Harry, au sourire charmeur, arrive en Maserati, accompagné de Pénélope. Harry est le meilleur ami de Jean-Paul et l'ancien amant de Marianne. Petit à petit, un malaise s'installe au sein de ce quatuor, dans lequel Pénélope, qui parle peu va provoquer le chaos. Quelqu'un est assassiné, noyé dans la piscine, l'enquête n'aboutit à rien (dans la version que j'ai vue). Mais il existe une fin alternative. J'ai beaucoup aimé revoir ce film pour les acteurs qui sont tous magnifiquement filmés sous le soleil de Saint-Tropez dans une villa de rêve. Voir le billet d'Armelle. Le film a été redifffusé récemment sur Arte en hommage à Jean-Claude Carrière qui a co-écrit le scénario.
Je passse à Max et les Ferrailleurs dont Strum a tiré un très beau billet. J'ai eu envie de revoir ce film de Claude Sautet sorti en 1971 et qui réunit une brochette d'acteurs français comme il n'y en a plus beaucoup: Bernard Fresson, François Périer, Georges Wilson, Phlippe Léotard, Bobby Lapointe (dans un petit rôle). Et bien entendu le couple de Les Choses de la vie, Michel Piccoli et Romy Schneider. Max (Michel Piccoli) est un inspecteur de police qui rêve d'attraper des gangsters en flagrant délit lors d'un casse. C'est un homme d'un abord froid au visage blafard à l'air inquiétant qui porte un chapeau et un costume sombre. Il rencontre fortuitement Abel, un ancien camarade de régiment (Bernard Fresson) qui est ferrailleur, pillant les chantiers avec toute une bande de petits truands aux casiers judiciaires plus ou moins chargés. Abel vit avec Lily (Romy Schneider), une prostituée d'origine allemande. De manière préméditée, Max fait la connaissance de Lily, dont il devient un des clients sans jamais coucher avec elle. Il se fait passer pour un banquier et arrive à influencer les ferrailleurs, par l'intermédiaire de Lily, pour organiser un futur hold-up. Michel Piccoli est absolument remarquable dans le rôle de Max et Romy Schneider est bien charmante. Un film à (re)voir.
Compartiment tueurs - Constantin Costa-Gavras
Je n'avais jamais vu Compartiment tueurs, le premier long-métrage de Costa-Gavras qui est sorti en 1965, un film policier sur le ton de la comédie malgré les nombreux cadavres. Le film se caractérise par sa distribution: Yves Montand, Simone Signoret, Jacques Perrin, Catherine Allegret, Jean-Louis Trintignant, Pierre Mondy et quelques seconds rôles que l'on remarque comme le regretté Charles Denner, ou encore Bernadette Lafont, Michel Piccoli, Claude Mann, Christian Marin, Monique Chaumette, Pascale Roberts, André Valmy et Jacques Dynam (ouf!). C'est adapté d'un roman de Sébastien Japrisot que je n'ai pas encore lu. Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, je résume: sur la ligne Marseille-Paris, dans un wagon-couchette à six places, une passagère est retrouvée morte à l'arrivée en Gare de Lyon. Pendant le voyage, on fait la connaissance des passagers, une actrice sur le retour (Simone Signoret), un père de famille, un représentant de commerce (Michel Piccoli), Georgette (Pascale Roberts), une jeune femme aux jolies jambes un peu aguicheuse, Benjamine Bombat dite "Bambi" (Catherine Allégret) et un passager clandestin, Daniel (Jacques Perrin) qui n'est pas insensible au charme de Bambi et réciproquement. Et donc, une fois le train arrivé, Georgette est retrouvée étranglée. L'inspecteur Graziani (Montand) est chargé de l'enquête. Pour l'occasion, l'acteur a repris un accent du sud assez prononcé. Le rythme du film est haletant ; Simone Signoret qui interprète une actrice parle des fonctionnaires de manière irrésistible. Il faut noter la prestation haute en couleur "et tout le toutim" de Pierre Mondy en supérieur hiérarchique de Graziani et celle de Charles Denner en amant de la victime: très drôles tous les deux. J'ai écouté une émission récente Le Masque et la Plume dans laquelle l'un des critiques a dit que Japrisot pouvait s'être inspiré d'ABC contre Poirot d'Agatha Christie. Cela peut vous donner un indice sur le mobile du ou des tueurs.
Un film divertissant que j'ai eu grand plaisir à découvrir. Je le conseille vivement.
Trois films "Collection Film noir" en attendant que les cinémas rouvrent
Je dois dire que je n'ai jamais vu autant de films en DVD que ces derniers mois. Comme je ne suis abonnée à aucune plate-forme comme Netflix ou OCS, je profite du support DVD qui est bien pratique, même si le cinéma grand écran, c'est mieux.
Voici trois films ressortis récemment et qui sont brillamment présentés par un trio de choc: le regretté Bertrand Tavernier, Patrice Brion (Le cinéma de minuit) et François Guérif qui livrent leurs sentiments sur des films peu vus ou peu connus (en tout cas, en ce qui me concerne).
Je commence par Du plomb pour l'inspecteur (Push-over en VO) de Richard Quine qui date de 1954 (et sorti en février 1955) où apparaît pour la première fois Kim Novak qui avait 21 ans à l'époque. On a fait des comparaisons avec le film de Billy Wilder, Assurance sur la mort, réalisé dix ans plus tôt. Ce n'est pas tout à fait du même niveau, à part le fait que le rôle principal est tenu par le même acteur Fred McMurray, mais la comparaison s'arrête là. Dans Du plomb pour l'inspecteur, il interprète Paul Sheridan, un policier qui tombe amoureux de Lona McLane, une jeune femme, maîtresse d'un gangster qui vient de commettre un hold-up. Evidemment, le policier ne sait pas trop quoi faire entre son devoir et et ses sentiments. Kim Novak est bien et il faut noter la présence de Dorothy Malone, dans un rôle pas si secondaire que cela. Pour l'anecdote, le réalisateur est tombé amoureux de Kim Novak et il l'a fait tourner dans trois fims par la suite dont L'adorable voisine en 1958.
Je passe à Des pas dans le brouillard (Footsteps in the Fog en VO) d'Arthur Lubin (réalisateur américain qui m'est inconnu mais qui a fait débuter Clint Eastwood au début des années 50). Le film est sorti en France en 1955. Il réunit Stewart Granger et Jean Simmons qui étaient mari et femme à l'époque. Il faut noter que le chef opérateur de ce film, Christopher Challis, a travaillé sur les films les plus connus de Michael Powell et Emeric Pressburger à la fin des années 40. Tout cela pour dire que ce film de genre "gothique" se laisse voir agréablement, avec une très belle photo. Au tout début des années 1900, Stephen Lowry vient d'assister à l'enterrement de son épouse morte subitement. Revenu dans sa grande demeure, Stephen Lowry, en regardant un tableau représentant sa femme défunte, se met à sourire. C'est lui qui l'a empoisonnée. Il va pouvoir profiter des biens que sa femme lui a laissés. Mais il néglige le fait que Lily Watkins, la servante de la maison, avec ses jolis yeux et son air mutin, sait ce qui s'est passé. Et elle va le faire le faire chanter en lui demandant de devenir la gouvernante de la maison. Je vous laisse découvrir la suite.
Je termine avec Le Dahlia bleu (The Blue Dahlia) de George Marshall, d'après un scénario de Raymond Chandler (qui été nommé aux Oscars). Le film sorti en 1948 en France réunit Veronica Lake et Allan Ladd. Johnny Morrison (Alan Ladd) vient d'être démobilisé. Il revient à Los Angeles avec deux camarades de la marine dont l'un a quelques troubles neurologiques. Il porte une plaque de métal à un endroit de son crâne. Johnny s'empresse d'aller retrouver sa femme qui semble s'être consolée de la mort de leur jeune fils dans les bras d'un autre, Eddie Harwood (Howard da Silva), patron d'un club, "Le dahlia bleu". Johnny très en colère part très vite, et le lendemain, la femme de Johnny est retrouvée morte chez elle. Evidemment, tout accuse Johnny qui va trouver un soutien inattendu en la personne de Joyce Harwood (Veronica Lake), séparée de son mari. Bertrand Tavernier rappelle qu'Howard da Silva était un très bon acteur qui a été victime du McCarthysme. On n'a pas manqué de nous rappeler qu'Allan Ladd étant petit par la taille, ses partenaires féminines étaient filmées souvent assises face à lui, ou alors, il était filmé sans que l'on voit le bas de ses jambes car il était monté sur quelque chose pour le surélever. Raymond Chandler a été obligé de reécrire la fin car la marine des Etats-Unis ne pouvait pas accepter que l'un des leurs soit un meurtrier.
Je vous suggère de voir les suppléments avant de visionner chaque film de cette "Collection film noir". Ils situent bien chaque oeuvre.