Harry Potter et l'enfant maudit - J.K. Rowling, John Tiffany & Jack Thorne
Le texte intégral de la pièce de théâtre Harry Potter et l'enfant maudit (traduit de l'anglais par Jean-François Ménard)! J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) eu la chance de voir arriver ce livre dans la "bibliothèque partagée" qui se trouve depuis fin 2021 dans le hall en bas de chez dasola. Je lui ai bien évidemment fait prendre l'ascenseur, et l'ai dévoré en quelques heures (comme il consiste en dialogues de théâtre, les 341 pages se lisent très vite). J.K. Rowling n'est pas à l'initiative de cette pièce écrite en 2016 et inspirée par la conclusion de son 7e roman de la série. Elle a bien sûr orienté le travail du dramaturge pressenti par la production pour rédiger la pièce inspirée de ses personnages. Cependant, depuis 2019, Harry Potter et l'enfant maudit est bien présentée comme faisant partie du "canon" officiel de la saga Harry Potter.
L'histoire commence avec l'épilogue du tome 7 (Harry Potter et les reliques de la mort), impliquant les enfants d'Harry et Ginny, de Ron et Hermione, mais aussi de Drago. Descendre de tels parents peut s'avérer un fardeau lourd à porter et susciter quelques états d'âme. On les voit évoluer lors de scènes qui se déroulent sur plusieurs années, à Poudlard. Et quand un retourneur de temps fait son apparition, la tentation est grande, pour diverses raisons... de se laisser entraîner, sans (au début) se soucier des conséquences. Heureusement que papas et mamans viennent à la rescousse. Je ne vous révèlerai pas qui est l'enfant maudit. Et l'ordre finira par être rétabli. Personnellement, j'ai bien apprécié cette (courte) lecture. L'action basée sur des dialogues est bien évidemment rapide. J'avais relu la saga pendant le confinement (et revu aussi les 8 films). Aujourd'hui, il n'est peut-être pas définitivement exclu que les acteurs des films s'impliquent dans un "9e film" tiré de cette pièce?
Comme le livre est paru en 2016, on trouve beaucoup d'articles de blogs le concernant. Mais nombre de ceux-ci ont cessé leurs activités dans les années suivantes. Ceux que je cite dans la liste ci-après sont encore en activité (sauf exception), mais cette liste ne prétend pas être exhaustive, bien entendu. Certains sont enthousiastes, d'autres un peu déçus... Il doit donc appartenir à chacun de lire et de voir livre et pièce, mais aussi ce qu'en disent Anaïs (serial lectrice), Bérengère, DocBird, Florell (commentaires fermés sur les billets les plus anciens, grmblll...), La pétillante (blog arrêté en 2021), Mon évasion de toujours, Solaine, Son altesse, Stemilou, Thierry L, Tonksounette (voir la pièce, sinon rien!), Troianblog, Voybam.
Ah, et à défaut de la version anglaise au Palace Theâtre à Londres, j'ai déniché une version française (jouée dans un collège ou un lycée, peut-être? Certains ont l'âge des rôles!)...
Ca me donnerait presque envie de me pencher sur les "fanfictions" dont j'ai découvert l'existence en cherchant les liens. Je m'offrirai peut-être les quatre volumes de 7 3/4 d'Alixe en juin... après le bac?
Billet de (très) mauvaise humeur
Je ne décolère pas depuis les annonces du gouvernement hier soir (jeudi 10 décembre 2020). La culture en prend un coup: pas de cinéma, pas de théâtre, pas d'expos, pas de musées, pas de bibliothèque (?)... Qu'est-ce qu'il nous reste? Nos yeux pour lire (heureusement que le livre existe). Je ne comprends pas que l'on accepte que certains grands magasins soient ouverts en cette période des Fêtes dans lesquels il y a beaucoup de monde, et que l'on considère que les lieux de spectacles soient considérés comme dangereux. Moi qui suis allé deux fois au théâtre et plus de 40 fois au cinéma entre fin juin et fin octobre 2020, je peux témoigner que la distanciation physique y était respectée, et les gens gardaient leur masque pendant toute la durée du spectacle ou pendant la projection. J'adorais aller au cinéma pendant les fêtes de fin d'année. C'était un bon remède pour ceux qui ont tendance à déprimer pendant cette période (et il y en a). S'il faut aller manifester pour que les spectacles revivent, je suis partante. Après les grèves des transports à la fin de l'année dernière et la Covid cette année 2020... Vivement que cette période de "m...de" se termine.
L'opposition, Mitterrand vs Rocard - Georges Naudy
A l'heure où le débat politique et tout ce qui s'y rapporte ne volent pas bien haut (enfin, c'est mon opinion), je voulais vous inciter à aller voir une pièce de théâtre et un documentaire (1) qui se donnent en ce moment.
Le jour de la Saint-Valentin, mon ami Ta d loi du ciné m'a proposé d'aller au théâtre de l'Atelier à Paris pour voir L'opposition, Mitterrand vs Rocard qui se donne depuis le 24 janvier.Nous sommes à la fin de 1980, une nouvelle élection présidentielle se profile. Mitterrand est assis à son bureau, il lit La mort de Socrate de Lamartine, le téléphone sonne. On lui annonce que Michel Rocard vient le voir. "Ah oui, il se fait beaucoup remarquer mais il n'a rien de remarquable". Et voilà, le ton est donné. Pendant 1H25, on assiste à l'affrontement à fleuret moucheté entre François Mitterrand, premier secrétaire du Parti Socialiste, et Michel Rocard, inspecteur des finances aux idées plus à gauche que celles de Mitterrand. Qui sera le candidat socialiste à l'élection? Mitterrand se montre souvent cruel, il a la répartie brillante. Quand il est attaqué sur ses relations troubles pendant la deuxième guerre, il riposte avec brio. Lorsque Rocard repart à la fin, on sait qui a gagné la partie. Le texte de la pièce est composé de répliques authentiques des deux hommes. Rien que pour Philippe Magnan qui interprète Mitterrand, la pièce se laisse voir. Mais à la réflexion, je me demande, si Mitterrand et d'autres hommes politiques de l'époque étaient encore parmi nous, comment ils auraient composé avec les réseaux sociaux et Internet.
(1) Note de Ta d loi du cine ("squatter" et secrétaire de rédaction chez dasola): absente de Paris, dasola m'a laissé les clés du blog. J'ai constaté qu'elle avait programmé dans un même billet une chronique théâtrale et une cinématographique. Hé bien non, il faudra attendre demain pour lire son billet "cinéma"...
Le canard à l'orange - William Douglas Home
Depuis presque une semaine, à cause des grèves des transports (et du très mauvais temps) à Paris, et pas mal de travail en fin d'année, je n'ai plus été au cinéma alors que plusieurs films pourraient me plaire. Et j'avoue que j'ai du mal à lire car quand je rentre du boulot, j'ai du mal à me plonger dans une lecture.
Quoi qu'il en soit, si vous passez par Paris avant le 1er janvier 2020, courez voir une "vieille" pièce de boulevard épatante: Le canard à l'orange de William Douglas Home (écrite en 1967), mise en scène par Nicolas Briançon, qui interprète le personnage principal. C'est de l'excellent théâtre à la mécanique bien huilée. Il y a très longtemps que je n'avais pas passé un aussi bon moment au théâtre et j'ai ri de bon coeur.
Un soir, après une partie d'échecs, Hugh Preston, animateur à la BBC, fait comprendre à sa femme, Liz, qu'il sait qu'elle a un amant. Prise au dépourvu, elle avoue qu'elle a une liaison avec John Brownlow, un agent de change avec qui elle doit partir en week-end en Italie. Le divorce est évoqué et, bon prince, Hugh accepte de prendre les torts à sa charge et d'être pris en flagrant délit d'adultère avec sa secrétaire, Patricia. Dans la foulée, il demande à Liz d'inviter John le week-end pour régler le divorce. Le mari, la femme, l'amant et la secrétaire sont réunis. Vous pouvez deviner la suite. Il faut saluer tous les acteurs avec une mention spéciale à François Vincentelli qui interprète le rôle de John. Sa manière de faire bouger ses sourcils est irrésistible. En 2019, il a été récompensé d'un Molière du comédien dans un second rôle bien mérité.
Vive les comédiens! - Cabu (le livre)
Je [ta d loi du cine, "squatter" chez dasola] me suis dépêché pour compléter mon hommage à Cabu du mois dernier (dans ma série en mémoire des tués de Charlie hebdo)...
Quelques semaines après notre sortie à la Comédie Française, dasola m'a offert le livre-catalogue de l'exposition Cabu (Vive les comédiens!), qui n'était pas encore paru lorsque nous étions allé voir à la librairie du théâtre.
L'ouvrage contient quelques textes sur les rapports qu'a entretenu Cabu avec le théâtre toute sa vie, mais rappelle aussi les figures et événements marquants des dernières décennies. Cerise sur le gâteau pour un gestionnaire de bases de données: j'y ai trouvé une liste "complète" des affiches théâtrales illustéres par Cabu (qui fleure le catalogue de la collection particulière d'un passionné). Mais j'en ai maintenant la certitude: nous n'avions pas vu tous les dessins exposés! En voici quelques-uns pour compléter les photos précédentes.
p. 93, un dessin datant de 1957 et des débuts de Cabu dans la presse nationale (Ici Paris). A l'époque, on ne parlait pas encore en France de "kawaii" (dessin "mignon", dans les manga)...
Dans les années 60, faute de photocopieuse, Cabu découpait des têtes particulièrement réussies pour les réutiliser dans d'autres compositions comme des "rustines" [terme que m'avait enseigné le 1er dessinateur que j'aie jamais interviewé, il y a une trentaine d'années]. Voici, entre autres exemples, Jean Piat,
Cabu pouvait semble-t-il avoir ses "têtes". Ici, Robert Lamoureux, bien reconnaissable dans trois dessins différents (pp. 59, 69, 61).
Le livre propose à plusieurs reprises d'intéressants parallèles entre les illustrations réalisées pour la critique théâtrale du Figaro pour telle ou telle pièce et la chronique / critique complète (dessin + texte) dans Hara-Kiri (pour le même spectacle) [personnellement, je n'ai jamais lu Hara-Kiri - j'étais trop jeune]. Ici, cela concerne une pièce nommée Les poissons rouges, ... (p.66).
Le choix de dessins de l'exposition et du livre ne montre pas grand-chose sur la religion (tandis que la critique sociale est largement présente - j'ai bien aimé le dessin sur le Festival d'Avignon p.99).
Imagine-t-on les Anglais lançant l'anathème pour crime de lèse-auteur national? (p.100)
Ci-après un document intéressant, un "Grand Duduche" inédit (?), ou en tout cas refusé, à l'époque, pour Pilote, par Goscinny (pourquoi?). p. 135.
Pas facile, la vie d'artiste / d'acteur? (p.140) [il m'a fallu regarder attentivement le croquis avant d'en savourer le sens].
Et pour finir, j'ai bien aimé ce dessin "de jeunesse" (13 ans?! Inédit?), p.130.
Le blog Marque pages en parle aussi.
Pour ma part, mon prochain article à venir pour juillet portera peut-être encore sur Cabu... avant de repasser les mois suivants sur d'autres auteurs assassinés aussi le 7 janvier 2015 - que je n'oublie pas non plus.
*** Je suis Charlie ***
Un mois à la campagne - Ivan Tourgueniev - Mise en scène d'Alain Françon
Une fois n'est pas coutume, je fait un billet "théâtre". Au théâtre Déjazet à Paris, jusqu'au 28 avril 2018, on peut voir la pièce d'Yvan Tourgueniev datée de 1850, Un mois à la campagne. La traduction et l'adaptation sont de Michel Vinaver. Dans une maison à la campagne, pendant un été, sont réunis autour de Natalia Petrovna son mari Arkadi, son fils Kolya, sa belle-mère avec sa dame de compagnie, la pupille de Natalia, Alexei le précepteur de Kolya ainsi que Takitine, un ami de la famille. Se joignent à eux un médecin et un propriétaire terrien voisin. Natalia s'ennuie malgré les attentions de Takitine qui l'aime sans lui dire. Elle se rend compte qu'elle est en train de tomber amoureuse d'Alexei, le jeune précepteur de son fils. Par ailleurs, la pupille de Natalie n'est pas non plus insensible à Alexei. La pièce dure deux heures sans entracte. J'y suis allée pour le metteur en scène Alain Françon et pour les acteurs: j'étais contente de revoir Anouk Grinberg et j'apprécie Micha Lescot et Catherine Ferran. Et en fin de compte, j'ai été sensible au jeu d'India Hair qui joue Vera, la pupille de Natalia. Elle est très à l'aise sur scène. Je l'avais découverte dans Crash Test Aglaé où elle était irrésistible. Le décor est lumineux, ce qui va bien avec la sobriété du spectacle. Le petit bémol que j'émettrai, c'est l'acteur Nicolas Avinée qui joue Alexei. Il fait "paysan mal dégrossi". J'ai eu un peu de mal à croire qu'il soit l'objet d'une passion amoureuse. Néanmoins, j'ai passé une agréable soirée.
Des garçons bien élevés - Tony Parsons / Fleur de cactus - Barillet et Grédy
Après Keisha et Dominique, je vais à mon tour dire du bien des Garçons bien élevés de Tony Parsons (Editions de La Martinière, 430 pages), un polar plutôt bien mené mais qui ne m'a pas paru révolutionnaire et qui m'a semblé avoir un air de "déjà lu" (pas d'exemple précis, mais impression générale). Max Wolfe, qui vient d'être nommé à la brigade des homicides à Londres, se retrouve à enquêter sur un homicide puis sur un deuxième. La première était un banquier, le deuxième était un SDF. Les points communs entre les deux victimes? Ils ont été égorgés, et vingt ans auparavant ils étaient dans la même classe d'un collège anglais assez chic, Potter's Field "dernière demeure des chiens royaux" (ceux d'Henry VIII). Grâce au prologue, dès le début du roman, on comprend les liens qui unissent les victimes, le forfait qu'ils ont commis. En revanche, on veut savoir qui est leur meurtrier, et pourquoi il a attendu si longtemps pour se venger. Max Wolfe qui est le narrateur de l'histoire vit avec sa fille Scout et Stan, un chien King Charles qu'il vient de lui offrir. Le roman étant écrit au présent de narration, le roman se lit vite.
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Ceci n'ayant rien à voir avec cela, je voulais recommander une pièce de théâtre qui triomphe à Paris, Fleur de cactus de Barillet et Grédy (écrite en 1964) qui se joue au théâtre Antoine. Michel Fau, qui fait la mise en scène et joue le rôle principal, donne la réplique à Catherine Frot. Les autres comédiens sont tous très bien. Je suis allée voir le spectacle mardi dernier, 19 janvier 2015. J'avais acheté les places dès novembre. Je pense que ça se joue à guichet fermé jusqu'au 21 février 2016 (date de la dernière représentation à Paris) avant que la pièce ne parte en tournée en province (enfin j'espère). Le spectacle dure deux heures. Il n'y a pas un temps mort grâce aux décors peints et mobiles. Nous avons passé une très bonne soirée. D'ailleurs, mon ami a acheté le texte de la pièce. Il faut noter tout de même (une fois de plus) que le prix des places n'est pas donné.
Des Fleurs pour Algernon - Daniel Keyes
Ayant lu et entendu des comptes-rendus élogieux sur cette pièce, j'ai été heureuse de pouvoir aller assister à une représentation de la pièce Des fleurs pour Algernon au Théâtre Hébertot à Paris. Le texte est tiré du roman d'anticipation de Daniel Keyes paru en 1959. Les représentations se donnent jusqu'à fin mars 2014. Charles Gordon (extraordinaire Grégory Gadebois) nous raconte son histoire. Au début de la pièce, c'est un homme qui a du mal à s'exprimer. Arriéré mental, il explique qu'il a accepté de subir une opération du cerveau qui le rendra intelligent. L'opération est un succès tant sur lui que sur une souris de laboratoire appelée Algernon. Au fur et à mesure, la parole devient claire et assurée. Charles s'exprime comme un vrai savant jusqu'à la régression qui commence. Pendant 1H30, on voit un acteur, Grégory Gadebois, face au public dans un décor minimaliste, seul en scène, et qui captive son auditoire avec sa voix. Si vous passez par Paris, allez voir cette pièce, vous ne le regretterez pas.
Beaucoup de bruit pour rien - Joss Whedon / Les fausses confidences (mise en scène de Luc Bondy)
Quoi de neuf comme actualité théâtrale?
D'un côté, Shakespeare est adapté et joué en robe longue et complet veston; et de l'autre, Marivaux est transposé dans les années 60 dans une mise en scène réussie de Luc Bondy au théâtre de l'Odéon.
Je commencerai donc par William Shakespeare (1564-1616) et sa pièce Beaucoup de bruit pour rien (Much ado about nothing en VO, pièce datant de l'an 1600). Le réalisateur Joss Whedon qui a aussi écrit l'adaptation de la pièce pour le cinéma a choisi de filmer dans un très beau noir et blanc et surtout de déplacer l'histoire dans le temps et l'espace. La pièce d'origine se passait à Messine en Sicile, le film se déroule de nos jours, dans une très belle villa avec piscine certainement aux Etats-Unis. Les personnages sont de haute lignée. Beatrice et Benedict se chamaillent et échangent des propos à fleuret moucheté pendant toute la pièce. A la fin, ils termineront dans les bras l'un de l'autre en même temps qu'un autre couple formé par Hero et Claudio. J'arrête là mon résumé, en ayant omis quelques péripéties dont l'intervention de Dogberry, un officier municipal stupide interprété par Richard Castle (pardon, l'acteur qui joue Richard Castle: Nathan Fillion). Je ne parlerai pas des autres comédiens que je ne connais pas du tout. J'avoue que je n'ai pas été totalement convaincue par le parti pris du réalisateur. J'ai trouvé certains dialogues assez incongrus dans ce contexte moderne. En un mot: surprenant mais je ne regrette rien. La bande-annonce est vraiment bien. En revanche, j'ai préféré la version plus classique réalisé par Kenneth Branagh en 1993 avec Emma Thompson. Mais lire le billet nettement plus positif de Chris.
Je passe maintenant à mon mini compte-rendu sur ma soirée théâtrale du mardi 4 février 2014. J'ai assisté à la pièce Les Fausses confidences de Marivaux (1688-1763), l'une de ses pièces les plus célèbres (elle a été écrite en 1737). La pièce fait salle comble tous les soirs. Il faut dire qu'Isabelle Huppert joue le rôle d'Araminte face à Louis Garrel dans le rôle de Dorante. Tous les autres acteurs sont excellents, en particulier Bulle Ogier dans le rôle de Madame Argante, et mention spéciale (pour ma part) à Jean-Damien Barbin qui interprète Arlequin. Avant que la représentation ne commence, on voit Isabelle Huppert s'exercer au Taï-chi au fond la scène. Puis Dorante et son valet Dubois entrent en scène et la pièce commence. Les sentiments gouvernés par l'argent sont un des thèmes centraux de cette pièce. Araminte est une jeune bourgeoise veuve et riche aimée par Dorante, un jeune homme désargenté qui est prêt à tout pour la conquérir (elle ne le connait même pas). Mme Argante, la mère d'Araminte voudrait que sa fille se remarie avec un Comte. Deux heures dix plus tard, Dorante a conquis Araminte mais leur avenir n'est pas tracé. La mise en scène de Luc Bondy est très aérée comme le décor mobile où le blanc domine. Isabelle Huppert, dans sa robe longue et ses talons hauts, n'écrase pas ses partenaires. Marivaux écrivait dans une très belle langue française où l'imparfait du subjonctif était toujours employé à bon escient. On entend très bien le texte. Le spectacle se donne au théâtre de l'Odéon (que j'aime beaucoup) jusqu'au 23 mars 2014, et après il part en tournée en France (à Lyon et Rennes) et en Europe. Essayez d'y aller si vous trouvez des places.
Patrice Chéreau est mort
Il y a un moment que je voulais évoquer Patrice Chéreau et je n'aurais pas cru que cela se ferait dans de telles circonstances. J'avoue que plus de 24 heures après (l'annonce de son décès date de lundi 7 octobre 2013), je suis encore bouleversée de cette nouvelle car pour ce qui me concerne cet homme m'a fait apprécier le théâtre et l'opéra. Je l'admirais depuis 30 ans, quand avait commencé l'aventure du théâtre des Amandiers à Nanterre où j'ai vu toutes ses mises en scène: Combat de nègre et de chiens de B. M. Koltès, Les Paravents de Jean Genet (avec Maria Casarès), Quartett d'Heiner Müller, La Fausse suivante de Marivaux (un de ses écrivains classiques de prédilection), Dans la solitude des champs de coton, Quai Ouest, Retour au désert (avec Jacqueline Maillan), l'opéra seria Lucio Silla de Mozart, et bien sûr Hamlet de Shakespeare en 1988. J'avais été désolée d'avoir manqué Peer Gynt d'Ibsen en 1981. C'est lui qui a fait connaître Bernard-Marie Koltès au grand public (Dans la solitude..., Quai... et Retour... citées plus haut sont aussi trois pièces écrites par B.-M. Koltès). Pendant les années "Chéreau", Nanterre a été un lieu incontournable où Luc Bondy par exemple a mis en scène Terre Etrangère de Schnitzler: une merveille absolue. Après Nanterre, j'ai continué à suivre Patrice Chéreau et ses spectacles dont Le temps et la chambre de Botho Strauss à l'Odéon, Phèdre de Racine et La Douleur de Marguerite Duras avec Dominique Blanc en tête d'affiche. Je n'oublie pas ses mises en scène d'opéra: j'en ai vu quelques-unes. Outre Lucio Silla de Mozart, j'ai eu la chance de voir Don Giovanni de Mozart à Salzbourg en 1994, Cosi fan Tutte de Mozart et La maison des morts de Janacek à Aix en Provence. J'avoue avoir eu plus de mal avec son cinéma. Par ailleurs, Patrice Chéreau était un immense directeur d'acteurs et acteur lui-même. C'était chaque fois un grand plaisir d'assister à un de ses spectacles (j'en ai vu certains à des moments difficiles dans ma vie et je me sentais mieux quand je sortais de la représentation). Je ne sais pas trop quoi écrire de plus car ma peine est immense. Ce 7 octobre 2013 restera une journée funeste dans mon souvenir. C'est un grand pan de ma vie de spectatrice de théâtre et d'opéra qui s'estompe. Voici une émission de France Culture du 25 mars dernier où on peut l'entendre dire des textes et parler de choses et d'autres. Sinon, j'avais déjà réservé pour Comme il vous plaira de Shakespeare dont il aurait assuré la mise en scène au printemps prochain aux Ateliers Berthier qui dépendent du théâtre de l'Odéon à Paris. Le spectacle n'aura pas lieu...
Portrait de Patrice Chéreau sur un des murs du Ministère de la Culture (nov. 2013)