Un chemin de tables - Maylis de Kerangal
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Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) participe avec ma chronique du jour au challenge "Monde ouvrier & mondes du travail" proposé par Ingannmic. C'est dasola qui m'a procuré mon dix-huitième livre de la collection "Raconter la vie" que j'avais présentée naguère. Il s'agit d'un texte de Maylis de Karangal, auteure connue pour ses romans, mais dont je n'avais encore jamais lu aucune oeuvre.
Maylis de Kerangal, Un chemin de tables, Seuil (Coll. Raconter la vie), 2016, 102 p.
Dans ce livre, la romancière nous croque le parcours d'un certain Mauro, dont le lecteur ne saura jamais, faute de patronyme associé à ce prénom, s'il s'agit d'une personne réelle ou d'un personnage de fiction. L'auteure nous fait découvrir Mauro, jeune étudiant fraîchement diplômé (il possède un Master de sciences économiques) dans un train en route vers Berlin en 2005. On sait qu'il a fait un séjour Erasmus à Lisbonne durant ses années d'études et y a croisé une demoiselle Mia. Après une année de Master, il a séjourné chez une cousine par alliance à lui qui l'a initié aux produits bio et à leur cuisine. Retour en arrière: enfance, traditions familiales du bien-manger, début du plaisir à réaliser des gâteaux (grâce aux livres de recettes) dès l'âge de 10 ans, puis rôle de préposé à cuisiner pour sa bande de copains de collège puis de lycée... En 2004, c'est un un job d'été dans un restaurant - par relation - qui l'initie à la cuisine professionnelle. Mais en 2006, stagiaire atypique (pour un stage non rémunéré!), Mauro se montre moins enclin que les jeunes "alternants" en études professionnelles qu'il côtoie en cuisine à supporter d'éventuelles brimades, quand la "brigade" doit exécuter sans la moindre erreur les plats demandés, en répliquant "oui chef!" comme chez les Marine (Yes Sir! - ça fait songer à la scène de la cuisine des Tontons Flingueurs) sous peine de se prendre le plat rejeté en travers de la figure... Il tient seulement trois semaines. Immédiatement embauché en CDI dans un autre restaurant, il y découvre une bonne ambiance mais des horaires dingues pour un SMIC qui ne l'est pas (parfois 70 à 80 heures réellement travaillées par semaine, de 07 h du matin à pas d'heure le soir, dans la restauration?). Un autre restaurant encore, et c'est l'inscription au CAP (certificat d'aptitude professionnelle) "Cuisine", en candidat libre [bon, ici, je me dis que l'épreuve pratique a l'air infiniment plus difficile que les écrits ou oraux qu'il m'a juste fallu passer pour obtenir mes quatre Bac Pro...]. L'année 2008 voit Mauro se lancer dans son propre restaurant. Au bout de quatre ans, il s'aperçoit qu'il travaille comme un damné et que toute sa vie est désormais happée par son activité, alors même que gagner beaucoup l'argent n'est pas sa préoccupation première. Il part visiter les "cuisines du monde" (Bangkok, la Birmanie...), avant de revenir en France vagabonder dans d'autres métiers de la restauration. A la fin du livre, il annonce à la narratrice vouloir de nouveau ouvrir un restaurant... Car tout au long du livre, la narratrice croise régulièrement Mauro, dont l'âge le rend à peu près contemporain des propres enfants de l'autrice?
Le livre a été réédité en Folio en 2019, après l'arrêt de la collection "Raconter la vie". Je ne suis pas persuadé que cela ait pu être le cas de la totalité des titres de la collection (mais cela l'avait été pour Regarde les lumières mon amour écrit par Annie Ernaux).
Quelques blogs ayant chroniqué ce livre (dans l'une ou l'autre de ses éditions - liste non exhaustive): Philisine Cave, Gilles Pudlowski, Maggie, l'ancien blog d'Une comète, CeciBon, les blogs Gout de food, Onarretetout aussi, Guy (plutôt déçu), Au bout de mes souliers (dernier billet en 2019), A propos de livres, Géraldine, Piplo.
Edit pour répondre à celles qui se demandent si j'ai aimé ce livre: j'ai été intéressé par l'aspect sociologique qui nous est exposé, mais je ne raisonnerai pas en terme de "j'ai aimé" ou "je n'ai pas aimé". Le style (ou l'absence de style?) n'est pas un paramètre que je sais prendre en compte (j'étais nul en "commentaire composé"!).