Monsieur Parent - Guy de Maupassant
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Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais pouvoir incrémenter une participation de plus au challenge "2024 sera classique aussi!" de Nathalie, grâce à Guy de Maupassant.
Guy de Maupassant, Monsieur Parent (et autres nouvelles)
Le livre de Poche (N°4210), 4e trim. 1975, 186 p.
Ce recueil de nouvelles de Maupassant ne figure certes pas parmi les plus connus, la preuve: je ne le connaissais pas... Il est passé entre les mailles du filet que j'avais chargé une de mes tantes de me "remplir", lorsque j'étais ado: je possède depuis plus de 40 ans pour certains une grosse quinzaine de Maupassant en "Poche" (Le livre de Poche pour la plupart, et quelques autres). Je me le suis offert dans une "bouquinerie-salon de thé" (1) récemment ouverte dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
A la mode des livres de poche de cette époque, il ne contient, à part le "texte intégral" des nouvelles annoncé en couverture, qu'une page mi-biographie (12 lignes!) mi-"résumé" (deux lignes par nouvelle!) de son contenu. Pour ma part, j'ai trouvé que la majorité des neuf nouvelles regroupées dans ce volume avaient en commun le thème de la famille (parentalité - forcément!, filiation - ou son absence, fraternité - ou sororité...). Après, évidemment, il ne s'agit certes pas des plus célèbres parmi les centaines de nouvelles écrites par Maupassant. Je vais dire quelques mots de chacune, en espérant, comme toujours, donner envie...
* Monsieur Parent nous montre en une soixantaine de pages un "brave homme" bafoué et trompé dès l'origine (le mariage) par sa femme et son meilleur ami. Son univers s'écroule lorsque sa vieille servante lui ouvre les yeux, et la moitié de sa rente de 20 000 francs va finir en pension alimentaire (même si le divorce n'était guère pratiqué à l'époque). Il s'agit d'une étude sociologique dans laquelle je lis peut-être davantage que ce que Maupassant avait voulu y mettre: ce "petit-bourgeois" oisif est un "inutile", qui n'a jamais travaillé, n'est pas un intellectuel, n'a pas grand-chose pour lui à part sa candeur. Une fois seul, il va passer le reste de sa vie dans un troquet, où il arrive le matin pour un bock de bière, déjeune (puis café, puis cognac en pousse-café), puis sieste, et re-bocks, jusqu'à la fermeture. De nos jours, il resterait vautré devant une télé... Sa "vengeance" finale pourrira à coup sûr la vie du bambin qu'il adorait des années plus tôt.
* Par un soir de printemps évoque un cousin et une cousine issus de germains (leurs mères sont soeurs) qui se laissent nonchalamment marier (solution de facilité!). Une tante (la troisième soeur), elle, est restée vieille fille... Cela tient en 10 pages.
* Un lâche: dans d'autres nouvelles (d'autres recueils), on a connu tels ou tels gros bourgeois qui se tiennent mieux devant l'éventualité d'un duel au pistolet que le vicomte Gontran-Joseph de Signoles. Il serait intéressant de savoir s'il arrivait à Maupassant d'écrire des nouvelles "à clé"... mais je suppose que l'Université se penche sur la question depuis bien longtemps déjà!
* La chevelure est une nouvelle d'une douzaine de pages dans le genre morbide.
* Le champs d'oliviers est, je crois, la nouvelle que j'ai préférée (40 pages). Un curé, ancien homme du monde et bienfaiteur de la cure obscure dans laquelle il s'est retiré, voit arriver un rappel de son passé...
* Mademoiselle cocotte est un conte animalier de huit pages, tout aussi amer que Coco ou Pierrot (deux autres nouvelles d'autres recueils). Ici, il s'agit d'une chienne... à caractère spécial.
* Le loup est une aventure de chasse... narrée par l'arrière-petit-fils de l'un des protagonistes, qui explique en une douzaine de pages pourquoi, dans sa famille, on ne chasse plus, depuis plusieurs générations.
* Malades et médecins est marqué "inédit" et daté du 11 mai 1884. Mais c'est ambigu: la nouvelle a-t-elle juste été éditée directement en volume sans être publiée dans la presse, ou bien était-elle inédite jusqu'à sa publication chez Albin Michel en 1957, avant l'édition en livre de poche? Bref, la nouvelle "démonte" de manière fort ironique la mode des "villes d'eau" et les espérances que peut nourrir un curiste, encore en une douzaine de pages.
* En wagon permet aussi de "voir le loup"... tout en en privant des collégiens (12 p.!). En terme d'aventures en "chemin de fer", j'inscrirais un peu cette nouvelle dans la même veine que la nouvelle Idylle, bien connue.
Décidément, Maupassant avait bien de l'imagination... Encore une fois, je me demande d'où lui venait son inspiration, je suppose qu'il faudra que je cherche une biographie pour l'apprendre...
Je n'ai pas trouvé de blog parlant de Monsieur Parent et autres nouvelles, que ce soit dans mon édition ou dans une autre. Je suis passé en vain par "moteur de recherche", ce qui m'a au moins permis de découvrir que la première édition sous ce titre, du vivant de Maupassant (fin 1885), comportait non pas 9, mais 17 nouvelles, parues pour la plupart dans l'année dans des journaux. J'ai regardé dans les près de 70 blogs littéraires en activité et figurant dans la "blogroll" (colonne de droite) à ce jour: on y trouve des billets essentiellement sur les romans (Une vie doit être le plus représenté), ou sur quelques nouvelles isolées (La parure)... J'ai même trouvé trace d'une activité "lecture de Maupassant" fédérée par l'ancien blog d'Une comète en 2019-2020.
(1) Lien rajouté après le commentaire de Parisianne (merci!).