Aélita - Alexéi Tolstoï
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) remercie Purplevelvet pour m'avoir amené à découvrir un roman épique dont la majeure partie se déroule sur une autre planète, un roman de "science-fiction" écrit par un Russe il y a plus d'un siècle: Aélita, d'Alexéi Tolstoï (cousin de l'autre, le plus connu, Léon Tolstoi).
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Alexéi Tolstoï, Aélita, 1ère éd. (en russe) 1923, trad. Véra Gopner pour cette édition,
2009, éd. L'âge d'homme, 224 p., 12 euros
[d'autres éditions et traductions en français ont suivi ou précédé celle-ci].
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Il s'agit d'un livre qui me permet de participer à (au moins) trois challenges: mon propre "challenge marsien", mais aussi le "12e challenge de l'imaginaire" repris par Tornade,
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et bien entendu le challenge "2024 sera classique aussi" de Nathalie.
En cherchant à me procurer ce livre, j'ai eu l'occasion de me rendre dans une des bibliothèques municipales parisiennes, où je me suis souvenu que, la seule fois où je m'étais rendu dans celle-là (Paris en compte près d'une cinquantaine...), ce n'avait pas été pour lire ou emprunter un livre, mais pour assister à une "projection-débat" dans leur bel auditorium. Bref, il m'a tout de même fallu davantage de temps pour lire ce livre que le trajet aller et retour généré par mon emprunt (ouf!).
Cette lecture m'a rappelé les romans du début du XXe siècle dont je me délectais lorsque j'étais gamin, en les lisant dans de vieilles éditions en Poche: Les premiers hommes dans la lune (H. G. Wells, 1901), les aventures de John Carter sur Mars (Edgar Rice Burroughs, 5 romans de la série déjà parus entre 1912 et 1922), L'Atlantide de Pierre Benoit, 1919).
Comme le dit une des premières pages, "on était le 17 août 192..." quand le récit commence. Un savant neurasthénique (Mtislav Serguéévitch Loss), inventeur d'un engin intersidéral, et l'acolyte qu'il a recruté par petite annonce (Alexei Ivanovitch Goussov), arrivent sur Mars quelques "jours" (?) plus tard (p.44). L'atmosphère est respirable (comme sur la lune de Wells...), mais le paysage désolé (beaucoup de descriptions)... jusqu'à leur rencontre avec un aviateur indigène, qui leur envoie un "comité d'accueil" (armé).
Au bout de quelque temps (et après encore beaucoup de "descriptions"), il apparaît qu'ils ont "amarsi" sur cette planète "jumelle" de notre terre dans une période agitée, et leur venue s'avère sans doute, même si ce n'est pas explicité, le "levain dans la pâte" nécessaire et suffisant pour déclencher une agitation révolutionnaire. Car sur Mars, les "masses" sont maintenues sous la coupe d'une oligarchie grâce à un "opium du peuple" (mais au sens propre) qui leur permet de rêver pour supporter le présent, avec une "loterie nationale" comme unique espoir pour l'avenir (p.112).
Aélita (l'héroïne éponyme) occupe sur Mars un peu la même position que la grande-prêtresse La dans l'antique Opar que découvre en Afrique Tarzan (Le retour de Tarzan, Edgar Rice Burroughs, 1913). Si elle fascine le savant au coeur brisé (qui n'est guère un homme d'action), Goussov, lui, soudard sans beaucoup d'état d'âme, "révolutionnaire professionnel" et meneur d'hommes efficace qui s'ennuyait sur terre après la fin de la Révolution russe, va se jeter corps et âme dans l'agitation insurrectionnelle. Comme dans John Carter, les Terriens voient leur force multipliée, lors des affrontements physiques face aux Martiens, par la faible gravité martienne... mais cela suffira-t-il? Les nombreuses batailles insurrectionnelles inégales m'ont encore fait songer à Pierre Benoit: Pour don Carlos (1920), La chaussée des géants (1922)... Scènes bien évidemment sublimées par leur localisation sur une autre planète. Le livre se termine abruptement (là où Burroughs prenait toujours bien soin de laisser la possibilité à "un livre de plus" dans les nombreux "cycles" qu'il avait ouverts: Tarzan, Mars, Pellucidar...). Pour ma part, j'ai vraiment bien apprécié la lecture de ce roman, qui m'a rappelé les émerveillements de ma jeunesse (au premier degré et sans prise de tête!).
Concernant Alexéi Tolstoï (tiens, le même prénom que l'un de ses héros?), j'aurais bien aimé en apprendre davantage sur cet auteur (notamment sur son séjour "à l'Ouest", comme on ne disait pas encore, et bien évidemment sur ses lectures avant de rédiger Aélita...) que ce que l'on trouve sur wikipedia en français. Mais je ne vais pas effectuer de recherches sur l'internet en russe: ce n'est plus dans l'air du temps, la parenthèse ouverte par la chute du mur est en train de se refermer... Cela m'a rappelé cette saison du Bureau des légendes, où, sauf erreur de ma part, un contre-espion russe échange avec un collègue: "- Mais la guerre froide est finie? - Mon cul, elle est finie!"...: les Russes ne sont plus nos amis, et cela durera sans doute quelques années voire décennies encore, avant qu'on puisse s'intéresser sans suspicion à leur littérature, leur cinéma...
Plusieurs blogueurs encore ont pu avoir une "lecture" plus affinée que la mienne. Lekarr76 (blog SFetmoi) avait chroniqué une autre édition il y a quelques années. Erwelyn avait parlé ici de l'une des adaptations audiovisuelles (celle de 1980, à la télévision hongroise). Une page sur le site Gotomars donne un long extrait à lire et quelques éléments de comparaison sur les deux traductions en français disponibles (datant toutes deux des années 1950?). Mais je ne sais pas si j'aurai jamais l'occasion de comparer moi-même, beaucoup de nouvelles lectures m'attendent déjà...