The Voices of a Distant Star - Sahara Mizu & Shinkai Makoto
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Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) publie aujourd'hui une contribution au "challenge marsien (autour de la planète Mars) - 2e édition" basée sur un manga que m'avait signalé PurpleVelvet. Ce "one shot" (manga en un seul tome, au contraire d'une série en deux ou plusieurs volumes) peut aussi participer au 12e challenge de l'imaginaire repris par Tornade.
The Voices of a Distant Star, dessin Sahara Mizu, oeuvre originale Shinkai Makoto (229 pages)
Le manga est sorti en volume au Japon en 2006 (après prépublication en magazine en 2004) d'après la version originale de l'oeuvre, qui était un dessin animé (moyen-métrage) réalisé par Sihinkai Makoto en 2002 (sept mois de travail pour 25 minutes de film) et décliné la même année en "light novel". L'édition française du manga est parue seulement en 2021. La dessinatrice (qui entretient le mystère sur sa ve privée) présente la particularité d'adopter un pseudonyme différent par type de manga qu'elle dessine: Sahara Mizu est celui dédié au genre "seinen". Et maintenant, quel rapport avec Mars, êtes-vous sûrement en train de vous demander...
Un petit flash-back initial nous ramène au bout de quelques pages sur terre en 2046. Les collégiens y apprennent en cours que la première mission spatiale envoyée pour coloniser Mars, en 2039, a permis de découvrir les preuves d'une vie extraterrestre: les ruines de Tharsis (et leur technologie hors du commun...). Mais l'essentiel n'est pas là. Le manga suit, alors que les années passent, les messages (mails) échangés entre Noboru, le garçon, resté sur terre, et la fille, Mikako, qui a été mobilisée (à la suite de tests passés encore enfant) parmi l'élite terrienne. Après un entraînement sur Mars, puis sur la base d'Europe (l'une des lunes de Jupiter), elle appareille comme pilote dans la flottille des Nations-Unies chargée, à bord du vaisseau spatial Lisythea, d'aller combattre les extraterrestres au loin...
Ce manga très mélancolique interroge surtout sur la possibilité (ou non) de maintenir une relation à distance (intersidérale?), quand l'attente des échanges, le temps entre l'envoi et la réception d'un message, ne font que s'allonger, se comptent en jours, puis en mois, puis en années... Il y est question de "distorsion" quand telle ou telle autre guerre extraterrestre a été l'occasion de découvrir les "sauts collapsar" (1), mais le principe (assurant un ressort dramatique) est plus ou moins le même. Chacun des deux protagonistes grandit de son côté, avec d'autres entourages... et la plupart des anciens condisciples de Mikako l'oublient.
Dans l'engin spatial, les pilotes que l'on voit sont des jeunes filles ou jeunes femmes. C'est amusant de l'avoir lu juste quand une étude récente semblait dire que les femmes récupéraient mieux, physiologiquement, après un séjour dans l'espace, et supporteraient donc mieux l'expédition vers Mars.
Après avoir lu le manga, j'ai pu visionner l'anime en version japonaise sous-titrée en anglais (que je maîtrise infiniment moins bien que le français...). Mais ce que je savais déjà de l'histoire m'a permis de "suivre". J'ai enfin compris que les sortes de robots-goldorak ne sont pas les ennemis tharsiens, mais bien les "bâtiments de combats" du vaisseau terrien. Une deuxième lecture du manga m'a permis de mieux l'apprécier, ainsi que l'espoir de retrouvailles qui peut subsister, entre un garçon de 25 ans (qui a vécu une vie ordinaire de lycéen, puis d'étudiant...) et une fille de 16 ans. Libre à chacun d'imaginer la suite (après la fin du manga).
p.124-125 ci-dessus, p.210-211 ci-dessous...
Indépendamment des péripéties (faut-il combattre les Tharsiens, ou bien chercher à les comprendre? Les "anciens combattants" blessés peuvent-ils se réadapter à la vie civile, ou bien préfèrent-ils rejoindre leurs camarades "au front"?), ce manga doux-amer m'a enfin fait songer à la série de chansons qui forment les aventures de Simon et Gunther dans l'album-concept de Balavoine: encore une histoire de séparation subie...
J'ai trouvé quelques autres avis sur la blogosphère (outre PurpleVelvet déjà citée) datant de la sortie du manga (2021), notamment ceux de Florianne, de L'apprenti Otaku, de Tampopo24, de Ly (Les voyages de Ly) ou de Tanja. Nessalivresque n'avait pas été convaincue et expliquait clairement pourquoi.
(1) Je fais ici référence à La guerre éternelle de Joe Haldeman, dont le thème est un peu le même: la Terre envoie l'élite de sa jeunesse affronter une menace extra-terrestre, alors qu'a été découvert un mode de voyage intersidéral où le "temps relatif" durant les voyages passe moins vite pour ceux qui l'utilisent que pour leurs proches restés sur terre... Et des décennies voire des siècles de décalage s'accumulent au fil des expéditions, cependant que la civilisation et les moeurs terriennes évoluent (homosexualité universelle, clônage...). Cette oeuvre est une parabole écrite en 1974 par un vétéran de la guerre du Vietnam. Je peux aussi noter que j'en ai lu deux versions: celle initialement éditée avait été modifiée par rapport au manuscrit, à la demande de l'éditeur, pour "adoucir" la société terrestre que découvrait le "soldat Mandella" lors de son premier retour. La version d'origine a été publiée, elle, seulement en 1991. La guerre éternelle a aussi été adaptée en bande dessinée (dessins de Marvano).
Cela me fait encore tourner autour d'un sujet auquel je finirai bien par consacrer un article un jour: qu'est-ce qu'une oeuvre? Ce qui a été publié? Ce que l'auteur a rédigé à l'origine? Ce qu'il a corrigé après une première publication? Le manuscrit édité (retouché) après son décès? Et cela concerne l'oeuvre dans sa langue d'origine. Ce qui touche la traduction en langue étrangère, c'est encore une autre histoire.