Running girl, ma course vers les paralympiques - Shigematsu Narumi
Encore un manga (le 3e du mois, et le 6e depuis janvier)! Décidément, cette année 2024 est bien celle de tous les records pour moi (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola). En tout cas, c'est volontairement en ce jour de début des XVIIe Jeux paralympiques d’été à Paris que je publie mon billet sur une mini-série découverte chez DocBird.
Shigematsu Narumi, Running girl, ma course vers les paralympiques (3 tomes), Akata, 2020.
Ce manga où l'héroïne, Rin, gamine amputée d'une jambe et ayant bien du mal à s'habituer à sa prothèse, découvre le sport de haut niveau (course à pied équipée de prothèses de compét'!) m'a un peu laissé sur ma faim ou ma curiosité. J'ai été un peu déçu (frustré), parce que seule une facette des diverses problématiques possibles a ici été explorée en cette courte série de trois tomes (en gros, ce qui l'amène à cette participation aux jeux paralympiques). Un joli thème, mais un goût d'inachevé: pratiquement rien sur sa vie quotidienne, durant toutes ces années, en-dehors du sport? Notre héroïne n'a-t-elle donc absolument rien vécu d'autre?
Je pense qu'il y a incohérence fondamentale entre l'âge de la jeune fille et les besoins du scénario. Sur la première page du 1er tome, elle court. La 3e page énonce "Des années plus tôt...". Et dans le même chapitre, il est dit "Rin vient d'avoir seize ans" (au moment où elle découvre le handisport). Erreur de traduction pour "13 ans"? Elle a, à mon avis, une mentalité de collégienne plutôt que de lycéenne (mais il n'aurait sans doute pas été crédible qu'une fillette trop jeune participe aux Jeux Paralympiques?).
Notons que le Comité international olympique (CIO) ne fixe pas d’âge limite pour participer aux JO, parce que, selon l’article 42 de sa charte, le choix de cet âge minimal revient aux fédérations internationales de chaque sport. Pour ma part, je suis assez vieux pour me rappeler que la Roumaine Nadia Comăneci a remporté trois médailles d'or en gymnastique à l'âge de 14 ans (et 8 mois) aux JO de Montréal en 1976, avant d'être, heu, remarquée par le rejeton des époux Ceaucescu, Nicu (de 10 ans son aîné). Elle était classée "senior" à l'âge de 13 ans (?!). Bref. Aujourd'hui, dans sa discipline, il est obligatoire d'avoir 16 ans dans l'année.
Soyons plus explicite: ce qui m'a dérangé, c'est que les détails "techniques" sur les prothèses elles-mêmes sont sérieusement abordés, ainsi que les enjeux du sponsoring et du financement du "bureau d'études" pour cet outillage de haute technologie, mais c'est au détriment de la "vie personnelle" de la gamine à côté du sport: on ne la voit quasiment pas étudier, fréquenter ses condisciples (ni fricoter avec!). Ses grands yeux écarquillés se remplissent un peu trop souvent de larmes à mon goût. Elle paraît asexuée et immature, alors même qu'elle témoigne d'une grande force de volonté dans la compétition ou à l'entraînement et face aux obstacles techniques. Le "beau gosse", lui, paraît ne rêver qu'à fabriquer des "lames" de carbone permettant aux athlètes handicapés de se mesurer pleinement avec les valides. Un sentiment d'incomplétude donc.
Ci-dessous quelques extraits (trois pages de chacun des trois tomes [non paginés!], sur fonds rouge, jaune et bleu...) où l'on voit Rin confrontée successivement à diverses situations: la découverte du handisport, la course dans un club d'athlétisme dans son établissement scolaire, les nécessité de l'entraînèrent et de "l'apprivoisement" de sa prothèse, la compétition de haut niveau, la collaboration avec différents équipiers, les exigences sportives de son équipementier, la pression des financiers (qui préfèreraient qu'il consacre son génie à des prothèses médicales et non sportives) sur celui-ci...
Ce "josei manga" a d'abord été publié en épisode en 2018-2019 dans un journal à lectorat féminin au Japon (les titres y sont très "segmentés" selon le lectorat visé!), puis en 3 tomes en 2019, et en France en 2020, où le lancement avait été programmé pour être achevé au démarrage des Jeux d'août 2020... (hé oui, ceux qui ont été reportés à l'année suivante pour cause de Covid-19...).
J'ai cru comprendre que les éditions Akata, en France, ont reversé à la fédération française de Handisport 5% des recettes (chiffre d'affaires, marge, bénéfices?) permises par les ventes du tome 1 de Running Girl jusqu'au 30 septembre 2020 (montant en valeur absolue?).
J'ai trouvé quelques liens: outre DocBird déjà citée, il a plu à Capocapesdoc, Petite noisette (T.1 seulement) et Ladythat, tandis que Sweetmadonna avait quelques réserves. Voir aussi Ly (ainsi que ses avis sur les tomes 2 et 3). Tampopo24 avait apprécié la série. Ma Lecturothèque aussi.
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Bonus: dasola m'a fait une photo des 3 (trois!) Phryges (dont une avec une prothèse) qu'elle n'a pas résisté à s'acheter (ce n'est certes pas moi qui les lui ai offertes!): dirait-on pas qu'elles sont à Paris Plage?