Les graines du figuier sauvage - Mohammad Rasulof
Demain, mercredi 18 septembre 2024, sort Les graines du figuier sauvage, un très grand film, que dis-je un immense film réalisé par un réalisateur iranien désormais en exil en Allemagne. S'il revenait dans son pays, il risquerait d'aller en prison pour quelques années. J'ai vu ce film en avant-première, jeudi soir dernier dans une salle pleine. Le réalisateur Mohammad Rasulof a pris comme toile de fond la mort de Mahsa Amini, décédée en 2022 après avoir été tabassée pour une mèche de cheveux qui dépassait sous son voile. Ce film est exceptionnel à plus d'un titre. Il n'a reçu (si je puis dire) que le Prix spécial du jury au dernier festival de Cannes. Il aurait peut-être mérité la palme d'or et un prix pour l'actrice Soheila Golestani qui interprète le rôle de la mère de famille Najmeh. Le film, qui dure presque trois heures que je n'ai pas vu passer, se concentre sur la vie d'une famille moyenne dans un appartement. Nous avons le père, Iman, la mère, Najmeh, et leur deux filles Rezvan et Sana. Iman vient d'avoir une promotion, il est devenu juge enquêteur dans un tribunal islamique. Cela fait vingt ans qu'il exerce son métier, mais c'est la première fois qu'on lui demande de signer des arrêts de mort sans vérification. Il n'est pas à l'aise. Najmeh est une femme soumise à son mari à qui elle ne sait pas dire non, et qui demande à ses filles de faire attention à ne pas dire la profession du père à leurs connaissances. Cela risquerait de mettre la famille en danger d'autant plus que la rue gronde. Il y a des échauffourées dans la rue en général et dans les écoles et universités en particulier. Une camarade de Rezvan est grièvement blessée lors d'une bagarre alors qu'elle n'y est pour rien. Sous ses airs inflexibles, c'est Najmeh qui va enlever avec douceur les plombs que Sadaf a reçu au visage. Plus tard, c'est le pistolet qu'Iman a reçu dans le cadre des ses fonctions qui disparait de chez lui. Il risque trois ans de prison s'il ne le retrouve pas. Aucune des trois femmes ne se dénonce et Iman ne supporte qu'elles puissent mentir. Ces mêmes femmes subissent un interrogatoire et les derniers trois quart d'heure du film nous transportent dans la région natale d'Iman. Une terrible tension se crée entre Iman et les trois femmes et je ne vous dirai rien de la fin qui prend le spectateur par surprise. Du très grand cinéma qui a été longuement applaudi à la fin. Le réalisateur a fait une présentation et il est revenu à la fin de la projection. Il semble que ce film va être en lice pour l'Allemagne aux prochains Oscars.
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