Peter Cherif - Charlie Hebdo HS N° 8H - octobre décembre 2024
Longtemps j'ai hésité, pour mon "billet du 7" de ce mois, entre deux suppléments de Charlie Hebdo, que j'ai achetés ensemble dans un kiosque à journaux il y a quelques semaines. Et puis, j'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) finalement choisi de vous présenter celui-ci, un procès de plus concernant un islamiste suivi par Charlie, ici encore directement impliqué.
Peter Cherif, le procès du parrain du 7 janvier 2015,
textes de Yoban Simonic, dessins de Biche
Charlie Hebdo Hors-série N°8H (trimestriel #8), octobre-décembre 2024, 48 pages
Né en 1982, Peter Cherif a fui la France en 2011 afin d'éviter de purger la fin d'une peine de cinq ans de prison alors qu'il venait d'être condamné pour avoir rejoint Daesh en Irak puis en Syrie de 2004 à 2008 (compte tenu de sa détention provisoire, il ne lui serait resté alors qu'une douzaine de mois à purger).
Il a été arrêté au Yemen en décembre 2018. Ici, en 2024, il est jugé pour avoir été l'interprète de trois otages français enlevés par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), au Yemen, durant cinq mois en 2011, ainsi que pour son rôle de "chaînon manquant" entre les frères Kouachi et Al-Qaïda (seul Français à avoir été en capacité de le faire, selon l'accusation), avant le retour en France de Chérif Kouachi, prélude au massacre du 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie.
L'édito de Riss compare l'intellect des assassins avec celui de leurs victimes: "des esprits brillants, libres et créatifs détruits par des cerveaux dont la vacuité donne le tournis et qui pensaient l'avoir comblée à l'aide de textes religieux mal digérés" (p.3).
Le procès débute le 16 septembre 2024. Biche (p.7) a placé l'accusé au centre de l'image, mais verrouillé derrière ses bras croisés, son masque et ses yeux baissés, en ce premier jour de procès.
Sur la page suivante (p.8), on le voit partagé en deux derrière l'angle de sa cage de verre (dans l'axe du captage par le dessinateur), alors que défilent les témoins et l'entourage susceptibles d'éclairer sur le parcours de l'accusé.
J'ai relevé, p.14, la présentation de la "filière des Buttes-Chaumont" par laquelle l'accusé est passé, avec d'autres djihadistes: une préparation pour le moins rudimentaire, quelques séances de jogging au parc, une démonstration "à la sauvette" du maniement d'une kalachnikov (explication sans objet?)... Dois-je en retenir que, si l'on voit aujourd'hui des barbus courir ensemble dans Paris, avec l'un qui joue les leaders et houspille, et les autres qui semblent traîner les pieds avec effort, les prendre en photo pour une délation bien citoyenne pourrait potentiellement sauver des vies? Ah non, c'est vrai, il y a des caméras de surveillance partout, c'est plus la peine...
p.17, à défaut de l'accusé, ses "supports numériques" parlent (cartes SIM, téléphones, disques durs, tablettes, clés USB nous disent tout de lui et mettent en contradiction son logos et ses traces numériques. Des documents concernant un autre attentat que celui de Charlie? Bien sûr que non. Des documents relatifs à la profession (agent commercial dans une société de construction) dont il se revendiquait pendant son séjour africain? Non, évidemment.
p.32-33 [photo], témoignage de l'équipe de Charlie Hebdo (partie civile).
Réquisitoire les 1er et 2 octobre (avec une petite coquille dans le chapô, p.37)
Le procès de Peter Cherif s'est donc tenu depuis le 16 septembre 2024 jusqu'au verdict du 3 octobre. Après sept heures de délibéré, il est reconnu coupable et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans (conforme au réquisitoire à deux voix des deux avocats généraux). Il ne fait pas appel.
Je ne vous ai bien entendu qu'évoqué quelques-uns des pans de ce procès. A vous de lire ce supplément si vous voulez en apprendre davantage.
********************
L'autre choix envisagé pour mon billet de ce mois était le Hors-série N°32H titré Iran, les femmes ne lâchent rien (septembre-novembre 2024, 64 pages). J'ai constaté à sa lecture qu'il était constitué de "repasse" d'articles plus ou moins anciens, en partie publiés sur l'hebdomadaire, en partie mis en ligne sur le site internet du journal.
Et puis, j'avoue que son thème me "parlait" moins (quel que soit son intérêt par ailleurs).
*** Je suis Charlie ***