Un habitant de la planète Mars - Henri de Parville
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Cette fois-ci, c'est un OLNI (objet livresque non identifié) que j'ai déniché dans un bac de livres d'occasion que j'explorais. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) l'ai payé un euro, ai cru pouvoir le lire très rapidement, ...mais sa lecture m'a pris quelques jours. Cette oeuvre s'inscrit bien entendu dans mon challenge martien, peut avoir sa place dans le "13e challenge de l'imaginaire" organisé par Tornade, sans oublier le challenge "2025 sera classique aussi" reconduit par Nathalie (logo "en attente" la dernière fois que j'y ai été voir) (1).
Henri de Parville, Un habitant de la planète Mars, 161 pages,
printed in Poland by Amazon Fulfillment (première édition: Hetzel, 1865)
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Les quelques images ci-dessus peuvent donner, j'espère, une idée de cette oeuvre (présentation matérielle, taille des caractères... et 4e de couv').
L'auteur, Henri de Parville (1838-1909), est un contemporain de Jules Verne (1828-1905), et Un habitant de la planète Mars a, comme l'auteur des Voyages extraordinaires, été publié par Hetzel. Mais sa notoriété est moindre. Ce titre est pourtant présenté ici ou là comme un des tout premiers romans d'anticipation, un précurseur de l'ufologie (discipline consistant à recueillir, analyser et interpréter des données concernant potentiellement des extraterrestres). On en trouve semble-t-il des éditions originales cotées 500 euros. Et, tombé depuis des lustres dans le domaine public, il est proposé en "impression à la demande" pour des prix variant de 10 à quelques dizaines d'euros.
Alors, ce petit roman vaut-il le coût? Heuuuu... Pour la forme, je dirais que, pour quelqu'un habitué aux longues digressions de Jules Verne, ça se laisse lire. J'ai particulièrement été frappé par le maintien dans cette réimpression d'une orthographe vieillie avec adjectifs précédés de "très-" (trait d'union compris): "très-grande dureté", "très-distingué" (dès la p.8 de mon édition!). Sur le fond, cela peut évoquer Le Humbug ou La chasse au météore (textes verniens), mais aussi les premières pages de La guerre des Mondes de H.G. Wells. Ce titre ne bénéficie pas d'une grande notoriété. Cependant, il me semblait bien l'avoir déjà croisé chez Erwelyn (ce qui s'est vérifié). Et j'ai aussi déniché le blog mort-né (2018) d'une auteure qui en a parlé.
Il s'agit d'un divertissement, un genre de pochade. Je me suis accroché pour le lire jusqu'au bout, heureusement que c'est imprimé en gros... L'action (l'histoire) proprement dite occupe peu de place (au début et à la fin), le gros de l'ouvrage se présente sous la forme de "chroniques" rendant compte d'un symposium scientifique organisé aux Etats-Unis après la découverte d'un aérolithe contenant les restes de ce qui pourrait être un extraterrestre. Est-ce possible? C'est en tout cas prétexte à un enchaînement de monologues érudits (géologie, biologie, astronomie, physique, astrophysique, métaphysique, philosophie [quasiment], etc.), chacun censés se dérouler sur une journée... Je ne suis malheureusement pas assez "calé" sur l'état ou l'histoire des sciences en 1865 pour savoir s'il s'agit d'élucubrations, d'exposés tout à fait conforme à ce que savaient et disaient les (ou des) scientifiques de l'époque, ou s'il s'agissait à ce moment-là d'hypothèses extrêmement avancées et hardies... Les orateurs ménagent en tout cas la chèvre et le chou (on parle ici de Créateur, là de Dieu, mais en une phrase et sans du tout insister...). Pasteur (et sa récente réfutation de la génération spontanée) sont évoquée sans insister non plus, en quelques phrases.
Pour donner un seul exemple, p.121 et suivantes, il est fait état d'une "force vitale" finie qui amènerait à pouvoir déduire la durée de vie des organismes animaux d'un rapport entre leur durée d'achèvement (atteinte de l'état de développement complet) et le temps qui leur reste à vivre: homme 20 ans / 80 ans... Si l'on calcule à partir de l'embryon, on obtient pour l'homme 9 mois / 90 ans, chez la poule 21 jours / 8 ans, chez le chien 65 jours / 12 ans, chez le cheval 11 mois / 20 ans. Avec une conclusion absolument digne de notre idéologie vegan: "si le cheval vit si peu, il faut en rejeter la cause sur le travail excessif qu'il accomplit. Les chevaux sauvages doivent vivre plus longtemps". CQFD! (et tant pis si nous savons que c'est absolument faux).
Le livre se termine sur une date: le 1er avril 1865. Les poissons existaient-ils à l'époque? En tout cas, c'est sans doute un certain entêtement dont je peux être coutumier, ainsi que le puissant aiguillon que représente mon challenge marsien, qui m'ont aidé à aller jusqu'à la fin. Mais je puis tout à fait comprendre que certains lecteurs ou lectrices se soient perdus en chemin bien avant les dernières pages.
Et vous?
(1) Edit du 4 février 2025: le logo "2025 sera classique aussi" est arrivé ;-)
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