Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Dasola
Derniers commentaires
Archives
Challenges terminés

Pour les challenges de l'année en cours, 
voir colonne de droite

7 février 2025

Charlie quand ça leur chante - Aurel

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) fais aujourd'hui un petit "pas de côté" en parlant d'un ouvrage qui ne provient pas d'un dessinateur de Charlie Hebdo, mais d'un de leurs collègues dessinateur de presse (dont je vois chaque semaine des dessins parce qu'il oeuvre, notamment, dans Le Canard Enchaîné depuis des années). 

Aurel, Charlie quand ça leur chante, Futuropolis, coll. Paroles, 2024, 32 pages

 

La 4ème de couv' de cet opuscule à propos de "l'esprit Charlie" en dit pas mal. Mais elle ne dit pas tout à mon avis. En tout cas, le titre et l'auteur, comme je l'ai dit, ont déclenché mon "acte d'achat". En bas de la 2e de couv', après 14 lignes d'avant-propos "cadrant" ce qu'est un dessin de presse, Aurel précise: "je ne suis le porte-parole de rien et m'exprime en mon nom". Dans les pages de cet ouvrage dessiné, le dessinateur se met lui-même en scène et s'adresse au lecteur (brisant un mur?), et nous amène à prendre conscience de l'état précaire du métier de dessinateur de presse (en France, quelques dizaines d'individus).

Il commence par poser que le dessin de presse (et plus largement l'humour d'actualité) se meurent, parce que la presse elle-même va mal: les ventes s'effondrent. Et lors de la "transition numérique" des journaux, le dessin est bien souvent oublié. 

 

Puis, après deux pages où il raconte comment il a appris le massacre de ses collègues, Aurel explique ce qu'a signifié pour lui "Je suis Charlie" (p.7), alors qu'un copain (qui connaît [ses] différents politiques avec le journal) s'étonne de [le] voir arborer un badge quelques semaines après le massacre du 7 janvier 2015. 

Il parle, ensuite, de "l'après": récupérations de tous bords (beaucoup de demande de dessins de soutien gratuits). Malgré tout, lui et ses collègues ont continué à faire ce qu'ils savaient faire de mieux: dessiner... 

Dans la douzaine de pages suivantes, il continue à dénoncer l'hypocrisie de la profession, les bas tarifs du dessin de presse et la précarité du métier (cf. ci-dessous p.10). Mais le public (le lectorat) en prend aussi pour son grade! 

J'ai été surpris par la manière dont il fait remarquer (ci-dessus) que les tarifs négociés par les syndicats de journalistes (CFDT ou SNJ-CGT) sont trois à cinq fois inférieurs aux tarifs réellement pratiqués, et nécessiteraient d'être sûrs de vendre 20 dessins par mois pour arriver péniblement au SMIC. Si je caricature: contester ces tarifs minimum n'équivaut-il pas à dire que le SMIC est lui-même inutile parce qu'il est trop bas? Je vois plutôt, pour ma part, le tarif négocié comme ce qu'on appelle un "minimum syndical": se met dans l'illégalité tout patron (de presse...) qui prétendrait payer au-dessous de ce tarif... mais rien, bien entendu, n'interdit aux dessinateurs de "se vendre" nettement plus cher! 

"Le quotidien d'un-e dessinateur-ice est de se faire refuser des dessins pour plein de bonnes raisons. Et aussi des mauvaises." (p.23). Aurel rappelle aussi le pouvoir amplificateur des réseaux sociaux pour juger un dessin sans l'avoir vu. 

Son propre discours sur la prise en étau des dessinateurs entre les néo-réacs d'une part (?) et la société qui évolue (bouillie au woke et arrosée de coca-cola, oserais-je dire?) est cohérent, même si on peut ne pas partager ses analyses. Il donne trois raisons expliquant pourquoi les dessinateurs de presse sont régulièrement pris à partie par des gens qui ne trouvent pas drôle ce qu'ils font, ou plus exactement qui leur reprochent de rire de tel ou tel sujet. Les dessins ont toujours déplu à une partie de la population, mais le "village global" de McLuhan en a multiplié la visibilité (c'est moi qui parle de McLuhan, Aurel parle des réseaux sociaux). Il y a un changement global de mentalité (les gens sont plus stressés et deviennent susceptibles...). Les nouvelles générations n'ont plus les mêmes codes ni les mêmes limites. 

p.21-24, Aurel (né en 1980) nous rappelle que, dans les années 1960 (p.21-24), Cavanna, Cabu, Wolinski, Choron et consort (je ne les ai pas mis dans le même ordre que lui) inventaient un humour grinçant que les anciennes générations considéraient comme absolument inopportun.

Nombre des gages de "nos idoles" ne seraient plus possibles aujourd'hui, et pour Aurel c'est "Tant mieux".  "Nous vivons sans doute la fin de cette ère qui avait pour objectif de pousser les murs d'une société étriquée en voulant pratiquer un humour sans tabou", constate-t-il. Pour en tirer la conclusion qu'il faut désormais vivre avec son temps (?).

Je pense que, pour ma part, je suis trop vieux pour avoir envie de renoncer à rire de tout. Mais il est vrai que je m'expose infiniment moins qu'un dessinateur de presse. 

 

J'ai relevé que, si Aurel attaque nominalement, comme étant l'un de de ceux qu'il qualifie de "nouveaux réacs", Philippe Val (directeur de la publication du nouveau Charlie Hebdo de 2004 [après la mort de Gébé] à mai 2009), il n'évoque pas l'éviction de Siné en 2008 pour autant. Pas plus qu'il ne cite le nom de son collègue suisse Chappatte (qui depuis 2020 dessine, comme lui, au Canard enchaîné) comme exemple de dessinateur dont un dessin a amené un journal (le New York Times) à renoncer mi-2019 à la publication de tout dessin de presse. 

Cela m'a aussi amené à me demander si, lorsque Cabu dessinait pour la télévision ou Wolinski pour Paris Match, les sujets de leurs dessins étaient les mêmes dans ces "gagne-pains" (je suppose) que dans les hebdomadaires qu'ils avaient fondés et dont ils maîtrisaient la ligne éditoriale... Une question que je creuserai ultérieurement?

 

Aurel conclut son pamphlet (?) avec une page où, l'oeil mauvais, il demande aux "néo-réacs" qu'il a égratignés dans nombre de ses pages de laisser les dessinateurs de presse dessiner tranquilles. 

Ce petit ouvrage intéressant, et dont je vous conseille la lecture, contient une pensée logique même si contestable. Pour ma part, je crois que je n'ai pas envie de le suivre dans la partie où il expose son analyse des "néo-réacs". J'adhère à ce qui est dit seulement quand ça me chante, non mais!

Je suppose que d'autres blogs en ont déjà parlé en janvier 2025... mais seules des chroniques parues dans des titres de presse apparaissent dans les moteurs de recherche. Mots-clés trop clivants + loi RGPD = le néant... Je rajouterai des liens si je tombe dessus! 

*** Je suis Charlie ***

Commentaires
D
Pas quand ça me chante mais quand les arguments (vérifiés) sont bons.
Répondre
M
Je n'ai pas du tout vu passer cette publication mais je connais son auteur moi aussi et tu as bien raison moi aussi j'adhère à ce qui est dit, par lui ou d'autres que quand ça me chante ! Bien dit !
Répondre
D
Un titre intéressant pour découvrir aussi les difficultés du métier de dessinateur de presse, auxquelles on ne pense pas forcément.
Répondre
A
Je ne pense pas l'avoir déjà vu passer et je le lirai si je peux l'emprunter. Je ne pense pas que je partagerai toutes les réflexions de l'auteur mais la BD semble à lire ne serait-ce que pour découvrir une précarisation du métier dont on n'a pas forcément conscience...
Répondre
Le blog de Dasola
  • CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR. Critiques et opinions sur films, livres et spectacles. [Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (242 commentaires, du 17/01/07 au 31/05/25)].
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
83 abonnés
Liens (en cours de mise à jour)

** INDEX AUTEURS (LITTÉRATURE), FILMS & REALISATEURS (CINÉMA) **

*** CHALLENGES DE L'ANNEE EN COURS ***


** LE SITE DU STATISTICIEN **


*** LIENS ***
(BLOGUEURS COMMENTANT SOUVENT LE MIEN)

  • = Onze blogueuses et blogueurs ayant fait au moins 500 commentaires chez dasola se présentent =
  • On crée un lien lorsqu'un blogueur a commenté au moins cinq billets en venant à (au moins) deux dates différentes sur ce blog. 
  • Une adresse de mail (xxx@yyy.fr ou com...) [non publiée!] est exigée par Canalblog pour enregistrer votre commentaire. 
  • Vous ne voyez pas tout de suite apparaître votre commentaire, car il doit d'abord être validé (cela peut prendre quelques heures)
 
CINÉMA (22 blogs en activité)

DIVERS - CULTURE (53 blogs en activité)

LIVRES (62 blogs en activité)

QUELQUE TRISTESSE

QUELQUES BLOGS DÉSORMAIS EN PAUSE (À MON GRAND REGRET)

QUELQUES INFIDÈLES (NE ME RENDENT PLUS MES COMMENTAIRES...)

QUELQUES INTROUVABLES (BLOGS SUPPRIMÉS OU DISPARUS?)

SANS BLOG (COMMENTATEURS SUR LE MIEN)

STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)

  • * Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
  • 2931 billets (au 20/06/25) dont tous ont eu au moins un commentaire
  • 35 486 commentaires (au 19/06/25 [+ 2 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 262 dasola] par au moins 1288 personnes, dont 96 (re)venues en 2025
  • 418 blogueurs [dont 136 actifs en 2025] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1272 (au 29/05/2025) commentaires (voir ci-dessus)
  • Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 83 au 07/05/2025 (via "Newsletter" ci-dessus)
  • Billet commenté par le plus de personnes: 77 commentaires par autant de commentateurs/trices (billet du 09/01/2014)
  • Billet comptant le plus de commentaires: 123, par 46 commentateurs/trices différent(e)s (billet du 10/06/2023)
  • Record de commentaires en 1 an de date à date par 1 même blogueur-euse: 160 par Manou (du 01/08/23 au 31/07/24)
  • Record de commentaires en un mois: 355 en janvier 2014
  • Record de commentaires en une année civile (même blogueur-euse): 162 par Manou en 2024
  • Record de commentaires en une journée: 44 le 09/04/2009
  • Records de nouveaux commentateurs en un mois: 24 (dont 22 blogueurs) en mai 2008 et mars 2009
Pages