Le château des étoiles - Alex Alice
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J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réussi à emprunter en bibliothèques parisienne (quelques tomes par-ci, quelques tomes par-là...) les sept volumes d'une série BD que j'avais repérée sur la blogosphère: Le château des étoiles, signé Alex Alice, organisé en plusieurs "cycles" (et encore inachevée à ce jour!). Cela me permet une participation de plus à mon challenge marsien, mais aussi pour le 13e challenge de l'imaginaire organisé par Tornade.
Alex Alix, Le château des étoiles, éd. Rue de Sèvres, du T.I (2014) au T.VII (2024)
La dystopie que nous dessine Alex Alice prend son ancrage dans le passé (XIXe s. du Second Empire et de la rivalité avec la Prusse...). Alexandre Alix est auteur aussi bien des scénarios (à la fois violents et poétiques) que des dessins, plus suaves que rugueux (et, je suppose, des "couleurs directes" en nuances pastel à l'aquarelle? Pas de "coloriste" crédité...). Je dirai ci-dessous quelques mots des différents tomes, du premier volume publié en album en 2014 au septième et dernier paru (à ce jour), en 2024.
1869: La conquête de l'espace - volume I [2014, 64 pages]. En fait, dès 1868, le prélude de 5 ou 6 pages de la "grande aventure" montre une aéronaute (Claire) qui prépare son envol en visant l'altitude de 11 000 mètres, alors que l'orage menace, au grand dam de son mari (Archibald - lui et elle se vouvoient) et à l'incompréhension de leur gamin, Séraphin. L'expédition au gré du vent en altitude vise à découvrir une substance mystérieuse, l'éther, moyen de propulsion incomparable notamment pour les engins aériens. Nous voyons le ballon monter dans l'orage alors que sa passagère porte un masque à oxygène, le "détecteur d'éther" s'animer, puis un grand cri retentit. Moins de quatre heures après l'envol, "quelque chose" traverse l'atmosphère pour retomber sur terre...
L'histoire reprend (commence véritablement?) un an après. Séraphin n'a manifestement pas fait le deuil de sa mère, et se montre obsédé par l'espace et les moyens d'y voyager, ce que bride son père... Un mystérieux courrier arraché chez eux, à Lille, provoque un voyage de son père en Bavière, alors que Séraphin est censé partir de son côté chez sa tante pour les vacances. Après un trajet mouvementé, Séraphin aura bien des occasions de prendre de la hauteur... en croisant le jeune Hans (un aéronaute local), une jolie et non moins jeune soubrette (Sophie - qui est aussi la demi-soeur de Hans), l'architecte royal... sur qui papa Dulac (oui, c'est le nom de la famille française) ne tarde pas à prendre l'ascendant pour finaliser un ballon dirigeable fonctionnant à l'éther enfin à portée de main. Rajoutons le roi de Bavière, sa cousine, son infâme chambellan, et nous aurons moult aventures trépidantes que je ne vous dévoilerai pas! Cela finit comme ça a commencé: un ballon qui s'envole...
1869: La conquête de l'espace - volume II [2015, 68 pages]. Cette "seconde partie" du premier cycle commence (prélude) le 11 mars 1870 de notre "réalité alternative". Nos trois enfants, les "chevaliers de l'éther", se sont envolés à bord de "l'éthernef" royale depuis 36 heures. C'est Sissy ("altesse" d'Autriche) qui mène les recherches au château du roi de Bavière. Retour 39 heures plus tôt, à bord de l'engin qui s'apprête à franchir le "mur de l'éther" à 13 000 mètres d'altitude... pour quitter la Terre - en mettant juste les moteurs en marche. Mais... Ach! Grosse sabotache! Absence de gravité à partir de la p.20... et première sortie extra-véhiculaire, de Séraphin, vêtu d'un scaphandre "sauce XIXe siècle". Nos héros arrivent du côté de la face cachée de la lune... puis le contact avec le sol se fait sur de la glace (air raréfié, mais respirable - comme en altitude sur terre). De l'éther cristallisé est découvert, ainsi qu'un mystérieux "château"... Ludwig ne rentre pas sur terre, mais nos héros "principaux", si (pour trouver, installé en Bavière, Bismarck, qui essaye en vain de les y retenir de force). L'appareil volant (aux lignes élégantes de Concorde!) désormais bien alimenté en cristaux d'éther les emmène en Bretagne (chez le grand-père maternel de Séraphin). Sophie, qui acquiert des notions d'astronomie et de calcul de trajectoire, finit par s'exclamer (p.68): "Je sais où est parti le Roi!". -- Fin du premier cycle. --
Volume III - Les chevaliers de Mars [2017, 60 pages]. Novembre 1870. Bismarck, grâce aux notes du carnet appartenant à la famille Dulac sur lequel il avait mis la main, a pu faire construire un vaisseau à éther, et se prépare à envoyer une expédition prussienne... vers Mars. Quant au grand-père, c'est un docteur en médecine et savant universel, ancien des barricades de 1848, plus républicain (et idéaliste) que bonapartiste ou chauvin. Nos savants ont dévoilé à tous les pays le secret du moteur à éther, en rêvant de coopération pacifique. Mais au cours du rassemblement international organisé, Archibald Dulac disparaît (p.20). En termes politiques, l'Autriche contrebalance les ambitions de la Prusse pour aider les Dulac. Péripéties... et Destination, donc, Mars, pour y retrouver ceux qui, semble-t-il, devraient y avoir été emmenés: papa Dulac et le roi Ludwig. Même avec l'éthérite, ce n'est pas un voyage qui se fait en un seul jour... mais en quatre-vingt-treize! Le (mé)chambellan (agent prussien), fait prisonnier, est du voyage. Et pendant ce temps, sur Mars... les hommes de l'expédition prussienne, au sein de laquelle était prisonnier le professeur Dulac, font face à bien des mystères.
Volume IV - Un Français sur Mars [2018, 68 pages]. Bismarck a découvert l'existence de l'éthérite (cristal d'éther), même si la Prusse n'en possède pas encore. Le roi de Prusse, pour qui il travaille, se laisse convaincre que l'avenir passe plutôt par la conquête de Mars que par celle de Paris... À bord du vaisseau des enfants, le jeune Loïc Lebrun, passager clandestin breton, a rejoint le camp du chambellan. Mars, malgré son atmosphère respirable, est pleine de dangers et d'illusions. - Bang! [coup de feu tiré par le méchant bêlant] -. Archibald Dulac serait resté sur Terre, finalement? Séraphin, isolé de ses amis, croise une princesse blessée et la secourt: une des dernières survivantes d'un très vieux peuple, désormais divisé en deux castes opposées (toutes deux télépathes). Le chambellan (au fait, il s'appelle Gudden) s'est rallié les parias, et s'apprête à entamer une guerre de conquête. L'héroïsme de Sophie et Séraphin (bien aidés par leurs acolytes - dont un capitaine prussien plus humain que ses congénères) devrait permettre une réconciliation générale. Mais c'est compter sans l'arrivée des renforts prussiens (dernière page).... -- Fin de la "nouvelle aventure" --
[Ici prend place un cycle dérivé, titré Les brumes de Vénus, en trois tomes - que je n'ai pas lus!]
Volume V - De Mars à Paris [2020, 68 pages]. Cette fois-ci, le prologue de trois pages est situé en Haute-Auvergne (?), le 16 novembre 1874. Vingt mois plus tôt, sur Mars, les "gentils" partis dans le désert martien contraient l'acier prussien avec des armes biologiques. Plus de la moitié de l'album narre ce voyage avant l'arrivée du peuple martien en route vers l'exil du "pôle promis" (lieu de sécurité?). À ce pôle de la planète Mars, ils retrouvent le roi de Bavière, mais aussi son chambellan fou. Après un bon remue-méninge, une solution est trouvée: envoyer une ambassade sur terre. La princesse de Mars va découvrir le Paris du Second Empire... et la fine équipe va se renforcer d'une journaliste délurée. Notre empereur, qui a accepté le monopole prussien sur Mars (il semble que la France et l'Angleterre s'intéressent davantage à Vénus?), prépare une exposition interplanétaire. Séraphin a la joie des retrouvailles avec son père (mais rien n'est simple). En fin d'album, la princesse est blessée et Séraphin au trou... Tout est à refaire!
Volume VI - L'Exposition interplanétaire de 1875 [2021, 58 pages - même que les pp.20-21... mais je vous laisse la surprise!]. Sept mois plus tard... (oui, je ne vous l'ai pas dit? Il y a des distorsions temporelles, et le temps s'écoule plus ou moins vite pour les uns ou les autres, selon la planète voire l'endroit où ils se trouvent), 7 mois plus tard, donc, Séraphin s'évade, pour tomber en plein milieu du plan de la bande afin de sauver la princesse et forcer la main aux différents empires. Bref, encore un album empli d'aventures rocambolesques. Les gamins du début ont tout de même un peu grandi/vieilli/mûri. Dans le pavillon martien, clou de l'exposition, l'idéalisme juvénile échoue à sauver Mars (que ce soit par supplication ou menace) face aux ambitions des hommes politiques de la terre, de manière pathétique. Bismarck assène quelques vérités: "Tous ces dirigeants... Certains sont des opportunistes, certains des parasites. Mais certains sont animés d'une mission, d'un sens du devoir envers leur peuple ou leur nation. Pour ceux-là... l'ordre établi compte plus que leurs vie". Lors de la retraite de l'équipe sur des positions préparées à l'avance, ce sont des gendarmes français qui obéissent aux ordres et qui tirent. La princesse de Mars n'est cette fois-ci pas blessée. Une nouvelle piste émerge: cap sur Vénus!
Volume VII - Planète des brumes [2024, 70 pages]. Sur Vénus, encore quasi-inexplorée malgré un début d'exploitation par les Anglais et les Français, nos amis vont-ils trouver de quoi sauver les Martiens en réparant le "château des étoiles" construit naguère par les Anciens? Là encore, la destination est polaire et le voyage dangereux. La princesse de Mars, Séraphin, Sophie, le capitaine (Schneidig), la journaliste (Jocaste Daumier) ... Ici ou là, chacun tombe, est rattrapé, rechute, se rattrape, se tourne autour... Remarque désabusée du Breton de service pendant qu'un couple se dispute à grands éclats de voix sur le thème "l'expédition est trop dangereuse pour une femme!": "ils feraient mieux de se lécher la poire tout de suite, on gagnerait du temps!". De 1869 à 1875, on aura vu le jeune couple plus ou moins au centre de l'histoire passer de l'enfance à l'âge adulte! Il y en a qui vont voyager à dos de... Je vous laisse la surprise. Et, après une surprenante ascension, on retrouve l'increvable chambellan et sa petite troupe de Martiens renégats. Et la princesse se fait canarder, une fois de plus. Charge à Séraphin de lui faire retrouver Mars, d'urgence. Le groupe se sépare une fois de plus -- et suite au prochain numéro! --.
Pour ma part, cette série m'a fait songer à quelques autres dystopies inscrites dans un passé plus ou moins proche ou lointain: Les dirigeables de l'Amazone (3 tomes, dessins Patrice Sanahujas, scénario René Durand, 1980-1982) ou Aryanne (9 tomes, dessins Michel Guillou, scénarios Jean-Claude Smit & Terence, 1986-1991 - nettement moins chaste!).
Voici quelques-uns des blogs ayant parlé de tel ou tel tome de la série Le château des étoiles (liste non exhaustive bien entendu): ceux de Bianca, Blo-o-noisettes, Mylène, Karine ...
Et quelques extraits plus ou moins spectaculaires, romanesques ou romantiques...
(T. I, p.43)
(T.III, p.59)
(T.IV, p.11)
(T.IV, pp.40-41)
(T.VII, pp.-46-47)