Voyage au centre de la terre - Henry Levin (film) / Jules Verne (livre)
- Heu, dasola, tu vas bien faire un billet sur ce film qu'on vient de revoir ensemble en DVD, non?
- Et puis quoi encore? Déjà, j'ai fait l'effort de le regarder avec toi. Si tu veux un billet, tu l'écris!
Donc, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me suis attelé à la tâche...
Voyage au centre de la terre (film, 1959), Henry Levin
d'après
Jules Verne, Voyage au centre de la terre, 1864 en feuilleton puis en livre
(l'édition en grand volume de 1867 est augmentée de deux chapitres),
Le livre de poche, 1966, 372 pages
À Edimbourg (Ecosse), c'est l'effervescence: un éminent professeur de son Université vient d'être anobli! Ses étudiants lui font un triomphe et lui offrent deux cadeaux. Le plus insignifiant contient un mystérieux objet... qui va lancer le professeur et l'étudiant chargé de l'achat des cadeaux dans un voyage inattendu (bah oui, le titre!), après quelques semaines d'attente fiévreuse où le professeur néglige ses devoirs d'enseignement.
James Mason est très bien en universitaire quelque peu excentrique. Sa nièce Jenny (Diane Baker dont, à 21 ans, c'était l'un des premiers films) est charmante quand elle entortille autour de son petit doigt Alec McEwan, le jeune étudiant désargenté joué par Pat Boone (dont je ne savais pas qu'il était surtout connu comme chanteur).
Une fois arrivés dans un coquet hôtel en Islande, à Reykjavik, puis en reconnaissance sur le terrain, l'expédition s'annonce mal, alors que ceux qui s'apprêtent à explorer le centre de la terre sont victimes d'un mystérieux antagoniste. Au final, et après un coup de théâtre qui leur permet la rencontre de leur futur guide, Hans (l'athlète islandais Peter Ronson), nos explorateurs (plus ou moins hardis) seront amenés à supporter une présence féminine dans l'expédition. La descente dans les entrailles de la terre s'avère plus facile que prévu, grâce à la présence d'une sympathique palmipède (qui sait se faufiler dans les bons passages). Pauvre Gertrude! D'un précédent visionnage, il me semblait que Hans faisait violence à ses sentiments respectueux pour tordre le cou à son assassin, ce n'est finalement pas le cas. Ce personnage (l'antagoniste, pas Hans), en tout cas, n'a jamais rien fait pour se rendre sympathique, faisant prisonnier le malheureux Axel alors séparé du reste de la troupe et lui tirant même dessus.
Dans les plus de deux heures que dure le film, et pour la partie souterraine, les images du monde inventé par Jules Verne sont tout kitchement merveilleuses, que ce soit la salière géante dans laquelle tombe Axel, les cristaux précieux qu'il est déconseillé de cueillir, le radeau fabriqué à base de troncs de champignons géants, les sauriens qui ne le sont pas moins tout en s'avérant sans dents carnivores, la mer intérieure qui tourbillonne et qui désoriente, la découverte finale qui intègre ici ce à quoi il est fait allusion dans un voire même deux autres titres de Jules Verne, auteur que le film aura ici sublimé (transformé en quelque chose d'autre). L'ascension vertigineuse qui ramène nos héros à la surface de la terre a presque quelque chose de, heu, d'érotique! Axel ne sera pas le seul à en ramener chaussure à son pied (je n'ai pas bien compris s'il se l'est cassé ou seulement foulé!).
L'alligatographe donne à voir de nombreux aperçus du film. Sheherazade2000 en avait parlé jadis, Cinesylvain (blog éphémère!) en 2017. Le bon article d'Argoul (qui commence par parler du roman) m'a appris l'existence d'un autre film.
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Mon exemplaire du roman de Jules Verne m'avait été offert à Noël 1979. Je l'ai intégralement relu (et non pas seulement feuilleté). Cette fois-ci, nous apprenons que l'histoire commence fin mai 1863 dans la ville de Hambourg (actuellement en Allemagne). Ici, c'est un cryptogramme manuscrit datant de plusieurs siècles qui lance le professeur Otto Lidenbrock sur la piste d'un voyage fantastique, où il entraîne quasiment manu militari son neveu Axel, encouragé à partir par Graüben, la jeune pupille virlandaise (c'est-à-dire originaire de la contrée de Virlande en Livonie, aujourd'hui au Nord-Est de l'actuelle Estonie) d'Otto. Les deux tourtereaux se retrouveront seulement à la fin de l'aventure: p.55, "cher Axel, ton oncle et toi, je vous accompagnerais volontiers, si une pauvre fille ne devait être un embarras pour vous." Pauvre Axel, sujet au vertige (cependant que son oncle est victime du mal de mer durant une traversée de 10 jours sur un voilier entre le Danemark et l'Islande)! p.114, j'ai relevé lors de cette relecture une erreur sur la lèpre (qui sévit dans l'île), qualifiée de "pas contagieuse mais héréditaire" (vérification faite, la bactérie Mycobacterium leprae a été identifiée par Hansen en 1873 seulement). La descente dans le cratère commence seulement p.145, après un trajet de plusieurs jours à travers les paysages désolés de l'Islande avec des hébergements misérables. Au final, ici, les deux hommes sont seulement accompagnés de Hans ("chasseur" de plumes d'eider de profession) quand ils entament la descente du gouffre que constitue le cratère d'un volcan éteint (?). Il s'agit d'une expédition spéléologique "sans esprit de retour", car ils ne laissent pas les cordes en place lors de leur descente par "paliers" successifs (une douzaine!). Arrivés au fond, une galerie en pente douce leur permet de débuter leur longue marche sous terre.
p.174, alors qu'ils traversent une houillère, on peut lire une phrase très prémonitoires sur l'épuisement de l'énergie fossile: "(...) ces immenses couches de charbon qu'une consommation excessive doit pourtant, épuiser en moins de trois siècles si les peuples industriels n'y prennent pas garde". Un ruisseau d'eau ferrugineuse, en plus de les abreuver, leur sert de fil d'Ariane durant leur longue marche monotone (ils ont prévu des provisions pour six mois) entrecoupée de quelques descentes plus à pic. C'est l'absence du ruisseau qui convaincra Axel, séparé de ses compagnons de route, qu'il a pris une mauvaise direction. Ils se retrouvent le 8 août. À la réflexion, je me suis dit que l'aspect "feuilleton" du texte est parfois visible avec des chapitres qui se terminent en suspense.
Comme dans le film, la marche doit céder la place à la traversée d'une "mer" intérieure (sur un radeau fait de bois plus ou moins fossilisé et non en champignon). La faune aperçue est clairement "préhistorique". Mais, une fois la traversée achevée, et contrairement au parti pris dans le film, dans le roman, l'explosion provoquée par nos explorateurs aurait eu pour but de leur permettre de continuer vers les profondeurs, et non de les ramener à la surface. Mais c'est ce qui se produit, à l'insu de leur plein gré. Commencé le 28 juin, le périple les ramène à revoir le soleil (p.358), après pas loin de 13 semaines passées sous terre, en Italie (beau trajet souterrain). Otto et Axel sont de retour à Hambourg le 9 septembre 1863... et le mariage d'Axel et de Graüben a lieu peu après.
Dona Swann, Hélène, Amandine, Marine (livraddict) et Itzamna (dernier billet en 2022) ont lu le livre il y a quelques années, Cléanthe très récemment, Michel Sender il n'y a pas longtemps, Cledelintrigue il y a 10 ans. Quant à Cyrilight, elle s'était montrée plutôt critique en 2022.
Edit du 4 mai: je rajoute le lien vers le billet d'Anne-yes.
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J'espère vous avoir donné envie de lire ou de regarder... Film et livre participent bien entendu à mon propre challenge 120 ans Jules Verne (1828-1905), et j'inscris le roman au challenge 2025 sera classique aussi organisé par Nathalie.