Pauvres bêtes! - Coco
C'est dasola qui lors d'une visite commune en bibliothèque m'a (ta d loi du cine, "squatter" chez elle) signalé la disponibilité de ce titre (en emprunt à durée limitée). Je me suis dépêché de l'emprunter d'abord et de le dévorer ensuite. J'ai déjà eu l'occasion de parler de Coco dans mes "billets du 7", y compris comme dessinatrice animalière.
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Coco, Pauvres bêtes!, Voyage au coeur de la condition animale, Les échappés, 2024, 136 pages
Dans son "introduction" lettrée à la main (toute une page), Coco explique que, si elle n'avait pas été dessinatrice et journaliste, elle aurait voulu être naturaliste. Cet album lui a permis d'être les trois. Il compile des dessins que je crois avoir déjà vus dans tel ou tel Charlie Hebdo pour certains.
En l'absence de "table des matières", j'ai compté 11 "reportages dessinés", aux longueurs variables en terme de pagination. Les "remerciements" en fin d'ouvrage comptent huit items et donnent quelques préférences et sites internet utiles.
Pour ma part, je dois être un fieffé "spéciste", car je ne mets pas tous les animaux sur le même plan, entre ceux nés par et pour l'homme (animaux "de rente" pour les manger, ou animaux "de compagnie"), les animaux dits "sauvages" nés et élevés en captivité (et incapables de vivre par eux-mêmes s'ils étaient réintroduits dans leur milieu "naturel" - par ailleurs saccagé par l'homme), et les animaux sauvages saturés ou exterminés dans ledit "milieu naturel" dans le but principal d'en tirer un profit financier par l'export (ou, éventuellement, parce qu'ils sont en conflit de territoire avec les populations locales et/ou que celles-ci ont besoin de se/s'en nourrir elles-mêmes pour subsister). Je ne me priverai donc pas de donner mon opinion sous les extraits que j'ai choisi de citer.
p. 13, cette page récapitule les différents "individus" porcins, recueillis au refuge "Groin-groin", qui nous ont été présentés sur les six pages précédentes (j'ai souri avec l'anecdote du "garde du corps" de Coco qui boudait la bouffe vegan locale). J'avoue qu'un individu "cochon", même aveugle, me touche (je n'ose pas dire m'apitoie) beaucoup moins qu'un animal dit "sauvage". Chez Groin-groin, vivent aussi des représentants de différentes autres espèces d'animaux, souvent avec un "vécu" lourd (animaux en mauvaise condition chez leurs anciens "maîtres"...) [fin du reportage p.17].
NB: une offre d'emploi de soigneur est aujourd'hui à pourvoir à Groin-groin (Sarthe - 72], candidature jusqu'au 09/06/2025 - tous les salaires y sont au SMIC.
p.128-132, reportage sous forme d'une visite guidée (et plus que critique) à l'intérieur d'une "tonne de chasse" (appelée "gabion" ailleurs) que la LPO (sous un prête-nom) a acheté en Vendée (85).
Sur la chasse, je suis mitigé. Je pense que, parmi l'examen que doivent passer les futurs chasseurs, devrait figurer aussi l'apprentissage de dépouiller, préparer, cuisiner et manger les animaux tués... Sinon, à qui bon?
p.103-118, visite chez les douaniers de Roissy, sous l'angle des produits animaux (voire animaux vivants!) dont ils découvrent le transport, en général dans l'illégalité par rapport aux lois françaises ou internationales. Thématiques: la viande de brousse; l'ivoire (d'éléphant) et autres cornes de rhinocéros; des "trophées de chasse"; des animaux vivants (trafic très rémunérateur). L'essentiel des saisies provient d'Afrique noire (le douanier évoque le risque sanitaire). Affligeant, ce que l'appât du gain peut engendrer comme trafic: "ça ne s'arrête jamais!". Bien évidemment, si part de l'Afrique une telle "offre", c'est qu'il existe une demande solvable, en Occident ou en Asie...
p.81, un dessin très réaliste (fait mouche).
D'un long reportage au Marineland d'Antibes (p.61-80), j'ai extrait cette double-page (74-75). Manifestement, les spectateurs n'avaient pas lu (ni vu?) Sauvez Willy...
Marineland est fermé depuis le 5 janvier 2025. Je me rappelle avoir assisté, gamin, à un spectacle autour d'un bassin avec des dauphins. C'était il y a un demi-siècle, dans le Sud de la France (Marseille? Antibes? Ailleurs? Je ne sais pas...). Je me rappelle aussi en avoir aperçu, depuis un bateau, en toute liberté en mer Egée...
Je me pose une question: est-ce que les gamins qui ne pourront voir à l'avenir des cétacés qu'au cinéma ou à la télévision arriveront bien à "conceptualiser" la différence entre les animaux existants réellement et ceux montrés dans Avatar 2: la Voie de l'eau?
p.59: pauvre bête (heu, je parle bien de l'animal tenu en laisse, hein...) [extrait d'une double-page titrée "Vie de chien!"].
p.55: je ne connaissais pas ce terme de "syndrome de Noé". Extrait d'une visite au refuge de la SPA à Quimper, p.45-56, titrée "adopte un chat ou chien et fais ça bien" (ce n'est définitivement pas pour moi: je suis insensible à l'affection [?] que pourrait hypothétiquement me porter ces quadrupèdes, mais hypersensible aux contraintes qu'ils représentent).
Du long reportage (p.27-42) mettant en scène les dessous des spectacles de corrida pour s'en affliger, j'ai uniquement extrait le dessin ci-dessus. Personnellement, je ne vois pas la nécessité de faire souffrir jusqu'à épuisement définitif un animal (corrida ou chasse à courre, même combat!), si ce n'est même pas pour le manger ensuite. Je dirais qu'un spectacle de vaches landaises présente peut-être davantage de risques d'être encorné qu'une corrida (et les vaches n'y sont en principe pas tuées).
Ci-dessous, extraits d'un reportage titré "reptiles en péril" présentant la visite d'une animalerie (p.19-25), qui semble spécialisée dans les NAC ("nouveaux animaux de compagnie")... du moins cher au plus onéreux!
Au fil des pages, j'ai souri avec le gentil gag récurrent des réactions des officiers de sécurité dont Coco doit, encore et toujours, être accompagnée partout. Un peu de légèreté dans ce monde de brutes!
Je n'ai pas réussi à dénicher d'autre billet de blog sur cet album. On peut lire un entretien avec Coco ici.
*** Je suis Charlie ***