Les frères Kip - Jules Verne
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Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) n'avais jamais lu le roman ci-dessous, qui n'était pas disponible en "poche" dans mes "grandes années" de découverte de Jules Verne, il y a entre 40 et 50 ans. Alors quand j'ai aperçu ce titre dans une bouquinerie, aucune hésitation: il relèvera le challenge!
Jules Verne, Les Frères Kip, Hachette (bibliothèque verte), 1938, 256 pages
(illustrations de J[acques] Touchet)
Les Frères Kip est un "roman tardif" de Jules Verne. Il a d'abord été publié en feuilleton (durant toute l'année 1902), cependant qu'il est paru en volume en fin d'année 1902 chez Hetzel. La première partie est toute d'aventures maritimes, la seconde tient du roman de procès avec erreur judiciaire. Dans ce roman très manichéen, le lecteur sait dès le début qui sont les bons ou les méchants. Les événements débutent en 1885 et se poursuivent en 1887, avec un dénouement expédié en quelques pages dans le dernier chapitre.
En Nouvelle-Zélande, un navire anglais, le James Cook, est cloué au port faute de marins, après désertion d'une partie de l'équipage attirée par une ruée vers l'or. Son quartier-maître et l'âme damnée de ce dernier méditent de s'en emparer et se font charger par le capitaine Gibson du recrutement de quatre nouveaux marins... Page 31, j'ai appris l'existence du terme "calmir" (devenir calme, en parlant de la mer ou du vent - contrariant, pour un voilier). Divers retards ou événements contraires, donc, contrarient les projets des misérables. P.52, le quatrième chapitre fait apparaître les fameux frères Kip (hollandais), seuls survivants du naufrage de la Wilhelmina, de Rotterdam, l'ainé (Karl, 35 ans) officier de marine, l'autre (Pieter, 30 ans) chef d'entreprise, que le James Cook recueille sur l'atoll désolé où ils attendaient des secours depuis deux semaines. Les chapitres du feuilleton déroulent les péripéties: attaque de "sauvages", complot, assassinat du capitaine, nomination pour le remplacer, tempête, et pour finir, mutinerie qui échoue (chapitre 10) avant l'arrivée au port d'Hobart Town (capitale de l'Etat australien de Tasmanie).
La seconde partie commence p.119 et compte 15 chapitres. Les mutins sont jugés alors que les Frères Kip et les armateurs témoignent contre eux, quand - coup de théâtre - le quartier-maître Flig Balt (éphémère capitaine accusé de mutinerie après son remplacement par Karl en pleine tempête) accuse les deux frères du meurtre de l'ancien capitaine, resté inexpliqué, preuves à l'appui - preuves construites de toutes pièces par le sournois Vin Mad, son complice dans l'assassinat, comme sait bien le lecteur. Les Frères Kip échapperont de justesse à la peine capitale grâce au soutien de l'armateur, seul à douter de leur culpabilité, mais seront condamnés au bagne à perpétuité. Le récit alterne ensuite leur vie au bagne (diverses péripéties), la poursuite de l'enquête à la demande de leur soutien qui espère la révision de leur procès, jusqu'à leur évasion à l'insu de leur plein gré par un concours de circonstance (à bord de l'Illinois, navire américain venu arracher deux "fenians" au bagne), avant leur retour d'Amérique vers Hobart Town pour se livrer en témoignage de leur bonne foi. Le dénouement est expédié en deux pages. C'est une improbable chambre obscure qui révèlera la vérité. Les misérables matelots sont rattrapés par la patrouille (sous forme d'un aviso britannique) alors qu'il se livraient à la piraterie dans les Îles Salomon. Certains sont tués, et il n'est pas exclu que le plus canaille ait fini kai kai.
Comme dit plus haut, ce roman a été publié en 1902. mais on sait que depuis la guerre de 1870, Jules Verne avait l'habitude d'avoir des "textes d'avance". Impossible donc pour moi de savoir à quand exactement remonte la rédaction de celui-ci (aujourd'hui, cette information ne remonte en tout cas pas facilement quand on fait une recherche en ligne). L'exégèse des spécialistes verniens dispose certainement de documents auxquels je n'ai pas accès (liste de titres avec dates, évocation dans correspondance...), peut-être même publiés dans des articles ou des livres dont les textes ne sont pas disponibles facilement sur internet. On y trouve cependant que Jules Verne s'est sans doute inspiré de l'affaire des "frères Rorique", aventuriers condamnés à mort par un tribunal de Brest sous accusation d'empoisonnements de marins à bord d'une goélette en Polynésie au début des années 1890, avant qu'il soit révélé que leur fausse identité dissimulait celle des frères Degrave, d'une honorable famille belge. Pour ma part, l'emploi à plusieurs reprises en fin d'ouvrage du terme de "révision" d'un procès, que la France de l'affaire Dreyfus connaissait depuis 1896 (et la demande de l'épouse du capitaine Dreyfus), ainsi que le décès du frère de Jules Verne, Paul, en août 1897, m'amènent à me demander si ce n'est pas de cette année 1897 que daterait le début de la rédaction?
Dès 2013, dans son blog Les trucs du grenier, Bishopkiller donnait un excellent résumé du roman.
Je fais en tout cas triple participation avec ce livre, pour mon challenge 120 ans Jules Verne (1828-1905), pour le Book trip en mer (saison 2) de Fanja, et bien sûr pour le challenge 2025 sera classique aussi organisé par Nathalie.
PS: aujourd'hui, je viens juste de découvrir que certains des romans de Jules Verne sont dans la Pléiade (15 titres, dans 5 -épais- volumes parus entre 2012 et 2024)! Pour ma part, pour une prochaine participation, je me contenterai d'un ou deux petits serpents de mer...