Emile Zola raconté par sa fille - Denise Le Blond-Zola
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Pour ce sixième mois du challenge littératures européennes de Cléante, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais continuer mes "pas de côté" en tirant la consigne "romans réalistes et naturalistes" vers "romancier naturaliste": l'occasion de présenter une biographe d'Emile Zola acquise sur le lieu même où il a vécu.
Denise Le Blond-Zola, Emile Zola raconté par sa fille,
Grasset, coll. les cahiers rouges, mars 2019, 299 pages
(édition originale publiée en 1931 aux éditions Fasquelles)
Cette biographie filiale a pour moi une saveur encore plus précieuse dans la mesure où c'est précisément lors de notre visite à la maison d'écrivain de Zola à Médan que je l'ai acheté en septembre 2024 (je ne connaissais pas ce titre auparavant). Plus près de nous, c'est le titre Zola à bicyclette chroniqué par Ingannmic en août 2025 qui m'y a fait resonger.
On connaît la vie privée de Zola: marié à Alexandrine Méley (1839-1925) le 31 mai 1870 (union restée sans enfants), il fait la connaissance d'une jeune lingère, Jeanne Rozerot, embauchée par celle-ci pour Médan en mai 1888, et elle devient sa maîtresse en décembre de la même année. Ils auront deux enfants: Denise, née en septembre 1889, et Jacques, de deux ans plus jeune. Après la découverte de ce "second foyer" par l'épouse légitime, ils parviendront à un accord et l'écrivain organisera sa vie entre les deux. Après sa mort le 29 septembre 1902, la veuve officielle s'occupera des deux enfants laissés par son mari. Jeanne Rozerot meurt pour sa part en mai 1914.
En octobre 1908, Denise * épouse Maurice Le Blond, journaliste qui avait fermement soutenu Zola lors de l'affaire Dreyfus. Elle écrit, entre 1920 et 1926, six romans pour la jeunesse publiés dans la "blibliothèque rose" de l'époque chez Hachette. Mais surtout, elle publie cette biographie sur son père dont elle achève la rédaction le 6 juillet 1930. Elle meurt en 1942 à Paris.
Le livre comporte 18 chapitres, et commence très classiquement par l'histoire de la famille Zola, originaire de Zara, en Dalmatie. François Zola, père d'Emile, est né à Venise en 1795. Après un passage par la Légion étrangère en Algérie, il arrive à Marseille en janvier 1833. Ces précisions permettent de savoir que Denise (née Rozerot, avant d'être autorisée à porter le nom de son père) a eu accès aux archives familiales et aux souvenirs d'Alexandrine, avec qui elle a entretenu de bonnes relations, après le décès de leur père et époux. Même si elle n'était elle-même qu'une fillette de 13 ans au décès de son père, elle l'a côtoyé durant son enfance, et en tout cas nous rapporte des informations de première main. Elle nous raconte l'enfance, la jeunesse d'Emile (orphelin de père dès 1847) et son amitié avec Cézanne, ses débuts laborieux dans la carrière de journaliste (il lui a longtemps manqué 40 francs de revenus mensuels pour atteindre les 100 qu'il visait...), puis d'écrivain, ses amitiés (ou non) avec ses confrères... La rencontre avec Jeanne Rozerot intervient p.129, dans le 9e chapitre commencé p.126 qui nous apprend que la petite maison de Médan a été acheté avec le produit de la publication de L'Assommoir. C'est p.122 qu'on a appris qu'Emile Zola refusait l'étiquette d'écrivain socialiste, mais désirait simplement être qualifié de "romancier naturaliste" (réponse à Albert Millaud [1844-1892], auteur bien oublié aujourd'hui mais qui avait eu une violente polémique avec Zola).
Je pourrais arrêter ici la présentation de ce livre (que je vous incite à lire). Précisons encore que Denise raconte avec beaucoup de pudeur, pp.188-194, le rapprochement de ses parents, et son enfance d'enfant "cachée"... (l'épouse bafouée s'est d'abord montrée fort jalouse avant d'accepter le principe du "double foyer" vers 1894...). Non seulement la publication des différents volumes, mais aussi celles des oeuvres de la maturité (Les Trois villes, puis les Quatre évangiles - qu'il ne terminera pas) sont abordées, mais aussi, bien sûr, l'affaire Dreyfus qui a entraîné un procès à la suite duquel Zola a dû s'exiler en Angleterre pour éviter l'emprisonnement. C'est encore avec pudeur qu'elle raconte la mort du père (p.290). A-t-elle su qu'un fumiste aurait fait confidence, bien des années plus tard, d'avoir bouché la cheminée des Zola un soir pour la déboucher le lendemain afin de ne pas laisser de trace d'un attentat fanatique?
Le livre étant trop ancien par rapport aux contraintes de la loi RGPD pour que les moteurs de recherche affichent de "vieux" billets de blog, je n'ai pu dénicher de liens. Comme toujours, je ne m'interdis pas d'en rajouter ultérieurement si je tombe dessus au hasard de mes surfs!
... Il est suffisamment ancien en tout cas pour participer au challenge "2025 sera classique aussi!" organisé par Nathalie.
* Merci Aifell(e) ! ;-)