J'ai suivi le conseil d'Aifelle en lisant le deuxième volet de la trilogie que Chris Offutt consacre aux gens des collines dans le Kentucky. Dans Les fils de Shifty (Editions Gallmeister, 275 pages), j'ai retrouvé avec plaisir Mick Hardin exerçant dans le CID (division des enquêtes criminelles de l'armée). Il vient de revenir en permission exceptionnelle d'une zone de conflit pour se remettre d'une blessure à la jambe. Mick vit momentanément chez sa soeur Linda, shérif d'un comté et qui espère bien être réélue dans ses fonctions. Mick, lui, est sous calmant à cause des douleurs provoquées par sa blessure et il a aussi du mal à se résoudre à signer les papiers pour son divorce. Toujours est-il qu'il décide d'enquêter bénévolement sur un meurtre puis deux. Les deux victimes sont des dealers de drogues. C'est la veuve Shifty Kissick, la maman des deux victimes, qui demande à Mick d'enquêter car la police a classé l'affaire sans suite. Mick connaît cette femme depuis longtemps. Il va être aidé par deux adjoints de Linda, par un chauffeur de taxi qui rêve de devenir pilote de course et surtout par le troisième fils Kissick, Raymond, qui vit loin du Kentucky pour raison personnelle. L'affaire se complique car les meurtres sont liés à une affaire de matières radioactives et donc toxiques, en rapport avec l'extraction du gaz de schiste, entreposées dans une mine et qui n'a donc rien à voir avec le trafic de drogue. Après Les gens des collines et avant La loi des collines (paru tout récemment et que je lirai très vraisemblablement), j'ai bien apprécié Les fils de Shify que je conseille.
Les deux bouquins que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) chronique aujourd'hui ont quelques points communs. Ce sont tous deux des éditions J'ai lu (avec illustrations de couvertures signées Denise Antonini!), et tous deux parlent de voyages. Ils ont aussi été écrits par des écrivains dits "populaires"... et marquent peut-être tous deux que cette popularité est volatile au fil des décennies qui s'écoulent après le décès des auteurs. Dernier point: je les ai "chinés" (à quelques semaines d'intervalle, et dans deux bouquineries différentes) avec l'idée de les verser à la "bibliothèque partagée" que j'ai mise en place en bas de chez moi.
André Dhôtel, Le pays où l'on n'arrive jamais, J'ai lu N°81, 1994
("1er DL dans la collection 1975" [? J'ai ...pas compris, puisque la parution du N°61 de cette collection J'ai lu remonte à 1959!], copyright 1955), 249 pages
Bernard Clavel, Meurtre sur le Grandvaux, J'ai lu N°3605, 1994
(EO Albin Michel 1991), 188 pages
Meurtre sur le Grandvaux ressort à la fois du roman noir et du roman "du terroir" (à la française). Il se déroule dans le Haut Jura, dans les années 1840. À l'époque, la population (rurale notamment) était en majorité sédentaire, les communautés étant organisées en autosubsistance. La "mondialisation" (commerce à longue distance) était pratiquée, par voie terrestre, par les "rouliers", un peu l'équivalent de nos "routiers" contemporains (qui conduisent des camions). Le "roulier", courageux conducteur de chariots, pouvait passer des mois voire des années loin de chez lui, tout en ayant en charge la commercialisation des produits qu'il transporte au loin. Ambroise Reverchon est l'un d'eux, dur, bon manager de ses intérêts, et capable de faire face aux dangers sur la route. Quand il revient à la ferme familiale, c'est pour apprendre que sa femme est morte et sa fille enceinte... des oeuvres d'un homme, dit-elle, qui préfère prendre la fuite que l'épouser. Papa va prendre les choses en main... Finalement, le (futur) gendre est plutôt brave gars: orphelin de père à 3 ans, il va se laisser conduire par le roulier. Mais c'est toujours le père qui mène sa maisonnée à la trique (au fouet, plutôt!). Il va être amené en toute logique jusqu'à ce que l'on pourrait hâtivement qualifier de "crime d'honneur", mais qui, à mon avis, n'entre pas dans la même logique culturelle. Un premier meurtre non prémédité l'amène à un autre, de sang-froid cette fois-ci.
J'ai appris en lisant cette oeuvre l'existence du métier de "boisselier", un genre de sous-tonnelier spécialisé dans les récipients cylindriques en bois, très utilisés dans nos campagnes (avant l'utilisation à grande échelle de la tôle galvanisée, puis du plastique).
Je vous mets un extrait (p.82).
"- Ton père, je peux te dire que c'est un fameux bonhomme! Quand je pense de quelle façon on s'est connus!
Elle se met à rire.
- Y peut être rudement dur, tu sais.
- Ca, pour le savoir, je l'sais! Sacrebleu oui, que je l'sais... Mais c'est un homme de justice. Et qui fera jamais l'ombre d'une crasse à personne. Jamais! Seulement, celui qui le cherche, il est sûr de le trouver. C'est tout. Et c'est très bien de la sorte!"
Et un autre, sur le "métier" du roulage et ses secrets, transmis de père en fils (p.77).
"Ambroise se remet à parler comme s'il poursuivait un récit jamais interrompu.
- Ce temps-là, je peux te garantir que j'ai connu bien pire, justement quand je suis revenu de Nijni-Novgorod. J'avais plus qu'une seule voiture. Je dirais pas que j'avais gagné des mille et des cents, mais enfin, je m'en sortais pas mal. Puis je ramenais des épices que je comptais bien revendre en route. Les épices, si on sait s'y prendre, c'est presque toujours de bon profit... Dans notre métier, le secret, c'est de jamais rouler à vide. Dès que t'as fait de la place, faut que tu trouves de quoi charger. Et toujours ce qui peut se revendre mieux, plus loin."
J'ai trouvé quelques blogs qui en avaient parlé: Thomas en a dit deux mots l'an dernier. CJB est nettement plus intéressant. Voir aussi Sab. Et Picardine (dernier billet en 2011). Pour ma part, j'avais déjà présenté sur ce blog l'an dernier un autre roman de Bernard Clavel, qui parlait de transport maritime (Cargo pour l'enfer).
Dans une autre des bouquineries que je fréquente, j’ai fini par craquer pour un titre que je connais depuis des décennies pour le voir dans des listes de collections en fin d’ouvrage, Le pays où l'on n'arrive jamais. Ici, je l’ai donc acheté non pas dans une édition Jeunesse, mais en J’ai Lu. Si je connaissais le titre, je ne savais rien sur son contenu ni même sur l’auteur.
Je dirais que j'ai lu ce livre comme un conte, qui fait bien entendu songer au livre d’Alain-Fournier Le grand Meaulnes, mais aussi à des livres jeunesse du XIXe siècle (Sans famille d’Hector Malo) ou contemporains de son écriture (dans les années 1950), comme La villa des grillons de Léonce Bourliaguet…
Il s'agit d'une histoire de voyages (mais aussi de "gens du voyage"), avec un côté merveilleux, des coïncidences incroyables, un cheval quasiment magique, des rencontres plus ou moins imprévisibles au départ, l’absence de contingences matérielles, la puissance de l’intuition irrationnelle qui guide bien des actions de nos jeunes héros… Mais un merveilleux qui n’a pas besoin de faire appel aux sorciers, zombies, elfes, vampires, loup-garous, dragons ou autres monstre imaginaires. On se laisse capter par le merveilleux de l’irréel où l’on pouvait encore parcourir un pays avec une carriole à cheval de ville en ville par les chemins creux en gagnant sa vie durant le voyage. Pour essayer de résumer l'intrigue en quelques mots, je dirai qu'un jeune garçon, élevé par sa tante parce que ses parents voyagent par monts et par vaux, fait la rencontre d'un gamin mystérieux, manifestement en fugue puisque recherché. Il va l'aider à aller jusqu'au bout de sa quête, et y retrouver ses propres racines. L'action se passe en bonne partie dans les Ardennes, à proximité de la frontière avec la Belgique.
En prenant un peu de recul, je me suis dit qu'on pouvait avoir l’impression que ce livre a été construit en brodant, en développant une série de rêves dont les séquences se succèdent.
André Dhôtel, né en 1900, est mort en 1991. J'ai du mal à comprendre pourquoi seul ce titre semble encore connu et le plus ré-édité de nos jours...? Bon, en vérifiant, je vois que certains de ses dizaines de titres semblent avoir bénéficié d'éditions au XXIe siècle. Mais je n'ai pas l'impression de les avoir souvent croisés. Son fils François veille pourtant à la mémoire de l'oeuvre de son père en s'assurant que ses manuscrits, correspondance et autres papiers personnels soient mis à disposition des chercheurs.
Cela fait quelque temps que je souhaitais parler ici de cette "bibliothèque partagée" que j'ai mise en place en bas de chez moi.
Pour dire quelques mots de l'histoire: l'idée m'en trottait dans la tête depuis quelques années. Ayant été assister à l'AG de copropriété en décembre 2024 (alors que je me contentais de donner pouvoir depuis quelque temps), j'ai pris la parole lors des "questions diverses" pour dire que j'avais envie de mettre en place ce que je connaissais dans plusieurs immeubles que je fréquente... Les réactions ont été contrastées. Deux jeunes femmes (propriétaires plutôt récentes) étaient enthousiastes, les propriétaires les plus anciens étant indifférents ou dubitatifs... J'ai dû m'engager sur un meuble de petite taille (discret), qui n'attire pas les regards des passants mal intentionnés, garantir que ça ne servirait pas de "poubelle" pour mettre seulement du rebut... J'ai commencé par (me) constituer un "fonds" avec des livres que je connaissais (ou du moins d'auteurs dont j'avais lu d'autres ouvrages - sauf exceptions!). Puis j'ai eu la chance de trouver dans un "box" qui devait être rendu à son propriétaire un joli petit meuble auquel je n'ai eu qu'à rajouter quelques étagères! Depuis deux semaines, 15 des 50 titres initialement déposés sont partis voire même repartis, j'en ai ré-injecté près d'une dizaine... Et ai eu le plaisir d'en voir arriver une demi-douzaine d'autres, déposés par d'autres résidents! Je finirai en signalant que 50 nuances de Grey (qui m'est tombé des mains!) n'a toujours pas trouvé preneur... ou preneuse!
Après avoir lu une critique dithyrambique dans un hebdo télé que je lis et une bande-annonce prometteuse, je viens d'aller voir L'attachement de Carine Tardieu et j'ai beaucoup aimé, surtout la prestation de Valeria Bruni-Tedeschi (qui à elle seule vaut la peine d'aller voir le film). Heureusement que je n'avais pas encore lu le billet de Pascale. Alex (Pio Marmaï) accompagne sa femme qui est sur le point d'accoucher. Elliot, le garçon de la famille âgé de 6 ou 7 ans, est confié momentanément à Sandra (Valeria Bruni Tedeschi), la voisine de palier. Cette dernière n'est pas mariée, n'a pas d'enfant et elle s'occupe d'une librairie féministe. Donc, la vie de cette famille est loin de son univers. La parturiente décède subitement et Alex se retrouve à devoir élever tout seul Lucille, la nouvelle-née, et Elliot. Heureusement que Sandra est là car Elliot s'est très vite attaché à elle. Le film se déroule sur pendant les deux premières années de Lucille où on la voir grandir à la différence d'Elliott (le seul bémol du film). C'est une histoire sur la vie qui aborde de nombreux sujets sur le deuil, de la résilience, le bonheur, l'amour. J'ai passé un bon très moment sans m'ennuyer.
Je voudrais vous narrer sur ce qui s'est passé pendant la projection à laquelle j'ai assisté. À peine cinq minutes après le début du film, j'entends un ronflement (je me suis dit, le film semble ennuyer quelqu'un!) et ce ronflement a duré presque toute la projection. Je n'ai pas osé émettre une remarque derrière mon dos. A la fin de la projection, je me lève et que vois-je? Un labrador ou un golden retriever avec ses deux maîtresses. Il avait dormi comme un bienheureux pendant la projection avec un ronflement régulier. Je pense que c'est un chien d'aveugle (?) en période de dressage. Je n'ai pas eu la présence d'esprit de demander.
Je passe à Haut les mains de Julie Manoukian, une petite comédie très sympathique avec Vincent Elbaz, qui interprète le rôle de Bernard, un veuf inconsolable qui joue au cambrioleur, un as de l'ouverture de coffres. Il n'est plus de la première jeunesse pour escalader des murs. Lors d'un cambriolage, il fait la connaissance d'un trio qui se livrait à la même activité: les "Green Panthers", deux femmes et un homme qui font tout pour dénoncer les ravages que certaines sociétés capitalistes font subir à la nature sous couvert d'écologie et accessoirement, l'abus de pouvoir contre les femmes. Vincent et les trois autres vont devoir affronter Kramer, un flic ripoux relégué aux archives de la police, qui rêve d'appréhender les trois Green Panthers. Il a un vieux compte à régler que je vous laisse découvrir. Je crains malheureusement que le film ne reste pas longtemps à l'affiche et c'est bien dommage. Lire le billet d'Henri Golant.
Passant chez Enna avant-hier, l'annonce de son 8e African American History Month Challenge 2025 m'a (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) inspiré l'envie d'y participer (puisque je suis encore dans les temps!), avec un titre que j'avais revu récemment dans ma BDthèque: L'homme de Harlem, de Guido Crépax. J'espère que je suis bien dans le thème... Je me l'étais acheté en 1991 dans une librairie qui s'appelait "Oser penser"!
Cette collection Pilote (albums brochés souples et non cartonnés) était "proposée" par Guy Vidal et Claude Moliterni. Guido Crépax (1933-2003) a dessiné en version italienne L'uomo di Harlem l'année même où le titre a été publié en France. L'album a par la suite été republié, toujours chez Dargaud, dans la collection Un homme une aventure, qui faisait la part belle aux dessinateurs italiens.
Nous sommes en juin 1946 (donc nettement plus tard que dans le film Cotton club auquel sa relecture m'a fait songer). La IIe guerre mondiale est passée par là... mais à Harlem, on peut toujours trouver des histoires mêlant gangsters (essentiellement blancs) et jazzmen (ceux-ci noirs surtout). Après avoir assisté à la victoire d'un boxeur noir contre un blanc, Little Johnny Lincoln, contrebassiste noir, tire une fille blanche, Polly, des pattes d'un blanc qui la pourchasse parce qu'elle a été témoin de ce qu'elle n'aurait pas dû voir. C'est le début des ennuis... quand il décide de l'héberger chez sa mère où il vit. L'accueil est froid (elle engueule son fils...). Sa copine en titre se montre plutôt possessive (sans se soucier des dangers courus par Polly). Quelque chose pourrait s'esquisser entre la fille planquée et le musicien sans préjugés, même s'il passe l'essentiel de son temps à gagner sa vie dans le club où il joue. Le gangster l'y reconnaît. De son côté, Polly s'enfuit avec l'idée d'aller voir la police. L'affaire tourne mal. Son instrument sauve la vie de notre joueur (la pauvre contrebasse est réduite en miettes). Sa tentative de vengeance sera dérisoire, mais les dernières pages montrent un peu d'espoir: c'est un contrebassiste blanc qui procure un nouveau travail et le nouvel instrument qui y est nécessaire à Lincoln. Solidarité des musiciens autour de la musique...
Je n'ai bien évidemment pas tout dit. Il me semble que "l'homme de Harlem" du titre peut faire référence, au-delà de ce qui semble évident, c'est-à-dire à notre héros, à au moins trois des autres personnes dont il est question dans la BD. Et vous, qu'en pensez-vous (si vous avez lu l'album)?
Ci-dessous quelques planches permettant d'admirer le dessin et les couleurs de Crépax (pp.10, 14-15, 51).
Pour une fois, j'écris un billet "théâtre". Je suis allée voir Le prix de Cyril Gely en ne sachant rien de la pièce, mais j'apprécie Pierre Arditi et Ludmila Mikael depuis très longtemps. J'aime voir les acteurs connus sur scène. Le prix est inspiré d'une histoire vraie. Le prix du titre est le prix Nobel de chimie qu'Otto Hahn (1879-1968, joué par Pierre Arditi) doit recevoir à la fin des années 40 pour avoir découvert la fission nucléaire. Quand la pièce commence, Otto Hahn se prépare pour recevoir son prix à Stockholm. Et justement, sur ces entrefaites, une femme arrive, Lise Meitner (1878-1968, Ludmila Mikael) qu'il n'avait pas vu depuis 8 ans, depuis juillet 1938. Cette physicienne qui avait collaboré avec Otto Hahn pendant 30 ans avait fui le nazisme. Elle était juive. Pendant une heure trente, elle règle plus ou moins ses comptes car selon elle, et c'est tout à fait naturel, elle aurait dû partager le prix avec Otto Hahn. La découverte de la fission nucléaire s'est faite à deux. Depuis, j'ai fait quelques recherches, et en effet, Lise Meitner n'a jamais été reconnue à l'égal d'un homme pour ses recherches. On se rend compte que le monde scientifique dans les années 1910, 1920 et 1930 était misogyne. Cyril Gely a écrit la pièce qu'il a lui-même adapté de son roman, Le prix, publié chez Albin Michel (2019, 224 pages) mais que je n'ai pas encore lu. Si vous ne pouvez pas aller au théâtre (le prix des places est cher), lisez le livre. En tout cas, Ludmila Mikael et Pierre Arditi se donnent la réplique avec conviction. J'ai passé une bonne soirée.
Yves Poey en a parlé sur son blog, Frédéric Bonfils sur le sien. Quant au livre, on peut aujourd'hui encore trouver facilement plusieurs billets datant de 2019 qui le concernaient sur la blogo...
PS: pour répondre à l'interrogation de Luocine, j'ai trouvé Pierre Arditi plutôt en forme et pas trop vieilli, ainsi que Ludmila Mikael.
J'ai hésité avant de me décider à voir ce film en avant-première dimanche dernier, 9 février 2025, dans l'une des salles que je fréquente à Paris. The Brutalist de Brady Corbet est un film de 3h30 divisé en deux par 15 minutes d'entracte décomptées sur l'écran. 1h40 pour la première partie qui se passe entre 1947 et 1952 et la deuxième partie dure 1h50 et se déroule à partir de 1952 jusqu'au début des années 60, et enfin un épilogue qui se passe en 1980. The Brutalist, c'est Lazlo Toth (Adrian Brody, absolument remarquable), un architecte juif hongrois qui débarque d'un bateau à New-York avec une simple valise en 1947. Sa première vision du Nouveau Monde est la statue de la liberté filmée en diagonale au large de Manhattan. Il a laissé derrière lui sa femme Erzsébet et sa nièce Zsofia qui sont restées coincées en Europe. Il est d'abord hébergé à Philadelphie dans un cagibi sans fenêtre par son cousin Attila (marié à une catholique), qui fabrique et vend des meubles que Lazlo trouve assez laids. Puis Laszlo et Attila acceptent d'honorer un contrat inespéré: créer et fabriquer une immense bibliothèque dans la demeure d'une famille fortunée. À partir de là, le destin de Laszlo bascule: il se lie d'amitié avec un Noir et son fils, il est rejeté par son cousin, il est renvoyé par le père du commanditaire de la bibliothèque avant d'être rappelé. Le père Harrison Van Buren (Guy Pearce, impérial) lui propose de construire un grand projet communautaire dans le style "brutaliste". Mais on rappelle bien à Laszlo qu'il n'est que toléré. Le racisme est sous-jacent en permanence dans cette Amérique d'après-guerre. Il y a un très beau travail sur la musique, le cadre, les couleurs, la lumière. Le film est aussi une belle histoire d'amour, mais tragique, entre un homme et une femme (Felicity Jones dans le rôle d'Erzébet est sensationnelle). Cette dernière est devenue handicapée à cause de l'ostéoporose. La nièce, elle, ne parle pas depuis son arrivée aux Etats-Unis. Je pourrais continuer à vous raconter les péripéties de ce film très maîtrisé mais Wiki*** le fait très bien. Pour résumer, on ne voit pas passer les 3h30. Au bout d'une heure 40, on n'a qu'une hâte c'est de voir la suite sans attendre. Le film ne plaira pas à tout le monde mais moi j'ai aimé (sauf l'architecture brutaliste assez écrasante), tout comme Pascale et Selenie. Une dernière remarque: The Brutalist m'a fait penser à There Will Be Bloodde Paul Thomas Anderson, d'un point de vue style de film.
Challengé par la planète Mars, j'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) d'abord acquis et commencé à lire le titre explicite Les sables de Mars, avant d'apprendre en entamant mes recherches complémentaires que celui-ci faisait partie d'une trilogie, et que celle-ci avait bénéficié d'une édition intégrale chez Milady, un des labels des éditions Bragelonne, récemment (enfin, il y a déjà plus d'une douzaine d'années).
Mon exemplaire du titre Les sables de Mars, par lequel je commence, est le 36e numéro de la 3ème série de la collection Futurama (rebaptisée Super Lights) des Presses de la Cité, imprimé en 1986 (249 pages). Le roman en VO, lui, a été écrit en 1951 par Arthur C. Clarke et constitue l'un de ses premiers romans publiés. J'y reviendrai.
L'histoire se déroule dans un temps indéterminé, où une première colonie humaine s'est déjà installée sur Mars. Un écrivain (Martin Gibson) y part pour trouver l'inspiration (et vendre ses reportages). Le voyage depuis la terre occupe plus du tiers de l'ouvrage. J'ai halluciné, tant, dans ce roman publié au milieu du XXe siècle, la description de l'accès à Mars depuis Deimos m'a fait songer à l'atterrissage de la navette spatiale américaine (1981-2011): "cette phase parut durer très longtemps, bien qu'elle ne s'étendît en réalité que sur quelques minutes. Finalement, le hurlement du vent déclina peu à peu. La fusée avait amorti toute sa vitesse excédentaire contre la résistance de l'air. La matière réfractaire de son nez et de ses ailes en lame de couteau, qui avait viré au rouge cerise, n'allait pas tarder à se refroidir. Converti en un simple planeur rapide, l'appareil survolait le désert à moins de mille kilomètres à l'heure, guidé par radio vers Fort Lowell, sa destination" (p.100). Plus généralement, l'histoire m'a fait songer à L'enfant de Mars que j'avais découvert dans le cadre de la première édition de mon challenge (le livre datait de 1952: le sujet était à la mode...). Sur la planète est découverte une méthode indigène permettant de produire de l'oxygène. En parallèle, le satellite Deimos est en passe d'être scientifiquement transformé au profit des colons martiens. L'histoire est racontée du point de vue de Gibson et nous découvrons en même temps que lui les mystères du voyage spatial et de la planète Mars, cependant que l'intrigue principale tourne autour de ce personnage de Gibson et de son passé...
Ce roman fait donc partie du cycle dit Trilogie de l'espace des oeuvres d'Arthur C. Clarke. C'est en commençant à rédiger le présent billet que je me suis aperçu qu'il valait mieux que je lise aussi les deux autres. Je pensais d'abord devoir courir les bibliothèques pour en récupérer un exemplaire, mais j'ai eu plutôt la chance de tomber dessus en occasion.
La trilogie de l'espace, Editions Bragelonne (Milady), imprimé en 2011 (714 pages - dommage, ça m'aurait fait un beau volume pour mes Epais de l'été 2025).
Ce volume contient donc aussi Les sables de Mars, exactement dans la même traduction (d'André Jager et Jean-Gaston Vandel). Le titre bénéficie d'une introduction séparée d'Arthur C. Clarke, cependant que la préface générale du volume restitue le contexte où il écrivait, au début des années 1950, quelques années avant le lancement de Spoutnik en 1957, alors que l'idée d'un voyage au-delà de la terre relevait, pour la plupart des personnes, de la Fantasy (sic!) pure et simple. J'ai eu plaisir à lire ces récits malgré leur côté peut-être désuet (de la SF bien sage...), mais je ne dirai que peu de choses des deux autres romans.
Les îles de l'espace (1952): un séjour en station orbitale (entre la lune et la terre) ne se passe pas comme le prévoyait le jeune homme qui l'avait gagné lors d'un jeu télévisé. Il va avoir l'occasion de jouer au passager clandestin lors d'une mission de sauvetage d'un des passagers d'un vaisseau reliant Mars à la Terre, tombé malade. Il va vivre quelques aventures, avoir le privilège d'écouter le récit d'un vétéran de l'exploration de la planète Mercure... Ce roman, "récit à la première personne", est "copyright 1954" (?) et occupe les pages 11 à 193 du volume.
Lumière cendrée (1955): une guerre intersidérale va opposer la Terre à une fédération réunissant Mars et d'autres colonies spatiales humaines... Dans la préface (datée de 2001), Arthur C. Clarke dit avoir un peu honte des scènes de combat dans l'espace: il trouve qu'il y a beaucoup trop de "guerres d'étoiles" (sic!) sur les écrans, grands et petits, "de nos jours"... Lumière cendrée commence p.481 du volume. Nous sommes dans, pardon, "sur" la lune. L'agent Sadler est en mission pour voir, pour le compte de la Fédération terrienne, ce qui se trame sur notre satellite. Mars, Vénus, Mercure et les satellites de Jupiter et de Saturne sont aussi en cours de colonisation. La guerre fait quelques centaines de victimes, et amène les deux parties à trouver un modus vivendi gagnant-gagnant. Le 21e et dernier chapitre voit Sadler revenir à Central City (sur la lune), 30 ans après sa mission, pour percer un dernier mystère.
J'ai trouvé trace des billets de trois blogueurs sur le titre Les sables de Mars: Erwelyn bien évidemment, Hellrick et Gotomars (site de Jacques Garin). La trilogie de l'espace, elle, avait été chroniquée par MarcFVB (dernier billet en 2020) et Thalia du blog Regard d'enfant (dernier billet en 2015).
Devenir Zéro d'Anthony McCarten (Edition J'ai lu, 473 pages) est un vrai "page-turner". L'écrivain né en Nouvelle-Zélande a eu des prémonitions en ce qui concerne les différentes péripéties de l'histoire. Dix personnes ont été sélectionnées pour participer au bétatest Objectif zéro. Il s'agit de disparaître des radars dans ce monde hyper connecté où les gens sont surveillés entre les téléphones, les réseaux sociaux, les ordinateurs, etc. L'expérience doit durer 31 jours, pendant un mois de mai. Si par miracle, une ou plusieurs personnes n'étaient pas repérées, elles empocheraient trois millions de dollars net d'impôt. Cy Baxter, le fondateur de Fusion (qui m'a fait penser à Elon Musk) et l'initiateur de cette expérience, veut tout surveiller, tout contrôler, surtout la vie des gens. Il arrive même à accéder à des fiches du FBI ou de la CIA sur des milliers de gens. Pour en revenir au bétatest, parmi les dix personnes, l'une d'entre elles va donner du fil à retordre aux organisateurs de cette expérience : une dénommée Kaitlyn Day, une bibliothécaire exerçant dans une bibliothèque de Boston. Le roman est divisé en deux parties et un épilogue. À la fin de la première partie, on assiste à un coup de théâtre qui permet un rebondissement de taille. L'histoire est vraiment très bien menée. L'écrivain est aussi scénariste. Je vous conseille cette lecture que vous ne lâchez plus dès que vous la commencez. Et au contraire de Cathulu, j'ai aimé la deuxième partie du roman. Lire aussi le billet enthousiaste de Philisine Cave.
C'est après avoir lu le billet de Pascale que je suis allée voir Maria de Pablo Larrain, qui sur déroule pendant les sept derniers jours de Maria Callas, ponctués de nombreux flash-back. Le film commence le 16 septembre 1977 dans un immense appartement avenue Georges Mandel à Paris, quand Maria Callas est retrouvée inanimée par terre. A partir de la séquence suivante, on est dans l'intimité de Maria pendant les sept derniers jours de sa vie, pendant lesquels elle espère encore retrouver sa voix quand elle était "La Callas". En guise de nourriture, elle prend du mandrax (méthaqualone), un sédatif très en vogue dans les années 70 qui lui donne des hallucinations. Elle n'est pas toute seule dans son appartement car Bruna, sa cuisinière et gouvernante ainsi que Ferrucio, le majordome, homme à tout faire et chauffeur veillent sur elle mais ils sont impuissants devant l'état de Maria. Et puis il y a les deux chiens de Maria. Dans les nombreux flash back filmés en noir et blanc, on a des bribes de la vie qu'a mené Callas, le triomphe de ses prestations vocales, sa rencontre avec John Fitzgerald Kennedy, avec Aristote Onassis et sa rivalité avec Jackie Kennedy, ou même lorsque sa soeur et elle ont chanté devant un officier allemand pendant la seconde guerre mondiale. Car même si Maria est née à New-York, elle a passé une grande partie de sa jeunesse et de sa vie de jeune femme à Athènes. Concernant le film, les parties chantées sont plutôt bien faites, même si on n'oublie jamais que l'on a Angelina à l'écran. En revanche, il est dommage que les personnages très intéressants que sont Bruna et Ferrucio ne soient pas plus développés. Ils ne sont que des faire-valoir. On ne sait rien d'eux et on ne saura rien d'eux, alors qu'ils sont interprétés par deux très bons acteurs comme PierFrancesco Favino et Alba Rohrwacher, et je n'oublie pas Vincent Macaigne dans le rôle du médecin qui annonce des mauvaises nouvelles à Maria. Un film que j'ai vu sans déplaisir mais c'est tout. Lire les billets de Pascale et Selenie.
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) fais aujourd'hui un petit "pas de côté" en parlant d'un ouvrage qui ne provient pas d'un dessinateur de Charlie Hebdo, mais d'un de leurs collègues dessinateur de presse (dont je vois chaque semaine des dessins parce qu'il oeuvre, notamment, dans Le Canard Enchaîné depuis des années).
Aurel, Charlie quand ça leur chante, Futuropolis, coll. Paroles, 2024, 32 pages
La 4ème de couv' de cet opuscule à propos de "l'esprit Charlie" en dit pas mal. Mais elle ne dit pas tout à mon avis. En tout cas, le titre et l'auteur, comme je l'ai dit, ont déclenché mon "acte d'achat". En bas de la 2e de couv', après 14 lignes d'avant-propos "cadrant" ce qu'est un dessin de presse, Aurel précise: "je ne suis le porte-parole de rien et m'exprime en mon nom". Dans les pages de cet ouvrage dessiné, le dessinateur se met lui-même en scène et s'adresse au lecteur (brisant un mur?), et nous amène à prendre conscience de l'état précaire du métier de dessinateur de presse (en France, quelques dizaines d'individus).
Il commence par poser que le dessin de presse (et plus largement l'humour d'actualité) se meurent, parce que la presse elle-même va mal: les ventes s'effondrent. Et lors de la "transition numérique" des journaux, le dessin est bien souvent oublié.
Puis, après deux pages où il raconte comment il a appris le massacre de ses collègues, Aurel explique ce qu'a signifié pour lui "Je suis Charlie" (p.7), alors qu'un copain (qui connaît [ses] différents politiques avec le journal) s'étonne de [le] voir arborer un badge quelques semaines après le massacre du 7 janvier 2015.
Il parle, ensuite, de "l'après": récupérations de tous bords (beaucoup de demande de dessins de soutien gratuits). Malgré tout, lui et ses collègues ont continué à faire ce qu'ils savaient faire de mieux: dessiner...
Dans la douzaine de pages suivantes, il continue à dénoncer l'hypocrisie de la profession, les bas tarifs du dessin de presse et la précarité du métier (cf. ci-dessous p.10). Mais le public (le lectorat) en prend aussi pour son grade!
J'ai été surpris par la manière dont il fait remarquer (ci-dessus) que les tarifs négociés par les syndicats de journalistes (CFDT ou SNJ-CGT) sont trois à cinq fois inférieurs aux tarifs réellement pratiqués, et nécessiteraient d'être sûrs de vendre 20 dessins par mois pour arriver péniblement au SMIC. Si je caricature: contester ces tarifs minimum n'équivaut-il pas à dire que le SMIC est lui-même inutile parce qu'il est trop bas? Je vois plutôt, pour ma part, le tarif négocié comme ce qu'on appelle un "minimum syndical": se met dans l'illégalité tout patron (de presse...) qui prétendrait payer au-dessous de ce tarif... mais rien, bien entendu, n'interdit aux dessinateurs de "se vendre" nettement plus cher!
"Le quotidien d'un-e dessinateur-ice est de se faire refuser des dessins pour plein de bonnes raisons. Et aussi des mauvaises." (p.23). Aurel rappelle aussi le pouvoir amplificateur des réseaux sociaux pour juger un dessin sans l'avoir vu.
Son propre discours sur la prise en étau des dessinateurs entre les néo-réacs d'une part (?) et la société qui évolue (bouillie au woke et arrosée de coca-cola, oserais-je dire?) est cohérent, même si on peut ne pas partager ses analyses. Il donne trois raisons expliquant pourquoi les dessinateurs de presse sont régulièrement pris à partie par des gens qui ne trouvent pas drôle ce qu'ils font, ou plus exactement qui leur reprochent de rire de tel ou tel sujet. Les dessins ont toujours déplu à une partie de la population, mais le "village global" de McLuhan en a multiplié la visibilité (c'est moi qui parle de McLuhan, Aurel parle des réseaux sociaux). Il y a un changement global de mentalité (les gens sont plus stressés et deviennent susceptibles...). Les nouvelles générations n'ont plus les mêmes codes ni les mêmes limites.
p.21-24, Aurel (né en 1980) nous rappelle que, dans les années 1960 (p.21-24), Cavanna, Cabu, Wolinski, Choron et consort (je ne les ai pas mis dans le même ordre que lui) inventaient un humour grinçant que les anciennes générations considéraient comme absolument inopportun.
Nombre des gages de "nos idoles" ne seraient plus possibles aujourd'hui, et pour Aurel c'est "Tant mieux". "Nous vivons sans doute la fin de cette ère qui avait pour objectif de pousser les murs d'une société étriquée en voulant pratiquer un humour sans tabou", constate-t-il. Pour en tirer la conclusion qu'il faut désormais vivre avec son temps (?).
Je pense que, pour ma part, je suis trop vieux pour avoir envie de renoncer à rire de tout. Mais il est vrai que je m'expose infiniment moins qu'un dessinateur de presse.
J'ai relevé que, si Aurel attaque nominalement, comme étant l'un de de ceux qu'il qualifie de "nouveaux réacs", Philippe Val (directeur de la publication du nouveau Charlie Hebdo de 2004 [après la mort de Gébé] à mai 2009), il n'évoque pas l'éviction de Siné en 2008 pour autant. Pas plus qu'il ne cite le nom de son collègue suisse Chappatte (qui depuis 2020 dessine, comme lui, au Canard enchaîné) comme exemple de dessinateur dont un dessin a amené un journal (le New York Times) à renoncer mi-2019 à la publication de tout dessin de presse.
Cela m'a aussi amené à me demander si, lorsque Cabu dessinait pour la télévision ou Wolinski pour Paris Match, les sujets de leurs dessins étaient les mêmes dans ces "gagne-pains" (je suppose) que dans les hebdomadaires qu'ils avaient fondés et dont ils maîtrisaient la ligne éditoriale... Une question que je creuserai ultérieurement?
Aurel conclut son pamphlet (?) avec une page où, l'oeil mauvais, il demande aux "néo-réacs" qu'il a égratignés dans nombre de ses pages de laisser les dessinateurs de presse dessiner tranquilles.
Ce petit ouvrage intéressant, et dont je vous conseille la lecture, contient une pensée logique même si contestable. Pour ma part, je crois que je n'ai pas envie de le suivre dans la partie où il expose son analyse des "néo-réacs". J'adhère à ce qui est dit seulement quand ça me chante, non mais!
Je suppose que d'autres blogs en ont déjà parlé en janvier 2025... mais seules des chroniques parues dans des titres de presse apparaissent dans les moteurs de recherche. Mots-clés trop clivants + loi RGPD = le néant... Je rajouterai des liens si je tombe dessus!
C'est grâce au billet de Luocine que j'ai voulu lire L'effondrement (Edition du Seuil, 228 pages), livre d'Edouard Louis paru en 2024. C'était la première fois que je lisais Edouard Louis. Je ne regrette pas ma lecture. L'effondrement du titre, c'est celui de son demi-frère du côté maternel qui est mort à 38 ans à cause d'excès en tout genre, surtout la boisson pendant des années. Sur la couverture, il est mentionné que c'est un roman. Pour moi, c'est un récit biographique d'une personne mal aimée et qui ne s'aimait pas elle-même. Edouard Louis dit souvent qu'il n'aimait pas son frère (son aîné de quelques années), mais ce livre lui rend un peu hommage malgré tout, parce qu'il est le sujet du livre. Ce frère qui n'est jamais appelé par son prénom était, semble-t-il, le plus gentil du monde surtout avec ses compagnes (il en a eu de nombreuses). Il souffrait que son beau-père (le père d'Edouard) le rabaisse constamment. Il n'arrivait pas à garder un travail très longtemps alors qu'il avait des capacités, l'abus d'alcool le rattrapait. Quand il a appris la mort de son frère, Edouard Louis ne l'avait pas vu depuis dix ans. C'est par sa mère qu'il avait des nouvelles. Cette mère qui a perdu connaissance quand son fils est mort. Ce livre qui se lit très rapidement m'a plu. Merci Luocine.
Voici une histoire qui sort un peu des sentiers battus, par une cinéaste, Naoko Ogigami, dont c'est le premier film distribué en France sur les six qu'elle a réalisés. Cela se passe à Tokyo au Japon en 2011 au moment de la catastrophe de Fukushima. Le jardin zen raconte l'histoire d'une femme, Yoriko, de son mari Osamu, de son fils et de son beau-père grabataire dont elle s'occupe avec répulsion. Ils vivent tous ensemble dans un pavillon avec un jardin rempli de fleurs dont Osamu prend soin. Un jour, rentrant du travail, Osamu après avoir écouté la télé juste avant de diner, disparaît en laissant le tuyau d'arrosage du jardin ouvert. Quelques années plus tard, on retrouve Yoriko, adepte d'une "secte de l'eau", qui en suit les préceptes. Cette femme qui n'est pas souriante voire revêche parle peu mais elle semble être douée pour la cuisine. Il y a désormais des bouteilles d'eau partout chez elle. En revanche, le jardin est devenu un jardin sec (ou karensensui en japonais) avec des graviers blancs où l'on voit des formes rondes dessinées grâce à un râteau. L'ensemble est complété avec quelques rochers. J'avoue que quand je l'ai vu la première fois à l'écran, je l'ai trouvé très beau. Quand son mari revient sans crier gare quelques années plus tard, Yoriko n'est pas contente mais elle ne se révolte pas vraiment car elle apprend qu'Osamu a un cancer à un stade très avancé. Cependant Yoriko est capable d'humanité quand il s'agit de son fils (il est tout pour elle) ou d'une femme d'entretien avec qui elle se lie d'amitié et à qui elle parle de problèmes typiquement féminins. Je ne vous dirais rien de plus (il y a quelques moments savoureux que je vous laisse découvrir dans le supermarché où travaille Yoriko comme caissière). Le film se termine sur un air de flamenco. C'est un film surprenant qui évoque un pays où les Japonaises n'ont pas une vie facile dans une société très machiste.
Cette fois-ci, c'est un OLNI (objet livresque non identifié) que j'ai déniché dans un bac de livres d'occasion que j'explorais. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) l'ai payé un euro, ai cru pouvoir le lire très rapidement, ...mais sa lecture m'a pris quelques jours. Cette oeuvre s'inscrit bien entendu dans mon challenge martien, peut avoir sa place dans le "13e challenge de l'imaginaire" organisé par Tornade, sans oublier le challenge "2025 sera classique aussi" reconduit par Nathalie(logo "en attente" la dernière fois que j'y ai été voir)(1).
Henri de Parville, Un habitant de la planète Mars, 161 pages,
printed in Poland by Amazon Fulfillment (première édition: Hetzel, 1865)
Les quelques images ci-dessus peuvent donner, j'espère, une idée de cette oeuvre (présentation matérielle, taille des caractères... et 4e de couv').
L'auteur, Henri de Parville (1838-1909), est un contemporain de Jules Verne (1828-1905), et Un habitant de la planète Mars a, comme l'auteur des Voyages extraordinaires, été publié par Hetzel. Mais sa notoriété est moindre. Ce titre est pourtant présenté ici ou là comme un des tout premiers romans d'anticipation, un précurseur de l'ufologie (discipline consistant à recueillir, analyser et interpréter des données concernant potentiellement des extraterrestres). On en trouve semble-t-il des éditions originales cotées 500 euros. Et, tombé depuis des lustres dans le domaine public, il est proposé en "impression à la demande" pour des prix variant de 10 à quelques dizaines d'euros.
Alors, ce petit roman vaut-il le coût? Heuuuu... Pour la forme, je dirais que, pour quelqu'un habitué aux longues digressions de Jules Verne, ça se laisse lire. J'ai particulièrement été frappé par le maintien dans cette réimpression d'une orthographe vieillie avec adjectifs précédés de "très-" (trait d'union compris): "très-grande dureté", "très-distingué" (dès la p.8 de mon édition!). Sur le fond, cela peut évoquer Le Humbug ou La chasse au météore (textes verniens), mais aussi les premières pages de La guerre des Mondes de H.G. Wells. Ce titre ne bénéficie pas d'une grande notoriété. Cependant, il me semblait bien l'avoir déjà croisé chez Erwelyn (ce qui s'est vérifié). Et j'ai aussi déniché le blog mort-né (2018) d'une auteure qui en a parlé.
Il s'agit d'un divertissement, un genre de pochade. Je me suis accroché pour le lire jusqu'au bout, heureusement que c'est imprimé en gros... L'action (l'histoire) proprement dite occupe peu de place (au début et à la fin), le gros de l'ouvrage se présente sous la forme de "chroniques" rendant compte d'un symposium scientifique organisé aux Etats-Unis après la découverte d'un aérolithe contenant les restes de ce qui pourrait être un extraterrestre. Est-ce possible? C'est en tout cas prétexte à un enchaînement de monologues érudits (géologie, biologie, astronomie, physique, astrophysique, métaphysique, philosophie [quasiment], etc.), chacun censés se dérouler sur une journée... Je ne suis malheureusement pas assez "calé" sur l'état ou l'histoire des sciences en 1865 pour savoir s'il s'agit d'élucubrations, d'exposés tout à fait conforme à ce que savaient et disaient les (ou des) scientifiques de l'époque, ou s'il s'agissait à ce moment-là d'hypothèses extrêmement avancées et hardies... Les orateurs ménagent en tout cas la chèvre et le chou (on parle ici de Créateur, là de Dieu, mais en une phrase et sans du tout insister...). Pasteur (et sa récente réfutation de la génération spontanée) sont évoquée sans insister non plus, en quelques phrases.
Pour donner un seul exemple, p.121 et suivantes, il est fait état d'une "force vitale" finie qui amènerait à pouvoir déduire la durée de vie des organismes animaux d'un rapport entre leur durée d'achèvement (atteinte de l'état de développement complet) et le temps qui leur reste à vivre: homme 20 ans / 80 ans... Si l'on calcule à partir de l'embryon, on obtient pour l'homme 9 mois / 90 ans, chez la poule 21 jours / 8 ans, chez le chien 65 jours / 12 ans, chez le cheval 11 mois / 20 ans. Avec une conclusion absolument digne de notre idéologie vegan: "si le cheval vit si peu, il faut en rejeter la cause sur le travail excessif qu'il accomplit. Les chevaux sauvages doivent vivre plus longtemps". CQFD! (et tant pis si nous savons que c'est absolument faux).
Le livre se termine sur une date: le 1er avril 1865. Les poissons existaient-ils à l'époque? En tout cas, c'est sans doute un certain entêtement dont je peux être coutumier, ainsi que le puissant aiguillon que représente mon challenge marsien, qui m'ont aidé à aller jusqu'à la fin. Mais je puis tout à fait comprendre que certains lecteurs ou lectrices se soient perdus en chemin bien avant les dernières pages.
Et vous?
(1) Edit du 4 février 2025: le logo "2025 sera classique aussi" est arrivé ;-)
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