L'agent secret du Brésilien Kleber Mendonça Filho est le 5ème et dernier film de Cannes que j'ai vu en avant-première. Il sortira en janvier 2026. L'agent secret a été récompensé par deux prix: celui de la mise en scène et le prix de la meilleure interprétation masculine pour Walter Moura (qui est aussi coproducteur du film). Je l'ai vu la même soirée que la Palme d'or. J'avoue que j'étais un peu fatiguée à la fin des deux projections avec seulement un petit battement d'un quart d'heure entre les deux. Il faut noter que L'agent secret dure deux heures quarante. L'histoire, qu'il est un peu difficile de narrer, se passe en 1977 pendant la dictature militaire dans la région de Recife. Le film est ponctué de moments surréalistes comme une jambe coupée sortie de la gueule d'un requin qui s'anime et blesse des gens. Marcelo (ou Armando), un veuf âgé d'une quarantaine d'années est ingénieur. Il revient en pleine période de carnaval à Récife où il compte récupérer son fils qui est gardé par les grands-parents. Assez vite Marcelo apprend que l'on veut sa mort. Cela se rapporte à son passé. Des tueurs dont des flics ripoux sont lancés à ses trousses. Mais il a aussi des soutiens dont des personnages haut en couleur. La mise en scène nerveuse et l'histoire très intrigante font que l'attention ne baisse pas. Rien que la première séquence dans une station service devant laquelle, un cadavre en train de se décomposer depuis au moins un jour sans que personne ou presque n'y prête attention, donne le ton de l'ensemble. Je n'ai pas adoré ce film, mais il a beaucoup de qualités dont l'ensemble de la distribution. À noter dans vos agendas.
B. Traven, Le vaisseau des morts, 1926 (EO), La Découverte, 2010, 286 pages
(première traduction intégrale, de l'allemand, par Michele Valencia, 2004)
Partant du titre original en allemand (Das Totenschiff), G**gl* Tr*nl*t* donne bêtement "Le navire de la mort". Il faut d'abord avoir lu le livre pour goûter le sel du titre. Le narrateur, un jeune marin américain, s'y exprime avec une ironie décalée et amère. En fin d'escale à Anvers du Tuscaloosa ("un vapeur de première, made in USA, avec la Nouvelle-Orléans comme port d'attache"), alors qu'il n'est pas encore descendu à terre, il sollicite des subsides pour aller tirer une bordée. "- Ne vous soûlez pas. C'est vraiment un sale coin, me recommanda l'officier en attrapant le reçu. (...) - Non, je ne tâte pas de ce poison, répondis-je. Je sais trop bien ce que je dois à mon pays, même à l'étranger. Parfaitement. Je suis un antialcoolique forcené. Vous pouvez me croire. Je le jure, la main sur le coeur.
Et me voila descendu de ce rafiot". Bref, quand il se réveille de sa nuit dans le lit d'une demoiselle, son navire a déjà levé l'ancre. Sans lui. Et il n'a plus sur lui ni argent ni papiers (restés à bord). Le voici pestiféré. La Belgique, la Hollande, la France, vont se le renvoyer d'une frontière à l'autre, sans qu'il puisse, faute de papiers en règle, embarquer sur un honnête navire dans un port, sans pouvoir non plus se faire établir de papiers. Le passage devant un consul des Etats-Unis est un moment d'anthologie. Plus tard, par le biais d'un comparse, sera même évoqué le problème des "apatrides" nés de la guerre, et le fameux passeport Nansen. Mais nous n'en sommes pas encore là. Notre marin apprend la "débrouille", les marchandises qui tombent des wagons, passe par Marseille, par le Portugal, et finit par atteindre Barcelone, y trouve même une âme charitable en attente de compagnie temporaire... et, enfin, un navire qui lui tend les bras. Nous y voilà (cette "partie II" commence p.121), il s'est enfin fait embarquer, sous fausse identité (faux nom, fausse nationalité) par un capitaine peu regardant, celui du Yorikke.
Notre jeune marin va vite déchanter, lorsqu'il se retrouve affecté comme soutier au travail infernal du pelletage du charbon et de l'évacuation des cendres. Nous sommes dans cette époque de l'entre-deux-guerre où la chauffe au mazout n'était pas encore répandue et où de nombreux "vapeurs" marchaient encore au charbon (comme le Titanic en son temps). De longues pages décrivent la misère de ce travail, avec trois "quarts" à prendre au lieu de deux, la nourriture infecte, les conditions de vie indigentes: le capitalisme, dans l'une de ses formes les plus féroces, exploite le travailleur en lui donnant juste assez pour l'empêcher de crever. Et tant pis s'il meurt à la tâche, d'un accident causé par la vétusté du bateau. Sur ce navire aux cargaisons louches, chacun a pourtant embarqué plus ou moins de son plein gré, mais sans forcément prêter attention aux subtilités de langage ("on a du fret pour Liverpool, vous pourrez débarquer là-bas" ne signifiait nullement "notre prochaine destination est Liverpool", mais "on y passera... un jour").
Il faut parler le yorikkais (un mélange, aussi interlope que l'équipage, de mots prononcés avec différents accents autour d'un "squelette" de vocabulaire anglo-saxon). Le roman comporte beaucoup de descriptions, savamment graduées pour montrer que, aussi dures que soient les choses, elles peuvent encore empirer, d'une part, mais qu'aussi rudes que soient les pressions exercées sur l'homme, celui-ci peut toujours ruser et marquer jusqu'où il n'acceptera pas de céder et transgressera les règles pour survivre. Le jeune marin trouve comme mentor un bon compagnon de misère, un peu plus expérimenté que lui, non moins apatride, mais qui ne rêve que d'une chose, c'est de travailler sur un navire américain... Ce qui permet d'autres échanges instructifs sur la destinée de ces marins dont aucun pays ne veut et qui se retrouvent ainsi prisonniers à leur bord, morts au monde. Alors que tous deux vivent dans la hantise de la baraterie finale où tout l'équipage en général, et les chauffeurs et soutiers en particulier, risqueront leur peau, les mois passent cependant, coupés de chargement et déchargement caisses d'armes de contrebande au large des côtes, ou d'embarquement de cargaisons plus officielles dans des ports. Le navire constitue le seul univers des "marins fantômes": s'ils peuvent descendre à terre lors des escales, les autorités locales veillent soigneusement à leur rembarquement avant que le bateau quitte le port. Mais il peut toujours y avoir pire (partie III, p.261)... Hélas, pauvre Yorikke(c'est bon, je sors), on te regrettera! Voici nos deux infortunés compères à bord de l'Impératrice de Madagascar pour son dernier voyage.
Le ton amer et désabusé du livre peut faire songer aux pages les plus âpres de Jack London ou d'Upton Sinclair. Ici, l'exploitation des marins (marche ou crève!) est destinée à rapporter de l'argent aux armateurs. Et les Etats sont vus comme d'insupportables égoïstes. Je remercie encore Fanja de m'avoir donné l'occasion de me pencher sur ce titre.
J'ai trouvé quelques blogs ayant parlé de ce roman: Redbluemoon, Lili. Dans le billet de Patrick Bléron, j'ai découvert qu'il existait une vieille édition dans Le livre de Poche. Selenie m'a permis d'apprendre qu'il existait un film, adaptation allemande de 1959 (avant la mort de B. Traven, donc!) sous le titre Les mutins du Yorick.
Des mystères demeurent encore sur les origines de B. Traven, écrivain et aventurier mystérieux pendant de longues décennies (sous quel nom, où et quand exactement, est-il né?). Allemand révolutionnaire, il a dû s'exiler dans les années 1920. Il a vraisemblablement connu des années de galère, qui ont sans doute autant nourri son oeuvre que ses convictions. On dit qu'il assistait incognito en 1947 au tournage du film Le trésor de la Sierra Madre tiré de son livre le plus connu (peut-être même y aurait-il fait de la figuration?).
Eh oui, j'ai pu voir, en avant-première, Un simple accident qui a été récompensé de la Palme d'or au dernier festival du film de Cannes 2025. Il y a eu une projection avant-hier soir, mardi 27 mai 2025, dans une salle archi-pleine à une séance de 22h00 à Paris. Il faisait très chaud dans la salle. Je dirais que j'ai aimé ce long-métrage, même si ce n'est pas mon film préféré du réalisateur iranien Jafar Panahi. C'est le cinquième film que je vois de ce réalisateur, après Le cercle, Taxi Téhéran, Trois visages et Aucun ours. Pour Un simple accident, on sent que Jafar Panahi a eu envie de dire tout le mal que l'on fait aux prisonniers arrêtés arbitrairement sans raison valable et qui, pour beaucoup, ont été torturés. Entre les lignes, il dit beaucoup de mal du régime iranien. Il ne manque pas de montrer que tout se monnaye. Il faut voir deux policiers qui sortent un appareil de carte bleue fixant un prix à payer pour laisser les personnages tranquilles, ou, quand une femme accouche sans que le mari soit présent, un pot-de-vin doit être versé en plus du prix de l'hospitalisation. Quand le film démarre, c'est la nuit et une voiture tombe en panne. À l'intérieur, il y a un mari, sa femme enceinte et leur fille Niloufar (quel joli prénom!). Vahid, un mécanicien automobile, entendant le mari marcher, est tétanisé. Il croit reconnaître Ehgbal à cause de la démarche claudicante de l'homme qui l'a torturé des années auparavant. Plus tard, Vahid réussit à enlever son bourreau et il décide de l'enterrer vivant. Mais il a des doutes sur l'identité de l'homme. Est-il, oui ou non, Ehgbal surnommé "La guibole"? Pour en avoir le coeur net, il retrouve d'anciennes victimes d'Eghbal qui se joignent à lui: une future mariée (et son fiancé), une photographe, et Hamid qui est convaincu que c'est bien leur bourreau. L'essentiel du film se passe dans le van de Vahid et dans un paysage désolé mais magnifique, éloigné de la ville. Il y a une tension qui monte crescendo. Je pense que l'on pourrait faire une adaptation théâtrale de ce film avec une unité de lieu, de temps et d'action. Un film très fort qui sortira en salle le 1er octobre 2025.
Encore un film de Cannes vu en avant-première qui est reparti bredouille, et je trouve cela vraiment dommage. J'ai vraiment énormément aimé Dossier 137 de Dominik Moll, qui a aussi écrit le scénario en collaboration avec Gilles Marchand. Léa Drucker aurait mérité un prix. Elle est sensationnelle dans le rôle de Stéphanie, une enquêtrice de l'IGPN (la Police des polices). L'histoire se passe entre décembre 2018 et début 2019. Il s'agit d'une fiction inspirée de faits réels. Pour rappel, on était en plein mouvement des Gilets jaunes. Deux jeunes venus de Saint-Dizier avec leur famille se font courser dans le quartier des Champs-Elysées par cinq membres de la BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention) qui se croient menacer. L'un des jeunes, appelé Guillaume, est atteint par un Flash-Ball (LBD). Il est grièvement blessé à la tête. La mère de ce jeune vient porter plainte auprès de l'IGPN, en l'occurence auprès de Stéphanie. L'enquête de cette dernière est semée d'embûches. C'est grâce à la femme de chambre d'un hôtel de luxe voisin que Stéphanie va peut-être conclure cette affaire. Face à elle, les présumés innocents sont d'une parfaite mauvaise foi. J'ai aimé le personnage de Stéphanie, née à Saint-Dizier, divorcée d'un policier et mère d'un adolescent. Elle se retrouve à recueillir un chaton blanc qu'elle nomme Yaourt. Tout du long, elle garde un sans-froid admirable. Dans ce film haletant, il n'y a aucun temps mort. Ne le manquez pas. d'ailleurs, je ferai une piqûre de rappel quand il sortira le 19 novembre 2025.
Il n'y a pas qu'écureuil bleu qui peut exhiber des photos de famille de cygnes (en visitant une réserve naturelle en Gironde [33]): même à Paris, on a ça! Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) souhaite partager quelques vues... Mais je vais aussi raconter une histoire.
L'an dernier (2024), un 17 juin, j'avais constaté l'abandon d'un nid sur lequel je voyais régulièrement (une ou deux fois par semaine), depuis quelques semaines, un cygne en train de couver. Je m'étais inquiété auprès de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) du sort des deux gros oeufs verdâtres abandonnés, mais je ne savais pas depuis quand ils l'étaient... La LPO m'avait prévenu qu'il arrivait que des oeufs soient abandonnés lorsqu'ils ne sont pas viables, ou en cas de gros dérangement.
Cette année (2025), en avril, j'ai vu un couple de cygnes revenir et restaurer le nid, sur la plateforme flottante amarrée en bord de Seine, entre péniche et quai, qui était restée à l'abandon et envahie de végétation pendant des mois. Puis il y a eu couvaison (j'ai aperçu quatre oeufs le 11 avril)... Le 15 avril, j'ai informé la LPO de mes observations. Il m'a été confirmé que l'incubation des oeufs durait entre 35 et 41 jours. J'ai quelque peu modifié mes trajets hebdomadaires pour surveiller plus fréquemment le bon déroulement des choses: nid toujours occupé, cependant que le second adulte s'absentait parfois, traversait la Seine pour aller fréquenter des mouettes ou dormir de l'autre côté plutôt qu'en flottant comme un bouchon, tête penchée, à proximité du nid...
Les semaines ayant passé, je dois dire que je m'impatientais et m'inquiétais un peu. Finalement, mardi 20 mai, il m'a bien semblé apercevoir, entre les pattes de la femelle dressée sur le nid, un genre de peluche grisâtre qui bougeait...
jeudi 22/05/25 soir mon collègue m'a envoyé la photo ci-dessous: ils étaient trois cygneaux, déjà à l'eau!
(photo DLD)
Un peu plus tard dans la soirée, je les ai "mitraillés" à mon tour.
Il reste au nid trois oeufs non éclos...
Ci-dessous, deux photos prises par mon collègue vendredi 23 en fin de journée: la petite famille en plein milieu de la Seine, m'a-t-il confirmé (la femelle a donc laissé seuls les oeufs non éclos).
(photos DLD)
J'ai encore photographié la famille de retour au bercail, samedi 24 mai, vers 18 h. Que de plastique dans ce nid!
Et ci-dessous, vers 20 h
Ce lundi midi, le nid et ses trois oeufs étaient abandonnés... (je n'ai pas fait de photo). Score final, trois sur six, donc!
Même si ce n'est pas le meilleur film de Cedric Klapisch, le film La Venue de l'avenir sorti le 22 mai 2025 se laisse voir pour plusieurs raisons dont la réalisation, qui alterne de manière fluide deux époques: de nos jours et en 1895 (avec une incursion en 1873). Quand le film démarre, de nos jours, une généalogiste a réussi à retrouver et à rassembler les descendants d'une certaine Adèle Vermillard, née en 1873 en Normandie. Devant notaire, ils doivent décider de la vente ou non d'une vieille demeure inhabitée depuis 1944 et entourée d'un immense terrain en bord de mer. Quatre personnes parmi les héritiers sont désignées pour rouvrir la maison. Ce sont Seb (Abraham Wapler), Céline (Julia Piaton), Guy (Vincent Macaigne) et Abdel (Zinedine Soualem). Dès qu'ils sont entrés dans la maison, on nous transporte dans le passé à la fin du XIXème siècle quand Adèle (Suzanne Lindon) quitte momentanément son amoureux Gaspard pour retrouver sa mère Odette (Sara Giraudeau) à Paris. Le voyage se fait en bateau sur la Seine. Adèle y rencontre Anatole (Paul Kircher) qui peint et Lucien (Vassili Schneider), qui, lui, est photographe. Il faut saluer la qualité du travail numérique qui permet d'admirer la Tour Eiffel toute neuve (en 1895, elle a 6 ans). Le quartier de Montmartre est un vaste champ avec des fermes. L'histoire nous fait croiser Sarah Bernhardt, Félix Nadar et Claude Monet jeune et vieillissant à Giverny. Il est même question des début du cinéma avec de l'image animée. Je vous laisse découvrir comment les personnages contemporains vont saluer Victor Hugo. Les deux époques s'entremêlent avec bonheur. On passe un bon moment même si Suzanne Lindon manque un peu de personnalité. Ce film était présenté hors compétition cette année au Festival du film de Cannes.
Justement, à propos des films de Cannes, certains seront ou ont été projetés entre le 23 et 27 mai 2025 à Paris et dans quelques grandes villes de France. Personnellement, je vais normalement en voir cinq en avant-première. Celui des Frères Dardenne est déjà en salle. Hier, samedi 24 mai, j'ai déjà vu deux films : Connemara d'Alex Lutz avec Mélanie Thierry et Bastien Bouillon d'après le roman de Nicolas Mathieu. Ce n'est pas mal mais j'ai eu mal aux yeux au bout de minutes à cause de la manière de filmer: la caméra qui bouge beaucoup et la manière de voir très nettement les acteurs en gros plan alors que le reste de l'image est floue. Cela m'a beaucoup perturbée. À part ça, Mélanie Thierry et Bastien Bouillon sont très bien, ainsi que Jacques Gamblin. Le film sort le 10 septembre 2025. Et j'ai vu Vie privée de Rebecca Zlotowski (3 étoiles sur Télérama), avec Jodie Foster et Daniel Auteuil. J'ai été déçue et la salle archi-bondée semble l'avoir été aussi. J'ai lu que l'on pouvait comparer Vie privée à Meurtre mystérieux à Manhattan de Woody Allen: pour moi, on en est très loin. C'est bourré d'invraisemblances et cela manque de légèreté Je vous en dirai plus quand le film sortira le 26 novembre prochain. Le film était présenté hors compétition. Quant aux trois autres films, je vous en parlerai une fois que je les aurai vus.
Ce mois de mai 2025 entrecoupé de viaducs passe vraiment trop vite. Je (ta d loi du ciné, "squatter" chez dasola) n'arrive pas à tenir le rythme idéal de mes participations aux divers challenges plus motivants les uns que les autres. Ce billet va au moins réussir à cocher trois cases, en présentant un ouvrage qui réunit huit ou neuf (1) textes courts.
Joseph Conrad, Le naufrage du Titanic (et autres écrits sur la mer), Arléa, 2009, 147 pages
(textes originaux rassemblés en anglais en 1924-1926).
Le recueil (dont l'édition que j'ai eue en main ne contenait pas de table des matières) commence (pp.9-62) par les deux articles de presse datés de 1912 où Conrad, lui-même breveté capitaine au long cours de la marine anglaise, donne son opinion sur la catastrophe (alors très contemporaine) du Titanic, et sur les débats en recherche de responsabilité vus par la presse de l'époque. Rappelons que le "marketing" qui vantait le navire l'avait qualifié d'"insubmersible", et que les passagers de la traversée inaugurale comptaient nombre de millionnaires attirés par le luxe des services disponibles à bord (il "fallait être" de cet événement mondain). Ce qui provoque l'ire de Conrad, qui sait de quoi il parle, ce n'est pas tant la "fortune de mer" elle-même que ce qui est dit (par la presse, par les avocats des armateurs ou les "experts" appelés à témoigner lors des différentes enquêtes). Face aux dérobades cherchant à dégager les responsabilités, lui insiste cruellement sur les manquements à la sécurité d'une part, à la mise en cause des morts (notamment du capitaine Smith) de l'autre, et enfin sur l'hypocrisie consistant à chercher à dissimuler que les choix techniques faits correspondaient à une recherche de rentabilité financière bien plus qu'à des contraintes matérielles.
Ce qu'il met en évidence dans Sur le naufrage du Titanic puis dans Aspects admirables de l'enquête sur le naufrage du Titanic nous est aujourd'hui (plus de 110 ans et d'innombrables livres après) bien connu, mais à l'époque, sa voix autorisée a dû porter des propos très originaux. Face à ceux qui disaient qu'il aurait dû y avoir moins (et non pas davantage) de canots de sauvetage, lui défend l'idée que la drome doit offrir une place à chacune des personnes à bord des navires. Il rappelle le cas d'un navire victime d'une collision qui a coulé en 20 minutes (le RMS Douro, en 1882), cargo dont, dit-il, l'équipage presque entier a péri, mais non sans avoir préservé dans les canots de sauvetage l'intégralité des passagers et les marins nécessaires à leur armement (l'équipage était composé de marins professionnels et entraînés, et non de personnel destiné avant tout au service et au confort des passagers comme sur le Titanic...) (2). Il fustige le fait qu'ait été qualifié d'insubmersible un navire dont les cloisons dites "étanches" ne montaient pas jusqu'au pont le plus haut de la coque (en-dessous des superstructures), mais s'arrêtaient trop bas. Dans ces conditions, il est dubitatif sur la théorie avançant qu'une collision frontale et non par le côté avec l'iceberg aurait sauvé le navire. L'argument selon lequel les cloisons étanches n'auraient pu être fermées à cause des tas de charbon jonchent le sol lui paraît tout aussi fallacieux (une fermeture ne se fait pas obligatoirement par une porte coulissant de haut en bas: les ingénieurs auraient pu prévoir qu'elle se fasse de bas en haut, latéralement ou obliquement...). Il n'apprécie guère les bureaucrates...
Je dirai seulement quelques mots des autres textes, qui sont aussi liés à la mer et au voyage.
* D'abord, Noël en mer (p.103-109), un court texte qui m'a vraiment touché. Il contient le souvenir d'une belle leçon d'humanité et d'attention à l'autre donnée à Noël 1879 par un capitaine au jeune marin qu'était Conrad à l'époque (né en 1857, il avait commencé à naviguer comme mousse en 1874).
* Dans En dehors de la littérature (p.65-71), il explique pour les Terriens béotiens la sécheresse des Instructions nautiques, dont l'exactitude est primordiale et exempte de tout style littéraire ("la plus fiable des proses imprimées"), et en profite pour raconter une anecdote où il a frôlé l'échec lors d'un examen.
* Un clipper sur lequel Conrad a navigué en 1891-92 est évoqué dans Le Torrens, hommage personnel (p.75-84), dans un texte qui doit dater du tout début des années 1920 ("presque trente ans après le jour où je le vis pour la première fois").
* Le petit texte Livres de voyage (p.87-99) constitue à l'origine une préface pour ...un livre de voyages. Notre auteur fustige ici la "vulgarisation" des récits de voyages à son époque, et regrette le temps où les "aventures" vécues par les premiers explorateurs du vaste monde pouvaient faire rêver les lecteurs (ce qui a presque disparu au cours du XIXe s.). Désormais, les "voyageurs", écrit-il, ne sont plus qu'"une immense société d'individus souffrant de surmenage (dans tous les sens possibles) ou de neurasthénie qui parcourent le monde pour se reposer ou se changer les idées. (...) Les compagnies maritimes les adorent".
* De la géographie et de quelques explorateurs (p.113-139) contient quelques considérations sur les conquistadors et explorateurs souvent mus d'abord par l'appât du gain, sur la longue recherche du continent austral censé "équilibrer" notre globe, sur le bien mal nommé océan Pacifique, sur l'exploration de l'Afrique. Mais je crois qu'il s'y identifie aussi, racontant avec un brin de nostalgie, me semble-t-il comment il avait obtenu de ses armateurs l'autorisation de faire prendre à un navire qu'il commandait une route originale, ou comment il s'est retrouvé, en Afrique, navigant sur le fleuve Congo, à l'endroit qu'il avait pointé du doigt, enfant, sur une carte...
* Le voyage océanique (p.143-147) termine le recueil. on y sent la nostalgie des traversées à la voile où les passagers avaient le temps de "s'amariner" alors que le jour d'arrivée n'était pas connu avec certitude, contrairement aux navires à vapeur et à leurs quelques jours en mer cadencés et aseptisés. "La seule chose qu'on puisse dire avec certitude s'agissant du voyage en mer, c'est qu'il n'est plus ce qu'il était, que ses éléments même ont changé"...
Joseph Conrad, Polonais de naissance, et orphelin à 11 ans, s'est d'abord formé au métier de marin en France, avant de rejoindre la marine britannique. C'est en 1896 (l'année de son brevet de capitaine) qu'il adopte la nationalité britannique et commence à écrire: toute son oeuvre a été rédigée en langue anglaise.
(1) J'ai compté et recompté: je ne trouve que huit textes, même si la 4e de couv' parle de neuf...
(2) Le Douro est par ailleurs connu comme ayant transporté un trésor en pièces d'or lors de son naufrage, trésor retrouvé en 1995. À l'occasion de sa vente aux enchères en 1996, il n'est mentionné que la mort de six membres d'équipage.
Ce huitième épisode (Mission impossible - The Final Reckoning, qui devait sortir en juin 2025 et qui ne sort que maintenant en mai 2025) clôt a priori la série Mission impossible. On y retrouve Ethan Hunt (Tom Cruise, qui est aussi coproducteur du film). Cet épisode est la suite et la fin du septième opus. Le méchant de l'histoire qui menace l'humanité est l'Entité, une intelligence artificielle aidée par un certain Gabriel. Face à elle, Ethan Hunt et son équipe vont tout faire pour la neutraliser. Je vous passe les péripéties qui ponctuent le film et que je vous laisse découvrir. Mais il faut noter qu'il y a deux séquences notables. Celle où Ethan, qui doit récupérer le code source de l'entité, va plonger dans les eaux glaciales de l'Arctique pour entrer dans un sous-marin russe coulé 10 ans plus tôt. Cette séquence est très (trop?) longue mais on sait qu'Ethan parviendra à ses fins. Et la seconde séquence est une poursuite entre deux avions au-dessus de paysages d'Afrique du Sud. Avec mon ami Ta d loi du ciné, elle nous a fait penser aux deux Dupont et Dupond dans L'île noire (l'album d'Hergé), quand un avion de couleur jaune (comme dans le film) est piloté tant bien que mal. J'ignore si c'est un clin d'oeil volontaire. Sur les deux heures cinquante que dure le film, il y a bien quelques longueurs mais on en prend plein les yeux. C'est un film distrayant et Tom Cruise est très bien.
Le Présage et Le chant du prophète sont deux romans pas rigolos du tout, surtout le second que j'avais hâte de terminer.
Je commence donc par Le présage de Peter Farris (Editions Gallmeister, 479 pages), qui se passe alternativement de nos jours et dans le passé en Georgie. Toxey Bivins, un vieux monsieur afro-américain atteint de démence, est pensionnaire dans une maison de retraite. Sa fille Cynthia qui est médecin vient lui rendre visite régulièrement. Pendant ce temps-là, des élections nationales sont en préparation. Le candidat favori est un certain Elder Reese, un homme d'extrême-droite qui va jouer un rôle important dans l'histoire. Toxey, dans ses moments de lucidité, décide de raconter une histoire du passé à Cynthia. Dans sa jeunesse, Toxey s'est pris de passion pour la photo. Grâce à un appareil prêté par l'épicier du coin, il se révèle un photographe de talent. Sans s'en douter, il va prendre un cliché d'une jeune femme dans une fête foraine. Cette jeune fille sera retrouvée morte dans une réserve naturelle qui appartient à la famille d'Elder Reese. Elle était enceinte et le bébé a disparu. Le roman est très bien construit et il nous permet de faire la connaissance de personnages intéressants comme Frida, une vétérinaire spécialiste de la faune sauvage avec des notions de pathologie. Et justement, elle remarque que les cerfs aux alentours semblent malades. Elle va prendre Toxey sous son aile. Quand je dis que le roman n'est pas gai, c'est que j'ai trouvé la fin abrupte. Je ne m'y attendais pas forcément. Car après la pluie, vient souvent la pluie. Lire les billets de Baz-art et Clete.
Je passe au roman Le chant du prophète de Paul Lynch (Editions Albin Michel, 293 pages). C'est une dystopie qui se passe en Irlande dans un futur très proche (enfin, j'espère, pas trop). Ce roman, c'est d'abord, une écriture, un style ramassé, sans respiration. Il faut applaudir la traductrice Marina Boraso. Voici les premières lignes : "La nuit est tombée et elle n'a pas entendu les coups à la porte, elle regardait le jardin par la fenêtre. L'obscurité qui enveloppe les cerisiers sans un bruit. Elle achève de recouvrir leur feuillage et le feuillage ne lui résiste pas, il accueille l'obscurité dans un murmure. La fatigue, la journée tirant à sa fin et tout ce qui lui reste à faire avant d'aller dormir, les enfants réunis au salon, ce sentiment de paix qu'elle éprouve fugacement devant la vitre... (...) S'il n'y avait pas ces coups à la porte. Elle les entend se loger dans sa conscience, la brusquerie, l'insistance qu'il y a dans ces coups, chacun semble si rempli de la présence de celui qui frappe qu'elle fronce les sourcils. Maintenant c'est Bailey qui cogne sur la porte vitrée de la cuisine, maman appelle-t-il, pointe un doigt vers l'entrée sans détacher les yeux de l'écran. La voilà qui déplace son corps dans cette direction, le bébé dans les bras, Eilish s'avance pour ouvrir et il y a deux hommes derrière la vitre de la véranda, dans le noir et ils n'ont pas vraiment de visage." (p.11). Les 293 pages sont toutes de la même écriture et l'histoire n'est vraiment pas gaie. Eilish Stack vient d'avoir un quatrième enfant. Nous sommes en Irlande et une nouvelle police secrète a été créée. Larry Stack, le mari d'Eilish, est un syndicaliste. Il est convoqué par cette nouvelle police et disparaît sans laisser de trace. Eilish est désemparée avec ses quatre enfants: Mark, Bailey, Molly et Ben, le nourrisson. Au fur et mesure que l'histoire se déroule, Eilish perd son travail, les denrées de première nécessité viennent à manquer. L'état de siège est partout entre les rebelles et les forces de l'ordre. La violence est permanente. C'est le chaos général. Je ne vous dirais rien de plus de l'histoire si ce n'est la dernière phrase : "Elle cherche le regard de Molly, incapable de trouver les mots justes, aucun mot ne peut rendre compte de ce qu'elle voudrait dire, elle ne voit dans le ciel qu'obscurité, elle la connaît bien, cette obscurité, elle ne fait qu'un avec elle, si elle ne part pas elle ne lui échappera jamais alors même que c'est à la vie qu'elle aspire, elle touche la tête de son fils et serre les mains de Molly comme pour leur promettre qu'elle ne renoncera jamais, la mer dit-elle, il faut prendre la mer, la mer, c'est la vie." (p.292-293). L'histoire est suffocante. Je n'a pas vu d'espoir. Lire les billets d'Alex-mot-à-mots, Eva, Nicole Grundlinger.
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) débute mes participations à la saison 2 du Book trip en mer de Fanja avec un petit ouvrage trouvé hier par hasard dans un Circul'livres parisien et dévoré très vite (la langue en est magnifique).
Olivier de Kersauson, Ocean's Songs, Arthaud Poche / J'ai Lu 9205,
2010 (Copyright Le cherche midi 2008), 188 pages
Ocean's Songs: chansons (ou chants) de (sur, au sujet de?) l'Océan... Le navigateur bien connu, Olivier de Kersauson, livre ici souvenirs et réflexions sur sa "carrière" (qu'il a fait le choix de creuser) de "marin du large". En fin du livre, après la douzaine de chapitres plus ou moins longs, six pages suffisent à lister son "relevé de navigation", depuis les années 1967-68 sous le commandement d'Eric Tabarly pour qui il a demandé à faire son Service national dans la Marine, jusqu'aux années 2007-2008 sur lesquels se termine l'ouvrage (il a depuis écrit encore près d'une dizaine de livres, dont en 2012 un Ocean's Song 2 que j'ignorais lorsque j'ai commencé ce billet, mais sur lequel je tâcherai de mettre la main prochainement!).
Il commence par parler, de manière quelque peu elliptique, d'"Eric", et il faut être capable de restituer "parce que c'était lui, parce que c'était moi". Je me suis même un temps demandé si c'était parce que les avocats de Tabarly pouvaient se montrer chatouilleux sur l'utilisation indue du patronyme... mais il apparaît p.70. Plus loin, il explique que c'était en traversée sur un ferry qu'il a appris de la bouche du capitaine la disparition en mer de son mentor et ami.
Kersauson explique dans son avant-propos que l'idée de ce livre est né "quatre ans plus tôt", quand il a accueilli à bord de son Géronimo les deux fondateurs de Google: eux ont "apporté le monde" à chacun chez soi, quand lui avait décidé, dans sa jeunesse, de le "courir" lui-même, avec l'idée qu'une guerre prochaine risquait de l'empêcher de profiter de sa vie, comme cela avait été le cas pour les générations qui l'avaient précédé, de 1914 à la guerre d'Algérie (né en 1944, il avait 18 ans en 1962, en pleine guerre froide). Recherche ou fuite, lui a fait le choix de courir les mers sur des voiliers taillés pour la course et les records, comme équipier puis second d'abord, comme capitaine ensuite.
Il égrène ici des souvenirs et une philosophie de vie. Les contraintes concrètes de son "métier" (trouver les financements et les sponsors pour créer les bateaux "compétitifs", les armer avec matériel performant et équipage capable...), tout ce que l'on peut lire entre les lignes à condition d'avoir déjà lu sur Eric Tabarly ou sur des "skippers" plus contemporains, il n'en parle guère ici. Nous avons davantage des pages de partage d'images, d'impressions, d'avis sur des personnalités ou des personnages plus anonymes croisés ici ou là durant ces quarante ans, sur l'évolution des choses au fil des ans (un brin de nostalgie parfois? Plutôt la sagesse de savoir qu'on n'arrête pas le cours du temps, qu'il faut l'accompagner).
Kersauson a la dent dure contre le tourisme de masse et les croisiéristes qui choisissent leur destination en fonction des menus et de la cave disponibles à bord. Sa manière de nous décrire les quatre océans, les cinq continents, les sept mers (c'est moi qui chiffre!) est aux antipodes d'une projection de cartes postales. Il semble avoir une tendresse particulières pour ce qu'on appelait alors les DOM-TOM, qu'il a connues avant leur invasion touristique. Il n'a pu "accéder" aux Japonais (et le regrette).
N'étant pas radiophile, je ne crois pas avoir entendu Olivier de Kersauson aux Grosses têtes (où l'on me souffle que ses échanges avec Jean Yanne valaient le détour) - je ne doute pas qu'on puisse aujourd'hui encore en écouter des enregistrements. En m'informant sur sa bibliographie, j'ai découvert que deux de ses livres avaient été illustrés par Wolinski. Si j'arrive à mettre la main dessus, cela fera certainement l'objet d'un de mes "billets du 7" un mois ou l'autre!
En attendant, je commence petitement ce Book trip en mer avec 1 (un) point... Sauf si j'ai donné envie à d'autres de lire et chroniquer Ocean's Songs dans le mois qui vient!
P.S.: en cherchant des liens sur ce livre, j'ai eu la déception de voir qu'il y avait eu une embrouille juridique avec un "nègre" dont le contrat avait été rompu... Cf. ce que disait en 2010 Anne-Sophie.
J'avais été bouleversée en 2003 par le film de Peter Mullan, The Magdalene Sisters. Plus de vingt plus tard, Tu ne mentiras point du Belge Tim Mielants reprend un peu le même sujet, en le traitant de manière très différente. Entre 1922 et 1996, a priori, plus de 56 000 jeunes femmes irlandaises ont été enfermées dans des couvents. Elles avaient eu le malheur de se retrouver enceintes hors mariage, ce qui était inacceptable dans l'Irlande catholique. Parfois, c'était un comportement inapproprié qui les conduisaient dans ces lieux austères où elles passaient leur temps à faire des lessives, à être maltraitées et humiliées. Quand elles avaient accouché, leurs bébés leur étaient retirés et ils étaient mis à l'adoption. Dans Tu ne mentiras point, on fait la connaissance de Bill Furlong (Cillian Murphy), un charbonnier marié et père de cinq filles. Lors d'une livraison de charbon au couvent voisin, il assiste de loin à une scène qui le traumatise. Une mère de famille emmène de force sa fille au couvent malgré les pleurs de cette dernière. Cet épisode le fait repenser à sa propre enfance, car lui-même est né hors mariage et sa mère a eu de la chance de trouver une femme riche qui l'a prise à son service. On sent que l'église est présente partout. Personne n'ose rien dire sur ce qui se passe dans le couvent. À un moment donné, la confrontation entre la mère supérieure (Emily Watson, effrayante) et Bill Furlong est glaçante. Comme elle sait ce qu'il a vu, elle fait des menaces à peine voilées envers lui et ses filles qui profitent de l'éducation de ce couvent. L'histoire se passe dans une petite ville irlandaise grisâtre avec un ciel plombé pendant la période de fin d'année. C'est lugubre. Je me suis demandée si la fin n'était pas un rêve. Cillian Murphy avec son regard bleu et son air mutique est impressionnant. Un film à voir éventuellement même si j'ai nettement préféré The Magdalene Sisters qui abordait le sujet d'une manière plus frontale. À noter qu'Eileen Walsh qui interprète le rôle de la femme de Bill a joué dans le film de Peter Mullan. Elle était Crispina, la fille un peu simplette à qui on faisait subir les pires outrages. Lire les billets de Pascale et Selenie.
J'ai vu ces deux films l'un après l'autre le 8 mai 2025.
Ghostlight de Kelly O'Sullivan et Alex Thompson est un beau film sur le deuil et sur la manière dont une pièce de théâtre (Roméo et Juliette de William Shakespeare) et le triste destin des jeunes amoureux de Vérone servent de thérapie à une famille. Dan travaille sur un chantier près d'une salle de théâtre amateur. Sa fille Daisy est en pleine révolte et Sharon, la mère, fait ce qu'elle peut. Un jour, Dan entre par hasard dans la salle et de fil en aiguille intègre la troupe qui répète Roméo et Juliette. Face à Dan, on est conquis par Rita (Dolly de Leon) qui doit jouer Juliette. Elle a plus de 50 ans. Je vous laisse deviner qui va jouer Roméo. Et Daisy est acceptée dans la troupe dans le rôle de Mercutio. La thérapie par le théâtre est une belle chose. Toutes ces répétitions débouchent sur une seule représentation. C'est émouvant et magnifique de voir ces acteurs dans cette pièce dont on ne voit que des bribes. Il faut noter que la famille formée par Dan (Keith Kupferer), Sharon (Tara Mallen) et Daisy (Katherine Mallen Kupferer) est une vraie famille à la ville et ça se sent. Lire le billet de Pascale.
Je passe au film Les enfants rouges d'un réalisateur franco-tunisien. C'est un drame épouvantable qui s'est passé peu de temps après les attentats du Bataclan. Le scénario est donc tiré d'une histoire vraie qui a traumatisé les Tunisiens. Nous sommes donc en Tunisie, en 2015. Deux jeunes bergers de 14 et 16 ans, Ashraf et Nizar (ils sont cousins), emmènent leur troupeau de chèvre dans un paysage magnifique de montagnes au sol crayeux. Il semble que cela se soit passé pas loin de la frontière algérienne. Les deux garçons sont attaqués par derrière, on voit peu de choses si ce n'est que Nizar est décapité et Ashraf est contraint de prendre la tête de Nizar dans un sac et l'emporte dans sa famille. Ashraf est complètement traumatisé. On ne saura pas vraiment qui étaient les assaillants. Le réalisateur s'est concentré sur les victimes. Ashraf et sa famille vivent pauvrement au milieu de nulle part. La grande partie du film présente l'expédition des hommes de la famille pour récupérer le reste du corps. La mère de Nizar a accouché d'un homme en entier et son garçon doit être enterré en entier. En attendant que le reste du corps soit retrouvé, la tête est conservée au frigo. J'ai appris que le terme "rouge" du titre veut dire courageux. Un beau film interprété avec beaucoup de talent par des non-professionnels et, je le répète, les paysages sont magnifiques. Lire le billet de Selenie.
Les éditions La manufacture de livres vient de lancer une nouvelle collection, "La manuf, toutes les couleurs du noir" avec trois titres en attendant les autres. J'en ai lu deux, La petite fasciste de Jérôme Leroy (Editions La Manuf, 190 pages) et Le petit caporal de Yann Zolets (Editions la Manuf, 395 pages).
Je commence par La petite fasciste de Jérôme Leroy où une fois de plus l'écrivain a choisi comme toile de fond le nord de la France, de nos jours, au moment d'élections où la droite extrême est près de gagner. C'est l'histoire d'une jeune fille, Francesca, la vingtaine, qui a des idées de droite, et d'un homme d'âge mûr, Bonneval, un député socialiste. Ils vont tomber amoureux l'un de l'autre. Pour en arriver là, il va se passer plusieurs événements dont le plus tragique est l'assassinat du petit ami de Francesca, Jugurtha Aït-Ahmed, par le propre frère de Francesca. Cette dernière découvrira la vérité au bout d'un certain temps. Pendant ce temps, Bonneval est recherché par un tueur qui va commettre un carnage sur des étudiants qui étaient là au mauvais endroit au mauvais moment. Le livre est très plaisant à lire car comme toujours il est très bien écrit. Je conseille.
Je passe maintenant au roman Le Petit Caporal (en référence à Bonaparte) de Yann Zolets. L'écrivain qui écrit sous pseudonyme appartient au renseignement français après avoir parcouru l'espace post-soviétique. On sent qu'il connaît son sujet. En revanche, j'aimerais attirer l'attention sur l'écriture et surtout la relecture. C'est bourré de maladresses et de redites. Par exemple, "Il n'a guère douté de doute (sic) sur l'issue" (page 188). A part ça, l'histoire est suffisamment prenante pour que je sois allée jusqu'au bout. Il s'agit d'une histoire d'espionnage, de traîtres, de sous-marin russe qui échappe à la traque d'un sous-marin français. La DGSE, la DGSI côté français et le GRU, le FSB et le SVR (les acronymes ne sont pas traduits) ne se font pas de cadeau. Il y a aussi quelques personnages peu recommandables. Je me demande tout de même si le roman n'a pas été écrit par une intelligence artificielle car l'essentiel de l'histoire se passe en 2020 en plein Covid (nulle part il n'est fait mention de cette épidémie). Les avions décollent, l'opéra Garnier donne des représentations, les gens partent en villégiature, etc. Je le répète, c'est un roman qui se lit bien... si on fait abstraction de tout ce que je viens d'écrire.
Je suis allée voir très confiante Little Jaffna et ma déception a été à la hauteur de mes attentes. Lawrence Valin, d'origine sri lankaise, qui interprète le rôle principal (Michael, un gardien de la paix infiltré dans la communauté tamoule du nord de Paris), est aussi le réalisateur. L'histoire se passe à la fin des années 2000 à Paris, pendant qu'il y a la guerre civile au Sri Lanka. Un groupe de Tamouls extorque de l'argent auprès des commerçants de la communauté. L'argent récolté et blanchi est envoyé aux rebelles séparatistes au Sri Lanka. J'ai trouvé que le film se composait de plusieurs séquences qui ne se terminent pas vraiment, dont une course-poursuite. Si j'ai bien compris, Michael est chargé de trouver et faire saisir les marchandises et pour ce faire, il se rapproche d'Aya, le patriarche qui fait la pluie et le beau temps dans la communauté. Avec son regard perçant, il est impressionnant. A part ça, j'ai aimé le personnage de la grand-mère de Michaël. Un film qui bénéficie de bonnes critiques et je ne sais pas pourquoi. Pascale n'est pas enthousiaste non plus.
je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) ne suis pas fort en rébus, en général. Et ceux d'Honoré ne sont pas spécialement faciles (ne dit-on pas qu'il en a laissé au moins un irrésolu à sa mort? *). J'ai cependant été bien content de dénicher cet album posthume, qui me donne une occasion de plus de rendre hommage à l'un des dessinateurs assassinés lors du massacre de Charlie Hebdo, il y a près de 10 ans et demi, le 7 janvier 2015.
Honoré, Cent rébus littéraires, Arléa, avril 2015
Saur erreur de ma part, Philippe Honoré avait publié de son vivant deux recueils chez Arléa, et il s'agit ici de la réédition du premier (le second étant titré Cent nouveaux rébus littéraires). Les rébus qui y sont présentés ont été publiés pour la première fois entre 1983 et 2001 dans le magazine Lire. L'ouvrage peut ravir à la fois les amateurs de jeux d'esprit et ceux de beaux dessins. Chaque rébus est suivi de sa solution, mais l'on est obligé de tourner la page. Et ce bel album non paginé ne contient rien d'autre, à part les deux courtes pages de présentation.
En voici quelques-uns (mes préférés, dirais-je... mais la sélection de ces "citations" a été difficile!)
Le deuxième grand livre d'aventures. **
En 1918, le continent perdu fut retrouvé par cet auteur.
Titre d'un long voyage sans soleil.
Qui est ce poète qui s'avance masqué?
Un titre tout droit sorti de l'enfer.
Héroïne d'une comédie trop humaine.
Le voyage merveilleux d'une jeune fille.
Ses personnages nous mènent en bateau.
Son inspiration: manipulations, coups fourrés et doubles jeux.
Personnage excentrique, vainqueur d'un pari aventureux.
Comme je suis un méchant blogueur, je ne vais pas vous donner les solutions... pour le moment. Donc, ou bien vous êtes très fort(e), ou bien vous avez gardé tous vos magazines Lire et y retrouverez ces rébus. Sinon, plusieurs solutions encore: soit vous vous procurez ce recueil d'Honoré, soit (quelle option peut avoir ma préférence?) vous attendrez que je vous donne les solutions... Elles figureront, j'en prends l'engagement, dans le prochain billet où j'aurai l'occasion de citer Honoré dans l'un de mes billets du 7... mais, à ce jour, je ne peux même pas garantir que ce sera en 2025 (vous voici donc condamnés à me lire mois après mois!).
Je vais tout de même donner, à défaut de pierre de Rosette, quelques indices: dans les 10 rébus ci-dessus, il y a cinq titres d'oeuvres, quatre noms d'auteurs, deux ou trois noms de personnages (hé oui, il y a des doubles emplois!). J'en ai choisi certains pour des raisons esthétiques, d'autres par admiration de leur subtilité. Plusieurs sont en rapport avec des challenges actuellement en cours (tel ou tels peuvent plaire notamment à Fanja, ClaudiaLucia, Miriam, Keisha ou ... ici même!).
** Edit: je rajoute pour plus de clarté le texte figurant sous chaque dessin, après la remarque de Manou (merci!). Edit2: en moins de deux heures, Manou a trouvé les dix solutions et me les a communiquées "en privé"! Edit3: Dviolante aussi, "après une journée de boulot" (sic!).
*** Allez, je vous rajoute la phrase liée au rébus de couverture: "La septième femme mit fin à la carrière de ce tueur en série"... ce qui donne Barbe-bleue [bar-boeufs bleus]!
Je viens de voir Ce nouvel an qui n'est jamais arrivé, un film roumain qui se passe entre les 20 et 21 décembre 1989, un jour avant la chute de Ceaucescu. J'ai été vraiment emballée par ce film que j'ai trouvé prenant et très bien interprété. Pendant 2h18, on suit six personnages (hommes et femmes) qui se préparent soit aux festivités de fin d'année, soit à fuir le régime de Ceausescu et la Securitate. Il y a Gelu, l'artisan et ouvrier qui a un petit garçon, Marius, qui commet une grosse gaffe. Margareta, une femme d'une soixantaine d'année, est désespérée car elle ne veut pas quitter sa maison qui doit être démolie (Gelu fait partie des déménageurs de la maison). Son fils, agent de la Securitate, est intraitable. Il y a Florina, une actrice à qui on ordonne de prendre la place d'une autre pour participer à un clip à la télé. Il s'agit de souhaiter les meilleurs voeux de la population au chef suprême. Les hommes de la télé qui sont chargés de cette tâche ont bien du mal à boucler cette corvée car Florina leur donne du fil à retordre. Enfin, il y a Laurentiu, le fils d'une professeure de roumain et d'un des responsables de la télé qui est décidé à quitter la Roumanie avec son copain Vlad. C'est filmé au plus près des acteurs. Il n'y a pas de temps mort. J'ai apprécié la musique du Boléro de Ravel à la fin, quand la population se soulève contre le dictateur en train de discourir. Je rappelle que Ceaucescu et sa femme Hélène ont été jugés et fusillés dans la foulée le 25 décembre 1989. Un film à voir.
- Heu, dasola, tu vas bien faire un billet sur ce film qu'on vient de revoir ensemble en DVD, non?
- Et puis quoi encore? Déjà, j'ai fait l'effort de le regarder avec toi. Si tu veux un billet, tu l'écris!
Donc, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me suis attelé à la tâche...
Voyage au centre de la terre (film, 1959), Henry Levin d'après
Jules Verne, Voyage au centre de la terre, 1864 en feuilleton puis en livre
(l'édition en grand volume de 1867 est augmentée de deux chapitres),
Le livre de poche, 1966, 372 pages
À Edimbourg (Ecosse), c'est l'effervescence: un éminent professeur de son Université vient d'être anobli! Ses étudiants lui font un triomphe et lui offrent deux cadeaux. Le plus insignifiant contient un mystérieux objet... qui va lancer le professeur et l'étudiant chargé de l'achat des cadeaux dans un voyage inattendu (bah oui, le titre!), après quelques semaines d'attente fiévreuse où le professeur néglige ses devoirs d'enseignement.
James Mason est très bien en universitaire quelque peu excentrique. Sa nièce Jenny (Diane Baker dont, à 21 ans, c'était l'un des premiers films) est charmante quand elle entortille autour de son petit doigt Alec McEwan, le jeune étudiant désargenté joué par Pat Boone (dont je ne savais pas qu'il était surtout connu comme chanteur).
Une fois arrivés dans un coquet hôtel en Islande, à Reykjavik, puis en reconnaissance sur le terrain, l'expédition s'annonce mal, alors que ceux qui s'apprêtent à explorer le centre de la terre sont victimes d'un mystérieux antagoniste. Au final, et après un coup de théâtre qui leur permet la rencontre de leur futur guide, Hans (l'athlète islandais Peter Ronson), nos explorateurs (plus ou moins hardis) seront amenés à supporter une présence féminine dans l'expédition. La descente dans les entrailles de la terre s'avère plus facile que prévu, grâce à la présence d'une sympathique palmipède (qui sait se faufiler dans les bons passages). Pauvre Gertrude! D'un précédent visionnage, il me semblait que Hans faisait violence à ses sentiments respectueux pour tordre le cou à son assassin, ce n'est finalement pas le cas. Ce personnage (l'antagoniste, pas Hans), en tout cas, n'a jamais rien fait pour se rendre sympathique, faisant prisonnier le malheureux Axel alors séparé du reste de la troupe et lui tirant même dessus.
Dans les plus de deux heures que dure le film, et pour la partie souterraine, les images du monde inventé par Jules Verne sont tout kitchement merveilleuses, que ce soit la salière géante dans laquelle tombe Axel, les cristaux précieux qu'il est déconseillé de cueillir, le radeau fabriqué à base de troncs de champignons géants, les sauriens qui ne le sont pas moins tout en s'avérant sans dents carnivores, la mer intérieure qui tourbillonne et qui désoriente, la découverte finale qui intègre ici ce à quoi il est fait allusion dans un voire même deux autres titres de Jules Verne, auteur que le film aura ici sublimé (transformé en quelque chose d'autre). L'ascension vertigineuse qui ramène nos héros à la surface de la terre a presque quelque chose de, heu, d'érotique! Axel ne sera pas le seul à en ramener chaussure à son pied (je n'ai pas bien compris s'il se l'est cassé ou seulement foulé!).
L'alligatographe donne à voir de nombreux aperçus du film.Sheherazade2000 en avait parlé jadis, Cinesylvain (blog éphémère!) en 2017. Le bon article d'Argoul (qui commence par parler du roman) m'a appris l'existence d'un autre film.
************
Mon exemplaire du roman de Jules Verne m'avait été offert à Noël 1979. Je l'ai intégralement relu (et non pas seulement feuilleté). Ici, nous apprenons que l'histoire commence fin mai 1863 dans la ville de Hambourg (actuellement en Allemagne). Ici, c'est un cryptogramme manuscrit datant de plusieurs siècles qui lance le professeur Otto Lidenbrock sur la piste d'un voyage fantastique, où il entraîne quasiment manu militari son neveu Axel, encouragé à partir par Graüben, la jeune pupille virlandaise (c'est-à-dire originaire de la contrée de Virlande en Livonie, aujourd'hui au Nord-Est de l'actuelle Estonie) d'Otto. Les deux tourtereaux se retrouveront seulement à la fin de l'aventure: p.55, "cher Axel, ton oncle et toi, je vous accompagnerais volontiers, si une pauvre fille ne devait être un embarras pour vous." Pauvre Axel, sujet au vertige (cependant que son oncle est victime du mal de mer durant une traversée de 10 jours sur un voilier entre le Danemark et l'Islande)! p.114, j'ai relevé lors de cette relecture une erreur sur la lèpre (qui sévit dans l'île), qualifiée de "pas contagieuse mais héréditaire" (vérification faite la bactérie Mycobacterium leprae a été identifiée par Hansen en 1873 seulement). La descente dans le cratère commence seulement p.145, après un trajet de plusieurs jours à travers les paysages désolés de l'Islande avec des hébergements misérables. Au final, ici, les deux hommes sont seulement accompagnés de Hans ("chasseur" de plumes d'eider de profession) quand ils entament la descente du gouffre que constitue le cratère d'un volcan éteint (?). Il s'agit d'une expédition spéléologique "sans esprit de retour", car ils ne laissent pas les cordes en place lors de leur descente par "paliers" successifs (une douzaine!). Arrivés au fond, une galerie en pente douce leur permet de débuter leur longue marche sous terre.
p.174, alors qu'ils traversent une houillère, on peut lire une phrase très prémonitoires sur l'épuisement de l'énergie fossile: "(...) ces immenses couches de charbon qu'une consommation excessive doit pourtant, épuiser en moins de trois siècles si les peuples industriels n'y prennent pas garde". Un ruisseau d'eau ferrugineuse, en plus de les abreuver, leur sert de fil d'Ariane durant leur longue marche monotone (ils ont prévu des provisions pour six mois) entrecoupée de quelques descentes plus à pic. C'est l'absence du ruisseau qui convaincra Axel, séparé de ses compagnons de route, qu'il a pris une mauvaise direction. Ils se retrouvent le 8 août. À la réflexion, je me suis dit que l'aspect "feuilleton" du texte est parfois visible avec des chapitres qui se terminent en suspense.
Comme dans le film, la marche doit céder la place à la traversée d'une "mer" intérieure (sur un radeau fait de bois plus ou moins fossilisé et non en champignon). La faune aperçue est clairement "préhistorique". Mais, une fois la traversée achevée, et contrairement au parti pris dans le film, dans le roman, l'explosion provoquée par nos explorateurs aurait eu pour but de leur permettre de continuer vers les profondeurs, et non de les ramener à la surface. Mais c'est ce qui se produit, à l'insu de leur plein gré. Commencé le 28 juin, le périple les ramène à revoir le soleil (p.358), après pas loin de 13 semaines passées sous terre, en Italie (beau trajet souterrain). Otto et Axel sont de retour à Hambourg le 9 septembre 1863... et le mariage d'Axel et de Graüben a lieu peu après.
Voici deux films vus récemment que j'ai bien appréciés.
Le premier, The Amateur, est une adaptation d'un roman de Robert Littell. Charles Heller (Rami Malek, qui est aussi coproducteur du film) est un cryptographe doué à la CIA qui perd sa femme dans un attentat terroriste à Londres. Il se rend compte que des moutons noirs font partie de l'Agence et qu'il ne doit compter que sur lui-même pour venger sa femme. Le thème m'a fait penser un peu aux films avec John Wick sans les combats rapprochés et les échanges de coups de feu, mais on assiste à des scènes spectaculaires que je vous laisse découvrir. Charles Heller est plutôt fluet et paie pas de mine. Grâce à son habileté avec les ordinateurs et à une brève formation, il va se venger des meurtriers de sa femme. Un bon film d'action plutôt bien fait. Lire les billets de Selenie et Henri Golant.
Je passe à Des jours meilleurs qui divise la critique. Personnellement, j'ai trouvé les actrices formidables et le thème de l'alcoolisme chez les femmes très intéressant. C'est rarement traité au cinéma sauf peut-être Une femme en enfer de Daniel Mann (1955) avec Susan Hayward. Dans Des jours meilleurs, Suzanne (Valérie Bonneton, très bien) est alcoolique (elle boit de la vodka au goulot). Veuve avec trois enfants qui sont tout pour elle, elle provoque un accident. On lui enlève ses enfants et elle se retrouve dans un centre qui s'occupe de femmes alcooliques comme elle. Parmi les femmes qu'elle va côtoyer, il y a Alice (Sabrina Ouazani) et Diane (Michèle Laroque). Et puis, il y a Denis (Clovis Cornillac), un éducateur qui veut faire participer quelques femmes au rallye des dunes au Maroc. J'ai trouvé l'histoire touchante avec des inserts d'entretiens de patientes qui expliquent ou pas comment elles en sont arrivées là. Je conseille.
Le blog de Dasola
CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR.
Critiques et opinions sur films, livres et spectacles.
[Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (242 commentaires, du 17/01/07 au 31/05/25)].
STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)
* Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
2930 billets (au 17/06/25) dont tous ont eu au moins un commentaire
35 486 commentaires (au 19/06/25 [+ 2 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 262 dasola] par au moins 1288 personnes, dont 96 (re)venues en 2025
418 blogueurs [dont 136 actifs en 2025] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1272 (au 29/05/2025) commentaires (voir ci-dessus)
Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 83 au 07/05/2025 (via "Newsletter" ci-dessus)