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Le blog de Dasola
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30 octobre 2025

Mes seize ans dans la Marine - Eric Bréchon

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais une fois de plus vous présenter un récit "bateau". Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'un roman, mais d'un témoignage, un véritable "récit de vie". 

Eric Bréchon, Mes seize ans dans la Marine, Une Odyssée au XXe siècle,
Vérone éditions, collection Authentique, 2025, 573 pages

 

La Marine dont il est question, ici, c'est notre Marine nationale, la marine militaire, la marine de guerre. Mais contrairement à ce qu'il se passait dans le roman que j'avais présenté ici, le "héros" n'en a pas été un officier, mais un "officier marinier" (équivalent dans la Marine des "sous-officiers" des autres armes). 

 

Pour faire éditer ses souvenirs de jeunesse (il est né en novembre 1956), l'auteur s'est donc tourné vers les éditions Vérone. En regardant sur leur site, j'ai eu un peu de mal à voir si cette Maison pratique (ou non) ce qui s'apparenterait à ce que l'on désignait jadis sous le vocable quelque peu péjoratif des "éditions à compte d'auteur" (où vous payez pour obtenir un mètre cube de "votre" livre qu'il ne vous reste plus qu'à stocker, diffuser, distribuer et/ou vendre). Ils demandent en fait une "participation aux frais de maquettage", mais le site n'en précise pas le montant, ni le tirage des ouvrages. J'ai en tout cas cru comprendre (information trouvée en quelques clics sur la Toile) que l'activité était fort profitable à la Maison et à ses actionnaires (chiffre d'affaires oscillant entre 1,5 et 2 millions d'euros, bénéfice annuel de plusieurs centaines d'euros pour une entreprise comportant plusieurs salarié(e)s, dividende de plusieurs dizaines de milliers d'euros distribué chaque année au prorata des 500 actions représentant le capital social de l'entreprise). J'aimerais bien en connaître le "modèle économique" exact! Ce sujet mériterait certainement un article à soi tout seul. Mais bref, revenons à notre à Odyssée

 

Les origines familiales et l'enfance de l'auteur occupent le début de l'ouvrage jusqu'à la page 50, lorsqu'il découvre l'existence de "l'école des Mousses" à laquelle il postule dès qu'il peut (c'est possible à partir de l'âge de 15 ans) en vue de la rentrée 1972. Après une première année de cours à Brest (Finistère [29]), il choisit la spécialité de "transfiliste" (enseignée à "l'école des transmissions") pour laquelle il va donc rejoindre Saint-Mandrier (Var [83]), p.73. Après ses quatre mois de cours, il obtient sa première affectation en tant que Quartier-maître à la base aéronavale d'Aspretto (Corse). Il n'a pas 18 ans. À partir de là, c'est toute une carrière "marine" et la vie à côté (escales, permissions, vie en-dehors du service) qui se déroule devant nos yeux (avec de loin en loin quelques informations sur sa famille). Il entame sa reconversion professionnelle en 1988, à près de 32 ans, alors qu'il est encore affecté à bord du porte-avions Foch (à l'époque en travaux à Toulon). Il quitte le navire fin mai 1988, en congé jusqu'au 1er octobre (date à laquelle sont ouverts ses droits à pension militaire). Nous sommes p.571, il évoque à peine sa seconde carrière (dans le secteur social, comme "moniteur éducateur") en quelques lignes. En attendant un prochain volume de ses mémoires?

 

Tout au long donc de ces centaines de pages, Eric Bréchon nous livre un récit très détaillé pour lequel on peut supposer qu'il s'est bien appuyé sur son EGS (état général des services). D'affectation en affectation dans des postes successifs, on le voit avancer dans sa carrière, être affecté outremer, naviguer plus ou moins longtemps sur un navire puis sur un autre (Charente, Isère, Tartu, Henry, Foch), occuper un poste à terre dans telle ou telle base navale, sous les ordres de tel ou tel officier et commandant, faire escale dans tel ou tel port ou pays (et y faire du tourisme sans se contenter des "bars à matelots" locaux)... Parfois jour par jour ou mois par mois, il ne nous fait grâce de rien, même pas des motos ou autos dont il a été propriétaire ou copropriétaire, et en tout cas pas des jeunes filles ou femmes qu'il a pu connaître durant ces fameux 16 ans. Nous avons ainsi droit ici ou là dans l'ouvrage à la présentation de ses copines successives lors de ses affectations, de la première à (?) la dernière, des très provisoires aux engagements plus durables. On suit les évolutions des techniques de transmissions. On peut se demander s'il s'est fait aider ou non pour la rédaction de son texte. Il nous y parle même de ses anniversaires, dont celui de ses "16 ans", qu'a suivi la signature de son engagement dans la Marine pour 5 ans (signature émancipatrice, à une époque où la Majorité était encore à 21 ans) [est-ce volontairement, ou non, que le titre de l'ouvrage possède ce double sens de durée et d'événement?]. En tout cas, si celui-ci ne brille pas par le style, il fourmille d'anecdotes, que celles-ci lui soient arrivées personnellement, qu'il en ait été témoin ou qu'il en ait entendu parler. On trouve quelques photos (en N&B) pp.374-293, celles-ci ont pu également servir de support pour retracer certains événements.

 

C'est un livre certainement susceptible d'intéresser d'anciens marins qui ont pu suivre le même cursus, exercer la même spécialité, naviguer sur les mêmes navires, servir sous les mêmes officiers... et à qui, peut-être, cela évoquera leurs propres souvenirs. Entre les cours, les affectations, les marins de carrière avaient diverses occasions de se croiser ou d'entendre parler les uns des autres. Il est sûr que, dans les années 1970-1980, avant que le "tourisme de masse "devienne la norme, choisir ce métier, pour un jeune homme d'origine modeste, pouvait permettre de "voir du pays" et d'épater d'anciens copains d'enfance plus casaniers. Si certains ont pu jadis être plus ou moins obligés d'entrer à l'école des mousses suite à quelques grosses bêtises, dans le but que la vie collective et la discipline militaire les (re)mettent sur le droit chemin, je crois qu'il a existé aussi à l'autre bout du spectre des cas où un jeune "volontaire" allait jusqu'à imiter la signature paternelle sur la paperasse nécessaire... et papa n'avait plus qu'à assumer quand arrivait la lettre d'admission à l'école (tout de même fier du choix de fiston). Et aujourd'hui?

 

Engagez-vous, qu'ils disent... La Marine a aujourd'hui des objectifs annuels de recrutement, dans une logique de "réarmement" et de remise à niveau après des décennies de désinvestissement où l'on pensait récolter les "dividendes de la paix" (après la chute de l'URSS), époque où le nombre de postes d'officiers mariniers, notamment, a bien diminué. Et elle continue bien évidemment à cibler des jeunes qu'elle formera dès le départ. 

Ceux-ci (et aussi celles-ci) peuvent découvrir la Marine nationale par le canal des "PMM (Préparation militaire marine)", proposées chaque année dans plus de 90 centres, qui offrent un total d'environ 3500 places. Les chiffres montrent paraît-il que sur ceux qui sont ainsi formés, environ 800 s'engageront ensuite dans la "réserve" ou feront carrière dans la Marine. 

L'Ecole des Mousses, qui avait fermé en juillet 1988, renaît en septembre 2009 à Brest, pour former aujourd'hui environ 250 jeunes matelots par an. L'Ecole de maistrance, à Brest, qui n'a jamais cessé ses activités, a connu l'ouverture d'une antenne à Saint-Mandrier (Var) en 2018. Elle forme environ 1200 jeunes officiers mariniers par an. 

Même s'il est probable que beaucoup de jeunes candidats ont, par tradition familiale, déjà un lien, sinon avec la marine, du moins avec les métiers militaires, il est tout à fait possible à tout jeune homme ou toute jeune femme de viser une carrière dans la Marine.

 

Cet ouvrage participe, naturellement, au challenge Book trip en mer (saison 2) chez Fanja.

 

29 octobre 2025

L'étranger - François Ozon

Aujourd'hui, mercredi 29 octobre 2025, sort en salle une adaptation de L'étranger d'après le roman d'Albert Camus paru en 1942. François Ozon a filmé dans un noir et blanc magnifique cette histoire qui commence par une phrase tiré du roman quand on demande à Meursault pourquoi il est a atterri en prison et qu'il répond : "J'ai tué un Arabe". Benjamin Voisin (remarquable) qui interprète Meursault ne parle presque pas pendant la première heure du film. On est dans l'Algérie française de 1935, époque coloniale où les "Indigènes" ne sont pas autorisés par exemple à aller dans les salles de cinéma. Ozon est resté proche de l'intrigue du roman L'étranger. Il en a fait un long flash-back qui commence quand Meursault (qui travaille dans un bureau) reçoit un télégramme lui annonçant que sa mère vient de mourir. Il se rend à ses obsèques dans l'asile où elle était pensionnaire depuis quelque temps. On lui demande de veiller sa mère toute une nuit, cercueil fermé. C'est lui qui n'a pas voulu la voir. Il semble indifférent à tout ce qui se passe. On lui reprochera beaucoup son attitude lors de son procès. Très vite, il reprend sa vie et a une liaison avec Marie Cardona (Rebecca Marder), une jeune dactylo dont il avait fait connaissance quelques années auparavant. Elle tombe amoureuse de lui et voudrait se marier. Il répond "Pourquoi pas?". Et puis, il y a le meurtre d'un jeune Arabe que Meursault abat d'abord d'un coup de pistolet suivi par quatre autres tirs sur le corps sans vie. Je vous laisse découvrir les prémices. Quand on lui demande à un moment donné pourquoi il a tiré, il répond très simplement : "à cause du soleil". Plusieurs témoins défilent à son procès dont quelques-uns qui le défendent. Meursault, jusqu'au bout, reste un personnage énigmatique mais passionnant car devant un prêtre, il est capable de sortir de ses gonds. C'est la seule fois où on le voit réagir violemment. J'ai vu ce film en avant-première dans une salle attentive avec des spectateurs de tous âges. Personnellement, j'ai aimé ce film pour l'interprétation, le noir et blanc éclatant et pour le fait qu'il m'a donné envie de relire le roman, un vieux souvenir de lecture d'il y a plus de 45 ans.

28 octobre 2025

La femme la plus riche du monde - Thierry Klifa

Voici un film qui m’a mise mal à l’aise. J'ai trouvé La femme la plus riche du monde vulgaire, en particulier le texte dit par Laurent Laffite qui enchaîne les propos graveleux. Personnellement, j’ai été consternée. Surtout que le texte des autres acteurs n’est pas aussi cru. C’est certainement voulu et des spectateurs riaient dans la salle. Personnellement, ce genre d'humour en dessous de la ceinture ne me fait pas rire du tout. Je dois être bégueule.
Je suis allée voir ce film en avant-première pour Isabelle Huppert, pour Marina Foïs et aussi pour l’évocation de l’affaire Liliane Bettencourt et du photographe François-Marie Banier qui a été condamné pour abus de faiblesse. Certains personnages sont intéressants mais pas assez développés comme celui de Jérôme, le factotum de la famille pendant 12 ans, très bien joué par Raphaël Personnaz. André Marcon en mari d’Isabelle Huppert est toujours très sobre, ainsi que Mathieu Demy en mari de Frédérique (Marina Foïs). Marina Foïs est émouvante dans le rôle de la fille mal-aimée de Marianne (Isabelle Huppert). Quant à Laurent Lafitte avec sa coiffure improbable, il est insupportable dans le rôle de Pierre-Alain Fantin qui pousse Marianne à lui verser des sommes folles. On peut se demander pourquoi l’amant de Pierre-Alain, Raphaël d’Alloz (Joseph Olivennes), reste avec lui. Vous l’aurez compris, je n’ai pas aimé ce film qui sort en salle le 29 octobre prochain. Le réalisateur Thierry Klifa a dédié le film à sa mère....

26 octobre 2025

Asterix en Lusitanie - Didier Conrad et Fabcaro

Je n'a pas résisté à me procurer le nouvel album d'Astérix, Astérix en Lusitanie (Editions Hachette Livres - Goscinny - Uderzo, 48 pages distrayantes) paru le 23 octobre dernier. Comme son titre l'indique, les aventures d'Astérix, Obelix et Idefix les emmènent au Portugal, du côté de Lisbonne (Olisipo en latin). Boulquiès, qui avait travaillé sur le  chantier du Domaine des dieux, vient demander de l'aide au village gaulois car Mavubès, un ami compatriote, est accusé d'avoir voulu empoisonner César avec du garum et il est menacé d'être jeté aux lions. C'est un complot fomenté par Pirespès, un traitre "de père en fils" qui ne rêve que de gloire. Le voyage entre la Bretagne et le sud du Portugal se passe bien grâce au concours d'Epidemaïs (Astérix Gladiateur) qui exploite toujours autant ses clients comme ses associés en les faisant ramer. Arrivés à destination, Asterix et Obelix font des rencontres de personnages qui vont les aider à délivrer Mavubès et l'innocenter par la même occasion. C'est l'occasion d'entendre du fado avec des paroles si tristes qu'elles dépriment tout le monde. Obelix n'est pas ravi de n'avoir que du Bacalhau (morue) au menu. Mais il se montre doué pour chanter le fado. C'est un album plaisant à lire et je vous le recommande rien que pour Astérix et Obélix déguisés en Lusitaniens.

 

 

25 octobre 2025

Tag "Si j'avais une librairie"

Cela fait fort longtemps que dasola ou même moi (ta d loi du cine, "squatter" sur son blog) n'avons plus participé à des "Tags" de la blogosphère.

En voici un qui fait rêver (surtout à l'approche de la retraite...): "Si j'avais une librairie". Je l'ai déniché récemment chez La bibliothèque Roz, qui a transposé un tag d'origine américain et qui dit: "Ce TAG consiste à imaginer la librairie de ses rêves et à la présenter, en répondant à 9 questions. Bien sûr, on est dans le rêve et le plaisir, on a aucune contrainte administrative ou financière, tout est possible. Je me suis bien amusée à rêver ma librairie, j’espère qu’elle vous plaira."

Voici mes propres réponses. 

 

1) Quels sont les horaires d’ouverture ?

Je pense que je me concentrerai sur des horaires en fin d'après-midi et en soirée, pour permettre aux lectrices et lecteurs de venir après leur journée de travail... 16 h - 22 h? Pour moi, ça me correspondrait bien, je suis plutôt du soir...

2) Y a-t-il de la musique d’ambiance ? Si oui, de quel genre ?

Je n'en vois pas l'utilité...

3) Y a-t-il un bar à café ?

La bonne question, déjà, est: y a-t-il des sièges, pour "se poser"?
Pourquoi pas... Je me rappelle avoir financé un projet de "Librairie-café" à Paris, dont les deux jeunes "porteurs de projet" avaient pris le concept en Amérique du Nord... 
Je connais aussi une ou deux librairies parisiennes (en neuf ou en occasion) qui proposent de la petite restauration et des boissons chaudes... 
Après, est-ce que cela a un effet positif sur le "chiffre d'affaires" ou pas, je ne sais pas!

4) Les clients sont-ils encouragés à s’attarder ?

Je ne sais pas... (ils ou elles ont peut-être envie de regagner leur domicile après une journée de boulot!).
Je pense que cela est lié à la question 5 et à la question 3...

5) La librairie propose-t-elle des évènements ?

Séances de dédicaces, séances de lecture par l'auteur... Oui bien sûr (avec l'idée que les livres seront "en vente" en nombre le jour même!).

6) Dans quel environnement est située la librairie ?

À Paris, dans une rue pas forcément passante, mais pas au fin fond de la banlieue non plus!
Pas trop loin d'une station de métro.
Dans un environnement qui n'est pas exclusivement "immeubles de bureau" mais où il y a aussi du résidentiel. 
Dans un environnement qui n'est pas exclusivement "populaire" (un peu de "résidences sociales", mais aussi du locatif privé, des propriétaires habitants...). 
Ou alors, dans une petite ville de province un peu endormie (5 à 10 000 habitants?), où il existe une bibliothèque (donc un lectorat), mais pas ou plus de librairie... et peut-être des locaux commerciaux à bas prix...

7) À quoi ressemble cette librairie ?

Beaucoup de livres dans des bibliothèques au mur...
Quelques tables pour mise en valeur de livres sur des thématiques données... 
Forcément de l'éclairage artificiel... En source d'éclairage, des "leds" (qui ne consomment pas trop!), mais dissimulés sous de vieux lampadaires, de vieilles appliques, des vieilles lampes à abat-jour...
J'aimerais bien pouvoir aussi gérer "à côté" une activité "livres d'occasion", avec des bacs où ils sont rangés verticalement et où l'on peut "feuilleter" rapidement les couvertures. Mais c'est vrai que c'est un autre métier... (pratiquement, le produit "livre de seconde main" se décotant excessivement vite, il faut quasiment les acheter "au poids" ou faire à ceux qui veulent se débarrasser des livres qui les encombrent la faveur de les leur reprendre gratuitement...).

8) Quels types de livres peut-on trouver dans votre librairie ?

Voir ci-dessus...
Plutôt de la fiction (y compris science-fiction), de la bande dessinée et des mangas... 
Des sciences humaines (mais pas de philo ni de théologie, si je suis mes propres centres d'intérêt!). 
De l'économie (classique, mais aussi sociale et solidaire), des ouvrages sur la création d'entreprise, sur l'agriculture et l'élevage bio...
Après, dans une librairie, le client peut commander tout livre qu'il veut se procurer!

9) Quel est le nom de votre librairie ?

Vingt ans après!
... Parce que, quand j'étais lycéen puis étudiant, jadis, j'ai longtemps eu plaisir à fréquenter une librairie (disparue il y a trois ou quatre décennies en fait) qui s'appelait... Les Trois Mousquetaires.

... Et je (ta d loi du cine) rajoute tout de même une question:
10) Quel est le modèle économique de cette librairie ?

Je pars du principe que je me "fais plaisir" avec cette activité, sans avoir besoin de compter sur elle pour me dégager le revenu minimal me permettant de vivre (celui-ci étant, idéalement, assuré par autre chose - ma retraite, par exemple). 
Je me rappelle avoir entendu parler d'un propriétaire de librairie qui avait dit au gérant mis en place: "écoute, toi et ton équipe, vous pouvez perdre jusqu'à 50 000 francs [suisses] par an. Au-delà, je fermerai la librairie." Cette histoire (qui remonte aussi à plusieurs décennies) m'a toujours fait rêver...

24 octobre 2025

L'enfant de février - Alan Parks

Comme je l'avais évoqué à la fin de mon billet sur Janvier noir, je viens de terminer L'enfant de février d'Alan Parks (Edition Rivages Noir, 460 pages) qui comme son titre l'indique se passe au mois de février (1973), à peine un mois après l'histoire de Janvier noir. J'ai retrouvé avec plaisir, à Glasgow, l'inspecteur Harry McCoy, son adjoint Wattie et son supérieur hiérarchique Murray. Et on a aussi l'ami d'enfance d'Harry, Steve Cooper, qui, lui, a mal tourné. Il est devenu un truand notoire mais entre lui et McCoy, il y a des liens indéfectibles remontant à ce qu'ils ont vécu quand ils ont été dans des institutions pour jeunes orphelins (ou non). Sinon, l'histoire débute avec l'assassinat de Charlie Jackson, un jeune footballeur plein d'avenir retrouvé tué et mutilé sur un toit d'immeuble. Il était fiancé avec Elaine Scobie, la fille de Jake Scobie, un baron de la drogue. Sur le ventre de Charlie, le tueur a écrit "Bye Bye". Plus tard, Jake Scobie lui-même est torturé et tué par le même tueur. McCoy est rapidement sur la piste d'un certain Connolly, un psychopathe, un des gardes du corps de Scobie. Ce Connolly fait une fixation sur Elaine et il élimine tout ceux qui se dresse sur sa route. L'intrigue est toujours très bien menée. La ville de Glasgow en arrière-plan est un des éléments essentiels de l'histoire. La météo qui varie entre pluie et neige renforce la tristesse qui se dégage du roman. Je pense que les volumes de la série peuvent se lire dans le désordre. Le prochain sur ma liste se passe en mai 1974. Sinon, la photo de couverture a été prise par Raymond Depardon. Lire les billets d'Encore du noir, Pierre Faverolle, Richard, Nyctalopes

C'est ma troisième participation à Sous les pavés, les pages (chez Athalie et Ingannmic).

 

20 octobre 2025

Lumière pâle sur les collines - Kei Ishikawa

J'annonce tout de suite que je n'ai pas lu le roman de Kazuo Ishiguro (Prix Nobel de Littérature 2017) dont le film Lumière pâle sur les collines est une adaptation. Kei Ishikawa, le réalisateur, en est aussi le scénariste. L'histoire alterne entre 1952 à Nagasaki et trente ans plus tard en Angleterre. En 1982, Etsuko, une femme d'âge mur, accueille sa deuxième fille Niki dans sa maison située en Angleterre. Elle a décidé de la vendre maintenant qu'elle est veuve pour la deuxième fois. Niki, elle, voudrait écrire sur Nagasaki et ce qui s'est passé. En 1952, Etsuko est une jeune femme mariée depuis peu avec Jiro dont on devine assez vite qu'il a la main droite atrophiée. 1952, c'est sept ans après la bombe atomique lancée sur la ville le 9 août 1945 qui a fait plus de 60 000 victimes et des milliers d'irradiés. Etsuko, qui est enceinte, est très dévouée à son mari un peu tyrannique. Elle a un beau-père, Ogata-san, qui ne se remet pas de la défaite du Japon. Elle se lit d'amitié avec Sachiko, une voisine mère célibataire qui a une petite fille assez agitée qui porte des stigmates suite au bombardement. En 1982, on apprend que Keiko, la première fille d'Etsuko, s'est suicidée. Elle n'a semble-t-il pas supporté l'exil. Niki, qui est eurasienne, est née de la deuxième union d'Etsuko avec un Anglais. Toute la partie qui se passe en 1952 bénéficie d'une belle lumière. La partie plus contemporaine qui se passe intégralement dans la maison d'Etsuko est filmée dans les tons plus sombres. Dans le film, il semble qu'il y ait un personnage qui n'est pas dans le roman et qui a beaucoup troublé les quelques spectatrices qui étaient dans la salle avec moi. Elles n'ont pas compris toute la fin du film. Je ne vous en dirais pas plus. C'est un film qui se laisse voir rien que pour les actrices. Lire le billet de Selenie (pas enthousiaste).

19 octobre 2025

Les blondes et papa - Exbrayat

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me suis quelque temps demandé en le lisant, après l'avoir acheté quelques dizaines de centimes d'euros, si ce vieil exemplaire paru au Club des masques en 1971 (réédition d'un titre "copyright 1961" plus vieux que moi...) pouvait, ou non, être lu par... les enfants.

Exbrayat, Les blondes et papa [...], Librairie des Champs Elysées, Club des Masques N°126,
mars 1971 (copyright 1961), 249 pages

 

Curieusement, ni la couverture, ni la tranche, ni la liste des dernières parutions en fin d'ouvrage n'indiquent de points de suspension après les quatre mots du titre, mais page de garde et page de titre indiquent bien "Les blondes et papa...". Et il ne s'agit pas d'une erreur de traduction. D'Exbrayat, je n'avais lu jusqu'à présent que la série de son Imogène (alors que, dans ma jeunesse, tout comme dasola mais bien avant qu'on se connaisse, je collectionnais, dans cette même série "Club des Masques", les titres d'Agatha Christie qui en formaient probablement la première "locomotive"). Comme Imogène, Les blondes et papa... est situé au Royaume-Uni - alors que Charles Exbrayat (1906-1989) est un écrivain français (mais a apparemment rempli le rôle de deuxième locomotive de la collection). 

 

Dans ce "roman policier humoristique", plusieurs histoires de couples s'entremêlent pour former ce que je me permettrais d'appeler une "romance policière". L'un de ces couples (mais non le moindre) totalise un âge de 25 ans. La piste qu'ils annoncent aux policiers, bien que concernant un innocent, permet finalement de mettre la main sur le véritable coupable, qui... Mais je vais commencer par le début. 

 

Buddug, fillette de 12 ans, vit (et fait ses études) avec son papa (comptable et veuf) Ianto Morgan dans la petite ville de Brecon, en Pays de Galles méridional. Très mûre pour son âge, c'est elle qui accueille en robe de chambre et silence réprobateur celui-ci lorsqu'il rejoint le logis familial passablement ivre après une soirée à l'extérieur. Son condisciple, Caradoc (le fiancé qu'elle s'est choisie deux ans plus tôt) a lui-même une maman brune, Price Meredith, qui s'est trouvée veuve à peu près quand Ianto est devenu veuf, et il ne lui est pas indifférent. Que croyez-vous qu'il va arriver? 

 

Hé bien, alors que Ianto se trouve en galante compagnie (une blonde mal mariée qu'il connaît depuis 8 jours), le cadavre du mari de celle-ci est découvert, avec lui-même tenant en main l'arme du crime. Arrestation immédiate... Il ne reste plus à Buddug (qui convainc Caradoc de son innocence) à mener l'enquête, avec le soutien, entre autres, de la tante dudit Caradoc (la soeur de son père), vieille fille imposante (six pied de haut), d'une aide fort appréciable lors d'un interrogatoire (sans aller cependant jusqu'au troisième degré!).

 

Et c'est comme ça que la machination sera dévoilée, alors que la police pataugeait quelque peu, représentée par un inspecteur sagace et placide et un sergent frivole, que l'enquête oblige à annuler successivement tous les rendez-vous avec sa "blonde" (qui se serait bien vue la bague au doigt, mais faut pas pousser tout de même). Quant à ce qu'il en pensait, lui, "ce n'était pas parce qu'il était entré dans la police de Sa Majesté qu'il devait renoncer à fonder une famille ou, sans aller si loin, à connaître le plaisir des tendresses partagées!" (p.206) Qu'en termes délicats ces choses-là sont dites. 

 

Disons encore que l'enquête s'était égarée en direction d'un docteur capable de donner comme alibi pour la semaine précédente l'accouchement d'une de ses patientes... lorsque celle-ci l'appelle d'urgence pour la même raison! On voit qu'il y a matière à rire. Je citerai encore quelques moments désopilants, ceux où  les plus jeunes de nos tourtereaux finissent par arriver à la conclusion que les enfants ne naissent pas dans les choux, mais surviennent lorsque (et seulement lorsque) deux personnes de sexe opposé (et adultes, bien sûr) s'embrassent passionnément sur la bouche (et si ça dure, risque de jumeaux?). Bon, question naïveté ou candeur, je me demande où en sont aujourd'hui de jeunes lecteurs et lectrices de 12-13 ans, par rapport à ceux de 1961 ou 1971...?

 

... Et c'est pour cela que, tout compte fait, je me permets de faire candidater ce titre pour le "challenge littérature jeunesse 2025-2026" chez PatiVore! Il rentre aussi dans le cadre du challenge "2025 sera classique aussi!" organisé par Nathalie.

On peut trouver un billet concernant ce livre sur le blog d'une famille de lectrices "Lectureenfantparent".

16 octobre 2025

3000e billet sur le blog de dasola... (déjà?!?)

Dans le 2000e billet publié sur le blog de dasola (il y a un peu plus de six ans, le 3 septembre 2019), on prévoyais le 3000e pour l'année 2029: en fait, nous voici donc / le voici donc avec plus de trois ans d'avance... Peut-être une des raisons est-elle qu'à l'époque sur ces 2000 billets, j'en avais rédigé moi-même (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) moins de 100, tandis que ces dernières années, environ un tiers des billets sont * de ma plume (et de mon style): sur ces 3000, plus de 400 me sont désormais dûs. 

 

Au-delà du symbole et de la simple "célébration", on peut à tout moment retrouver la (désormais longue) série des billets "bloganniversaire" ou "chiffre symbolique" précédents via le tag "Vie du blog" (colonne de gauche). Certains de ces billets ont déjà bien analysé, au fil des ans, manière de bloguer, chiffres, changements sur la blogosphère, et autres sujets de ce genre. Mais celle-ci a bien évolué en près de 19 ans (le blog de dasola célèbrera son 19e bloganniv' le 9 janvier 2026). Je pense que le contenu des billets y sera détaillé. Aujourd'hui, je vais plutôt parler des évolutions de la blogosphère et de ses usages.

 

Les blogs, il y a les anciens, et les nouveaux. En ce qui concerne les nouveaux blogs, parfois, des articles magnifiques... amènent à se demander quelle y est la part d'une rédaction assistée (à tout le moins) par une intelligence artificielle (et c'est sûr qu'on ne se posait pas la question il y a 10 ans ou même cinq). À l'inverse, dans des blogs "vétérans", l'on voit des billets intéressants apparaître, on se dit "chouette, une oeuvre que je connais, je vais pouvoir faire un commentaire..." et, vérification faite, il s'agit juste d'un billet déjà paru dont la date a été changée... comme en témoigne le commentaire, datant de plusieurs années, qu'on retrouve dessous! Je me refuse à cette "tricherie". Par contre, je me rappelle que, dans les premiers temps du blog de dasola où certains billets sont longtemps restés sans un seul commentaire, on publiait régulièrement des listes d'articles "orphelins de commentaires" (avec le lien y amenant)... et, à force (lointaine époque déjà!), on a fini par faire en sorte qu'il n'en reste plus un seul.

 

En caricaturant à peine, je dirais qu'il y a plusieurs attitudes possibles par rapport aux commentaires. Celle (un peu idiote?) consistant à se dire "ah, c'est super, ma prose est très intéressante et les lecteurs en reconnaissent le mérite" et ça s'arrête là (ni réponse ni "réciprocité"). Celle (plus polie) consistant à répondre systématiquement aux commentaires faits, sous ceux-ci. Et enfin, la bonne (selon moi), celle qui joue le jeu de la "réciprocité entre blogueurs", en allant voir le blog de l'internaute ayant fait un commentaire chez moi, jusqu'à y trouver quelque chose à dire (et cela ne m'empêche pas, en plus, de répondre sur mon propre blog, pourquoi pas?). Depuis quelques années, c'est vrai, les plateformes mettent de plus en plus de "bâtons dans les roues" aux échanges: difficulté à commenter si l'on n'est pas inscrit soit à la plateforme soit à un "système de profil" plus ou moins global (centralisation de données personnelles...), protection par Capchat, ou par "Askimet" (beaucoup plus draconienne? Je crois même que certains mots entraînent l'interdiction de publier un commentaire ici ou là - il faut alors utiliser une périphrase), passage en "SPAM" de tous commentateurs pas encore connus et "acceptés" sur le blog (SPAM dont la consultation n'est pas systématique faute d'alerte spécifique envoyée au blogueur concerné)... Et la machine de telle ou telle plateforme peut même avoir "la mémoire longue", en vous flanquant en rouge un "Vous avez déjà soumis ce commentaire récemment"!

 

Je pense qu'il est de plus en plus difficile de nouer de nouveaux liens "entre blogueurs (avec l'impression qu'il s'agit d'une volonté délibérée de "la profession" - celle des plateformes de blogs). Il y a 15 ans, on surfait "librement" sans se préoccuper de la plateforme. Désormais, chaque blog doit se contenter de sa poignée de contacts acquis, qui bien évidemment s'érode au fil du temps. Par exemple, la plateforme Wordpress, qui représente désormais peut-être la moitié des blogs actifs (et la plupart des nouveaux) ne donne plus que les liens vers les blogs "wordpress" ou éventuellement ceux qui utilisent les services d'un "avatar" (encore des données personnelles à mettre en ligne...)! Ses "pings" (avis automatique de lien figurant dans un billet de blog) prennent seulement en compte les billets publiés sur la plateforme (sauf erreur de ma part). 

 

Il est aujourd'hui quasiment impossible de trouver via un moteur de recherche les blogs ayant parlé d'une oeuvre (livre ou film). Ça, pour être protégées, elles sont protégées, nos données personnelles (merci, RGPD!), y compris à l'insu de notre plein gré. Résultat? Les algorithmes des moteurs de recherche invisibilisent désormais les blogs extrêmement vite. On ne peut plus guère en "découvrir" de nouveaux qu'au hasard des commentaires figurant sous des billets. Et même si l'on s'obstine à une quête de plus en plus difficile, je crois pouvoir assimiler la "chasse aux nouveaux blogs" à de la "prospection minière". Sachant que dasola et moi prenons plutôt l'option de ne laisser des commentaires que sous des billets parlant d'oeuvres que nous avons lues ou éventuellement pourrions lire, avec le temps, il faut se contenter de "gisements" où la teneur en "matière première utile" est de plus en plus faible... Et la recherche demande de plus en plus d'efforts pour être en fin de compte de moins en moins productive (évolution du "blogging" elle-même liée aux évolutions des plateformes qui ne font rien pour permettre de renforcer les liens entre des blogueurs "libres" - mais je radote, il est temps de conclure!). 

 

Deux mots encore, sur les challenges d'une part, sur la longueur des commentaires reçus chez dasola d'autre part. Participer à un challenge thématique présente plusieurs avantages. En s'y inscrivant à l'avance, cela aide au "passage à l'acte" pour un titre qui traînait en PAL ou en LAL depuis un certain temps, en donnant un objectif de date pour la rédaction d'un billet. La liste des autres participants permet soit de découvrir des titres inconnus, soit de varier les points de vue sur un livre déjà lu. Et puis, cela "mutualise" aussi la notoriété des blogs participants, pour autant que l'on fasse l'effort, donc, de regarder aussi les contributions des autres. Du coup, il est également intéressant de gérer d'éventuelles inscriptions "rétrospectives", en demandant le référencement d'un billet rédigé avant d'avoir eu connaissance du challenge mais durant sa période d'ouverture (il suffit en général de rajouter dans le billet rédigé nom et logo du challenge). Côté organisateur, certaines et certains (et j'en fais partie) arrivent à maintenir une bonne "veille" et à attirer l'attention des auteurs de billets sur la possibilité qu'ils ont de faire référencer le leur chez tel ou tel challenge. C'est bien, les challenges. De même qu'on repart d'un "Café philo" (où l'on était venu avec sa propre question) avec... les questions de tous les autres participants, de même on ressort d'un challenge avec une LAL à rallonge. Cela dit, ça génère du trafic en terme de commentaires, si tout le monde joue le jeu.

 

Côté longueur de commentaires, je suis retombé récemment sur une question d'une blogueuse désormais en pause (Erwellyn, sous le 2500e billet) qui se demandait si son propre commentaire allait figurer parmi les plus longs.  Je peux signaler qu'avec plus de 3050 caractères, elle rentrait dans le "top 15" parmi les plus de... 30 000 commentaires de l'époque [février 2023]. Le plus long dépassait les 4300 caractères et datait de 2021, tandis que les 13 autres à dépasser les 3000 caractères remontaient tous à avant 2012... Quatre consistaient en des réponses à des questionnaires cinéphiles. À l'autre bout du corpus, on a quelque 25 commentaires de 6 caractères ou moins (parfois quelques signes de ponctuation reconstituant un"smiley" avant les icônes). Chacun compte pour "1". On a désormais dépassé les 36 000 commentaires (par presque 1300 personnes différentes, dont environ 600 n'en ont fait qu'un chacune, et les autres... tout le reste).

 

Voilà, le "squatter" de l'équipage espère que vous avez passé une agréable lecture, et que nous aurons le plaisir de vous lire et relire prochainement sous nos lignes!

 

* "sont de ma plume" et non "ont de ma plume": merci Pascale, et haro sur la relectrice de mon billet (ici, chacun relit les billets de l'autre... Avantage d'être à deux sur le même blog - en principe).
J'en profite pour dire que je trouve extrêmement agaçante l'intrusion "obligée" des algorithmes d'"aide à l'orthographe" qui restituent d'autorité autre chose que ce que nous tapons nous-même, et derrière lesquels il ne faut jamais oublier de repasser... J'aurai sûrement l'occasion de développer dans le 3500 billet (d'ici trois ans?)!

15 octobre 2025

Emile Zola raconté par sa fille - Denise Le Blond-Zola

Pour ce sixième mois du challenge littératures européennes de Cléante, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais continuer mes "pas de côté" en tirant la consigne "romans réalistes et naturalistes" vers "romancier naturaliste": l'occasion de présenter une biographe d'Emile Zola acquise sur le lieu même où il a vécu. 

Denise Le Blond-Zola, Emile Zola raconté par sa fille,
Grasset, coll. les cahiers rouges, mars 2019, 299 pages
(édition originale publiée en 1931 aux éditions Fasquelles)

 

Cette biographie filiale a pour moi une saveur encore plus précieuse dans la mesure où c'est précisément lors de notre visite à la maison d'écrivain de Zola à Médan que je l'ai acheté en septembre 2024 (je ne connaissais pas ce titre auparavant). Plus près de nous, c'est le titre Zola à bicyclette chroniqué par Ingannmic en août 2025 qui m'y a fait resonger. 

 

On connaît la vie privée de Zola: marié à Alexandrine Méley (1839-1925) le 31 mai 1870 (union restée sans enfants), il fait la connaissance d'une jeune lingère, Jeanne Rozerot, embauchée par celle-ci pour Médan en mai 1888, et elle devient sa maîtresse en décembre de la même année. Ils auront deux enfants: Denise, née en septembre 1889, et Jacques, de deux ans plus jeune. Après la découverte de ce "second foyer" par l'épouse légitime, ils parviendront à un accord et l'écrivain organisera sa vie entre les deux. Après sa mort le 29 septembre 1902, la veuve officielle s'occupera des deux enfants laissés par son mari. Jeanne Rozerot meurt pour sa part en mai 1914.

 

En octobre 1908, Denise * épouse Maurice Le Blond, journaliste qui avait fermement soutenu Zola lors de l'affaire Dreyfus. Elle écrit, entre 1920 et 1926, six romans pour la jeunesse publiés dans la "blibliothèque rose" de l'époque chez Hachette. Mais surtout, elle publie cette biographie sur son père dont elle achève la rédaction le 6 juillet 1930. Elle meurt en 1942 à Paris. 

 

Le livre comporte 18 chapitres, et commence très classiquement par l'histoire de la famille Zola, originaire de Zara, en Dalmatie. François Zola, père d'Emile, est né à Venise en 1795. Après un passage par la Légion étrangère en Algérie, il arrive à Marseille en janvier 1833. Ces précisions permettent de savoir que Denise (née Rozerot, avant d'être autorisée à porter le nom de son père) a eu accès aux archives familiales et aux souvenirs d'Alexandrine, avec qui elle a entretenu de bonnes relations, après le décès de leur père et époux. Même si elle n'était elle-même qu'une fillette de 13 ans au décès de son père, elle l'a côtoyé durant son enfance, et en tout cas nous rapporte des informations de première main. Elle nous raconte l'enfance, la jeunesse d'Emile (orphelin de père dès 1847) et son amitié avec Cézanne, ses débuts laborieux dans la carrière de journaliste (il lui a longtemps manqué 40 francs de revenus mensuels pour atteindre les 100 qu'il visait...), puis d'écrivain, ses amitiés (ou non) avec ses confrères... La rencontre avec Jeanne Rozerot intervient p.129, dans le 9e chapitre commencé p.126 qui nous apprend que la petite maison de Médan a été acheté avec le produit de la publication de L'Assommoir. C'est p.122 qu'on a appris qu'Emile Zola refusait l'étiquette d'écrivain socialiste, mais désirait simplement être qualifié de "romancier naturaliste" (réponse à Albert Millaud [1844-1892], auteur bien oublié aujourd'hui mais qui avait eu une violente polémique avec Zola). 

 

Je pourrais arrêter ici la présentation de ce livre (que je vous incite à lire). Précisons encore que Denise raconte avec beaucoup de pudeur, pp.188-194, le rapprochement de ses parents, et son enfance d'enfant "cachée"... (l'épouse bafouée s'est d'abord montrée fort jalouse avant d'accepter le principe du "double foyer" vers 1894...). Non seulement la publication des différents volumes, mais aussi celles des oeuvres de la maturité (Les Trois villes, puis les Quatre évangiles - qu'il ne terminera pas) sont abordées, mais aussi, bien sûr, l'affaire Dreyfus qui a entraîné un procès à la suite duquel Zola a dû s'exiler en Angleterre pour éviter l'emprisonnement. C'est encore avec pudeur qu'elle raconte la mort du père (p.290). A-t-elle su qu'un fumiste aurait fait confidence, bien des années plus tard, d'avoir bouché la cheminée des Zola un soir pour la déboucher le lendemain afin de ne pas laisser de trace d'un attentat fanatique? 

 

Le livre étant trop ancien par rapport aux contraintes de la loi RGPD pour que les moteurs de recherche affichent de "vieux" billets de blog, je n'ai pu dénicher de liens. Comme toujours, je ne m'interdis pas d'en rajouter ultérieurement si je tombe dessus au hasard de mes surfs!

 

... Il est suffisamment ancien en tout cas pour participer au challenge "2025 sera classique aussi!" organisé par Nathalie.

 

* Merci Aifell(e) ! ;-)

14 octobre 2025

La séparation - Claude Simon mise en scène Alain Françon

Une fois n'est pas coutume, voici un billet sur une pièce de théâtre qui se donne à Paris au théâtre des Bouffes Parisiens jusqu'au 4 janvier 2026. Il s'agit de la seule pièce de théâtre de Claude Simon (1913-2005) qui fut prix Nobel de littérature en 1985. La pièce La séparation dure environ 2 heures et se passe dans les années 50 en province près de Toulouse. Sur la scène, deux grands cabinets de toilette se font face à face. Ils sont séparés par une cloison. D'un côté, on a un couple encore jeune, Georges et Louise (Léa Drucker), de l'autre il y a Sabine (Catherine Hiegel) et Pierre (Alain Libolt), le vieux couple, les parents de Georges. On apprendra que Louise est sur le point de quitter son mari pour rejoindre son amant. Pendant ce temps, hors-champ, la tante de Georges agonise. Quant à Sabine, elle est mariée depuis des années à Pierre, un professeur à la retraite qui l'a trompée depuis le premier jour. Sabine est une femme en colère et aigrie mais qui n'a jamais quitté Pierre. Dès que Catherine Hiégel apparait sur scène (au bout de presque une demi-heure), on assiste à un numéro d'actrice ébouriffant. Elle est géniale (comme souvent) et j'adore sa manière de dire son texte qu'elle rend souvent assez amusant. A côté d'elle, Lea Drucker est nettement plus effacée mais elle s'en sort bien. Concernant le texte de Claude Simon, je l'ai trouvé daté et cet écrivain n'avait pas une conception idyllique des relations de couple. Une pièce à voir pour Catherine Hiégel si vous passez par Paris.

11 octobre 2025

Nouvelle vague - Richard Linklater

Je viens de voir un film qui m'a enthousiasmée. Il y a longtemps que je n'avais pas aimé autant un film. Nouvelle vague de l'Américain Richard Linklater est une évocation du tournage du premier long-métrage de Jean-Luc Godard, A bout de souffle sorti sur les écrans français en 1960. C'est filmé dans un magnifique noir et blanc et les personnages qui ont existé sont incarnés par des acteurs que je ne connaissais pas. Pour la plupart, ces acteurs jouent au théâtre ou à la télévision. Que vous aimiez ou non le cinéma, que vous aimiez ou non le cinéma de Jean-Luc Godard, courez-y. C'est un superbe hommage au cinéma et à la Nouvelle vague et à une époque disparue. L'actrice américaine Zoey Deutch qui incarne Jean Seberg, Aubry Dullin qui incarne Jean-Paul Belmondo sans oublier Guillaume Marbeck qui EST Jean-Luc Godard sont bluffants. Mais tous les autres aussi. Le film est souvent très très drôle. Le montage est nerveux. J'ai aimé les aphorismes et les citations que l'on entend pendant tout le film. J'ai trouvé le film plein de fantaisie. C'est un régal de bout en bout. J'avais envie d'applaudir à la fin mais j'étais toute seule pour le faire. J'ai adoré ce film auquel je mettrais bien 21/20. Voilà, j'espère que je vous ai convaincus. Nouvelle vague donne envie de (re)voir le film original A bout de souffle. Lire le billet de Selenie. Bien entendu, je n'admettrai aucune critique tant soit peu négative sur ce film de la part de mes lecteurs.

10 octobre 2025

Janvier noir - Alan Parks

Après Mourir en juin qui m'avait plu, j'ai décidé de lire la série dans l'ordre avec l'inspecteur principal McCoy et son adjoint Wattie. Comme son titre l'indique, l'intrigue de Janvier noir (Edition Rivages, 366 pages) se passe au mois de janvier (1973) dès le 1er jour de l'année et elle se termine le 20 du même mois. Devant la gare routière de Glasgow, Tommy, un jeune homme d'à peine 20 ans tire sur une jeune femme, Lorna. McCoy n'était pas loin mais il n'a pas pu sauver Lorna. Il avait été prévenu par un détenu d'une prison voisine que Lorna serait assassinée mais sans qu'il dise pourquoi. Tout de suite après son acte, Tommy retourne l'arme contre lui et meurt. Et le détenu délateur est assassiné dans sa cellule. McCoy et Wattie vont mener une enquête difficile dans les bas quartiers de la ville écossaise. Murray, le supérieur de McCoy et Wattie les met en garde car certains notables sont impliqués. Mais McCoy est un homme obstiné qui arrivera à ses fins avec l'aide occulte de Steve Cooper, un truand notoire dealer de drogue. J'apprécie les petits chapitres et le personnage de McCoy qui a eu une enfance pas facile avec une mère disparue et un père alcoolique. Il n'y a aucun temps mort et l'intrigue est bien menée. J'ai L'enfant de février à lire. 

C'est ma première participation à Sous les pavés, les pages (chez Ingannmic et Athalie).

 

9 octobre 2025

Left-Handed Girl - Shih-Ching Tsou

Avec un peu de retard et avant qu'il ne soit trop tard, je tient à chroniquer un film venu de Taïwan, Left-Handed Girl (la fille gauchère en VF) qui m'a beaucoup plu avec une histoire filmée à hauteur de I-Jing, une petite fille haute comme trois pommes qui n'a peur de rien. Elle arrive avec sa soeur et sa mère pour s'installer à Taipei. La maman a du mal à joindre les deux bouts, elle doit régler deux loyers: celui de l'appartement étroit où elle va habiter avec ses filles. Et elle doit payer le propriétaire du stand d'un marché de nuit où elle fait la cuisine. Jusqu'à présent, sa mère la dépannait mais cette dernière ne veut plus le faire. Et I-Jing se fait rabrouer par son grand-père qui ne supporte pas qu'elle se serve de sa main gauche (la main du diable). Cette main gauche sert à chaparder aux étalages différents objets qu'elle rassemble dans son sac à dos. Elle est très douée. Sa main gauche sert aussi à envoyer une petite balle à un suricate surnommé Goo Goo que la famille a recueilli. Le rythme du film est trépidant avec un montage nerveux effectué par Sean Baker (le réalisateur palmé d'or à Cannes en 2024). Personnellement, j'ai passé un très bon moment et j'ai trouvé la petite fille épatante (Nina Ye). Rien que pour elle, il faut voir le film. Lire les billets de Chris, Pascale et Selenie.

7 octobre 2025

L'entretien d'embauche au KGB - Iegor Gran

À l'heure où c'est la paix qui se refroidit de plus en plus avec la Russie contemporaine, alors qu'on ne sait pas si notre prochain gouvernement (et son futur Ministre des armées) continueront à vouloir "réarmer le moral de la nation", je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) présente un livre, signé par un ex-collaborateur de Charlie Hebdo, dont j'avais vu signaler la parution en janvier 2024.

Iegor Gran, L'entretien d'embauche au KGB, éditions Bayard, coll. Bayard récits, 2024, 222 pages
(titre original en russe: Le recrutement des agents, 1969 [mention "Absolument secret"])

 

Fils d'un écrivain dissident expulsé d'URSS en 1974, Iegor Gran est arrivé en France à 10 ans. Il rappelle ici ou là dans ses commentaires du manuel que son père a été arrêté par le KGB et condamné à 7 ans de prison pour publication (à l'Ouest, sous un pseudonyme) d'ouvrages "à caractère anti-soviétique". Si vous aimez lire ou relire les romans de John Le Carré ou même ceux de Pierre Nord, si vous avez été captivé par les cinq saisons de la série TV Le bureau des légendes et attendez avec impatience son "spin-off", alors le livre ici chroniqué pourra peut-être vous intéresser... 

 

Le texte principal de ce volume nous est donné comme la traduction par Iegor Gran d'une brochure de 116 pages dactylographiée en russe, présentée comme datant de 1969 et n'ayant été tirée qu'à 100 exemplaires numérotés, pour usage dans la quinzaine de centres de formation des futurs "officiers de renseignement" du KGB. Le "Scan" sur lequel notre auteur s'est basé pour la traduction avait été soigneusement "anonymisé" avec des post-ils recouvrant le numéro, le cachet de bibliothèque... Iegor Gran écrit qu'à son avis l'ouvrage a été transmis en occident via les pays baltes ou l'Ukraine. 200 à 300 diplômés sortaient chaque année, paraît-il, du centre de formation supérieur (qui, après la formation "de base", instruisait les officiers supérieurs). Cela donne une idée du volume des "promotions" annuelles d'officiers de renseignement formés dans la quinzaine d'écoles du KGB.

 

Si vous cherchez un roman, ... vous ne l'aurez pas! Cet ouvrage se compose de quatre parties précédées d'une introduction, pour un total de 16 chapitres comportant 19 sous-chapitres suivis d'une conclusion en deux petites pages. Le contenu forme vraiment un manuel où il n'y a pas d'histoire, si ce n'est quelques anecdotes explicatives, indécryptables faute de noms, de lieux et/ou de dates précises. Les "bonnes pratiques" des futurs "officiers traitants" pour recruter des "agents de renseignement" dans les "pays capitalistes" y sont répétées et martelées. S'il semble nécessaire de faire preuve d'intelligence et de discernement, il paraît hors de question de ne pas obéir au lourd protocole de vérification (rendre compte à l'échelon supérieur, se renseigner systématiquement sur tout nouveau contact auprès des fichiers de l'appareil central du renseignement, attendre les autorisations nécessaires pour lancer une opération...). Ce texte d'origine est parsemé, ici ou là, de grosses demi-pages de "compléments d'informations", commentaires, éclairages, gloses par Iegor Gran (avec une trentaine de notes et références bibliographiques). 

 

Le manuel est bien évidemment manichéen: "le socialisme", les pays socialistes (selon l'acception marxiste-léniniste) sont partisans de la paix et en butte à la subversion des pays capitalistes contre laquelle ils doivent se défendre, et la collecte d'informations, grâce au recrutement d'agents, est essentielle pour cela. Le futur officier traitant doit savoir anticiper les meilleures conditions pour ce faire, s'adapter à chaque situation particulière, pour éviter de gaspiller énergie, temps et argent dans un contact qui ne déboucherait finalement sur rien et mettrait en danger le fonctionnement du renseignement déjà existant. Le plan de recrutement qui doit être rédigé, validé puis exécuté minutieusement constitue du sur-mesure adapté à chaque "prospect" (selon ma propre terminologie - on pourrait aussi parler de "cible", mais le manuel, dans la traduction d'IG, emploie le mot de "piste"). Sans oublier l'importance de la première mission qu'il sera demandé à l'agent nouvellement recruté de remplir (qu'il faut aussi avoir prévue avant l'entretien décisif).

 

Pour illustrer le risque qu'un contact soit détecté par le contre-espionnage adverse (avec risque d'infiltration), un proverbe français (?) est cité p.131: "un chêne peut pousser à partir d'un gland, à moins qu'un cochon l'ait avalé avant". Cela m'a surtout fait songer à la chanson de Brassens Le grand chêne (disque sorti en 1966). Le pauvre roi de la forêt, dupé par des malfaisants, les suit, mais subit nombre de malheurs, parmi lesquels "on a pris tous ses glands pour nourrir les cochons"... et meurt sans descendance. 

 

Il est intéressant de comparer les trois types de "motivations" sur lesquelles s'appuyer pour recruter un "agent de renseignement" (idéologique et politique; matérielle; morale et psychologique), avec ou sans "relation de confiance", selon ce manuel, avec ce que l'on peut savoir du "MICE" anglo-saxon (qui doit pouvoir se traduire, sauf erreur de ma part, par "monnaie; idéologie; compromission; ego"). D'un point de vue historique, Iegor Gran nous dit que ce manuel semble s'inscrire dans une longue tradition des "services spéciaux" de Russie, en remontant jusqu'à l'Okhrana tsariste, (pour)suivie par la Tchéka de 1921, Guépéou, NKVD, avant le KGB (1954-1991) et enfin le FSB de nos jours. On peut aussi se dire que les actuels MI5 ou MI6 anglais doivent trouver certaines de leurs racines dans les services impliqués pour "le Grand jeu" aux Indes. Ou que notre DGSE descend directement du SDECE mis en place dans l'après-guerre à partir des services de renseignement de la France libre (créés avec le soutien anglais) et de ceux qui l'ont ralliée successivement, SDECE qui comprenait peut-être aussi quelques vétérans des services de renseignement de l'Armée d'avant-guerre, dont une manoeuvre d'intoxication contre l'Allemagne pour protéger les secrets de notre canon de 75 à tir rapide a éventuellement été à l'origine de l'Affaire Dreyfus quelques décennies auparavant. 

 

Je vais me permettre de citer les deux phrases finales de Iegor Gran, après qu'il a rappelé qu'un nombre considérable des cadres qui dirigent aujourd'hui la Russie sont passés par cette école de pensée: "Ce manuel est d'autant plus précieux pour saisir et comprendre un mode de pensée engoncé dans l'immoralité - ce qui fait souvent sa force - mais tatillon dans l'exécution des ordres reçus et obséquieux devant l'autorité - une faiblesse que l'on peut utiliser contre lui pour le combattre.

Je le referme maintenant et le glisse dans un tiroir, un peu comme ces gens qui conservent chez eux un morceau du mur de Berlin, et je frissonne à l'idée que son pouvoir maléfique est loin de s'être dissipé."

 

Eva (du blog Tu vas t'abimer les yeux), en a parlé le mois dernier (ce qui me l'a remis en mémoire), Remy récemment aussi. Menon en réservait lapidairement la lecture aux fans de jeux de rôle d'espionnage. Valmyvoyou [lit] en avait aussi parlé peu après la sortie du livre. 

 

Je pense que, pour de prochains billets, je tâcherai de lire en priorité, parmi l'abondante bibliographie de Iegor Gran, dans le désordre: L'écologie en bas de chez soi (2011), Z comme zombie (2022), Rêve plus vite, camarade! L'industrie du slogan en URSS de 1918 à 1935 (2017), Les services compétents (2020). 

 

Les graffitis subversifs et autres vols de drones dont la presse nous rebat régulièrement les oreilles ces mois-ci pourraient-ils camoufler un recrutement qui serait toujours actif en France? Il semble qu'un journaliste du Canard Enchaîné, Jean Clémentin (1924-2023) a été agent de l'Est entre 1957 et 1969 (il a travaillé au Canard jusqu'en 1989). On dit que Charles Hernu (1923-1990), dans sa jeunesse désargentée (années 1950?), a su vendre fort cher aux soviétiques, alors qu'il faisait dans le journalisme, de simples synthèses d'informations disponibles en lisant la presse française. Du coup, après la lecture de ce livre, je me suis demandé si les rédacteurs et dessinateurs de Charlie Hebdo, à ses différentes époques (depuis près de 55 ans désormais), avaient jamais été ainsi "approchés"? Si ça a été le cas, j'espère bien que ça a été sans succès. 

 

*** Je suis Charlie ***

4 octobre 2025

Marche ou crève - Francis Lawrence

Voici un film qui semble parti pour rencontrer du succès et pourtant il est interdit aux moins de 16 ans (ce que je n'avais pas tout d'abord noté). Marche ou crève (A long walk en VO) de Francis Lawrence (qui a réalisé les Hunger Games 2 et 3 ainsi que le "prequel") se passe dans un futur plus ou moins proche aux Etats-Unis qui semblent être devenue une dictature. L'histoire est une adaptation d'un des premiers romans de Stephen King, qui l'a publié sous le pseudonyme de Richard Bachman en 1979. Les Etats-Unis sont en guerre depuis 19 ans. Tous les ans, des candidats de sexe masculin sont sélectionnés pour participer à une longue marche qui débute un 1er mai à 8h00. Elle doit être filmée et diffusée pour des millions de téléspectateurs. Le dernier qui restera en vie gagnera beaucoup d'argent et il pourra faire un voeu. Dans le roman, ils sont 100, dans le film, ils ne sont que 32. Ils doivent marcher à la vitesse d'environ 5km/heure. Ils ne faut pas qu'ils s'arrêtent sous peine d'être exécutés après trois avertissements. La marche durera cinq jours et les derniers auront parcouru presque 600 km. Parmi les marcheurs, certains sortent du lot : Ray Garraty (Cooper Hoffman) qui a vu son père exécuté devant lui, Peter McVries (David Jonsson), un Afro-Américain très humain que j'ai trouvé sympathique tout comme Ray. Il y aussi Billy Stebbins, Gary Barkovitch et Collie Parker. L'histoire m'a fait penser à On achève bien les chevaux (en plus sanglant) ou même à Hunger Games. Et malheureusement aussi aux différentes marches de la mort : les déportés quittant Auschwitz pour aller vers l'ouest ou les prisonniers de guerre Américains et Philippins lors de la marche de la mort de Bataan. J'ai trouvé le film prenant, un peu sanglant (mais j'ai vu pire). Un film de genre réussi. Et je ne vous dirai évidemment pas qui est le vainqueur de cette marche. Lire le billet de Selenie.

3 octobre 2025

Le galion d'or - Frank Crisp

Très heureux de découvrir que j'avais atteint le niveau "Directeur de croisière" dans le challenge Book trip en mer (saison 2) de Fanja, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) poursuis dans la même veine! Mon billet du jour, qui porte sur un livre "copyright 1954", est éligible également au challenge "2025 sera classique aussi" organisé par Nathalie, et inaugure mes participations au tout nouveau challenge "Littérature jeunesse" proposé par Pativore (même si je ne respecterai pas forcément les thèmes mensuels proposés).

Frank Crisp, Le galion d'or, Hachette, coll. Idéal-bibliothèque (texte français d'Alain Valière, illustrations de Jean Reschofsky), 1954, 190 pages

 

Une fois de plus, j'ai choisi dans un bac d'occasion ce livre publié il y a plus de 70 ans, en bon état avec sa jaquette papier, ce qui a justifié mon investissement de 2,50 euros! Il était à l'époque classifié "G. au-dessus de 10 ans * ". Sa lecture m'a fait songer au livre jeunesse datant de 2014, La mer aux esprits, que j'avais chroniqué en août. Car dans Le galion d'or aussi, il est question de pirates et de "sorcellerie": des thèmes récurrents depuis un ou deux siècles maintenant?

 

Le galion d'or m'a aussi fait songer à un autre "classique anglais que je lisais quand j'étais gamin en vieille édition jeunesse, Lorna Doune chez les Outlaw. Mais il faut sans doute que je narre un peu l'histoire du roman Le galion d'or. En 1688, le jeune Jack est âgé de cinq ans environ, et réside avec sa petite soeur et "grand-mère Besom", à Houndsby, village (fictif?) du comté de Somerset, dans la partie sud-ouest de l'Angleterre. Arrivés avec une caravane de bohémiens qui sont vite repartis, les trois se sont installés dans une masure abandonnée. La grand-mère gitane a acheté (avec une pièce d'or!) une vache quand Jack a été assez grand pour devenir bouvier (à 8 ans). Lorsqu'il a 12 ans, se pensant proche de la mort, celle qui passe auprès de tout le village pour une "sorcière" fait partager trois visions à Jack, en lui disant qu'il s'agit de son avenir (magie! Elle peut faire apparaître dans le feu son propre don de "double vue"). Quelque temps après, elle périt lynchée... Les deux jeunes orphelins sont recueillis, l'une comme servante au château, l'autre dans une ferme locale. Ayant affronté le jeune châtelain (Richard), il doit s'enfuir vers Londres (non sans avoir déterré un médaillon et quelques pièces d'or en suivant les indications données par grand-mère avant sa mort). À Londres, son chemin va croiser celui du capitaine pirate Leach, condamné à être pendu mais qui est sauvé au pied du gibet par ses hommes (nous sommes à la fin du chapitre VIII, p.75). 

 

La malchance envoie ensuite Jack lui-même en prison, où il est confronté à l'un des hommes montrés par sa vision. Menacé de mort, il s'évade (facile!) avec l'équivalent de "l'Abbé Faria" local. Celui-ci conseille de trouver refuge au seul endroit où on ne les recherchera pas: en mer, en se laissant prendre via "la presse" (l'enrôlement forcé de matelots pratiqué en Angleterre pour subvenir aux besoins de la Royal Navy). Et les voici à bord du Lion (navire de seconde classe). Il y verra embarquer, "pressé" à son tour, le jeune Richard, qui deviendra au fil des pages son meilleur camarade (et même davantage à la toute fin du livre). 

 

Et les pirates, alors? À la tête d'une flottille, le Lion reçoit pour mission de pourchasser les boucaniers et autres pirates. Passé dans le Pacifique par le Cap Horn, il atteint l'ile Juan Fernandez (oui, celle qui a inspiré Robinson Crusoé!). Alors que quelques marins avec Jack et Richard sont partis à la pêche en yole, celle-ci chavire. Les survivants des attaques de requins et d'orques mangeurs d'hommes sont recueillis par l'Albatros, le navire du capitaine Leach (fin du chap. XVI, p.136). Que d'aventures, et ce n'est pas fini! 

 

Même si Jack et Richard refusent initialement de combattre, le capitaine Leach (gitan) les épargne. "Nous travaillions à bord pour gagner notre nourriture, mais nous ne touchâmes jamais à une voile ou à une arme". Mais il s'avère que la Santa Maria, galion espagnol chargé d'or à Acapulco et qui finit par être attaqué par l'Albatros, est un morceau trop coriace pour l'équipage pirate monté à l'abordage. Alors tout compte fait, puisque les Espagnols vainqueurs pendraient tout le monde, pirates et Anglais sans distinction, quelques habiles coups de canons servis par Jack et Richard entraînent la reddition du navire espagnol! La tempête sépare alors les deux navires, cependant que seule une faible part du trésor du galion a été amenée à bord de l'Albatros. Mort de la plupart des pirates blessés, chute du vent, famine, confession de Leach (qui figurait dans l'une des visions qu'avait eu Jack)... Quand l'épave de la Santa Maria croise de nouveau le chemin de l'Albatros, Jack et Richard doivent la rejoindre en barque. Le trésor est toujours à bord. Le galion fait naufrage sur une île. Et là... je ne vous en dirai pas davantage!

 

Péripéties nombreuses et trépidantes, coïncidences, réminiscences de récits de Louis Garneray (notamment l'abordage du Kent), ou de L'île au trésor de Stevenson... Il me semble sentir que l'imagination de Frank Crips a été nourrie des classiques du XIXe s. Mais j'ai aussi l'impression qu'il a peut-être lui-même pu inspirer tel ou tel des scénarios de Jean-Michel Charlier pour la série BD Barbe-Rouge! Wikipedia, consulté le 2 octobre, ne m'a rien dit par contre, même en anglais, ni sur Frank Crisp, ni sur The Golden Quest (titre d'origine du roman). Je sais juste qu'une demi-douzaine d'autres romans de cet auteur anglais ont été traduits en français jusqu'en 1961.

Côté illustrations, je suis certain d'avoir déjà lus quelques livres jeunesse illustrés par Jean Reschofsky. L'édition contient deux illustrations couleurs "double page" et 12 en pleine page, cependant que chacun des 21 chapitres est précédé d'une illustration "tiers de page" en N&B. En voici quelques-unes exaltant l'imaginaire "pirates" (drapeau noir, abordage, trésor) pour les jeunes lecteurs!

p.132

p.160

p.172

 

* Et non "F.", bien sûr. Mon doigt a dû se tromper de touche... Bien vu, Keisha!

 

Edit du 04/10/2025: grâce à Pativore, je rajoute quelques précisions sur la collection Idéal-bibliothèque. D'abord la galerie des couvertures qu'elle a dénichée. Puis le lien vers la page Wikipedia (consultée ce jour) qui donne notamment la liste alphabétique des parutions. On remarque que la collection (active de 1950 à 1987) a commencé par rééditer des "classiques", parfois en en modifiant le titre pour se démarquer de collections concurrentes, avant de se tourner vers l'actualité (en lien notamment avec des adaptations cinématographiques venant d'être réalisées). 

 

Edit du 05/10/2025: avec l'accord de Pativore, ci-dessous un logo orienté "classiques" que j'ai créé pour son challenge "Littérature jeunesse", comme c'est plutôt le genre de livres que je pense chroniquer. Utilisable par tous participants le souhaitant, bien entendu!

 

2 octobre 2025

L'inventaire des rêves - Chimamanda Ngozi Adichie

Après avoir pas mal entendu parler de la romancière d'origine nigériane et de son nouveau roman L'inventaire des rêves (Edition Gallimard, 654 pages), j'ai pu emprunter ce dernier en bibliothèque. Le roman se divise en 5 parties qui portent chacune le prénom des femmes qui sont les personnages principaux: Chiamaka, Zikora, Kadiatou, Omelogor et à nouveau Chiamaka. Chimamanda Ngozi Adichie est issue du peuple Igbo au Nigéria comme ses quatre personnages féminins dans le livre. Elle partage sa vie entre les Etats-Unis et le Nigéria. Je dirais tout de suite que j'ai mis un peu de temps à lire les plus de 600 pages. Je n'ai pas été passionnée tout le temps. Le seul segment que j'ai vraiment apprécié est celui consacré à celle qui a des problèmes de fin de mois difficiles: Kadiatou. Les trois autres n'ont, si je puis dire, que des problèmes de coeur. Pour Kadiatou, Madame Adichie s'est inspirée de Nafissatour Diallo et de l'affaire DSK à New-York en 2011. Le récit est vraiment prenant et émouvant. Les histoires commencent juste avant la pandémie de la Covid. Chiamaka (le double de la romancière?) est la narratrice de son segment. A un moment donné, elle engage Kadiatou comme cuisinière. Chiamaka déçoit sa famille aisée car, à plus de 40 ans, elle n'est toujours pas mariée mais elle écrit. Elle vit la plupart du temps aux Etats-Unis. Sa grande amie, Zikora, une avocate, a tellement peur de ne pas enfanter que quand elle tombe enfin enceinte à plus de 40 ans, elle décide de garder le bébé alors que le père plus jeune est parti. Kadiatou, elle, a une vie mouvementée avec un mari en prison. Pour compléter ses revenus, elle devient femme de chambre dans un palace à Washington. Omelogor, la cousine de Chiamaka, est une femme d'affaires qui a renoncé à toute vie privée même si elle a quelques liaisons plus ou moins éphémères avec des universitaires car elle a émigré aux Etats-Unis. A la fin du livre, il y a un glossaire avec les expressions ou des mots en igbo traduits en français. Madame Adichie est devenue célèbre avec son roman paru il y a plus de 10 ans: Americanah (que je n'ai pas lu). Lire le billet de Pamolico

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