Purge - Sofi Oksanen
Purge de Sofi Oksanen (Editions Stock), traduit du finnois, vient d'obtenir le prix du roman Fn*c. J'avais repéré cet ouvrage chez Aifelle (souvent de bon conseil). Il fait partie des romans à lire de cette rentrée littéraire d'automne, preuve en est les critiques élogieuses le concernant. Quant à moi, je viens de passer presque deux semaines en compagnie de Aliide Tamm épouse Truu, une Estonienne sexagénaire qui vit seule, suite au décès de son mari Martin, dans la vieille ferme familiale en Estonie Occidentale. Sa fille Talvi vit au loin, en Finlande. L'histoire commence en 1992. La république d'Estonie vient d'être rétablie mais les restrictions alimentaires perdurent ainsi que la suspicion dans les rapports entre les gens. Un matin, dans la cour de son habitation, Aliide trouve un "ballot" en guenilles. Il s'agit d'une jeune femme, Zara, sa petite-nièce, dont elle ignorait l'existence. Zara ne fait que fuir, d'abord Vladivostock où elle est née, puis Berlin avec des proxénètes à ses trousses. De fil en aiguille et grâce à des allers-retours dans le temps, Sofi Oksanen nous retrace 70 ans d'histoire de l'Estonie, un territoire balte qui a été sous le joug des soviétiques, puis des nazis puis encore des soviétiques avant de redevenir une république indépendante en 1992. Il y eu beaucoup de déportation des populations baltes vers la Sibérie pendant ces périodes. Purge est aussi un roman sur un drame passionnel et de la jalousie: deux soeurs, Ingel et Aliide, ont aimé le même homme, Hans Pekk. Il en épousera une, Ingel, sans même remarquer les sentiments de la deuxième. Par la suite, Aliide mènera une vie de mensonges auprès de Martin, membre du parti communiste. Purge nous décrit enfin la violence faites aux femmes en temps de guerre ou de paix. L'histoire se termine tout de même avec une note d'espoir. J'ai apprécié la structure travaillée du récit mais c'est parfois dur de se repérer dans ce va-et-vient chronologique. Sans parler de la 5ème partie qui donne peut-être un éclairage nouveau sur cette histoire à partir de rapports de la police ou des services secrets. C'est un roman dense qui mériterait une deuxième lecture de certains passages. J'avoue que je n'ai pas tout compris de la situation politique de l'Estonie. En revanche, la chronologie succincte de l'histoire de l'Estonie à la fin du roman est bienvenue. Je conseille ce roman même si c'est n'est pas un coup de foudre.