Shame - Steve McQueen
[Festival d'automne animé par Chris]. Après Hunger (que j'avais beaucoup aimé), voici le nouveau film de Steve McQueen, plasticien de formation qui est en train de devenir un réalisateur avec lequel on doit compter. Shame (qui veut dire "Honte" en français) se passe à New-York. Brandon, la trentaine, bel homme, est un drogué... du sexe. Sa vie se résume à regarder et lire tout ce qui existe sur ce sujet, à fixer des femmes dans le métro, et à se donner du plaisir en solitaire, au travail, chez lui ou ailleurs. Il semble exercer la profession de consultant dans une société. Il n'a aucune vie sociale, il ne ressent rien, n'éprouve aucun sentiment. Seule son envie irrésisitible de sexe régit sa vie quotidienne. Même quand sa soeur fait irruption à l'improviste dans son appartement et sa vie, espérant renouer des liens familiaux qui étaient relâchées, leurs relations restent distantes. Quand il a des velléités de laisser tomber cette vie morne, on se prend à espérer que quelque chose va changer, mais non. Le film se termine avec Brandon au milieu d'un espace vide. Il y a une grande distanciation de la part du réalisateur pour le personnage de Brandon que, personnellement, je plains beaucoup. Il ne se dégage aucune émotion dans ce film, je pense que c'est voulu, je l'ai apprécié pour cela. Devant la caméra de McQueen, le sexe est triste, c'est un exercice physique comme un autre qui apporte plus de souffrance que de plaisir. Il faut voir le rictus de Brandon (Michael Fassbinder) lors d'une longue scène de sexe à trois. L'acteur, qui a reçu le prix d'interprétation au dernier festival de Venise, crève littéralement l'écran. Son anatomie ne peut pas laisser indifférent... Shame n'est pas une oeuvre tout public, il est interdit aux moins de 12 ans, c'est justifié. Shame m'a beaucoup mieux plu que le film dont je parlerai demain.