Beaucoup de bruit pour rien - Joss Whedon / Les fausses confidences (mise en scène de Luc Bondy)
Quoi de neuf comme actualité théâtrale?
D'un côté, Shakespeare est adapté et joué en robe longue et complet veston; et de l'autre, Marivaux est transposé dans les années 60 dans une mise en scène réussie de Luc Bondy au théâtre de l'Odéon.
Je commencerai donc par William Shakespeare (1564-1616) et sa pièce Beaucoup de bruit pour rien (Much ado about nothing en VO, pièce datant de l'an 1600). Le réalisateur Joss Whedon qui a aussi écrit l'adaptation de la pièce pour le cinéma a choisi de filmer dans un très beau noir et blanc et surtout de déplacer l'histoire dans le temps et l'espace. La pièce d'origine se passait à Messine en Sicile, le film se déroule de nos jours, dans une très belle villa avec piscine certainement aux Etats-Unis. Les personnages sont de haute lignée. Beatrice et Benedict se chamaillent et échangent des propos à fleuret moucheté pendant toute la pièce. A la fin, ils termineront dans les bras l'un de l'autre en même temps qu'un autre couple formé par Hero et Claudio. J'arrête là mon résumé, en ayant omis quelques péripéties dont l'intervention de Dogberry, un officier municipal stupide interprété par Richard Castle (pardon, l'acteur qui joue Richard Castle: Nathan Fillion). Je ne parlerai pas des autres comédiens que je ne connais pas du tout. J'avoue que je n'ai pas été totalement convaincue par le parti pris du réalisateur. J'ai trouvé certains dialogues assez incongrus dans ce contexte moderne. En un mot: surprenant mais je ne regrette rien. La bande-annonce est vraiment bien. En revanche, j'ai préféré la version plus classique réalisé par Kenneth Branagh en 1993 avec Emma Thompson. Mais lire le billet nettement plus positif de Chris.
Je passe maintenant à mon mini compte-rendu sur ma soirée théâtrale du mardi 4 février 2014. J'ai assisté à la pièce Les Fausses confidences de Marivaux (1688-1763), l'une de ses pièces les plus célèbres (elle a été écrite en 1737). La pièce fait salle comble tous les soirs. Il faut dire qu'Isabelle Huppert joue le rôle d'Araminte face à Louis Garrel dans le rôle de Dorante. Tous les autres acteurs sont excellents, en particulier Bulle Ogier dans le rôle de Madame Argante, et mention spéciale (pour ma part) à Jean-Damien Barbin qui interprète Arlequin. Avant que la représentation ne commence, on voit Isabelle Huppert s'exercer au Taï-chi au fond la scène. Puis Dorante et son valet Dubois entrent en scène et la pièce commence. Les sentiments gouvernés par l'argent sont un des thèmes centraux de cette pièce. Araminte est une jeune bourgeoise veuve et riche aimée par Dorante, un jeune homme désargenté qui est prêt à tout pour la conquérir (elle ne le connait même pas). Mme Argante, la mère d'Araminte voudrait que sa fille se remarie avec un Comte. Deux heures dix plus tard, Dorante a conquis Araminte mais leur avenir n'est pas tracé. La mise en scène de Luc Bondy est très aérée comme le décor mobile où le blanc domine. Isabelle Huppert, dans sa robe longue et ses talons hauts, n'écrase pas ses partenaires. Marivaux écrivait dans une très belle langue française où l'imparfait du subjonctif était toujours employé à bon escient. On entend très bien le texte. Le spectacle se donne au théâtre de l'Odéon (que j'aime beaucoup) jusqu'au 23 mars 2014, et après il part en tournée en France (à Lyon et Rennes) et en Europe. Essayez d'y aller si vous trouvez des places.