Le street art et CHARLIE - Collectif / Marie Christian
Ce mois-ci mon hommage aux tués de Charlie Hebdo est particulier, puisque la présente chronique (signée ta d loi du cine, squatter chez dasola) n'est pas consacrée à l'un de leurs livres ou albums, mais à un recueil d'hommages, Le street art et CHARLIE, sous-titré "La mémoire des murs" (éditions Omniscience, avril 2015, 128 pages, 230 illustrations, rassemblées par Marie Christian).
Extrait de l'Avant-propos des éditions Omniscience: "Dans les jours qui suivirent les événements dramatiques du mois de janvier 2015 une évidence s'imposait à nous: il fallait faire un livre. (...) pour conserver une trace des innombrables messages, peintures et dessins posés dans la rue par tant d'anonymes et d'artistes du street art." Extrait du texte de 4ème de couv': "Ce livre forme un précieux inventaire de ce qui a été exprimé dans l'urgence, dans l'émotion, sur les murs des villes. C'est aussi et surtout un livre de combat contre toute forme de fanatisme." Je suis bien entendu en accord avec une citation que je relève p.5: "Assassiner pour un dessin qui raille et qui déplaît, une religion qui n'est pas la sienne. Ne nous habituons pas à cela. Jamais." Les photos sont celles d'affiches, tags, pochoirs, et d'autres oeuvres éphémères, avec des motifs liés aux attentats.
On peut trouver des définitions du "street art" sur un site spécialisé ou sur wikipedia bien sûr. Le livre a bénéficié d'un financement participatif: 5614 euros apportés par 171 contributeurs pour une demande initiale de 3300 euros (couverte, donc, à 170%) via KissKissBankBank. Les droits d'auteurs de cet ouvrage sont versés à l'association Les Bâtisseuses de paix.
La sélection d'illustrations que j'en tire ci-dessous est bien plus étriquée que le vaste contenu du livre, car je ne cite ci-après (pour rappel, les droits des illustrations appartiennent aux éditions Omniscience ou aux artistes concernés) que ce qui m'a vraiment semblé représenter les dessinateurs assassinés à Charlie hebdo. Même si la Toussaint est passée depuis quelques jours, ils n'en sont plus à cela près je pense. Je n'ai pas repris toutes les oeuvres représentant Cabu (qui a souvent symbolisé l'ensemble des artistes et journalistes assassinés).
Ces portaits magnifiques sont dûs à Morèje.
Jef Aérosol a rendu hommage à toutes les victimes (connues ou anonymes) de ces jours massacrants.
Cabu et Wolinski sont représentés par Big Ben comme rigolant de voir Hollande tagué par un pigeon le 11 janvier 2015...
Pochoir de Nice Art ("on a assassiné mon Grand Duduche (...) [qui] pour moi est comme un cousin.").
Mon ressenti, à la lecture de ce que disent les artistes qui ont pu s'exprimer dans le livre, c'est que les trois jours d'attentats sont parfois entrés en résonance avec les causes qui, chacun et chacune, leur tiennent à coeur, au-delà de Charlie Hebdo. Par ailleurs, j'ai aussi trouvé quelques autres oeuvres (non répertoriés dans le livre sauf erreur de ma part) sur le blog Piwee.
Pour l'anecdote, ce livre, dasola me l'a offert lors de notre visite au Musée de l'Homme (qui porte notamment des thématiques humanistes et anti-racistes). Il figurait parmi les titres proposés par leur petite librairie, dont j'ai trouvé la sélection fort pertinente. Le Musée de l'Homme, inauguré en 1938 et rénové de 2009 à 2015, conserve aujourd'hui "l'objectif de présenter une synthèse de l’histoire de l’espèce humaine par un discours allant du biologique au culturel et de l’universel au particulier. (...) Il aborde aussi bien l’étude des périodes les plus anciennes que la période contemporaine qui questionne le devenir de l’Homme", selon son site internet.
Pour en revenir au livre, en conclusion, j'ai été frappé par le témoignage d'un artiste, qui dit (p.116) travailler "depuis deux ans sur un projet contre le racisme et l'incompréhension entre communautés. (...) En ce moment je travaille avec des jeunes en difficulté. (...) J'ai essayé de leur faire comprendre qu'on ne tue pas les gens avec qui ont n'est pas d'accord. Ils ont peu à peu modifié leur raisonnement, et ils ont été touchés à leur tour". Misère de misère! Tout ça pour ça! Et qu'en sera-t-il des milliers et milliers d'autres "jeunes", qui, eux, ne bénéficient pas d'un tel programme de sensibilisation, certainement financés par des fonds publics (qui se font rares à l'heure actuelle)? Ne risquent-ils pas de ne jamais "modifier leur raisonnement"?
*** Je suis Charlie ***