Canalblog Tous les blogs Top blogs Films, TV & Vidéos Tous les blogs Films, TV & Vidéos
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
Le blog de Dasola
Derniers commentaires
Archives
Challenges terminés

Pour les challenges de l'année en cours, 
voir colonne de droite

11 mai 2021

Le cabaret de la dernière chance - Jack London

Challenge jack london 2copie

C'est grave, docteur? Je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) n'arrive plus à me détacher du Challenge Jack London proposé de mars 2020 à ... "plus soif, je veux dire plus lire!" par ClaudiaLucia. Pour soigner le mal par le mal, j'ai donc décidé de traiter d'un titre un peu à part dans l'oeuvre de London, dans la mesure où c'est l'histoire de sa vie (envisagée sous un certain angle) que l'écrivain revisite. Jack London y confesse s'adonner à la boisson, mais nie être en proie à une addiction physiologique, et prétend boire uniquement par choix. Il met dans la bouche de son épouse: "tu n'es ni alcoolique ni dipsomane; tu as simplement pris l'habitude de boire" (fin du 1er chapitre, p.29).

  P1120367 

Le Cabaret de la dernière chance est le titre trouvé par Louis Postif lorsqu'il a traduit en 1928 John Barleycorn, rédigé fin 1912 et publié en 1913 (trois ans avant la mort de Jack London). "A La dernière chance", chez Johnny Heinhold, c'est un bar, naturellement (p.80). Cet ouvrage est qualifié de "roman autobiographique" sur Wikipedia [consulté le 08/05/2021] - qui m'apprend aussi que Philippe Jaworski l'a retraduit en 2016 pour une édition dans La Pléiade (Gallimard). On pouvait traduire le titre original par "Jean Grain d'Orge" - cet orge qui permet de fabriquer aussi bien la bière que le whisky. Dans son enfance, Jack London a été emmené au bistrot par le mari de sa mère (même si le bambin n'y dégustait qu'un biscuit apéritif, ou exceptionnellement un soda au sirop [menthe ou grenadine?]), raconte-t-il. A cinq ans, il vide "pour ne pas gâcher" le trop-plein d'un lourd seau de bière qu'il devait porter pour l'amener aux champs. A sept, il a peur de refuser d'avaler les verres de vin qu'un imbécile pose devant lui. Mais c'est à partir de 14 ou 15 ans qu'il a pris conscience que la boisson était un rite social de convivialité, indispensable pour s'intégrer aux groupes humains à la reconnaissance desquels il aspirait. Impossible de refuser un verre offert. Pourtant, notre jeune homme nous affirme ne pas aimer, à cette époque, ni le goût de l'alcool, ni la sensation d'ivresse. "Boire était un des modes de l'existence que je menais, une habitude des hommes avec qui j'étais mêlé". Et le jeune London préférait pour sa part lire en suçant des sucreries! "Des dollars et des dollars gaspillés au comptoir ne pouvaient me procurer la même joie que ces vingt-cinq cents dépensés chez un confiseur". Pour son malheur, il "tenait" bien l'alcool: encore un moyen d'épater les autres! Alors, une fois qu'il a enfin compris que tout verre offert doit être rendu (toute tournée payée par un autre en appelant une suivante), la pompe s'est amorcée... même si London, tout au long du livre, prétend se distinguer des "ivrognes".

Tout est dit dans une longue citation (p.108) - qu'il s'évertue à ne pas prendre à son compte. "Ainsi procèdent les fidèles de John Barleycorn. Quand la fortune leur sourit, ils boivent. Si elle les boude, ils boivent dans l'espoir d'un de ses retours. Est-elle adverse? Ils boivent pour l'oublier. Ils boivent dès qu'ils rencontrent un ami, de même s'ils se querellent avec lui ou perdent son affection. Sont-ils heureux en amour, ils désirent boire pour augmenter leur bonheur. Trahis par leur belle, ils boiront encore pour noyer leur chagrin. Désoeuvrés, ils prennent un verre, persuadés qu'en augmentant suffisamment la dose, les idées se mettront à grouiller dans leur cervelle, et ils ne sauront plus ou donner de la tête. Dégrisés, ils veulent boire; ivres, ils n'en ont jamais assez". 

Marin, chercheur d'or, reporter, auteur à succès, maître à bord sur son yach en croisière: d'après ce témoignage, chaque étape de la vie de Jack London s'est déroulée au contact de l'alcool, d'une manière ou d'une autre. Y compris, sur la fin (p.262), quand boire a fini par devenir un besoin, parce que l'écrivain professionnel n'arrivait plus à rédiger ses mille mots quotidiens s'il n'avait pas sa dose d'alcool. Cette lecture est un peu désespérante de par les choix néfastes qui sont faits (et assumés). La fin du livre dépeint parfaitement la "tolérance", c'est-à-dire le besoin d'augmenter la dose pour obtenir l'effet souhaité... jusqu'à ce que le livre se termine comme il a commencé: par l'annonce d'un vote de London en faveur du suffrage féminin, dans l'espoir que les femmes s'engagent pour la prohibition de l'alcool. Vision pessimiste, p.307: "moi je crie que nos jeunes gens ne doivent plus avoir à se battre contre le poison. Pour qu'il n'y ait plus de guerre, il faut empêcher les batailles. Pour supprimer l'ivrognerie, il faut empêcher de boire. La Chine a mis fin à l'usage général de l'opium en interdisant la culture et l'importation de l'opium. Les philosophes, les prêtres et les docteurs de la Chine auraient pu prêcher jusqu'à extinction de voix, prêcher pendant mille ans, et l'usage de la Drogue aurait continué sans ralentir tant qu'il aurait été possible de s'en procurer. Les hommes sont ainsi faits, voilà tout."

Ma propre édition a été imprimée en août 1981, je l'ai achetée en 1995 (il existe aussi une édition orange que je ne possède pas). Ele est précédée, comme mes autres "10-18", d'une préface de Francis Lacassin. Celui-ci insiste sur la fin de vie de London, qui selon lui s'est conclue par un suicide, thèse que l'historiographie semble depuis avoir remis en doute (?). Bien évidemment, on ne peut s'empêcher de relever les récits où notre héros frôle la noyade, ainsi que la phrase (à propos de la possibilité de passer en 3 ans de l'état d'ouvrier à celui d'écrivain reconnu): "Martin Eden, c'est moi" (p.229).

Voir les billets de Shangols  et de Ruedeprovence. Pour l'anecdote, j'ai découvert lors de mes recherches l'existence d'une chanson d'Yves Montand portant le même titre que le livre (?), mais sans la trouver chantée par lui en ligne. 

Jack London est mort sans avoir connu le XVIIIe amendement de la Constitution des Etats-Unis (instaurant la Prohibition). Les Alcooliques Anonymes, popularisés par Joseph Kessel dont la troisième épouse avait une addiction à l'alcool (il a écrit Avec les alcooliques anonymes en 1960), sont apparus en 1935. Faire une liste des oeuvres littéraires ayant évoqué l'alcoolisme serait fastidieux (je me rappelle Polyphème enivré par Ulysse aux mille ruses dans l'Odyssée). L'alcoolisme est reconnu comme une maladie par l'OMS depuis 1978. 

Commentaires
G
Je ne connaissais pas ce titre
Répondre
I
Bonjour cher squatteur (et Dasola),<br /> <br /> <br /> <br /> Intéressant ce texte... je n'arrive pas à déterminer, à la lecture du billet, si tu as aimé ?<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne après-midi à tous les 2
Répondre
M
Il fait partie des london que j'ai envie de lire :-). C'est bien que le challenge continue
Répondre
C
S'il avait su ce qu'amènerait la prohibition, il aurait été déçu Jack London ! Merci de continuer ainsi le challenge et d'accroître nos connaissances sur l'auteur. Je connaissais ce titre mais je ne l'ai jamais lu.
Répondre
M
Un livre à relire en effet il est moins connu que d'autres mais c'est un incontournable...on oublie souvent à quel point l'alcool a fait des ravages parmi nos artistes ou nos écrivains préférés. Leur condition de vie y était pour beaucoup à leur époque.
Répondre
M
Souvent les personnes alcooliques sont dans le déni de leur addiction, je trouve bien que l'auteur ai su en parler, je te remercie pour la découverte de ce roman autobiographique de Jack London
Répondre
Le blog de Dasola
  • CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR. Critiques et opinions sur films, livres et spectacles. [Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (252 commentaires, du 17/01/07 au 30/10/25)].
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
80 abonnés
Liens (en cours de mise à jour)

1** INDEX AUTEURS (LITTÉRATURE), FILMS & REALISATEURS (CINÉMA) **

*** CHALLENGES DE L'ANNEE EN COURS ***


** LE SITE DU STATISTICIEN **


*** LIENS ***
(BLOGUEURS COMMENTANT SOUVENT LE MIEN)

  • = Onze blogueuses et blogueurs ayant fait au moins 500 commentaires chez dasola se présentent =
  • On crée un lien lorsqu'un blogueur a commenté au moins cinq billets en venant à (au moins) deux dates différentes sur ce blog. 
  • Une adresse de mail (xxx@yyy.fr ou com...) [non publiée!] est exigée par Canalblog pour enregistrer votre commentaire. 
  • Vous ne voyez pas tout de suite apparaître votre commentaire, car il doit d'abord être validé (cela peut prendre quelques heures)
 
CINÉMA (22 blogs en activité)

DIVERS - CULTURE (51 blogs en activité)

LIVRES (62 blogs en activité)

QUELQUE TRISTESSE

QUELQUES BLOGS DÉSORMAIS EN PAUSE (À MON GRAND REGRET)

QUELQUES INFIDÈLES (NE ME RENDENT PLUS MES COMMENTAIRES...)

QUELQUES INTROUVABLES (BLOGS SUPPRIMÉS OU DISPARUS?)

SANS BLOG (COMMENTATEURS SUR LE MIEN)

STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)

  • * Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
  • 3014 billets (au 10/11/25) dont tous ont eu au moins un commentaire
  • 36 378 commentaires (au 11/11/25 [+ 2 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 262 dasola] par au moins 1294 personnes, dont 113 (re)venues en 2025
  • 422 blogueurs [dont 135 actifs en 2025] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1306 (au 10/11/2025) commentaires (voir ci-dessus)
  • Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 80 au 01/10/2025 (via "Newsletter" ci-dessus)
  • Billet commenté par le plus de personnes: 77 commentaires par autant de commentateurs/trices (billet du 09/01/2014)
  • Billet comptant le plus de commentaires: 123, par 46 commentateurs/trices différent(e)s (billet du 10/06/2023)
  • Record de commentaires en 1 an de date à date par 1 même blogueur-euse: 160 par Manou (du 01/08/23 au 31/07/24)
  • Record de commentaires en un mois: 355 en janvier 2014
  • Record de commentaires en une année civile (même blogueur-euse): 162 par Manou en 2024
  • Record de commentaires en une journée: 44 le 09/04/2009
  • Records de nouveaux commentateurs en un mois: 24 (dont 22 blogueurs) en mai 2008 et mars 2009
Pages