Un vaisseau fabuleux (et autres voyages galactiques) - Philip K. Dick
Philip K. Dick (1928-1982) est l'auteur de plusieurs romans adaptés au cinéma dans des films célèbres (Blade Runner, Minority Report, ou encore... Total Recall), et de nombreuses nouvelles de science-fiction. Il était donc normal que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) puisse chroniquer quelques-unes de ses oeuvres dans le cadre de mon Challenge de la planète Mars. Aujourd'hui, pour mon 10e billet (déjà!), j'aborde cet auteur avec un recueil de nouvelles dickiennes, que j'inscris également pour le 9e Challenge de l'Imaginaire et le XIIe Challenge Star Wars.
Traductions de l'américain revues et harmonisées par Hélène Collon, 375 pages, 2010 (1er DL 2005, copyright Gallimard), copyright éditions Denoël pour la traduction française
Un vaisseau fabuleux (et autres voyages galactiques) rassemble 12 nouvelles, écrites entre 1952 et 1954. L'édition française précise "Cet ouvrage est publié avec l'accord de l'auteur et de son agent [nom de l'agent...]". J'ai acheté mon exemplaire il y a quelques semaines, sur la foi du texte de 4ème de couverture. Les Martiens dont il est souvent question (souvent des colons terriens) y sont à chaque fois différents... Je commence par dire quelques mots de présentation pour les 9 nouvelles évoquant Mars (1).
L'heure du wub qui ouvre le recueil a été la première nouvelle publiée par Philip K. Dick, et bénéficie de 5 pages d'introduction. Elle a conservé un "peps" indéniable, en étnt excessivement savoureuse. Quelques allusions semblent indiquer qu'elle débute sur Mars, avec le chargement d'un vaisseau à destination de la terre, qui embarque des animaux et des oiseaux fournis (sur réquisition?) par les "optus" martiens (1).
Dans Les joueurs de flûte, un médecin tâche de se renseigner à propos des autochtones qui se seraient trouvés sur un astéroïde, et obtient en réponse: "Oh, on raconte qu'ils sont originaires de Mars. Cela dit, ils ne ressemblent guère à des Martiens. Ils ont la peau sombre, plutôt cuivrée. Il sont minces. Très agiles, à leur manière. Ils chassent, ils pêchent. Pas de langage écrit. Nous ne leur accordons pas beaucoup d'attention" (p.113).
Monsieur le vaisseau remarque, p.88, que "Le monde s'est toujours battu, d'abord contre lui-même, puis contre les Martiens, et maintenant contre ces créatures de Proxima du Centaure dont nous ignorons tout". Quant au vaisseau, véritable héros de cette nouvelle, il a acquis une conscience humaine, volens nolens.
Dans Colonie, un équipage débarqué depuis 3 semaines sur une planète se méfie, rappelant que les sables martiens contiennent "une saloperie en forme d'hélice", comparable à l'eberthella typhi que nous avons sur terre (sauf erreur de ma part, ce nom correspond à salmonella typhi, le germe responsable de la fièvre typhoïde!). Je dirai juste qu'ils avaient raison de se méfier...
J'ai trouvé particulièrement forte la nouvelle Tant qu'il y a de la vie... Préserver les sources d'approvisionnement de matériaux devenus indispensables à une société de consommation exacerbée la conduit au désastre. Sur Mars, ce sont des "gisement de rexéroïde" qui sont l'enjeu. Ce produit (?) est indispensable pour le servomécanisme qui fait fonctionner les voitures terriennes! Mais Vénus, Callipso, Neptune, Saturne... sont également sources uniques de matières premières, d'où conflits après conflits.
La crypte de cristal voit les autorités martiennes se montrer plus subtiles que trois agents terriens alors que se profile un conflit entre les deux planètes.
Pour Un vaisseau fabuleux, Mars est juste une destination devant tester un vaisseau pris aux Ganymédiens. Mais il n'y arrivera jamais... alors que le Grand Emetteur martien est le plus puissant du système solaire, arrosant les neuf planètes et portant même au-delà, dans les profondeurs de l'espace (p.352).
L'ancien combattant qualifie les Vénusiens de "pieds-palmés" et les Martiens de "corbeaux", alors que les deux types de mutants descendent de colons terriens (la colonisation de Vénus est citée comme étant intervenue à la fin du XXe siècle!), et que les croisements restent fertiles... Le racisme ne passera pas.
La Mission d'exploration sur Mars y fera une terrible découverte, décourageante.
Les trois (1) nouvelles qui ne citent pas Mars ne manquent pas d'intérêt pour autant. Dans Le canon, un vaisseau d'exploration arrivant sur une planète anonyme se fait abattre par un engin automatique toujours en état de fonctionner, alors que les habitants de ladite planète semblent avoir disparu depuis longtemps. Les braconniers du cosmos, les "Adharans", vont léguer une méchante surprise au vaisseau terrien qui les ont arraisonnés. Enfin, la nouvelle Tony et les "Bêtes" montre l'impérialisme terrien, sûr de lui et dominateur, qui a fini par faire l'erreur de s'aventurer une planète trop loin... avant de devoir commencer à refluer, inéluctablement.
Une belle découverte pour moi que ce recueil, donc. J'espère avoir donné envie de le lire!
Voici pour terminer quelques autres chroniques trouvées sur la toile: le site Vous, humains (pas de commentaire possible?). Erwelyn a présenté plusieurs des nouvelles du recueil ici ou là, et plus globalement par ce lien. Enfin, Snow de Bulles de livre avait parlé du recueil en 2010.
(1) Edit du 27/09/2021: merci Erwelyn! Je viens de voir, sur un des billet récemment mis en ligne sur son blog, que j'avais lu beaucoup trop vite L'heure du Wub, qui est, donc, bien en lien avec Mars, contrairement à ce que j'avais écrit initialement...