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Le blog de Dasola
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28 février 2023

Le marchand de sable - Steve Achiepo

Le marchand de sable de Steve Achiepo est un film très intéressant sur le problème des logements pour les SDF ou les migrants arrivés à Paris ou ailleurs. Djo, un livreur d'origine ivoirienne, devient marchand de sommeil quand une de ses cousines et ses trois enfants arrivent d'Afrique et qu'ils n'ont nulle part où dormir. Djo vit chez sa mère. Il a la garde de sa fille une semaine sur deux. Chez la maman, la vie n'est pas simple car il y des oncles qui vivent à demeure. C'est pourquoi Djo accepte, après avoir hésité, un logement plus confortable de la part d'un certain Yvan (Benoît Magimel). Yvan est un vrai magouilleur qui n'a aucun état d'âme pour loger et virer aussi rapidement des migrants ou des SDF de logements plus ou moins décents en faisant payer des loyers plus ou moins bas. Je ne dirai rien de la fin où pointe un peu d'espoir. Les acteurs sont tous très bien. Il faut noter que La Fondation Abbé Pierre soutient ce film. C'est un film qui m'a plu et que je conseille. Lire le billet de Pascale

26 février 2023

Azincourt par temps de pluie - Jean Teulé

Profitant de son absence, j'ai (ta d loi du cine, "squatter") chipé ce livre sur la PAL de la maîtresse de blog (dasola). J'espère que cela ne la découragera pas de rédiger, le moment venu, son propre billet après lecture!

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Pour ma part, je n'avais encore jamais lu de romans de Jean Teulé (mais juste chroniqué une biographie de Charlie Schlingo dont il avait écrit le scénario pour Florence Cestac). Je ne sais donc pas comment il traite (de) la Grande Histoire ailleurs. Dans Azincourt par temps de pluie (éd. J'Ai lu n°13668, 220 p., imprimé en décembre 2022, pour l'édition que j'ai entre les mains), il nous la donne à voir sous un jour plutôt sanglant. 

Le livre se déroule sur deux ou trois jours (avant, pendant et près la bataille), du 24 au 26 octobre 1415. De manière très vivante (beaucoup de dialogues), Jean Teulé nous expose ces sacrés Français, grands seigneurs, en train de se disputer la peau du lion anglais avant de l'avoir tué, cependant que le souverrain anglais maintient une discipline de fer dans sa petite armée professionnelle. Il a fait le choix de nous présenter un rapport de 1 à 5 pour les forces en présence, alors que les chiffres varient y compris parmi les chroniqueurs de l'époque. Je n'oserai pas m'avancer sur le fait que la "fille à soldats" (surnommée "Fleur de Lys") qui se retrouve seule parmi les quelque 30 000 Français d'abord, parmi leurs cadavres ensuite est bien un personnage attesté sinon historique, ou non... mais elle sert de témoin (et, ma foi, si on l'avait écoutée - le bon sens féminin -, l'Histoire aurait pu en être changée). Mais Jean Teulé n'a pas écrit une uchronie. Il est amusant de noter que, plutôt que de présenter une bibliographie, il crédite avec humour ses "collaborateurs involontaires" (sic!) en fin de livre (de Michelet à Charles d'Orléans). Pour ma part, la description de l'entretien des arcs anglais p.26 m'a fait penser à l'Odyssée, lorsque les prétendants s'efforcent d'assouplir l'arc d'Ulysse avant que celui-ci les massacre... Ironie de l'Histoire: Jean Teulé n'a pas manqué de nous rappeler que l'armée anglaise était dans un sale état sanitaire (chiasse - même s'il parle courtoisement de dysenterie) pour avoir consommé des moules avariées en guise de pique-nique. Deux mille soldats anglais en étaient mort avant la bataille.

Comme dans La controverse de Valladolid ou dans La négociation, on a ici des antagonistes. Mais cette fois-ci, on finit par se battre, une fois le temps des échanges diplomatiques terminé. Et dans ce cas, le meilleur gagne. Jean Teulé et Wikipedia sont d'accord! Il nous a clairement été exposé les raisons pour lesquelles les faits se déroulent de telle manière. Le combat proprement dit débute p.119. C'est un massacre. En première ligne, les Français et leurs lourdes armures sont plantées dans la gadoue, reçoivent les flèches anglaises, n'y voient rien par les petits trous de leurs visières, et ne peuvent qu'attendre passivement de se faire massacrer lorsque les arcs sont abandonnés pour les haches et autres armes anti-armures. La première vague de prisonniers est éliminée: il faut bien continuer à se battre jusqu'à la déroute adverse.

Et, une fois que les combattants ont quitté les lieux, y abandonnant les monceaux de cadavres français, l'auteur n'oublie pas de nous montrer la récupération par la population locale des moindres bouts de tissu ou de métal dont ils auront l'usage, brut ou refondu... Ce roman de "vulgarisation historique" se lit vite et avec aisance.

J'ai trouvé plusieurs blogs qui en avaient parlé: A livre ouvertAu détour d'un livreLes lectures de Cannetille, PlumefilCanel

Philippe Dester n'a pas aimé. Nono a évoqué le livre pour rendre hommage à Jean Teulé (son blog cite encore un autre livre sur Azincourt). J'ai appris que Dominique Pinon lit la version audio grâce au blog Baz'Art.

Après coup, ce roman m'a fait penser au traitement que fait, en bande dessinée, Jean-Yves Delitte des grandes batailles navales. J'en ai lu quelques titres. Un billet à faire un mois ou l'autre?

25 février 2023

Tel Aviv-Beyrouth - Michale Boganim

Sur les conseils de Miriam, je suis allée voir Tel Aviv-Beyrouth de la réalisatrice israélienne Michale Boganim. Ce film est prenant et émouvant. L'histoire se passe entre 1984 et 2006 entre le sud Liban et Tel Aviv. En 1984, c'est la guerre au sud Liban. Yossi, officier israélien marié à Myriam et jeune papa d'un petit garçon appelé Gil, va passer presque vingt ans dans un village du sud Liban. Là-bas, il devient l'ami de Fouad et Nour, un couple de chrétiens libanais, parents de deux filles, Jacqueline et Tanya. Youssi qui fait partie des milices chrétiennes va choisir de s'allier avec les Israéliens contre le Hezbollah chiite pro-iranien. Malheureusement, Nour va être tuée par un tir de roquette et Youssi devra élever seul ses deux filles.

En 2000, Israël se retire du sud Liban en abandonnant ceux qui les ont aidés. Youssi et sa fille Tanya s'exilent en Israël, car Youssi ayant collaborer avec Israël risque des années d'emprisonnement au Liban. Ils ne sont pas bien accueillis, ce sont des parias qui vivent dans un mobile home au milieu de nulle part. Le retour de Yossi auprès de sa femme et de son fils ne se passe pas très bien, car Myriam, qui s'est sentie délaissée pendant tout ce temps, a pris un amant et elle obtient le divorce.

En 2006, Gil qui a 22 ans, part faire son service militaire contre l'avis de sa mère. Il venait d'être accepté pour étudier à la Sorbonne. Deux soldats israéliens sont pris en otage au Liban. Une opération miliitaire se prépare. 

Malgré quelques invraisemblances, j'ai aimé ce film pour l'histoire qu'il raconte. Il faut noter que les cercueils seuls peuvent passer les frontières sans problème. Les personnages les plus intéressants sont les femmes qui sont les perdantes de l'histoire. L'actrice qui interprète Tanya s'appelle Zalfa Seurat. C'est une des filles du sociologue Michel Seurat, otage au Liban avec Jean-Paul Kauffmann et mort en captivité en 1986.

Lire le billet d'Henri Golant, très critique envers ce long-métrage.

22 février 2023

Le retour des hirondelles - Li Ruijun

Le film chinois Le retour des hirondelles m'a énormément plu. On ne peut qu'être ému devant cette histoire de deux êtres cabossés par la vie, Ma et Cao. Ma est le dernier d'une fratrie. Son frère et le propriétaire des terres l'exploitent. Cao, elle, est incontinente, a des problèmes d'équilibre et a la main gauche qui tremble. Tout ça parce que Cao a été battue comme plâtre pendant longtemps par sa soeur aînée et son beau-frère. Ils sont pauvres tous les deux. Dans la Chine rurale, ces deux personnes se soutiennent l'un l'autre. Ma est aux petits soins pour Cao. Il a des gestes tendres envers elle. Ma est un homme courageux qui sait très bien se servir de ses mains. Il est agriculteur et a des talents de bâtisseur. Il va construire une maison pour lui et Cao. Avec eux, il y a un âne qui n'est pas fainéant et les aide bien. Cao et Ma vont réussir à élever des poules pondeuses. Ils vont même acquérir un cochon. Ils résistent aux propositions de vivre dans un appartement sans âme construit pour récemment. L'histoire qui se passe au moins sur une saison ou deux ne tombe jamais dans le misérabilisme. C'est émouvant. L'image est belle et les deux acteurs principaux interprètent leur rôle avec pudeur, Wu Renlin qui joue Ma est un vrai fermier dans la vie et aussi l'oncle du réalisateur, tandis que Hai-Qing qui interprète Cao Guiying est une actrice professionnelle. Du très bon cinéma à ne pas manquer. Lire le billets de Pascale et DonaSwann.

20 février 2023

La femme de Tchaïkovski - Kirill Serebrennikov

Je voulais voir La femme de Tchaïkovski du cinéaste russe Kirill Serebrennikov, à propos duquel je n'avais rien lu. Et je n'ai pas été déçue. Pendant deux heures vingt sept, on suit la sombre histoire d'Antonina Milioukova, jeune femme de la petite noblesse russe qui va peu à peu sombrer dans la folie après avoir épousé Piotr Ilytch Tchaïkovski. Le film est le portrait d'une femme qui, parce qu'elle était amoureuse, a épousé Tchaïkovski, un homme qui préférait les hommes (c'est encore un sujet tabou en Russie). En préambule, le spectateur est transporté en 1893, Tchaïkovski vient de mourir. Aux pompes funèbres, il se rèlève de son enveloppe mortuaire et déclare à sa femme qu'il la hait. En 1873, Antonina tombe amoureuse de Tchaïkovski qui ne la remarque pas. Elle lui écrit des lettres enflammées auquelles, contre toute attente, il répond. En 1877, le mariage est célébré. Le repas des noces se déroule dans une atmosphère mortifère. Le réalisateur montre indirectement que le mariage ne sera jamais consommé. Tchaïkovski ne la touche pas et ne veut pas être touché par elle. Elle le dégoûte. A partir de là, la caméra ne lâche plus Antonina (Alyona Mkhailova, sensationnelle) qui commence à se consumer. Elle endure toutes les humiliations de la part de Tchaïkovski et de l'entourage du musicien (uniquement des hommes). Ils veulent qu'elle accepte le divorce. Ils n'y arriveront pas. Antonina aime le musicien et ne veut pas s'en séparer. Les scènes se passent presque exclusivement dans des intérieurs, appartements, salons, wagon de train. On ressent une impression d'étouffement. Il faut noter le très beau travail sur la lumière, gris, bleu et ocre. Mais s'il y a une seule raison d'aller voir le film, c'est pour l'actrice russe de 27 ans Alyona Mikhailova, qui aurait amplement mérité un prix d'interprétation à Cannes. Son rôle est vraiment "casse-gueule". Elle s'en tire haut la main. Lire les billets de Pascale, de Mymp et du Bleu du miroir. Roland est nettement plus réservé.

17 février 2023

Une bibliothèque partagée en bas de chez soi

Manquant d'enthousiasme durant quelque temps pour aller au cinéma (aucun film ne me tentait), voici trois photos de l'entrée de mon immeuble.

En effet, un jour d'octobre 2021, une bibliothèque a été installée par un ou une anonyme à côté des boîtes aux lettres et quelques livres ont été mis tout de suite. Avec mon ami ta d loi du cine, on a trouvé que l'idée était très sympathique. Depuis, cette bibliothèque "vit", il y a beaucoup de mouvements avec même des BD et des DVD. En ce moment, c'est plus calme, le stock a diminué. On y trouve aujourd'hui aussi bien les derniers volumes du Trône de fer en grand format que de nombreux classiques en "Poche", des romans policiers comme des livres en anglais...

Et vous qui passez par ce blog, est-ce que vous avez connaissance de ce genre d'initiative?

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13 février 2023

Le disparu de Larvik - Jorn Lier Horst

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Le disparu de Larvik (Edition Folio, 471 pages) est le quatrième Jorn Lier Horst que je lis après Fermé pour l'hiver, Les chiens de chasse et L'usurpateur. J'ai eu du plaisir à retrouver l'inspecteur William Winsting et sa fille Line. Cette dernière qui est enceinte doit accoucher dans peu de temps. En attendant l'heureux événement, Line se lie d'amitié avec Sofie Lund qui vient d'emménager dans une maison voisine. Line apprend que Sofie Lund, jeune mère de famille, est la petite-fille d'un certain Frank Mandt décédé récemment. Il était chef d'un gang qui importait des amphétamines. Pendant ce temps, Winsting reprend une enquête sur la disparition six mois auparavant de Jens Hummel, un chauffeur de taxi, dont on ne sait pas ce qu'il est devenu. Sophie Lund fait ouvrir un coffre situé dans le sous-sol de sa maison. Dans ce coffre, il y a de l'argent, des papiers, des cassettes audio et surtout un revolver. Elle confie l'arme à feu à Line. Bien entendu, cette dernière fait passer l'arme à son père qui apprend que ce revolver a servi lors d'une fusillade au cours de laquelle une jeune femme a été tué, la nuit du jour de l'An. Ce meurtre a eu lieu peu de temps avant la disparition du chauffeur de taxi. L'arme n'avait jamais été retrouvée mais un suspect avait été très vite arrêté, et son procès est sur le point de démarrer, alors qu'il est peut-être innocent. Après avoir été déçue par Fermé pour l'hiver, j'ai trouvé l'intrigue du Disparu de Larvik plutôt complexe est bien menée mais l'ensemble m'a paru long. J'avais aimé Les chiens de chasse. Lire les billets d'Eva, Jean-Marc Laherrère, MAM & BMR

10 février 2023

Le pire voisin au monde - Marc Forster

Après avoir vu les dix premières minutes du film, je me suis dit que l'histoire me rappelait quelque chose. Et en effet, Le pire voisin au monde de Marc Forster est un remake presque plan par plan d'un film suédois que j'ai vu il y a plus de six ans en 2016, Mr Ove. Et Mr Ove est l'adaptation cinématographique d'un roman de Fredrik Backman, La vie selon Ove. Dans l'adaptation cinématographique américaine, Ove s'appelle Otto Anderson. Il est veuf depuis six mois. Il ne se remet pas de la mort de sa femme Sonya décédée d'un cancer. Il a décidé de mettre fin à ses jours mais toutes ses tentatives échouent pour différentes raisons. Il vit dans une zone pavillonnaire où il fait régner l'ordre et la discipline: ordures triées, voitures bien rangées, etc. Un grain de sable survient en la personne de nouveaux voisins qui s'installent en face de chez lui. Marisol, la femme du couple, est enceinte pour la troisième fois. Sud-américaine pleine d'entrain et d'énergie, elle va arriver avec patience à apprivoiser Otto et à le rendre plus sociable. Tom Hanks qui est coproducteur du film avec sa femme est très bien dans le rôle d'Otto. Grâce à des flash-back, on apprend beaucoup de la vie d'Otto. À la fin du film, j'avais les yeux humides. On ne peut pas rester insensible devant cette histoire. Un film qui m'a plu. 

7 février 2023

Le droit d'emmerder Dieu - Richard Malka

J'aurais pu (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) écrire qu'on m'avait offert pour Noël 2022 ce livre, Le droit d'emmerder Dieu, de Richard Malka. Mais il vaut mieux conserver mon éthique et ne pas enjoliver la réalité: je me le suis simplement offert (à) moi-même mi-janvier. Mon exemplaire provient d'un nouveau tirage, daté décembre 2022, alors que la première édition du livre remonte à octobre 2021. 

Cet ouvrage correspond à la plaidoirie rédigée par Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, pour la fin du procès des attentats de janvier 2015, procès qui a eu lieu devant la cour d'assises spéciale de Paris du 20 septembre au 16 décembre 2020, pour juger 14 personnes accusées d'avoir été complices des trois attentats ayant causé 17 morts du 7 au 9 janvier 2015. 

P1150696Au début de ce petit livre (93 pages, rappel chronologique compris), l'avocat Richard Malka explique qu'il a l'habitude d'écrire ses plaidoiries. Le 4 décembre 2020, port du masque dans la salle d'audience et épuisement après trois mois d'une audience parsemée d'attentats et de morts l'ont amené à écourter, à l'oral. L'éditeur et l'auteur ont choisi de livrer ce texte dans sa version écrite, plus longue que celle effectivement prononcée.

p. 10: "le sens de ce procès, c'est aussi de démontrer que le droit prime sur la force. (...) Les attentats de Charlie et de l'Hyper Cacher ne sont pas seulement des crimes. Ils ont une signification, une portée politique, philosophique, métaphysique". Richard Malka explique que ce procès est l'occasion de parler, non seulement des accusés, mais aussi des idées que l'on a voulu assassiner et enterrer. Il souhaite parler pour répondre aux terroristes qui demandent que nous renoncions à nos libertés.

À partir de la page 21, le livre retrace la chronologie des événements qui se sont achevés par le massacre perpétré contre la rédaction le 7 janvier 2015, des années après l'affaire des caricatures de M*h*m*t. Il décortique scrupuleusement la chronologie (Danemark), avant même la publication en France par France Soir en janvier 2006. Il rappelle que ce sont des imams danois ("de la mouvance des frères musulmans essentiellement, avec quelques salafistes") qui ont constitué un dossier à destination du "monde arabe", et ont affabulé en rajoutant, aux caricatures effectivement publiées au Danemark puis en Egypte, deux dessins tirés d'un site suprémaciste de blancs américains, et une photo n'ayant aucun rapport avec l'islam: un masque de cochon, que nos imams ont légendé en prétendant que c'était ainsi que leur prophète était représenté en Occident! "Cette falsification a fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes qui n'ont pas vu les véritables caricatures publiées" (p.28).

L'avocat qu'est Richard Malka ne se prive bien entendu pas de quelques effets rhétoriques en fustigeant entre autres le Président turc: massacrer des milliers de musulmans, ce n'est pas islamophobe mais publier des dessins, ce serait islamophobe? "Et puis j'ai un scoop pour le président Erdogan puisqu'il reproche à Emmanuel Macron d'avoir permis la publication de Charlie Hebdo [qui le caricaturait en octobre 2020]: nous ne soumettons pas nos caricatures au président de la République avant publication. Et même s'il voulait les empêcher, il ne le pourrait pas et il ne trouverait pas un tribunal pour le suivre. Cela s'appelle la liberté de la presse et l'indépendance de la justice (...)".

L'auteur retrace également l'histoire du blasphème en France, en remontant jusqu'aux Encyclopédistes du XVIIIème siècle, alors que le pape a mis L'Encyclopédie à l'index pour hérésie. Il rappelle que la Révolution française a abouti entre autre à ce que soit supprimé du code pénal, en 1791, le délit de blasphème. En 1881, lors des débats pour la grande loi sur la presse de la Troisième république, quand il est question de l'offense à la religion, Clemenceau répond, à l'Assemblée, à l'évêque Angers invoquant la blessure des catholiques outragés: "Dieu se défendra bien lui-même, il n'a pas besoin pour cela de la Chambre des députés". Formule que Richard Malka met en parallèle avec celle du mufti de la mosquée de Marseille à propos des caricatures: "un musulman qui croit que Dieu n'est pas assez grand pour se défendre tout seul est un musulman qui doute de la toute-puissance divine et n'est pas un bon croyant". Conclusion: "ce n'est pas compliqué à comprendre. Dieu peut se défendre tout seul contre les pauvres mortels que nous sommes, ce n'est pas la peine de supprimer ses créatures" (p.42). Richard Malka plaide donc, en toute logique, contre tout renoncement de l'esprit critique, du droit de caricaturer... Ce serait renoncer à ce merveilleux droit d'emmerder Dieu. "Et ça, Cabu, tout gentil qu'il était, hé bien il ne pouvait pas" (p.44). Il faudrait citer l'intégralité du texte, qui a l'unité d'un discours... Lorsqu'il retrace l'histoire de Charlie Hebdo (première puis seconde série), avant puis après l'affaire des caricatures, Richard Malka insiste sur la dégradation de la situation de Charlie Hebdo entre 2006 et 2015, qui a inexorablement conduit à l'attentat, en fustigeant la responsabilité des intellectuels et des politiques, pour lesquels il faudrait, au contraire, renoncer à tout ce qui peut "faire des vagues".

Pour ma part, j'ai lu cet opuscule très vite, en à peine plus d'une heure. Je vous invite à vous en imprégner.

J'ai trouvé quelques blogs qui ont eu aussi le courage d'en parler, bien avant moi: Vagabondageautourdesoi, Sin City, Lintervalle. Chacun donne aussi un ou plusieurs autres liens.

Le droit d'emmerder Dieu a reçu le Prix du livre politique en 2022. P1010613 

Je n'ai toujours pas chroniqué le livre Janvier 2015 - Le procès de Yannick Haenel (texte) et François Boucq (dessin), ouvrage paru en janvier 2021 aux éditions Les échappée. Pour le compte de Charlie Hebdo, ils ont suivi au quotidien le procès (près de deux mois et demi), avec des chroniques publiées sur le site internet et dans l'hebdomadaire. J'en parlerai certainement un mois ou l'autre.

************** 

En utile complément contemporain, je souhaite citer la conclusion d'une interview de Riss dans le Journal du Dimanche (22/01/2023, p.23) à propos du soutien apporté par Charlie Hebdo, avec ses moyens que sont articles et caricatures, à la révolte des jeunes iraniens et iraniennes contre le théocrate qui verrouille tout le pouvoir politique de leur pays: "À Charlie, quand on choisit un dessin, il ne s'agit pas d'insulter ou d'injurier. Notre critère, c'est que ça fasse réfléchir les gens."

*** Je suis Charlie ***

6 février 2023

La famille Asada - Ryōta Nakano

J'ai vu La famille Asada dans une salle comble et c'est entièrement justifié. Ce premier film du réalisateur Ryôta Nakso, sorti fin 2020 au Japon, m'a beaucoup plu. L'histoire est inspirée de la vie du photographe Masashi Asada qui semble connu qu'au Japon. On suit la vie de Masashi pendant plus de trente ans. C'est son père qui lui a offert son premier appareil photo quand il était un jeune garçon. Il a commencé à photographier ses parents (des personnes formidables) et son frère, en les mettant en scène dans diverses situations : pompier, yakuza, cambrioleurs, pilote de Formule 1, etc. Dans cette famille, c'est le père qui fait la cuisine. C'est un homme d'intérieur, tandis que la maman est infirmière dans un hôpital. Masashi grandit et il continue à photographier. Grâce à une amie, il expose à Tokyo ses photos qui sont remarquées par des professionnels. Lauréat d'un prix prestigieux, il est édité et il commence à vivre de son art. Des familles lui demandent de faire des photos d'elles. Masashi sait trouver la manière de faire pour chaque famille. En 2011, juste après le tsunami, Masashi se met au service des sauveteurs comme bénévole. Il espère retrouver une famille qu'il avait prise en photo peu de temps auparavant. Le film est souvent amusant avec des moments émouvants. Pour un premier long-métrage, il y a beaucoup de maîtrise dans la réalisation. Je conseille ce film tout comme Pascale, Princecranoir et Selenie.

J'ajoute une anecdote, j'ai failli ne pas voir le film, car l'ouvreur qui contrôlait les tickets a aperçu, dans un de mes sacs, ce qu'il a cru être des sandwichs (il s'agissait en fait de deux quiches lorraine que j'avais achetées pour le dîner de mon ami et moi - il était 18H30). Il m'a dit de manière pas très aimable que je ne pourrai pas entrer dans la salle à moins de manger mes "sandwichs" tout de suite, que ça "sentait". Avec la dernière énergie, je lui ai dit que ce n'était pas des sandwichs mais des quiches que je n'avais pas du tout envie de manger immédiatement. De mauvaise grâce, il m'a laissée entrer... j'étais prête à aller voir la direction. Et d'abord, mes quiches ne sentaient rien de particulier. Je les ai mises dans mon sac à dos. Il faut noter que quand on sent l'odeur écoeurante de pop-corn dans les salles, ça ne semble poser de soucis à personne, car c'est le cinéma qui les vend.

4 février 2023

The Station Agent - Tom McCarthy

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais vous parler d'un film qui a aujourd'hui une vingtaine d'années (il est sorti en 2003, et le DVD date de 2004). Etant en cours de visionnage de la série Game of Thrones (nous venons de commencer la série complète - pas plus d'un épisode par jour!), Dasola m'a fait découvrir hier (à l'occasion du reclassement de sa DVDthèque) le film The Station Agent (Les rencontres de Mr McBride), de Tom McCarthy, qu'elle avait vu bien avant qu'on se connaisse. L'acteur principal (sinon le héros) en est Peter Dinklage, qui, comme chacun sait, a été mondialement connu à partir de 2011 dans le rôle de Tyrion (mais, promis, je ne parlerai plus de GoT dans la suite de cet article). 

The Station Agent nous montre des "tranches de vies" d'une "personne de petite taille" (comme on dit aujourd'hui!) à l'âge adulte, Finbar McBride (dit Fin) qui a construit sa vie autour de son intérêt pour les chemins de fer (américains). C'est quelqu'un de plutôt renfermé, quasi-muré dans une solitude choisie. Peu après le début du film, il hérite d'une gare désaffectée dans un trou perdu (je connais des villages français comme ça...). Il va y organiser sa vie (tous ses avoirs tiennent dans une petite valise), entre la lecture de livres sur les chemins de fer et, au fil des jours, l'ouverture à différentes personnes qui, pour commencer, s'immiscent dans sa vie à l'insu de son plein gré. 

En premier lieu, c'est Joe, bon cuisinier, qui conduit le food truck de son père malade, qui s'impose. Des interactions se créent aussi avec Olivia, qui ne sait pas exactement ce qu'elle veut (elle peint des figures humaines dans son chalet) et son ex dont elle dit être toujours amoureuse. Son amour des livres amène Fin à rencontrer Emilie, la jeune bibliothécaire, dans une position intéressante, et son abruti de copain. Il constitue un peu une curiosité locale... même si les notations sont subtiles davantage qu'explicites (oui, mais vous savez bien que j'adore enfoncer les portes ouvertes...). La gérante de l'épicerie du coin se comporte surtout en boutiquière. Cleo, une jeune écolière noire un peu enveloppée, lui organisera une conférence. 

Fin marche beaucoup, surtout le long de voies de chemins de fer (parfois désaffectées): c'est de cette manière qu'il arrive à son nouveau "home". Comme sur beaucoup de lignes en France, le trafic passager est supprimé, mais des trains de marchandise continuent à passer devant la gare. Dans cette campagne américaine, tout les autres utilisent un véhicule. Lui se promène (accompagné ou seul), et cinq kilomètres (le double aller-retour, bien sûr) ne sont pas pour lui faire peur. 

Il s'agit d'un film qui chemine lentement. On ne dirait pas vraiment qu'il progresse, et pourtant, peut-être débouchera-t-il sur quelque chose, après la fin du film? Nous n'en saurons rien. Pour moi, c'est dommage qu'il n'y ait pas eu une suite: j'aurais aimé savoir ce qui se passe "après". Je dirai encore avoir remarqué que la mort est y fortement présente (et liée à la vie). Celle, soudaine, du patron de Fin (qui lui lègue la gare). Une tentative de suicide d'un personnage. Le père d'un autre dont la maladie est sans doute grave. Et divers accidents dont chacun aurait pu s'avérer définitif. J'ai aimé ce film qui m'a aussi évoqué Stand by me.

Quelques mots à propos des bonus du DVD. Le réalisateur a débuté comme acteur, une dizaine d'année (et une demi-douzaine de films) avant de passer derrière la caméra (The Station Agent étant son premier film). Le film a disposé de 500 000 dollars de budget pour 20 jours de tournage. Dans une interview, il dit qu'il n'a pas fait d'école de cinéma, mais qu'il est diplômé en philosophie. J'ai été ravi qu'il y parle de son admiration pour Truffaut: je pensais de mon côté à une saga comme celle d'Antoine Doinel. 

Comme le film et le DVD ont près de vingt ans, le seul blog sur lequel j'ai trouvé un article est L'oeil sur l'écran.

Ah, signalons pour conclure que Fin ne possède pas de téléphone (mobile), non plus.

Edit du 09/06/2023: on peut désormais trouver deux chroniques différentes de ce film sur le blog 1001bobines.

1 février 2023

Ashkal, l'enquête de Tunis - Youssef Chebbi

Je me réjouissais de voir un film dans la lignée de La loi de Téhéran ou La conspiration du Caire. Ashkal, l'enquête de Tunis dure 1H32. Pendant 1H30, j'ai suivi l'intrigue avec intérêt et puis quand arrivent les deux dernières minutes, patatras. Je suis resté sur ma faim. Le film se termine avec une jeune femme policier qui regarde un grand feu, les larmes aux yeux. En résumé, je n'ai pas compris grand-chose à ce film qui dégage une atmosphère de fin de monde dans un décor d'un chantier d'immeubles neufs non terminés. Le complexe aurait dû s'appeler "Les jardins de Carthage". Des policiers sont chargés de découvrir la cause d'une mort, puis d'une deuxième. Les victimes ont été immolées dans un des immeubles. On ne sait pas si c'est un accident ou un meurtre. Le seul point commun est que les victimes ont des vidéos d'immolation dans leur téléphones portables. La police croit trouver un suspect dont les mains sont horriblement brûlées, mais lui aussi prend feu. J'ai trouve que ce film avait quelque chose d'intéressant dans la manière de filmer mais mon esprit cartésien n'a pas adhéré à la fin. Je ne sais pas ce que le réalisateur à voulu dire. Dommage. Lire les billets de Pascale et Selenie

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DIVERS - CULTURE (57 blogs en activité)

LIVRES (69 blogs en activité)

QUELQUE TRISTESSE

QUELQUES BLOGS DÉSORMAIS EN PAUSE (À MON GRAND REGRET)

QUELQUES INFIDÈLES (NE ME RENDENT PLUS MES COMMENTAIRES...)

QUELQUES INTROUVABLES (BLOGS SUPPRIMÉS OU DISPARUS?)

SANS BLOG (COMMENTATEURS SUR LE MIEN)

STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)

  • * Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
  • 2707 billets (au 28/04/24), dont tous ont eu au moins un commentaire
  • 33 176 commentaires (au 27/04/24 [+ 6 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 261 dasola] par au moins 1276 personnes, dont 106 (re)venues en 2024
  • 407 blogueurs [dont 156 actifs en 2024] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1211 (au 28/04/2024) commentaires (voir ci-dessus)
  • Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 77 au 07/03/2024 (via "Newsletter" ci-dessus)
  • Billet commenté par le plus de personnes: 77 commentaires par autant de commentateurs/trices (billet du 09/01/2014)
  • Billet comptant le plus de commentaires: 123, par 46 commentateurs/trices différent(e)s (billet du 10/06/2023)
  • Record de commentaires en 1 an de date à date par 1 même blogueur-euse: 146 par DocBird (du 15/07/22 au 14/07/23)
  • Record de commentaires en un mois: 355 en janvier 2014
  • Record de commentaires en une année civile (même blogueur-euse): 143 par Manou en 2023
  • Record de commentaires en une journée: 44 le 09/04/2009
  • Records de nouveaux commentateurs en un mois: 24 (dont 22 blogueurs) en mai 2008 et mars 2009
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