Ce huitième épisode (Mission impossible - The Final Reckoning, qui devait sortir en juin 2025 et qui ne sort que maintenant en mai 2025) clôt a priori la série Mission impossible. On y retrouve Ethan Hunt (Tom Cruise, qui est aussi coproducteur du film). Cet épisode est la suite et la fin du septième opus. Le méchant de l'histoire qui menace l'humanité est l'Entité, une intelligence artificielle aidée par un certain Gabriel. Face à elle, Ethan Hunt et son équipe vont tout faire pour la neutraliser. Je vous passe les péripéties qui ponctuent le film et que je vous laisse découvrir. Mais il faut noter qu'il y a deux séquences notables. Celle où Ethan, qui doit récupérer le code source de l'entité, va plonger dans les eaux glaciales de l'Arctique pour entrer dans un sous-marin russe coulé 10 ans plus tôt. Cette séquence est très (trop?) longue mais on sait qu'Ethan parviendra à ses fins. Et la seconde séquence est une poursuite entre deux avions au-dessus de paysages d'Afrique du Sud. Avec mon ami Ta d loi du ciné, elle nous a fait penser aux deux Dupont et Dupond dans L'île noire (l'album d'Hergé), quand un avion de couleur jaune (comme dans le film) est piloté tant bien que mal. J'ignore si c'est un clin d'oeil volontaire. Sur les deux heures cinquante que dure le film, il y a bien quelques longueurs mais on en prend plein les yeux. C'est un film distrayant et Tom Cruise est très bien.
Le Présage et Le chant du prophète sont deux romans pas rigolos du tout, surtout le second que j'avais hâte de terminer.
Je commence donc par Le présage de Peter Farris (Editions Gallmeister, 479 pages), qui se passe alternativement de nos jours et dans le passé en Georgie. Toxey Bivins, un vieux monsieur afro-américain atteint de démence, est pensionnaire dans une maison de retraite. Sa fille Cynthia qui est médecin vient lui rendre visite régulièrement. Pendant ce temps-là, des élections nationales sont en préparation. Le candidat favori est un certain Elder Reese, un homme d'extrême-droite qui va jouer un rôle important dans l'histoire. Toxey, dans ses moments de lucidité, décide de raconter une histoire du passé à Cynthia. Dans sa jeunesse, Toxey s'est pris de passion pour la photo. Grâce à un appareil prêté par l'épicier du coin, il se révèle un photographe de talent. Sans s'en douter, il va prendre un cliché d'une jeune femme dans une fête foraine. Cette jeune fille sera retrouvée morte dans une réserve naturelle qui appartient à la famille d'Elder Reese. Elle était enceinte et le bébé a disparu. Le roman est très bien construit et il nous permet de faire la connaissance de personnages intéressants comme Frida, une vétérinaire spécialiste de la faune sauvage avec des notions de pathologie. Et justement, elle remarque que les cerfs aux alentours semblent malades. Elle va prendre Toxey sous son aile. Quand je dis que le roman n'est pas gai, c'est que j'ai trouvé la fin abrupte. Je ne m'y attendais pas forcément. Car après la pluie, vient souvent la pluie. Lire les billets de Baz-art et Clete.
Je passe au roman Le chant du prophète de Paul Lynch (Editions Albin Michel, 293 pages). C'est une dystopie qui se passe en Irlande dans un futur très proche (enfin, j'espère, pas trop). Ce roman, c'est d'abord, une écriture, un style ramassé, sans respiration. Il faut applaudir la traductrice Marina Boraso. Voici les premières lignes : "La nuit est tombée et elle n'a pas entendu les coups à la porte, elle regardait le jardin par la fenêtre. L'obscurité qui enveloppe les cerisiers sans un bruit. Elle achève de recouvrir leur feuillage et le feuillage ne lui résiste pas, il accueille l'obscurité dans un murmure. La fatigue, la journée tirant à sa fin et tout ce qui lui reste à faire avant d'aller dormir, les enfants réunis au salon, ce sentiment de paix qu'elle éprouve fugacement devant la vitre... (...) S'il n'y avait pas ces coups à la porte. Elle les entend se loger dans sa conscience, la brusquerie, l'insistance qu'il y a dans ces coups, chacun semble si rempli de la présence de celui qui frappe qu'elle fronce les sourcils. Maintenant c'est Bailey qui cogne sur la porte vitrée de la cuisine, maman appelle-t-il, pointe un doigt vers l'entrée sans détacher les yeux de l'écran. La voilà qui déplace son corps dans cette direction, le bébé dans les bras, Eilish s'avance pour ouvrir et il y a deux hommes derrière la vitre de la véranda, dans le noir et ils n'ont pas vraiment de visage." (p.11). Les 293 pages sont toutes de la même écriture et l'histoire n'est vraiment pas gaie. Eilish Stack vient d'avoir un quatrième enfant. Nous sommes en Irlande et une nouvelle police secrète a été créée. Larry Stack, le mari d'Eilish, est un syndicaliste. Il est convoqué par cette nouvelle police et disparaît sans laisser de trace. Eilish est désemparée avec ses quatre enfants: Mark, Bailey, Molly et Ben, le nourrisson. Au fur et mesure que l'histoire se déroule, Eilish perd son travail, les denrées de première nécessité viennent à manquer. L'état de siège est partout entre les rebelles et les forces de l'ordre. La violence est permanente. C'est le chaos général. Je ne vous dirais rien de plus de l'histoire si ce n'est la dernière phrase : "Elle cherche le regard de Molly, incapable de trouver les mots justes, aucun mot ne peut rendre compte de ce qu'elle voudrait dire, elle ne voit dans le ciel qu'obscurité, elle la connaît bien, cette obscurité, elle ne fait qu'un avec elle, si elle ne part pas elle ne lui échappera jamais alors même que c'est à la vie qu'elle aspire, elle touche la tête de son fils et serre les mains de Molly comme pour leur promettre qu'elle ne renoncera jamais, la mer dit-elle, il faut prendre la mer, la mer, c'est la vie." (p.292-293). L'histoire est suffocante. Je n'a pas vu d'espoir. Lire les billets d'Alex-mot-à-mots, Eva, Nicole Grundlinger.
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) débute mes participations à la saison 2 du Book trip en mer de Fanja avec un petit ouvrage trouvé hier par hasard dans un Circul'livres parisien et dévoré très vite (la langue en est magnifique).
Olivier de Kersauson, Ocean's Songs, Arthaud Poche / J'ai Lu 9205,
2010 (Copyright Le cherche midi 2008), 188 pages
Ocean's Songs: chansons (ou chants) de (sur, au sujet de?) l'Océan... Le navigateur bien connu, Olivier de Kersauson, livre ici souvenirs et réflexions sur sa "carrière" (qu'il a fait le choix de creuser) de "marin du large". En fin du livre, après la douzaine de chapitres plus ou moins longs, six pages suffisent à lister son "relevé de navigation", depuis les années 1967-68 sous le commandement d'Eric Tabarly pour qui il a demandé à faire son Service national dans la Marine, jusqu'aux années 2007-2008 sur lesquels se termine l'ouvrage (il a depuis écrit encore près d'une dizaine de livres, dont en 2012 un Ocean's Song 2 que j'ignorais lorsque j'ai commencé ce billet, mais sur lequel je tâcherai de mettre la main prochainement!).
Il commence par parler, de manière quelque peu elliptique, d'"Eric", et il faut être capable de restituer "parce que c'était lui, parce que c'était moi". Je me suis même un temps demandé si c'était parce que les avocats de Tabarly pouvaient se montrer chatouilleux sur l'utilisation indue du patronyme... mais il apparaît p.70. Plus loin, il explique que c'était en traversée sur un ferry qu'il a appris de la bouche du capitaine la disparition en mer de son mentor et ami.
Kersauson explique dans son avant-propos que l'idée de ce livre est né "quatre ans plus tôt", quand il a accueilli à bord de son Géronimo les deux fondateurs de Google: eux ont "apporté le monde" à chacun chez soi, quand lui avait décidé, dans sa jeunesse, de le "courir" lui-même, avec l'idée qu'une guerre prochaine risquait de l'empêcher de profiter de sa vie, comme cela avait été le cas pour les générations qui l'avaient précédé, de 1914 à la guerre d'Algérie (né en 1944, il avait 18 ans en 1962, en pleine guerre froide). Recherche ou fuite, lui a fait le choix de courir les mers sur des voiliers taillés pour la course et les records, comme équipier puis second d'abord, comme capitaine ensuite.
Il égrène ici des souvenirs et une philosophie de vie. Les contraintes concrètes de son "métier" (trouver les financements et les sponsors pour créer les bateaux "compétitifs", les armer avec matériel performant et équipage capable...), tout ce que l'on peut lire entre les lignes à condition d'avoir déjà lu sur Eric Tabarly ou sur des "skippers" plus contemporains, il n'en parle guère ici. Nous avons davantage des pages de partage d'images, d'impressions, d'avis sur des personnalités ou des personnages plus anonymes croisés ici ou là durant ces quarante ans, sur l'évolution des choses au fil des ans (un brin de nostalgie parfois? Plutôt la sagesse de savoir qu'on n'arrête pas le cours du temps, qu'il faut l'accompagner).
Kersauson a la dent dure contre le tourisme de masse et les croisiéristes qui choisissent leur destination en fonction des menus et de la cave disponibles à bord. Sa manière de nous décrire les quatre océans, les cinq continents, les sept mers (c'est moi qui chiffre!) est aux antipodes d'une projection de cartes postales. Il semble avoir une tendresse particulières pour ce qu'on appelait alors les DOM-TOM, qu'il a connues avant leur invasion touristique. Il n'a pu "accéder" aux Japonais (et le regrette).
N'étant pas radiophile, je ne crois pas avoir entendu Olivier de Kersauson aux Grosses têtes (où l'on me souffle que ses échanges avec Jean Yanne valaient le détour) - je ne doute pas qu'on puisse aujourd'hui encore en écouter des enregistrements. En m'informant sur sa bibliographie, j'ai découvert que deux de ses livres avaient été illustrés par Wolinski. Si j'arrive à mettre la main dessus, cela fera certainement l'objet d'un de mes "billets du 7" un mois ou l'autre!
En attendant, je commence petitement ce Book trip en mer avec 1 (un) point... Sauf si j'ai donné envie à d'autres de lire et chroniquer Ocean's Songs dans le mois qui vient!
P.S.: en cherchant des liens sur ce livre, j'ai eu la déception de voir qu'il y avait eu une embrouille juridique avec un "nègre" dont le contrat avait été rompu... Cf. ce que disait en 2010 Anne-Sophie.
J'avais été bouleversée en 2003 par le film de Peter Mullan, The Magdalene Sisters. Plus de vingt plus tard, Tu ne mentiras point du Belge Tim Mielants reprend un peu le même sujet, en le traitant de manière très différente. Entre 1922 et 1996, a priori, plus de 56 000 jeunes femmes irlandaises ont été enfermées dans des couvents. Elles avaient eu le malheur de se retrouver enceintes hors mariage, ce qui était inacceptable dans l'Irlande catholique. Parfois, c'était un comportement inapproprié qui les conduisaient dans ces lieux austères où elles passaient leur temps à faire des lessives, à être maltraitées et humiliées. Quand elles avaient accouché, leurs bébés leur étaient retirés et ils étaient mis à l'adoption. Dans Tu ne mentiras point, on fait la connaissance de Bill Furlong (Cillian Murphy), un charbonnier marié et père de cinq filles. Lors d'une livraison de charbon au couvent voisin, il assiste de loin à une scène qui le traumatise. Une mère de famille emmène de force sa fille au couvent malgré les pleurs de cette dernière. Cet épisode le fait repenser à sa propre enfance, car lui-même est né hors mariage et sa mère a eu de la chance de trouver une femme riche qui l'a prise à son service. On sent que l'église est présente partout. Personne n'ose rien dire sur ce qui se passe dans le couvent. À un moment donné, la confrontation entre la mère supérieure (Emily Watson, effrayante) et Bill Furlong est glaçante. Comme elle sait ce qu'il a vu, elle fait des menaces à peine voilées envers lui et ses filles qui profitent de l'éducation de ce couvent. L'histoire se passe dans une petite ville irlandaise grisâtre avec un ciel plombé pendant la période de fin d'année. C'est lugubre. Je me suis demandée si la fin n'était pas un rêve. Cillian Murphy avec son regard bleu et son air mutique est impressionnant. Un film à voir éventuellement même si j'ai nettement préféré The Magdalene Sisters qui abordait le sujet d'une manière plus frontale. À noter qu'Eileen Walsh qui interprète le rôle de la femme de Bill a joué dans le film de Peter Mullan. Elle était Crispina, la fille un peu simplette à qui on faisait subir les pires outrages. Lire les billets de Pascale et Selenie.
J'ai vu ces deux films l'un après l'autre le 8 mai 2025.
Ghostlight de Kelly O'Sullivan et Alex Thompson est un beau film sur le deuil et sur la manière dont une pièce de théâtre (Roméo et Juliette de William Shakespeare) et le triste destin des jeunes amoureux de Vérone servent de thérapie à une famille. Dan travaille sur un chantier près d'une salle de théâtre amateur. Sa fille Daisy est en pleine révolte et Sharon, la mère, fait ce qu'elle peut. Un jour, Dan entre par hasard dans la salle et de fil en aiguille intègre la troupe qui répète Roméo et Juliette. Face à Dan, on est conquis par Rita (Dolly de Leon) qui doit jouer Juliette. Elle a plus de 50 ans. Je vous laisse deviner qui va jouer Roméo. Et Daisy est acceptée dans la troupe dans le rôle de Mercutio. La thérapie par le théâtre est une belle chose. Toutes ces répétitions débouchent sur une seule représentation. C'est émouvant et magnifique de voir ces acteurs dans cette pièce dont on ne voit que des bribes. Il faut noter que la famille formée par Dan (Keith Kupferer), Sharon (Tara Mallen) et Daisy (Katherine Mallen Kupferer) est une vraie famille à la ville et ça se sent. Lire le billet de Pascale.
Je passe au film Les enfants rouges d'un réalisateur franco-tunisien. C'est un drame épouvantable qui s'est passé peu de temps après les attentats du Bataclan. Le scénario est donc tiré d'une histoire vraie qui a traumatisé les Tunisiens. Nous sommes donc en Tunisie, en 2015. Deux jeunes bergers de 14 et 16 ans, Ashraf et Nizar (ils sont cousins), emmènent leur troupeau de chèvre dans un paysage magnifique de montagnes au sol crayeux. Il semble que cela se soit passé pas loin de la frontière algérienne. Les deux garçons sont attaqués par derrière, on voit peu de choses si ce n'est que Nizar est décapité et Ashraf est contraint de prendre la tête de Nizar dans un sac et l'emporte dans sa famille. Ashraf est complètement traumatisé. On ne saura pas vraiment qui étaient les assaillants. Le réalisateur s'est concentré sur les victimes. Ashraf et sa famille vivent pauvrement au milieu de nulle part. La grande partie du film présente l'expédition des hommes de la famille pour récupérer le reste du corps. La mère de Nizar a accouché d'un homme en entier et son garçon doit être enterré en entier. En attendant que le reste du corps soit retrouvé, la tête est conservée au frigo. J'ai appris que le terme "rouge" du titre veut dire courageux. Un beau film interprété avec beaucoup de talent par des non-professionnels et, je le répète, les paysages sont magnifiques. Lire le billet de Selenie.
Les éditions La manufacture de livres vient de lancer une nouvelle collection, "La manuf, toutes les couleurs du noir" avec trois titres en attendant les autres. J'en ai lu deux, La petite fasciste de Jérôme Leroy (Editions La Manuf, 190 pages) et Le petit caporal de Yann Zolets (Editions la Manuf, 395 pages).
Je commence par La petite fasciste de Jérôme Leroy où une fois de plus l'écrivain a choisi comme toile de fond le nord de la France, de nos jours, au moment d'élections où la droite extrême est près de gagner. C'est l'histoire d'une jeune fille, Francesca, la vingtaine, qui a des idées de droite, et d'un homme d'âge mûr, Bonneval, un député socialiste. Ils vont tomber amoureux l'un de l'autre. Pour en arriver là, il va se passer plusieurs événements dont le plus tragique est l'assassinat du petit ami de Francesca, Jugurtha Aït-Ahmed, par le propre frère de Francesca. Cette dernière découvrira la vérité au bout d'un certain temps. Pendant ce temps, Bonneval est recherché par un tueur qui va commettre un carnage sur des étudiants qui étaient là au mauvais endroit au mauvais moment. Le livre est très plaisant à lire car comme toujours il est très bien écrit. Je conseille.
Je passe maintenant au roman Le Petit Caporal (en référence à Bonaparte) de Yann Zolets. L'écrivain qui écrit sous pseudonyme appartient au renseignement français après avoir parcouru l'espace post-soviétique. On sent qu'il connaît son sujet. En revanche, j'aimerais attirer l'attention sur l'écriture et surtout la relecture. C'est bourré de maladresses et de redites. Par exemple, "Il n'a guère douté de doute (sic) sur l'issue" (page 188). A part ça, l'histoire est suffisamment prenante pour que je sois allée jusqu'au bout. Il s'agit d'une histoire d'espionnage, de traîtres, de sous-marin russe qui échappe à la traque d'un sous-marin français. La DGSE, la DGSI côté français et le GRU, le FSB et le SVR (les acronymes ne sont pas traduits) ne se font pas de cadeau. Il y a aussi quelques personnages peu recommandables. Je me demande tout de même si le roman n'a pas été écrit par une intelligence artificielle car l'essentiel de l'histoire se passe en 2020 en plein Covid (nulle part il n'est fait mention de cette épidémie). Les avions décollent, l'opéra Garnier donne des représentations, les gens partent en villégiature, etc. Je le répète, c'est un roman qui se lit bien... si on fait abstraction de tout ce que je viens d'écrire.
Je suis allée voir très confiante Little Jaffna et ma déception a été à la hauteur de mes attentes. Lawrence Valin, d'origine sri lankaise, qui interprète le rôle principal (Michael, un gardien de la paix infiltré dans la communauté tamoule du nord de Paris), est aussi le réalisateur. L'histoire se passe à la fin des années 2000 à Paris, pendant qu'il y a la guerre civile au Sri Lanka. Un groupe de Tamouls extorque de l'argent auprès des commerçants de la communauté. L'argent récolté et blanchi est envoyé aux rebelles séparatistes au Sri Lanka. J'ai trouvé que le film se composait de plusieurs séquences qui ne se terminent pas vraiment, dont une course-poursuite. Si j'ai bien compris, Michael est chargé de trouver et faire saisir les marchandises et pour ce faire, il se rapproche d'Aya, le patriarche qui fait la pluie et le beau temps dans la communauté. Avec son regard perçant, il est impressionnant. A part ça, j'ai aimé le personnage de la grand-mère de Michaël. Un film qui bénéficie de bonnes critiques et je ne sais pas pourquoi. Pascale n'est pas enthousiaste non plus.
je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) ne suis pas fort en rébus, en général. Et ceux d'Honoré ne sont pas spécialement faciles (ne dit-on pas qu'il en a laissé au moins un irrésolu à sa mort? *). J'ai cependant été bien content de dénicher cet album posthume, qui me donne une occasion de plus de rendre hommage à l'un des dessinateurs assassinés lors du massacre de Charlie Hebdo, il y a près de 10 ans et demi, le 7 janvier 2015.
Honoré, Cent rébus littéraires, Arléa, avril 2015
Saur erreur de ma part, Philippe Honoré avait publié de son vivant deux recueils chez Arléa, et il s'agit ici de la réédition du premier (le second étant titré Cent nouveaux rébus littéraires). Les rébus qui y sont présentés ont été publiés pour la première fois entre 1983 et 2001 dans le magazine Lire. L'ouvrage peut ravir à la fois les amateurs de jeux d'esprit et ceux de beaux dessins. Chaque rébus est suivi de sa solution, mais l'on est obligé de tourner la page. Et ce bel album non paginé ne contient rien d'autre, à part les deux courtes pages de présentation.
En voici quelques-uns (mes préférés, dirais-je... mais la sélection de ces "citations" a été difficile!)
Le deuxième grand livre d'aventures. **
En 1918, le continent perdu fut retrouvé par cet auteur.
Titre d'un long voyage sans soleil.
Qui est ce poète qui s'avance masqué?
Un titre tout droit sorti de l'enfer.
Héroïne d'une comédie trop humaine.
Le voyage merveilleux d'une jeune fille.
Ses personnages nous mènent en bateau.
Son inspiration: manipulations, coups fourrés et doubles jeux.
Personnage excentrique, vainqueur d'un pari aventureux.
Comme je suis un méchant blogueur, je ne vais pas vous donner les solutions... pour le moment. Donc, ou bien vous êtes très fort(e), ou bien vous avez gardé tous vos magazines Lire et y retrouverez ces rébus. Sinon, plusieurs solutions encore: soit vous vous procurez ce recueil d'Honoré, soit (quelle option peut avoir ma préférence?) vous attendrez que je vous donne les solutions... Elles figureront, j'en prends l'engagement, dans le prochain billet où j'aurai l'occasion de citer Honoré dans l'un de mes billets du 7... mais, à ce jour, je ne peux même pas garantir que ce sera en 2025 (vous voici donc condamnés à me lire mois après mois!).
Je vais tout de même donner, à défaut de pierre de Rosette, quelques indices: dans les 10 rébus ci-dessus, il y a cinq titres d'oeuvres, quatre noms d'auteurs, deux ou trois noms de personnages (hé oui, il y a des doubles emplois!). J'en ai choisi certains pour des raisons esthétiques, d'autres par admiration de leur subtilité. Plusieurs sont en rapport avec des challenges actuellement en cours (tel ou tels peuvent plaire notamment à Fanja, ClaudiaLucia, Miriam, Keisha ou ... ici même!).
** Edit: je rajoute pour plus de clarté le texte figurant sous chaque dessin, après la remarque de Manou (merci!). Edit2: en moins de deux heures, Manou a trouvé les dix solutions et me les a communiquées "en privé"! Edit3: Dviolante aussi, "après une journée de boulot" (sic!).
*** Allez, je vous rajoute la phrase liée au rébus de couverture: "La septième femme mit fin à la carrière de ce tueur en série"... ce qui donne Barbe-bleue [bar-boeufs bleus]!
Je viens de voir Ce nouvel an qui n'est jamais arrivé, un film roumain qui se passe entre les 20 et 21 décembre 1989, un jour avant la chute de Ceaucescu. J'ai été vraiment emballée par ce film que j'ai trouvé prenant et très bien interprété. Pendant 2h18, on suit six personnages (hommes et femmes) qui se préparent soit aux festivités de fin d'année, soit à fuir le régime de Ceausescu et la Securitate. Il y a Gelu, l'artisan et ouvrier qui a un petit garçon, Marius, qui commet une grosse gaffe. Margareta, une femme d'une soixantaine d'année, est désespérée car elle ne veut pas quitter sa maison qui doit être démolie (Gelu fait partie des déménageurs de la maison). Son fils, agent de la Securitate, est intraitable. Il y a Florina, une actrice à qui on ordonne de prendre la place d'une autre pour participer à un clip à la télé. Il s'agit de souhaiter les meilleurs voeux de la population au chef suprême. Les hommes de la télé qui sont chargés de cette tâche ont bien du mal à boucler cette corvée car Florina leur donne du fil à retordre. Enfin, il y a Laurentiu, le fils d'une professeure de roumain et d'un des responsables de la télé qui est décidé à quitter la Roumanie avec son copain Vlad. C'est filmé au plus près des acteurs. Il n'y a pas de temps mort. J'ai apprécié la musique du Boléro de Ravel à la fin, quand la population se soulève contre le dictateur en train de discourir. Je rappelle que Ceaucescu et sa femme Hélène ont été jugés et fusillés dans la foulée le 25 décembre 1989. Un film à voir.
- Heu, dasola, tu vas bien faire un billet sur ce film qu'on vient de revoir ensemble en DVD, non?
- Et puis quoi encore? Déjà, j'ai fait l'effort de le regarder avec toi. Si tu veux un billet, tu l'écris!
Donc, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me suis attelé à la tâche...
Voyage au centre de la terre (film, 1959), Henry Levin d'après
Jules Verne, Voyage au centre de la terre, 1864 en feuilleton puis en livre
(l'édition en grand volume de 1867 est augmentée de deux chapitres),
Le livre de poche, 1966, 372 pages
À Edimbourg (Ecosse), c'est l'effervescence: un éminent professeur de son Université vient d'être anobli! Ses étudiants lui font un triomphe et lui offrent deux cadeaux. Le plus insignifiant contient un mystérieux objet... qui va lancer le professeur et l'étudiant chargé de l'achat des cadeaux dans un voyage inattendu (bah oui, le titre!), après quelques semaines d'attente fiévreuse où le professeur néglige ses devoirs d'enseignement.
James Mason est très bien en universitaire quelque peu excentrique. Sa nièce Jenny (Diane Baker dont, à 21 ans, c'était l'un des premiers films) est charmante quand elle entortille autour de son petit doigt Alec McEwan, le jeune étudiant désargenté joué par Pat Boone (dont je ne savais pas qu'il était surtout connu comme chanteur).
Une fois arrivés dans un coquet hôtel en Islande, à Reykjavik, puis en reconnaissance sur le terrain, l'expédition s'annonce mal, alors que ceux qui s'apprêtent à explorer le centre de la terre sont victimes d'un mystérieux antagoniste. Au final, et après un coup de théâtre qui leur permet la rencontre de leur futur guide, Hans (l'athlète islandais Peter Ronson), nos explorateurs (plus ou moins hardis) seront amenés à supporter une présence féminine dans l'expédition. La descente dans les entrailles de la terre s'avère plus facile que prévu, grâce à la présence d'une sympathique palmipède (qui sait se faufiler dans les bons passages). Pauvre Gertrude! D'un précédent visionnage, il me semblait que Hans faisait violence à ses sentiments respectueux pour tordre le cou à son assassin, ce n'est finalement pas le cas. Ce personnage (l'antagoniste, pas Hans), en tout cas, n'a jamais rien fait pour se rendre sympathique, faisant prisonnier le malheureux Axel alors séparé du reste de la troupe et lui tirant même dessus.
Dans les plus de deux heures que dure le film, et pour la partie souterraine, les images du monde inventé par Jules Verne sont tout kitchement merveilleuses, que ce soit la salière géante dans laquelle tombe Axel, les cristaux précieux qu'il est déconseillé de cueillir, le radeau fabriqué à base de troncs de champignons géants, les sauriens qui ne le sont pas moins tout en s'avérant sans dents carnivores, la mer intérieure qui tourbillonne et qui désoriente, la découverte finale qui intègre ici ce à quoi il est fait allusion dans un voire même deux autres titres de Jules Verne, auteur que le film aura ici sublimé (transformé en quelque chose d'autre). L'ascension vertigineuse qui ramène nos héros à la surface de la terre a presque quelque chose de, heu, d'érotique! Axel ne sera pas le seul à en ramener chaussure à son pied (je n'ai pas bien compris s'il se l'est cassé ou seulement foulé!).
L'alligatographe donne à voir de nombreux aperçus du film.Sheherazade2000 en avait parlé jadis, Cinesylvain (blog éphémère!) en 2017. Le bon article d'Argoul (qui commence par parler du roman) m'a appris l'existence d'un autre film.
************
Mon exemplaire du roman de Jules Verne m'avait été offert à Noël 1979. Je l'ai intégralement relu (et non pas seulement feuilleté). Ici, nous apprenons que l'histoire commence fin mai 1863 dans la ville de Hambourg (actuellement en Allemagne). Ici, c'est un cryptogramme manuscrit datant de plusieurs siècles qui lance le professeur Otto Lidenbrock sur la piste d'un voyage fantastique, où il entraîne quasiment manu militari son neveu Axel, encouragé à partir par Graüben, la jeune pupille virlandaise (c'est-à-dire originaire de la contrée de Virlande en Livonie, aujourd'hui au Nord-Est de l'actuelle Estonie) d'Otto. Les deux tourtereaux se retrouveront seulement à la fin de l'aventure: p.55, "cher Axel, ton oncle et toi, je vous accompagnerais volontiers, si une pauvre fille ne devait être un embarras pour vous." Pauvre Axel, sujet au vertige (cependant que son oncle est victime du mal de mer durant une traversée de 10 jours sur un voilier entre le Danemark et l'Islande)! p.114, j'ai relevé lors de cette relecture une erreur sur la lèpre (qui sévit dans l'île), qualifiée de "pas contagieuse mais héréditaire" (vérification faite la bactérie Mycobacterium leprae a été identifiée par Hansen en 1873 seulement). La descente dans le cratère commence seulement p.145, après un trajet de plusieurs jours à travers les paysages désolés de l'Islande avec des hébergements misérables. Au final, ici, les deux hommes sont seulement accompagnés de Hans ("chasseur" de plumes d'eider de profession) quand ils entament la descente du gouffre que constitue le cratère d'un volcan éteint (?). Il s'agit d'une expédition spéléologique "sans esprit de retour", car ils ne laissent pas les cordes en place lors de leur descente par "paliers" successifs (une douzaine!). Arrivés au fond, une galerie en pente douce leur permet de débuter leur longue marche sous terre.
p.174, alors qu'ils traversent une houillère, on peut lire une phrase très prémonitoires sur l'épuisement de l'énergie fossile: "(...) ces immenses couches de charbon qu'une consommation excessive doit pourtant, épuiser en moins de trois siècles si les peuples industriels n'y prennent pas garde". Un ruisseau d'eau ferrugineuse, en plus de les abreuver, leur sert de fil d'Ariane durant leur longue marche monotone (ils ont prévu des provisions pour six mois) entrecoupée de quelques descentes plus à pic. C'est l'absence du ruisseau qui convaincra Axel, séparé de ses compagnons de route, qu'il a pris une mauvaise direction. Ils se retrouvent le 8 août. À la réflexion, je me suis dit que l'aspect "feuilleton" du texte est parfois visible avec des chapitres qui se terminent en suspense.
Comme dans le film, la marche doit céder la place à la traversée d'une "mer" intérieure (sur un radeau fait de bois plus ou moins fossilisé et non en champignon). La faune aperçue est clairement "préhistorique". Mais, une fois la traversée achevée, et contrairement au parti pris dans le film, dans le roman, l'explosion provoquée par nos explorateurs aurait eu pour but de leur permettre de continuer vers les profondeurs, et non de les ramener à la surface. Mais c'est ce qui se produit, à l'insu de leur plein gré. Commencé le 28 juin, le périple les ramène à revoir le soleil (p.358), après pas loin de 13 semaines passées sous terre, en Italie (beau trajet souterrain). Otto et Axel sont de retour à Hambourg le 9 septembre 1863... et le mariage d'Axel et de Graüben a lieu peu après.
Voici deux films vus récemment que j'ai bien appréciés.
Le premier, The Amateur, est une adaptation d'un roman de Robert Littell. Charles Heller (Rami Malek, qui est aussi coproducteur du film) est un cryptographe doué à la CIA qui perd sa femme dans un attentat terroriste à Londres. Il se rend compte que des moutons noirs font partie de l'Agence et qu'il ne doit compter que sur lui-même pour venger sa femme. Le thème m'a fait penser un peu aux films avec John Wick sans les combats rapprochés et les échanges de coups de feu, mais on assiste à des scènes spectaculaires que je vous laisse découvrir. Charles Heller est plutôt fluet et paie pas de mine. Grâce à son habileté avec les ordinateurs et à une brève formation, il va se venger des meurtriers de sa femme. Un bon film d'action plutôt bien fait. Lire les billets de Selenie et Henri Golant.
Je passe à Des jours meilleurs qui divise la critique. Personnellement, j'ai trouvé les actrices formidables et le thème de l'alcoolisme chez les femmes très intéressant. C'est rarement traité au cinéma sauf peut-être Une femme en enfer de Daniel Mann (1955) avec Susan Hayward. Dans Des jours meilleurs, Suzanne (Valérie Bonneton, très bien) est alcoolique (elle boit de la vodka au goulot). Veuve avec trois enfants qui sont tout pour elle, elle provoque un accident. On lui enlève ses enfants et elle se retrouve dans un centre qui s'occupe de femmes alcooliques comme elle. Parmi les femmes qu'elle va côtoyer, il y a Alice (Sabrina Ouazani) et Diane (Michèle Laroque). Et puis, il y a Denis (Clovis Cornillac), un éducateur qui veut faire participer quelques femmes au rallye des dunes au Maroc. J'ai trouvé l'histoire touchante avec des inserts d'entretiens de patientes qui expliquent ou pas comment elles en sont arrivées là. Je conseille.
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) suis loin de connaître l'intégralité de l'oeuvre de Jirô Taniguchi (1947-2017), "le plus européen des Mangaka", dit-on. C'est chez Belette2911 que j'ai repéré Un assassin à New York, manga que je n'avais jamais lu.
Jirô Taniguchi (dessin) & Jinpachi Môri (scénario), Un Assassin à New York, Pika Graphic,
218 pages, 2021 pour l'édition française (1996 au Japon).
Dans la postface de ce volume, le scénariste Jinpachi Môri (1958-2015) dit que c'est la Guerre du Golfe qui l'a amené à écrire cette oeuvre: "dans la réalité, des centaines d'hommes mouraient chaque jour sous le feu des missiles, alors, dans une fiction, un homme seul, aussi violent fût-il, pouvait bien en tuer quelques autres sans que ça ne choquât personne." Je connais aussi une autre petite série scénarisée par lui que j'ai appréciée jadis (Les fils de la Terre) même si elle n'a aucun rapport.
Le titre est ici assez explicite: sous la forme d'histoires reliées par un même personnage central, Benkei (le titre original était Benkei in New York) va être directement responsable de la mort de 10 personnes, la plupart tuées de ses mains. L'ouvrage est constitué de sept histoires courtes, avec des titres en anglais qui ne le sont pas moins. Mais les morts violentes auxquelles le personnage central assiste ou qui concernent ses proches ne sont pas moins nombreuses. La première histoire (titrée Hagis) commence par trois planches muettes avant d'entrer dans le vif du sujet. Trois pages avant la fin de cette première histoire, notre héros se désigne lui-même (p.30) en tant qu'entremetteur de vengeance (en japonais, "ada'uchi"). Mais ici, on ne l'a pas vu tuer.
Le scénariste entremêle subtilement différents fils (narratifs) dès la première nouvelle, où sont insérées trois planches (p.13-16), inutiles dans cette histoire-là. Dans la deuxième histoire (titrée Hook) apparaît un personnage de gogo danseuse, qui dévoilera un aspect masochiste de notre héros (on dirait qu'il apprécie de se prendre gifles sur gifles) et le suivra au long de ses aventures.
Il s'y montre capable de se battre aussi bien à mains nues qu'à l'arme blanche: il refuse à plusieurs reprises d'utiliser une arme à feu. Enfin, il ne tue pas toujours (cela semble être à sa discrétion). Il semble plutôt imperturbable dessiné sans lèvres, sa bouche mince est souvent capable de sourire (mais jamais de rire).
Benkei a plusieurs cordes à son arc: c'est un peintre capable de copier tout tableau de maître avec une minutie et un talent certains. Enfin, il n'agit pas seulement en franc-tireur, il a aussi des connaissances dans la mafia tant new-yorkaise que sicilienne (les fameuses trois planches dans la première nouvelle...). Ce talent jouera un rôle aussi bien à New York qu'en Sicile (sa réputation de peintre, comme de tueur, a franchi les frontières).
J'extrais les trois planches ci-dessous du troisième chapitre Throw Back. Celui-ci nous montre une sorte de duel, dont (sauf erreur d'inattention de ma part) on ignorera toujours la raison, entre Benkei et un Américain. Benkei agit-il pour son propre compte ou pour celui d'un tiers?
p.73, je trouve un faux air de Zorro à notre héros (avec cape et chapeau mais sans loup)
Ce duel pratiquement sans dialogue, commencé en karaté (?), se termine à l'épée dans un musée. Il m'a donné envie de revoir Highlander...
Je ne vais pas raconter l'intégralité de l'album. Le mot "fin" est écrit p. 218, même si ça se finit un peu en queue de poisson, et l'on regrette qu'il n'y ait pas eu de suite à ces histoires. Je dirai juste, par rapport à l'avant-dernière histoire dont je ne donnerai pas le titre: mesdames, si un inconnu vous sort sous le nez un collier de perles, méfiez-vous (surtout si vous n'avez pas la conscience totalement tranquille).
Le dessin de Taniguchi alterne des dessins statiques et des planches d'action avec du mouvement. Il utilise souvent différentes trames, mais aussi des techniques de "noir et blanc" avec des lignes, du clair-obscur, toute la gamme des maîtres (américains?) du genre.
J'ai bien aimé cet album, alors que je trouve souvent les ouvrages de Taniguchi "dernière manière" un peu trop contemplatifs pour mon goût (cela peut aussi être dû à ses scénaristes, bien sûr).
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) n'avais pas pu rendre le livre D'où viens-tu, berger de Mathyas Lefebure récemment terminé, puisque les bibliothèques parisiennes étaient fermées le samedi pascal (et sont fermées de toutes manières le lundi). Du coup, j'en avais prolongé l'emprunt par voie électronique... et me suis endormi sur mon projet de billet toute une semaine! Le voici enfin. Comme l'avait signalé dasola, c'est la vision du film Bergers de Sophie Deraspe qui m'a amené à cette lecture.
Le livre commence par un appel téléphonique de Mathyas vers la France, vers un numéro qu'il a obtenu par un concours de circonstances, celui d'un éleveur de moutons. Il réussit au téléphone à convaincre de sa motivation à devenir berger son interlocuteur: on l'attendra début janvier de l'année suivante. Sauf que quand il arrive, la place a été réattribuée. Il lui est alors conseillé d'aller "se vendre" à la foire ovine de la Saint-Valentin, à Saint-Martin de Crau. Or, celle-ci n'a pas lieu à la date de la Saint-Valentin du calendrier, mais quelques jours avant. Comme dans le film, il réussit tout de même à oser "déranger" quelques éleveurs en train de boire au café, et s'attire cette question: "d'où viens-tu, berger?" (p.35). L'un des éleveurs se dévoue (comme dans le film) pour montrer son mas à un Canadien, et, comme dans le film, c'est plus compliqué qu'on ne pense d'attraper une brebis. Retour en ville, pour noyer ses chagrins dans l'alcool. Puis un coup de fil salvateur: "- Vous avez de l'expérience? - Je veux commencer comme apprenti. - Vous pouvez commencer vendredi?" (p.45). L'expérience du mas Crapule (sic!) dure 90 pages (démission et départ pour aller vers l'arrêt du car, p.135): entretemps, le berger a appris rudement les rudiments du métier de berger, au contact d'employés et d'un patron qui ont pratiqué ce métier toute leur vie parce qu'ils n'avaient aucune autre perspective d'existence, mais qui ne sont pas les plus pédagogues des hommes.
p.137, justement, il est fait mention de L'Ecole du Merle, "centre de formation de bergers accréditée en France". Mais Mathyas persiste à croire qu'il faut d'abord rêver pour devenir berger. p.140, coup de chance, l'éleveur qui lui avait posé un lapin après l'avoir attiré en France le recontacte. Le monde de l'élevage étant petit, l'éleveur a su qu'il avait démissionné du mas précédent. Cette fois, serait-ce la bonne? Le chapitre est titré "Le mas du bonheur". Là, on va effectivement lui enseigner, pendant deux mois, comment faire paître au mieux et soigner les brebis dans les différents cas de figure. Ce n'est qu'ensuite que lui et "la bergère" (l'amoureuse du début, que cette vie rêvée intéresse aussi) feront leur choix parmi les offres qui commencent à pleuvoir. La chienne Chipie (border collie), qui, à deux ans, fera sa première saison en solo, leur est fournie par l'employeuse finalement retenue. Le reste du livre relate l'alpage, là-haut, avec la solitude à deux, l'inénarrable Dudu (voisin d'alpage), la visite de la DDA (direction départementale de l'agriculture) qui prévient de la présence du loup, face au déni des éleveurs (qui devraient engager des frais conséquents à titre préventif si le loup était là... loup qu'ils accusent les écologistes d'avoir eux-mêmes introduit). Les enjeux sont brouillés: accepter la présence du loup, c'est s'interdire de le tuer, et se contenter des indemnités par bête tuée. La manifestation des bergers semble dans la réalité avoir été un événement plus conséquent qu'il n'est sous-entendu dans le film.
Au final, je dirais que les sept chapitres (piliers?) de ce livre font peut-être plus "vrais" que le film (sagesse?). En comparant celui-ci avec le livre d'origine, je me dis qu'un avocat a probablement dû lire le scénario en amont, les enjeux n'étant pas les mêmes (des centaines de milliers de spectateurs potentiels, versus un livre imprimé à combien de milliers d'exemplaires en France?). Pour essayer de me faire comprendre, je dirais que le film "raconte une belle histoire", tandis que le livre est constitué du vécu (y compris introspectif) de Mathyas, sans se voiler la face par rapport à un certain réalisme de situations (parfois lourdement répétitives), là où les "images-qui-bougent" sont parfois plus elliptiques. Les "situations" présentées dans le film figurent bien, pour la plupart, dans le livre (sauf la houlette symbolique, sauf erreur de ma part), mais elles ont été soigneusement "mises en scène", parfois édulcorées, pour construire toute une belle histoire (là où le livre semble davantage décrire un vécu "au jour le jour", en parlant de l'ordinaire ou de ce qui en sort, exceptionnellement). Le véritable Mathyas nous présente dans son livre un parcours personnel et très "intellectuel" (il se regarde quand même un peu écrire, je trouve), là où le film était (forcément) très concret et nous montrant des images du "vécu" quotidien d'un berger. Dans le livre, il tient un blog, qu'il alimente quand il le peut, sur ses découvertes du "pastoralisme", et cite Cioran à tout bout de champ. Le personnage de "l'amoureuse" est évoqué de façon suffisamment ambiguë pour qu'on ignore d'où l'auteur la connaît, si elle est québécoise ou française. Le film a fait le choix de nous montrer une jeune fonctionnaire attendrie par le parcours du Québécois. Le métier de berger "à la française" est aussi relativement "idéalisé" via le film (la transhumance "à l'ancienne", alors que le roman parle plus crûment d'un trajet en camion). Le film nous épargne la "météorisation" à la luzerne de quelques douzaines de brebis, auquel notre berger a dû faire face (pas trop tard pour le trocard). Et, dans le film encore, l'attachement du chien qui décide de l'accompagner en quittant son foyer d'origine, c'est une jolie histoire, mais pas présente dans le livre ni sans doute dans une réalité plausible.
C'est en regardant la page de garde que je me suis aperçu que le livre d'origine était bien plus ancien que le film puisque paru en 2006 au Québec. Le blog Pageparpage parle d'une récente réédition québécoise.
Après les événements racontés, Mathyas a ensuite vécu en alpage pendant 10 ans. Dasola m'a rappelé (je l'avais oublié) que quelques lignes s'affichaient bien à la fin du film pour nous en informer.
En tout cas, je crois que, pour moi, le mécanisme de découvrir un livre par curiosité après avoir vu un film qui en avait été tiré (adapté) fonctionne mieux que l'inverse (je suis trop souvent déçu quand le film n'est pas absolument fidèle au livre que j'ai en premier apprécié).
On ne peut pas dire que la couverture rouge soit "vendeuse" avec seulement le titre et l'auteure. Et bien, je vous présente Terres promises de Bénédicte Dupré La Tour (Les Editions du Panseur, 310 pages) un roman magnifique écrit d'une manière somptueuse. Pour un premier roman, quelle réussite! Les histoires, car il y a plusieurs histoires, se passent a priori aux Etats-Unis, au XIXème siècle pendant la ruée vers l'or, la conquête de l'Ouest ou la guerre de Sécession. Ce n'est pas vraiment précisé. On fait la connaissance de sept personnages, quatre femmes et trois hommes dont une prostituée malgré elle, une amérindienne, un chercheur d'or, un bonimenteur qui perd la foi. C'est un roman choral où les différents personnages vivent une vie souvent tragique dans des paysages durs et âpres. Sans vraiment se croiser, il y a des liens communs qui les unissent. J'avoue que ce n'est pas facile de parler de ce roman tellement bien écrit et évocateur. J'ai préféré les histoires avec les femmes comme personnages centraux. Celle où une mère parcourt les champs de bataille pour retrouver son fils est bouleversante. Il est question de mariage arrangé, de maternité pas forcément désirée, d'amour et tout cela dans un climat de violence. Un très beau roman que je conseille. Madame Dupré La Tour est une auteure à suivre.
Lire les billets d'Antigone, Matatoune, Titine, Kathel, Eimelle et Clete.
Un "feel good movie" nous arrive de Thaïlande: Comment devenir riche... de Pat Boonnitipat nous raconte une histoire émouvante entre un petit-fils et sa grand-mère. Amah est une dame gravement malade mais qui garde son caractère bien trempé. Veuve, elle vit seule dans une maison de ville depuis des années. Ses trois enfants adultes ont leur propre vie, en particulier sa fille qui vit seule avec son fils, M. Justement, c'est M qui est le personnage principal du film. En apprenant qu'une de ses amies venait d'hériter de la maison de son grand-père (elle s'est occupée de lui jusqu'au bout), M qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie (il passe son temps sur des jeux vidéo) décide de se rapprocher de sa grand-mère Amah qui n'est pas dupe, tout au moins au début. Mais son état de santé se dégrade et tout compte fait, elle est contente d'avoir quelqu'un avec elle, même si elle n'arrête pas de le houspiller. L'évolution de leur relation est touchante et M se rend compte que sa grand-mère n'a pas eu une vie facile avec sa propre famille (frère et parents). La fin est triste et gaie à la fois. Un film qui cartonne au box-office dans les pays d'Asie et c'est justifié, car il traite de sujets comme les relations dans les familles et il montre en particulier comment sont traités les personnes âgées dont on attend la fin pour hériter ... peut-être. Lire les billet d'Henri Golant et Selenie.
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) publie mon premier billet pour le "challenge 120 ans Jules Verne (1828-1905)". C'est l'été dernier que je m'étais offert un album BD au dessin plutôt original, sans même l'avoir feuilleté de la première à la dernière page.
Un drame en Livonie, François Rivière (scén.) & Serge Micheli (dessin),
Librairie des Champs Elysées, 2000, 47 p. d'après
Jules Verne, Un drame en Livonie, éd. originale 1904
(Le livre de Poche N°2061, 1976 [1ère éd.1968], 243 p.)
Si l'on commence par planter le décor, à l'époque de Jules Verne, la Livonie (appelée aussi "gouvernement [russe] de Riga" jusqu'à la création des Pays Baltes contemporains après la Première Guerre Mondiale) correspondait essentiellement, pour sa partie Sud, à ce qui est aujourd'hui l'Estonie et, pour sa partie Nord, à une petite partie de la Lettonie. Dans le roman, nous apprenons p.32 que nous sommes le 12 avril et p.38 que nous sommes en 1876. La carte ci-dessous figure en 2e de couv et en 3e de couv' de la bande dessinée.
Au début de l'oeuvre, de nuit, un fugitif poursuivi par des forces de l'ordre (douaniers) trouve refuge dans un moulin à vent...
Plus largement, sur fond d'intrigue policière dans un Etat qui ne l'est pas moins (policier), le livre met en scène la rivalité entre des "notables" d'origine germanique et une bourgeoisie plus "populaire" d'origine slave, à laquelle semble aller la sympathie de Jules Verne. L'histoire de ce pays et de ses occupants, minorités, majorités, propriétaires, maîtres... successifs semble assez embrouillée.
Le scénario de François Rivière m'a semblé assez fidèle au roman (que je n'avais pas lu depuis longtemps: je possède mon livre de poche depuis 1978...). Evidemment, transcrire 243 pages de dialogues et des habituelles digressions verniennes en 47 planches demande un art certain!
Au fil des pages, on découvre un voyage en voiture à cheval et ses aléas nocturnes, de mystérieux voyageurs, une auberge (rouge? Non...). Il est en grande partie question d'une famille, celle du professeur Nicolef, de sa fille et de son fils, engagés dans le "parti slave" contre le "parti allemand". Mais aussi d'argent, celui qui a été volé dans la fameuse auberge à un garçon de banque retrouvé assassiné, cependant qu'une habile enquête de police amène à soupçonner le professeur Nicolef, qui était justement en voyage cette nuit-là. Les coups de théâtre (positifs comme négatifs) s'enchaînent jusqu'au dénouement, quand Ilka, la fille du professeur, pourra enfin épouser l'élu de son coeur (je sais, je spoile... Mais si peu! Je n'ai pratiquement rien révélé!).
François Rivière, né en 1949, vieux routier de la bande dessinée pour laquelle il a rédigé de nombreux scénarios originaux à l'intention de nombreux auteurs, est aussi romancier. On sait moins qu'il avait écrit en 1978 Jules Verne, Images d'un mythe(la preuve: non seulement je ne le savais pas avant de me renseigner pour le présent billet, mais je ne l'ai toujours pas lu...). Ici, il est associé avec Serge Micheli, artiste peintre dont c'était, à l'époque (fin du XXe s.), la première bande dessinée.
J'avoue avoir été dérouté par l'esthétique de cet album. Il ne s'agit ici certes pas du genre de bande dessinée "classique" avec dessins réalistes que je lis le plus habituellement. J'ai été désarçonné par le style de dessins, souvent baroque (au sens de "bizarre"), avec des visages caricaturaux. Le dessinateur-peintre (le coloriage des planches a été effectué en "couleurs directes") utilise une palette de couleurs plus criardes que douces, plus ou moins ténébreuses ou contrastées selon les pages. Le style caricatural ("torturé"?) ne facilite pas forcément la reconnaissance des différents personnages ni de leurs rôles respectifs. L'un des personnages les plus reconnaissables est Ilka Nicolef. J'ai trouvé que le traitement de ce personnage féminin lui attribue des traits évoquant les indiens peaux-rouges tels que dessinés par Hugo Pratt en même temps que le maquillage d'acteurs japonais du théâtre Nô.
Bref, un album dont je suis content de connaître l'existence, mais que je ne suis pas certain de relire (même s'il le faudrait certainement, pour prêter attention à tous ses détails et, sûrement, en découvrir de nouveaux à chaque lecture). Le découpage des cases et leur faible nombre ne facilite pas forcément la compréhension de l'histoire. Je vous ai mis ci-dessous quelques planches à titre d'exemple.
Pour ma part, je conseillerais de lire en premier lieu le texte de Jules Verne avant de découvrir la bande dessinée, dont le dessin est suffisamment déroutant à l'oeil pour ne pas avoir, en plus, à se torturer le neurone en essayant de comprendre de qui il est question et "qui est qui".
Voici deux films vus récemment qui ne révolutionneront pas le cinéma mais en tout cas le premier, Doux Jésus de Frédéric Quiring (que Télérama considère être de la guimauve) m'a fait passer un bon moment.
Quand le film commence, un petit garçon appelé Gabriel fait les quatre cents coups dans un couvent. Dans un long flash-back qui se passe quelques années plus tôt, on va apprendre pourquoi Gabriel est là. Comme tous les ans, les soeurs d'un couvent assez fermé vont à leur visite médicale à pied. Elles sont tenues de ne pas regarder ce qui se passe aux alentours, Mère Henriette (Isabelle Nanty, impayable) y veille. C'est compter sans le comportement impulsif de Soeur Lucie (Marilou Berry, très bien) qui sur un coup de tête prend un bus. Et voilà Soeur Lucie qui s'embarque dans une aventure inattendue et qui lui réserve plein de surprises. Et elle en profite pour essayer de retrouver son amoureux qui l'avait laissée tomber vingt ans auparavant. C'est un film sympa, plutôt amusant, avec des bons sentiments et pas vulgaire. C'est peut-être de la guimauve mais de temps en temps, cela fait du bien. A vous de voir. Lire le billet d'Henri Golant.
Je passe à Piégé de David Yorvesky que j'ai trouvé très violent. Je trouve que c'est un film un peu nauséeux. J'ai été contente qu'il se termine. Eddie, un trentenaire sans le sou qui doit de l'argent partout ne peut pas régler la réparation de sa fourgonnette. Il erre dans les rues à la recherche d'une voiture à voler. Au milieu d'un parking entouré d'immeubles, il ouvre la portière d'un beau SUV d'une marque fictive, Dolus. A partir de là, le cauchemar commence pour Eddie car la voiture est piégée, il ne peut plus en sortir et une voix sort de l'habitacle. Il s'agit de William (Anthony Hopkins, terrifiant), le propriétaire du véhicule, qui veut faire payer à Eddie toutes les dégradations et vols de ses véhicules précédents. C'est un homme qui va mourir et qui n'a rien à perdre depuis que sa fille est morte. L'histoire se passe sur cinq jours avec un homme enfermé dans une voiture avec le manque de nourriture, de boissons, etc. - je vous passe les détails. Je reconnais que le film est bien joué par Bill Skarsgard (qui est coproducteur du film). L'ayant vu une fois, je ne le reverrai pas. Lire à nouveau un billet d'Henri Golant.
Comme Alex-mot-à-mots, je conseille le nouveau roman de Jake Hinkson, Ainsi va le monde (Editions Gallmeister, 425 pages haletantes). Ce roman est paru en français en première mondiale avant même de sortir dans les pays anglo-saxons. L'histoire se passe dans la région de Chicago sur une période d'un peu plus d'une semaine. Alice Hardy, professeure d'université en théologie âgée d'une quarantaine d'années, est mariée à Greg, professeur de math, et ils ont un fils adolescent appelé Tuck. Quand l'histoire commence, Alice vient de quitter le lit de son amant. Elle est fâchée contre lui. Dehors, elle est violemment attaquée par un inconnu porteur d'un couteau qu'elle arrive à récupérer. Elle riposte et poignarde son agresseur qui tombe par terre. Paniquée, elle lâche le couteau, retourne chez son amant qui accepte de l'accompagner sur le lieu du crime et c'est à partir de là qu'il y a un enchainement d'événements qui commence avec le corps qui a disparu ainsi que le couteau. Le roman est découpé en chapitres où quatre narrateurs se succèdent. Il y a donc Alice qui n'ose bien entendu rien dire à la police ni à sa famille, Owen Pall, un détective très doué mais peu scrupuleux qui a tout vu du crime, Erik Reid, un homme dangereux plus ou moins psychopathe et Mary Margaret Holding, une vieille femme très psychologue qui va conclure cette sombre histoire pleine de folie mais très bien menée. Un excellent roman comme les deux autres polars de l'écrivain que j'ai déjà lus et chroniqués. Lire les billets ici et là.
Je n'ai pas attendu le conseil de Pascale (que je remercie) pour aller voir Bergers de la québécoise Sophie Deraspe. Avec Ta d loi du cine, on a assisté à une avant-première il y 9 jours. On avait vu la bande-annonce qui nous avait plu. Et donc, dans une salle à moitié pleine, un dimanche soir, on est parti avec Mathyas (Félix-Antoine Duval, mignon comme tout), un Québécois qui a laissé sa vie professionnelle de publicitaire derrière lui à Montréal afin de vivre une expérience hors du commun avec des brebis. Quand on n'a jamais été berger comme Mathyas qui en plus ne possède pas de permis de séjour longue durée en France, les choses s'annoncent compliquées pour travailler. Il propose ses services à différents éleveurs. Le premier le prend à l'essai mais il renonce vite à former un néophyte car il n'a pas de temps pour cela. Le deuxième est un homme qui a des problèmes financiers et comportementaux. C'est la troisième personne qui semble la bonne. Une femme qui est propriétaire de plus de 800 brebis et qui lui fait confiance pour emmener les ovins en transhumance dans les montagnes des Alpes de Haute Provence. Mathyas a la chance d'être accompagné par Elise (Solène Rigot, charmante), une jeune fonctionnaire qui laisse tout tomber pour le suivre. La dernière partie du film nous montre le dur métier de berger à flanc de montagne avec les intempéries comme l'orage et la foudre, et les loups. Mais il y a de magnifiques nuits étoilées. Mathyas et Elise forment un joli couple inséparable. Leur chien Hola ne les quitte pas. Mon ami Ta d loi du cine s'est procuré dans une bibliothèque parisienne le livre de Mathyas Lefebure dont le film est une adaptation. Il compte écrire un billet dessus dès qu'il l'aura terminé.
Au pays de nos frères est un très beau film iranien découpé en trois parties et trois années : 2001, 2010 et 2021. En préambule, on nous annonce qu'il y a 5 millions d'Afghans qui vivent en Iran sans avoir les mêmes droits que les Iraniens de souche. En 2001, Mohammad, un jeune Afghan de 14 ou 15 ans, suit sa scolarité dans un lycée. C'est un élève doué. Un jour, en quittant le lycée, il est arrêté par des policiers qui lui demandent ses papiers. Il se retrouve, contraint et forcé, à éponger une inondation dans un local de police. Il revient plusieurs fois dans les jours qui suivent. Mohammad a un tendre sentiment envers Leïla, qui cueille des tomates dans une serre. Un des policiers qui a arrêté Mohammad devient un dangereux prédateur pour Mohammad (qui a des yeux magnifiques). Je vous laisse découvrir comment Mohammad arrive à éloigner son tourmenteur. En 2010, c'est Leïla qui est le personnage central de la deuxième partie. Elle a épousé un autre que Mohammad. Elle est devenue femme à tout faire dans une famille aisée qui vit dans une belle maison en bord de mer. Elle a un petit garçon. Quand cette deuxième partie commence, elle retrouve son mari mort par terre dans une remise. Leïla est terrifiée car elle n'ose pas annoncer cette nouvelle à ses patrons de peur d'être expulsée vers l'Afghanistan. Je vous laisse découvrir comment elle arrive à se débarrasser du corps de son époux défunt sans alerter personne. Dans la troisième partie en 2021, c'est Qasem, le père de Mohammad qui est le personnage principal (avec sa femme sourde). Qasem apprend que son fils qu'il croyait en Turquie est mort en soldat en Syrie. On a pu identifier Mohammad grâce à son portable qui est presque devenu une plaque d'identité. Qasem est dévasté mais avec la mort de son fils, son statut de citoyen de seconde zone va changer. Le film est très bien construit. On est chaviré par ce qui arrive aux personnages. Le film dure 1h35 et je le recommande. Lire les billets de Pascale et Selenie.
CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR.
Critiques et opinions sur films, livres et spectacles.
[Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (241 commentaires, du 17/01/07 au 16/05/25)].
STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)
* Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
2910 billets (au 19/05/25), dont tous ont eu au moins un commentaire
35 300 commentaires (au 20/05/25 [+ 2 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 261 dasola] par au moins 1284 personnes, dont 89 (re)venues en 2025
417 blogueurs [dont 138 actifs en 2025] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1268 (au 20/05/2025) commentaires (voir ci-dessus)
Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 82 au 04/03/2025 (via "Newsletter" ci-dessus)