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Le blog de Dasola
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28 septembre 2023

Le procès Goldman - Cédric Kahn

Je me réjouissais d'aller voir Le procès Goldman de Cédric Kahn après avoir vu plusieurs fois la bande-annonce, lu de bonnes critiques sur des revues ou des journaux et entendu les acteurs. Personnellement, je n'ai aucun souvenir de ce deuxième procès en appel concernant Pierre Goldman (1944-1979) qui s'est déroulé en 1975 à Amiens. Il était jugé pour quatre braquages à Paris dont une pharmacie, boulevard Richard Lenoir à Paris, où la pharmacienne et une préparatrice ont été tuées par arme à feu. Pendant tout le film, on ne quitte pas la salle d'audience, sauf les 10 premières minutes, qui servent de préambule, pendant lesquelles l'avocat Georges Kiejman apprend par une lettre d'un confrère tout le mal que Pierre Goldman pense de lui. Il le traite de "Juif de salon". Et cependant Kiejman (très bien interprété par Arthur Harari) va défendre Pierre Goldman, Juif polonais né en France comme lui. Dans sa première intervention, Goldman (Arieh Worthalter, intense avec ses lèvres serrées) déclare qu'il est "innocent, parce qu'il est innocent" des crimes dont on l'accuse. Face à eux, j'ai trouvé que la prestation de Nicolas Briançon dans le rôle de l'avocat de la partie civile était excellent. Pendant le procès, on retrace la vie de Pierre Goldman qui avoue qu'il n'est pas un être parfait mais qu'il n'aurait jamais tué deux femmes sans défense. On apprend qu'à part le soir des meurtres, il n'y a pas eu de vraie enquête et il semble que Pierre Goldman, le 19 décembre 1969, s'est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Tout cela pour dire que j'ai trouvé le film un peu long pour ce qu'il raconte, je n'ai pas été passionnée de bout en bout; et il faut dire aussi que Pierre Goldman n'était pas un monsieur très sympathique même s'il a eu le soutien de Régis Debray et Simone Signoret. J'ai eu parfois l'impression qu'il y avait des moments convenus et on se demande en entendant les témoins du drame comment Pierre Goldman a pu être acquitté même si ce n'était que des témoignages et non des preuves. J'ai aussi remarquer la présence de Jerzy Radziwiłowicz (qui a joué le personnage principal dans L'homme de marbre (1977) et L'homme de fer (1980) d'Andrzej Wajda) qui interprète le rôle du père de Pierre GoldmanLire le billet de Pascale

27 septembre 2023

Sur la route du cinéma - Présentation de Pascale (après son 500e commentaire sur le blog de dasola)

Il y a plusieurs mois (le 11 janvier 2023!), Pascale avait demandé (dans un commentaire sous le billet "16 ans / 2500e billet") ce qu'on gagnait avec 500 commentaires. La réponse s'impose aujourd'hui puisqu'elle a récemment franchi ce cap (après trois commentaires arrivés durant l'été 2009, c'est en mai 2016 qu'elle a commencé à commenter régulièrement les billets "cinéma" de dasola: elle en a commenté pratiquement un tiers). À peine quelques jours après Manou (elles avaient été sollicitées quasiment en même temps), voici donc un nouvel "Entretien avec une blogueuse". C'est le deuxième concernant un blog "cinéma", après celui de Ffred qui remontait au 18 octobre 2018 (il a publié son "clap de fin" il y a déjà deux ans), et le neuvième à ce jour (les autres étant pour la plupart des blogs littéraires) (1)
Dans un premier temps, Pascale m'a répondu un mail avec plusieurs exigences: que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) cesse de la vouvoyer; que je lui explique ce que signifie "ta d loi du cine" (scoop: il s'agit d'un anagramme de mes nom et prénom), que je lui dise mon prénom... (non!) puis m'a envoyé un nouveau mail quatre heures plus tard (de mon côté, j'ai pris connaissance des deux en même temps et en temps différé!): "finalement je suis gentille. Je me suis plongée dans le questionnaire et y ai répondu. C'est tellement merveilleux de parler de soi. Voilà le fruit de mes réflexions". 

A toi la parole, donc, Pascale! ;-)

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Pascale Bonjour Pascale, pour que les lecteurs comprennent bien qui vous (sic!) êtes, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour je m'appelle Pascale et je suis alcoolique ce qui n'est pas un pseudo sinon j'aurais choisi dasola ou ta d loi du cine (mais c'est déjà pris).
Quelque chose de très énigmatique et mystérieux pour entretenir un côté ténébreux indéchiffrable.
J'avais pensé Francesca Johnson ou Sally Gerber mais Gerber en français... ce n'est pas trop glamour.
Il y avait aussi Albertine Sarrazin mais j'ai trouvé que cela faisait prétentieux. Alors je me suis dit, tiens pourquoi pas Pascale ?
J'ai eu une période dans ma folle jeunesse où certaines personnes ne me connaissaient qu'en tant que Joséphine (qui est mon deuxième prénom que je trouvais absolument vertigineux de beauté).
Maintenant, j'aime bien celui que m'ont donné mes parents.
Un jour on fait la paix avec soi-même et c'est beau.

Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques ?

De quel ordre ? Parce qu'il peut y avoir du dos' !
J'ai tellement évoqué ma vie mon œuvre mes amours mes emmerdes dans une rubrique (pas très) cachée de mon blog que j'ai l'impression qu'on connaît même la couleur de ma chambre (qui a changé depuis mais bon, on va pas chipoter). En tout cas ce que j'ai bien voulu raconter (je garde mes soucis de jardinage et mes prouesses musicales pour moi).
Je vis près de Nancy depuis 28 ans après avoir vécu à Lille, à Montmartre plusieurs années et je suis originaire de Maubeuge, ça ne s'invente pas et je trouve que je m'en tire plutôt bien...
C'est toujours l'amour qui m'a fait prendre mes clics et mes clacs et partir vers de nouveaux horizons. Je ne regrette rien. Rien de rien. Allez zou, on avance.

Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous (car une spectatrice de 20 ans n'ayant pas le même ressenti qu'une de 60, cette information a son importance)?

J'ai eu l'heureuse surprise de découvrir lorsque j'annonçais il y a 4 ans que je changeais de décennie et que cela ne me réjouissait guère, qu'une blogueuse me dise : si vous passez les 30 voire les 40 ans, ce n'est pas bien grave.
Alors non je ne dis pas mon âge (je le dirai quand dasola répondra aux commentaires sur son blog ou nous dira son prénom) mais je suis ravie que mon style d'écriture donne une impression de jeunesse (éternelle), même si je ne suis pas une acharnée du jeunisme.
Cela dit, ceux qui suivent mon blog, les quelques rares fidèles qui s'obstinent depuis des années n'ont pas trop de mal à faire le calcul (ce n'est pas un âge à trois chiffres non plus).
Pour les autres, ce n'est pas très important. Je n'ai pas de profil Tinder (contrairement à Brad Pitt) mais si certains veulent des informations ils peuvent m'écrire : uupascale@gmail.com

Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec le cinéma?

Non, c'est grave docteur ?
Je pense qu'il y avait une marmite cinéma chez mes parents, je suis tombée dedans vers l'âge de cinq ans.
J'ai fait des études littéraires et ai été tentée par le métier de script.
Cela ne s'est pas fait. Tant pis.

Parlons un peu de vous et de votre site...

Mais oui quelle bonne idée !!! ça vous est venu comment de vouloir parler de moi et de mon site ?

... Sur la route du cinéma (qui existe depuis mars 2006). Dans quel contexte et pourquoi avez-vous souhaité le créer?

2006 !!! La vache, ça file non vous ne trouvez pas ?
À l'époque j'échangeais toutes mes impressions à propos des films avec une blogueuse que je ne connaissais pas encore dans la vraie vie, car curieusement, personne dans mon entourage n'est (aussi) cinéphile (que moi). Et face à la quantité de films que je vois, « les gens » ont tendance à me dire « on ne peut pas discuter cinéma avec toi », ce qui m'attriste un peu, beaucoup, vraiment très fort même...
C'est donc cette blogueuse qui m'a incitée à créer un blog. Elle devait en avoir assez de lire mes mails et d'y répondre parce qu'elle était polie.

Vous possédez votre propre "nom de domaine". Le blog semble utiliser la plateforme "Hautetfort": pourquoi ce choix ?

La plate-forme Hautetfort est d'une simplicité enfantine pour qui n'y connaissait rien. À l'époque, cette plate-forme était vraiment « animée » par des intervenants à qui l'on pouvait poser beaucoup de questions en cas de problèmes ou de simples difficultés (car oui des difficultés simples existent). Depuis, c'est devenu complètement abstrait, dommage.
Au bout de quelque temps, mon blog est devenu VIB (Very Important Blog, la classe internationale, ça a changé ma vie vous pensez bien...). Je suppose que cela tient au nombre de mes publications qui sont régulières et presque ininterrompues. Haut Et Fort m'a offert cette extension « pro » gratuite pendant deux ans. Ensuite, j'ai payé le nom de domaine.

Quel est votre but avec ce blog ?

Ecrire. J'adore cela. Ecrire sur le cinéma, c'est assez « simple » puisque j'ai un support, une base qui me permet de divaguer sur mes émotions. Les émotions sont le moteur de ma vie. Et puis garder une trace de tous les films que je vois, les inoubliables et ceux dont je ne me souviens même plus les avoir vus.

En moyenne et à titre indicatif, combien voyez-vous de films par semaine / par mois? Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour ?

C'est vertigineux. Je dirai 5 films par semaine en salle (et pourtant j'ai une vie hors cinéma très remplie). Et j'en regarde aussi à la télé ou en DVD.
Quant aux chiffres, je ne m'y intéresse absolument plus depuis des années. Il me faudrait un statisticien comme dasola.
Il y a quelques années, mon blog atteignait 1 000 visites par jour, cela me paraissait ENORME. Compte tenu du nombre décroissant de commentaires d'année en année, ce chiffre ne doit plus être d'actualité. Mon blog est sans doute devenu plus confidentiel. Cela n'a strictement aucune importance pour moi. Malgré des périodes de plus en plus fréquentes de lassitude, je tiens bon. C'est difficile d'arrêter ce compagnon de route.
J'aimerais cependant que ceux que je croise dans certains festivals et qui viennent me voir, commentent alors qu'ils ne le font pas.

Suivez-vous les statistiques de votre blog? Avez-vous une idée du nombre de vos visiteurs?

Absolument pas. Absolument aucune idée. Vous êtes sourd, je l'ai dit au-dessus ?

En tant que spectatrice, comment vous définiriez-vous ? Le cinéma tient-il un rôle important dans votre vie ?

Non le cinéma ne m'intéresse absolument pas. C'est une perte de temps. Je ne comprends pas qu'on puisse se passionner pour un art (mouarf) aussi insignifiant.
Allez, je vous fais une confidence. Le cinéma est VITAL pour moi. Il est mon havre, ma cachette, l'endroit où il me semble qu'il ne peut rien m'arriver.
Mais il est aussi l'endroit où j'apprends, je découvre, je m'enthousiasme, je m'agace, je m'extasie, j'aime, je tombe amoureuse, je m'émeus, je ris, je pleure, je tremble, je me cramponne... (complétez les pointillés).
J'en ai besoin. Je crois que je n'ai jamais vécu sans cinéma. J'aime l'odeur de la salle, parcourir les couloirs qui m'y mènent. J'aime la taille de l'écran et sa texture, les petits trous dans la toile me fascinent, la lumière qui s'éteint. Je n'suis pas folle vous savez !
Avez-vous remarqué la phrase en exergue de mon blog tirée de La conjuration des imbéciles, John Kennedy Toole (que je vous recommande pour un prochain pavé de l'été) : "Je ne parviens pas à comprendre ce qui me pousse ainsi à voir des films ; on dirait presque que j'ai cela "dans le sang." Ignatus

Avant-premières, rencontres avec les réalisateurs, les acteurs, festivals... Les recherchez-vous ?

Avec les années je participe beaucoup moins aux avant-premières et aux rencontres. Je n'aime plus trop aller au cinéma le soir. Depuis quelques mois, je m'y suis « remise » et c'est vraiment formidable de croiser certains réalisateurs. Ils semblent souvent très demandeurs de ce genre d'échanges (sauf Nathan Ambrosioni qui trouve que les rencontres avec les spectateurs sont faites pour les retraités).
Je participe à plusieurs festivals au cours de l'année, pas les plus prestigieux, même si je rentre tout juste de la Mostra de Venise, mais sans doute les plus chaleureux et accessibles. Dans un festival, on se trouve immergé. Les spectateurs viennent pour cela, enchaînent les séances et discutent. Les rencontres avec les équipes de films sont formidables, passionnantes, enthousiasmantes.
C'est une coupure absolument incroyable dans le rythme du quotidien. Pendant quelques jours, seul compte le cinéma. C'est magique.

Votre type de salle de cinéma préféré ? Multiplexes ? Art et essai ?

Les deux, même si j'aime infiniment « mon » très vieillot cinéma Art et essai Le Caméo.
J'ai la chance à Nancy que les cinémas Ugc et Le Caméo aient conclus un partenariat depuis au moins vingt ans. J'ai donc accès à toutes les salles (28) grâce à ma carte UGC qui me coûte 21,90 €uros. Sans cette carte providentielle, je ne verrais sans doute pas autant de films.

Et le cinéma « en boite » (DVD, TV, « vidéo à la demande », visionnage sur ordinateur portable...)?

Dvd, Tv oui avec grand plaisir.
Ordinateur, voire téléphone : jamais.
Et je ne suis abonnée à aucune plate-forme qui commence par N, O, A ou C ! Aucune.

Comment choisissez-vous vos films? (bouche-à-oreille, article de presse, hasard...)? Avez-vous un genre favori? Un réalisateur et/ou un acteur – vraiment – préféré?

Tout m'attire, les réalisateurs, les acteurs, les synopsis. Une histoire peut m'attirer ou un acteur, une actrice, un réalisateur, une réalisatrice dont il m'est impossible de rater un film. Parfois une critique (je ne lis que Télérama) peut m'inciter alors que je n'aurais pas forcément choisi ce film.
Je suis très éclectique dans mes choix il me semble : drame, action, comédie, guerre, aventure musical, thriller, policier, espionnage, fantastique, western... tout m'intéresse et me tente. Seuls les films d'horreur me rebutent un peu même si j'en ai vus quelques-uns ces dernières années. Je me force pour savoir de quoi il s'agit. Et j'aime aussi énormément voir ou revoir en salle des classiques parfois très anciens.

A quoi êtes-vous sensible dans un film ? La beauté des acteurs/actrices ? Le thème ? L'humour ? Autre ?

Les acteurs, même inconnus, ont une place prépondérante dans mon appréciation. Une belle histoire peut être gâchée par une mauvaise interprétation. Et une histoire médiocre peut être sublimée par une interprétation. 
Mais j'aime aussi par dessus que l'on me raconte une histoire, crédible ou pas, cela n'a pas forcément d'importance. J'aime rire et pleurer au cinéma et il me faut plus que tout de l'émotion. 
En règle générale, je dirais que je suis très amoureuse des acteurs et des actrices car je suis une incorrigible sentimentale.

Offrez-vous des films en DVD (ou Blu-ray...)? Si oui comment les choisissez-vous ?

Cela m'arrive. En général j'offre un film que j'ai aimé à la folie et que j'ai envie de faire découvrir et surtout j'espère que la personne à qui je l'offre l'aime autant que moi.

S'il ne fallait en retenir qu'un? Quel film vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que vous avez pu voir?

Mais elle est impossible cette question !!! 
Je dirais cependant (ce qui pourrait peut-être changer demain, mais peut-être pas): Melancholia de Lars Von Trier. 
Désolée je triche car celui que j'aurais envie que tout le monde découvre est Merrily we go to hell (Joyeusement nous irons en enfer) de Dorothy Arzner.

Pourquoi celui-ci / ceux-ci?

Melancholia est un film que je trouve admirable dans l'évocation de la dépression et exceptionnel dans celle de la fin du monde. Visuellement, il me semble parfait. Tout est fort dans ce film. Cinq minutes sur le visage défait de Kirsten Dunst avec la musique de Wagner qui s'amplifie. J'étais pétrifiée de stupeur.
Le progressif changement de personnalité des deux sœurs, celle qui semble la plus forte et qui décline parce qu'elle a plus à perdre que l'autre fragile, désespérée pour qui tout « a un goût de terre » et qui se sent peu à peu soulagée que tout s'arrête, est tellement bien vu. 
Merrily we go to hell parce qu'il date de 1932, qu'il est le film d'une réalisatrice méconnue, Dorothy Arzner, qu'il est une comédie sentimentale (genre que j'apprécie énormément mais qui vire souvent à la bluette) exceptionnelle d'intelligence et, tant pis, je m'auto-cite, parce qu'on y trouve : « Drame, comédie, larmes, humour, tout est là. L'autopsie au scalpel d'un ratage total, d'un naufrage programmé. Et deux acteurs sublimes. Sylvia Sydney est à croquer, belle, espiègle, courageuse. Fredrich March beau à tomber, ivre quasiment d'un bout à l'autre du film sans jamais verser dans l'excès ou la caricature ».

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Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d'un film vu dans votre enfance ou adolescence?

Le plus pénible est d'avoir vu trop jeune l'Exorciste de William Friedkin. Des semaines de cauchemars ou à ne pouvoir m'endormir.
L'un des plus jolis souvenirs est lorsque je suis sortie de la séance du premier 
Superman avec Christopher Reeve. J'étais persuadée qu'un tel être de lumière descendrait du ciel pour venir me sauver.
J'ai toujours très envie qu'un être de lumière descende du ciel et vienne me sauver (avis aux amateurs qui descendraient du ciel).

Etes-vous parfois tenté par la rédaction de scénarios voire la réalisation (courts-métrages...) ?

Absolument pas. Ce sont des métiers, je n'ai pas ces talents et suis trop angoissée pour porter le poids d'un tournage.

Que pensez-vous des adaptations d'œuvres littéraires au cinéma ?

J'adore ! Parfois j'ai lu le livre et m'empresse d'aller voir le film pour retrouver les personnages. D'autres fois, je ne l'ai pas lu et le film me donne envie de découvrir l'oeuvre écrite. Ce n'est absolument pas un handicap pour moi de connaître l'histoire. Les deux façons de la traiter sont tellement différentes et les modifications ne me gênent pas sauf si pour édulcorer et aboutir à une happy end.
J'ai lu les mille pages du Seigneur des Anneaux après avoir vu la trilogie au cinéma. Puis j'ai lu tous les ouvrages de Tolkien. Merci le cinéma, merci Peter.
J'ai adoré découvrir au cinéma les adaptations de Raison et sentiments, Les quatre filles du Docteur March. J'ai lu toute l'oeuvre des sœurs Bronté et j'aime les films qui en ont été tirés : Les hauts de Hurlevent (version Olivier/Oberon, la seule réussie), Jane Eyre... Mais aussi Cyrano, L'écume des jours, Dolores Claiborne, Misery, Tess, Jude l'obscur, Loin de la foule déchaînée... Liste non exhaustive.
Les citer me donne envie de lire et d'aller au cinéma.

Une opinion sur les « remakes » ? Les « franchises » (suites, reboots...) ?

La plupart des remakes me semble injustifiée, pas nécessaire même si la version de West side story de Spielberg m'a très agréablement surprise ou que Les infiltrés de Scorsese (remake de Infernal affair) était une réussite. Certains sont de vrais ratages : ex. Le temps d'un week-end remake du merveilleux Parfum de femme.

Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle question auriez-vous voulu que l'on vous pose?

Eueueueuh, je ne sais pas moi... peut-être : quelle heure est-il ?
Ou bien plutôt : pourquoi ne pas soumettre dasola à l'épreuve du strip tease bloguesque (2) ?

Merci Pascale!
Route_du_cinema

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(1) Pour lire les huit autres entretiens, par ordre alphabétique et avec la date: Aifelle (le goût des livres) [25 octobre 2017]Alex-mot-à-mots (Mot-à-mots) [23 novembre 2020], Dominique (A sauts et gambades) [28 avril 2017], Ffred (le ciné de Fred) [23 octobre 2018 / clap de fin], Keisha (en lisant en voyageant) [26 avril 2019], Maggie (Mille et un classiques) [12 août 2018], Manou (Dans la bulle de Manou) [14 septembre 2023], Matching points "pour les femmes mais pas seulement" [12 mai 2020 / blog disparu]. 

(2) Pour le moment, dasola en est à 256 commentaires sur son blog (et moi-même, ta d loi du cine, à 201). Bah tiens, pourquoi croyez-vous qu'on ne répond que rarement aux commentaires ici? (je plaisante!). 
... Mais OK, je tutoierai Pascale désormais (chez elle)!

25 septembre 2023

La petite - Guillaume Nicloux

Une des raisons d'aller voir La petite de Guillaume Nicloux, un film sorti le 20 septembre 2023, est l'interprétation de Fabrice Luchini qui, pour moi, a trouvé l'un des rôles de sa vie. Il est extraordinaire et très sobre dans un rôle de père et futur grand-père. Joseph (Fabrice Luchini) qui est veuf depuis cinq ans, vit seul dans la région de Pessac. Il restaure des meubles. Un coup de fil inattendu va chambouler sa vie. Il apprend que son fils et le mari de celui-ci sont morts dans un accident d'avion. Les corps n'ont pas été retrouvés. Il doit faire son deuil même s'il était brouillé avec son fils. Sa fille Aude et soeur du défunt est aussi bouleversée que lui. Après les obsèques, Joseph commence à se préoccuper du sort de son futur petit-enfant. En effet, le couple a eu recours à une mère porteuse en Belgique. Les parents du compagnon ne veulent rien savoir sur ce qui va arriver. Après beaucoup de recherches, Joseph arrive à retrouver, à Gand, Rita, la mère porteuse enceinte jusqu'aux yeux, qui est farouche et pas du tout aimable. Elle est déjà mère d'une fille de 9 ans. Après ce qui est arrivé, elle souhaite mettre le bébé (une fille) à l'adoption. Joseph ne l'entend pas de cette oreille. J'ai trouvé ce film touchant, pas mièvre. Face à Luchini, Mara Taquin, qui interprète Rita, est une révélation. Un film que je conseille tout comme Pascale. Selenie est plus réservée. 

24 septembre 2023

Bilan du Challenge Epais de l'été 2023

L'été se termine, et avec lui le challenge "Les épais de l'été" (lancé par moi, ta d loi du cine, "squatter "sur le blog de dasola), dont le billet commençant par un énorme logo est resté épinglé en tête du présent blog tout l'été: c'est fini! Merci à toutes et tous pour vos participations ;-)

Epais

Il est temps de rédiger un billet de bilan.

Voici donc les chiffres finaux arrêtés au 23 septembre (et que l'on a pu voir monter, jour après jour, dans le billet récapitulatif, avec date de publication du billet): 106 "épais" pour 79 164 pages, par 34 participant(e)s, avec 92 livres différents, par 77 auteurs ou co-auteurs.

Je vais commencer avec un petit palmarès des participant-e-s par nombre de billets. Avec 17 participations, le pompon a été décroché par Mara qui arrive en tête, suivie dans l'ordre par Belette (15), Ingannmic (8), Dasola et Sunalee (5). En sont restés à 4 (ce qui est déjà fort bien!): ClaudialuciaMHF et Sandrion. En ont lu 3 (et, n'est-ce pas, pour un challenge qui durait trois mois, c'est pas mal du tout!): Agnès, Athalie, DocBirdKathel, Sacha... et Ta d loi du cine. Ont réussi à lire 2 épais bouquins (bravo!): Enna, GambadouJigs, Keisha, PatriceViolette. Les autres participant-e-s ont "rempli le contrat" avec une participation prise en compte dans les délais: merci à Aifelle, Anne, Carole Nipette, Doudoumatous, Ecureuil bleu, Gaëtane, Gromovar, Lhisbei, Maggie, Manika27, Martine, Michel Tabras, Nathalie, Sibylline. Et j'espère surtout que je n'oublie personne (participation de dernière minute, non signalée...)!

Neuf inscriptions n'ont pas été honorées (ce sera pour une prochaine fois), avec 3 ou 4 annonces que j'avais précisées (avec optimisme...) dans le "récapitulatif" (ils y sont désormais barrés). Comment avait dit Brize, une fois, dans l'un de ses 11 Bilan de Pavé de l'été? Ah oui: veni, vidi, non vici.

Si l'on veut avoir un aperçu des auteurs ayant eu le plus de succès (avec plus d'un livre): Alexandre Dumas a inspiré 4 participants (pour 3 classiques: six Mousquetaires, une Reine et un Comte). On compte 4 ou 5 J.K. Rowling (selon qu'on décompte ou non à part Robert Galbraith), pour 3 tomes différents de la saga Harry Potter et deux autres titres, et un total de 4 participant(e)s. Certains ont chroniqué plusieurs titres d'un même auteur (pas toujours dans le cadre de la même série), surtout parmi nos recordwomen: ainsi, Belette s'est "acharnée" sur David Gimmel et Stephen King (3 fois chacun) ainsi que sur John Gwynne (2), cependant que Mara a chroniqué 3 Lucinda Riley (dont un posthume), 2 Elizabeth Chadwick, 2 Anne Jacobs. Et Ta d loi du cine (si, si) a relu deux Harry Potter.

En regardant cette fois-ci les oeuvres (ce qui, bien sûr, recoupe le classement par auteurs): deux titres ont inspiré chacun trois participations: Le clou de Zhang Yueran, et Leur domaine de Jo Nesbo. Plusieurs titres ont été chroniqués par deux participants (parfois en VF et en VO): Bret Easton Ellis (pour Les éclats / The Shards). Mais aussi des oeuvres de Jussi Alder-Ossen, Michael Christie, Hans FalladaAlice Ferney, Elizabeth George, Julie Glass, Nino Haratischwili, Jane Howard... que vous trouverez dans le "récapitulatif"! Quelques auteurs ont été chroniqués "à deux titres différents" (Margaret Atwood, R. J. Ellory, Robert GoddardLarry McMurtry). Je signalerai juste pour mémoire la diversité des genres: nous avons eu aussi bien des livres contemporains que des classiques, des nouvelles oeuvres que des rééditions, représentant nombre de pays (nationalité de l'auteur, pays où se déroule l'intrigue - les deux ne coïncident pas toujours), des types d'ouvrages différents (fiction ou non-fiction, littérature, fantasy, polars, romans historiques ciblant des époques variées...), soit un panel très large. Pour le détail, allez voir le récapitulatif ;-)

0 logo retenu_paves2023Je souhaite aussi mentionner Les pavés de l'été 2023 que Sibylline a organisé sur son blog La petite liste, puisque nous avions en parallèle organisé indépendamment nos propres suites au challenge Le pavé de l'été que Brize avait lancé et maintenu durant 11 éditions (de 2012 à 2022), en annonçant ne pas l'organiser en 2023 (mais laisser qui voulait en reprendre l'organisation être libre de le faire). Sibylline a pris en compte ses participations à partir de 550 pages (contre 600 pour Les épais de l'été 2023).

Du coup, elle et moi, nous avons en commun 22 participants pour 82 livres de plus de 600 pages. Sibylline compte en outre 26 participations: 3 pour des publications sur Instagram que j'excluais expressément, 13 billets par 8 participants inscrits chez moi qui ont aussi chroniqué des livres entre 550 et 599 pages (qui n'entraient pas dans mon champ), une ancienne participante chez Brize qui a chroniqué cette année un seul livre de 576 pages, et quatre autres participants ayant au minimum un livre d'au moins 600 pages (7 chroniques au total, qui "auraient pu" venir chez moi...), à côté de deux de moins de 600 que je n'aurais pas pris.

De mon côté, malgré l'information qui figurait dans mon billet de présentation, 13 de mes participants se sont inscrits exclusivement sur Les épais de l'été (pour un total de 24 items). Il s'agit souvent de "fidèles commentateurs" chez dasola. Je pense que Sibylline aurait rejeté un des livres que j'ai accepté: 800 pages dont 365 avec une photo...

Pour promouvoir cette "suite" que nous donnions au Pavé de l'été que Brize n'organisait pas en 2023, j'avais pris la peine d'aller "tirer par la manche" à peu près tous les blogueurs ayant participé à au moins une des éditions chez Brize et ayant un blog encore actif en 2023 (environ 80 sur plus de 150), en tâchant autant que possible de déposer un commentaire sur leur blog. Mais il est possible que mes commentaires chez eux soient passés en "SPAM" et qu'ils ne les aient jamais lus (ce sont souvent des blogs sous la plateforme wordpress). En tout cas, 26 de mes 43 inscrits avaient participé à au moins une (et même à 11, pour Enna et Keisha!) des éditions du "Pavé de l'été" de Brize. Finalement, 23 des "anciens" de Brize ont contribué aux Epais de l'été avec au moins un billet en 2023. 

Quelques observations complémentaires (si ce n'est pas abuser de votre attention...):

Il est arrivé qu'un titre de livre soit annoncé des semaines voire des mois à l'avance (certaines lectures n'ont d'ailleurs pas été concrétisées, en tout cas pas jusqu'à la rédaction d'un billet); à l'inverse, en prenant la peine de signaler l'existence des challenges estivaux sur de gros bouquins, j'ai obtenu un certain nombre d'inscriptions rétrospectives. Je crois qu'il a exceptionnellement dû m'arriver de cligner des yeux s'il y avait bien le lien mais pas le logo, ou inversement. Il existe des blogs qui ne veulent pas (ou ne savent pas - ce ne sont pas forcément les mêmes) insérer un logo récupéré ailleurs et/ou un lien dans leur billet déjà publié... En tout cas, avec plus de 100 billets ayant participé au challenge qui se déroulait sur trois mois, il a en moyenne été rédigé plus d'un billet par jour sur de "gros bouquins". 

Dans mon "récapitulatif", j'ai pris le parti de mentionner le nombre de pages que compte une oeuvre chroniquée. Je revendique une part de subjectivité dans ces indications. Entre l'édition lue par le blogueur et l'édition "longue" existante, je privilégie la plus longue. Même si une oeuvre publiée en deux tomes existe et même si chacun suffisait à faire un pavé, j'ai privilégié pour mes comptages l'édition (en Pléiade!) qui existe en un seul volume. J'ai (exceptionnellement) rajouté des qualificatifs lorsque plusieurs éditions existaient, soit qu'il s'agisse de celle sur laquelle porte le billet, soit au contraire pour "justifier" la prise en compte dans le challenge via une édition en remplissant les conditions: "écouté en audiolivre; en VO; en grands caractères...". Je n'ai par contre jamais eu de cas où plus d'une de ces "précisions" soit nécessaire. Comme je l'avais précisé, certains sont trop honnêtes et "ne veulent pas tricher", parce que l'édition qu'ils ont lue ne compte pas le nombre de pages requis, cependant qu'il en existe une ou plusieurs autres remplissant les critères et faisant que j'aurais avec plaisir accepté leur billet...

En stricte arithmétique, si chaque participant-e avait fait un commentaire sous chaque billet rédigé par les autres (et avait aussi répondu chez lui), on aurait pu espérer la génération de ... beaucoup de commentaires sur la blogosphère (en tout cas, le billet "récapitulatif" a battu un record chez dasola: 123 commentaires - par 46 blogueurs différents). Certains déploreront peut-être de n'avoir eu que peu de commentaires malgré leur inscription aux challenges. La question qui se pose est: et vous, au fait, chez combien d'autres participants avez-vous fait des commentaires? Pour ma part, je m'étais engagé à aller en faire un sous chaque billet. Mais certaines plateformes (mais je ne vais pas dénoncer, hein wordpr...) semblent réfractaires à mes commentaires: j'ignore si mon "profil" est blacklisté par certains utilitaires antispam... ou par le blogueur lui-même (qui, peut-être, accepte exclusivement les commentaires de personnes déjà connues?), ou encore si mes commentaires attendent une validation expresse dans une catégorie "Indésirable" où le blogueur ne songe jamais à aller... et qui finit par les supprimer automatiquement au bout d'un certain délai. Il y a tellement de paramètres et de réglages possibles... 

À titre personnel, encore une fois, je n'aurai pas réussi à chroniquer ni même à finir de lire mon gros Stevenson. Ce sera pour une prochaine fois (prochaine édition, prochaine année...)! Et si j'avais mis la barre à 650 pages (comme je le ferai peut-être l'an prochain?), seuls 31 livres auraient été éliminés, et il y aurait encore eu 28 participant-e-s pour 75 billets! Peut-être qu'idéalement, il faudrait compter le nombre de caractères (hors espaces!) plutôt que le nombre de pages... Ce sera peut-être possible le jour où tous les livres seront disponibles sur "liseuse", je ne pense pas que ce soit déjà le cas (et vive le papier!).

Je termine en réitérant mes remerciements à toutes et tous les participant-e-s, et aussi à Brize qui avait initié en 2012, puis porté pendant 11 éditions, ce concept d'un challenge estival sur des "pavés" qui constituait un rendez-vous annuel connu, attendu et même préparé par certains et certaines, pour avoir laissé qui voulait le faire en reprendre l'organisation pour 2023. 

22 septembre 2023

Les feuilles mortes - Aki Kaurismäki

Prix du Jury au dernier festival de Cannes, Les feuilles mortes du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki est un petit bijou même si le ton du film est un peu triste et morne. Il se passe de nos jours. En effet, Ansa, l'héroïne du film, écoute une radio d'info qui ne parle que de la guerre en Ukraine au moment du bombardement de Marioupol et de son théâtre. A Helsinki, ville grise, Ansa, qui est célibataire, vit dans un appartement hérité de sa marraine. Il est situé au rez de chaussée d'un immeuble. Elle travaille dans un supermarché à remplir des rayons. Du jour au lendemain, elle est virée car elle s'est permis de prendre dans son sac à main un produit périmé qui aurait dû être mis à la poubelle. Holappa, lui, travaille dans une usine. Il boit trop. Un soir, lors d'une soirée karaoké, Hoppala qui accompagne un collègue remarque Ansa qui fait un peu tapisserie dans la salle. Ils font plus ample connaissance en allant au cinéma "art et essai" où sont collées plein d'affiches de films français des années 50 et 60. Ils souhaitent se revoir mais des obstacles se dressent sur leur chemin. La dernière réplique du film se rapporte au prénom d'un chien appelé Chaplin. Ce film de 1H22 vaut vraiment la peine d'être vu. C'est une histoire simple qui fait du bien. A noter que le titre se réfère à la chanson "Les feuilles mortes" de Jacques Prévert que l'on entend chanter à la fin en finnois. Lire le billet de Selenie.

21 septembre 2023

Les dépossédés - Ursula K. Le Guin

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C'est d'extrême justesse que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réussis à monter à bord du XIVe challenge Summer Star Wars ("Andor"), qui se termine avec l'été 2023, comme son nom l'indique. Mon billet pourra aussi s'inscrire au 11e challenge de l'Imaginaire. Il concerne un classique de la SF, que j'ai pour ma part découvert très récemment, via la blogosphère. 

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Les dépossédés, Ursula K. Le Guin, 1974 (trad. française 1975), Le livre de poche N°7288, imprimé en juillet 2023, 446 pages

Jusqu'à récemment, je n'avais jamais entendu parler d'Ursula K. Le Guin (1929-2018), surtout connue pour sa série Terremer. Les dépossédés s'inscrit dans un autre cycle, Le livre de Hain (qui comprend un total de 7 titres), mais peut tout à fait se lire comme une oeuvre indépendante (c'est en tout cas ce que j'ai fait!).

Le volume débute par la représentation graphique de deux planisphères. Sur Urras, d'un océan unique émergent deux continents et quelques autres terres plus ou moins étendues. Sur Annarès (que l'on apprendra dans le roman être une lune d'Urras - si j'ai bien compris), une terre unique ceinture la sphère, sépare ainsi deux mers principales et en comprend quelques autres, intérieures, plus petites. Les populations (d'essence humaine) d'Urras et d'Annarès ont la même origine, mais se sont séparées il y a environ deux cent ans (sept générations) quand commence le roman. Annarès est cantonnée dans l'isolement, et visitée huit fois dans l'année par des vaisseaux spatiaux d'Urras, dont l'équipage ne peut sortir du "Port" d'Annarès. Le vaisseau du jour va embarquer un passager en provenance d'Annarès, ce qui est rigoureusement inédit... 

J'avoue ici que j'ai failli me faire happer et repartir pour une lecture depuis le début, alors que j'ai fini ce livre il y a déjà quelques semaines et que je voulais juste me rafraîchir les idées. Je vais donc essayer de ne pas le raconter! 

Disons que ce mystérieux passager, Shevek, est une personnalité hors du commun, un "physicien" surdoué à qui Annarès n'a plus rien à apporter mais qui va chercher, lui, à apporter quelque chose à Annarès (et, accessoirement, à Urras et au reste de l'humanité): une révolution dans le déplacement interplanétaire.

Le génie d'Ursula K. Le Guin est de nous décrire deux univers par le "truchement" de Shevek (certains épisodes renvoient à son enfance, d'autres à sa vie adulte avant son départ de sa lune natale...). Ainsi s'enchevêtrent différents chapitres, tant par des retours en arrière (les années de formation puis la jeunesse du "transfuge"), que par ce qui lui arrive une fois arrivé sur Urras (où il était attendu "comme le Messie" par les scientifiques locaux).
Par ce biais nous sont dépeints des univers mentaux différents, des philosophies de la vie différentes. Sur Annarès, la population (quelques centaines de milliers de personnes) mène un mode d'existence, une vie communautaire autosuffisante (par obligation), qui, m'a-t-il semblé, peut ressembler à l'image d'Epinal du Kibboutz des débuts du sionisme. Une société (une vie sociale) a été mise en place "ex nihilo" par ceux à qui a été accordé jadis le droit de peupler Annarès, pour y vivre en accord avec les préceptes définis par celle qui a "inventé" leur mode de vie: Odo. Sorte de "guide spirituel" (désormais statufiée et mythifiée), elle a mis en route la voie ardue de l'utopie communautaire. Ces "exilés" odoniens ont ainsi pu mettre en pratique un mode de vie (sans argent) que ne souhaitaient pas conserver en leur sein les unes ou les autres des civilisations entre lesquelles Urras est divisée... 

Cette société annarienne m'a semblé mettre en application au quotidien l'anarchie (la vraie), celle qui forme les individus à être capables de vivre collectivement dans une société sans organes de pouvoir. Mais il n'est pas simple de concilier idéal de liberté collective et contrainte par des normes sociales intériorisées... qui interdisent de questionner ce fonctionnement même, celui qui régit les limites de la liberté individuelle. 
En tout cas, ces "libertaires" pacifiques et frugaux sont différents des libertariens à l'américaine, que je conçois comme des individualistes forcenés prêts à défendre, par la force s'il le faut, leur “droit” à vivre égoïstement, en refusant toute contrainte collective, et en premier lieu tout impôt destiné à la prise en charge de l'intérêt général. 

Ce qui concerne Urras peut être vu comme des caricatures des sociétés étatsuniennes, soviétiques, chinoises, africaines (qu'il s'agisse de climat, d'organisation politique, policière...). 
Chaque situation évoquée amène des développements parfois pas si évidents... et on tourne page après page. Au final, j'ai trouvé qu'il s'agit d'un beau libre. D'un très beau livre. D'un très grand livre. D'un livre passionnant. D'un livre magnifique de subtilité et d'intelligence, qui amène à la réflexion. 

C'est grâce au blog de Lybertaire que je l'avais découvert.
Dans le cadre des différents challenges Summer Star Wars, Elassar l'avait chroniqué en 2022, Baroona en 2014.

19 septembre 2023

Un métier sérieux - Thomas Lilti

Après Première année, il y a 5 ans, j'ai été contente de voir le nouveau long-métrage de Thomas Lilti, réalisateur et aussi médecin généraliste de profession. Le métier sérieux du titre est celui d'enseignant. Benjamin (Vincent Lacoste) est un professeur de mathématiques contractuel qui débute dans le métier dans un collège de banlieue parisienne. Il remplace un professeur absent. Il est tout de suite dans le bain en enseignant dans une classe de 3ème. Les élèves sont turbulents mais sans plus. Ce n'est pas un collège à problèmes, peut-être parce que le principal de l'établissement le dirige d'une main ferme. Pendant une année scolaire, on suit Benjamin qui arrive à se faire apprécier de ses élèves mais surtout tisse des liens d'amitié avec d'autres enseignants dont Pierre (François Cluzet), professeur de français, Fouad (William Lebghil), professeur d'anglais ou même Meriem (Adèle Exarchopoulos), elle aussi prof de mathématiques. On observe que la vie personnelle des enseignants n'est pas toujours très simple. Pierre ne parle plus à son fils; Meriem, elle, est séparée de son compagnon et partage la garde de son petit garçon, Sandrine (Louise Bourgoin), professeur de SVT, a un garçon violent de 16 ans qui se met à boire. Quant à Fouad, sa compagne est partie avant qu'ils n'envisagent de faire un enfant. Il y a des mises en situation intéressantes qui ne sont qu'amorcées, elles ne vont jamais jusqu'au bout, sauf celle d'un conseil de discipline dans laquelle un garçon est renvoyé définitivement pour mauvais comportement. J'ai trouvé le film réussi avec des acteurs convaincants. Mon ami Ta d loi du cine s'est demandé combien d'enseignants se trouvaient dans la salle bien pleine. Je conseille.

18 septembre 2023

Harry Potter et l'ordre du phénix - J. K. Rowling (livre) / David Yates (film)

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Bon, c'est de justesse que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réussis à finaliser un troisième billet dans la dernière ligne droite (troisième mois) pour les challenges estivaux (l'automne sera bientôt là): "Les épais de l'été" que j'organise chez dasola, et "Les pavés de l'été", organisé de son côté par Sibylline sur son blog. Je continue dans la saga de J. K. Rowling en traitant cette fois-ci son cinquième volet, après mon billet précédent sur Harry Potter et La Coupe de feu.

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J. K. Rowling, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Folio junior N°1364, 2003, 1032 pages. 
David Yates, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, 2007, 138 minutes.  

P1160686Cette fois-ci, je vais commencer mon billet par le film (sorti en 2007 - et chroniqué par dasola à l'époque). Lors d'une belle journée estivale, Harry qui se trouve dans un square se fait embêter par son cousin Dudley et ses acolytes, lorsqu'éclate un orage soudain. Puis tout va très vite: en même pas 10 minutes (correspondant à peu près à 75 pages du livre), nous voici arrivés au repaire du fameux "Ordre du Phénix". À la suite de cela, Harry découvre les plaisirs du Ministère de la magie avant la rentrée à Poudlard (29 minutes / 240 pages). Vous dirai-je que la préfecture ne revient pas à qui l'attendait? Encore une fois, la personne qui doit enseigner la "défense contre les forces du mal" ne se révèle guère sympathique, que ce soit en terme d'encre ou de postulats en cours (et nous voilà à la 40e minute et vers la p.320). À l'initiative du Ministère, l'Inquisition débarque à Poudlard, cependant que tel ou tel de nos héros réagit en protestant. Mais Dumbledore fuit Harry, et son parrain lui donne le meilleur des conseils: "vous devez vous débrouiller seuls!" (50e minute - et différence avec le livre). Bisous à la 103e minute (p.544). Les leçons d'occlumancie comme l'attaque du serpent sont expédiés en quelques courtes séquences. Evasion collective d'Azkaban à la 76e minute (p.647), et évaporation de Dumbledore à la 82e (p.741). Mais la révolte contre la nouvelle direction de l'école éclate en feu d'artifice à la 92e minute: un grand moment à l'écran! La bande d'Harry investit le ministère après la 100e minute (p.912). Et ça cavale, et ça cavale. 

Au final, dans ce cinquième volet de la saga, il se passe et se dit plein de choses à l'écran. Avec une phrase pour 10 minutes de film, je ne vous ai presque rien dévoilé, hein! Moins qu'une bande-annonce en tout cas. Je rajouterai juste que la tête de Sirius dans le feu est traitée différemment que dans le 4ème film (qui n'était pas de Yates). Le concierge Rusard tient une place non négligeable dans ce film, avec quelques gags récurrents et muets. Pas de Quidditch dans cet opus cinématographique par contre. Les géants n'apparaissent pas non plus à l'écran (ou guère). Et, anecdotiquement, j'ai eu l'impression qu'Hermione confondait quotient intellectuel et sensibilité dans la scène montée?

P1160685À chaque fois que je relis la phrase "Ce n'est pas parce que tu as la capacité émotionnelle d'une cuillère à café qu'il en va de même pour tout le monde" (p.547), je rigole. Mon édition du livre, achetée d'occasion en 2007 et relue plusieurs fois depuis, a... vécu (pages et couverture cornées...). Ce long livre (1032 pages, le plus long des cinq alors parus) retrace comme les autres une année de Poudlard, mais une année plus difficile que jamais encore pour Harry. Il devra y subir la mort d'un proche (ce n'est pas la première fois bien sûr), mais il sera aussi en butte à une forme de persécution institutionnelle, alors que sa "célébrité" passée (l'enfant qui a permis naguère la disparition de Qui-vous-savez) se retourne contre lui (l'adolescent perturbé qui veut se rendre intéressant en faisant croire que Qui-vous-savez est de retour).

Et leurs hormones travaillent nos adolescents, même si Hermione-la-surdouée garde ici la tête la plus froide. Quand certains piliers de l'équipe de quidditch de Gryfondor se font interdire de jeu par mesure disciplinaire, Hermione se mêle du choix de leurs suppléants. C'est elle encore qui a l'idée d'organiser la résistance des élèves à la tyrannie, alors que l'Ordre du Phénix s'apparente davantage à un mouvement d'anciens combattants. À un moment, entre renvoi d'un enseignant, départ à l'hôpital d'un autre, et profil bas de la plupart, Harry se retrouve en manque de soutien adulte à Poudlard. Les séances d'examen des BUSE (brevet universel de sorcellerie élémentaire) sont longuement développées dans le livre: cette cinquième année est bien une année-charnière.

Il y a bien évidemment dans le livre des séquences, des explications, des scènes entières, qui sont dans le film traitées très elliptiquement voire pas du tout, comme la grande explication finale entre Harry et Dumbledore, dans le bureau de ce dernier, où Harry pique une véritable crise de nerf. On recroise le personnage de l'elfe Dobby, ainsi que le centaure Firenze jadis rencontré dans la Forêt interdite, alors qu'ils ne figurent pas dans le film. Le concierge Rusard se fend de discours venimeux. Harry a l'occasion de se demander s'il n'a pas quelque peu idéalisé son père. À la fin du livre, Harry doit une fois de plus retourner chez sa tante, son oncle et son cousin, mais ces derniers récoltent une mise en garde mémorable.

Et voilà... Je pense qu'il va s'agit de ma dernière participation pour 2023 aux challenges sur de gros livres. Au moins, j'aurai réussi à en publier une par mois. 

Dans le cadre des challenges "Pavé de l'étéde Brize (organisés entre 2012 et 2022), Tiphanie l'avait lu en VO dans le texte en 2013. 

Edit du 21/09/2023: Bon sang mais c'est bien sûr, Harry Potter peut aussi participer au 11e Challenge de l'imaginairecli11-02

16 septembre 2023

Mystère à Venise - Kenneth Branagh

Si vous allez voir le film Mystère à Venise d'après le roman d'Agatha Christie intitulé la Fête du potiron ou le Crime d'Halloween, oubliez le roman car le film n'est vraiment qu'une lointaine adaptation... C'est la troisième fois que Kenneth Branagh s'inspire d'un roman de la "reine du crime". L'intrigue se passe non pas en Angleterre mais dans la Cité des doges, dans un palais délabré et sinsitre où il semble se passer des phénomènes surnaturels. On entend même des voix d'enfants. La romancière Ariadne Oliver, l'amie d'Hercule Poirot qui est désormais à la retraite, le convainc de venir dans le palais pour participer à une séance de spiritisme qui pourrait révéler ce qui est arrivée à la fille de Rowena Drake, la maîtresse des lieux... On assiste à un véritable huis-clos horrifique avec des morts violentes. J'ai trouvé l'ambiance gothique accentuée par des mouvements de caméra un peu "too much", cela donne le tournis. J'ai appris par ailleurs qu'un certain miel peut donner des hallucinations voire tuer à petit feu. Concenant les acteurs, les rôles secondaires comme Camille Cottin (qui s'exprime très bien en anglais), Jude Hill (le jeune acteur de Belfast), Michèle Yeoh, Jamie Dornan, Kelly Reilly sont très bien. Quant à Kenneth Branagh, je le trouve de moins en moins crédible dans le rôle d'Hercule Poirot. Les dernières images montrent Venise filmée par un drone (enfin, c'est ce que je pense). On se rend compte que c'est une ville très étendue. Un film qui se laisse voir mais qui peut décevoir les admirateurs d'Agatha. Pour info, ce long-métrage a été coproduit par Ridley Scott. Lire les billets d'Henri Golant et Selenie.

14 septembre 2023

Dans la Bulle de Manou - Présentation de Manou (après son 500e commentaire sur le blog de dasola)

Près de trois ans après la dernière présentation d'une blogueuse ayant dépassé les 500 commentaires sur le blog de dasola, voici celle de Manou, qui s'est pliée au jeu pour nous parler de son blog "Dans la Bulle de Manou", un peu moins de 7 ans après son premier commentaire ici (il remonte au 9 novembre 2016), en répondant au questionnaire "sur mesure" que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) lui ai transmis en fin de semaine dernière. Les présentations sont donc désormais au nombre de huit (1), cependant qu'une autre blogueuse qui a franchi presque en même temps le "cap des 500" a été sollicitée en parallèle mais n'a pas répondu à ce jour.

Pour le moment, donc, honneur à Manou, qui disait dans son mail d'accompagnement qu'elle ignorait que les commentaires étaient comptabilisés aussi minutieusement sur le blog de Dasola, ne pas avoir répondu tout de suite car très occupée, ne pas avoir l'habitude de se livrer ainsi, "mais, à partir du moment où on écrit dans un blog, on se dévoile forcément déjà un peu (j'avais d'ailleurs répondu à des tags au début de mon blog pour faire plaisir à de jeunes blogueuses, ils sont toujours disponibles sur mon blog). Alors pourquoi refuser cette sympathique interview ! J'ai répondu sans trop réfléchir le plus sincèrement possible et comme d'habitude je suis un peu longue. Difficile de faire plus court !"

Merci à Manou pour ses réponses que vous pouvez découvrir ci-dessous (en bleu)!

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DanslaBulledeManou_2 Bonjour Manou, pour que les lecteurs comprennent qui vous êtes, pouvez-vous vous présenter ? Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques? Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous (car un lecteur de 20 ans n’ayant pas le même ressenti qu’un de 60, ou bien les disponibilités en temps [de rédaction de billets comme de parcours de la blogosphère] pouvant varier avec l’âge, cette information a son importance)? 

Je peux donner mon âge sans problème, je n’ai aucune réserve à ce sujet.
J’ai 70 ans, je suis mariée, j’ai deux fils qui pour l’instant, m’ont donné trois merveilleux petits-enfants (entre 14 et 3 ans).
Je suis née en Provence et vis actuellement à la campagne dans un hameau au milieu des vignes, mais comme ce n’est pas un secret non plus, j’ai des origines auvergnates par mon père et provençales par ma mère et ma seconde région de cœur est donc le Velay où j’ai la chance d’avoir pu conserver la maison familiale. 

* Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec la littérature ou l'art?

J’ai une maîtrise de Sciences Naturelles et si rien au départ ne me prédestinait à me diriger vers un métier littéraire, c’est en faisant du bénévolat dans une petite médiathèque de campagne que j’ai eu envie de passer le CAFB jeunesse et adulte qui m’a permis de travailler comme bibliothécaire. Puis ensuite, j’ai passé un CAPES de documentation et je suis donc entrée dans l’enseignement comme enseignante-documentaliste. Là j’ai exercé en collège et Lycée pro essentiellement et plus de la moitié de ma carrière en ZEP. 

* Parlons un peu de vous et de votre blog: Dans la bulle de Manou. Dans quelles circonstances avez-vous souhaité le créer? Vous utilisez toujours la plateforme « overblog » (sur lequel vous l’aviez créé en avril 2012). Vous pouvez nous raconter l’histoire de cette création ? Pourquoi ce nom ? Quid de l’achat du nom de domaine ?

J’avais déjà créé plusieurs blogs essentiellement avec "wordpress" pour des projets précis avec des enseignants, ou des clubs de lecture et je connaissais donc bien la blogosphère. J’ai juste eu envie de rassembler mes lectures sur un seul support en mesurant tout ce que j’avais perdu de mes lectures passées. Ayant été nommée plus près de chez moi, faisant moins de trajets en voiture, j’avais davantage de temps pour moi, voilà donc pourquoi j’ai créé mon blog. J’ai choisi ce surnom parce que ma petite-fille dès qu’elle a su parler m’appelait Manou et j’ai trouvé cela tellement adorable que je lui ai en quelque sorte dédiée mon blog. Pour le nom de domaine, ce sont des blogueurs passionnés qui m’ont convaincu de le faire pour diverses raisons, et je ne le regrette pas. 

* Livres, découvertes, créations, voyages… De fait, les articles que l’on peut lire sur votre blog sont très diversifiés (aujourd’hui près d’une trentaine de « catégories », avec un regroupement dans six rubriques de la barre de menu). Etait-ce prévu dès le départ, ou vos centres d’intérêt bloguesques ont-ils évolué au fil du temps ?

Au départ, je voulais surtout garder une trace de mes lectures et je n’étais pas attirée du tout par les blogs uniquement littéraires donc je ne voulais pas que le mien soit littéraire. D’ailleurs les blogueuses et blogueurs littéraires « boudaient » mon blog qui ne leur paraissaient pas assez « sérieux », mais je n’ai pas renoncé, je voulais que mon blog soit le reflet de mes passions et j’ai toujours pensé que par d’autres sujets on pouvait atteindre des personnes non lectrices. Dès le début, durant l’année 2012, j’ai mis des articles sur les plantes, des photos sur mes balades, des recettes de cuisine et des articles sur les traditions provençales. Mais c’est surtout depuis que je suis à la retraite que je développe davantage en rédigeant des articles plus longs.
Avant, entre famille et travail, je ne disposais pas d’assez de temps. 

* Les grandes rubriques sont : voyages et balades ; plantes ; créations ; découvertes (paysages, patrimoine…) ; et bien entendu « bibliothèque ». Désormais, votre blog fait donc la part belle à la nature, aux plantes, aux oiseaux (et autres animaux !). Quel est votre but avec cet éclectisme ? Souhaitez-vous détailler, préciser ? Les lecteurs de votre blog semblent-ils réagir davantage à certains thèmes qu’à d’autres ?

Je n’ai pas de but précis, j’écris des articles en fonction de ma vie d’aujourd’hui, je m’adapte à mon quotidien, parfois cela fait des articles répétitifs comme les fleurs du jardin au printemps, par contre cette année je ne reparlerai pas des vendanges alors qu’elles ont commencé depuis 15 jours parce que j’ai d’autres sujets à partager. 
Les lecteurs de mon blog ne sont pas tous des lecteurs et je le dis assez souvent, ils ont le choix de ne commenter que les articles qui les intéressent vraiment, enfin c’est ce que je souhaite. 

* Vos aquarelles sont magnifiques. Depuis quand pratiquez-vous ? En autodidacte ou en l’ayant étudiée ?

Merci ! 
Cela ne fait pas longtemps… Comme je l’ai raconté d’ailleurs dans mon blog j’avais découvert la pratique de l’aquarelle lors de vacances pluvieuses en Bretagne avec un étudiant des Beaux-Arts qui avait proposé cette activité aux vacanciers. Mais je n’ai que rarement pratiqué ensuite. À ma retraite, j’ai suivi des cours pendant deux ans dans le cadre d’une activité MJC hebdomadaire, avec une enseignante formidable qui a su me donner confiance mais qui a arrêté son activité. Pour l’instant je n’envisage pas de trouver d’autres cours… peut-être des stages à l’occasion, qui sait ?

* Pour ce qui concerne les plantes : vous avez plusieurs potagers et vergers (confitures, gâteaux et autres plats en témoignent !), mais vous vous intéressez aussi aux plantes rencontrées en balade ? D’où vous viennent ces pratiques et cet intérêt ?

De mes études avant tout. Enfant j’ai toujours eu un jardin potager soit chez mes grands-parents soit chez mes parents car nous vivions en périphérie d’une petite ville et je m’amusais à planter comme les grandes personnes. En dehors de l’école je passais mes journées dehors dans la nature, je n’avais peur de rien… mais je ne m’intéressais pas de près à tout cela, je préférais jouer ! Mes études m’ont permis d’approfondir et je dois aussi beaucoup à mon mari qui est encore plus passionné que moi ! 

* La gourmandise : par hasard, le terme de « gourmande » serait-il signifiant ? Cuisinez-vous « pour vous » ou « pour les autres » ?

Je ne suis pas gourmande du tout ! Dans ma famille, nous avons toujours mangé simplement, très rarement fréquenté les restaurants par manque d’argent. J’ai gardé ces habitudes-là. Je cuisine pour partager avec les autres et faire plaisir et aussi pour savoir ce que j’ai dans mon assiette. Je préfère sélectionner rigoureusement ce que je mange car je fuis la malbouffe et la nourriture toute faite, mais je ne fais jamais rien de compliqué car je ne veux pas passer toute une matinée en cuisine pour autant. 

* En ce qui concerne la rubrique « La bibliothèque de Manou » (vos lectures), votre blog ne comporte pas d’index par nom d’auteur ? Pourquoi ce choix ?

Parce que ce n’est pas un blog littéraire. Si quelqu’un veut savoir si j’ai lu tel auteur, il lui suffit de taper le nom dans le moteur interne du blog (qui n’est pas toujours bien précis, je le sais mais c’est ainsi).

* En moyenne et à titre indicatif, combien lisez-vous de bouquins par mois? 

Une dizaine selon l’épaisseur, l’intérêt, la saison et la présence des membres de ma famille ou pas.

* Débroussailler le champ immense des lectures possibles, faire partager vos émotions de lectures…?

Je choisis souvent mes lectures au feeling, en me baladant dans les rayons des deux médiathèques que je fréquente ou en suivant le conseil des bibliothécaires. Je suis souvent les conseils des autres blogueurs, je fais partie d’un club de lecteurs et je note des titres qui m’intéressent que parfois je lirai des années après. Je suis aussi les conseils des libraires à l’occasion, ou je choisis en fonction des articles lus dans les médias ou sur Babelio. 

* En tant que lectrice, comment vous définiriez-vous? La lecture tient-elle un rôle important dans votre vie? Vous dites que, aimant les livres, vous avez eu la chance d’en faire votre métier : pouvez-vous préciser ici ?

Oui la lecture tient une place importante dans ma vie depuis que je sais lire. Elle permet de voyager, de rêver, de sortir de la réalité quotidienne bien mieux que l’image. Elle permet aussi d’apprendre sur nous et sur les autres.
J’ai expliqué comment j’avais pu exercer un métier autour des livres mais c’est vrai que je n’ai pas dit pourquoi. En fait je n’y songeais pas au départ, mais ayant des envies très diverses, je pense que si j’avais exercé un autre métier qui ne fasse appel qu’à une seule de mes compétences je me serais ennuyée… l’idée de travailler autour des livres s’est imposée à moi par chance, je peux le dire car c’est en rencontrant des personnes inconnues dans un lieu où je n’aurais pas dû me trouver que j’ai découvert que c’était cela que je voulais faire au fond de moi depuis des années… une sorte de révélation qui a changé ma vie.  

* Combien de temps consacrez-vous à la lecture chaque jour?

Cela dépend, en été au minimum 1 heure le soir… sinon ça me manque. En hiver, beaucoup plus. 

* Salons du livre, rencontres avec les auteurs et séances de dédicaces … Les recherchez-vous? 

Plus du tout maintenant, j’en ai beaucoup trop fréquenté durant mes années professionnelles. Mais si ces manifestations ont lieu près de chez moi, si je ne connais pas l’auteur par exemple, ma curiosité peut me pousser à y aller. Mais j’achète peu de livres. 

* Quelle blogueuse êtes-vous ? Challenges, Défi, tag, swap… Il y en a sans doute trop pour participer à tous, et du coup vous ne souhaitez sans doute pas participer à l’un et non à l’autre… Mais est-ce que cela, à votre avis, peut inciter à lire un livre plutôt qu’un autre ?

Au début de mon blog, je m’étais laissé tenter (certains tags ou défis lecture ou autres sont encore en ligne sur mon blog), et puis j’ai découvert que cela m’enfermait dans une contrainte qui ne me correspondait pas, donc j’ai arrêté. Pourtant certains sont très intéressants et me permettraient en effet de lire d’autres auteurs… Je participe seulement et encore pas tout le temps au défi de Céline ["Avec vos 10 doigts", blog aquarellement vôtre, NDLR] qui propose un sujet d’aquarelle car cela me permet de travailler un sujet auquel je n’aurais pas forcément pensé ! 

* Votre endroit favori pour lire?

Chez moi; je déteste lire dans un lieu public y compris dans une bibliothèque, tout comme dans la nature, je n’arrive pas à me concentrer sur ma lecture ! Je ne pourrais pas lire un roman dans un train par exemple… 

* Etes-vous plutôt livre papier ou liseuse électronique? Vous avez un certain nombre de billets sur des livres lus en e-book, ou (beaucoup plus rarement) en audiolivres : que diriez-vous sur ces « modes » de lectures-là ?

Je suis plutôt livres papier mais j’accepte de temps en temps de lire en e-book en vacances. Si les audiolivres avaient existé lorsque je faisais 1 heure de trajets matin et soir pour aller travailler, j’en aurais été une très grande consommatrice. Actuellement, je trouve rarement le temps et le lieu pour écouter tranquillement un livre, mais je suis certaine que la vie m’en donnera l’occasion un jour. 

* Comment choisissez-vous vos lectures? (bouche-à-oreille, cadeau, article de presse, hasard…)? Avez-vous un genre favori? Un auteur – vraiment – préféré?

Je viens de donner la réponse quant à ma façon de choisir. 
Je n’ai pas un genre favori parce que mes lectures varient en fonction de mon humeur, de mon degré de concentration et de mes envies du moment.
Je n’ai pas un auteur préféré mais quand je découvre ou redécouvre un auteur comme je l’ai fait cette année avec René Frégni, j’aime approfondir en lisant plusieurs de ses œuvres…  

* A quoi êtes-vous sensible lorsque vous avez un livre en main?

À l’ambiance avant tout, aux émotions que les mots suscitent en moi, à l’analyse psychologique des personnages. Dès les premières pages, je sais si je vais aimer ou pas une lecture. 

* Offrez-vous des livres? Si oui comment les choisissez-vous?

J’offre beaucoup de livres et je les choisis en fonction des goûts des personnes à qui je les offre. 

* S’il ne fallait en retenir qu’un? Quel livre vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que vous avez pu lire?

J’ai été très marquée par ma découverte des écrits d’Alexandra David-Neel. À sa mort j’étais adolescente et je n’aimais lire que de la SF en dehors de ce que les enseignants nous donnaient à lire. 
Mon professeur de français nous avait conseillé de découvrir son récit Voyage d’une Parisienne à Llassa. Je n’en revenais pas ! 

ADN_JournalduneParisienneaLlassa

* Pourquoi celui-ci?

Je crois qu’il a ouvert mon monde sur des possibles… et que j’ai dû penser «alors les femmes peuvent faire tout cela »… ensuite j’ai lu Colette, Simone de Beauvoir, puis Annie Ernaux et beaucoup d’autres auteurs femmes que j’ai lues pendant des années ! 

* Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d’une lecture enfantine ou adolescente? 

Aucun mauvais souvenir, je lisais beaucoup…et j’aimais lire ! 
Enfant j’étais une adepte des albums de « Caroline » (pas des « Martine » que je détestais !). Je n’avais pas beaucoup de livres alors je les connaissais par cœur et plus grande les « clubs des cinq » ont bercé mes vacances, ce n’est pas original. Mais je me souviens en sixième de ma découverte de George Sand, un auteur que j’ai abandonné à l’adolescence pour ne jamais cesser de la lire ou la relire ensuite. Puis de ma découverte de la SF et de Lovecraft que je dévorais tout en lisant en parallèle tous les Prévert qui me tombaient sous la main, déjà… je ne pouvais pas choisir entre les deux ! C’est amusant ! 

* Comme d’autres «dévoreuses de bouquins», êtes-vous vous aussi tentée par l’écriture?

Absolument pas. Malgré les apparences je n’aime pas parler de moi et tout écrivain parle d’abord de lui. Mais j’aime écrire dans mon blog, c’est stimulant intellectuellement !

* Suivez-vous les statistiques de votre blog? Avez-vous une idée du nombre de vos visiteurs?

Je ne suis pas particulièrement ces statistiques mais sur overblog elles s’affichent sur le tableau de bord à l’ouverture de l’administration, donc je ne peux que les voir ! 
Alors depuis la création de mon blog, j’ai eu 4 469 657 visiteurs (je prends le chiffre exact de ce jour). 

* Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour ?

Je n’ai jamais dévoilé ces chiffres qui me semblent peu importants. Par jour en moyenne j’ai 1000 visites actuellement, des chiffres en baisse ces dernières années surtout depuis le COVID. 

* Vous rappelez-vous comment vous aviez découvert le blog de Dasola? (réponse facultative!)

Honnêtement, pas précisément… Mais je sais que dans la colonne de droite de son blog il y a la date de mon premier commentaire ! Je crois que c’est elle qui est venue la première sur mon blog, sans doute par l’intermédiaire d’une autre blogueuse, peut-être de Miss Fujii ( ?) qui ne publie plus à présent. Je n’en garde aucun souvenir précis mais si je suis revenue c’est que j’ai aimé lire ses présentations de films (car j’allais beaucoup au cinéma avant) et de polars…

* La question suggérée par Dominique: "êtes-vous parfois tentée d'arrêter le blog?"

Pour l’instant non, j’ai été tentée d’aller sur d’autres réseaux mais j’avais peur que cela devienne beaucoup trop chronophage et je voulais continuer à pouvoir visiter mes blogs préférés en personnalisant mes commentaires et surtout à avoir une vie à côté du blog ! 

* Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle autre question auriez-vous voulu que l'on vous pose?

Et bien par exemple pourquoi j’ai accepté de répondre à cette interview, moi qui n’aime pas me mettre en avant, ne raconte jamais ma vie privée sur mon blog, seulement mes balades, qui ne montre pas de photos de mes proches, ne raconte rien d’important finalement…
Et bien ma réponse c’est que cela me fait sortir de ma zone de confort, de ma fameuse « bulle » et que parfois c’est sympa d’être forcée de le faire de manière inattendue…
Merci de m’avoir demandé de le faire donc ! 

 DanslaBulledeManou

 *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *  *

(1) Ci-dessous les sept témoignages précédents (avec leur nombre de commentaires lorsqu'elles-ils avaient témoigné, et aujourd'hui):
Dominique (de A sauts et gambades) le 28 avril 2017 (500 => 676)
Aifelle (le goût des livres) le 25 octobre 2017 (750 => 1179), 
Maggie (Mille et un classiques) le 12 août 2018 (600 => 921) 
Ffred (le ciné de Fred) le 23 octobre 2018 (500 => 540 / en pause depuis septembre 2021).

Keisha (en lisant en voyageant) le 26 avril 2019 (500 => 709)
Matching points "pour les femmes mais pas seulement" le 12 mai 2020 (500 => 609 / viennent d'"arrêter leur aventure du blog")
Alex-mot-à-mots (Mot-à-mots) le 23 novembre 2020 (500 => 624)

Une blogueuse ayant décliné l'invitation à répondre après son 500e commentaire sera de nouveau sollicitée pour son 600e, puis en cas de nouveau refus pour son 750e... Jusqu'à présent, il n'a jamais fallu attendre le 1000e commentaire pour une quatrième sollicitation!

12 septembre 2023

Toni, en famille - Nathan Ambrosioni / Anti-squat - Nicolas Silhol

Dans la même soirée, j'ai vu  deux films français, Toni, en famille et Anti-Squat. Le premier m'a un peu déçue, le second m'a beaucoup plu. 

Toni, en famille, réalisé par un jeune réalisateur de 24 ans (Nathan Ambrosioni), raconte pendant une heure trente, une année dans la vie de Toni (Antonia), mère de  cinq enfants, trois filles et deux garçons. On saura tard ce qu'est devenu le père. Toni est totalement dévouée à ses enfants. Je me suis demandée pendant un moment, quels étaient ses revenus. A priori, elle reçoit quelques aides de l'état et vingt ans plus tôt, elle a connu le succès en chantant une chanson qui a eu une certaine notoriété et qui lui a permis d'épargner pour les études de ses enfants. De temps en temps, le soir, elle chante encore. Mathilde et Marcus, les deux enfants aînés, vont passer le bac. Parmi les trois plus jeunes, il y a Timothée, un enfant hyper sensible qui a des problèmes de comportement. Toni, elle, s'interroge sur son avenir à elle. A 42 ans, elle voudrait donner une nouvelle orientation à sa vie. Pourquoi pas, devenir enseignante. Quand je dis que j'ai été un peu déçue, c'est que j'ai trouvé que le film manquait de rythme, il ne se passe pas grand-chose. C'est dommage car Camille Cottin qui joue Toni est très bien. Lire le billet de Selenie.

Je passe à Anti-Squat de Nicolas Silhol dont le sujet m'a fait penser au Marchand de sable. Inès (Louise Bourgoin, très bien) et son fils Adam, âgé de 14 ans, doivent être expulsés de leur appartement. Elle postule dans l'entreprise Anti-Squat qui, comme le nom l'indique, propose d'héberger des personnes en mal de logement. Ils deviennent des résidents contre deux cents euros par mois, dans des bâtiments inoccupés. C'est pour éviter les squatteurs et les dégradations. Les règles sont très strictes (pas d'enfant, pas d'animaux, ne pas être absent plus de deux jours, pas de fête, ne pas inviter plus de deux personnes) et par ailleurs, on demande aux résidents qui peuvent être "virés" du jour au lendemain d'entretenir les parties communes, voire d'effectuer des travaux. Il n'y a pas de petits profits. Il y a des caméras de surveillance partout. Inès vit sur place avec les résidents dans un immeuble de bureaux très loin de tout. Prise à l'essai pour deux mois, c'est elle qui choisit les résidents. Elle est tiraillée entre les exigences de fermeté de son chef, l'attitude de défiance des résidents, l'incompréhension de son fils Adam face à ce que fait sa mère et enfin l'intrusion d'une société de gardiennage qui voit d'un mauvais oeil la concurrence d'Anti-Squat. Je ne vous dirai pas comment tout cela se termine, si ce n'est qu'un spectateur a trouvé la fin amorale. J'ai énormément aimé ce film qui dénonce le détournement et la dérive de la loi "Elan". "Construire plus de logements, simplifier les normes, protéger les plus fragiles et mettre les transitions énergétique et numérique au service des habitants : telle est l'ambition de la loi Elan (évolution du logement, de l'aménagement et du numérique), promulguée le 23 novembre 2018". Lire le billet de Selenie.

8 septembre 2023

De sang et d'acier - Harald Gilbers

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Je viens de terminer le sixième roman d'Harald Gilbers, De sang et d'acier (Edition Calmann Levy, 410 pages haletantes et instructives). J'ai été contente de. retrouver le commissaire Richard Oppenheimer en juin, juillet et août 1948 à Berlin, où se précise le fait que l'Allemagne va de plus en plus être coupée en deux, avec une partie soviétique et une partie occidentale irréconciliable. A Berlin, les zones américaine, britannique et française sont une enclave occidentale isolée au mileu de la partie de soviétique. Un mur virtuel est dressé entre les deux blocs. Même si le conflit mondial est terminé depuis trois ans, la ville n'est pas encore reconstruite, et les Berlinois sont toujours en manque de nourriture. Les rations sont maigres malgré le marché noir. Le commissaire vit avec sa femme dans la partie américaine, mais le poste de police où il est affecté est en zone soviétique. Par ailleurs, une réforme monétaire est à l'ordre du jour avec la disparition du reichsmark au profit du deutsche mark, mais à Berlin c'est un peu compliqué, car les soviétiques mettent en circulation un mark est-allemand. Du jour au lendemain, Oppenheimer est suspendu de ses fonctions dans la zone soviétique. Heureusement, il va trouver un nouveau poste dans la police côté occidental. C'est en 1948 que la première scission notable entre l'Est et l'Ouest se fait sentir dans les services de police et les forces de l'ordre, alors que les Berlinois peuvent circuler librement d'une zone à l'autre (jusqu'en 1961). Et on commence à entendre les avions cargo américains et britanniques qui ravitaillent les Berlinois. Pour en venir à l'intrigue policière, des corps d'hommes démembrés et empaillés sont trouvés dans Berlin, et dans la zone soviétique et dans la zone britannique. Malgré l'hostilité entre services, Oppenheimer va pouvoir enquêter avec des collègues est-berlinois. Je ne dirai rien d'autre à part que le meurtrier est une femme et qu'un journaliste en quête de sensationnel risque sa vie. Si vous n'avez pas lu les cinq premières enquêtes d'Oppenheimer, ce n'est pas grave. Ce roman que je vous conseille se lit indépendamment, mais il vous donnera envie peut-être de lire les romans précédents. Je vous conseille déjà le premier, Germania, qui se passe en 1944.

PS du 12/09/2023: pour répondre à l'interrogation d'Alex-mot-à-mots, il y a six romans et donc six enquêtes entre 1944 et 1948.

7 septembre 2023

La vilaine veuve (Nice, le procès oublié) - Robert McLiam Wilson

Après celui sur les retraites, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente ce mois-ci le petit "Hors-série" noir de Charlie Hebdo sur le procès de l'attentat de Nice, titré La vilaine veuve. Je l'avais acheté en kiosque, à peu près à la même date que l'autre hors-série, en janvier 2023. 

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La vilaine veuve. Nice, le procès oublié. Robert McLiam Wilson (traduit de l'anglais par Myriam Anderson), Hors-série N°2H, 80 pages, 5 euros.

À la fin de l'année 2022 s'est tenu le procès concernant l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, qui avait fait 86 morts dont 15 enfants et plus de 400 blessés, écrasés par un camion conduit par un seul homme, finalement abattu (attentat revendiqué par Daech deux jours plus tard). Huit personnes de l'entourage du terroriste sont accusées d'avoir été complices dasn la préparation de l'attentat, de lui avoir fourni des armes ou d'avoir joué le rôle d'intermédiaire quand il cherchait à s'en procurer, d'avoir donc été au courant de son projet (il se serait radicalisé très rapidement, alors qu'il n'était pas religieux antérieurement)... 

Robert McLiam Wilson a couvert le procès pour le compte de Charlie Hebdo, où il a chaque semaine publié un article. Il y parle des parties civiles, des avocats, des juges, des accusés... à hauteur humaine. Il explique aussi avoir souvent éprouvé le besoin de se réfugier dans la boisson alcoolisée, seul ou en compagnie, pour supporter ces dures journées de procès. Il est plutôt féroce pour les hommes politiques qui viennent témoigner: Christian Estrosi, maire de Nice à l'époque; François Hollande, Président à l'époque, qui, semble-t-il, utilise les mêmes mots déjà servis lors des procès précédents (attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher en janvier 2015, attentat du Bataclan et des terrasses le 13 novembre 2015...): "quand il y a un attentat, il y a un échec" (p.32). 

Du coup, ce hors-série n'est pas seulement un récit chronologique d'un procès. Les "angles" sont diversifiés. Au fil des semaines, des témoignages, des choses difficiles à supporter sont évoquées: les vautours dépouillant, sur la chaussée même, les victimes (mortes ou blessées) de leurs téléphones portables; des prélèvements d'organes effectués sur les cadavres à l'insu des familles (pendant des "autopsies inutiles et cruelles" [p.68])... Robert McLiam Wilson est parfois amer sur le fait que ce procès, qui se tenait à Paris, a semblé drainer moins de public que les procès précédents: parce que les victimes étaient niçoises? Il s'est même déplacé pour un reportage de quatre jours à Nice. 

Dans l'un des chapitres, il remarque en passant que les journalistes qui couvrent le procès sont, pour la plupart, de jeunes femmes. Dans un autre, que le cumul de la représentation de nombreuses parties civiles (même si "ça ne fait pas grand-chose par client", p.69) peut constituer une "bonne affaire" pour certains avocats, avec l'aide juridictionnelle payé aux frais du contribuable. Je me permets aussi de citer le blog Ça passe crème de Thierry Vimal, qui a perdu sa fille de 12 ans lors de l'attentat (je l'ai découvert grâce à Robert McLiam Wilson qui l'évoque p.24): un style particulier, une scansion courte... et de longs textes.

J'ai apprécié la sorte d'anathème qui fait que (sauf ereur de ma part) l'identité exacte du chauffeur cinglé n'est nulle part écrite dans ce hors-série: l'"oubliable connard" qui a loué un camion et l'a conduit en zigzag pour faire le plus de victimes possibles est juste évoqué par un surnom, "Momo" (j'approuve cette damnatio memoriae). Et Robert McLiam Wilson n'est certes pas tendre avec une quelconque excuse liée aux antécédents familiaux du terroriste (p.41: "Unanimement, c'est le père, rustique et ratatiné, qu'on tient pour responsable. Le pauvre Momo aurait souvent été battu. il était pauvre, n'avait pas de jolis habits. Membre méprisé d'une famille qu'on prenait de haut. Moi pareil, mec. Et après, j'ai fait Cambridge.").

Autre citation: p.59, il demande à des témoins parties civiles ce qu'ils pensent des témoignages des accusés. "Ils se foutent de nous", a soufflé Jacques, d'une voix basse et tendue. Et Marie-Claude de l'interrompre (comme souvent, c'est leur manière). Ça, on pouvait s'y attendre, dit-elle. Mais n'oublie pas, le lendemain de l'attentat, ils ont rouvert les plages. Ça, c'est du vrai foutage de gueule." 

Après avoir lu ce hors-série pour la première fois, j'avais noté deux mots: brut. Brutal. En tout cas, Robert McLiam Wilson sait écrire (même si je ne connais pas sa "version originale", je suppose que la traduction se fait "au plus près"). Le titre du recueil, "La vilaine veuve", est utilisé comme une expression usuelle dès la page 4 (introduction), où il rappelle que dès 2016, il remarquait que cet attentat de Nice était moins inscrit dans la mémoire collective que ses prédécesseurs parisiens ou d'autres: "L'attentat de Nice fait tapisserie parmi les attentats terroristes en France des dix dernières années. Oui, c'est vraiment la vilaine veuve". Mais je n'ai pas la référence de cette expression. Anglicisme, peut-être, citation biblique, ou autre? Je ne sais pas...

Pour le Hors-série signé Gilles Raveaud, je m'étais vaguement demandé s'il s'agissait de la reprise de chroniques passées, d'une rédaction originale, ou d'un mixte des deux, mais je n'avais pas creusé plus que cela. Pour La vilaine veuve, où j'avais réellement eu une impression de "déjà-lu", j'ai pu vérifier la parfaite concordance avec les chroniques hebdomadaires dans Charlie. Ainsi, les deux articles publiés p.15 du N°1573 du 14/09/2022 correspondent aux p.7 à 9 et 10-11 du Hors-série. L'hebdo y ajoutait deux dessins de Biche. Les N°1586 du 14/12/2022 (p.10) et 1587 du 21/12/2022 (p.10 aussi) correspondent exactement à l'avant dernier chapitre (pp.71-75) et au dernier (p.76-80). Les 16 chapitres (dont l'introduction) doivent donc correspondre, je suppose, aux 16 numéros (1572-1587), même si je n'ai pas fait la vérification exhaustive).

Quelques mots concernant l'auteur. La page wikipedia le concernant (consultée le 6 septembre 2023) signale que "Robert McLiam Wilson est contributeur à Charlie Hebdo depuis fin janvier 2016. Son premier article a été publié le 20 février 2016". Il est aussi écrivain, et j'ai commencé à lire Ripley Bogle (360 pages), mais mes disponibilités en temps de lecture ne me permettaient pas de le chroniquer pour ce mois-ci. Je me souviens en tout cas que, lors du confinement, Robert McLiam Wilson avait rédigé un article sur le développement des livraisons à vélo de nourriture à vélo (Uber Eat, et autres), et je me rappelle son anecdote rédigée drôlement quand il expliquait avoir vu passer un (et un seul) de ces "forçats de la rue" [l'expression est de moi!] de type caucasien, mais ne pas avoir réussi à le rattraper pour l'interviewer... 

Enfin, je signale que le Hors-série peut toujours être commandé sur le site du journal (boutique). Yannick Haenel en avait fait une présentation en interviewant l'auteur dans le N°1590 du 11/01/2023.

PS: sans rapport avec le sujet de l'article, je signale aussi que j'ai bien apprécié que, cet été 2023, Charlie republie chaque semaine (dans sa série "un été avec..." qui rend hommage chaque année à un de leurs "anciens") des chroniques de Bernard Maris: salutaires... 

*** Je suis Charlie ***

5 septembre 2023

Leur domaine - Jo Nesbo

P1160678

Après Ingannmic qui en parle très bien, je voudrais recommander Leur domaine du romancier norvégien Jo Nesbo (Folio policier, 687 pages asphyxiantes). Ce n'est pas un thriller, c'est un roman très noir où des cadavres s'amoncellent pendant des décennies. Roy et Carl Opgard, deux frères, sont réunis par une relation très trouble depuis leur enfance, avant même que leurs parents décèdent. Ils sont tombés avec leur cadillac dans un ravin près de la ferme familiale quand Roy et Carl avaient respectivement 17 et 16 ans. C'est l'histoire de deux frères unis contre tous les autres. Partis pendant 15 ans pour faire des études à l'étranger, Carl revient aux bras d'une jeune architecte appelée Sharon, native de la Barbade. Roy, le narrateur, qui tient une station-service, tombe amoureux fou de Sharon. On découvre que Carl est un magouilleur et beau parleur et un être violent qui a l'ambition (avec Sharon) de construire un hôtel avec un Spa dans la bourgade voisine. Pour ce faire, il arrive à convaincre presque tous les habitants d'investir dans ce projet. Bien entendu, rien n'avance et un incendie malheureux va compromettre la construction de l'édifice. Au fur et à mesure que le récit se déroule, des personnes meurent dans de tragiques "accidents". On sait qui sont les coupables qui arrivent à s'en tirer et pourquoi ils le font. Quand le roman s'achève, on ne sait pas ce que vont devenir certains personnages. J'ai aimé la manière dont Nesbo fait avancer son récit où rien n'est laissé au hasard. La mécanique est bien huilée. Tout progresse inexorablement. Un long roman qu'on ne lâche pas avant la fin.

 C'était ma cinquième particpation aux challenges "Les épais de l'été 2023" et "Pavés de l'été 2023".

Epais
[Challenge Les épais de l'été 2023, organisé chez dasola par ta d loi du cine]


[Challenge Pavés de l'été 2023 chez sibylline

2 septembre 2023

Equalizer 3 - Antoine Fuqua / Retribution - Nimrod Antal

Voici deux films d'action qui font passer un (bon) moment. Je commence par Retribution avec Liam Neeson. L'histoire se passe à Berlin de nos jours. Matt Turner est un homme d'affaires aisé, très pris par son travail. Marié, il a deux enfants. Sa femme lui demande instamment d'emmener Zach et Emily à leur école car ella a un rendez-vous par ailleurs. Le trio prend le SUV familial. Sur la route, Matt, qui est un homme connecté, passe au moins un coup de fil. Peu de temps après, une sonnerie d'un téléphone inconnu se fait entendre. Une voix étrange lui fait savoir que s'il n'obéit pas à ses demandes, une bombe placée sous son siège va exploser. Il doit continuer de rouler. On lui communique une adresse puis une autre. Deux de ses collaborateurs vont connaitre une fin explosive. J'avoue que j'ai deviné qui était le méchant de l'histoire. C'est à la toute fin que l'on connait ses motivations. C'est un film où il n'y a pas de "baston" mais quelques explosions. Cela se laisse voir. Lire le billet d'Henri Golant.

Je passe à Equalizer 3 d'Antoine Fuqua que j'ai vu dans une grande salle pleine. On sentait que les spectateurs savaient à quoi ils allaient assister. On retrouve avec plaisir Robert McCall (Denzel Washington), ancien agent des Marines et de la DIA à la retraite mais qui continue à être un tueur hors pair dès qu'il s'agit d'éliminer des très très méchants. L'histoire se passe en Italie, dans la région de Naples et sur la côte amalfitaine. Quand le film débute en Sicile, McCall vient de faire le "ménage" dans une propriété vinicole qui servait de paravent à un trafic de drogue. Blessé par balle, il est soigné par un médecin dans un village tout en hauteur au bord de la mer. Rien que pour le village qui est de toute beauté, cela vaut la peine de voir le film. McCall s'installe à demeure dans ce village tranquille de prime abord mais qui est convoité par la mafia locale. Des commerçants sont victimes de racket. Bien entendu McCall, très tranquillement, va éliminer toute branche de la Camorra jusqu'à Naples. Malgré les nombreux cadavres, il y a de l'humour car McCall reste très zen. C'est assez jouissif. Il semble que ce film sera le dernier de la série. J'espère que non. Je me suis bien divertie. 

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