Je (ta d loi du cine, squatter) profite sournoisement d'un "creux" estival pour "repasser" sur le blog de Dasola un article que j'avais rédigé (bénévolement!) il y a près de 2 ans pour la Lettre d'un "mouvement" d'épargne solidaire dont je fais partie, celui des CIGALES (Clubs d'Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l'Epargne Solidaire) (1).
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Elles entendent "Culture": les CIGALES sortent leur portefeuille (de leur poche révolver?)
Ce mois-ci [novembre 2010], la Feuille des CIGALES s’intéresse à la thématique de la culture. Ce secteur fait partie de ceux qui sont présentés comme «de prédilection» de nos Clubs d'Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l'Epargne Solidaire (CIGALES), - avec le bio, le commerce équitable, les énergies renouvelables, les entreprises d’insertion, les coopératives... Pour rappel, les porteurs de projets que nous finançons, en général, sont très rarement cigaliers eux-mêmes. Avec ce terme de "Culture", on pense spontanément davantage aux subventions du Ministère du même nom qu'à des entreprises qui s'inscriraient dans le marché. Regardons-y de plus près. En creusant un peu ce secteur «culturel», et notamment en examinant les entreprises déjà aidées en plus de 25 ans, on s’aperçoit que le spectre est large: Maison d’édition, librairie de quartier, société de presse éditant un magazine, production audiovisuelle, plusieurs lieux comportant de la programmation culturelle, fabrication de bijoux, et bien d'autres encore (notamment des projets issus de divers milieux artistiques). Quelques exemples non exhaustifs:
Dans le réseau de librairies «Folies d’encre», le site de Saint-Ouen a été cigalée il y a déjà quelques années. C’est un lieu de rencontres et de partage. Vernissages, expositions et lectures s'y enchaînent, faisant de la librairie un véritable lieu de sociabilité autour du livre. Citons également, à Paris, la librairie Mots et merveilles (livres audio, 13ème arrondissement), ou La Terrasse de Gutenberg (dans le 12ème). Certains projets de librairie ont même été développés par des anciens salariés de l'une ou l'autre, ce qui sous-entend un rôle de formation et de transmission d'expérience.
Plusieurs entreprises, sinon de presse, du moins éditant des magazines, ont été cigalées: jadis, L'Agrandi était un journal reprenant, en gros caractères, des articles parus ailleurs, à l'intention des malvoyants. Sa publication s'est arrêtée il y a quelques années. Les magazines De l'air (photos) et Le Tigre, eux, continuent à paraître. La Maison d'édition Le temps des cerises continue également à sortir de nouveaux titres "hors des sentiers battus de la pensée dominante."
En ce qui concerne le spectacle ou la musique, le théâtre «La comédie Saint-Michel» (Paris 5ème) a sollicité les CIGALES et Garrigue (2) sur un quiproquo («La Passerelle» qu’avaient naguère financée les CIGALES et Garrigue n’était pas, comme le pensaient les porteurs de projet, le Théâtre de La Passerelle !). Toujours dans le milieu théâtral, une jolie histoire: Avec des Ailes. La porteuse de projet a créé sa compagnie théâtrale sous forme de SARL (là où la plupart des compagnies fonctionnent sous forme associative). Elle a pu bénéficier d’un co-financement par une CIGALES parisienne (qui assurait le suivi local) et une CIGALES de la région du Nord-Pas-de-Calais, dont elle est originaire.
L'association Musiques au pluriel (qui a cessé ses activités il y a quelques années) mélangeait dans ses concerts les traditions andalouses et arabes. Toujours vivace, la boutique de réparation d'accordéons "Accord Deléon" développe même la fabrication de nouveaux instruments.
Les CIGALES soutiennent aussi les activités audiovisuelles. La Cathode continue ses activités de vidéo engagée, après avoir hésité sur son modèle économique. De l’autre côté du périphérique (DACP) et récemment la SARL SCOP Inflammable productions ont également été financées.
La convivialité est au rendez-vous chez Cafézoïde (café culturel pour les jeunes). On peut aussi allier restauration et animation: je pense aux Saveurs d’Atabri (où la CIGALES qui soutenait le projet s’est longtemps occupée de la programmation culturelle), ou à Saraaba (financé plus récemment). J'arrête là pour cet inventaire à la Prévert (et les bijoux d'Ikken / Art Kem, que j'oubliais!).
Pour ce qui concerne les aspects plus artistiques, aucune CIGALES Artistes ne s'est créée à ce jour malgré les efforts déployés. Ce que je trouve en tout cas encourageant, c'est que la culture n’est pas forcément condamnée au statut associatif (qui vise, entre autres, à être éligible à des subventions publiques, et ne peut par définition dégager de bénéfices financiers à redistribuer). Créer une société dans le secteur culturel où l’on a envie de travailler, c’est toujours possible. Avoir la prétention, en plus, d’en vivre avec un salaire «décent», ... c’est nettement plus difficile, mais certaines entreprises cigalées y arrivent ! Ce n’est pas toujours sans mal, les entrepreneurs qui parviennent à dégager des bénéfices ne sont sans doute pas économes de leur temps ni de leurs efforts. Comme dans tout autre secteur (3).

(1) Association régionale des CIGALES d'IDF: www.cigales-idf.asso.fr
(2) Société coopérative de capital-risque solidaire Garrigue: www.garrigue.net
(3) Annuaire des entreprises cigalées en IDF en téléchargement à partir du blog des CIGALES d'IDF.