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26 novembre 2023

La vie extraordinaire d'un homme ordinaire - Paul Newman

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Cette autobiographie, Paul Newman - la vie extraordinaire  d'un homme ordinaire (Edition La Table ronde, 2023, 334 pages dont une préface, une postface, des notes biographiques des témoins, une filmographie et un index) se lit pratiquement d'une traite. Elle a entre autre comme mérite de donner envie de (re)voir certains films de Paul Newman (1925-2008). Je fais partie des fans de cet acteur. Si vous attendez des révélations croustillantes, passez votre chemin. Cette autobiographie existe grâce aux souvenirs que Paul Newman a confié à un proche de la famille Newman, Stewart Stern. Ces souvenirs ont été recueillis entre 1986 et 1991. Il y avait plus de 14 000 pages de notes qui ont abouti à ce livre. Paul Newman commence par son enfance à Shaker Heights, une banlieue cossue de Cleveland dans l'Ohio. Il était membre de la seule famille juive du quartier très blanc (il n'y avait aucun Noir). Il avait un frère aîné d'un an, Arthur Jr. Son père Arthur Sr tenait, avec son frère Joe, un magasin d'articles de sport. La mère, Tress, était femme au foyer et elle vouait une adoration à Paul (au détriment d'Arthur). Paul Newman, avec ses yeux bleus très fragiles (et il était daltonien) a entretenu des relations très compliqués avec sa mère toute sa vie. Le livre parle de son enfance, de son adolescence, du fait qu'il a été tôt attiré par les filles. Il évoque son engagement dans la marine pendant la deuxième guerre mondiale. Il a fait un peu d'études universitaires à Yale avant de prendre des cours de théâtre. Il est passé par l'Actor's Studio. Il parle aussi pas mal de l'homme qu'il était dans le privé, sa rencontre avec sa première femme Jackie Witte, puis avec Joanne Woodward dans les années 50. Ils resteront mariés pendant 50 ans jusqu'au décès de Paul Newman. Il ne s'est pas remis du décès de son fils aîné Scott, mort d'une overdose. Il évoque aussi ses rencontres avec les réalisateurs ou certains acteurs et actrices. N'oublions pas qu'il a été aussi réalisateur de plusieurs films dont l'actrice principale était sa femme Joanne Woodward. Il parle sans détour du fait qu'il a beaucoup bu: surtout de la bière, qu'il éclusait par packs entier. Dans les années 60 et 70, il a soutenu des hommes politiques comme Eugene McCarthy et il est à l'initiative d'oeuvres caritatives pour des enfants très malades. Ce récit est ponctué de nombreuses interventions de témoins, réalisateurs, acteurs, producteurs, etc. Et il y a beaucoup de photos. Si vous connaissez des gens qui appréciaient Paul Newman, c'est un cadeau idéal. Et pour les autres aussi. La préface et la postface ont été rédigées par deux des filles de Paul Newman, Melissa et Cléa. 

11 novembre 2023

Compagnie K - William March

 image_0776537_20220103_ob_f3d147_logo-chall-1gm-vivrelivre-2022-ok   20232-300x300_2023seraClassique

Comme prévu de longue date cette année, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) me suis procuré (1), pour ce 105e anniversaire de l'Armistice, un livre dont j'ignorais l'existence l'an dernier, Compagnie K, de Willam March, un auteur dont (etc.). Bref, voici donc ma participation tant pour le Challenge Première Guerre mondiale 2023 - De 14-18 à nous organisé par Blandine seule pour la 7ème année (il lui tient à coeur!), que pour le challenge "2023 sera classiques" (qu'elle co-organise avec Nathalie), 

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William March, Compagnie K, Gallmeister, 2013 (trad. Stéphanie Levet), 230 pages (édition en VO en 1933)

Il n'y a presque rien sur la page wikipedia (en français) concernant William March (créée en 2013 et consultée vendredi 10 novembre 2023), mais dasola m'a signalé que la page en anglais donne beaucoup plus d'informations, par exemple le fait qu'au moins quatre des "chapitres" ont été publiés isolément comme nouvelles dans les années précédant 1933 et la sortie du roman complet (si j'ai bien compris). En lisant la quatrième de couv' du livre, on apprend juste que "WM" (1893-1954) a lui-même combattu en France (US Marine Corps), a obtenu diverses décoration, et que, "hanté par ce conflit, il mettra dix ans à écrire Compagnie K, son premier roman (...)".

Je ne savais pas à quoi m'attendre avant de l'ouvrir. C'est... bizarre. Mais sans doute, universel, et je suppose que les combattants de la guerre en Ukraine au XXIe siècle pourraient être les "héros" du même genre de saynettes que celles qui sont évoquées ou présentées ici. L'ouvrage se présente sous forme de 113 récits à la première personne, monologues plus ou moins longs, parfois sur une seule page (30), parfois sur deux, exceptionnellement trois, quatre ou davantage (le record doit être de neuf pages). Chacun est sobrement titré du nom et prénom d'un militaire américain du même régiment, précédé de son grade. On y trouve donc une majorité de soldats, mais aussi des caporaux, sergents, adjudant-chef, lieutenants, capitaines... Chaque personnage dit "Je" dans son chapitre (rarement plus de deux pages), mais les noms se répondent d'une saynette à l'autre. Soldat et officier ont rarement le même point de vue. Si chaque nom ne revient qu'une seule fois dans le sommaire, on en retrouve les "héros", vivants, blessés ou morts, souvent en interaction dans plusieurs récits entretissés ou racontés selon des points de vue différents (typiquement, le simple soldat et le sous-officier ou l'officier...): les officiers sont souvent des crétins, les soldats obéissent aux ordres, parfois à leur corps défendant. L'ordre suivi est chronologique (avec un "effet flash-back" puisque le premier témoignage plante le décor - un "soldat" a rédigé un livre de témoignage sur la guerre): ce qui précède l'embarquement vers l'Europe, la traversée, l'arrivée en France, au front... 

J'ai trouvé que, avec cette forme originale, le fond du texte est plutôt désespérant. Tout est raconté de manière plate avec des mots simples, sans guère d'effets de style, alors que ce qui nous est est dévoilé de la guerre au fil des "témoignages" individuels est terrible (désertion, accusation de viol, "pas de prisonnier", infirmerie, coups de folie divers et variés...).

Quelques citations: p.85 (un soldat): "si les hommes du rang de chaque armée pouvaient simplement se retrouver au bord d'un fleuve pour discuter calmement, aucune guerre ne pourrait jamais durer plus d'une semaine". p.115 (un sergent): "Je me suis rappelé ce que mon sergent instructeur m'avait dit du temps où j'étais en camp d'entraînement , il y avait vingt ans de ça. "Les soldats sont pas censés réfléchir, il avait dit. Le principe, c'est que, s'ils pouvaient réfléchir, ils seraient pas soldats. Les soldats sont censés obéir, et laisser leurs supérieurs se charger de réfléchir"."

p.166, "la guerre est finie". Mais il reste encore une soixantaine de pages avant la fin du livre: de quoi montrer l'amertume et les traumatismes des survivants, rarement revenus indemnes et souvent mutilés, que ce soit physiquement ou mentalement, ou bien conscients d'avoir "gâché" leur vie... inutilement (et ça pe ut se terminer par un suicide). Le patriotisme de départ est rudement "déconstruit". Et les inégalités sociales n'ont nullement été abolies par la guerre. 

Si, comme moi, vous ne connaissiez de la guerre de 1914-1918 que des textes d'auteurs français ou allemands, je vous suggère de livre ce texte qui présente un point de vue américain.

Je ne sais plus sur quel blog je l'avais trouvé, mais j'en mettrai le lien si je le retrouve bien entendu.

Edit (par dasola!): lire les billets de SandrineKeishaEeguab et Luocine *.

* Vérification faite, c'est sans doute chez Luocine que je (ta d loi du cine) l'ai découvert - même si j'ai pu croiser d'autres billets - , et elle-même en avait pris connaissance chez Eeguab...

*****

(1) Anecdote(s): il y a quelques jours, lorsqu'après procrastination je me suis dit qu'il fallait vraiment que je rédige cette chronique, j'ai cherché sur internet dans quelle bibliothèque parisienne le livre se trouvait (une bonne douzaine, et il était disponible partout!). Je me suis rendu à celle à proximité de laquelle je me trouvais ce jour-là. J'ai regardé à "MAR" (il y avait bien 3 rayonnages, répartis sur deux bibliothèques d'affilée). Mon oeil a très vite repéré un "amas de March", soit près d'une demi-douzaine de titres différents de William March chez Gallmeister... mais pas Compagnie K! Là, j'ai appelé à mon secours la bibliothécaire de l'étage "romans". Une fois qu'elle a eu fini d'aider une grand-mère à effectuer une réservation en ligne sur un des postes en libre-accès, elle est venue voir. Diagnostic quasi-immédiat (après avoir vérifié que je disais vrai): "ça doit être les p'tits jeunes! Quand ils remettent les ouvrages dans les rayons, ils ne prennent pas la peine de regrouper les ouvrages d'un même auteur ou de bien classer par ordre alphabétique! Il faut regarder tous les MAR, je les prends par la fin, commencez par le début!" Et effectivement, je l'ai trouvé au milieu d'autres auteurs, à peine quelques dizaines de centimètres après le début de la cote... J'en apprends tous les jours, sur les bibliothèques... 
... Vous ai-je parlé de la fois où j'ai mobilisé toute une équipe de bibliothécaires, dans une petite bibliothèque étendue sur plusieurs étages, pour vérifier sur toutes les tables ou étagères d'exposition où se trouvait un roman récent, ne figurant que dans trois bibliothèques parisiennes, et que j'avais repéré comme disponible à l'emprunt pour plusieurs semaines dans celle-là, quelques heures avant? Absent en rayonnage, toujours indiqué "disponible" dans le catalogue en ligne, il se trouvait en fait... entre les mains d'une lectrice, qui s'apprêtait à l'emprunter elle-même! 

27 octobre 2023

La dernière ville sur terre - Thomas Mullen

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La dernière ville sur terre de Thomas Mullen (Edition Rivage Noir, 545 pages) s'appelle Commonwealth dans l'Etat de Washington dans les forêts du nord-ouest Pacifique. Nous sommes vers la fin de 1918, les Etats-Unis sont entrés dans la guerre en Europe en avril 1917. Presque toute la région où se passe l'histoire est touchée par la grippe espagnole sauf justement Commonwealth, car pour y éviter la contagion, une quarantaine a été votée. Des habitants de la ville empêchent quiconque de passer par l'unique route menant à Commonwealth, qui vit grâce à l'activité d'importante acierie. Charles Worthy, fondateur de la ville, est aussi le fondateur de l'acierie. Marié avec Rebecca, il a une fille, Laura, et il a adopté un garçon cinq ans auparavant, Phlip, âgé de 16 ans et qui est le personnage principal de l'histoire. Suite à un accident où il a perdu sa mère, il a été amputé d'un pied. Lors d'un de ses tours de garde avec un autre habitant nommé Graham, ils devront faire face à un soldat venu à pied qui leur demande asile. Il faut savoir que Commonwealth se trouve à 25 km de Timber Falls, la ville la plus proche. Et là, un drame se produit et tout va déraper et la grippe espagnole va s'inviter (si je puis dire) dans Commonwealth. Le  roman m'a plu mais il est un peu trop long. II y a pas mal de digressions sur la vie de certains personnages qui n'apportent pas forcément grand-chose, et l'intervertion de notable de Timber Falls n'arrange rien. Je ne connaissais pas cet écrivain qui s'est fait connaître avec Darktown. La dernière ville sur terre est son premier roman, écrit en 2006 et qui n'a été publié en français qu'en 2023. Lire le billet d'Actu du noir qui pense, comme moi, que le roman est trop long. 

16 octobre 2023

Les portes de l'aventure - Jean Hougron / Excalibur, l'épée dans la pierre - T. H. White

Je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) vous présente deux vieux livres chinés à prix cassé (le livre, ça ne vaut plus rien...). En tout cas, quand dasola commence à regimber avec ses livres neufs à 20 euros ("c'est plus possible!"), je lui mets sous le nez mes vieux "poche" achetés à 20... centimes d'euros. En voici deux!

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Jean Hougron, Les Portes de l'Aventure, Le livre de Poche N°1257, 1966, 253 pages
T. H. White, Excalibur, l'épée dans la pierre, Le livre de Poche N°14655, 2012 (1ère éd. 1999; 1997 pour cette trad. française, EO anglaise 1938) 

20232-300x300_2023seraClassiqueCes deux titres peuvent donc participer au challenge "2023 sera classique" co-organisé par Nathalie et Blandine. Je fréquente depuis plusieurs décennies les deux auteurs dont j'ai donc acquis récemment ces deux ouvrages. De Jean Hougron, je relisais régulièrement Soleil au ventre, qui se trouvait dans la chambrette que j'ai occupé à partir de l'âge de douze ans dans la "maison de campagne" de mes grands parents, pendant la plupart des vacances scolaires. Il cotoyait, sur un petit rayonnage au-dessus de mon lit, Les nus et les morts de Norman Mailer, Le commandant Watrin d'Armand Lanoux, deux ou trois recueils de nouvelles et saynettes de Courteline, ou même La P... respectueuse de Jean-Paul Sartre auquel je n'ai jamais réussi à m'intéresser (et quelques autres que j'ai oubliés): livres achetés, je suppose, par la génération parentale, à l'occasion de voyages en train (en gare, à leur sortie en "poche"). J'avais à cette époque tendance à vouloir continuer à lire après mon "couvre-feu" officiel, et comme la porte de ma chambrette était vitrée, j'ai dû user un certain nombre de piles électriques pour lampe de poche en lisant sous les couvertures (parfois même tête-bêche!). Mais je n'avais, depuis cette lointaine époque, jamais eu la curiosité de lire d'autres titres de Jean Hougron, né il y a 100 ans cette année (1923-2001), alors qu'il a publié encore quelques romans bien après l'époque où j'y rêvais sur le moyen d'escroquer un casino... 

P1160750Bref, Les portes de l'aventure fait partie de cette même série La nuit indochinoise (comportant au total 7 volumes) dont Soleil au ventre est le troisième volume et Les portes... le cinquième. Ce bref ouvrage (253 pages) est constitué de trois nouvelles indépendantes. L'aventure y est plus ou moins intense. Je vais dire quelques mots sur chacune, en tâchant de ne pas trop en dévoiler.

* Poulo-Condor est le nom d'une île (mais il n'est pas question dans la nouvelle du bagne qui y a fonctionné dans la réalité). Si je dis "Monte-Cristo", je suppose que ce sera cependant un indice de ce qui s'y déroule? Disons que, dans cette nouvelle de 88 pages comme dans les deux autres,  il est question de pelle et de pioche. Le narrateur (celui qui dit "je" au départ) n'est pas le protagoniste le plus important, mais bien celui qui écoute l'histoire que lui racontent d'autres personnages. Il en tire ses conclusions...  

* L"homme du kilomètre 53 m'a fait songer au Kipling des bâtisseurs de ponts et d'autres nouvelles décrivant des "administrateurs" anglais aux prises avec les éléments et les "subalternes locaux" dans leur colonie indienne. Ici, il est question des ponts-et-chaussées, de la construction d'une route dans la jungle avec divers aléas: la boue, le gravier adéquat qui manque... et les animaux sauvages. Une belle tranche de vie quotidienne exotique sur une quarantaine de pages. 

* Le retour est le récit amer (de nouveau à la première personne) d'une courte tentative de reprendre la vie ancienne après le retour, sept ans plus tard, d'un homme parti à 19 ans faire forture "aux colonies". Il y a perdu la candeur et les illusions qu'il pouvait avoir à son départ: on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau. Et que d'autres aient attendu son retour ne le touche pas: lui sent avoir trop profondément changé, quand d'autres ont seulement été marqués par le temps passé... Le fantasme de reprise d'une petite vie provinciale finira tragiquement. 

Nonobstant cette diversité, il s'agit bien de ce qu'on appelle des "récits d'aventures". N'ayant pas lu les autres titres de la série, je présume que, à défaut de personnages reparaissants comme dans La comédie humaine, la principale unité est celle de lieu: l'Indochine française (avant 1954). Jusqu'à preuve du contraire, mon intuition est que Hougron a dû nourrir son oeuvre comme London, en mêlant ce qu'il a personnellement vécu sur place durant ses cinq ans en Indochine, à ce qu'il a dû y glaner comme récits d'aventures vécues ou rêvées par d'autres! La dernière réédition, en deux tomes de la collection Bouquins, remonte à 2004-2006. 

P1160752Le second bouquin n'a rien à voir avec le précédent, mais je vais aussi comnencer par vous raconter mon propre rapport avec lui. Ce livre de T. H. White (à l'origine, je l'avais découvert en "bibliothèque verte", et sous un autre titre: L'épée dans le roc), je crois qu'il appartenait à mon grand frère. Je l'ai lu plusieurs fois étant gamin. Je l'ai ré-aperçu il y a quelques semaines, lors d'un bref passage dans une maison de campagne de mes parents (dont je n'hériterai pas), il tombe en morceaux (nous sommes quatre frères à l'avoir lu, peut-être mes neveux, cousins ou autres enfants de passage aussi...). Je ne l'ai pas sous la main, mais je préfère sa couverture à celle du "Poche"... [ci-dessous l'image correspondante, trouvée sur internet].

Dans Excalibur, l'épée dans la pierre, le récit commence abruptement avec le descriptif d'une semaine d'écoliers. Vu le nom des matières étudiées (écriture courtoise, astrologie...), un jeune lecteur contemporain et cultivé pourra se demander s'il s'agit d'un univers à la Harry Potter ou quoi. Mais un peu plus loin, il est question d'escrime, de tir à l'arc et de fauconnerie. Ces vraies matières viriles indiquent davantage la voie médiévale. Nous sommes dans un Moyen Âge de fantaisie, entre chevalier errant (oui, un seul!) et foins du domaine à rentrer. Merlin l'enchanteur apparaît p.60, pour devenir précepteur des deux garçonnets du château. Mais sa pédagogie s'avèrera "active": pour s'acquérir des mérites ou des qualités, rien de tel qu'une série d'incarnations provisoires dans des corps animaux. Ou, sans transformation, la rencontre de quelques héros légendaires pour vivre ensemble des aventures palpitantes et aussi merveilleuses que celles d'Alice. Et le héros principal finira par prendre dans sa main l'épée dans la pierre du titre.

L-epee-dans-le-rocQuoique je n'aie pas été en mesure de confronter mot à mot les deux versions, il me semble que la traduction du Livre de Poche doit être différente de celle lue quand j'étais gamin. En tout cas, je n'y ai pas retrouvé Kay et Moustique (popularisés par le dessin animé de Disney Merlin l'enchanteur sorti en 1963, du vivant de White [1906-1964 - grande année!]), mais Keu et ...La Verrue. La verrue s'appelait ainsi parce que cela finissait en "u" comme Arthur, enfin presque (p.29): pas très convaincant... Le cycle de romans écrit par T. H. White à partir de 1938 comprend cinq titres, dont le dernier est paru posthume. Je n'ai jamais lu les quatre autres. 

Finalement, ne devrais-je pas m'inquiéter de "retomber en enfance" et de prendre presque davantage de plaisir à radoter sur mes souvenirs qu'à rédiger de simples billets chroniquant des ouvrages de lectures récentes...? En tout cas, je n'ai pas l'impression d'avoir souvent croisé ces deux auteurs sur les blogs... Mais enfin - bon sang mais c'est bien sûr! - Excalibur... peut tout à fait participer au 11e Challenge de l'imaginairecli11-02

15 octobre 2023

Les naufragés du Wager - David Grann

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Les naufragés du Wager de David Grann (Editions du sous-sol, 371 pages et 60 pages de notes et d'une bibliographie sélective) nous emmènent dans le passé de la marine britannique entre 1740 et 1748, au temps des navires de guerre à voile. En 1740, cinq vaisseaux de ligne de la flotte britannique sont affrétés pour partir à la poursuite d'un galion espagnol rempli d'or et d'argent. Nous sommes en pleine "guerre de l'oreille de Jenkins" (dont je n'avais jamais entendu parler) avec entre autres comme adversaires Espagnols et Britanniques. David Grann commence par nous présenter les principaux protagonistes de l'histoire dont David Cheap, 44 ans, un Ecossais, futur capitaine du Wager, l'enseigne de vaisseau John Byron, 16 ans, le futur grand-père du poète, George Anson, le commodore du navire amiral Le Centurion, et enfin, le canonnier John Bulkeley, qui va jouer un rôle important dans la suite des événements. Le début du voyage est sans histoire mais en arrivant au sud de la Patagonie au Cap Horn, Le Wager, l'un des cinq vaisseaux de la flotte, est pris dans une tempête terrible à cause des vents des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants. Il s'échoue le 14 mai 1741 au large d'une petite île (qui portera plus tard le nom d'ïle du Wager). Sur le navire, il y avait au départ 250 hommes, mais un certain nombre d'entre eux vont mourir assez vite après l'appareillage. Naufragés sur l'île désolée, les marins vont installer un camp de fortune mais rapidement, la faim les tenaille car dans la catastrophe, beaucoup de vivres ont été perdus et les hommes souffrent et meurent du scorbut (manque de vitamine C). Certains membres de l'équipage remettent en cause l'autorité de David Cheap qu'ils accusent d'être responsable de l'échouage du navire. Des groupes opposés se forment. Quelques hommes restent fidèles à Cheap qui voudrait continuer sa mission. Quant au plus grand nombre, en devenant des mutins, ils se rallient à John Bulkeley qui veut revenir en Angleteterre pour retrouver sa femme et ses cinq enfants. Grâce à une chaloupe qu'un charpentier agrandit et remet en état, les mutins embarquent avec Bulkeley. Ils étaient 70 et seulement 29 arriveront vers la côte brésilienne après avoir laissé Cheap, Byron et 8 hommes sur l'île. Je vous laisse découvrir le reste de cette aventure hors du commun qui s'est terminée en cour martiale. Un livre agréable à lire avec du suspense. Il semblerait que le réalisateur Martin Scorsese a acheté les droits pour l'adapter au cinéma. Lire les billets de Shangols et Nyctalopes.

1 octobre 2023

La colère - S.A. Cosby

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Avec le roman La colère (Edition Sonatine, 364 pages), je viens de découvrir un écrivain noir américain natif du Comté de Mathews près de Richmond en Virginie. Richmond était l'ancienne capitale de la confédération sudiste pendant la guerre de secession (1861-1865). La colère pour ne pas dire la haine est celle qui agite Ike Randolph et Buddy Lee Jenkins, deux quinquagénaires. Ike est noir et Buddy Lee est blanc. Tout les sépare mais tous les deux ont été de longues années en prison. Ike, devenu chef d'entreprise d'une jardinerie, est marié à Mya, ancienne infimière. Buddy Lee, lui, vit seul dans un mobile home délabré. Son ex-femme, Christine, s'est remarié avec un juge. J'en viens à ce qui va réunir Ike et Buddy Lee: le meurtre de leur deux fils respectifs exécutés d'une balle dans la tête en pleine rue. Isiah, le fils d'Ike, était journaliste et Derek, le fils de Buddy Lee était pâtissier, et ils étaient gay et mariés l'un à l'autre.  Ils avaient même une petite fille de trois ans, Arianna. C'est Isiah qui était la cible principale car il allait dévoiler une affaire de moeurs impliquant un notable de la région. On apprend vite que c'est le notable qui est responsable des deux décès et il cherche une personne gênante. Les deux "papys" vont en faire voir de toute les couleurs à une bande de bikers à la solde du notable. On est pris dans le récit qui est haletant et on a le temps à s'attacher à ces deux compères qui n'ont qu'un but : venger leurs fils. J'ai beaucoup aimé ce roman qui aborde beaucoup de sujet dont l'intolérance et les préjugés de toutes sortes. Je conseille absolument. Lire les billets de Pierre Faverolle, Motspourmots, Aude

21 septembre 2023

Les dépossédés - Ursula K. Le Guin

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C'est d'extrême justesse que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réussis à monter à bord du XIVe challenge Summer Star Wars ("Andor"), qui se termine avec l'été 2023, comme son nom l'indique. Mon billet pourra aussi s'inscrire au 11e challenge de l'Imaginaire. Il concerne un classique de la SF, que j'ai pour ma part découvert très récemment, via la blogosphère. 

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Les dépossédés, Ursula K. Le Guin, 1974 (trad. française 1975), Le livre de poche N°7288, imprimé en juillet 2023, 446 pages

Jusqu'à récemment, je n'avais jamais entendu parler d'Ursula K. Le Guin (1929-2018), surtout connue pour sa série Terremer. Les dépossédés s'inscrit dans un autre cycle, Le livre de Hain (qui comprend un total de 7 titres), mais peut tout à fait se lire comme une oeuvre indépendante (c'est en tout cas ce que j'ai fait!).

Le volume débute par la représentation graphique de deux planisphères. Sur Urras, d'un océan unique émergent deux continents et quelques autres terres plus ou moins étendues. Sur Annarès (que l'on apprendra dans le roman être une lune d'Urras - si j'ai bien compris), une terre unique ceinture la sphère, sépare ainsi deux mers principales et en comprend quelques autres, intérieures, plus petites. Les populations (d'essence humaine) d'Urras et d'Annarès ont la même origine, mais se sont séparées il y a environ deux cent ans (sept générations) quand commence le roman. Annarès est cantonnée dans l'isolement, et visitée huit fois dans l'année par des vaisseaux spatiaux d'Urras, dont l'équipage ne peut sortir du "Port" d'Annarès. Le vaisseau du jour va embarquer un passager en provenance d'Annarès, ce qui est rigoureusement inédit... 

J'avoue ici que j'ai failli me faire happer et repartir pour une lecture depuis le début, alors que j'ai fini ce livre il y a déjà quelques semaines et que je voulais juste me rafraîchir les idées. Je vais donc essayer de ne pas le raconter! 

Disons que ce mystérieux passager, Shevek, est une personnalité hors du commun, un "physicien" surdoué à qui Annarès n'a plus rien à apporter mais qui va chercher, lui, à apporter quelque chose à Annarès (et, accessoirement, à Urras et au reste de l'humanité): une révolution dans le déplacement interplanétaire.

Le génie d'Ursula K. Le Guin est de nous décrire deux univers par le "truchement" de Shevek (certains épisodes renvoient à son enfance, d'autres à sa vie adulte avant son départ de sa lune natale...). Ainsi s'enchevêtrent différents chapitres, tant par des retours en arrière (les années de formation puis la jeunesse du "transfuge"), que par ce qui lui arrive une fois arrivé sur Urras (où il était attendu "comme le Messie" par les scientifiques locaux).
Par ce biais nous sont dépeints des univers mentaux différents, des philosophies de la vie différentes. Sur Annarès, la population (quelques centaines de milliers de personnes) mène un mode d'existence, une vie communautaire autosuffisante (par obligation), qui, m'a-t-il semblé, peut ressembler à l'image d'Epinal du Kibboutz des débuts du sionisme. Une société (une vie sociale) a été mise en place "ex nihilo" par ceux à qui a été accordé jadis le droit de peupler Annarès, pour y vivre en accord avec les préceptes définis par celle qui a "inventé" leur mode de vie: Odo. Sorte de "guide spirituel" (désormais statufiée et mythifiée), elle a mis en route la voie ardue de l'utopie communautaire. Ces "exilés" odoniens ont ainsi pu mettre en pratique un mode de vie (sans argent) que ne souhaitaient pas conserver en leur sein les unes ou les autres des civilisations entre lesquelles Urras est divisée... 

Cette société annarienne m'a semblé mettre en application au quotidien l'anarchie (la vraie), celle qui forme les individus à être capables de vivre collectivement dans une société sans organes de pouvoir. Mais il n'est pas simple de concilier idéal de liberté collective et contrainte par des normes sociales intériorisées... qui interdisent de questionner ce fonctionnement même, celui qui régit les limites de la liberté individuelle. 
En tout cas, ces "libertaires" pacifiques et frugaux sont différents des libertariens à l'américaine, que je conçois comme des individualistes forcenés prêts à défendre, par la force s'il le faut, leur “droit” à vivre égoïstement, en refusant toute contrainte collective, et en premier lieu tout impôt destiné à la prise en charge de l'intérêt général. 

Ce qui concerne Urras peut être vu comme des caricatures des sociétés étatsuniennes, soviétiques, chinoises, africaines (qu'il s'agisse de climat, d'organisation politique, policière...). 
Chaque situation évoquée amène des développements parfois pas si évidents... et on tourne page après page. Au final, j'ai trouvé qu'il s'agit d'un beau libre. D'un très beau livre. D'un très grand livre. D'un livre passionnant. D'un livre magnifique de subtilité et d'intelligence, qui amène à la réflexion. 

C'est grâce au blog de Lybertaire que je l'avais découvert.
Dans le cadre des différents challenges Summer Star Wars, Elassar l'avait chroniqué en 2022, Baroona en 2014.

18 septembre 2023

Harry Potter et l'ordre du phénix - J. K. Rowling (livre) / David Yates (film)

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Bon, c'est de justesse que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réussis à finaliser un troisième billet dans la dernière ligne droite (troisième mois) pour les challenges estivaux (l'automne sera bientôt là): "Les épais de l'été" que j'organise chez dasola, et "Les pavés de l'été", organisé de son côté par Sibylline sur son blog. Je continue dans la saga de J. K. Rowling en traitant cette fois-ci son cinquième volet, après mon billet précédent sur Harry Potter et La Coupe de feu.

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J. K. Rowling, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, Folio junior N°1364, 2003, 1032 pages. 
David Yates, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, 2007, 138 minutes.  

P1160686Cette fois-ci, je vais commencer mon billet par le film (sorti en 2007 - et chroniqué par dasola à l'époque). Lors d'une belle journée estivale, Harry qui se trouve dans un square se fait embêter par son cousin Dudley et ses acolytes, lorsqu'éclate un orage soudain. Puis tout va très vite: en même pas 10 minutes (correspondant à peu près à 75 pages du livre), nous voici arrivés au repaire du fameux "Ordre du Phénix". À la suite de cela, Harry découvre les plaisirs du Ministère de la magie avant la rentrée à Poudlard (29 minutes / 240 pages). Vous dirai-je que la préfecture ne revient pas à qui l'attendait? Encore une fois, la personne qui doit enseigner la "défense contre les forces du mal" ne se révèle guère sympathique, que ce soit en terme d'encre ou de postulats en cours (et nous voilà à la 40e minute et vers la p.320). À l'initiative du Ministère, l'Inquisition débarque à Poudlard, cependant que tel ou tel de nos héros réagit en protestant. Mais Dumbledore fuit Harry, et son parrain lui donne le meilleur des conseils: "vous devez vous débrouiller seuls!" (50e minute - et différence avec le livre). Bisous à la 103e minute (p.544). Les leçons d'occlumancie comme l'attaque du serpent sont expédiés en quelques courtes séquences. Evasion collective d'Azkaban à la 76e minute (p.647), et évaporation de Dumbledore à la 82e (p.741). Mais la révolte contre la nouvelle direction de l'école éclate en feu d'artifice à la 92e minute: un grand moment à l'écran! La bande d'Harry investit le ministère après la 100e minute (p.912). Et ça cavale, et ça cavale. 

Au final, dans ce cinquième volet de la saga, il se passe et se dit plein de choses à l'écran. Avec une phrase pour 10 minutes de film, je ne vous ai presque rien dévoilé, hein! Moins qu'une bande-annonce en tout cas. Je rajouterai juste que la tête de Sirius dans le feu est traitée différemment que dans le 4ème film (qui n'était pas de Yates). Le concierge Rusard tient une place non négligeable dans ce film, avec quelques gags récurrents et muets. Pas de Quidditch dans cet opus cinématographique par contre. Les géants n'apparaissent pas non plus à l'écran (ou guère). Et, anecdotiquement, j'ai eu l'impression qu'Hermione confondait quotient intellectuel et sensibilité dans la scène montée?

P1160685À chaque fois que je relis la phrase "Ce n'est pas parce que tu as la capacité émotionnelle d'une cuillère à café qu'il en va de même pour tout le monde" (p.547), je rigole. Mon édition du livre, achetée d'occasion en 2007 et relue plusieurs fois depuis, a... vécu (pages et couverture cornées...). Ce long livre (1032 pages, le plus long des cinq alors parus) retrace comme les autres une année de Poudlard, mais une année plus difficile que jamais encore pour Harry. Il devra y subir la mort d'un proche (ce n'est pas la première fois bien sûr), mais il sera aussi en butte à une forme de persécution institutionnelle, alors que sa "célébrité" passée (l'enfant qui a permis naguère la disparition de Qui-vous-savez) se retourne contre lui (l'adolescent perturbé qui veut se rendre intéressant en faisant croire que Qui-vous-savez est de retour).

Et leurs hormones travaillent nos adolescents, même si Hermione-la-surdouée garde ici la tête la plus froide. Quand certains piliers de l'équipe de quidditch de Gryfondor se font interdire de jeu par mesure disciplinaire, Hermione se mêle du choix de leurs suppléants. C'est elle encore qui a l'idée d'organiser la résistance des élèves à la tyrannie, alors que l'Ordre du Phénix s'apparente davantage à un mouvement d'anciens combattants. À un moment, entre renvoi d'un enseignant, départ à l'hôpital d'un autre, et profil bas de la plupart, Harry se retrouve en manque de soutien adulte à Poudlard. Les séances d'examen des BUSE (brevet universel de sorcellerie élémentaire) sont longuement développées dans le livre: cette cinquième année est bien une année-charnière.

Il y a bien évidemment dans le livre des séquences, des explications, des scènes entières, qui sont dans le film traitées très elliptiquement voire pas du tout, comme la grande explication finale entre Harry et Dumbledore, dans le bureau de ce dernier, où Harry pique une véritable crise de nerf. On recroise le personnage de l'elfe Dobby, ainsi que le centaure Firenze jadis rencontré dans la Forêt interdite, alors qu'ils ne figurent pas dans le film. Le concierge Rusard se fend de discours venimeux. Harry a l'occasion de se demander s'il n'a pas quelque peu idéalisé son père. À la fin du livre, Harry doit une fois de plus retourner chez sa tante, son oncle et son cousin, mais ces derniers récoltent une mise en garde mémorable.

Et voilà... Je pense qu'il va s'agit de ma dernière participation pour 2023 aux challenges sur de gros livres. Au moins, j'aurai réussi à en publier une par mois. 

Dans le cadre des challenges "Pavé de l'étéde Brize (organisés entre 2012 et 2022), Tiphanie l'avait lu en VO dans le texte en 2013. 

Edit du 21/09/2023: Bon sang mais c'est bien sûr, Harry Potter peut aussi participer au 11e Challenge de l'imaginairecli11-02

7 septembre 2023

La vilaine veuve (Nice, le procès oublié) - Robert McLiam Wilson

Après celui sur les retraites, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente ce mois-ci le petit "Hors-série" noir de Charlie Hebdo sur le procès de l'attentat de Nice, titré La vilaine veuve. Je l'avais acheté en kiosque, à peu près à la même date que l'autre hors-série, en janvier 2023. 

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La vilaine veuve. Nice, le procès oublié. Robert McLiam Wilson (traduit de l'anglais par Myriam Anderson), Hors-série N°2H, 80 pages, 5 euros.

À la fin de l'année 2022 s'est tenu le procès concernant l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice, qui avait fait 86 morts dont 15 enfants et plus de 400 blessés, écrasés par un camion conduit par un seul homme, finalement abattu (attentat revendiqué par Daech deux jours plus tard). Huit personnes de l'entourage du terroriste sont accusées d'avoir été complices dasn la préparation de l'attentat, de lui avoir fourni des armes ou d'avoir joué le rôle d'intermédiaire quand il cherchait à s'en procurer, d'avoir donc été au courant de son projet (il se serait radicalisé très rapidement, alors qu'il n'était pas religieux antérieurement)... 

Robert McLiam Wilson a couvert le procès pour le compte de Charlie Hebdo, où il a chaque semaine publié un article. Il y parle des parties civiles, des avocats, des juges, des accusés... à hauteur humaine. Il explique aussi avoir souvent éprouvé le besoin de se réfugier dans la boisson alcoolisée, seul ou en compagnie, pour supporter ces dures journées de procès. Il est plutôt féroce pour les hommes politiques qui viennent témoigner: Christian Estrosi, maire de Nice à l'époque; François Hollande, Président à l'époque, qui, semble-t-il, utilise les mêmes mots déjà servis lors des procès précédents (attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher en janvier 2015, attentat du Bataclan et des terrasses le 13 novembre 2015...): "quand il y a un attentat, il y a un échec" (p.32). 

Du coup, ce hors-série n'est pas seulement un récit chronologique d'un procès. Les "angles" sont diversifiés. Au fil des semaines, des témoignages, des choses difficiles à supporter sont évoquées: les vautours dépouillant, sur la chaussée même, les victimes (mortes ou blessées) de leurs téléphones portables; des prélèvements d'organes effectués sur les cadavres à l'insu des familles (pendant des "autopsies inutiles et cruelles" [p.68])... Robert McLiam Wilson est parfois amer sur le fait que ce procès, qui se tenait à Paris, a semblé drainer moins de public que les procès précédents: parce que les victimes étaient niçoises? Il s'est même déplacé pour un reportage de quatre jours à Nice. 

Dans l'un des chapitres, il remarque en passant que les journalistes qui couvrent le procès sont, pour la plupart, de jeunes femmes. Dans un autre, que le cumul de la représentation de nombreuses parties civiles (même si "ça ne fait pas grand-chose par client", p.69) peut constituer une "bonne affaire" pour certains avocats, avec l'aide juridictionnelle payé aux frais du contribuable. Je me permets aussi de citer le blog Ça passe crème de Thierry Vimal, qui a perdu sa fille de 12 ans lors de l'attentat (je l'ai découvert grâce à Robert McLiam Wilson qui l'évoque p.24): un style particulier, une scansion courte... et de longs textes.

J'ai apprécié la sorte d'anathème qui fait que (sauf ereur de ma part) l'identité exacte du chauffeur cinglé n'est nulle part écrite dans ce hors-série: l'"oubliable connard" qui a loué un camion et l'a conduit en zigzag pour faire le plus de victimes possibles est juste évoqué par un surnom, "Momo" (j'approuve cette damnatio memoriae). Et Robert McLiam Wilson n'est certes pas tendre avec une quelconque excuse liée aux antécédents familiaux du terroriste (p.41: "Unanimement, c'est le père, rustique et ratatiné, qu'on tient pour responsable. Le pauvre Momo aurait souvent été battu. il était pauvre, n'avait pas de jolis habits. Membre méprisé d'une famille qu'on prenait de haut. Moi pareil, mec. Et après, j'ai fait Cambridge.").

Autre citation: p.59, il demande à des témoins parties civiles ce qu'ils pensent des témoignages des accusés. "Ils se foutent de nous", a soufflé Jacques, d'une voix basse et tendue. Et Marie-Claude de l'interrompre (comme souvent, c'est leur manière). Ça, on pouvait s'y attendre, dit-elle. Mais n'oublie pas, le lendemain de l'attentat, ils ont rouvert les plages. Ça, c'est du vrai foutage de gueule." 

Après avoir lu ce hors-série pour la première fois, j'avais noté deux mots: brut. Brutal. En tout cas, Robert McLiam Wilson sait écrire (même si je ne connais pas sa "version originale", je suppose que la traduction se fait "au plus près"). Le titre du recueil, "La vilaine veuve", est utilisé comme une expression usuelle dès la page 4 (introduction), où il rappelle que dès 2016, il remarquait que cet attentat de Nice était moins inscrit dans la mémoire collective que ses prédécesseurs parisiens ou d'autres: "L'attentat de Nice fait tapisserie parmi les attentats terroristes en France des dix dernières années. Oui, c'est vraiment la vilaine veuve". Mais je n'ai pas la référence de cette expression. Anglicisme, peut-être, citation biblique, ou autre? Je ne sais pas...

Pour le Hors-série signé Gilles Raveaud, je m'étais vaguement demandé s'il s'agissait de la reprise de chroniques passées, d'une rédaction originale, ou d'un mixte des deux, mais je n'avais pas creusé plus que cela. Pour La vilaine veuve, où j'avais réellement eu une impression de "déjà-lu", j'ai pu vérifier la parfaite concordance avec les chroniques hebdomadaires dans Charlie. Ainsi, les deux articles publiés p.15 du N°1573 du 14/09/2022 correspondent aux p.7 à 9 et 10-11 du Hors-série. L'hebdo y ajoutait deux dessins de Biche. Les N°1586 du 14/12/2022 (p.10) et 1587 du 21/12/2022 (p.10 aussi) correspondent exactement à l'avant dernier chapitre (pp.71-75) et au dernier (p.76-80). Les 16 chapitres (dont l'introduction) doivent donc correspondre, je suppose, aux 16 numéros (1572-1587), même si je n'ai pas fait la vérification exhaustive).

Quelques mots concernant l'auteur. La page wikipedia le concernant (consultée le 6 septembre 2023) signale que "Robert McLiam Wilson est contributeur à Charlie Hebdo depuis fin janvier 2016. Son premier article a été publié le 20 février 2016". Il est aussi écrivain, et j'ai commencé à lire Ripley Bogle (360 pages), mais mes disponibilités en temps de lecture ne me permettaient pas de le chroniquer pour ce mois-ci. Je me souviens en tout cas que, lors du confinement, Robert McLiam Wilson avait rédigé un article sur le développement des livraisons à vélo de nourriture à vélo (Uber Eat, et autres), et je me rappelle son anecdote rédigée drôlement quand il expliquait avoir vu passer un (et un seul) de ces "forçats de la rue" [l'expression est de moi!] de type caucasien, mais ne pas avoir réussi à le rattraper pour l'interviewer... 

Enfin, je signale que le Hors-série peut toujours être commandé sur le site du journal (boutique). Yannick Haenel en avait fait une présentation en interviewant l'auteur dans le N°1590 du 11/01/2023.

PS: sans rapport avec le sujet de l'article, je signale aussi que j'ai bien apprécié que, cet été 2023, Charlie republie chaque semaine (dans sa série "un été avec..." qui rend hommage chaque année à un de leurs "anciens") des chroniques de Bernard Maris: salutaires... 

*** Je suis Charlie ***

26 août 2023

Heat 2 - Michael Mann (et Meg Gardiner)

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Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) rédige aujourd'hui ma deuxième participation aux challenges estivaux sur de "gros bouquins", tant celui, "Les épais de l'été" que j'organise chez dasola, que son parallèle, "Les pavés de l'été", organisé par Sibylline sur son blog La petite liste. En effet, contrairement à ce que pourraient penser au premier abord certains internautes inattentifs, le présent billet ne porte pas sur le film-culte Heat (1995), mais bien sur le "prolongement" que lui a donné le cinéaste sous forme romanesque (un « roman cinématographique »).

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Michael Mann et Meg Gardiner, Heat 2, Harper Collins (France) Noir, 2022, 704 pages

Le déroulé du livre "encadre", et éclaire, les événements qui, dans le film, se situaient "dans le présent" (1995, à Los Angeles). S'il ne contient pas de table des matières, il est divisé en parties qui nous donnent l'année où les chapitres se déroulent (1995, 1988, 2000...). Les six parties contiennent entre deux et 31 chapitres (97 au total), dont le plus court comporte une seule page. La première partie reprend les événements juste après la fin du film et suit la cavale du seul survivant de la bande (Chris) jusqu'à la frontière des Etats-Unis (60 pages). La deuxième partie, située en 1988, nous dévoile le passé de la bande avec les personnages du film et la biographie de leur adversaire, mais aussi voire surtout un nouvel antagoniste, qui ne figurait pas dans le film (jusqu'au chapitre 34 et à la page 245 inclus). Puis la troisième partie (100 pages en 12 chapitres) revient sur Chris, qui a "fait son trou" au Paraguay. En quatrième partie, retour à 1988 pour 120 pages en 16 pages, où le "premier amour "de Neil recontre son destin lors d'un coup fumant de la bande. La cinquième partie est la plus courte: deux chapitres et 16 pages, pour Chris au Paraguay, qui pense toujours à la femme qui lui avait fait signe de partir dans le film. La partie finale rassemble à Los Angeles, en 2000, les protagonistes survivants. Chris devient définitivement un "caïd" à Singapour. Mais la fin reste ouverte, avec un Hanna toujours sur sa trace...

Le roman illustre bien combien la connaissance de l'information (concurrence, partenaires, organisations, dispositifs...) est indispensable, quelles que soient l'action ou l'activité envisagées. J'avoue que je me suis un moment demandé si l'utilisation d'internet pour trouver des informations, vers le milieu des années 1990, n'était pas anachronique. Vérification faite, le web a été mis en place pour le public à partir de 1993... Je sais que je n'ai commencé à vraiment l'utiliser, personnellement, que quelque temps plus tard. Je pense que ceux qui sont "digital natives" n'imaginent pas qu'il a fallu "apprivoiser" et s'approprier progressivement ces nouvelles pratiques et les possibilités qu'elles offraient à nos vies d'adultes...

Dans une petite page d'avant-propos, Michael Mann donne quelques éléments d'interprétation de ce que représente ce livre: les "biographies" des protagonistes, qu'il avait créées afin, au moment du tournage du film, de les communiquer aux acteurs pour qu'ils donnent de l'épaisseur à leurs interprétations. Je le cite concernant Vincent Hanna et Neil McCauley: "Heat était une tranche de ces deux vies. Pour moi, Heat 2 est une opportunité fascinante de faire revivre leur passé et de se projeter intensément dans leur avenir". Dans les cinq pages de "remerciements" en fin d'ouvrage, Michael Mann dit en quelques lignes que "Meg Gardiner a été une collaboratrice extraordinaire", cependant que celle-ci le remercie de [l']avoir "invitée à se joindre à lui pour développer l'univers emblématique de Heat".

Il me semble que j'avais découvert ce livre grâce à un billet de la blogosphère cinéma, je ne sais plus où pour le moment... Voir en tout cas le blog Les pipelettes en parlent. Je rajouterai plus tard d'autres liens antérieurs à mon billet si j'en trouve. 

PS du 27/08/2023 pour essayer de répondre à Pascale (merci pour m'avoir incité à la réflexion!): j'ai apprécié de savoir ce qui s'était passé après le film pour les survivants de la confrontation qu'il racontait. Mais en suivant Chris, on rentre bien dans quelque chose qui n'a plus rien à voir avec un braquage de banque. J'ai été intéressé par tout ce qui est dit sur le passé des protagonistes du film et qui ne rentre pas en contradiction avec celui-ci. Mais j'ai été un peu ... (étonné? Perturbé? Dérangé?) de voir apparaitre un nouvel antagoniste (et quelques personnages et péripéties gravitant autour) auquel absolument rien dans le film ne faisait allusion (même s'il n'y a aucune contradiction pour autant). Enfin, j'aurais vraiment aimé en apprendre davantage (dans une loooongue introduction, par exemple) sur l'apport de la "co-autrice": a-t-elle juste fait de la "mise en forme romanesque" sur l'histoire de Michael Mann? A-t-elle pris part à une "co-construction" en apportant des personnages et des péripéties? Ce qui est sûr, c'est qu'elle était "au service" de Michael Mann. Donc, un peu de frustration à ce niveau-là. Á mon avis, il faudrait presque, maintenant, "rédiger" la novelisation de Heat en y intégrant (davantage que le film ne pouvait bien entendu le faire... en 1995!) les nouveaux éléments amenés par Heat 2.

15 août 2023

Retour à Lemberg - Philiippe Sands

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Grâce à l'ouvrage présenté aujourd'hui, je me suis beaucoup instruite. Retour à Lemberg de Philippe Sands (Livre de poche, 755 pages) est un essai passionnant. Il se découpe comme suit : 628 pages de récit proprement dit; des pages 629 à 681, ce sont des notes puis de la page 683 à la pages 691, il y a la liste des sources qui ont permis à l'auteur d'écrire son récit. A partir de la page 700, ce sont les remerciements avant un index (jusqu'à la page 733) et enfin une postface jusquà la page 755. 

Dans Retour à Lemberg, il y a quatre personnages principaux : Leon Buchholz, le grand-père maternel de Philippe Sands, Hersh Lauterpacht et Raphael Lemkin, deux juristes et Hans Frank qui fut Gouverneur général de Pologne pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le point commun entre ces personnages est la ville de Lemberg, Lviv, Lvov ou Lwow (La ville aux lions) qui selon les époques et les conflits a été autro-hongroise, puis polonaise, puis annexée par l'URSS, par l'Allemagne jusqu'en 1945, et encore l'URSS. En 2023, Lviv est en Ukraine.

Le récit se décompose en chapitres plus ou moins longs. Philippe Sands commence son récit par la biographie de Leon Buchholz, qui après avoir fui Lemberg en 1939, vivra à Paris d'abord seul. Il sera rejoint par sa fille Ruth (née en 1938) quelque mois plus tard et enfin par Rita, sa femme. Sa fille Ruth le rejoindra grâce à l'aide d'une certaine Miss Tilney que Philippe Sands évoque dans un court chapitre. Puis j'ai découvert la vie et l'oeuvre de deux éminents juristes d'origine juive qui ont fait leurs études de droit à Lemberg pendant l'entre-deux-guerres. Hersh Lauterpacht (né en 1897) et Raphael Lemkin (né en 1900). Ils sont à l'origine de deux concepts fondamentaux : Lauterpacht sur "le crime contre l'humanité". "Il se concentra sur la protection des individus, non des groupes ou des minorités" (p197). Lemkin qui dans son ouvrage "Le règne de l'Axe en Europe occupée"(1944) adoptait une approche différente de celle de Lauterpacht, cherchant à protéger les groupes. Lemkin utlisait le terme de "génocide": destruction d'un groupe (p197). Hans Frank (né en 1900 à Karlsruhe), qui était à l'origine un juriste, est devenu ministre de la justice en Bavière puis, par la suite, Gouverneur des provinces polonaises occupées entre 1939 et 1945. Il est l'un des responsable de l'extermination des Juifs en Pologne. Dans sa juridiction, il y avait les camps de Treblinka, Sobibor et Majdanek. Il est à l'origine de la création des ghettos à Varsovie et Cracovie. Pendant le procès de Nuremberg, il a reconnu partiellement sa responsabilité mais s'est rétracté par la suite. Son journal de 38 volumes (il consignait tout au jour le jour) a servi comme élément à charge dans le procès de Nuremberg. Frank fait partie de ceux qui sont à l'origine de l'extermination des familles de Lemkin et Lauterpacht restées à Lamberg et dans les environs. Le procès de Nuremberg est évoqué dans un chapitre de 70 pages. Je rappelle qu'il y avait quatre chefs d'accustion : complot, crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l'humanité. Le terme "génocide" n'a pas été retenu, au grand désespoir de Lemkin. De son côté, Lauterpacht a participé à la rédaction des plaidoiries pour la partie britannique.

Parmi ceux qui ont apporté leur témoignage à Philippe Sands (qui est aussi juriste), il y a Niklas Frank, le benjamin de la famille de Hans Frank qui a jugé très négativement les agissements de son père.

J'ai trouvé ce livre passionnant de bout en bout et il se lit facilement. Je n'avais jamais entendu parler de Lemkin et Lauterpacht. Il y aurait plein de choses à dire sur ce livre que je vous laisse découvrir.

Pour l'anecdote, ce week-end, je lisais ce livre en voyageant en train. Et parmi les passagers, il y avait quelqu'un qui lisait aussi Retour à Lemberg.

 C'était ma quatrième participation aux challenges "Les épais de l'été 2023" et "Pavés de l'été 2023".

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[Challenge Les épais de l'été 2023, organisé chez dasola par ta d loi du cine]


[Challenge Pavés de l'été 2023 chez sibylline

31 juillet 2023

Harry Potter et la coupe de feu - J. K. Rowling (livre) / Mike Newell (film)

Epais  0 logo retenu_paves2023

Vu que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) croulais déjà sous une demi-douzaine de billets ou articles en cours dont je procrastine toujours la finalisation, j'ai bien évidemment, le weed-end dernier, consacré une quinzaine d'heures à tout autre chose, à savoir une n-ième relecture d'un "épais" livre, et le n-ième visionnage d'un long film et des bonus qui l'accompagnent en DVD. Voici donc ma première participation au challenge "Les épais de l'été" que j'organise chez dasola, et à celui, "Les pavés de l'été", organisé de son côté par Sibylline sur son blog

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[Edit 02/08/23] Image prise une fois l'appareil photo de dasola revenu de voyage!

L'idée de relire et de chroniquer le premier tome de la saga à avoir dépassé (en français) les 600 pages m'est donc venue (j'accuse personne, hein!) suite aux billets de Belette qui, dans le cadre de nos challenges estivaux sur de gros bouquins, a non seulement rédigé son premier billet de participation sur le septième tome de la célèbre heptalogie, mais a encore chroniqué successivement deux tomes d'une autre même saga. Bon, arrivons-en à nos coupes de feu. 

J'ai acquis mon exemplaire de Harry Potter et la coupe de feu en 2004, d'occasion, bien après sa sortie tant en "grand format" qu'en Folio jeunesse, mais avant la sortie du film qui en a été tiré. Dans ce quatrième tome de la saga principale de J. K.. Rowling, beaucoup de choses vont par quatre: qu'il s'agisse du nombre de "champions" pour le Tournoi des Trois sorciers, du nombre de défis que devra surmonter Harry Potter pour triompher des trois épreuves qu'il est censé compter, des triangles amoureux que comportent les différents couples de héros... Car cette quatrième année d'études, où notre héros a désormais 14 ans, est bien celle de la découverte que "les filles, c'est compliqué". Ce qui est bien plus important qu'une pierre philosophale, une chambre des secrets, ou un vrai-faux coupable, non? Et ne parlons pas des ravages du "quatrième pouvoir"!

Comme chacun sait, la "coupe de feu" du titre est censée ne pas contenir de nom d'élèves sorciers âgés de moins de 17 ans. Donc... vous avez lu le livre, ou bien le titre est un indice suffisant? Notre Harry va une nouvelle fois se trouver au coeur d'une sombre machination agencée par son ennemi de longue date, "vous-savez-qui". Mais il maîtrise de mieux en mieux sa baguette et ses sorts (non sans travail et sans mal), et finit par savoir se défendre. Sorts et baguettes magiques ne peuvent malheureusement pas grand-chose pour (ou contre) les problèmes relationnels. Le "meilleur copain" se retrouve en rivalité, la "meilleure copine" s'entiche des elfes de maison, et la fille qui tape dans l'oeil est déjà prise. Harry se montre un peu trop enclin à la procrastination et doit à diverses interventions extérieures ses propres avancées dans l'action. Mais le beau gosse finira mal... 

Comme chaque volume, l'histoire se finit avec l'arrivée des vacances et le départ de Poudlard... en attendant la nouvelle saison, pardon, le nouvel épisode / la prochaine année scolaire et le prochain livre! J'espère que je n'en ai pas trop dit sur ce livre paru en novembre 2000?

Parmi les quelque 160 participant-e-s à une ou plusieurs des 11 éditions (2012-2022) du "Pavé de l'été" de Brize, seules deux avaient chroniqué ce volume-là: Lutin82 en 2018, Belette en 2019.

* * * * * * * *

En ce qui concerne le film de Mike Newell (sorti cinq ans après, fin novembre 2005), je l'ai revu alors que je n'avais pas fini de relire le livre. Enfin, disons que je n'en avais pas achevé la lecture suivie, mais que j'avais déjà jeté quelques coups d'oeil furtifs pour me remettre en mémoire les principales péripéties. J'ai donc pu constater une nouvelle fois que, forcément, les 2H37 du film (générique compris, je suppose) sont loin de rendre compte de l'intégralité de nos 762 pages du livre. Je suis d'accord avec le constat de dasola (qui n'a lu aucun des sept livres) lors de son premier visionnage: les spectateurs non lecteur du livre n'ont pas toutes les clés pour comprendre... Il a fallu sabrer dans les personnages, les péripéties, compresser les durées... et faire des choix (je n'aurais pas voulu être à la place des scénaristes - c'est un métier!). 

Ainsi, les Dursley sont escamotés. Ceux (ou celles!) qui ont rêvé sur les pages décrivant la Coupe du monde de Quiddish risquent d'être déçus. L'un des personnages haut en couleur du livre est inexistant. Ce n'est pas dans cet opus qu'on verra agir les "grands frères" de Ron. Les longues et fastidieuses heures de recherche en bibliothèque sont à peine évoquées. Et il nous manque certains des tenants et aboutissants pour ce qu'il est advenu ou ce qu'il adviendra à l'un des principaux personnages du livre... me suis-je aperçu une fois "sorti" du film et en pouvant prendre un peu de recul sur ce que je venais de voir.

Du coup, comme dasola l'avait évoqué à l'époque, je pense personnellement qu'il vaut mieux avoir lu le livre pour comprendre certains détails (qui est qui, pourquoi telle action...). Mais peut-être qu'aujourd'hui, des spectateurs sont capables de savourer les images et l'histoire sans connaître de la saga autre chose que ce qu'en a rendu le cinéma.

Il y a eu, par contre, des "développements" apportés à certaines péripéties. Ainsi, l'épisode avec le dragon dure plus de quatre minutes à l'écran - dont des images de poursuite époustouflantes. Même si tout n'en a pas été conservé dans la version finale, la "scène du bal" ou la formation préalable ont apparemment été ... intéressants à tourner pour les jeunes acteurs (les bonus du DVD apportent un éclairage savoureux, entre scènes coupées et entretiens avec le trio principal). Et la rencontre finale est douloureuse à souhait (même si la jambe d'Harry semble plus valide que dans le livre?).

Parmi les blogueurs "cinéma" qui fréquentent le présent blog, seul Sélénie a chroniqué le film (sous réserve de mauvaise recherche de ma part bien entendu). Je pense que cela peut s'expliquer par l'ancienneté de sa date de sortie et par la disparition des blogs "allociné" (il y a une douzaine d'années).

Bon, un peu de sérieux, je vais essayer ces prochains jours de (finir de) rédiger au moins un billet ou deux avant de me lancer dans Harry Potter et l'ordre du phénix...

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Ouf, au moins, j'aurai réussi à participer à mon propre challenge avant la fin de son deuxième mois d'existence (avec un "épais" comptant pour 784 pages)... Si j'en reprends les chiffres à ce jour: lancé le 10 juin, il compte désormais avec moi 36 inscrit-e-s, dont 23 ont rédigé au moins un (pour 13 participantes) et jusqu'à neuf billets (six participantes en ont déjà inscrit 2, une en est à trois billet, une autre à quatre, cependant que la recordwoman est talonnée avec six billets). En outre, huit livres sont annoncés, dont six par six inscrites n'ayant pas encore rédigé de billet. Donc, avec ces 23 participations déjà répertoriées chez dasola (sans parler des inscriptions seulement chez Sibylline), je considère que le défi de succéder à Brize et à son "Pavé de l'été (2012-2022)" est d'ores et déjà relevé. À 40 participations, ce sera une réussite; à 60, un succès; à 80, un triomphe!

Edit du 21/09/2023: Bon sang mais c'est bien sûr, Harry Potter peut aussi participer au 11e Challenge de l'imaginairecli11-02

23 mai 2023

Mémoires / Vivre et laisser mourir, le livre d'un film - Roger Moore

Il y a quelques semaines, lors d'une recherche physique, est remonté à la surface le contenu d'une des PAL de dasola. J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) alors été "happé" par ce livre, que j'avais moi-même acheté il y a des années, "en solde", au hasard d'une halte dans une station d'autoroute (je sais, c'est pas bien). Et j'ai décidé d'en faire un billet, en y rajoutant un autre titre "du même auteur" que j'avais chiné en 2020, pour ce sixième anniversaire du décès de Roger Moore.

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Mémoires (avec Gareth Owen), trad. Marie-Céline Mouraux, First Editions, 2015, 19,95 euros (édition originale publiée sous le titre Last Man Standing: Tales from Tinseltown, 2014)
Vivre et laisser mourir : Le Film d'un film, Plon, 1973 (trad. par France-Marie Watkins)

P1150788Ecrit avec l'aide de Gareth Owen (sur lequel la seule chose que l'on apprend [p.271], c'est qu'une fois de plus il a "donné corps aux velléités d'écrivain" de Roger Moore), ce livre se présente (dans l'introduction de RM) comme la suite de James Bond par Roger Moore : 50 ans d'aventures au cinéma (publié en 2012 pour l'édition française), ouvrage auquel il est parfois fait allusion dans le texte par "j'ai déjà raconté ailleurs...". Dans ces Mémoires, RM rebalaie ici une carrière étendue sur plus de soixante ans, où il raconte des anecdotes qui sont arivées à lui-même, mais aussi à d'autres en sa présence, ou bien que d'autres célébrités lui ont racontées leur être arrivées, ou encore d'autres "de notoriété publique" (?) sans qu'il cite sa source... Il a croisé sur son chemin bien du beau monde, c'est certain (l'Index comporte pas moins de huit pages en petits caractères sur deux colonnes)! L'ouvrage est bien écrit, enlevé, et l'édition contient des photos de Roger Moore à tous âges, dans des spectacles et films pour certaines, ou lors d'événements pour les plus récentes... Une lecture distrayante, et qui peut nécessiter de fréquentes consultations d'internet pour resituer les personnes ou les films dont il parle! Le livre, organisé à ce qu'il semble de prime abord en 8 chapitres, saute souvent du coq à l'âne, sans vraiment de fil conducteur, en tout cas pas toujours de manière chronologique. Je dirai, à titre d'anecdote, que Tony Curtis, partenaire dans la série mythique Amicalement vôtre (The Persuaders! en VO), excellent compagnon au demeurant, en prend pour son grade (près de ses sous, réticent à refaire des prises, encore davantage à post-synchroniser ses répliques...). Il était déjà décédé quand le livre est sorti... 

Si vous êtes curieux d'histoires de télévision, de cinéma et d'acteurs anglais amusantes à lire, je vous conseille cette lecture intéressante.

P1150784P1150786En 1973, la couverture de l'autre livre présenté joue sur l'ambiguïté, la tranche encore plus. Sur celle-là, on lit seulement James Bond - Roger Moore. Sur la couverture, où il y a davantage de place, on lit ensuite, en caractères un peu plus petits: Le livre d'un film / Vivre et laisser mourir. Ce n'est qu'en page de garde que l'on peut découvrir la véritable identité du livre: titre principal Le film d'un livre, en-dessous (en plus petit) Vivre et laisser mourir (Live and Let Die). Le livre a été traduit en français en 1973, l'année même de sa sortie en anglais, par France-Marie Watkins, traductrice bien connue pour la catégorie "roman populaire" (je dois posséder quelques livres de feue la collection Western-Le Masque, Librairie des Champs Elysées). Rappelons qu'il s'agissait du premier film où Roger Moore prenait la suite de Sean Connery (ce dernier ayant joué auparavant six fois le rôle de James Bond): un bon plan marketing...

Et le livre commence à 100 à l'heure, précisément au moment où Roger Moore répète sans caméra la course en hors-bord... et se prend une petite gamelle. Il cadre ensuite l'histoire du tournage qu'il fait commencer au départ de Londres le dimanche 8 octobre 1972. [je suppose que tout le monde connaît le film par coeur, est est donc capable de visualiser les scènes auxquelles je peux faire allusion. Non? Bah je vais faire comme si: z'avez qu'à le (re)voir!].

Tout au long du film, RM nous livre ses impressions sous forme de chronique au jour le jour, en interaction avec ses partenaires (réalisateur, producteur, acteurs, cascadeurs, journalistes, collègues en visite...), parsemé de quelques anecdote (j'ai perdu le nombre de mariages célébrés, mais il y en a eu plus d'un!). La vie, sur le tournage, c'est un travail répétitif et prenant, parfois émaillé d'incidents plus ou moins graves survenus sur le tournage. Mais tout au long, il n'oublie pas de manger, boire, revoir de vieilles connaissances déjà croisées sur un autre tournage TV ou cinéma, jouer aux cartes avec le producteur... et les corvées que sont les photos ou les interviews de presse, elles aussi répétitives: "En quoi votre Bond diffère-t-il de celui de Sean Connery?", quand ce n'est pas "Combien êtes-vous payé?" (réponse: "je ne parle jamais d'argent, sauf avec mon banquier, mon impresario et mon percepteur!" [p.91]). Et pour modestie garder, il cite son gamin de 6 ans, Geoffrey, qui lui demande à peu près: "tu peux battre n'importe qui, même un voleur? - Bien sûr. - Et si James Bond arrivait? - James Bond, c'est moi. - Non. Je veux dire le vrai James Bond: Sean Connery" (p.49). Plus généralement, d'une jolie plume, il nous dévoile les dangers véritables courus par les acteurs et l'équipe pour un résultat spectaculaire à l'écran. La magie du cinéma, tu parles. Il nous révèle encore les dessous de la post-synchronisation, sans perdre son humour: "quand j'y pense, il m'est arrivé de voir à l'étranger des films de moi, doublés par d'autres acteurs dans des langues étrangères et j'ai souvent eu l'impression que la traduction était meilleure" (p.216). 

Ce livre semble ne jamais avoir été réédité: si vous le croisez dans une bouquinerie, n'hésitez pas! 

Et je finis ce billet en répondant à la question que vous vous posez tous, maintenant: non, l'autobiographie de Sean Connery, publiée en 2008 sous le titre Being a Scot (écrite avec Murray Grigir, traduisible par "Etre Ecossais"), ne semble pas avoir été traduite en français...?

21 mai 2023

L'Evangile de la colère - Ghislain Gilberti / Les filles de Caïn - Colin Dexter

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Avec L'Evangile de la colère de Ghislain Gilberti (Editions J'ai Lu, 537 pages), on assiste à une suite de meurtres dans la banlieue de Paris. Seth Kohl, qui est le chef du groupe chargé de l'enquête, fait partie de la Brigade criminelle du SRPJ de Versailles. Il est entouré d'une équipe solide. Assez vite, les policiers se rendent compte que le meurtrier suit un modus operandi qui sort de l'ordinaire. Il s'inspire des Danses macabres d'Holbein le jeune dessinées au XVIème siècle en commençant par la fin si je puis dire, puisque c'est un enfant et un agriculteur qui sont les première victimes. 100 pages avant la fin, le meurtrier est neutralisé mais un autre prend sa place. Je vous laisse découvrir toutes les péripéties de ce roman qui se lit bien.

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Après avoir évoqué Les enquêtes de Morse comme série télévisuelle, voici l'inspecteur Morse vieillissant, dans un des treize romans traduits en français et écrits par Colin Dexter (1930-2017). Ces romans parus aux Editions 10/18 à la fin des années 90 ne sont plus disponibles, sauf deux réédités aux éditions Archipoche. Je me suis procuré d'occasion Les filles de Caïn (Edition 10/18, 384 pages) dans une librairie spécialisée. J'ai beaucoup aimé ce roman dans lequel Morse et le sergent Lewis enquêtent sur la mort de deux hommes (dont un professeur d'université) qui ont été poignardés (pas par le même couteau). Il y a trois suspectes dont l'une tombe amoureuse de Morse. L'enquête comporte des rebondissements. Le personnage de Morse n'est pas forcément très sympathique car il est colérique, mais on s'habitue à lui comme le sergent Lewis, souvent un peu à la traîne. Et Morse est toujours un accro à la nicotine, à la bière et au whisky. Il est radin sauf exception et c'est un admirateur de la tétralogie de Richard Wagner. Si vous avez l'opportunité de trouver un des romans de Colin Dexter, n'hésitez pas à le lire.  

15 mai 2023

Le coeur de l'hiver - Craig Johnson

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Cela faisait un moment que je n'avais pas lu de roman de Craig Johnson. Après une visite dans une des nombreuses bibliothèques parisiennes que je fréquente, j'ai emprunté Le coeur de l'hiver (Edition Gallmeister, 377 pages), le plus récent roman de Craig Johnson paru en français. Dans ce roman, on retrouve le shérif Walt Longmire loin de ses terres du Wyoming. Il est au Mexique afin de délivrer sa fille Cady des griffes d'un dangereux narcotraficant, Tomas Bidarte. Pour information, Le coeur de l'hiver est la suite de The Western Star que je n'ai pas lu. Dans Le coeur de l'hiver, Walt Longmire pour sauver sa fille doit surmonter quelques obstacles administratifs car tant le FBI que les autorités mexicaines voient la venue de notre shérif sur le territoire mexicain d'un très mauvais oeil. Heureusement, il trouve de l'aide grâce à différents personnages: un homme nommé Voyant qui est aveugle, son neveu Alonzo ; Adan, un médecin, et sa soeur Bianca, ainsi qu'un jeune Apache qui a eu la langue coupée par un homme du Cartel mais qui est un tireur hors-pair. Le rythme du récit est trépidant, les cadavres nombreux. Je ne vous dirais rien de la fin que vous pouvez deviner. Un roman qui se laisse lire.

13 mai 2023

A nous la terre ! - Collectif

Un billet express pour un petit recueil de nouvelles que j'ai (ta d loi du cine, "squatter "chez dasola) lu très rapidement!

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A nous la terre, 9 auteurs, 2021, Folio n°7003, 136 pages, 5 euros 

J'ai trouvé cet opuscule dans un bac de bouquinerie pour 20 centimes d'euros. le sous-titre "Les écrivains s'engagent pour demain", et certains des noms sur la couverture, m'ont fait m'en saisir. Je ne le regrette pas, même si (c'est le jeu de la diversité!) certaines nouvelles m'ont davantage "parlé", intéressé ou plu, que d'autres.

* Le côté gauche de la plage - Catherine Cusset (10 pages): souvenirs de baignade - nue, de l'enfance à l'âge mûr. Cela ne m'a pas trop parlé.

* J'ai été nature - Eric De Luca: deux pages, quasi-mystiques. Bof.

* Des coeurs battants - Jean-Baptiste Del Amo (10 pages). Je n'avais jamais entendu parler de l'auteur. j'ai bien apprécié cette nouvelle, qui retrace les évolutions écologiques sur quelques décennies.

*  Instinct - Sonja Delzongle (10 pages). Souvenirs éthologiques (fiction ou réalité?), qui ont fait joliment écho, pour moi, au livre de Jane Goodall chroniqué il y a quelques semaines. Bien.

* L'ordre des pierres - Luc Lang (14 pages): dans les Pyrénées, une randonneurs solitaire, en autonomie sac au dos, savoure sa balade. 

* Le sansonnet - Carole Martinez: 11 pages trop "poétiques" pour moi, où, entre les lignes, on sent l'emprise toxique et la déchéance d'un couple et de ses composantes... 

* Kephart - Ron Rash (17 pages - la nouvelle la plus longue): j'ignorais tout d'Horace Kephart, vu que la page wikipedia en anglais qui le concerne reste à traduire en français (consultée le 5 mai 2023)... Ron Rash tire de la vie de ce "naturaliste" américain une nouvelle intéressante. Un paragraphe m'a fait songer à Serena.

* Mont-Blanc, la mort lente - Jean-Christophe Ruffin (8 pages): j'y ai appris que des voies d'escalades ouvertes au XXe siècle dans les Massif des Drus, dans les Alpes, n'existent plus aujourd'hui, suite à des milliers de mètres cubes d'éboulements au XXIe, sans doute en lien avec l'accélération du réchauffement climatique d'origine humaine... On ne peut donc plus que rêver sur Premier de cordée (Roger Frison-Roche), qui nous parle d'un temps et d'escalades révolus.

* La pieuvre - Monica Sabolo (11 pages): de jolis souvenirs d'enfance, une initiation au "monde du silence" pour une fillette... 

Le livre est bien en vente sur le site de Folio (mise en avant des versions ".pdf" et ebook), mais l'opération ne semble pas avoir été renouvelée en 2022 ni 2023. Une recherche sur le site de Folio avec "WWF" ne ramène rien. Plus largement, via [moteur de recherche], une recherche sur les mots-clés "Partenariat Foliio et WWF" ramène surtout une foule d'entreprises dont on peine spontanément à imaginer le caractère "écologique", qui se seront offert ("à bon compte"?) un certificat de "greenwashing" grâce au WWF...

Les moteurs de recherche m'ont seulement ramené un billet sur le blog Au fil des pages

20 mars 2023

Deux livres sur des canidés

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente deux vénérables livres au format poche chinés pour quelques dizaines de centimes d'euros (30 centimes pour l'un d'une part, 20 centimes pour l'autre mais cinquante centimes si on en achète trois - et j'en avais pris 9 pour ce lot-ci, d'autre part). J'ai décidé d'en faire un billet commun à cause du thème mis en titre: tous deux mettent en scène des canidés.

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Tueurs innocents, H. et J. van Lawick-Goodall, J'ai Lu documents N° D 19**, 1973, 308 p.
Dix chiens pour un rêve, François Varigas, Le livre de poche N°6051***, 1985, 254 p.

P1150751Le premier titre, Tueurs innocents, est un livre documentaire d'éthologie (observation des animaux). Jane Goodhall, alors mariée avec le photographe et cinéaste documentariste Hugo van Lawik, reste aujourd'hui beaucoup plus connue pour ses travaux sur les chimpanzés, à Gombe. Le présent livre a été publié en anglais en 1970, et traduit en français en 1971.

Son mari ayant été nommé photographe des parcs nationaux de Tanzanie, Jane l'accompagne dans ses missions d'études, avec leur enfant en jeune âge, Hugo junior, plus connu sous le nom de Grublin (p.36). Tous deux partagent équitablement couches et rédaction du livre. Les observations se déroulent dans le Parc du Serengeti et dans le cratère du Ngorongoro qui en est mitoyen. Les habitués des documentaires animaliers reconnaîtront toute la faune du Serengeti. Le livre s'intéresse en premier lieu aux carnivores, et par conséquence à leurs proies (herbivores). Proies parfois dévorées vivantes (en commençant par les entrailles), mais qui, nous dit-on, meurent plus rapidement que les herbivores étranglées durant 10 minutes par les lions... (et peut-être "anesthésiées" par le choc, comme un humain peut "réagir" en cas de blessure grave...). Il est aussi question des oiseaux (j'ai appris que les "vautours égyptiens" savent utiliser un outil: ils jettent une pierre contre les oeufs d'autruche pour en briser la coquille, trop dure pour leurs becs). Trois races d'animaux sont abordées (ont été étudiées, par le couple et ses assistants) successivement: les chiens sauvages (lycaons), chacals dorés (et argentés?), hyènes tachetées. A chaque fois, les chapitres, rédigées dans un style vivant (qui n'exclut nullement la précision scientifique) nous présentent plusieurs "clans" ou meutes". Sont décrits l'élevage des jeunes, la hiérarchie interne à chaque groupe, le mode de chasse, les relations avec les proies, les autres carnivores, ou les congénères. Le livre est entrecoupé d'anecdotes d'observations en véhicule ou de vie au bivouac avec leur jeune fils. Seuls quelques indices permettent alors de savoir qui est le "je" qui rédige. Les auteurs ont pu bénéficier d'un programme d'études pluriannuel, et de la bienveillance de leur éditeur (puisque la rédaction du livre a connu plus de six mois de retard par rapport à ce qui avait été convenu). Toutes ces observations vécues, racontées de manière très vivantes, aboutissent à un récit qui se lit comme un polar. Une belle lecture, à mettre en perspective, je le répète, avec les documentaires animaliers qui repassent inlassablement sur Arte.

En cherchant des informations complémentaires, j'ai appris que, contrairement à ce que je pensais au départ, les hyènes, selon les arbres phylogénétiques récents, ressortiraient plutôt de la même famille que les félins (comme les mangoustes par exemple) et non de celle qui contient les canidés (sous-ordre des féliformes plutôt que des caniformes, donc). Je pense que le second livre annoncé, Tueurs tranquilles, qui devait porter sur les félins du parc (lions, guépards et léopards) n'a jamais dû être écrit, car Jane et Hugo ont divorcé en 1974 (ils étaient mariés depuis 1964).

De Jane Goodall, donc, j'avais lu il y a quelques années Nous sommes ce que nous mangeons. Il faudrait que je le relise et que je le mette à disposition dans le système de prêt de livres de l'AMAP dont je fais partie

Eventuellement, je pourrais aussi y proposer le second livre que je vais vous présenter. 

P1150753Je ne comprends pas trop le titre Dix chiens pour un rêve: choisi par l'éditeur ou par l'auteur? Ce chiffre dix (vendeur, symbolique?) paraît être la moyenne entre les 11 chiens du départ et les neuf à l'arrivée... A l'arrivée d'un pari fou: traverser la Terre de Baffin en traîneau à chiens, puis poursuivre à travers le Canada jusqu'à la cité de Dawson. L'auteur, François Varigas, semble avoir bénéficié pour la rédaction de "l'aide" d'un journaliste ("propos recueillis par Jean-François Chaigneau"). Un Français a donc réussi à aller jusqu'au bout de ses rêves, en y gagnant le respect des hommes rudes qui vivent dans le "grand Nord": personnels de la ligne DEW, d'entretien des routes, Inuits, Amérindiens... Mais revenons à nos chiens. Ils sont évoqués, chacun avec leur caractère, tout au long de l'ouvrage. L'auteur les a parfois eu chiots et dressés comme chiens de traîneau, traîneau qu'il a lui-même construit pour son "raid". Il doit porter le matériel de bivouac dans la neige et la nourriture pour le conducteur comme pour les bêtes, pour des étapes en autonomie qui peuvent durer jusqu'à deux semaines sans voir quiconque. Nous avons droit à la présentation des deux types d'attelage: l'inuit (en arc de cercle) ou "indien" (en ligne), celui qui est le plus connu (je songe au livre Le grand silence blanc par exemple). Tout au long du périple, l'interaction avec les chiens est permanente. Nous les voyons se "mutiner" le deuxième jour: habitués à de courtes randonnées, ils veulent faire demi-tour pour le retour classique à la maison (p.30), ne pouvant anticiper la longueur de la randonnée. Au fil du voyage, nous assisterons à des rencontres avec un couple de loups, un ou deux ours, un renard des neiges... p.51-52, notre voyageur regrette sa solitude et surtout l'absence de spectateurs pour admirer la "belle ouvrage" que font les chiens (parfois en compétition pour être ou demeurer "chien de tête). Plus loin (p.75), tous les menbres de l'attelage nous sont présentés, à un moment où il envisage de devoir sacrifier un chien pour nourrir les autres (comme les explorateurs polaires de jadis). Conclusion p.82 de ce passage: "Je secouai la tête: mais quelle stupidité m'avait abruti à ce point? Je n'étais pas encore dans le réel besoin de nourriture et j'avais choisi comme inéluctable la solution la plus imbécile. J'avais planifié, comme un énarque, sans attendre la réalité. J'avais trop raisonné sur l'avenir". Les chiens, semble-t-il, lui sauvent quelquefois la mise sinon la vie: quand le mauvais temps l'amène à faire demi-tour au lieu d'aller au bout de l'étape prévue, à plusieurs reprises, ce sont les chiens (instinct? flair? intelligence?) qui savent le ramener à bon port.

Les étapes dans des lieux habités sont l'occasion de rencontres avec des "peuples premiers" sédentarisés et dont les jeunes gens, utilisateurs de skidoos, ne savent plus forcément utiliser un "simple" attelage de chiens. L'administration peut être plus ou moins compréhensive (un caribou tué parce que c'était ça ou mourir de faim, et l'amende menace...). La rencontre avec une famille de trappeurs m'a fait songer à la vie décrite dans La rivière des castors d'Eric Collier. François Varigas est en tout cas bien mis en scène dans son rôle d'explorateur et surtout de réalisateur d'exploit.

Au final, un livre dont j'ai lu les péripéties du quotidien d'un tel voyage avec intérêt et facilité. Je ne sais pas trop ce qu'a pu devenir son auteur au XXIe siècle. Je n'ai pas lu son autre livre, Une vie pour un rêve, mais je tacherai de me le procurer. 

Vérification faite, on peut facilement trouver sur internet les deux livres que ce billet vous a présenté. Même si chacun est ancien de plusieurs décennies, ils sont malgré tout trop récents pour pouvoir compter comme "classiques" dans un challenge... 

PS: de Jane Goodall, il faudra aussi que je lise (lorsque je l'aurai déniché d'occasion) Les chimpanzés et moi.

19 mars 2023

Le soleil rouge de l'Assam - Abir Mukherjee

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J'ai eu grand plaisir à lire le quatrième roman d'Abir Mukherjee qui vient de paraître. Après L'attaque du Calcutta-Darjeeling, Les Princes de Sambalpur et Avec la permission de Gandhi, j'ai retrouvé dans Le soleil rouge de l'Assam (Edition Liana Levi, 411 pages) le capitaine Wyndham en février 1922, résolu à se désintoxiquer de son addiction à l'opium. Pour cela, il part dans un ashram dans la province de l'Assam, à trois jours de train de Calcutta. Son fidèle sergent bengali Satyendra Banerjee est parti voir sa famille à Dacca. Dès que Wyndham arrive, il voit quelqu'un qui lui rappelle un passé londonien douloureux. A partir de là, le récit alterne deux périodes et deux intrigues qui vont se rejoindre. La première intrigue se passe en 1905 dans un quartier de l'East End de Londres. Wyndham est un tout jeune inspecteur. Une femme, Bessie, est retrouvée morte chez elle. Son voisin du dessus, Israel Vogel, va être accusé du meurtre, parce qu'il est juif, et on retrouve l'arme du crime chez lui. Bessie travaillait chez un certain Jeremiah Caine, un homme d'affaires quelque peu véreux dont la femme venait de décéder. Dix-sept ans plus tard, à Assam, la cure de désintoxication est dure à supporter. Wyndham est nourri de riz, de lentilles et de breuvages qui le font vomir. Il tient néanmoins le coup et quand il quitte l'ashram, il fréquente d'autres Britanniques dont Emily Carter, l'épouse de Ronald Carter, un homme d'affaires prospère de la région. Emily a la passion de la mécanique et elle aime réparer les moteurs d'automobiles. Il se trouve que Ronald Carter meurt une nuit dans sa chambre fermée à clé de l'intérieur (et il était seul). D'étranges marques sont apparues sur sa poitrine. Wyndham ne croit pas à un accident et demande qu'une enquête soit faite. C'est le sergent Banerjee, revenu de vacances, qui va en être chargé. J'ai trouvé une fois de plus que l'écrivain avait réussi à captiver le lecteur même pour une histoire plus classique. Je vous recommande chaudement ce 4ème tome, qui peut se lire sans avoir lu les trois premiers.

13 mars 2023

Le meurtrier - Patricia Highsmith

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J'ai écouté tout récemment, grâce à You Tube, plusieurs épisodes de l'émission "Les maîtres du mystères", une émission radiophonique diffusée sur France Inter dans les années 1950 et 60. A la fin de certains épisodes, les producteurs de l'émission, Pierre Billard (1921-2012) et Germaine Beaumont (1890-1983), faisaient une intervention pour parler d'un roman policier. Et j'ai retenu que Germaine Beaumont avait appprécié Le meurtrier de Patricia Highsmith (Livre de poche, 281 pages), dont je n'avais jamais entendu parler. C'est un roman qui a été écrit en 1954 mais est paru en français en 1960 et que je me suis procuré. En préambule, je dirais que j'ai apprécié les romans de Patricia Highsmith que j'ai lus, dont ceux avec Ripley. Je conseille aussi La rançon du chien ou Eaux profondes. Les romans de Patricia Highsmith (1921-1995) sont tous de qualité. Les histoires qu'elle raconte se finissent mal en général. Sous couvert d'histoires policières, ce sont surtout des romans sur la psychologie criminelle. L'histoire du Meurtrier se passe dans la région de New-York. Dès les premières pages, Melchior Kimmel, un libraire d'une quarantaine d'années, assassine sa femme Helen. Cette dernière prend un bus et au premier arrêt, son mari qui la suivit en voiture la tue derrière un fourré. Après quelques semaines, la police n'a toujours pas trouvé l'assassin. En revanche, Walter Stackhouse, un jeune avocat, devine qui a assassiné Helen Kimmel. Il aime lire  les comptes-rendus de faits divers dans les journaux. Walter a lui-même une vie de couple compliquée avec Clara, une jeune épouse tyrannique qui lui fait du chantage affectif. Sur un coup de tête, Walter rend visite à Kimmel pour lui commander un livre mais surtout pour savoir qui est Kimmel. Quelques semaines plus tard, Clara doit se rendre au chevet de sa mère mourante qu'elle n'aime pas. Elle prend le car pour se rendre à destination, mais, comme Helen Kimmel, elle est retrouvée morte lors d'un arrêt. Elle est tombée dans le vide et son mari Walter devient le seul suspect aux yeux de Corby, un policier tenace. Celui-ci commence à faire le rapprochement entre les deux décès et pourtant Walter n'est pas coupable de la mort de sa femme. Le meurtrier est un roman passionnant de bout en bout. 

3 janvier 2023

Le royaume désuni - Jonathan Coe

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J'ai terminé mon année de lecture 2022 avec le nouveau roman de Jonathan Coe, Le royaume désuni (Edition Gallimard, 484 pages). Je pense qu'il est assez autobiographique par certains aspects, même si, dans la postface, notre auteur dit bien que seule Mary Lamb, le personnage de la mère, s'inspire de la propre mère de Jonathan Coe et que les autres personnages sont de la pure fiction. Soit. En tout cas, l'histoire se passe à Birmingham (ville natale de l'écrivain) et dans sa région. Il s'agit d'une fresque familiale qui se déroule sur 75 an,s entre le 8 mai 1945 et mai 2020. Mary Lamb, qui a 10 ans en 1945, mourra 75 ans plus tard, toute seule et sans les soins auxquels elle aurait pu avoir droit s'il n'y avait pas eu le Covid 19. Le roman est découpé en sept grandes parties: 8 mai 45, le couronnement de la reine Elisabeth en 1953, la finale de coupe du monde de football en 1966 où l'Angleterre a gagné contre l'Allemagne de l'Ouest, l'investiture de Charles comme prince de Galles en 1969, le mariage de Charles et Diana en 1981, les funérailles de la princesse Diana en 1997 et enfin les 75 ans du Jour de la victoire, le 8 mai 2020. Pendant ces 75 ans, la famille Lamb aura vécu les aléas de la politique anglaise jusqu'au Brexit. Mary aura trois fils, dont Martin qui travaillera dans l'usine des chocolats Cadbury (fondé en 1826). Il est en effet pas mal question de chocolat dans le roman. Le chocolat anglais qui contient plus de graisse que de cacao aura beaucoup de mal à s'imposer dans l'Union européenne. Le troisième fils de Mary est un musicien doué passionné de la musique de Messiaen. Le premier fils, Jack, s'est spécialisé dans la vente de voitures de luxe. Jonathan Coe s'est surtout focalisé sur Mary Lamb, une femme qui aimait la vitesse et qui s'est beaucoup occupée de ses trois fils pendant que son mari Geoffrey est devenu directeur de banque. Lors du couronnement de la reine Elisabeth, la télévision est entrée dans les foyers. C'était une révolution. Selon les événements, les membres de la famille Lamb se disputent, car chaque événément ne passionne pas tout le monde, par exemple le football. En revanche, la mort de la "princesse du peuple" a beaucoup ému. La sortie des films de James Bond permet une sortie familiale. Jonathan Coe n'a évidemment pas évoqué le décès la reine Elizabeth. Il a écrit son roman avant. Cela aurait permis une vraie fin à ce roman qui se lit très agréablement. 

PS: en lisant les commentaires des blogueuses, je vois que je n'ai pas dû montrer assez mon enthousiame sur ce roman. Je l'écris haut et fort, c'est un très bon roman que je conseille. Jonathan Coe est un formidable narrateur qui met en lumière plein de personnages attachants. 

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