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15 juin 2022

Enfants des étoiles - H. G. Wells

wells_NOIR   2022-en-classiques-Logo1   10e_ChallengedeLImaginaire Le-Mois-anglais-2022

Enfants des étoiles est déjà le troisième des quatre livres que je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) me suis procuré il y a quelques semaines dans le cadre de notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline). Je l'inscris aussi au Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Nathalie et Blandine) et au "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque).

Star Begotten est paru en 1937 et a été traduit en français par Armand Pierhal en 1939. Ce petit Folio (N°1572) compte 152 pages.

P1150316

Non, cette illustration signée Philippe Poncet de La Grave ne représente pas un personnage portant un masque au concombre (contrairement à ce que l'on peut croire à première vue).

Les titres des 10 chapitres que compte Enfants des étoiles m'ont un peu fait penser à certaines oeuvres de Jules Verne. Je crois savoir qu'il est arrivé à Wells de se comparer à son devancier français, mais en insistant sur le fait que lui-même (Wells) s'intéressait davantage aux conséquences sociales du progrès technologique dans sa littérature "d'anticipation". Côté humain, justement, le premier chapitre, Mr. Joseph Davies est bien perplexe, nous montre un enfant (puis un jeune homme) confronté à une bonne éducation anglaise et à ses premières interrogations sur l'ordre établi (Dieu et la religion, l'ordre social, l'Empire britannique...), avant d'entamer une carrière d'intellectuel. Mais ce, bien davantage pour s'occuper (l'esprit) que par nécessité de gagner sa vie (contrairement à notre auteur dans sa vraie vie - il ne mangeait pas toujours à sa faim dans sa jeunesse, paraît-il). Incidemment marié, bientôt parent, il se plonge dans moult interrogations. Peut-être cette perplexité est-elle liée à l'angoisse de la paternité (fils conducteurs...). En tout cas, les pas de notre héros l'amènent vers le Planetarium Club. Dans ce cénacle (second chapitre), Mr. Joseph Davies entend parler des rayons cosmiques.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous infliger le titre de tous les chapitres, ni vous raconter ligne à ligne le roman. Qu'il vous suffise de savoir que de brillants esprits, chacun expert en son domaine, vont faire assaut de vulgarisation à propos d'une théorie, peut-être farfelue, expliquant le développement d'esprits contestataires (notamment les "surdoués" capables de "ruptures", comme on dirait aujourd'hui): et si les Martiens cherchaient à faire évoluer les Terriens? Il m'a paru que, jusqu'à la fin du roman, les différents locuteurs constituent presque des "caractères" à la La Bruyère, des "types". Wells sort de son chapeau le personnage dont il a besoin au moment où il en a besoin (parution en feuilleton, aussi, ou pas?). Les "discussions" sont bien plutôt des successions de monologues par des "spécialistes" qui abordent une même question sous leur angle à eux (en faisant parfois questions et réponses). Du coup, je ne saurais trop dire si Wells lui-même ne pourrait pas être représenté par un peu tous les personnages qui interagissent ou dialoguent ensemble dans ce roman. Je l'imagine bien s'identifier, à différents âges de la vie, à un gamin, un journaliste, un directeur d'école, un docteur, un conférencier, un coureur, un mari, un futur papa... Je me suis encore amusé à relever que le gynécologue de la femme de notre héros pratique la maïeutique envers celui-ci (p.132).

Au final, on se retrouve avec la "photo" intéressante d'une certaine société. La place de la femme, dans ce roman pourtant visionnaire sous plus d'un aspect, fera sans doute hurler les féministes de 2022... Si, à l'époque où écrivait Wells, on pouvait constater l'existence d'un retard éthique et social par rapport au progrès matériel (p.111), celui-ci a-t-il (ou non) été rattrapé de manière adéquate depuis? N'oublions pas non plus le contexte de la rédaction de cette oeuvre, la marche à la guerre... Hitler (p.116), Goering, Mussolini sont nominalement cités, cependant que l'antisémitisme se voit légèrement abordé (p.85 "un léger parfum d'antisémitisme"...). Il est à noter qu'une des incarnations de Wells recommande expressément le dictatoricide (p.128)! Notre auteur survole son époque comme un "témoin", qui, peut-être, cherche à provoquer son lecteur: "à peine aviez-vous dit qu'une certaine chose était irréalisable, vous la voyiez réalisée" (p. 61), en traitant dans son sujet d'un glissement (visionnaire?) du plausible vers le probable.

Sans en dire davantage, je terminerai en résumant, de manière abrégée, un dialogue (dont la version complète figure p.142):

- Etes-vous sûr que le monde, après quelques décades troublées, un siècle ou deux, au plus, deviendra raisonnable?
- Non!
- Mais vous n'êtes pas non plus sûr du contraire?
- Non plus!

Et j'ai moi-même encore de nombreuses interrogations après lecture. Par exemple, je me demande si ce vulgarisateur de Wells rebondissait sur un article réel, ou pas, quand il a rédigé cet opuscule. Je m'interroge aussi pour savoir s'il ne serait pas possible de tirer de ce livre un bon sujet de Philosophie pour le Bac. Je ne vous ai même pas parlé des Martiens. Ils semblent pourtant omniprésents dans ce livre (disons qu'il est fait mention p.108 d'associations promartiennes ou antimartiennes). Mais je ne sais pas si Erwelyn avait déjà eu connaissance de ces Martiens-là, méconnus, sous la plume d'H. G. Wells?

Pour conclure et ouvrir sur d'autres sujets, je dirai que j'aimerais bien chroniquer aussi quelques adaptations en BD d'H. G. Wells: encore faut-il que j'arrive à y avoir accès!

Edit du 9 juillet 2022: je rajoute rétrospectivement le logo du "11e Mois anglais 2022"... qui avait lieu en juin!

10 juin 2022

L'île du Docteur Moreau - Don Taylor (film) / H. G. Wells (livre)

wells_NOIR    2022-en-classiques-Logo2   10e_ChallengedeLImaginaire Le-Mois-anglais-2022

Deux média pour une oeuvre: je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) continue notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline) avec un roman d'H. G. Wells, et l'une de ses adaptations au cinéma. Ce billet comptera aussi pour le Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Blandine et Nathalie) et le "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque).

J'ai visionné récemment avec dasola, en DVD, le film L'Ile du Docteur Moreau de Don Taylor (1977). Depuis le début du Mois Wells, j'ai reparcouru la plupart des livres de poche d'H. G. Wells que je possédais de longue date. D'où ce petit billet pour présenter l'adaptation et mettre en évidence les différences avec l'oeuvre originale.

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Le DVD à gauche, le livre de poche à droite... 

P1150315Images de mer lorsque le film commence. Trois hommes dans un bateau (une barque), semblant mal en point (soif, faim, épuisement...). Deux finissent par accoster une île providentielle et se traîner sur le rivage. Le plus valide des naufragés (joué par Michael York) a le tort de quitter l'autre pour s'enfoncer dans la jungle. Car manifestement, cette île mystérieuse n'est pas déserte, même si elle ne contient pas le château du Comte Zaroff. Après une course dans la jungle, poursuivi par des ombres qu'on devine menaçantes, et une chute dans un piège, notre héros se réveille dans un lit douillet. Son infortuné compagnon est mort et enterré, lui dit-on. Ses hôtes? Un homme à tout faire alcoolique, le fameux Docteur Moreau (Burt Lancaster), une ravissante jeune femme, et quelques serviteurs indigènes et muets. La maison (en bois) est entourée d'une haute palissade, et il est déconseillé de se rendre dans la forêt... Mais les interdictions sont faites pour être contournées, n'est-ce pas (et les lois pour être violées...).

Le docteur Moreau possède une vaste bibliothèque, et toute une ménagerie. Mais il ne convainc pas notre naufragé d'adhérer à ses expériences après lui avoir exposé ses théories. Alors, si ce n'est de bon gré, ce sera donc de force (avec peut-être un brin de jalousie de la part du docteur). Lorsque l'alcoolique prétend trouver la rédemption en s'opposant au docteur, mal lui en prend. Et la situation dégénère (elle aussi!)... Au final, les deux seuls rescapés (le naufragé du début, et la ravissante Eve) se retrouvent dans la même barque qu'au début. Le film se termine alors qu'un navire les a aperçus (ce qui est une fin différente de celle du roman).

Je n'ai pas (encore) découvert la version de 1932 avec Charles Laughton (il existe encore d'autres adaptations), mais peut-être que je pourrai le dénicher avant fin juillet!

*

*          *

P1150314Comme je le disais plus haut, j'ai parcouru les 242 pages consacrées à L'Ile du Docteur Moreau dans le vieux Livre de poche que je possède depuis 1982 (paru en 1961, il m'avair été offert par une de mes grand-mères). Sa seconde partie, consacrée à notre Île..., couvre les pages 195 à 437. Il n'est même pas précisé qui a fait la traduction en français de cet ouvrage paru en anglais en 1896 (on a juste un copyright Mercure de France 1959). Dans le livre (question d'époque?), le fameux docteur opérait au scalpel (et non à la seringue comme dans le film). Mais commençons par le début. Dans cette version "poche", lorsqu'un navire le recueille, le naufragé est seul à bord de sa barque. Il s'agit d'un certain Edward Prendick, qui occupe ses loisirs à s'occuper d'histoire naturelle. Quant au navire (une goëlette), il est chargé de toute une ménagerie que convoie un ancien étudiant en médecine. Arrivé dans l'île sans nom qui est sa destination, le capitaine (antipathique au possible) y débarque ses passagers, y compris l'infortuné Pendrick. Le propriétaire de l'île (vieil homme aux cheveux blancs) accueille bon gré mal gré notre malheureux héros, qui s'interroge vite sur l'étrangeté des domestiques de son hôte. Entendant le nom de celui-ci (Moreau), il se souvient... d'un docteur que la presse avait voué aux gémonies à cause de ses expériences de vivisection sur des animaux. 

Le reste est assez bien repris dans le film (à l'exception notable de l'absence de personne du sexe). Une bonne petite scène quand le Docteur s'adresse au naturaliste en latin de cuisine (p.306). Ce qui est expliqué dans les pages qui suivent (je ne crois pas dévoiler un si grand secret que cela en le disant), c'est que la matière première à partir de laquelle ce Frankenstein travaille, ce sont des animaux - et non des cadavres. Sur les quelque 120 créatures plus ou moins chimériques créées en 20 ans, une soixantaine survivent quand se déroulent ces aventures. Le Docteur exerce sa domination par la terreur - et la Loi qu'il impose à coup de fouet - sur cette étrange tribu, et tout ne peut, bien entendu, que mal finir. 

Finalement, donc, seul survivant humain, Prendick quitte l'île à bord d'une barque providentielle. Trois jours plus tard, un navire le recueille et le ramène vers la civilisation - mais jamais le narrateur ne pourra oublier son séjour traumatisant de plusieurs semaines sur L'île du Docteur Moreau

Adlyn avait parlé du livre. Ça sent le book aussi.

Edit du 9 juillet 2022: je rajoute rétrospectivement le logo du "11e Mois anglais 2022"... qui avait lieu en juin!

5 juin 2022

Miss Waters - H. G. Wells / La sirène des pompiers - Hubert & Zanzim

wells_NOIR   2022-en-classiques-Logo1   10e_ChallengedeLImaginaire Le-Mois-anglais-2022

Je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) continue notre "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline) avec un roman publié en volume en 1902 par H. G. Wells, Miss Waters. Je l'inscris aussi au Challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Nathalie et Blandine). L'autre ouvrage présenté dans ce billet (une bande dessinée) n'a pas de lien direct avec H. G. Wells, mais je l'avais acheté il y a déjà quelques mois, et j'ai trouvé que son sujet donnait un bon écho au premier livre. Les deux oeuvres peuvent figurer au "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque).

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Voici donc le Folio n°1559 (mon édition date de 1984), et un album de BD.

P1140477Miss Waters, c'est l'identité qu'adopte, pour s'intégrer dans une bonne famille anglaise, la sirène que le père et le fils de la maison croient initialement avoir sauvée de la noyade. La description des dispositions matérielles prises pour gérer cette situation incongrue (une sirène chez des humains!) est intéressante. Mais en fait, celle-ci a des vues sur le fiancé d'une invitée de la famille qu'elle avait aperçu sur le rivage... (vous suivez?). Celui-ci est en voyage, mais dès son arrivée... Séduction! Scandale! Rupture! Echanges de lettres! Le jeune homme laisse tomber le destin tout tracé que lui avait préparé sa propre famille - quelque peu étouffante (une bonne alliance matrimoniale, une candidature à la Chambre des Communes...), et cela pour une "créature". Et c'est le "cousin du narrateur", un certain Melville (!), qui est chargé de s'entremettre (de séparer la main et la nageoire), sans trop savoir comment s'y prendre, ni même de quel droit...

Pour ma part, autant j'ai apprécié la partie avec de l'action concrète (au début) ou de l'humour (en gros, la première moitié du livre), autant la partie des angoisses philosophiques, avec des non-dits, des hésitations, des phrases inachevées pleines de sous-entendus où chacun peut ou doit restituer ce qui reste éventuellement informulé, m'a un peu ennuyé. C'est nonchalant, il ne se passe pas grand chose. Unetelle parle à untel pour le charger de parler à une tierce personne... Les états d'âmes de la bonne société du XIXe siècle ou du début du XXe, ce n'est pas trop mon truc. Franchement, j'ai eu l'impression que Wells s'amusait un peu, ici, à tirer à la ligne en faisant confiance à l'imagination de ses lecteurs. Mais bon, peut-être des lectrices de livres anglais que je n'ai pas lus (Jane Austen? Les soeurs Brontë?) seraient-elles davantage amenées à rêver sur ces pages, sur les difficultés de l'entente entre personnes de milieux si divers? On peut aussi se demander si Wells, qui n'a pas eu une vie sentimentale extrèmement rangée, ne se défoulait pas, en quelque sorte, dans les situations incongrues de ce livre... Il faudrait que je lise une de ses biographies pour en savoir davantage.

En tout cas, le roman est paru en feuilleton en 1901 (fin de l'époque victorienne, donc) et a été traduit en français dès 1906.

Edit du 26/06/2022: je viens juste de (re)découvrir que Praline en avait parlé en 2007. J'ai l'impression que les moteurs de recherche répertorient de plus en plus mal les blogs (au prétexte de "protection des données personnelles"?).

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La bande dessinée La Sirène des Pompiers nous dépeint une autre sirène, qui vit aussi la plus grande partie de son aventure terrestre durant la Belle époque, mais en France (native de Bretagne, elle "remonte" à Paris par la Seine). Hubert (scénariste, décédé en 2020) et Zansim (dessinateur) ont collaboré sur de nombreux albums (en plus de celui-ci, je n'ai lu que Peau d'homme, paru en 2020, et une réédition de L'Ile aux femmes [1ère éd. 2015]).

P1140476La sirène... a été publié en 2006. L'album met en scène une  jeune sirène inadaptée (outre qu'elle meurtrit les oreilles de ses soeurs en chantant comme une casserole, elle ne prend pas sa queue en regardant les marins attirés se noyer entre ses bras). Soupirant à la lecture de magazines des épaves récentes, elle ne rêve que falbalas parisiens et danses de bals... Mais prenons les choses dans le bon ordre: qui est le pompier? Raté, ce n'est pas un bon samaritain, ni son sauveur. A l'arrivée de la sirène (jamais prénommée) dans nos eaux, Gustave Grelinet lui tombe littéralement dans les bras. Et c'est elle qui fera bouillir la marmite. Indépendante financièrement, elle commence par jouer la mécène auprès de l'homme qu'elle s'est appropriée (artiste peintre qui cherche... le succès), avant d'encourager d'autres peintres dont la peinture lui "parle" davantage. Endosser sa "peau de femme" ne s'avère pas si facile (foutue queue!). Comme chez Wells, nous retrouvons une chaise roulante, diverses astuces vestimentaires pour dissimuler l'appendice, et la servante dévouée. Et si les personnages masculins accumulent les destins tragiques - parfois entre les bras de notre créature -, la fin de l'album (de notre temps) reste ouverte.

Ci-dessous quelques pages de la BD, pour vous en donner une idée. L'album compte 62 planches + une dizaine de pages de présentation de "l'oeuvre de Gustave Grelinet". Cliquez sur les vignettes pour les agrandir.

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P1140473 p.40-41

L'ancien blog de Yuko en avait parlé. Vous pouvez aussi lire un avis sur le blog BloCoLi.

Enfin, je signale que j'ai en vue une "lecture commune" du livre Les vaisseaux du temps de Stephen Baxter, suite de La machine à explorer le temps d'H. G. Wells.

Edit du 9 juillet 2022: je rajoute rétrospectivement le logo du "11e Mois anglais 2022"... qui avait lieu en juin!

30 mai 2022

L'extinction de l'espèce humaine - H. G. Wells

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Bon, décidément, ce n'était pas un optimiste, H. G. Wells. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) m'en suis aperçu en lisant le plus court des livres que je me suis récemment offerts, L'extinction de l'espèce humaine (Petite Biliothèque Payot classiques N°1081, 2018). Il ne s'agit pas vraiment de fiction, mais plutôt de considérations sur un avenir qui, à chaque fois, apparaît inéluctable... et peu désirable.

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Ce petit livre correspond à un recueil de cinq articles écrits entre 1891 et 1896 et publiés dans quatre journaux, revues ou magazines différents, en parallèle à ses oeuvres romanesques les plus connues. Des articles, Wells en a écrit plus de 200 entre 1887 et 1898, la plupart sous pseudonymes, selon la "note de l'éditeur" qui introduit l'ouvrage. J'inscrirai en tout état de cause ce recueil d'articles "inédits en français" tant dans le "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline) que dans le challenge "2022 en classiques" (co-organisé par Blandine et Nathalie). 

* Régression zoologique propose un paradoxe intéressant, en prenant appui sur la biologie et les similitudes de différentes espèces au stade embryonnaire, avant spécialisation des cellules et des organes (atrophie de ceux qui seront inutiles à telle ou telle espèce). En très gros, on peut retirer de ces 21 pages que nous sommes, nous humains, des poissons dégénérés, puisque nos ancêtres ont été "contraints" de s'adapter à la terre ferme. La preuve que le poisson est plus évolué que l'homme, selon Wells, est symbolisé par l'impossible capture des truites (ouf, un peu d'humour anglais!). Je retiens surtout ce que Wells rappelle, à savoir le bref laps de temps (aux échelles géologiques...) qui sépare l'apparition, le développement et la domination d'une espèce sur les autres, de sa disparition...
Avertissement sans frais: notre futur remplaçant n'est sans doute pas très loin de nous.

* À propos d'extinction rappelle, lui, que seuls les fossiles ont gardé le souvenir de tant de terribles lézards restés sans descendance. Plus proche de nous, il cite également les dégâts causés sur ce qu'il n'appelle pas encore les "écosystèmes" par le déferlement de l'homme civilisé (?) aux quatre coins du monde: dodo, bison, animaux endémiques d'Australie et de Nouvelle-Zélande... L'article finit par une image frappante: les deux derniers hommes présents sur terre à la suite d'une pandémie - puis le dernier, qui reste seul.
Cela m'a une fois de plus donné envie de relire La mort de la terre, écrit par Rosny ainé en 1912, près de deux décennies plus tard.

* L'homme dans un million d'années prévoit deux évolutions parallèles: celle de l'homme, qui abandonne peu à peu tout ce qui est contingences matérielles pour ne plus devenir qu'un cerveau dans une grosse tête dont la bouche minuscule n'absorbe plus que des liquides nutritifs, et celle de notre planète. Cette dernière refroidit, de sorte que nos lointains descendants sont amenés à se réfugier dans des galeries de plus en plus profondes sous la surface terrestre. Au passage, quelques pages anticipent presque le passage par le véganisme (l'abandon de la consommation de viande crue d'abord, des autres "fruits de la terre" ensuite), avant que l'Homme, n'ayant plus "besoin" d'autres créatures vivantes que lui-même, reste l'unique espèce sur terre. Et, là, le "penseur" (l'auteur) frissonne et quitte son rêve éveillé!
Cette fois-ci, c'est à l'épisode Echecs sur Mars du cycle de John Carter (des "êtres-cerveaux" qui se servent de "corps sans têtes" - des "animaux" bipèdes qu'ils contrôlent - pour se déplacer) que l'article m'a fait penser.

* L'extinction de l'espèce humaine imagine, non sans talent, l'homme confronté plus ou moins soudainement à une espèce qui progresse de manière inopinée (éventuellement en profitant d'une "erreur" de l'espèce humaine) pour sortir de sa niche écologique: les pieuvres (avec référence à Victor Hugo!), les fourmis légionnaires (évitons d'exterminer leurs prédateurs naturels!), ... ou - prémonition? - un germe inconnu (une maladie inédite) qui provoquerait une pandémie cataclysmique susceptible d'exterminer toute l'humanité.
Rappelons aux lecteurs contemporains que ce livre est paru chez Payot en 2018 (et non en 2020).

* De l'intelligence sur Mars prétend prouver, en s'appuyant sur la multitude de facteurs qui interviennent dans l'évolution des espèces, qu'il est rigoureusement impossible qu'existent sur la planète Mars des êtres conscients comparables aux humains. Ces 7 pages achèvent un peu abruptement le recueil.
Je relèverai juste que cet article-là a été publié le 4 avril 1896, tandis que La guerre des mondes l'a été en 1898.

J'espère avoir quelque peu attisé la curiosité de ceux qui, comme moi, n'avaient jamais lu d'articles de Wells, mais seulement ses oeuvres romanesques les plus connues. Je citerai enfin les quelques mots qui terminent la présentation en 4ème de couverture: [Wells] "fut un grand penseur du posthumanisme, annonçant la fin d'une espèce humaine dépassée par ses propres inventions". 

25 mai 2022

La guerre dans les airs - H. G. Wells

wells_NOIR   2022-en-classiques-Logo1   10e_ChallengedeLImaginaire

Je (ta d loi du cine, squatter" chez dasola) commence à mon tour (après son billet à elle) le "Mois Wells" (co-organisé avec Sibylline) en piochant dans ma bibliothèque un titre un peu moins connu que les plus emblématiques d'Herbert George Wells, La guerre dans les airs. Et cela me permet d'inscrire aussi ce billet pour poursuivre mes participations aux challenges "2022 en classiques" (co-organisé par Nathalie et Blandine) et au "10e challenge de l'Imaginaire" (de Ma lecturothèque).

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La guerre dans les airs (Folio N°1549, 375 pages), c'est celle que l'on voit se livrer les nations dites "civilisées", lors d'un suicide collectif des civilisations qui se produit dans une de ces "anticipations" dont Wells a fait son miel. Il s'agit pour moi d'une relecture, puisque je m'étais offert ce livre en 1985. Quelques décennies de lectures après, j'y ai trouvé une multitude de réminiscences littéraires. En ce qui concerne les dates, le texte contient quelques allusions aux années 1906 et 1907 (année de sa rédaction, sachant qu'il a été publié en feuilleton en 1908, et traduit en français dès 1910).

Pour dire quelques mots des fils conducteurs: chacun des 11 chapitres est subdivisé en 4 à 10 parties de quelques pages correspondant, je suppose, aux livraisons du feuilleton. Il nous est d'abord présenté une famille, les Smallways, soit le père, retraité, le fils ainé, Tom, et son épouse (petits commerçants en fruits et légumes dont ils font pousser eux-mêmes une partie), et le plus jeune fils, Bert, qui "cherche" encore sa voie (loueur de bicyclettes, chanteur ambulant...). Occasion aussi de parler du monde "de progrès" dans lequel ils vivent. Dans ce futur proche, les pays sont sillonnés par des lignes de "monorails" (électriques?), moyen de transport ayant manifestement supplanté le chemin de fer (trains à vapeur), et c'est un pont (et non un tunnel) qui a été jeté en travers de la Manche. Reste à mener la conquête de l'air, avec moult expérimentations entre "plus légers que l'air" (dirigeables) ou plus lourds que l'air (aéroplanes). Ici se place l'anticipation: alors qu'un inventeur, un certain Butteridge, a fait la preuve des qualités de l'appareil de son invention et cherche à en vendre les plans, de son côté, l'Allemagne impériale s'apprète sans tambours ni trompettes à partir à la conquête du monde. Ce pays dispose, au début de la guerre qu'il entame, de trois cents dirigeables, que nous pouvons aujourd'hui comparer aux 129 Zeppelins construits des débuts des travaux du Comte jusqu'au Hindenburg, y compris ceux utilisés par l'Allemagne pour des missions de bombardements au cours de la Première Guerre mondiale. Les engins dirigeables tels que Wells nous les montre sont bien plus puissants et infiniment plus destructeurs que ne l'ont été les vrais dirigeables fonctionnels. Les différents "plus lourds que l'air" utilisés dans le roman par les militaires s'apparentent, eux, à des "ULM" contemporains [ultra-léger motorisé]. Mais n'oublions pas qu'H. G. Wells a rédigé ce livre quelques années avant que Blériot ait réussi l'exploit de seulement traverser la Manche (1909). Bref, par un concours de circonstances rocambolesques, Bert va se retrouver malgré lui embarqué dans la flotte aérienne allemande, à travers l'Atlantique, jusqu'en Amérique du Nord. Il assistera aux ravages causés aux Etats-Unis d'Amérique (destruction de leur flotte cuirassée dans l'Atlantique, d'abord, puis bombardement aérien de New York, ensuite). Mais si des bombardements aériens peuvent détruire villes et infrastructures d'un pays, ils ne peuvent permettre de le "conquérir" (ce qui nécessiterait l'envoi au sol de troupes nombreuses). Et quand l'alliance sino-japonaise, qui pendant ce temps construisait, elle, ses propres dirigeables par milliers, entre à son tour en guerre contre "l'Occident", la guerre devient mondiale, incontrôlable... et aboutit à la fin du monde civilisé (chute des Etats, guerres civiles, épidémie mondiale...). Qu'il suffise de dire que, échoué aux chutes du Niagara, Bert parviendra, par miracle mais aussi à force de détermination, à retraverser en bateau l'Océan pour retrouver sa dulcinée restée en Angleterre. Après ces aventures, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants (11, dont seuls 4 survécurent, eu égard aux rudes conditions d'existence d'après-guerre...).

Je parlais en début d'article de mes réminiscences. Elles ne sont pas uniquement littéraires. La description des débuts de l'aviation (temps héroïques) m'a rappelé la série TV Les faucheurs de marguerites (pour laquelle je mettais mon réveil en pleine nuit pour ne pas rater un épisode d'une rediffusion nocturne, il y a peut-être deux ou trois décennies...). Les aléas d'une boutique de location-vente de bicyclettes donnent lieu à la rédaction de lignes d'humour anglais dignes de Jerome K. Jerome (Trois hommes dans un bateau). L'inventeur cherchant à monnayer son invention peut faire songer au roman Les Trois yeux de Maurice Leblanc (postérieur), ou à Face au drapeau de Jules Verne (antérieur bien entendu). En outre, je serais curieux de savoir si le London des Histoires des siècles futurs et Wells (qui a survécu trois décennies à London) avaient connaissance de l'oeuvre l'un de l'autre? Wells fait intervenir dans sa fin du monde civilisé la "maladie pourpre" (venue du Tibet?) là où Jack London (qui écrivait, lui, en 1910) n'attribuait aucune provenance à sa Peste écarlate.

Enfin, la chute d'un monde civilisé peut éveiller des échos par rapport au discours de nos "colapsologues" contemporains. Il faut tout de même noter que chez Wells, cet effondrement est moins dû à des modifications environnementales que comportementales: c'est la chute des gouvernements centralisés, mais aussi l'arrêt des échanges commerciaux, et très rapidement celui de toute l'économie basée sur un système monétaire garantis par les Etats, aggravé par les ravages humains causés par les guerres civiles puis une épidémie mondiale, qui amène les rares survivants au repli sur de petites communautés ayant oublié l'usage des techniques "modernes" - c'est du moins le cas de celles de Tom et de Bert. Je ne suis pas sûr que j'avais eu cette grille de lecture-là en 1985.

Voici deux blogs qui ont parlé de ce titre: Le Gilel Ludique, et Littérature (dernier billet en 2020).

Je suppose que, quand il a fait le choix de devenir écrivain professionnel, Wells rêvait d'éclairer ses contemporains par le truchement de la fiction. Mais il me reste bien d'autres titres à lire pour conforter ou infirmer cette impression.

P1140333 D'un tout récent passage en librairie, j'ai ramené les quatre Wells ci-contre, dont je tirerai bien encore quelque(s) billet(s) - en fonction de la longueur de chaque livre:

Miss Waters (179 pages)

Enfants des étoiles (151 pages)

Un rêve d'Armageddon précédé de La porte dans le mur (109 pages)

L'extinction de l'espèce humaine (83 pages)

... et il y avait encore d'autres titres disponibles! J'ai hâte de lire d'autres billets que les miens sur ces oeuvres.

23 mai 2022

Extrême urgence - Michael Crichton / Le cannibale de Crumlin Road - Sam Millar

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Extrême urgence (Edition Pocket, 438 pages) est un des premiers romans écrits par Michael Crichton en 1968 qui était encore étudiant à la Harvard Medical School. Il a écrit des romans pour payer ses études. Entre la médecine et l'écriture, il a choisi la deuxième après avoir été diplômé de médecine. Extrême urgence est un thriller qui se passe dans le monde médical. Le narrateur, John Berry, un médecin dans un labo d'anatomie pathologique d'un hôpital bostonien va mener une enquête pour disculper un ami obstétricien d'origine sino-amécaine. Il est accusé par la mère de la victime d'être responsable d'un avortement qui a provoqué la mort de la patiente, Karen, une jeune femme de 17 ans. Karen était la fille d'un grand médecin de Boston. La police a trouvé le suspect idéal et elle ne va pas plus loin. Berry, lui, du fait qu'il connait bien son domaine va suivre plusieurs pistes et en particulier, il apprend que Karen avait une vie dissolue, sexe et drogue. John s'approche tellement de la vérité qu'il en retire quelques plaies et bosses. J'ai trouvé quelques lacunes dans la résolution de l'histoire et des questions restent sans réponse. Cela n'empêche pas que le roman se laisse lire.

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Je passe au Cannibale de Crumlin Road de Sam Millar. Cet ex-taulard s'est reconverti dans l'écriture et cela lui réussit. J'apprécie beaucoup ses romans. Le cannibale de Crumlin Road (Collection Point Policier au Seuil, 328 pages), a été écrit en 2010 et il est sorti en 2015 en version française. Comme pour les autres romans de Millar, l'histoire se passe à Belfast. Et l'on retrouve le détective privé Karl Kane qui va devoir affronter un sérial killer assez abominable. Ce dernier issu d'un milieu aisé enlève des jeunes femmes maigrichonnes. Il les fait grossir, surtout le foie et les reins, organes qu'il consomme après avoir tué ses victimes, souvent des marginales. Jusqu'au jour où la propre fille de Karl Kane est enlevée. Le dénouement va se passer dans une prison désaffectée située Crumlin Road. Le roman se lit très vite. L'auteur a un grand sens de la narration même si ce roman n'est pas mon préféré de l'auteur. Lire le billet d'Yv.

2 mai 2022

La ruse - John Madden / L'homme qui n'existait pas - Ewen Montagu

Mercredi 26 avril 2022 est sorti en salle La ruse (Operation Mincemeat / Opération Chair à pâté ou Viande hâchée) de John Madden. Le film retrace la rocambolesque mystification qui permit aux Alliés de débarquer en Sicile en juillet 1943. Ewen Montagu, qui était membre des services secrets britanniques, a fait partie du groupe qui a imaginé une ruse pour tromper les Allemands. Un cadavre (il s'agissait d'un SDF d'origine galloise qui s'était empoisonné avec de la mort-aux-rats) revêtu d'un uniforme militaire avec des papiers, lettres et photos fut largué au large des côtes espagnoles par un sous-marin. Il avait en particulier à la main une sacoche contenant une lettre scellée avec un cachet en cire qui faisait allusion au fait qu'un débarquement allié aurait lieu en Grèce. Les Allemands en ont pris connaissance et s'y sont fait prendre. Par rapport au récit écrit par Ewen Montagu il y a près de 70 ans, il y a des ajouts, dont un début de romance entre Ewen (qui était marié) et une jeune femme appartenant au groupe. On note aussi la présence de Ian Fleming qui a priori n'a pas participé directement à l'opération. Le film est un peu lent et il n'y a pas beaucoup d'action. C'est un peu plat par rapport au sujet traité mais il se laisse voir. Concernant ce SDF que l'on avait appelé William Martin, il repose depuis presque 80 ans dans un cimetière en Espagne à Huelva. Pour information, le film est adapté d'un récit écrit par Ben McIntyre (né en 1963) qui s'est certainement inspiré de la relation des faits par Montagu. Et j'ajouterai qu'en 1956, un film de Ronald Neame a été tourné sur le même sujet, en s'inspirant, lui, du récit de Montagu.

Sinon, j'ai commencé le récit écrit par Ewen Montagu en 1953. C'est très factuel et cela se lit bien. Ce livre m'a été prêté par mon ami ta d loi du cine que je remercie.

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20 avril 2022

Harry Potter et l'enfant maudit - J.K. Rowling, John Tiffany & Jack Thorne

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Le texte intégral de la pièce de théâtre Harry Potter et l'enfant maudit (traduit de l'anglais par Jean-François Ménard)! J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) eu la chance de voir arriver ce livre dans la "bibliothèque partagée" qui se trouve depuis fin 2021 dans le hall en bas de chez dasola. Je lui ai bien évidemment fait prendre l'ascenseur, et l'ai dévoré en quelques heures (comme il consiste en dialogues de théâtre, les 341 pages se lisent très vite). J.K. Rowling n'est pas à l'initiative de cette pièce écrite en 2016 et inspirée par la conclusion de son 7e roman de la série. Elle a bien sûr orienté le travail du dramaturge pressenti par la production pour rédiger la pièce inspirée de ses personnages. Cependant, depuis 2019, Harry Potter et l'enfant maudit est bien présentée comme faisant partie du "canon" officiel de la saga Harry Potter. 

L'histoire commence avec l'épilogue du tome 7 (Harry Potter et les reliques de la mort), impliquant les enfants d'Harry et Ginny, de Ron et Hermione, mais aussi de Drago. Descendre de tels parents peut s'avérer un fardeau lourd à porter et susciter quelques états d'âme. On les voit évoluer lors de scènes qui se déroulent sur plusieurs années, à Poudlard. Et quand un retourneur de temps fait son apparition, la tentation est grande, pour diverses raisons... de se laisser entraîner, sans (au début) se soucier des conséquences. Heureusement que papas et mamans viennent à la rescousse. Je ne vous révèlerai pas qui est l'enfant maudit. Et l'ordre finira par être rétabli. Personnellement, j'ai bien apprécié cette (courte) lecture. L'action basée sur des dialogues est bien évidemment rapide. J'avais relu la saga pendant le confinement (et revu aussi les 8 films). Aujourd'hui, il n'est peut-être pas définitivement exclu que les acteurs des films s'impliquent dans un "9e film" tiré de cette pièce?

Comme le livre est paru en 2016, on trouve beaucoup d'articles de blogs le concernant. Mais nombre de ceux-ci ont cessé leurs activités dans les années suivantes. Ceux que je cite dans la liste ci-après sont encore en activité (sauf exception), mais cette liste ne prétend pas être exhaustive, bien entendu. Certains sont enthousiastes, d'autres un peu déçus... Il doit donc appartenir à chacun de lire et de voir livre et pièce, mais aussi ce qu'en disent Anaïs (serial lectrice), BérengèreDocBird, Florell (commentaires fermés sur les billets les plus anciens, grmblll...), La pétillante (blog arrêté en 2021), Mon évasion de toujours, SolaineSon altesse, Stemilou, Thierry LTonksounette (voir la pièce, sinon rien!), TroianblogVoybam

Ah, et à défaut de la version anglaise au Palace Theâtre à Londres, j'ai déniché une version française (jouée dans un collège ou un lycée, peut-être? Certains ont l'âge des rôles!)... 

Ca me donnerait presque envie de me pencher sur les "fanfictions" dont j'ai découvert l'existence en cherchant les liens. Je m'offrirai peut-être les quatre volumes de 7 3/4 d'Alixe en juin... après le bac?

30 mars 2022

Planète rouge / Monsieur Sourire - Ray Bradbury (& divers dessinateurs / adaptations par Albert Feldstein)

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Pour clore ma participation à la première édition du Challenge de la planète Mars, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vous présente deux albums d'adaptations en bande dessinée de nouvelles écrites par Ray Bradbury. Si le second album, Monsieur sourire, n'en contient qu'une seule qui provienne de Chroniques martiennes, il en contient tout de même une. Quant à l'album Planète rouge, il est un peu plus riche avec quatre nouvelles tirées du célèbre ouvrage. Et quatre autres récits où Mars est mentionné. Si trois de ces derniers parlent de fusées, le quatrième est plutôt du genre horrifique. Précisons encore que les deux illustrations de couverture des albums ne figurent dans aucune des nouvelles dessinées (elles doivent provenir d'ailleurs!). Les nouvelles, en noir et blanc, font le plus souvent 7 ou parfois 8 pages (exceptionnellement 6). Ces BD ont été publiées, à l'origine (début des années 1950), dans les magazines de la société EC Comics, adaptées par le rédacteur-en-chef Albert Feldstein (cf. Wikipedia, page consultée le 27 mars 2022) et dessinées par différents auteurs (qui avaient le droit de signer leurs oeuvres, ce qui n'était pas si courant à l'époque dans le système des Comics américains).

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Planète rouge
(1984) et Monsieur sourire (1985) ont été édités chez Albin Michel / Special USA.
Un 3e volume est parfois mentionné dans la littérature spécialisée (il aurait été titré Chroniques terriennes), je ne l'ai jamais vu.   

P1140247Listons d'abord ce qui provient des Chroniques martiennes. En page de titre de cet album [p.7] figure une vignette tirée de la nouvelle Les villes muettes. Puis il s'ouvre (p.11, pour 7 pages) par Il viendra des pluies douces (dessiné par Wallace Wood). Nous avons ensuite Les villes muettes, par Reed Crandall (p.18-25). Le pique-nique d'un million d'années (Severin & Elder, pp.55-61) est tiré d'une des nouvelles "douces-amères" des Chroniques. Les longues années (Joe Orlando, pp.76-82) est très fidèle à la nouvelle de Bradbury, même si elle a été adaptée de manière à ce que les 8 pages de BD se suffisent à ellles-mêmes, alors que la nouvelle faisait référence à plusieurs autres du recueil dans le texte original de Bradbury.

Moi, fusée (Al Williamson) n'est pas tirée des Chroniques martiennes, mais il y est question d'une guerre avec "les Martiens". En découvrant ce "récit à la première personne" plaisant à lire, on apprécie de ne pas savoir quelle est la part du fantasme ou de la réalité. Dans Celui qui attend (Al Williamson), Mars apparaît encore sous un autre jour. La vérité sortira-t-elle du puits? Pour de bon! (Wallace Wood, pp.90-95) évoque l'attrait du métier de pilote spatial sur un père qui verra tout juste grandir son enfant entre deux livraisons de cargaison sur Mars. La chute finale est douloureuse. Dans L'heure zéro (Jack Kamen, pp.83-89), où des enfants jouent à l'invasion de la terre par les Martiens, nous sommes au croisement de la science-fiction et du conte d'horreur (autre spécialité d'EC Comics). Il n'y a plus d'enfants, pourrait-on dire (ou bien, il n'y en a que trop)! Par contre, Paria des étoiles, dessiné par Joe Orlando (pp.40-46), est un très beau conte familial qui relate une expédition vers Mars offerte par un père à ses enfants (la mère refuse de participer - dans un premier temps). Dans le recueil L'homme illustré de Ray Bradbury, cette dernière nouvelle est sobrement titrés La fusée, tandis que la précédente, L'heure zéro, s'y nomme L'heure H.

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Il n'est pas question de Mars dans Le roi des espaces gris (Severin & Elder, pp.47-54), uniquement de Vénus... Cette nouvelle évoque la sélectivité requise pour les futurs pilotes de fusées (1000 jeunes gens chaque année sur les millions de la terre). Cela devait être très frappant dans les années 1950. Mais aujourd'hui (XXIe s.), lorsqu'on regarde le nombre d'astronautes (cosmonautes, taikonautes et autres spationautes) en 2022, 1000 "appelés" par an, cela paraît bien optimiste...

Enfin, dans Châtiment sans crime (pp.33-39) et dans Paquet surprise (pp.62-68), Jack Kamen illustre deux nouvelles où il est question de la société "Marionnettes Inc.".

La 4e de couv' raconte que l'éditeur a reçu, à l'époque (années 1950) une gentille lettre de notre jeune auteur (Ray Bradbury), qui s'y montre ravi de l'adaptation de [deux de] ses nouvelles, mais fait remarquer que c'est sûrement par oubli qu'EC Comix ne lui a pas versé de royalties... Une fois ce détail réglé, ils ont par la suite collaboré jusqu'en 1954 (époque où les Comics ont dû se plier à une "Charte" qui impliquait une forme d'autocensure, après avoir été accusés de mauvaise influence sur la jeunesse).

P1140246Je ne dirai pas grand-chose du second album, Monsieur Sourire. Il comporte 13 nouvelles totalisant 91 pages de bandes dessinées, mais ne contient même pas la table des matières avec les noms des dessinateurs que l'on trouve dans le premier. Les nouvelles semblent pour la plupart tirées de publications spécialisées en d'histoires d'épouvante, et peut-être avoir été publiées dans une série appelée "Contes de la crypte"?. Elles se déroulent en majorité sur terre.

Seule exception martienne dans cet album, la nouvelle Mars, le paradis (Wallace Wood, p.p.65-72), tirée de la nouvelle titrée La troisième expédition des Chroniques martiennes.

Pour le reste, je peux essayer de reconstituer une "table des matières"... (avec des "points d'interrogations" quand j'ai des doutes sur le dessinateur, dont on ne trouve pas toujours la signature!):

  • p.9: Le cercueil (Jack Davis)
  • p.16: L'empreinte (pas de signature?)
  • p.24: Time Safari (Al Williamson), d'après la nouvelle Un coup de tonnerre du recueil Les pommes d'or du soleil
  • p.31: La grande roue (Jack Davis), d'après une partie du livre La foire des ténèbres
  • p.38: Tante Tildy (G. Harstly)
  • p.45: La dame qui hurlait (Jack Kamen ?)
  • p.52: Le lac (RC ?)
  • p.58: Poison, poison (Jack Davis ?)
  • p.73: Regardez, les oiseaux (B. Krigstein)
  • p.78: Croque-mort (G. Harstly)
  • p.86: Le petit assassin (?)
  • p.93: Halloween (Jack Kamen ?)

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Enfin, je signalerai que j'ai acheté les recueils de Bradbury cités ci-dessus et photographiés ci-dessous (dans la collection "Présence du futur" chez Denoël) entre 2001 et 2004 (certains à Bécherel), mais je ne suis pas certain de les avoir intégralement lus à l'époque (ce coup-ci, j'ai parcouru les sommaires sans lire toutes les pages!). Et il doit exister encore une dizaine d'oeuvres (romans, recueils, théâtre...) que je ne possède pas: rappelons que Ray Bradbury est décédé à 91 ans.

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Comme annoncé plus haut, le présent article constitue ma dernière contribution au Challenge de la planète Mars, qui se termine demain avec ce mois de mars 2022. Peut-être un autre Challenge sera-t-il lancé l'an prochain, de mars 2023 à mars 2024?

27 mars 2022

Avec la permission de Gandhi - Abir Mukherjee

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Paru en janvier 2022, voici le troisième volume de la série. Après L'attaque du Calcutta-Darjeeling et Les princes de Sambalpur, Avec la permission de Gandhi (Liana Levi, 314 pages) nous permet de retrouver le capitaine britannique Sam Wyndham et le sergent Sat Banerjee. L'addiction à l'opium de Wyndham s'aggrave. L'histoire se passe entre la soirée du 21 décembre et le 25 décembre 1921. Le 21 décembre, suite à une descente de police, Wyndham est obligé de s'enfuir d'une fumerie d'opium et en s'enfuyant, il voit un homme énucléé et poignardé qui rend son dernier soupir. Wyndham pense que c'est un Chinois. Pendant ce temps là, des foules de manifestants pacifistes sous l'instigation de Gandhi décident de défiler dans les rues de Calcutta alors que le prince de Galles (le futur Edouard VIII) vient en visite officielle. Un jour plus tard, c'est une femme que l'on retrouve énucléée de la même façon. Un troisième crime similaire suivra. Le point commun entre les victimes est qu'elles ont travaillé ensemble lors d'expériences sur le gaz moutarde juste après la première guerre mondiale. Il y a un assassin qui veut se venger. Bien entendu, les deux histoires vont se télescoper. Un très bon cru qui permet à Wyndham de se distinguer une fois de plus, même s'il n'est pas au top de sa forme et si sa hiérarchie lui met des bâtons dans les roues. Vivement le quatrième tome!

25 mars 2022

Sabotage sur la planète rouge - Christian Grenier / Les poisons de Mars - Isaac Asimov / Oms en série - Stefan Wul

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Les trois livres que je présente aujourd'hui ont pour caractéristiques communes d'être plutôt des livres "pour la jeunesse" et d'avoir été chinés par moi (ta d loidu cine, "squatter" chez dasola) dans le même bac d'une bouquinerie. Les deux premiers rentrent dans le cadre du Challenge de la planète Mars. Leur date de publication permet d'en catégoriser deux sur trois comme des "classiques" pouvant compter pour le challenge "2022 en classiques", tandis que les trois s'inscriront dans le 10e Challenge de l'imaginaire.

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P1140241Le premier roman, Sabotage sur la planète rouge, est paru en 1972, dans une collection Jeunesse-Poche "pour tous les 10-15 ans passionnés d'action" chez Hatier GT Rageot (ce titre est classé "10-12 ans"). L'auteur, Christian Grenier, est né en 1945 (son dernier livre publié semble remonter à 2017). L'action démarre sur les chapeaux de roue (à 100 à l'heure). En ...2045, un jeune Français, Phil Laumet, revient de l'école en "uniscoot", lorsque celui-ci tombe en panne, en pleine plaine picarde. Notons en passant que son modèle "écolier" d'engin sur coussin d'air, qui peut être piloté à partir de 10 ans, est bridé de manière à ne pas pouvoir dépasser les fameux 100 km à l'heure. Et que remarque alors notre jeune héros, dans un creux, pas loin de la route? Une curieuse lueur rouge, qui l'amène à un non moins curieux appareil. Mais il est temps de rentrer chez lui. Au cours du repas familial, absorbé par la conversation paternelle, Phil en oublie de parler de sa découverte. M. Laumet père, ingénieur en astronautique, s'efforce depuis une dizaine d'années de mettre au point Terra 9, la fusée internationale dont l'objectif serait Mars. Aucune tentative pour atteindre Mars n'a réussi depuis 60 ans. Mais il est temps de retourner au collège, où Phil dispute régulièrement la première place en classe à un prénommé José. Lors de son premier jour de congé, il accompagne son père sur son lieu de travail, et est le seul à voir une curieuse petite silhouette rouge, qui s'éclipse une fois ses méfaits accomplis. Course-poursuite (cette fois, Phil a "emprunté" le quadriscoot paternel, qu'il n'avait jamais conduit à 300 à l'heure... jusque-là). Et on retrouve la fameuse soucoupe volante. Notre jeune curieux se glisse dedans. Piégé! Et en route vers la planète rouge (non sans quelques surprises intermédiaires). Nous n'en sommes qu'à la page 32 (sur 157), mais je vais vous laisser le plaisir de découvrir la suite. Sachez juste que notre héros regagnera le bercail sain et sauf (avec un nouvel animal de compagnie), non sans avoir rencontré deux espèces extra-terrestres et sauvé le monde en passant. Le roman m'a fait penser au livre Le vagabond de l'espace de Robert Heinlein (1958): encore un jeune garçon surdoué (mais ici, Phil utilise un ordinateur et non plus une règle à calcul comme Kip - même s'il ne s'agit que de terminaux de saisie eux-mêmes reliés à un "serveur" central", et non de "PC" autonomie - ou a fortiori "portables"). 
Voir le blog de l'auteur.

P1140244J'arrive ensuite au premier tome de la série "David Starr" écrite par Isaac Asimov dans les années 1950 et qui visait clairement un jeune public. Seul le premier volume de la série touche la planète Mars. Ce premier titre (en anglais David Starr, Space Ranger) a été traduit successivement par Sur la planète rouge chez "Fleuve Noir anticipation" en 1954, puis par Jim Spark, le chasseur d'étoiles en "bibliothèque verte" chez Hachette en 1977, avant d'être enfin réédité sous le titre Les poisons de Mars chez Claude Lefrancq en 1991 (nous y voilà!) et en 155 pages. Asimov, dans une préface écrite un quart de siècle après le roman, prend soin de rappeler qu'en 1951, on croyait encore qu'il y avait des canaux sur Mars et que cette planète pouvait abriter ou avoir abrité une forme de vie intelligente... Ici, nous sommes au croisement du roman d'anticipation et du polar. Le héros n'est plus un enfant, mais un jeune surdoué surdiplômé (et sûr de lui, aussi). Pourquoi certains terriens meurent-ils empoisonnés après avoir avalé des aliments produits par les Terriens sur Mars? Ses deux "pères adoptifs" du Conseil scientifique (une appellation bien anodine pour ce qui ressemble un peu à un Interpol interplanétaire) l'envoyant en mission sur la Lune, il prend sur lui de partir pour Mars. Après quelques épisodes très "western", il va se retrouver "superhéros" grâce aux Martiens qu'il va découvrir (les vrais). Et, ayant démasqué les empoisonneurs, il ne lui restera plus qu'à poursuivre ses aventures extraterrestres (Vénus, Saturne, Jupiter, Mercure...) dans les cinq autres tomes (que je n'ai pas lus). L'éditeur Claude Lefrancq a semble-t-il cessé ses activités en 1998. Je n'ai pas non plus lu l'adaptation en bande dessinée qui y était éditée, laquelle semble avoir été réalisée par le même dessinateur que celui ayant illustré la couverture ci-dessus (Eric Loutte).

P1140242D'aucunes pourraient dire que ça manque un peu de nénettes, ces romans pour jeunes garçons. Heureusement, dans le troisième livre que je vais chroniquer, on va changer de paradigme... Je dirai juste quelques mots concernant Oms en série. Au cours de cette année de challenge où j'ai eu l'occasion de butiner sur pas mal de blogs de littérature SF et "Fantaisy", je suis tombé plusieurs fois sur ce titre de Stefan Wul, que je n'avais jamais lu (il date de 1957), alors que j'ai vu et revu le film qui en a été tiré en 1973, La planète sauvage, de René Lalou et Roland Topor. J'ai donc fini par en savourer la découverte. Les Oms sont, à l'époque du récit, élevés en captivité comme animaux de compagnie des géants bleus, les "Draags", sur la planète Ygam. Mais ça peut être dangereux, ces petites bêtes-là... Un certain Terr mènera la révolte individuelle puis collective, l'émancipation et enfin l'exode, en retournant contre les Draags leurs propres technologies, mais cette fois, Moïse et Pharaon arriveront à conclure la paix après le conflit. Sans oublier que nos Oms et nos Omes feront souche. Je préciserai encore que les oeuvres de Stefan Wul ont, ces dernières années, été adaptées en bande dessinée (déjà une dizaine, parfois en plusieurs tomes, sous le titre générique "Les univers de Stefan Wul", chez deux éditeurs successifs). A voir en bibliothèque?

Les deux premiers livres n'apparaissent guère que sur des sites "marchands" ou bien sur lesquels on ne peut pas poster de commentaires. Pour le troisième, je rajouterai les liens au fur et à mesure que je retomberai dessus!

15 mars 2022

Chroniques martiennes - Ray Bradbury

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logochallengeWinterSFFStoriesJe (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais encore présenter deux éditions différentes pour la même oeuvre, mais cette fois-ci (contrairement au recueil de nouvelles de Philip K. Dick de mon billet précédent), c'est parfaitement volontaire. 

Les Chroniques martiennes de Ray Bradbury constituent-elles un recueil de nouvelles? Sa préface à la seconde édition les qualifie de "mythologie à l'état pur". Ma première édition (dans la regrettée collection "Présence du futur" chez Denoël) a été imprimée en 1978, je pense qu'elle a dû m'être offerte cette année-là ou peu après (pour ma première lecture). La datation des nouvelles nous projetait alors de janvier 1999 à octobre 2026. Et c'est l'an dernier (pour anticiper le présent billet!) que je me suis procuré la seconde, imprimée en 2008 (Folio SF N°45, 1ère éd. 2001). La chronologie de cette édition dite "de 1997" (publiée en 1990 aux Etats-Unis) s'étend désormais de janvier 2030 à octobre 2057 (je ne sais pas si je verrai cette date!). Ray Bradbury est pour sa part décédé en juin 2012 (à 91 ans). Contrairement à certaines des oeuvres que j'ai déjà présentées, les Chroniques martiennes sont toujours éditées et disponibles en "neuf" aujourd'hui. 

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Mon volume de chez Denoël comportait 26 nouvelles, traduites par Henri Robillot. Relevons que mon volume, s'il porte bien toujours le numéro 1 dans la collection, affiche la présentation en vigueur en fin des années 1970 (une illustration dans un cercle, sur un fond de couleur), et non plus la couverture originale datant de 1955 (je n'étais pas né!). Ma seconde édition (traduction de l'américain par Jacques Chambon et Henri Robillot) compte deux nouvelles de plus. Et pour information, quand on lit les deux éditions en même temps, on s'aperçoit que les traductions diffèrent presque à chaque phrase. La seconde est-elle vraiment plus précise (traduction, trahison)? Je ne me suis pas reporté aux textes originaux, bien entendu, et serai bien incapable de rédiger une thèse là-dessus, rassurez-vous! Signalons juste que certains titres de nouvelles eux-mêmes ont changé en français. Je vais, déjà, essayer d'apporter des éléments différents de ceux que n'importe qui peut lire dans le très bon article de Wikipédia (consulté le 11 mars 2022), mais ça ne va pas être facile. Foin donc de l'ordre chronologique, essayons des regroupements par thèmes, et peut-être davantage compréhensibles à ceux qui ont déjà lu l'oeuvre, puisque, comme chacun sait, ce "recueil de nouvelles" constitue une oeuvre cohérente (et inversement). Le livre est constitué de nouvelles écrites d'abord de manière indépendante, et dont certaines avaient été publiées dans des magazines américains entre 1945 et 1950, mais aussi de nouvelles écrites spécialement aux fins de "compléter l'histoire".

Les expéditions humaines de la terre à Mars. Les férus de numérologie pourront relever que la première expédition qui "réussit" (ne disparaît pas corps et biens) est la quatrième, mais aussi celle dont le nombre d'équipiers est un nombre impair et romp la progression géométrique: 2, 4, 16 hommes arrivés vivants sur Mars, ... puis enfin 17? On aurait rêvé d'une nouvelle expliquant ce passager surnuméraire: passager clandestin? Fruit des cogitations d'un scientifique illuminé? Le "17ème" serait-il l'archéologue Spender, ou le capitaine Wilder? Ensuite, en un rien de temps, 90 000 personnes débarquent... Et jusqu'à des vieillards! Les nouvelles concernées sont: Ylla; Les hommes de la Terre; La Troisième expédition; ... Et la lune qui luit; Les sauterelles; Les vieillards.

Les Martiens tels qu'en eux-mêmes. Ces humanoïdes aux yeux jaunes, télépathes, ne sont pas toujours sympathiques pour autant. Le Martien peut être empathique avec une personne à la fois. Mais face à la foule... Une foule de Martiens peut être glaçante d'ironie amère, comme dans Morte-saison.

Le retour à la terre. La guerre venue, les émigrants ne partent pas dans le désert, non, ils songent à regagner leur planète d'origine. Cela s'anticipe dans Le marchand de bagages, se précise (donc) dans Morte-saison, puis Les spectateurs... Tout ça (y compris la destruction d'une civilisation millénaire?), pour ça...

Ceux qui restent. Dans Les longues années, on retrouve, plusieurs décennies après le début de la colonisation de Mars, certains des survivants de la quatrième expédition... Et aussi le solitaire qui a décidé de ne plus répondre au téléphone dans Les villes muettes.

Les histoires les plus fantastiques. Usher II attend de pied ferme, sur Mars, les inspecteurs de l'Ambiance morale qui, sur terre, ont imposé la censure au tournant du XXIe siècle - dans la chronologie alternative des Chroniques bien entendu. Comme en écho, on trouve sur terre la maison de Viendront de douces pluies, dont la domotique perfectionnée a survécu à ses habitants humains.

L'espoir. Les rencontres qui auraient être paisibles, en partage, sans violence (le temps de la violence est passé ou reste à venir). Rencontre nocturne, entre un Terrien et un Martien, pacifiques, qui ne partagent pas la même vision... mais se séparent en se souhaitant "au revoir". Le matin vert: le lecteur de 2022 pourrait songer au Printemps silencieux (Rachel Carson), ou à Matin brun (Franck Pavloff). Il s'agit juste, ici, d'une "terraformation" accomplie par un Terrien opiniâtre. Pique-nique dans un million d'années: peut-être, enfin, des terriens respectueux de la nouvelle planète où il ont choisi de vivre?

Les deux nouvelles nouvelles. Les ballons de feu témoigne d'une philosophie plutôt irrévérencieux, pour les WASP, je suppose. Les grands espaces, ou l'angoisse que peuvent ressentir les fiancées restées au pays en s'apprétant à rejoindre leur futur.

Je n'ai cité que les deux tiers des titres des nouvelles. Une épopée, ça a un début, un milieu et une fin. Ici, cette oeuvre part un peu dans tous les sens, et dans tous les genres aussi (fantastique, dramatique, satirique, mélancolique...). Chacun, je suppose, peut y trouver un texte qui lui parlera davantage que les autres, peut-être un personnage à qui s'identifier... Mais ça doit être très personnel. A découvrir!

Et pour finir, voici quelques liens vers différents blogs ayant chroniqué les Chroniques et que font remonter les moteurs de recherche. Beaucoup ne sont plus mis à jour en 2022. Par ordre plus ou moins alphabétique (liste non exhaustive), j'ai trouvé: AnnbourgogneArkantz (dernière MAJ en 2020), Aventuriers (dernière MAJ en 2019), Belykhalil, La bibliothèque éclectique, Blackwolf (dernière MAJ en 2019), Le Bouddha de JadeCapitaine Café (dernière MAJ en 2020), Carolivres, Lisou sur le blog Les pipelettes en parlent, une couverture en anglais chez Nathalie de Pages à pagesPhilippe (dernière MAJ en 2019), Santifike (dernière MAJ en 2019), Thomas (dernière MAJ en 2021), Yvan, un vieux billet de Zaroff sur le blog collectif ZLLT.

Si j'arrive à conserver un bon rythme de rédaction avant le 31 mars 2022, je tâcherai de vous présenter une adaptation que je me suis procurée récemment. [Cf. billet du 30/03/2022]

10 mars 2022

Minority Report / Total Recall - Philip K. Dick

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logochallengeWinterSFFStories Mon article du jour va vous présenter des nouvelles de Philip K. Dirk - dont certaines en lien avec la planète Mars. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) fais donc d'une pierre plusieurs coups en terme de challenges... avec tous ceux dont vous voyez les logos ci-dessus (et le lien correspondant lorsqu'on y clique!): Challenge de la planète Mars, mais aussi 10e Challenge de l'Imaginaire, challenge "2022 en classiques", et challenge "Winter short stories of SFF". D'une pierre deux coups aussi, encore d'une autre manière, avec les deux volumes en question, titrés respectivement Minority Report et Total Recall. C'est tout simple, peut-on penser?

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Sauf que... il y a un piège. Et j'ai sauté dedans à pieds joints. J'avais acheté en 2008 le premier volume, paru en 2002 (l'avais-je ou non lu à l'époque, impossible de me le rappeler). Et c'est il y a quelques semaines que j'ai acquis le second, publié, lui, en 2012. Voici les 4e de couv', mettant chacun en avant le film affiché en couverture.

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Et voici maintenant la tranche des deux livres. Vous aviez sans doute deviné...

P1140225P1140226... qu'il s'agit d'un pur relookage marketing du "Folio SF N°109", et que les contenus sont quasi exactement les mêmes, si ce n'est que le second paru comporte quatre pages en moins, celles d'une introduction par Malcolm Edwards. Celle-ci était spécifiquement axée sur Minority Report, alors troisième blockbuster hollywoodien tiré de l'oeuvre de Dick, après Blade Runner et Total Recall (mais attention, hein, celui de 1990, pas celui de 2012 - vous suivez?), et a donc disparu de la nouvelle édition.

Le texte n'a même pas été relu d'une réédition sur l'autre, il contient toujours, par exemple, quelques petites coquilles orthographiques dans Nouveau modèle: "laine" au lieu de "lame" p. 343 et 347, "un section" (au lieu d'"une section"), p. 361 & 365.

Bref, ce petit décryptage achevé, tournons la page, pour en venir maintenant aux nouvelles (traductions de l'américain revues et harmonisées par Hélène Collon). Leurs copyrights en VO s'étendent de 1953 à 1969.

Commençons par celles en rapport avec Mars.

Souvenirs à vendre a inspiré les deux films Total Recall. La nouvelle est moins spectaculaire. Que faire lorsque vous êtes dans la peau d'un minable petit salarié, et que vous rêvez de vous rendre sur la planète Mars (ce qui est totalement hors de vos moyens financiers, bien entendu)? Ce qu'a décidé de faire Douglas Quail (en cachette de sa femme, qui, elle, a les pieds sur terre): recourir aux services d'une société spécialisée dans l'illusion, Mémoire S.A. Comme le vante son patron, "dans votre mémoire, ce sera un vrai voyage; nous vous le garantissons. Quinze jours de souvenirs, remémorés dans le moindre détail". Et accompagnés d'un "kit" de "preuves" du voyage. Mais tout ne se passe pas comme prévu...

Ah, être un Gélate... : la nouvelle commence par une consultation psychanalytique (glissez 20 dollars dans la fente de l'appareil...). Le problème du patient, Georges Munster, ancien combattant? Lors du conflit avec les Gélates, extra-terrestres déjà installés sur Titan et sur Mars avec lesquels les Terriens sont entrés en concurrence (sur fond de changements climatiques visant la planète Mars), il a fait partie des... je dirais "agents de renseignement" que nos scientifiques terriens avaient "transformé" pour leur faire prendre l'apparence (ô combien disgracieuse!) des Gélates. Mais une fois le conflit terminé... que faire?
Pour ma part, j'ai trouvé cette nouvelle assez savoureuse.

Et quelques mots sur les sept autres nouvelles:

Rapport minoritaire (d'où a bien entendu été tiré Minority Report): un jeune loup aux dents longues (Witwer) arrive dans le bureau d'Anderton, le fondateur de la société Précrime. Il est clair qu'il pense devenir le successeur d'Anderton après son départ à la retraite. Une visite de la société s'impose, pour faire la connaissance des trois "précog", des "idiots" dont le seul et unique talent (mais ô combien précieux) est de pouvoir "visualiser" les crimes avant qu'ils se commettent - ce qui permet aux équipes de Précrime d'intervenir "en amont". Depuis des années, tout va bien (un seul meurtre en 5 ans!). Mais le système va dérailler...

Un jeu guerrier: comment de simples jeux de société peuvent-ils risquer de subvertir, justement, la société? C'est pour se prémunir de tous risques qu'un "agrément" doit être donné, par L'Office terrien des critères d'importation, avant la commercialisation de tout produit importé "d'ailleurs". Par exemple, les jeux en provenance de Ganymède. Mais le plus dangereux n'est pas toujours celui qu'on croit... tout au moins aux yeux de l'Américain moyen.

Ce que disent les morts: Louis Sarapis, milliardaire et leader d'opinion, est passé "de l'autre côté". Avant d'être morts, certains (plutôt les riches!) se font "metre en conserve", de manière à ce que ce qui reste de leur "cerveau" puisse converser avec leur famille, sur rendez-vous. Mais Louis ne réduisait pas ses ambitions à cela, apparemment...

La foi de nos pères: dans un univers à peu près aussi contrôlé que celui du 1984 de Gorges Orwell, un fonctionnaire en quête d'avancement social va de découverte en découverte, sous l'influence de drogues ou non...

La fourmi électrique (à ne pas confondre avec Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques): et si chaque univers et les personnes qui le peuplent n'existaient qu'en fonction des données que contient la "mémoire" d'un robot? Et si celui-ci met fin à ses jours?...
Une lointaine inspiration pour Matrix?

Nouveau modèle: dans un monde post-apocalyptique où des soldats perdus persévèrent à s'affronter après un conflit nucléaire Russie-Occident, des intelligences artificielles s'en prennent aux derniers survivants humains. Avant de...

L'imposteur: la Terre lutte contre les "spatiaux" depuis des années, et nos vaisseaux doivent reculer de plus en plus vers notre planète, face à ceux venus d'Alpha du Centaure. Si la défense terrienne paraît assurée grâce à un écran de protection, de nombreux scientifiques travaillent en vain, dans leurs laboratoires de recherche, sur un projet d'arme offensive. Spence Olham est l'un d'eux. Mais voici qu'on l'accuse d'être un espion et que son meilleur ami vient l'arrêter...

Ces nouvelles, pour la plupart, ne dépeignaient pas (litote) un monde où l'on a envie de vivre. Aujourd'hui, nous sommes cependant au seuil de certaines des évolutions que la littérature dickienne anticipait dès les années 1950.

D'autres blogueurs (parfois désormais inactifs) ont pu bien sûr parler de l'une ou l'autre version de ce recueil. Beryl Eastern a rédigé un résumé très complet de Rapport minoritaire. Le site (professionnel) Le Tourne page présente le recueil de nouvelles. Curtis aussi. Aniouchka également (dernière MAJ en 2017). Voir aussi Encre et bannière, Cherry livres (dernière MAJ en 2016), Julien le naufragé (dernière MAJ en 2019). Aude comparait nouvelle et film pour Minority report (dernière MAJ en 2016).

5 mars 2022

Cycle "John Carter" - Edgar R. Burroughs

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J'ai poursuivi mon Challenge de la planète Mars (lancé par moi-même, ta d loi du cine, "squatter" chez dasola), en relisant cinq volumes que j'avais achetés dans les années 1980. Il s'agit des cinq tomes du cycle John Carter, d'Edgar Rice Burroughs, publié par Edition spéciale, sous la responsabilité de Jean-Claude Lattès, au tout début des années 1970. Nettement moins que connu du grand public que Tarzan, l'un des autres héros créés par Burroughs, John Carter a pourtant fait rêver plusieurs générations d'adolescents depuis plus d'un siècle. Il a donc aussi toute sa place dans le Challenge "2022 en classiques".

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Publié aux Etats-Unis en feuilleton en 1912 puis en volume en 1916, le premier tome du cycle a été traduit en français dès 1937 (parution chez Hachette en 1938-39 sous le titre Le conquérant de la planète Mars, c'est dans cette édition que je le lisais quand j'étais gamin)... Mais c'est surtout Jean-Claude Lattès qui a relancé d'abord l'édition de Tarzan, puis de John Carter, et d'un troisième cycle, Pellucidar, sans pourtant les mener à terme. Ainsi, le sixième tome annoncé en 4ème de couv' des T.4 et 5, Le cerveau de Mars, semble ne jamais être paru... 

P1130999Le premier épisode du cycle, Les conquérants de Mars (dans cette édition!), pose les postulats. Notre héros, John Carter, est sorti du néant. Le livre utilise le vieux ressort d'un manuscrit récupéré de "l'oncle Jack", qui fréquentait, paraît-il, avant la guerre de Sécession, la maison familiale de celui qui le publie. Il est parti participer à cette guerre avant de revenir inopinément une bonne quinzaine d'années plus tard, riche d'argent. Le portait du "splendide échantillon d'humanité" est brossé: plus d'un mètre 90, large d'épaules et étroit de hanches, cheveux noirs et drus, yeux d'un gris métallique. Il semble mourir en mars 1886, en laissant des instructions pour que son corps soit déposé dans un cercueil ouvert, dans un caveau qu'il a fait construire et dont la serrure ne peut s'ouvrir que de l'intérieur (ciel, un vampire? NDLR). Quant au fameux manuscrit, il devait rester cacheté pendant 10 ans, et n'être divulgué que 20 ans après la date de la mort (ce qui nous amenait vers 1906 ou 1907?). Nous y voilà, le fameux manuscrit est un récit à la première personne. Mars est vivable, et habitée. Mais foin d'un humanisme pacifique, les créatures martiennes les plus proches des hommes "terriens" ne sont pas les moins belliqueuses. Et si les armes sont plus avancées que celles utilisées pendant la guerre de Sécession, c'est qu'elles sont le fruit d'une science qui remonte à des millions d'années... Et vu la compatibilité génétique qui semble conclure l'ouvrage, on peut se demander (même si ce n'est jamais explicité) si, par hasard, nos lointains ancêtres sur terre ne découleraient pas d'une expédition martienne. Je dirai juste que le terrien (?) John Carter a plus que bien mené sa barque (ou son aéroplane) durant ses aventures martiennes alors qu'il séjournait sur la planète rouge, sans trop savoir comment il y était arrivé ni comment il en est revenu (mystères...).

P1130997L'épisode suivant avait également été traduit et publié en 1937. Pour Les dieux de Mars (qui reprend l'histoire de John Carter exactement là où la fin du 1er volume de la saga l'avait laissé), notre auteur adopte des solutions sacrément culotté. Bien entendu, notre héros n'est pas revenu sur la planète rouge à l'endroit d'où il en avait disparu pour rejoindre la terre, ce serait trop simple. Ayant besoin, dans le fil du récit, d'arriver presque à la fin d'un délai d'un an avant les pires supplices pour l'épouse de son héros, Mister Burroughs met celui-ci en prison chez ses ennemis... Et un paragraphe de six lignes (p.212) le laisse se morfondre pendant des mois à essayer en vain d'user ses chaînes ou de trouver une idée pour s'en sortir, avant que l'action accélère de nouveau et que, quelques pages plus loin, il se soit libéré et ait réuni une armée d'un ou deux millions de guerriers (je m'y perds...)! Dans les grandes scènes de bataille, dans ce volume comme dans d'autres, on peut trouver des réminiscences homériques (L'Iliade), avec d'un côté des héros nommément cités pour lesquels on suit les détails haletants du moindre duel, et de l'autre la piétaille qui se massacre joyeusement, par milliers de guerriers, dans l'anonymat le plus complet. Et ce volume (rédigé en feuilleton au 1er semestre 1913) se clôt encore dans un suspense insoutenable (mais comment ont-ils pu le supporter, les lecteurs français de 1937?).   

P1130998Le troisième tome a été publié en français en 1971 seulement. Le feuilleton américain s'était, lui, étiré sur 1913-1914. Dans Le guerrier de Mars, John Carter poursuit son exploration des arcanes cachées de Mars (il n'a manifestement pas réussi à faire tomber toutes les superstitions qui avaient cours sur la planète rouge avant son arrivée, si grande soit la place qu'il y a prise!). Il continue aussi à chercher son épouse, toujours aussi enlevée que précédemment. Il ne faut pas chercher trop d'épaisseur psychologique ou de sens de la nuance aux caractères des différents personnages, alliés ou ennemis. Les héros ne meurent jamais. A la fin, notre terrien (?) est nommé, en quelque sorte, généralissime de toute la planète Mars. On se demande bien comment rebondir encore après cela (... et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants?).

P1130996Ah bah ça tombe bien, place aux jeunes, le quatrième tome de la saga, La princesse de Mars, est centré sur Thuvia, la "promise" du fils de John Carter (hé oui, Carthoris est adulte, comme le temps passe... On peut aussi noter que le titre anglais du tout premier volume de la série était A Princess of Mars (mais visait Dejah Thoris, princesse d'Helium), cependant que le titre anglais de ce quatrième opus est Thuvia, Maid of Mars (alors que le mot "vierge n'était peut-être plus trop à la mode en France, lors de la parution en 1971?). Je ne sais pas si l'auteur aurait pu dire "je crois aux forces de l'esprit" en étant sincère, ou bien s'il use juste d'artifices littéraires pour expliquer comment une cité quasi-déserte peut résister durant des siècles à des hordes d'envahisseurs potentiels. 

P1140001Dans le cinquième tome paru dans cette collection, Echecs sur Mars, John Carter n'est plus non plus le "héros principal". La planète rouge n'a pas fini de dissimuler des surprises. Ainsi, cette fois, c'est... la fille de John Carter et de Dejah Thoris que nous découvrons comme nouvelle héroïne, via un prologue de trois pages qui se passe sur terre (John Carter a résolu le problème des voyages Mars-Terre, et peut désormais venir se présenter au narrateur, non pas tout nu, mais avec son harnachement "guerrier de Mars" complet: épée et pistolet). Mais quand donc cette Tara est-elle sortie de l'oeuf ("la terre rouge de Tara", moi, ça me fait songer à Autant en emporte le vent)? Comment se fait-il que l'on n'ait jamais entendu parler d'elle dans les volumes précédents, si elle est juste "un peu plus jeune que Carthoris"? Mystères des feuilletons (cette histoire-là a été publiée en 1922). En tout cas, durant les moult aventures qu'elle va connaître, elle aura tôt fait de se trouver un chevalier servant, voire même plus d'un... La locution "la tête et les jambes" trouve une illustration plus ou moins hideuse dans ce roman. Dans les deux dernières pages, "son histoire terminée, John Carter se leva du siège placé en face de moi" avant de repartir, non sans avoir expliqué en quelques mots au narrateur les points du récit qui avaent pu rester obscurs dans le fil de la narration... (astuce à retenir!). 

On peut encore noter que ce cinquième tome contient beaucoup plus de "matière" que les précédents. Je ne peux évidemment pas compter le nombre de mots ou de caractères "sur le papier" (et je n'ai pas regardé ce qu'il en serait dans des versions électroniques), alors j'ai pris des photos (ci-dessous). Je ne sais pas si le résultat en est très lisible/visible, mais je voulais mettre en évidence la différence de corps de police de caractères ainsi que le nombre de lignes à la page entre le tome 4 (30 lignes, p.10) et le tome 5 (38 lignes, p.20)... 

P1140006 t.5 (p.20)  P1140007 t.4 (p.10)  P1140005

Je viens aussi de faire quelques vérifications sur le catalogue en ligne de la BnF (Bibliothèque nationale de France). John Carter a ensuite, plus récemment (et plus complètement), été publié aux Editions Lefrancq. En 1994, le premier tome de son "Cycle de Mars" (1269 p.) correspondait à ces cinq premiers titres. Le tome 2 paru en 1995 (1175 p.) donnait à lire les six dernières aventures participant de ce cycle. Et c'est tout! S'il a aussi écrit d'autres cycles (de la lune, de Vénus...), s'il a emmené Tarzan à Pellucidar, Burroughs n'a jamais (d)écrit les aventures de Tarzan sur Mars ou (de) John Carter dans la jungle. Peut-être ses "successeurs" l'ont-ils fait (je n'ai pas vérifié)?

Si j'ai relu pour le présent billet les 5 tomes que je possédais déjà, je n'ai pas cherché à me procurer les 6 opus suivants. Je ne m'interdisais pas de les emprunter en bibliothèque pour un éventuel second billet sur John Carter... en espérant qu'il y aurait eu suffisamment de manifestations d'intérêt sur ce billet-ci pour me motiver, mais je pense que le temps va désormais me manquer d'ici la fin du mois de mars 2022. La dernière actualité autour de ce héros de roman remontant à 2012 (avec la sortie du film John Carter d'Andrew Stanton - que je n'ai jamais vu), je risque de ne pas avoir beaucoup de commentaires sur ce billet... 

Pour ceux qui voudraient en savoir davantage sur ce "Cycle de Mars", ils peuvent consulter le blog Crimes à la belle époque. Il est aussi décortiqué avec pas mal d'ironie par Nébal. On trouve encore une longue chronique par Infocomète (plus de MAJ de ce blog depuis 2017).

En terme de postérité, quelques décennies séparent Edgar R. Burroughs de Jack Vance et son cycle de Tshaï, mais je pense que le héros vancien, Adam Reith, n'aurait jamais existé sans John Carter. Comme lui, humain fort et intelligent perdu sur une planète hostile, il finit après moult aventures par changer celle-ci et le sort de ses habitants. Mais comme ce n'est pas Mars, je n'en dirai pas davantage ici!

25 février 2022

Martiens, go home! - Fredric Brown


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 J'ai (ta d loi du cine,"squatter" chez dasola) fini par dénicher un exemplaire du livre qu'avait chroniqué dès mars 2021 une des toutes premières participantes au Challenge de la planète Mars. Alors que le monde (occidental) regarde à la télévision aujourd'hui [vendredi 25 février 2022] des images d'une invasion prédite avant d'être effective, j'ai l'impression que les grandes manifestations populaires qu'on connaissait jadis ont autant de retard à l'allumage que les éventuelles sanctions qui seront prises contre l'envahisseur. Le titre que je chronique présentement fait écho de manière humoristique aux "US go home!" de naguère, puisqu'il s'agit de Martiens, go home! de Fredric Brown. Ce classique de la SF, paru en 1954 aux Etats-Unis et traduit en français en 1957, bénéficie d'une certaine notoriété, comme en témoignent les nombreux liens que j'ai pu mettre en fin d'article.

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La couverture ci-dessus donne une interprétation acceptable de l'oeuvre: un gnome vert (les oreilles pointues me semblent une licence artistique de l'illustrateur Frank Kelly Freas) en train de vous regarder d'un air narquois à travers le trou de la serrure (il existe bien sûr des illustrations qui diffèrent de celle de l'édition que je possède) (1)

Un personnage apparaît comme le fil conducteur de l'oeuvre, sinon le véritable héros: il s'agit d'un certain Luke Devereaux, écrivain de son état, plongé dans les affres solitaires de la page blanche quand le roman commence, le 26 mars 1964. "Laissant muser son imagination, il se demanda brusquement: et si les Martiens...?". Simultanément, on frappe à la porte de sa cabane. Et ce n'est pas un cadeau: "Salut toto, dit le petit homme vert. C'est bien la terre ici?". S'ensuivent 15 pages de persécutions à sens unique. Mais la créature mal embouchée n'est pas seule: un milliard de Martiens se sont téléportés sur notre planète. Immatériels, dotés d'une vision de superman (celle à rayons X), l'humanité ne peut rien leur cacher, nulle part, ni s'en débarrasser d'aucune manière, et ils se font un plaisir de claironner à tout l'univers les petits secrets de tout un chacun (pour eux, tous les hommes s'appellent toto, et toutes les femmes "chouquette" - quel manque de respect, n'est-ce pas?). Page 64, une énumération de 47 qualificatifs commence par "ils se montraient acariatres" et se termine par "ils étaient (...) zélés à la tâche de faire vaciller la raison de quiconque entrait en leur contact". De quoi déprimer les trois milliards d'humains. D'où d'abominables conséquences: le Président des Etats-Unis, en son for intérieur (p.104), doit bien constater que la situation est grave, car la Bourse baisse, l'industrie du spectacle approche de la ruine; et que faire des soldats de l'Armée, inaptes à tout autre emploi utile? On aura noté que, de l'autre côté du rideau de fer, nos Martiens sévissent en toute équité. Impossble désormais de recourir à la propagande: "les Martiens se faisaient un plaisir de souligner à grand renfort de publicité le plus petit coup de pouce donné à la réalité" (p.102). J'ai aussi savouré les diverses réactions des religions face au phénomène martien, chacune y allant de sa solution (encore une énumération pour qualifier nos envahisseurs, depuis "anges du mal" jusqu'à "trolls", avec pas moins de 25 items). Je me dis qu'un lecteur contemporain peut aussi songer (encore un anachronisme!) à ce que l'auteur n'avait sûrement pas pu y mettre à l'époque, et identifier ses "Martiens" avec d'autres "trolls", ceux qui "pourrissent" les échanges sur les réseaux sociaux, ou encore avec les harceleurs divers et variés qui "détruisent" la vie (réelle, et pas seulement numérique) de leurs victimes. Mais revenons à notre Luke Devereaux. Finalement, les choses n'ont pas si mal tourné que cela pour lui. Notre écrivain a "évacué" à sa manière la question martienne, s'est rabiboché avec son ex-épouse, et a pondu en cinq semaines de réclusion semi-volontaire dans une clinique psychatrique la meilleure de ses oeuvres (un western). Ne (lui) reste plus qu'à délivrer l'humanité tout entière de ses persécuteurs. Peut-être grâce à ses efforts personnels, ou bien encore à ceux de quelques centaines de milliers de personnes tendues vers le même but en parallèle (et qui, selon la définition classique, ne se rencontreront jamais), les Martiens s'évaporent tous ensemble le 19 août 1964, cent quarante-six jours et cinquante minutes après leur première apparition. Bon, quand j'ai dit cela, je n'ai pas vraiment "spoilé" le roman, il vous reste surtout à en déguster chaque péripétie en savourant l'art avec lequel elle est contée. J'avoue pour ma part avoir apprécié la digne sortie de scène du secrétaire général de l'ONU, humilié par les Martiens qu'il venait de conjurer d'accepter la parole des Terriens de ne jamais aller les déranger sur Mars en ayant réussi le miracle de faire parler toute l'humanité d'une seule voix pour cela: quand on vous répond "va te faire enc..., toto", si l'on est brave, que peut-on faire?

A défaut de la critique de Girlymamie (qui a carrément supprimé son blog de peur de se faire piller ses articles), j'ai trouvé (ou retrouvé) une bonne quantité de billets ayant chroniqué Martiens, go home! au fil des ans. Citons-les par ordre alphabétique: Elessar, Elhyandra, Elwyn (navigatrice de l'imaginaire), ErwelynEsprit S.F. (dernière MAJ en 2020), FeyGirl, le site collectif Le galion des étoiles, Lhisbei, la bibliothèque de Loki (dernière MAJ en 2021), Lorkhan, chez Nirgal (dernière MAJ en 2021), et l'ancien blog de XL.

Bonne lecture!

(1) Voir notamment Chroniques martiennes.

* Edit du 27/02/2022: je viens de découvrir le Challenge "2022 en classiques" proposé par Blandine et Nathalie. C'est trop tentant... Après, comme il y a du coup deux logos, je les mettrai alternativement!

20 février 2022

Au seuil du futur - Howard Fast

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Voici un premier billet en 2022 pour mes participations au Challenge de la planète Mars et au 10e Challenge de l'Imaginaire. Alors que j'ai déjà chroniqué naguère un livre d'Howard Fast, je n'avais pas regardé avec précision ce qui concernait sa vie et son oeuvre. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) le situais vaguement dans la même chronologie que Georges Orwell (mort à 47 ans en 1953), alors qu'en fait Howard Fast est né en 1914 et est décédé au début du XXIe siècle (en 2003), presque nonagénaire. Le recueil de nouvelles que je vous présente aujourd'hui, dans le cadre du Challenge de la planète Mars, a été publié en 1961 sous le titre The Edge of Tomorrow. Mon édition en français (Au seuil du futur, Bibliothèque Marabout, n°266, 246 pages, 1ère éd. 1966) a été imprimée en 1972. Même si ce bouquin est bien plus jeune que moi, on sent que le poids des ans (un demi-siècle) est passé sur ce livre "format poche" désormais fragile. Le papier est fort jauni, et je ne me risquerai guère à le plier - ni à le mettre sans protection dans une poche d'anorak! *

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Sur les huit nouvelles composant le recueil, deux seulement concernent Mars.

Caton le Martien revisite Tite-Live et les guerres puniques d'une manière très philosophique. Après avoir capté les émissions de télévision et de radio terriennes, et se fondant sur ce qu'ils en perçoivent du caractère humain, les Martiens entraînés par un leader forcément plus malin que les autres décident de réchauffer la guerre froide. Mais à qui en cuira-t-il? Sur Mars, on ne parle qu'une seule langue (à défaut de parler d'une seule voix). J'avoue avoir été interpellé par le mépris dans lequel nos érudits Martiens semblent tenir notre langue française, "une langue qui n'est parlée que par une poignée d'habitants du continent européen" (et autant pour l'éditeur belge Marabout...?). A cette aune, l'auteur de Spartacus devait être anticolonialiste. Et le fameux "Vive le Québec libre!" n'avait pas encore été prononcé par notre De Gaulle national.

Made in Mars raconte comment quelques produits merveilleux présentés dans une poignée de boutiques chics suffisent à bouleverser le sort de notre Terre, dans une logique de capitalisme concurrentiel. Et les millions de dollars valsent... avant, pendant et après la campagne marketing, qui a pris fin inopinément. J'ai déniché un site faisant référence de manière amusante à cette nouvelle, sous forme d'un exercice de style d'une promotion d'étudiants.

Je vais juste dire quelques mots des six autres nouvelles.

Les premiers hommes a fait écho, chez moi, au livre de Barjavel Le grand secret. Je considère en tout cas que cette nouvelle-là permet d'inscrire le livre dans le thème bimestriel "famille choisie" du 10e Challenge de l'Imaginaire.

La fourmi géante évoque les réactions provoquées chez l'Américain moyen à la vue d'une forme de vie inhabituelle.

Du temps et des chats développe de manière plutôt classique le thème du paradoxe temporel.

L'affaire Kovac est peut-être celle que j'ai trouvée la plus originale et la plus intéressante. Elle fait écho à quelques thèmes de récits d'anticipation tels que pouvait les concevoir Jack London (dans sa nouvelle Goliath, par exemple).

La vue de l'Eden m'a fait penser à la philosophie des Chroniques martiennes de Bradbury (que j'espère arriver à chroniquer d'une manière ou d'une autre avant le 31 mars 2022).

J'ai cherché si je trouvais des blogs ayant parlé du recueil Au seuil du futur. On peut trouver des avis sur Babelio (mais ce n'est pas ma tasse de thé). Un site (et non un blog) en parle: la bibliothèque de Gloubik. Si vous trouvez d'autres références, je suis preneur bien entendu.

* Edit du 21/02/2022: pour répondre à Ingamnic, les nouvelles en elles-mêmes ont mieux traversé les décennies que leur "support matériel" lui-même! Plusieurs restent surprenantes.

* Edit du 27/02/2022: je viens de découvrir le Challenge "2022 en classiques" proposé par Nathalie et Blandine. C'est trop tentant... Après, comme il y a du coup deux logos, je les mettrai alternativement!

** Edit du 03/03/2022: et encore un Challenge (qui se termine le 31 mars 2022 - quatre mois, c'est "court"!), "Winter short stories of SFF", proposé par Célindanaé pour mettre en avant les "nouvelles" ou "novellas".

28 janvier 2022

Un tueur sur mesure - Sam Millar

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J'ai lu quelques romans de cet écrivain ancien membre de l'IRA qui a fait de la prison comme activiste politique et qui, aux Etats-Unis, a été prisonnier de droit commun pour un hold-up spectaculaire. Depuis son retour à Belfast, il s'est reconverti dans l'écriture et c'est plutôt réussi. C'est le quatrième roman que je lis de Sam Millar. C'est aussi noir que les trois autres mais il faut lire cela au deuxième degré, et Millar met une certaine distance dans ce qu'il raconte. Il y a même de l'humour. Un tueur sur mesure (Editions Métailié, 284 pages) se passe à Belfast de nos jours. Trois truands ont l'idée de braquer une banque le soir d'Halloween, déguisés en loups. Et bien, ils ratent leur coup, la banque visée n'ayant plus de liquidités, alors que les trois lascars se rejouissaient d'avance. Qu'à cela ne tienne, l'un des trois s'empare d'une mallette que détient un client retenu en otage, pas commode du tout. Et là bingo, c'est le jackpot, la mallette contient un demi million de livres sterling. Ce qu'ils ne savent pas (ou pas tout de suite), c'est que l'argent appartient à un groupuscule appelé La Fraternité pour la liberté irlandaise. Son leader s'appelle Connor O'Neill, et ce n'est pas un tendre même s'il va à la messe tous les matins. Il engage un certain Rasharkin, le tueur du titre, pour récupérer l'argent et se débarrasser des coupables. Avant de les tuer, Rasharkin aime bien torturer les gens. Et pendant ce temps, la police mène aussi l'enquête. J'ai lu ce roman d'une traite car il est découpé en petits chapitres et puis j'avais hâte de savoir ce qui allait se passer. A la fin, on pourrait s'attendre à retrouver des personnages dans un roman ultérieur. J'ai beaucoup apprécié ce polar tout comme Actu du noir - Jean-Marc Laherrère, Nyctalopes, Yv et Blacknovel.

15 décembre 2021

La chaîne - Adrian McKinty

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L'intrigue du roman est résumée dans la phrase d'accroche en couverture: "le seul moyen de récupérer votre enfant, c'est d'en kidnapper un autre." Dans La chaîne d'Adrian McKinty (Livre de poche, 473 pages) Rachel, une jeune femme de 35 ans, apprend que sa fille de 13 ans, Kylie, vient d'être kidnappée par un couple qui lui-même a eu son fils kidnappé. Si Rachel appelle la police, sa fille sera tuée et le fils du couple kidnappeur aussi. Une voix déformée l'appelle pour lui dire que quelqu'un va l'appeler pour lui donner des instructions. Désormais, elle fait partie de la Chaîne (une organisation criminelle mystérieuse qui semble être puissante). On lui demande une rançon calculée en fonction de son épargne et elle doit sélectionner un enfant qu'elle enlèvera à son tour. De victime, elle deviendra ravisseuse et criminelle. Heureusement que Rachel est une femme courageuse bien qu'elle soit gravement malade. Elle va trouver de l'aide en la personne de Peter, son ex-beau-frère, ancien marine qui adore sa nièce. Je ne dirai rien de plus sauf que ce roman est un "page turner" qui se lit bien, même s'il y a quelques invraisemblances. L'histoire se passe dans la région de Boston de nos jours. Lire les billets d'Encore du noir, de Val et de Jean-Marc Laherrère

22 novembre 2021

Apeirogon - Colum McCann

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Je viens de terminer Apeirogon (Editions 10/18, 634 pages magnifiques) et je suis prête à le relire dans quelque temps. Ce livre extraordinaire est plutôt un récit éclaté en mille et un chapitres. Les personnages principaux sont réels. Parmi eux, on fait la connaissance de Rami Elhanan, 67 ans, un Juif isréalien et Bassam Aramin, 48 ans, un Palestinien musulman. Le premier est graphiste, le deuxième qui a eu la polyo dans sa jeunesse est un spécialiste de la Shoah. Ils sont devenus amis et militent pour la réconciliation entre les peuples. Les deux ont chacun perdu une fille à 10 ans d'intervalle. Smadar, la fille de Rami, est morte dans un attentat en 1997. Elle avait 13 ans. Abir, la fille de Bassam, a été tuée par une balle en caoutchouc en 2007. Elle avait 10 ans. Ce livre, quand on le commence, on ne le lâche plus. Les chapitres sont plus ou moins longs. Une phrase ou 3 pages. McCann nous parle de mathématiques, d'ornithologie et des oiseaux migrateurs (plus de 500 millions suvolent les collines de Beit Jala chaque année), de la vie à Jérusalem et à Jericho, du camp de concentration de Thieresenstadt, de la découverte des manuscrits de la Mer Morte, de musique comme celle de John Cage, de la construction du Mur qui sépare les Israéliens des Palestiiniens; et puis, McCann revient sans cesse sur ce qui est arrivé à Abir et Smadar et qui elles étaient. Et on apprend au milieu du livre qui sont Rami et Bassam, ce qu'ils ont vécu. Par exemple, Bassam a passé 7 ans de sa vie dans une prison israélienne. Un livre magnifique que je conseille absolument. Il n'est pas du tout difficile à lire et il est passionnant. Pour info, l'apeirogon(e) du titre est un polygone ayant un nombre infini (dénombrable) de côtés.

Lire les billets enthousiastes d'eeguab, de Manou, d'Eva, de Papillon, de Lettres d'Irlande et d'ailleurs, Joëlle et Nicole Grundlinger.

17 septembre 2021

Un vaisseau fabuleux (et autres voyages galactiques) - Philip K. Dick

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Philip K. Dick (1928-1982) est l'auteur de plusieurs romans adaptés au cinéma dans des films célèbres (Blade Runner, Minority Report, ou encore... Total Recall), et de nombreuses nouvelles de science-fiction. Il était donc normal que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) puisse chroniquer quelques-unes de ses oeuvres dans le cadre de mon Challenge de la planète Mars. Aujourd'hui, pour mon 10e billet (déjà!), j'aborde cet auteur avec un recueil de nouvelles dickiennes, que j'inscris également pour le 9e Challenge de l'Imaginaire et le XIIe Challenge Star Wars.

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Traductions de l'américain revues et harmonisées par Hélène Collon, 375 pages, 2010 (1er DL 2005, copyright Gallimard), copyright éditions Denoël pour la traduction française

Un vaisseau fabuleux (et autres voyages galactiques) rassemble 12 nouvelles, écrites entre 1952 et 1954. L'édition française précise "Cet ouvrage est publié avec l'accord de l'auteur et de son agent [nom de l'agent...]". J'ai acheté mon exemplaire il y a quelques semaines, sur la foi du texte de 4ème de couverture. Les Martiens dont il est souvent question (souvent des colons terriens) y sont à chaque fois différents... Je commence par dire quelques mots de présentation pour les 9 nouvelles évoquant Mars (1).

L'heure du wub qui ouvre le recueil a été la première nouvelle publiée par Philip K. Dick, et bénéficie de 5 pages d'introduction. Elle a conservé un "peps" indéniable, en étnt excessivement savoureuse. Quelques allusions semblent indiquer qu'elle débute sur Mars, avec le chargement d'un vaisseau à destination de la terre, qui embarque des animaux et des oiseaux fournis (sur réquisition?) par les "optus" martiens (1).

Dans Les joueurs de flûte, un médecin tâche de se renseigner à propos des autochtones qui se seraient trouvés sur un astéroïde, et obtient en réponse: "Oh, on raconte qu'ils sont originaires de Mars. Cela dit, ils ne ressemblent guère à des Martiens. Ils ont la peau sombre, plutôt cuivrée. Il sont minces. Très agiles, à leur manière. Ils chassent, ils pêchent. Pas de langage écrit. Nous ne leur accordons pas beaucoup d'attention" (p.113).

Monsieur le vaisseau remarque, p.88, que "Le monde s'est toujours battu, d'abord contre lui-même, puis contre les Martiens, et maintenant contre ces créatures de Proxima du Centaure dont nous ignorons tout". Quant au vaisseau, véritable héros de cette nouvelle, il a acquis une conscience humaine, volens nolens.

Dans Colonie, un équipage débarqué depuis 3 semaines sur une planète se méfie, rappelant que les sables martiens contiennent "une saloperie en forme d'hélice", comparable à l'eberthella typhi que nous avons sur terre (sauf erreur de ma part, ce nom correspond à salmonella typhi, le germe responsable de la fièvre typhoïde!). Je dirai juste qu'ils avaient raison de se méfier...

J'ai trouvé particulièrement forte la nouvelle Tant qu'il y a de la vie... Préserver les sources d'approvisionnement de matériaux devenus indispensables à une société de consommation exacerbée la conduit au désastre. Sur Mars, ce sont des "gisement de rexéroïde" qui sont l'enjeu. Ce produit (?) est indispensable pour le servomécanisme qui fait fonctionner les voitures terriennes! Mais Vénus, Callipso, Neptune, Saturne... sont également sources uniques de matières premières, d'où conflits après conflits.

La crypte de cristal voit les autorités martiennes se montrer plus subtiles que trois agents terriens alors que se profile un conflit entre les deux planètes.

Pour Un vaisseau fabuleux, Mars est juste une destination devant tester un vaisseau pris aux Ganymédiens. Mais il n'y arrivera jamais... alors que le Grand Emetteur martien est le plus puissant du système solaire, arrosant les neuf planètes et portant même au-delà, dans les profondeurs de l'espace (p.352).

L'ancien combattant qualifie les Vénusiens de "pieds-palmés" et les Martiens de "corbeaux", alors que les deux types de mutants descendent de colons terriens (la colonisation de Vénus est citée comme étant intervenue à la fin du XXe siècle!), et que les croisements restent fertiles... Le racisme ne passera pas.

La Mission d'exploration sur Mars y fera une terrible découverte, décourageante.

Les trois (1) nouvelles qui ne citent pas Mars ne manquent pas d'intérêt pour autant. Dans Le canon, un vaisseau d'exploration arrivant sur une planète anonyme se fait abattre par un engin automatique toujours en état de fonctionner, alors que les habitants de ladite planète semblent avoir disparu depuis longtemps. Les braconniers du cosmos, les "Adharans", vont léguer une méchante surprise au vaisseau terrien qui les ont arraisonnés. Enfin, la nouvelle Tony et les "Bêtes" montre l'impérialisme terrien, sûr de lui et dominateur, qui a fini par faire l'erreur de s'aventurer une planète trop loin... avant de devoir commencer à refluer, inéluctablement.

Une belle découverte pour moi que ce recueil, donc. J'espère avoir donné envie de le lire!

Voici pour terminer quelques autres chroniques trouvées sur la toile: le site Vous, humains (pas de commentaire possible?). Erwelyn a présenté plusieurs  des nouvelles du recueil ici ou , et plus globalement par ce lien. Enfin, Snow de Bulles de livre avait parlé du recueil en 2010.

(1) Edit du 27/09/2021: merci Erwelyn! Je viens de voir, sur un des billet récemment mis en ligne sur son blog, que j'avais lu beaucoup trop vite L'heure du Wub, qui est, donc, bien en lien avec Mars, contrairement à ce que j'avais écrit initialement...

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