Il y a plusieurs mois (le 11 janvier 2023!), Pascale avait demandé (dans un commentaire sous le billet "16 ans / 2500e billet") ce qu'on gagnait avec 500 commentaires. La réponse s'impose aujourd'hui puisqu'elle a récemment franchi ce cap (après trois commentaires arrivés durant l'été 2009, c'est en mai 2016 qu'elle a commencé à commenter régulièrement les billets "cinéma" de dasola: elle en a commenté pratiquement un tiers). À peine quelques jours après Manou (elles avaient été sollicitées quasiment en même temps), voici donc un nouvel "Entretien avec une blogueuse". C'est le deuxième concernant un blog "cinéma", après celui de Ffred qui remontait au 18 octobre 2018 (il a publié son "clap de fin" il y a déjà deux ans), et le neuvième à ce jour (les autres étant pour la plupart des blogs littéraires) (1).
Dans un premier temps, Pascale m'a répondu un mail avec plusieurs exigences: que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) cesse de la vouvoyer; que je lui explique ce que signifie "ta d loi du cine" (scoop: il s'agit d'un anagramme de mes nom et prénom), que je lui dise mon prénom... (non!) puis m'a envoyé un nouveau mail quatre heures plus tard (de mon côté, j'ai pris connaissance des deux en même temps et en temps différé!): "finalement je suis gentille. Je me suis plongée dans le questionnaire et y ai répondu. C'est tellement merveilleux de parler de soi. Voilà le fruit de mes réflexions".
A toi la parole, donc, Pascale! ;-)
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Bonjour Pascale, pour que les lecteurs comprennent bien qui vous (sic!) êtes, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour je m'appelle Pascale et je suis alcoolique ce qui n'est pas un pseudo sinon j'aurais choisi dasola ou ta d loi du cine (mais c'est déjà pris).
Quelque chose de très énigmatique et mystérieux pour entretenir un côté ténébreux indéchiffrable.
J'avais pensé Francesca Johnson ou Sally Gerber mais Gerber en français... ce n'est pas trop glamour.
Il y avait aussi Albertine Sarrazin mais j'ai trouvé que cela faisait prétentieux. Alors je me suis dit, tiens pourquoi pas Pascale ?
J'ai eu une période dans ma folle jeunesse où certaines personnes ne me connaissaient qu'en tant que Joséphine (qui est mon deuxième prénom que je trouvais absolument vertigineux de beauté).
Maintenant, j'aime bien celui que m'ont donné mes parents.
Un jour on fait la paix avec soi-même et c'est beau.
Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques ?
De quel ordre ? Parce qu'il peut y avoir du dos' !
J'ai tellement évoqué ma vie mon œuvre mes amours mes emmerdes dans une rubrique (pas très) cachée de mon blog que j'ai l'impression qu'on connaît même la couleur de ma chambre (qui a changé depuis mais bon, on va pas chipoter). En tout cas ce que j'ai bien voulu raconter (je garde mes soucis de jardinage et mes prouesses musicales pour moi).
Je vis près de Nancy depuis 28 ans après avoir vécu à Lille, à Montmartre plusieurs années et je suis originaire de Maubeuge, ça ne s'invente pas et je trouve que je m'en tire plutôt bien...
C'est toujours l'amour qui m'a fait prendre mes clics et mes clacs et partir vers de nouveaux horizons. Je ne regrette rien. Rien de rien. Allez zou, on avance.
Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous (car une spectatrice de 20 ans n'ayant pas le même ressenti qu'une de 60, cette information a son importance)?
J'ai eu l'heureuse surprise de découvrir lorsque j'annonçais il y a 4 ans que je changeais de décennie et que cela ne me réjouissait guère, qu'une blogueuse me dise : si vous passez les 30 voire les 40 ans, ce n'est pas bien grave.
Alors non je ne dis pas mon âge (je le dirai quand dasola répondra aux commentaires sur son blog ou nous dira son prénom) mais je suis ravie que mon style d'écriture donne une impression de jeunesse (éternelle), même si je ne suis pas une acharnée du jeunisme.
Cela dit, ceux qui suivent mon blog, les quelques rares fidèles qui s'obstinent depuis des années n'ont pas trop de mal à faire le calcul (ce n'est pas un âge à trois chiffres non plus).
Pour les autres, ce n'est pas très important. Je n'ai pas de profil Tinder (contrairement à Brad Pitt) mais si certains veulent des informations ils peuvent m'écrire : uupascale@gmail.com
Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec le cinéma?
J'ai fait des études littéraires et ai été tentée par le métier de script.
Cela ne s'est pas fait. Tant pis.
Parlons un peu de vous et de votre site...
... Sur la route du cinéma (qui existe depuis mars 2006). Dans quel contexte et pourquoi avez-vous souhaité le créer?
C'est donc cette blogueuse qui m'a incitée à créer un blog. Elle devait en avoir assez de lire mes mails et d'y répondre parce qu'elle était polie.
Vous possédez votre propre "nom de domaine". Le blog semble utiliser la plateforme "Hautetfort": pourquoi ce choix ?
Quel est votre but avec ce blog ?
En moyenne et à titre indicatif, combien voyez-vous de films par semaine / par mois? Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour ?
C'est vertigineux. Je dirai 5 films par semaine en salle (et pourtant j'ai une vie hors cinéma très remplie). Et j'en regarde aussi à la télé ou en DVD.
Quant aux chiffres, je ne m'y intéresse absolument plus depuis des années. Il me faudrait un statisticien comme dasola.
Il y a quelques années, mon blog atteignait 1 000 visites par jour, cela me paraissait ENORME. Compte tenu du nombre décroissant de commentaires d'année en année, ce chiffre ne doit plus être d'actualité. Mon blog est sans doute devenu plus confidentiel. Cela n'a strictement aucune importance pour moi. Malgré des périodes de plus en plus fréquentes de lassitude, je tiens bon. C'est difficile d'arrêter ce compagnon de route.
J'aimerais cependant que ceux que je croise dans certains festivals et qui viennent me voir, commentent alors qu'ils ne le font pas.
Suivez-vous les statistiques de votre blog? Avez-vous une idée du nombre de vos visiteurs?
Absolument pas. Absolument aucune idée. Vous êtes sourd, je l'ai dit au-dessus ?
En tant que spectatrice, comment vous définiriez-vous ? Le cinéma tient-il un rôle important dans votre vie ?
Non le cinéma ne m'intéresse absolument pas. C'est une perte de temps. Je ne comprends pas qu'on puisse se passionner pour un art (mouarf) aussi insignifiant.
Allez, je vous fais une confidence. Le cinéma est VITAL pour moi. Il est mon havre, ma cachette, l'endroit où il me semble qu'il ne peut rien m'arriver.
Mais il est aussi l'endroit où j'apprends, je découvre, je m'enthousiasme, je m'agace, je m'extasie, j'aime, je tombe amoureuse, je m'émeus, je ris, je pleure, je tremble, je me cramponne... (complétez les pointillés).
J'en ai besoin. Je crois que je n'ai jamais vécu sans cinéma. J'aime l'odeur de la salle, parcourir les couloirs qui m'y mènent. J'aime la taille de l'écran et sa texture, les petits trous dans la toile me fascinent, la lumière qui s'éteint. Je n'suis pas folle vous savez !
Avez-vous remarqué la phrase en exergue de mon blog tirée de La conjuration des imbéciles, John Kennedy Toole (que je vous recommande pour un prochain pavé de l'été) : "Je ne parviens pas à comprendre ce qui me pousse ainsi à voir des films ; on dirait presque que j'ai cela "dans le sang." Ignatus
Avant-premières, rencontres avec les réalisateurs, les acteurs, festivals... Les recherchez-vous ?
Avec les années je participe beaucoup moins aux avant-premières et aux rencontres. Je n'aime plus trop aller au cinéma le soir. Depuis quelques mois, je m'y suis « remise » et c'est vraiment formidable de croiser certains réalisateurs. Ils semblent souvent très demandeurs de ce genre d'échanges (sauf Nathan Ambrosioni qui trouve que les rencontres avec les spectateurs sont faites pour les retraités).
Je participe à plusieurs festivals au cours de l'année, pas les plus prestigieux, même si je rentre tout juste de la Mostra de Venise, mais sans doute les plus chaleureux et accessibles. Dans un festival, on se trouve immergé. Les spectateurs viennent pour cela, enchaînent les séances et discutent. Les rencontres avec les équipes de films sont formidables, passionnantes, enthousiasmantes.
C'est une coupure absolument incroyable dans le rythme du quotidien. Pendant quelques jours, seul compte le cinéma. C'est magique.
Votre type de salle de cinéma préféré ? Multiplexes ? Art et essai ?
Les deux, même si j'aime infiniment « mon » très vieillot cinéma Art et essai Le Caméo.
J'ai la chance à Nancy que les cinémas Ugc et Le Caméo aient conclus un partenariat depuis au moins vingt ans. J'ai donc accès à toutes les salles (28) grâce à ma carte UGC qui me coûte 21,90 €uros. Sans cette carte providentielle, je ne verrais sans doute pas autant de films.
Et le cinéma « en boite » (DVD, TV, « vidéo à la demande », visionnage sur ordinateur portable...)?
Dvd, Tv oui avec grand plaisir.
Ordinateur, voire téléphone : jamais.
Et je ne suis abonnée à aucune plate-forme qui commence par N, O, A ou C ! Aucune.
Comment choisissez-vous vos films? (bouche-à-oreille, article de presse, hasard...)? Avez-vous un genre favori? Un réalisateur et/ou un acteur – vraiment – préféré?
Tout m'attire, les réalisateurs, les acteurs, les synopsis. Une histoire peut m'attirer ou un acteur, une actrice, un réalisateur, une réalisatrice dont il m'est impossible de rater un film. Parfois une critique (je ne lis que Télérama) peut m'inciter alors que je n'aurais pas forcément choisi ce film.
Je suis très éclectique dans mes choix il me semble : drame, action, comédie, guerre, aventure musical, thriller, policier, espionnage, fantastique, western... tout m'intéresse et me tente. Seuls les films d'horreur me rebutent un peu même si j'en ai vus quelques-uns ces dernières années. Je me force pour savoir de quoi il s'agit. Et j'aime aussi énormément voir ou revoir en salle des classiques parfois très anciens.
A quoi êtes-vous sensible dans un film ? La beauté des acteurs/actrices ? Le thème ? L'humour ? Autre ?
Les acteurs, même inconnus, ont une place prépondérante dans mon appréciation. Une belle histoire peut être gâchée par une mauvaise interprétation. Et une histoire médiocre peut être sublimée par une interprétation.
Mais j'aime aussi par dessus que l'on me raconte une histoire, crédible ou pas, cela n'a pas forcément d'importance. J'aime rire et pleurer au cinéma et il me faut plus que tout de l'émotion.
En règle générale, je dirais que je suis très amoureuse des acteurs et des actrices car je suis une incorrigible sentimentale.
Offrez-vous des films en DVD (ou Blu-ray...)? Si oui comment les choisissez-vous ?
Cela m'arrive. En général j'offre un film que j'ai aimé à la folie et que j'ai envie de faire découvrir et surtout j'espère que la personne à qui je l'offre l'aime autant que moi.
S'il ne fallait en retenir qu'un? Quel film vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que vous avez pu voir?
Mais elle est impossible cette question !!!
Je dirais cependant (ce qui pourrait peut-être changer demain, mais peut-être pas): Melancholia de Lars Von Trier.
Désolée je triche car celui que j'aurais envie que tout le monde découvre est Merrily we go to hell (Joyeusement nous irons en enfer) de Dorothy Arzner.
Pourquoi celui-ci / ceux-ci?
Melancholia est un film que je trouve admirable dans l'évocation de la dépression et exceptionnel dans celle de la fin du monde. Visuellement, il me semble parfait. Tout est fort dans ce film. Cinq minutes sur le visage défait de Kirsten Dunst avec la musique de Wagner qui s'amplifie. J'étais pétrifiée de stupeur.
Le progressif changement de personnalité des deux sœurs, celle qui semble la plus forte et qui décline parce qu'elle a plus à perdre que l'autre fragile, désespérée pour qui tout « a un goût de terre » et qui se sent peu à peu soulagée que tout s'arrête, est tellement bien vu.
Merrily we go to hell parce qu'il date de 1932, qu'il est le film d'une réalisatrice méconnue, Dorothy Arzner, qu'il est une comédie sentimentale (genre que j'apprécie énormément mais qui vire souvent à la bluette) exceptionnelle d'intelligence et, tant pis, je m'auto-cite, parce qu'on y trouve : « Drame, comédie, larmes, humour, tout est là. L'autopsie au scalpel d'un ratage total, d'un naufrage programmé. Et deux acteurs sublimes. Sylvia Sydney est à croquer, belle, espiègle, courageuse. Fredrich March beau à tomber, ivre quasiment d'un bout à l'autre du film sans jamais verser dans l'excès ou la caricature ».
Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d'un film vu dans votre enfance ou adolescence?
Le plus pénible est d'avoir vu trop jeune l'Exorciste de William Friedkin. Des semaines de cauchemars ou à ne pouvoir m'endormir.
L'un des plus jolis souvenirs est lorsque je suis sortie de la séance du premier Superman avec Christopher Reeve. J'étais persuadée qu'un tel être de lumière descendrait du ciel pour venir me sauver.
J'ai toujours très envie qu'un être de lumière descende du ciel et vienne me sauver (avis aux amateurs qui descendraient du ciel).
Etes-vous parfois tenté par la rédaction de scénarios voire la réalisation (courts-métrages...) ?
Absolument pas. Ce sont des métiers, je n'ai pas ces talents et suis trop angoissée pour porter le poids d'un tournage.
Que pensez-vous des adaptations d'œuvres littéraires au cinéma ?
J'adore ! Parfois j'ai lu le livre et m'empresse d'aller voir le film pour retrouver les personnages. D'autres fois, je ne l'ai pas lu et le film me donne envie de découvrir l'oeuvre écrite. Ce n'est absolument pas un handicap pour moi de connaître l'histoire. Les deux façons de la traiter sont tellement différentes et les modifications ne me gênent pas sauf si pour édulcorer et aboutir à une happy end.
J'ai lu les mille pages du Seigneur des Anneaux après avoir vu la trilogie au cinéma. Puis j'ai lu tous les ouvrages de Tolkien. Merci le cinéma, merci Peter.
J'ai adoré découvrir au cinéma les adaptations de Raison et sentiments, Les quatre filles du Docteur March. J'ai lu toute l'oeuvre des sœurs Bronté et j'aime les films qui en ont été tirés : Les hauts de Hurlevent (version Olivier/Oberon, la seule réussie), Jane Eyre... Mais aussi Cyrano, L'écume des jours, Dolores Claiborne, Misery, Tess, Jude l'obscur, Loin de la foule déchaînée... Liste non exhaustive.
Les citer me donne envie de lire et d'aller au cinéma.
Une opinion sur les « remakes » ? Les « franchises » (suites, reboots...) ?
La plupart des remakes me semble injustifiée, pas nécessaire même si la version de West side story de Spielberg m'a très agréablement surprise ou que Les infiltrés de Scorsese (remake de Infernal affair) était une réussite. Certains sont de vrais ratages : ex. Le temps d'un week-end remake du merveilleux Parfum de femme.
Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle question auriez-vous voulu que l'on vous pose?
Eueueueuh, je ne sais pas moi... peut-être : quelle heure est-il ?
Ou bien plutôt : pourquoi ne pas soumettre dasola à l'épreuve du strip tease bloguesque (2) ?
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(1) Pour lire les huit autres entretiens, par ordre alphabétique et avec la date: Aifelle (le goût des livres) [25 octobre 2017], Alex-mot-à-mots (Mot-à-mots) [23 novembre 2020], Dominique (A sauts et gambades) [28 avril 2017], Ffred (le ciné de Fred) [23 octobre 2018 / clap de fin], Keisha (en lisant en voyageant) [26 avril 2019], Maggie (Mille et un classiques) [12 août 2018], Manou (Dans la bulle de Manou) [14 septembre 2023], Matching points "pour les femmes mais pas seulement" [12 mai 2020 / blog disparu].
(2) Pour le moment, dasola en est à 256 commentaires sur son blog (et moi-même, ta d loi du cine, à 201). Bah tiens, pourquoi croyez-vous qu'on ne répond que rarement aux commentaires ici? (je plaisante!).
... Mais OK, je tutoierai Pascale désormais (chez elle)!
Passion lecture, passion cinéma, même combat! ^_^