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Le blog de Dasola
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24 octobre 2020

Lucky Luke - Un cow-boy dans le coton - Jul et Achdé

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Quel plaisir de retrouver Lucky Luke dans une aventure qui va l'amener jusqu'en Louisiane. Un cow-boy dans le coton (46 pages, Editions Lucky Comics) est paru le 23 octobre 2020 (hier). Un notaire vient annoncer à Lucky Luke qu'un vieille dame, admiratrice des exploits du cow-boy, l'avait fait unique héritier de l'une des plus grandes plantations de coton de l'Etat. Lucky Luke est maintenant un homme riche! Avant de partir pour voir ce qu'il en est, Lucky Luke va assister à l'arrestation des quatre Dalton par un cow-boy Noir, Bass Reeves, qui faisait partie des 25% des cow-boys noirs qui oeuvraient dans l'Ouest. Reeves était une fine gâchette, ce qui lui a permis d'arrêter plus de 3000 hors-la-loi. Parmi les cow-boys, il y avait aussi un grand nombre d'Hispaniques. Bref, pour rejoindre la plantation, Lucky Luke va parcourir presque 1500 km sur son Jolly Jumper. Il va être vite poursuivi par les quatre Dalton qui se sont évadés au bout de trois jours (je vous laisse voir par quel moyen). Arrivé sur place, Lucky annonce aux Noirs travaillant sur la plantation qu'il leur lègue la terre et le coton. Bien entendu, les planteurs aux alentours dont un certain "QQ" ne sont pas d'accord. J'ai lu l'album en très peu de temps. C'est très sympa à lire.

22 octobre 2020

Films vus et non commentés depuis début octobre 2020 qui sont encore visibles en salle

Josep du réalisateur et dessinateur Aurel est un film d'animation qui nous raconte une période peu connue et peu glorieuse de la France. En 1939, les Républicains Espagnols sont arrivés par milliers en France pour fuir l'Espagne de Franco. Ils n'ont pas vraiment été bien accueillis par la France. Beaucoup se sont retrouvés dans des camps de concentration comme celui de Rivesaltes. Plusieurs années plus tard, un gendarme qui vit ses derniers jours raconte à son petit-fils sa rencontre avec Josep, un dessinateur et homme politique catalan, dans un camp dont il était un gardien. La vie de Josep Bartoli est évoquée jusqu'à son exil aux Etats-Unis après le deuxième conflit mondial. Dès les premières images, j'avoue que j'ai eu un problème. L'histoire n'est pas en cause mais j'ai été perturbée par cette animation hachée où les personnages apparaissent et disparaissent de l'image pour donner une impression de mouvement. C'est une manière de faire trop abstraite à mon goût. Comme film d'animation français, j'ai nettement préféré Les hirondelles de Kaboul. Lire les billets de Géraldine, Henri Golant,

The Good Criminal de Mark Williams avec Liam Neeson permet de passer un bon moment devant un écran. Le scénario n'a rien d'original et il est sans surprise, mais il tient la route. Tom (Liam Neeson) ne s'est jamais fait prendre alors qu'il a forcé 12 coffres-forts avec au total un butin de 9 millions de dollars sans une goutte de sang. Il a commis ces délits sur plusieurs années. Quand il rencontre Amy Wilkins qui s'occupe de louer des pièces pour garde-meubles, il en tombe amoureux, et décide un an plus tard de se livrer à la police. Il n'a pas dépensé un cent et il compte rendre tout cet argent. Bien entendu, il va se trouver face à des agents du FBI intègres et à un duo de flics dont l'un est un "pourri". Il y un peu de suspense. L'histoire se passe à Boston que malheureusement, on n'a pas l'occasion d'admirer. Par ces temps de covid, cela se laisse voir.

A Dark, Dark Man de Adilkhan Yershanov est un film Kazakh d'une lenteur pesante. J'ai un peu somnolé au début. Les étendues désertiques à perdre de vue du paysage n'aident pas à se réveiller même si les montagnes au loin sont belles. Il faut reconnaitre qu'il y a un très beau travail sur la photo. Pour en venir à l'histoire, un jeune flic est chargé d'éliminer un homme un peu simplet qui a été désigné comme coupable, par d'autres flics, d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Sur ces entrefaites, une jeune journaliste avec L'esprit des Lois de Montesquieu dans son sac à main vient pour écrire un article sur ce qui se passe et les exactions commises par les forces de l'ordre. Il faut noter que le film dure plus de deux heure et qu'il y a au moins cinq spectateurs qui sont partis avant la fin, alors que d'autres ont beaucoup aimé. Je suis entre les deux. Lire le billet de Pascale.

19 octobre 2020

Louise Petibouchon - Eric Albert et Jean Depelley

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Allant au moins une fois par mois à Limoges, j'ai découvert l'année dernière que deux BD avaient paru sur des enquêtes policières menées par Louise Petibouchon. Ces deux BD ont été publiées en 2018 et 2019 chez un éditeur alsacien, Editions du Long bec, qui semble avoir malheureusement cessé toute activité. Le premier tome n'est plus disponible et pour le deuxième, le nombre d'exemplaires diminue de jour en jour. C'est bien dommage car Louise Petibouchon mérite qu'on fasse sa connaissance. Les histoires se passent toutes à Limoges (Haute-Vienne) en 1959-1960. Louise vient d'être admise deuxième au concours d'inspecteur de police et elle a choisi Limoges. Sa vieille maman habite dans la région. Au détour d'une bulle, on apprend qu'elle a eu un amoureux mort dans un attentat en Algérie. Louise est une jeune femme intelligente qui doit travailler avec un incapable raciste et porté sur la bouteille, Aimable Plumier, qui avec ses trois poils sur le caillou aime faire des jeux de mots pas toujours subtils. Heureusement que Louise, pendant ses enquêtes, va être aidée par Gérard Drôle, un journaliste du quotidien local, et par Roseline, une prostituée au grand coeur qui est une amie d'enfance de Louise. Et je n'oublie pas Géronimo, un petit scotch-terrier dont le flair va sauver la vie de Louise. Les histoires sont assez ancrées dans l'époque avec par exemple des allusions à la Guerre Froide et aux soldats amércains basés à Châteauroux,

Il y a trois histoires dans le premier tome de 46 pages Perdreaux aux pruneaux. Pour sa première enquête, "La fin de Monsieur Carnaval", Louise et Plumier doivent retrouver des feuilles d'or qui ont été volées dans une usine de porcelaine. L'histoire se termine lors du carnaval de Limoges quand Monsieur Carnaval est brûlé et jeté dans la Vienne. Pour "Crime au Champ de juillet", Louise enquête sur la mort d'une prostituée retrouvée éventrée. Cela permet au dessinateur de dessiner la rue de la Boucherie, rue bien connue des Limougeauds. C'est dans une des maisons de cettte rue que Louis emménage (pas longtemps). Dans "Le mystère de l'homme en bleu", on apprend le vol de documents secret défense par des Russes dont un ouvrier avec une casquette rouge et des bottes jaunes. L'histoire va se terminer au cimetière de Louyat, un des plus grands de France en superficie.

Le deuxième tome 44 pages, Jazz, goupillon et macchabées, est composé de deux enquêtes et d'un épilogue. "Requiem en sous-sol" se passe intégralement dans une salle de spectacle, Le Palace. Aujourd'hui (2020), l'endroit s'appelle Le Lido et c'est le cinéma "Art et Essai" de Limoges avec trois salles et des films en VO sous-titrés. Au palace, en octobre 1959, un militaire américain a été assassiné pendant un concert de jazz. Pour "Les gants du treizième apôtre de Saint-Junion", l'action se déplace à 32 km de Limoges dans les environs de la collégiale de Saint-Junien. Des gants d'une grande valeur ont été dérobés. On se retrouve dans une histoire de trésor caché par un moine au XIIIème siècle. 

Je ne vous dirai rien de l'épilogue. Deux BD très sympathiques avec des histoires rondement menées. Peut-être les trouverez-vous en bibliothèque. Sinon, j'espère qu'un jour, un éditeur aura la bonne idée de les rééditer.

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Post scriptum, à propos du cimetière de Louyat où reposent mes parents, j'ai vu un volatile que je ne connais pas qui est resté sur une tombe pendant un moment. Est-ce que quelqu'un pourrait me dire s'il connait cet oiseau?

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7 octobre 2020

Et si on aimait la France - Bernard Maris

Ce mois-ci, en hommage aux tués de Charlie Hebdo, c'est un essai de Bernard Maris que j'ai décidé d'aller piocher dans ma bibliothèque, l'ayant acheté et lu (et apprécié) en mai 2015. A l'époque, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) n'étais pas encore entré dans le rythme d'une chronique mensuelle. Je le relis 5 ans après, pour rédiger le présent billet, alors que notre Président a fini par rendre sa copie sur le "séparatisme" attendue depuis plusieurs années. Nous avons, nous (quelle chance!), la connaissance des événements des 5 ans écoulés. 

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La "note de l'éditeur" (signée Christophe Bataille) donne le contexte de cette oeuvre posthume que Bernard Maris était venu présenter à Grasset le 16 décembre 2014. L'auteur avait insisté pour que le titre sur lequel ils s'étaient mis d'accord ne comporte ni point d'exclamation ni point d'interrogation. Il s'agit bien d'un "livre inachevé" puisque Bernard Maris en envisageait, le 2 janvier 2015 quand il en a faxé ces pages à son éditeur, la parution pour avril 2015 (ce qui lui laissait encore du temps pour travailler dessus). Mais comme on sait, il a été assassiné cinq jours plus tard. La décision de publier l'ouvrage tel quel a été prise avec ses enfants.

Cet essai écrit avec verve commence par une citation de Michelet datant de 1846 mise en exergue: "La situation de la France est si grave qu'il n'y a pas moyen d'hésiter". Comme quoi, pas grand-chose de nouveau sous le soleil (même si celui-ci tape plus dur qu'avant). Bernard Maris balaie ensuite tant la grande Histoire que sa propre jeunesse. Comme souvent, il critique la droite et engueule la gauche. Il nous ouvre aux approches de plusieurs disciplines: la démographie (en évoquant à plusieurs reprises l'approche de Philippe Ariès à propos de la régulation volontaire des naissances en France dès l'Ancien Régime), l'histoire (BM rappelle au détour d'une phase que lui-même a "décroché la timbale" de l'agrégation d'Histoire à la quatrième tentative), la géographie (Christophe Guilluy et ses analyses sociologiques sont présentées dans le dernier quart de l'ouvrage).

L'économiste qu'est Oncle Bernard nous rappelle utilement que l'insistance mise sur le séparatisme en France peut permettre d'occulter avec habileté la question sociale. J'ai retenu la distinction (dont il crédite Christophe Guilluy) entre la France des banlieues et la France périurbaine. Dans la banlieue jadis communiste, celle où aujourd'hui se succèdent des populations essentiellement immigrées, cette banlieue irriguée depuis des décennies par les "politiques de la ville" successives, l'ascenseur social fonctionne... mais, dès qu'ils le peuvent, les individus les plus diplômés, les plus "intégrables", fuient ce terreau. Cependant que les populations que la politique du "regroupement familial" y a reléguées s'y succèdent et se replient, précisément, sur un fonctionnement où se construit un attachement faisant primer "la famille" (au sens mafieux) sur l'amour de la France ou de la République. Est-ce que les "jeunes" qui effrayent le bourgeois peuvent s'améliorer en vieillissant? Petite citation (p.120-121): "Avec beaucoup d'humour, Christophe Guilluy fait remarquer que les jeunes qui ont pris part aux émeutes de Vaulx-en-Velin [en 1990] ont aujourd'hui une bonne cinquantaine d'années... Evoquent-ils avec nostalgie leur guéguerre avec les CRS, comme l'évoquèrent longtemps les soixante-huitards, eux aussi brûleurs de voitures?". Quant à la France périurbaine, j'ai été frappé de voir, lors de ma relecture, que Bernard Maris avait en quelque sorte annoncé dans ses pages, avec 4 ou 5 ans d'avance, le mouvement des "gilets jaunes". La France pavillonnaire n'est pas celle des "classes moyennes", mais celle d'une population "morose, plutôt aigre, plutôt pauvre... et anti-immigrée". "Cette France périurbaine est méprisée. (...) Allez faire des barricades autour du rond-point, votre horizon indépassable..." (p.106).

Je vais encore citer quelques lignes que Maris a consacrées aux racines de cette France qu'il aimerait aimable et à son rapport au religieux (p.69): "Il faut aussi admettre que la France est un pays profondément chrétien, profondément marqué par le catholicisme - on ne canonise pas une Jeanne d'Arc pour rien -, même s'il n'a plus grand-chose à voir avec sa haute tradition, et que, précisément, la distance prise avec cette tradition peut lui rendre insupportable l'arrivée d'une religion, l'islam, dont les adeptes n'ont pas encore pris cette même distance".

Je pourrai encore citer des pages et des pages (je n'ai guère insisté sur les bouffées d'optimisme respirées, tout de même, dans le livre). Evoquons encore une jolie gauloiserie visant une (ancienne) dirigeante écologiste, qui ne serait sans doute plus "politiquement correcte" à écrire aujourd'hui. Je ne résiste pas à la citer (p. 75). "Prenons Cécile Duflot. Supposons que les Français vivent comme elle, qu'ils pratiquent le tri sélectif et le vélo, votent écolo et fassent quatre enfants. Dans 100 ans, la France compterait 960 millions d'habitants. Allez, un milliard. Est-ce vivable? Difficilement. (...)". Le paragraphe suivant commence par "Plus sérieusement, ...". Bien entendu, je ne peux pas savoir si l'attaque ad feminam serait restée ou non après un BAT donné par l'auteur. On glissera aussi sur la loi Neuwirth retardée de 1967 à 1969 (p.64) - il est vrai que les décrets d'application se sont fait attendre quelques années.

Pour finir, la plupart des blogs ci-après, trouvés après recherche sur internet comme ayant évoqué ce livre en 2015 ou 2016, sont plutôt ceux d'écrivains professionnels: Anne Bert, Thierry Savatier, quelques citations sur le blog de Thomas Roger Devismes. Mais on a aussi l'opinion parmi d'autres de Ludovic.

Bref, si ce n'est pas déjà fait, je vous engage à découvrir (enfin) ce livre. Et ce que j'aimerais bien savoir, c'est si Macron a lu Maris, ou bien Guilluy.

*** Je suis Charlie ***

7 septembre 2020

Une minute quarante-neuf secondes - Riss

Un peu comme cela s'était produit pour Le Lambeau, ce livre, Une minute quarante-neuf secondes (récit) par Riss, est arrivé en ma possession bien des mois avant que je m'y plonge - pour le lire d'une traite en quelques heures confinées. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) viens de le parcourir de nouveau, après l'avoir laissé reposer, pour publier le présent billet en lien avec l'actualité.

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Nous sommes bien en plein dans l'actualité: d'une part, Riss a pour ce livre obtenu il y a quelques semaines le Prix du livre politique 2020 (1ère édition de ce Prix en 1995), décerné par le jury de journalistes le 8 juillet à l'Assemblée Nationale, et accompagné du Prix coup de cœur des députés. D'autre part, le procès aux assises des attentats de janvier 2015 à «Charlie Hebdo», Montrouge et l'Hyper Casher a commencé le 2 septembre et doit durer jusqu'au 10 novembre 2020.

Pour ma part, ma première lecture avait été morbide: plus intéressé par ce qui touchait le plus directement le 7 janvier (et ses suites). Cette fois-ci, j'avais pour objectif d'en tirer le présent billet. C'est difficile. Impossible de le lire sans me dire, toutes les pages ou les deux pages, "oui", "ça sonne juste", "c'est joliment exprimé". Et après? Sauf à paraphraser ou à citer au moins 10 pour cent de cet ouvrage de mémoire, de témoignage, de "colère noire" aussi, je ne peux tout en retenir. Contentons-nous donc d'un paragraphe, dont deux des phrases suffisent à aller au fond des choses (c'est moi qui souligne la seconde de ces deux phrases importantes, p.162): "Le 7 janvier n'était pas un attentat aveugle frappant au hasard, comme au Bataclan, à Nice ou le 11 septembre 2001 à New York, des anonymes innocents, afin de créer un climat de terreur et de provoquer un rapport de force entre l'idéologie qui le commet et la démocratie qui en est la cible. Le but des terroristes du 7 janvier était de faire disparaître des idées, ceux qui les portaient et qui étaient parfois les seuls à les exprimer".

Dans son livre plus rageur qu'apaisé, Riss se dévoile un peu. Les quelques anecdotes qu'il nous livre donnent surtout de la cohérence à son cheminement et à son engagement dans le journal auquel il avait déjà, le 7 janvier, consacré près de la moitié de sa vie (chose faite en 2019: 27 années à 53 ans...). La continuation de Charlie Hebdo après l'attentat occupe une place essentielle. Le livre est dédicacé "aux innocents, vivants, morts ou fous". Il insiste bien sur l'emploi du mot "innocent" (qui s'oppose à "coupable"), préféré au terme "victime" fourre-tout et pouvant même servir à "dédouaner" abusivement des criminels durant un procès (victimes des circonstances, de leur milieu...). D'un côté, il rend hommage à ses collègues qui n'ont pas survécu, comme à ceux qui ont été blessés avec lui (vers le quart du livre prend place un chapitre tétanisant où l'heure, la minute, la seconde, suivis du constat "je suis vivant" sont égrené 107 fois.). De l'autre, Riss voue aux gémonies pas mal de monde, entre les intellectuels ayant abdiqué (qualifiés de "collaborateurs"), les membres du journal avec qui le fossé s'est creusé... Le tout sans citer de nom à ses lecteurs, avec la pensée que les intéressés, eux, se reconnaîtront bien eux-mêmes. Face à tout ce qui a pu être dit, il assène ses quatre vérités. A son retour à la rédaction quand il est sorti de l'hôpital, il a constaté les changements. Certains auraient souhaité que Charlie Hebdo s'arrête (pour se partager le gâteau?). Tout le monde n'a pas la capacité de produire de la satire. Début 2015, il venait de finir de rembourser la dette dont Charb et Riss avaient hérité en prenant la direction du journal fin 2008. Il justifie la direction que, seul maître à bord, il a impulsé pour maintenir à flot ce navire qui avait été créé collectivement par des individualités chacune très fortes.

Bref, je renonce à dérouler encore deux pages de citations, pour vous inviter directement à lire vous-même ce livre-manifeste, qui semble indiquer que Riss ne renoncera jamais à la vision de la liberté d'expression qui l'a amené à se faire tirer dessus par des fanatiques. A l'étonnement de ses soignants, il dit ne pas faire de cauchemars, mais rêver (des disparus).

Sur la Toile, lorsqu'on cherche qui a parlé de ce livre, on trouve d'abord la presse, puis des librairies, l'offre en e-book, et des médiathèques, pratiquement pas de blogueurs (mais peut-être s'agit-il d'un phénomène plus général: perte de vitesse des blogs, et méconnaissance, du coup, par les algorithmes). J'ai tout de même pu trouver les avis de Lilou (Ma passion les livres), Joëlle (les livres de Joëlle), Emmanuelle, sur le blog des CarpenterLa blbliothèque de Claire (une lectrice à Paris), ou encore de Pepère News (blog créé en 2018 par des étudiants de l'ESJ Lille)

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Sans rapport direct avec le livre mais en lien avec l'actualité, je souhaite signaler que le n°1467 de Charlie Hebdo en date du 2 septembre 2020 met en avant un sondage IFOP / Charlie Hebdo touchant la perception, en France, des deux événements qu'ont été l'attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo il y a 5 ans et la publication, il y a quinze ans, des fameuses caricatures de M*h*m*t. Tiré à 200 000 exemplaires, ce numéro a dû être réimprimé - mais je doute qu'il atteigne les 5 ou 7 millions d'exemplaires vendus du numéro 1178 du 14/01/2015. Bref, j'ai consulté sur le site de l'IFOP l'ensemble du sondage. Les résultats de cette enquête y sont exposés dans leur intégralité par la Fondation Jean Jaurès

*** Je suis Charlie ***

19 août 2020

De pierre et d'os - Bérangère Cournut

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J'ai acheté De pierre et d'os de Bérengère Cournut (219 pages + annexes, Le Tripode 2019), ce roman, pour la bibilothèque loisirs dont je m'occupe, pour varier avec Guillaume Musso et Agnès Ledig. Bien m'en a pris, j'ai été touchée par ce récit qui se passe dans une époque non précisée. Uqsuralik, "la femme de pierre", est une jeune Inuit qui se retrouve, une nuit, séparée de ses parents, de son frère et de sa soeur, lorsque un morceau de banquise se fend et forme une faille. Elle est d'un côté et sa famille de l'autre, et ils ne peuvent se rejoindre. Le père d'Uqsuralik a juste le temps de lui envoyer une peau d'ours et une amulette. Uqsuralik va commencer à marcher en compagnie d'une chienne de traîneau et de quatre jeunes chiens mâles. Uqsuralik est entourée par le brouillard. Elle arrive à rejoindre trois familles Inuit qui vivent en communauté. Douée pour la chasse, Uqsuralik tue un phoque annelé pour nourrir tout le monde. Elle se fait donc accepter par le groupe, si ce n'est qu'un des fils d'une famille lui est hostile et la surnomme "Arnauutuq", "Garçon manqué". Il a du mal à supporter qu'une jeune fille soit meilleure que lui pour chasser. Il va lui faire payer cet affront. Le temps passe, Uqsuralik est devenue une jeune femme en âge d'enfanter. Elle donnera naissance à Hula puis elle rencontrera un chasseur qui est aussi chamane. Les Inuits bougent souvent au gré des saisons et de la chasse. Ils font très attention à ce que leur disent les esprits qui les entourent. Ce roman est un dépaysement complet. J'ai beaucoup apprécié les différents chants qui ponctuent l'histoire. Ce roman qui a reçu le prix du Roman Fnac l'année dernière en 2019 est hautement recommandable.

Lire les billets de Yuko, Zazymut, Karine et Manou.

7 juillet 2020

Son éclat seul me reste - Natacha Wolinski

J'ai [ta d loi du cine, "squatter" chez dasola] découvert le sujet de mon billet-hommage du mois sur un blog durant le confinement, et j'avais décidé de me le procurer dès qu'on en serait sorti (ce que j'ai fait). Dans le cadre de mes hommages aux tués lors du massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, voici donc:

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Natacha Wolinski, son éclat seul me reste, Arléa (janvier 2020, 65 pages).

Après le témoignage de la veuve de Wolinski, je vous présente aujourd'hui le petit livre touchant qu'une des filles de Georges lui a consacré (en le dédiant à sa propre fille, Lola - qui porte le même prénom que son arrière-grand-mère paternelle?). Voici ce qui figure en 4ème de couverture: "Cherchant à définir le lien qui l'unit à son père, Georges Wolinski, tué lors de l'attentat contre Charlie Hebdo, Natacha Wolinski interroge les confins brouillés de sa mémoire. Entre refus et acceptation, l'adieu au père devient un chant d'amour et de consolation". Pour ma part, je vais avoir du mal à en dire davantage que quelques phrases.

C'est dans un langage bien particulier que parle Natacha Wolinski. Le récit - si c'en est un - est fragmenté, elliptique, non-linéaire. On apprend que, lors de l'attentat, Natacha se trouvait à Singapour, afin de rédiger un article sur les galeries d'art locales. Elle avoue la sidération, le déni, les tentatives vouées à l'échec de poursuivre "comme si de rien n'était". En cette occasion, ce sont des questions sur des manques, exprimées en un langage presque poétique, qui remontent à la surface. De courts paragraphes d'interpellation qui s'adressent... A qui? A son père mort? A elle-même? A nous, ses lecteurs? Même si je ne les ai pas comptés, il y a bien davantage de "je" que de "tu". Evocation d'une succession de deuils "à faire", comme on dit - alors que c'est tellement difficile lorsque la communication ne "passe pas".

Au décès de sa mère, la première épouse de Georges Wolinski, Natacha avait 4 ans, et une soeur Kika (Frédérica), sans doute pas de beaucoup son ainée puisque leurs parents s'étaient mariés en 1961. En 1968, Georges a rencontré Maryse (née en 1943 et plus jeune que lui de 9 ans), l'a épousée en 1971, puis est née Elsa, fin 1973. Manifestement, la petite fille Natacha a souffert de l'absence de sa mère, puis de ce qu'un père trop occupé ne se soit pas assez consacré à elle. Absence de communication, donc. Les mots "je ne t'ai pas demandé..." sont présents dès le début du livre. Y pointe aussi le regret des non-dits qui se sont succédés. Georges ne parlait guère spontanément, semble-t-il, de son propre père, assassiné lorsque lui-même avait 9 ans. Serait-ce donc l'explication de son incapacité à "raconter sa maman" à une petite fille qui l'avait perdue à l'âge de 4 ans?

Parmi toutes celles où Natacha Wolinski s'adresse à son père, je citerai juste quelques phrases. Celles qui constatent (déplorent) l'éloignement (p.50): "De ton incapacité à nommer ce qui devait être nommé est né, les dernières années, un grand silence entre nous. C'était un silence par défaite". Et celle dont on peut espérer l'apaisement (p.57): "Je t'enlève de ton lit de mort et je te couche sur mon lit de mots".

Pour ma part, c'est donc chez Manou que j'avais découvert ce livre début mai. Quand j'ai rédigé mon billet il y a déjà quelques semaines, mes recherches ne m'ont pas permis d'en trouver d'autre mention parmi les blogs. Voici en tout cas un entretien (paru dans L'Humanité - qui le réserve à ses abonnés), où elle dit notamment: "Aujourd’hui, je reçois des messages tous les 7 janvier. Mais ce livre, c’est aussi pour raconter tous les autres jours de l’année". Voir aussi ce qu'elle en disait en février 2020.

PS1: je viens de voir (mercredi 1er juillet) que Charlie Hebdo N°1458 inaugure "Un été avec Wolinski": en dernières pages de ce numéro, ça commençait avec des dessins de ses débuts dans Hara Kiri (dans le N°7, une adaptation parodique d'Après la bataille, de Victor Hugo), des dessins très chargés à la Will Elder (je suppose que l'influence de Dubout sera évoqué dans des numéros suivants).

PS2: je viens aussi, le même jour, d'acheter le nouveau Hors Série (N°22H) de Charlie Hebdo. Je pense que je vais attendre quelques années avant d'éventuellement le chroniquer [cf. billet du 07/01/2022], le temps d'oublier un peu tout ça... En effet, il porte sur ... la crise du Covid-19 vue par Charlie (l'équipe actuelle). Ils n'y ont pas glissé un seul dessin des "grands anciens" décédés, alors que je suis bien certain qu'il y aurait eu moyen d'en dénicher un ou deux par raccroc, au prix de quelque anachronisme, dans leurs oeuvres déjà publiées...

*** Je suis Charlie ***

11 juin 2020

Piccoli - Derrière l'écran - Anne-Sophie Mercier

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Un mois après le décès de Michel Piccoli, je viens de terminer en une soirée Piccoli - Derrière l'écran d'Anne-Sophie Mercier (Allary Editions, 199 pages, mars 2020), une biographie très bien écrite sur cet acteur et producteur. La journaliste Anne-Sophie Mercier a réussi à faire un portrait d'un homme qui a relativement peu parlé de lui. J'admirais Michel Piccoli acteur, mais je ne connaissais rien de l'homme, à part qu'il a été marié 10 ans avec Juliette Gréco et qu'il a eu une fille Cordelia avec Eleonore Hirt, sa première épouse. Cet ouvrage ne fait pas dans le sensationnalisme. Mme Mercier nous raconte beaucoup sur l'enfance et l'adolescence de Michel Piccoli, un enfant passif et solitaire et gardant ses distances, qui dormait sur le canapé dans le salon de ses parents. Il n'avait pas de chambre à lui. Il est né parce que son frère aîné Jacques était mort en bas âge, deux ans avant sa naissance. Il a eu des rapports difficiles avec ses parents Marcelle et Henri, en particulier sa mère qui n'a jamais cessé se ressasser son chagrin pour la perte de son premier fils décédé. Elle ne montrait pas beaucoup de tendresse pour Michel même si leurs relations se sont apaisées par la suite. Henri était violoniste et Marcelle pianiste. Elle était l'une des enfants de Charles Expert-Bezançon, l'un des producteurs les plus importants du blanc de céruse (blanc de plomb) qui a été jugé responsable du saturnisme. Michel étouffait dans l'univers de sa famille. Quand il a eu treize ans, Michel a été envoyé dans un collège expérimental dirigé par un psychiatre et sa femme. Piccoli, qui était très critique en ce qui concernait son enfance, aura une phrase tendre envers ce couple, "la vocation et l'apostolat généreusement assumés" (p.50). Michel Piccoli passe la guerre un peu à Cavalaire dans le Var avec ses oncle et tante bien-aimés, George et Jeanne, avant de revenir à Paris. Il assiste de loin à la Rafle du Vel' d'hiv en 1942. Il commence à prendre de leçons de diction et trouve ses premiers rôles au théâtre. Il a même joué avec le TNP de Jean Vilar. Il lorgne aussi vers le cinéma et son vrai premier rôle qui le fait remarquer est celui d'un mineur dans les charbonnages du nord, dans Le Point du jour de Louis Daquin 1949 (il avait 24 ans). Dans différents chapitres, Mme Mercier évoque les films et les pièces de théâtre dans lesquels Piccoli a joué, ses mariages, ses convictions politiques de gauche, ses amitiés avec Reggiani ou Signoret, et il y a aussi un chapitre entier sur un poète et écrivain que je ne connais pas et qui est décédé en 1968, André de Richaud, que Piccoli admirait et qu'il a aidé financièrement. J'ai aimé ce livre qui donne très envie de (re)voir certains films de l'acteur.

7 mai 2020

Le désir et la putain - Elsa Cayat & Antonio Fischetti

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) chronique aujourd'hui mon troisième ouvrage (co-)signé par Elsa Cayat, la seule femme assassinée à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Antonio Fischetti, le co-auteur, fait partie des quelques membres de l'équipe de CH qui ont eu la chance d'être absents lors de la funeste conf' de rédac' du 7 janvier 2015: en retard, en vacances, en réunion, à l'étranger... Lui était à un enterrement en province.

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L'ayant acheté en novembre 2019, il a vraiment fallu que je sois confiné pour enfin lire Le désir et la putain, qui a pour sous-titrage explicite Les enjeux cachés de la sexualité masculine. Il s'agit d'un livre de dialogue (débat?) faisant état de la fascination exercée par les prostituées entre le journaliste Antoine Fischetti [ci-après AF] (qui "lance" et conclut les sujets) et Elsa Cayat [EC] (qui apporte son expertise professionnelle de psychanalyste). Il est paru en 2007 chez Albin Michel (258 pages), et représente sans doute un sujet intéressant pour qui apprécie la psychanalyse.

Après une double introduction (je n'irai pas jusqu'à parler de sandwich), on peut découvrir 13 chapitres dont 12 titrés sous forme d'une interrogation, le dernier rapprochant (sans point d'interrogation) "Prostitution et psychanalyse". A mon avis, il y manque le "comment" de l'ouvrage, son histoire (circonstances, décision de rédiger le livre...). Je crois avoir déniché (sauf erreur de ma part) une série de vidéo où Elsa Cayat intervenait à la demande d'Antonio Fischetti, sans doute avant la rédaction de leur livre et plusieurs années avant de devenir chroniqueuse à Charlie. Je lirai peut-être, un jour, quand librairies et bibliothèques seront à nouveau accessibles, d'Antonio Fischetti, L'angoisse du morpion avant le coït: 36 questions que vous ne vous êtes jamais posées sur le sexe (Albin Michel, 2002)!

Pour le moment, ne sachant donc pas par quel bout aborder cet ouvrage-ci, je me suis dit qu'il me fallait gloser (une fois de plus). Je revendique donc la subjectivité de ma lecture. J'analyse ci-après ce que ce livre m'a inspiré. D'autres lecteurs pourront y lire d'autres choses. En ce qui me concerne, Dasola m'a presque taxé de masochisme en m'entendant soupirer et grogner à la lecture de ce livre. Dans les premiers chapitres, afin de les éclairer, sont rapprochés mais opposés les termes de pornographie (le voyeurisme), prostitution (l'offre), érotisme (le fantasme). J'ai été beaucoup plus intéressé par les paragraphes venant d'Antonio Fischetti (approche davantage sociologique) que par ceux d'Elsa Cayat (plus "conceptuels"). AF provoque EC sur des notions psychanalytiques (dont il semble avoir quelques teintures?). Par exemple, dans le chapitre "L'argent est-il aphrodisiaque?", p.117 (AF): "Le noeud de la prostitution est moins l'acte sexuel que l'échange monétaire" puis (p.118): "dans une transaction financière, lequel a le plus de pouvoir: celui qui paye ou celui qui est payé?". A quoi répond EC (p.120): "Le fait de dépenser au lieu de penser ne fait qu'augmenter le désir en occultant la question de ses désirs inconscients". A maints endroits du livre, EC creuse son sillon sur le refoulement des mots. Et c'est vrai que j'y ai parfois trouvé réponse à des objections que je faisais lors de mes lectures précédentes de ses livres.

Ainsi, dans le chapitre "Les mots sont-ils des objets sexuel?", EC explicite (note p.137) comment elle a prolongé Lacan (qui lui-même avait prolongé Freud) en cherchant à "découvrir le panneau fantasmatique que les mots refoulés représentent pour le sujet et pour lequel il rate ou s'abolit à l'occasion". AF remarquant (p.140) que "[les mots] ne sont pas forcément compris de la même façon par les différents interlocuteurs" puis objectant p.147 (comme je l'ai fait dans tel article précédent) que "le même mot ne renvoie pas aux mêmes jeux de mots" dans différentes langues, EC répond p.145 en parlant de "mots refoulés" puis p.147: "Quant à votre question sur les langues, il faut savoir qu'il y a diverses modalités d'investissement du réel qui tiennent à la différence des équivoques (des sens multiples des mots) existant dans chaque langue. Néanmoins, l'inconscient suit globalement le même trajet quelle que soit la langue car, à travers ce qui se joue avec l'autre et le corps, c'est de soi qu'il est question".

Si donc j'employais le mot dé-lire par rapport aux livres que signait Elsa Cayat, qu'est-ce que cela révèlerait des moi (d'émoi) me composant? Je crois en tout cas avoir compris que la question sur le fait que la psychanalyse soit une science, ou non, remonte à l'époque de Freud lui-même. Si science il peut y avoir, il s'agit certainement en tout cas d'une science humaine (subjective) et non d'une science "exacte", à mon humble avis! Je ne peux m'empêcher de songer aussi à ce que disait Bernard Maris sur la pseudo-"science économique", ou plutôt sur la tromperie que représente le fait de la croire opératoire et non "purement" théorique.

Je vais malgré tout poursuivre dans la voie de quelques citations (que j'espère alléchantes). De AF p. 228, dans le chapitre "Prostitution et psychanalyse": "Peut-on dire qu'au plan sexuel, une prostituée est à une "femme normale" ce que, sur le terrain du langage, un entretien avec un psy est à la conversation avec un copain? On paye le psy pour lui parler de ses problèmes affectifs sans recevoir de jugement moral en retour. J'ai payé, on a parlé, on se quitte et on est quittes. Avec la prostituée, c'est la même chose: j'ai payé, j'ai éjaculé, on se quitte et on est quitte. Le psy comme la prostituée reçoivent de l'argent pour s'intéresser à nos manques, à la différence que le premier officie dans le domaine des mots et la seconde dans celui du sexe". Puis, de la longue réponse d'EC recadrant le débat ["Le parallèle est provocateur! (...)"], j'ai surtout retenu que, comme partout, elle dit "le psychanalyste" quand AF reste plus vague avec "le psy".

Quand EC analyse sur des pages et des pages (p.243 sqq.) la phrase de Lacan "L'amour, c'est donner ce qu'on n'a pas", elle me perd (ou je m'y perds tout seul?). p. 221, quand elle s'auto-cite sur plusieurs pages à propos de Lacan qui met en évidence que si la pulsion sexuelle résiste à la pleine satisfaction, c'est qu'il n'y a pas de rapport sexuel, il s'agit là de philosophie de trop haute volée pour moi. J'ai l'impression que beaucoup de points du "débat" sont analysés, mais pas véritablement résolus au final (en tout cas pas pour mon agrément).

En vrac et hors contexte, encore quelques phrases que j'ai trouvées remarquables (davantage d'AF que d'EC). p.59, AF: "pourquoi est-il plus gratifiant d'être doté d'un grand pénis que d'un formidable odorat ou d'une oreille musicale?" [assertion contestable!]. p.31, EC: "le client croit vouloir du sexe pur, or de façon plus profonde cette boulimie sexuelle est faite pour ne pas penser, le sexe vient à la place de la pensée". Une remarque d'AF ( p.71): "il n'existe pas de mot non vulgaire pour désigner l'acte sexuel effectué sans amour (excepté peut-être le mot "coucher" [et s'ensuivent une liste de verbes...]) m'amène à me demander pourquoi ne pas avoir parlé précisément de verbes [d'action] plutôt que de mots? p.97, à propos d'un soir de concert où, les WC féminins étant bondés, les filles avaient colonisé ceux des hommes, après avoir avoué qu'il avait été perturbé par cette présence, AF relève: "en somme, si les toilettes des hommes et des femmes sont séparées, ce n'est pas, comme on pourrait le penser, pour prévenir des pratiques réprouvées par la morale - en tout cas pas uniquement -, mais pour éviter cette gêne due au savoir inopportun de l'autre sexe". p.101, une illustration par EC du cas d'un homme disant que, dans son rapport aux femmes, leur violence verbale l'excite (en reproduisant le rapport que sa mère avait avec lui enfant): "dans ce "m'excite", il surprend soudainement le sens du fantasme inconscient qui sous-tendait cette excitation: je suis un "mec si je t'ai"". Dans le chapitre "La mère est-elle une prostituée qui s'ignore?", AF (p.209), à propos de l'insulte fils de pute: "A priori, deux raisons peuvent expliquer le refus d'assimiler la mère à la prostituée: soit elles s'opposent vraiment et il est injuste de les assimiler; soit elles ont des points communs et il est insupportable de l'entendre rappeler".

Bref, vous l'aurez compris, ce bouquin est loin de se lire comme un polar. Avec ce genre de livre, mes yeux lisent des mots qui ne s'impriment pas dans mon cerveau. Je me suis astreint à le lire de la première à la dernière page. Il a fallu que j'attende quatre pages avant la fin du livre pour trouver une "analyse" d'Elsa Cayat qui entre en résonance avec ma propre grille de lecture. Je cite: "Je concluerais en empruntant un chemin de traverse à propos de la logique qui organise en sous-main notre société occidentale; lorsqu'on tourne son regard vers la politique, il ne peut échapper à personne que, hormis quelques noyaux résistants, elle est présidée aujourd'hui par ce qu'on appelle la "com". Ce mot n'est que le masque caricatural d'une nouvelle forme de publicité qui n'a rien à voir avec la communication, une publicité qui non seulement vend des marques mais des hommes devenus produits de marketing, l'important tout à fait avoué, à présent, n'étant pas d'avoir des idées mais de trouver des astuces, des trucs, des stratégies pour séduire, pour avoir l'autre par n'importe quel moyen. Le but visé est clairement l'effet retour en terme de pouvoir. Ce renoncement au sens, au questionnement, transmué en volonté d'avoir, quitte à se nier et à nier l'autre, à se réduire à un produit et à réduire l'autre, n'est pas le simple fait des dirigeants. (...) Ce fait est tellement ancré que le capitalisme s'est normalisé au point qu'on peut croire que l'économie régit les relations humaines afin de faire écran à l'énorme complexité des enjeux qui les spécifient." Et Antonio Fischetti de renchérir: "Nous avons commencé par la prostitution et nous finissons par le capitalisme. Ce n'est pas anodin (...)".

Et pour finir en terme de mots refoulés, qu'aurait bien pu décrypter Elsa Cayat de la décision prise il y a quelques semaines par les hommes politiques qui nous dirigent, un "confinement jusqu'à nouvel ordre"?

*** Je suis Charlie ***

23 avril 2020

Briser la glace - Julien Blanc-Gras

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Voici un récit très sympathique et plein d'informations intéressantes. Julien Blanc-Gras, journaliste globe-trotter, s'est spécialisé dans les récits de voyage. Dans Briser la glace (Livre de poche, 181 pages), il nous entraîne au Groenland, du côté de la baie et de l'ile de Disko à l'ouest du Groenland, la deuxième plus grande île du monde (après l'Australie), d'une superficie de 2 000 000 km2. Depuis une dizaine d'années, le Groenland est le pays témoin du changement climatique: les glaciers, dont l'Eqi, fondent à grande vitesse. L'auteur s'est donc embarqué avec trois Bretons, dont deux marins et un peintre, sur un voilier à la double coque d'aluminium. Ce bateau baptisé Atka (brise-glace ou gardien des esprits [en langue inuite]) va croiser au cours de sa navigation des iceberg aux dimensions phénoménales tant en largeur qu'en hauteur. C'est un de ces "glaçons" qui a été responsable du naufrage du Titanic en 1912. Car le Groenland est une île des extrêmes. Il est recouvert par le deuxième plus grande inlandsis du monde (après l'Antarctique), et constitue donc la deuxième plus grande réserve d'eau douce du monde. Julien Blanc-Gras évoque la vie des Groenlandais (les locaux) qui à l'origine étaient des chasseurs et sont devenus des pêcheurs. Sous la domination danoise, ils ont beaucoup perdus de leur identité et des traditions de leurs ancêtres. Aujourd'hui, la jeune génération est plus intéressée par avoir un smartphone et préfère regarder la télé plutôt qu'aller chasser en kayak. Julien Blanc-Gras ne juge pas, il observe avec bienveillance tout ce qui l'entoure. J'ai aimé son style : courts chapitres qui se lisent vite. Un livre que je recommande.

Ci-dessous, l'itinéraire que le bateau a parcouru.

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12 avril 2020

Terres brûlées - Eric Todenne

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Après Un travail à finir, j'ai lu Terres brûlées (Editions Viviane Hamy, 311 pages, paru en mars 2020), le nouveau roman d'Eric Todenne. Comme dans le précédent, l'intrigue nous ramène dans le passé. Cette fois ci, on retourne presque 80 ans en arrière pendant la deuxième guerre mondiale puis 10 ans plus tard, en 1952, pour arriver en 1973 et enfin de nos jours. Au commissariat de Nancy, j'ai retrouvé l'inspecteur Andréani et son collègue Couturier qui doivent clore une affaire assez simple : un notaire, Rémi Fournier, a été retrouvé mort, asphyxié, dans son pavillon qui a brûlé. Aidé par la psychologue Francesca, les recherches sur cette mort les renvoie donc dans le passé en Moselle en 1940. C'était le temps où ce département est devenu allemand, où les Juifs qui habitaient la région ont été déportés et leurs terres cédées à d'autres ; c'était aussi le temps des dénonciations. En 1952, Sarah Silberman, seule survivante d'une famille de propriétaires terriens, vient réclamer ce qui lui revient au notaire d'un petit village. Malheureusement, elle décède la nuit suivante dans l'incendie criminel de la ferme familiale. En 1973, Remi dont le vrai nom est Isaac Silberman (il est le fils de Sarah); se rend coupable d'un incendie, semble-t-il, à l'encontre d'une famille de trois personnes dans leur ferme. Je ne vous dirai rien de plus sur l'histoire bien menée. Mon bémol serait que la plupart des protagonistes sont traités superficiellement comme Sarah ou Rémi qui ne sont que des ombres. C'est dommage car le roman se lit bien. Le titre Terres brûlées renvoie a priori à un morceau de solo de batterie d'un CD de Charles Mingus.

9 avril 2020

La loi du rêveur - Daniel Pennac

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J'ai lu, en une après-midi, le nouveau roman de Daniel Pennac, La loi du rêveur (Editions Gallimard, 166 pages). Je suis restée perplexe après l'avoir terminé. Il n'y a pas vraiment d'histoire. Son livre commence quand Pennac avait 10 ans et qu'il annonce à son copain Louis que "la lumière, c'est de l'eau", et c'est à la suite de cette conversation que Pennac est devenu écrivain. Le premier chapitre raconte un rêve de Pennac fait dans son sommeil. Puis il saute du coq-à-l'âne en en proclamant son admiration pour l'oeuvre de Federico Fellini (1920- 1993) qui a écrit Le livre de mes rêves. Pennac révèle que le réalisateur notait et dessinait ses rêves dès qu'il se réveillait. Certains de ses rêves sont devenus des scénarios, puis des films tournés dans le studio 5 de Cinecittà. Pennac évoque ses séjours dans le Vercors depuis qu'il est enfant dans une maison où désormais il vient régulièrement avec son épouse, ses enfants et ses petits-enfants. Je n'ai ni aimé ni détesté ce "roman" qui n'en est pas vraiment un. J'attends la réaction des personnes qui liront ce livre.

7 avril 2020

Aux armes, paysans! - Charlie Hebdo Hors série N°21H (février-avril 2020)

En cette période confinée, certaines choses reprennent davantage d'importance. Par exemple: la nourriture. Je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) rédige, pour ce mois d'avril 2020 et pour la seconde fois consécutive, mon "hommage" mensuel à Charlie Hebdo autour d'un "Hors-série" de l'hebdomadaire. Mais cette fois-ci, on peut encore trouver ce supplément en kiosque - pour autant que l'on ait déniché un kiosque ouvert.

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Aux armes, paysans!, Hors série N°21H, février-mars-avril 2020, 64 pages

Ces périodiques semblent maintenant paraître tous les trois mois, mais je me demande quel délai s'écoule entre leur mise en chantier et leur publication. Celui-ci, s'il a certainement mobilisé la plus grande partie de l'équipe actuelle (il n'est que de regarder les noms des rédacteurs-trices ou dessinateurs-trices), porte fortement l'empreinte, pour les textes, de Fabrice Nicolino (5 articles à lui seul) et, pour les dessins, de Juin (qui apparaît, si j'ai bien compté, dans 13 des pages intérieures). Je me demande avec quelle ironie interpréter la statue porcesque: celle de la monture rigolarde, plutôt que celle du croquant anonyme brandissant son sceptre, je suppose.

Au début et à la fin de la publication, figurent à titre d'illustration deux belles galeries (ou des tunnels?) de vieilles "réclames" qui montrent l'évolution, sur des décennies, de ce que leur presse professionnelle proposait aux paysans (entre, au moins, les années 1870 et 1930, et extraites, notamment mais non exclusivement, de Jardins & Basses-cours [1908-1936]). On y trouve vantées la mécanisation (des tracteurs en veux-tu en-voilà, à différentes époques), l'amélioration de la productivité (nitrate de soude du Chili; "complément radio-actif de tous les engrais" (!); "fumier de l'homme" recueilli dans les camps (??) des environs), la "farine de viande" pour porcs, volailles, veaux et chiens... Je regrette un peu que ne figure pas dans le Hors-série un article spécifique de "mise en perspective" de ces mêmes publicités (publiées en couleur papier journal jauni), mais je ne sais pas si j'aurais été capable de le rédiger.

Par contre, entre autres thèmes dignes d'intérêt, un article décrypte la spéculation financière sur la production agricole: désormais, les "produits dérivés" ne s'intéressent plus aux plantes ou aux bêtes elles-mêmes, mais à la fluctuation (à la hausse ou à la baisse) de leur prix, les échanges sur les marchés financiers étant en outre 20 ou 30 fois plus élevés que les échanges physiques. J'ai bien apprécié la citation de Coluche qu'il contient, rappelant que celui-ci disait: "Je partage en deux: les riches auront de la nourriture, les pauvres de l'appétit" (p.35).

P1110655 Extrait décalé d'une double page signée Biche (p.10)

Fidèle aux notions défendues de longue date par Fabrice Nicolino, le Hors-série oppose au modèle de l'agriculture productiviste soutenu par la FNSEA celui prôné par la Confédération paysanne. Il expose les bienfaits de l'agro-écologie et plus généralement celui d'une agriculture à taille humaine (sinon à hauteur d'homme). Il rappelle incidemment que, alors même qu'en France des projets d'"usine des 1000 vaches" soulèvent des tollés, aux Etats-Unis, en Chine ou dans d'autres pays immenses, ce sont jusqu'à une centaine de milliers d'animaux auxquels des semi-remorques entiers amènent quotidiennement de l'alimentation "industrielle". La course au gigantisme et aux "économies d'échelle" ne permettra donc jamais à la France d'être compétitive sur le marché mondialisé si l'on se place dans la seule perspective financière. Il faudrait vraiment changer de paradigme pour que redevienne majoritaire une agriculture axée sur la souveraineté alimentaire, l'autonomie alimentaire locale, et permettant aux paysans de vivre dignement de la vente de ce qu'ils produisent, plutôt que de subventions qui leur ôtent toutes libertés de choix en les mettant aux ordres de l'industrie agro-alimentaire et de sa technocratie.

P1110656 Un dessin particulièrement signifiant sur la normalisation et la déshumanisation du paysan... Occasion, aussi, de rappeler que des militants pour une "autre" agriculture peuvent avoir des intérêts variés, entre les vegans qui s'opposent à tout abattage animal, ou ceux qui prônent un retour à des conditions permettant de vivre d'une ferme "à taille humaine" où des animaux sont, certes, élevés pour être au final consommés, mais du moins, point trop maltraités durant leur existence...

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Ce numéro ne présuppose pas que l'on soit a priori un spécialiste des problématiques agricoles, il les explique bien (je trouve), comme, par exemple, le déséquilibre - au bénéfice de quelle agriculture? - des différents "piliers" de la PAC, ou le "gaspillage" des ressources naturelles (sol vivant et fertile, eau potable...) pour un profit exclusivement financier et à court terme.

Rappelons encore que l'engagement de Charlie contre les logiques de l'agriculture industrielle (ou de l'industrie agro-alimentaire) ne date pas d'hier. Ce Hors-série republie quatre pages dessinées par Cabu, initialement parues dans le N°303 de la première série de Charlie Hebdo, le 2 décembre 1976.

P1110658 © V. CABUT, bien sûr.   

Je vous recommande également (je n'en ai pas fait figurer d'extrait dans le présent billet) les 6 planches de "Reportage 100% bio chez Mimile" (éleveur de moutons et de porcs bio) signées Coco. Pour une fois, Foolz m'a fait rigoler ("ça va, Jean-Pierre?"), même si je n'ai pas repris non plus la vignette concernée, p.62, parmi "Les couvertures auxquelles vous avez échappé". De cette même page, j'extrais le dessin ci-dessous, avec le mot de la fin ambigu à souhait (encore temps de quoi?).

P1110659  Qu'est-ce qu'il regarde, exactement, à votre avis, notre actuel Président? Que je sache, il ne porte pas les paysans au pinacle (cf. la 4e de couv', plutôt!), malheureusement.

Je cite enfin la conclusion de l'édito signé Riss: "Pour les citoyens agriculteurs et les citoyens consommateurs, il est urgent de repenser de fond en comble notre manière de nous nourir les uns les autres." Il s'agit effectivement de sujets qui méritaient bien quelques coup de poings dans la gueule et sur les yeux. 

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J'arrête ici mon analyse, il y aurait encore bien des richesses à extraire de ce "soixante-quatre pages". J'espère que j'ai pu par mes quelques citations, extraits ou gloses vous donner envie de l'acquérir (7 euros). Sauf erreur de ma part, il n'est cependant pas disponible aujourd'hui sur la boutique en ligne ni en version digitale (laquelle ne concerne que l'hebdomadaire, à ce jour).

Edit du 24/01/2024: alors que vient de sortir en kiosque un Hors-série sur l'écologie (dont je parlerai un de ces mois), Aux armes, paysans! est bien [toujours] disponible sur la boutique en ligne.

*** Je suis Charlie ***

15 mars 2020

Richesse oblige - Hannelore Cayre

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En attendant que je puisse un jour retourner au cinéma, voici un billet sur le nouveau roman d'Hannelore Cayre, Richesse oblige (Métailié noir, 216 pages) qui déjà été chroniqué sur les blogs alors qu'il vient tout juste de paraître. Il faut dire que La Daronne, le roman précédent de l'écrivain, a eu un grand succès très mérité. Dans Richesse oblige, Hannelore Cayre nous raconte une histoire qui se passe entre deux périodes, en 1870-1871 pendant la Commune de Paris et la guerre contre les Prussiens, et de nos jours entre la Bretagne et Paris. Blanche de Rigny, aux jambes appareillées et se déplaçant avec des béquilles, est le lien qui relie les deux périodes. Blanche, âgée de 38 ans, est la mère de Juliette, 10 ans. Et elle n'a qu'une vraie amie, Hildegarde, qui est aussi une collègue de travail, au service reprographie judiciaire au quai des Orfèvres. C'est une grande bringue de presque deux mètres. A l'occasion d'une visite à son vieux père de 85 ans, Blanche apprend qu'elle est la descendante de la branche "pauvre", qu'elle baptise "les gueux" de Bretagne, de la famille de Rigny (éminemment riche). En effet, Blanche apprend qu'en 1870, son arrière grand-père Auguste a pu éviter d'être enrôlé dans l'armée et de se faire tuer grâce à l'argent de sa famille qui a réussi à acheter un pauvre pour prendre sa place. C'était quelque chose de courant. En retour, par idéalisme et peut-être pour se donner bonne conscience, Auguste de Rigny a accepté en avril 1871, contre l'avis de sa famille, d'épouser Corentine Malgorn, la fiancée enceinte du "pauvre" parti à sa place. En y réfléchissant, Blanche décide alors, avec les moyens du bord et pas mal d'imagination de récupérer un peu de la fortune des de Rigny, qui ignore depuis longtemps la branche d'Auguste. Je vous laisse découvrir comment. Bien entendu le titre du roman et certaines parties de l'histoire renvoient au film génialissime Noblesse oblige de Rober Hamer (1949) avec Sir Alec Guinness. Un roman qui se lit très agréablement et qui fait passer un bon moment. Et Mme Cayre a un grand sens de la narration. Lire les billets enthousiastes d'Aifelle, Cathulu et Cuné.

12 mars 2020

Tuer le fils - Benoît Séverac

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Benoît Séverac est un écrivain que je suis avec plaisir depuis trois romans, et, une fois de plus, il ne m'a pas déçue. Après Les Chevelues qui se passe au temps de la Gaule romaine, Trafics (ex Le chien arabe) et 115 dont les intrigues se déroulent dans les quartiers nord de Toulouse, Benoît Séverac situe son nouveau roman Tuer le fils (Editions La manufacture de livres, 280 pages) dans la banlieue sud-ouest de Paris, à Versailles, Poissy, Palaiseau et même Paris intra-muros. Cérisol est un inspecteur de la SRPJ de Versailles. Il est marié à Sylvia qui a perdu la vue suite à une maladie dégénérative. Le péché mignon de Cérisol est de manger des confitures en pot et boire du whisky de temps en temps. Avec ses adjoints Nicodemo (un Portugais) et Grospierres, ils vont enquêter sur le décès suspect de Patrick Fabas, né en 1960 à Oran en Algérie. Sur la scène de crime, les policiers découvrent que Fabas avait des idées d'extrême-droite et que la victime était un passionné de motos qu'il réparait. Hasard ou coïncidence, peu de temps avant la mort de Patrick Fabas, son fils Matthieu qui venait de purger une peine de 15 ans de prison pour homicide était libéré. Les policiers pensent tout d'abord que le fils a tué le père, mais la vérité n'est pas si simple. D'autant plus que Cérisol se met à lire le journal que Matthieu a tenu en prison lors d'atelier d'écriture animé par un écrivain dont on ne connaîtra pas le nom. Le récit alterne entre le déroulement de l'enquête et la lecture du journal. Je vous laisse en compagnie de Cérisol, de sa femme Sylvia et de leur chienne Djouk ainsi que de Nicodemo et Grospierres. Un roman très plaisant à lire que je vous conseille. Tout comme Choup.

7 mars 2020

Caricature mode d'emploi - Charlie Hebdo Hors série N°20H (novembre/décembre 2019 - janvier 2020)

Il m'est déjà arrivé, dans mes hommages mensuels à Charlie Hebdo, de parler d'un de leurs "Hors-série". Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) réitère aujourd'hui en présentant l'avant-dernier paru, en novembre 2019, sur les caricatures.

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Caricature mode d'emploi, Hors série N°20H, novembre 2019 à janvier 2020, 64 pages

Ce Hors-série thématique fait bien sûr la part belle à la production de l'équipe: j'ai compté au fil des pages 25 couv' de Charlie Hebdo, de différentes époques. Il est divisé en 17 chapitres intéressants par la variété de leurs angles (pour citer en exemples certains de leurs titres: "Censure sans frontières [trop politiquement correct, trop politiquement nul]", "Purgatoire [caricaturer les religions]", "Peut-on rire de trous [caricaturer... le sexe]" - qui m'a fait pouffer!, "Rire pour toujours [caricaturer... la mort]"), sans compter l'édito que signe Riss. Dans le chapitre "Dépucelage: mon premier dessin satirique", les actuels collaborateurs de Charlie (dessinateurs ou non, 14 témoignages) évoquent chacun un dessin satirique qui les a marqués enfants et qui est peut-être à l'origine de leur vocation. J'ai particulièrement savouré celui mis en avant par Gérard Biard (p.9), ci-dessous.

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Le numéro plonge assez loin dans l'histoire de la caricature (alors moyen anonyme d'attaquer les puissants: Marie-Antoinette par exemple, victime de pamphlets érotico-obscènes). L'incontournable Daumier est cité, avec un dessin moins connu que celui de Louis-Philippe en poire. On y trouve aussi la célèbre dernière couv' de L'Hebdo Hara-Kiri (sans dessin, mais non sans graphisme!). 

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En ce qui me concerne, la lecture de ce numéro m'a fourni l'occasion d'en apprendre davantage sur L'Assiette au beurre, abondamment cité (via 8 dessins d'époque) dans ce Hors-série, alors que je ne ne connaissais guère que de nom ce titre de presse du début du XXe siècle, et de me renseigner notamment sur le dessinateur Jossot (3 dessins sur les 8, de 5 dessinateurs différents). Je vais donc faire un peu mon cuistre: L'assiette au beurre, comme Charlie Hebdo, a connu deux séries successives, l'une, hebdomadaire, de 1901 à 1912 (tirant à 25 000 exemplaires en moyenne), puis, à périodicité mensuelle, une seconde de 1921 à 1936 (disparition définitive). Au total, il aura publié près de 10 000 dessins produits par environ 200 dessinateurs. Je me demande pourquoi ceux cités sont tous datés d'entre 1901 et 1904. Peut-être parce que ces dessins-ci de ces années-là étaient disponibles au moment de la rédaction du Hors-série...

Quant à Jossot, je vais rapprocher de celui publié par Charlie un autre de ses dessins (celui en noir et blanc), en guise de rime d'image: selon le site Goutte à goutte de Henri Viltar sur Jossot d'où je l'ai extraite, "Cette image au cynisme savoureux, à la fois antimilitariste et anticléricale, est parue en avril 1903, dans l'Action quotidienne, anticléricale, républicaine et socialiste, organe de la libre-pensée militante."

P1110637    Jossot_action_baptise  

Mais je ne crois pas avoir lu dans Charlie la précision que le dessinateur Jossot avait été renvoyé en 1904 de L'Assiette au beurre parce que certains des numéros qu'il avait conçus avaient été "mal reçus", avant d'y revenir plus tard, pour un total de 300 dessins publiés entre 1901 et 1907 (selon Wikipedia, consulté le 1er mars 2020). Au final, L'Assiette au beurre était sans doute un titre dont les propriétaires étaient davantage mus par le souci de publier un périodique ayant une bonne rentabilité financière que de publier un journal d'idées.

J'ai encore trouvé intéressant le chapitre intitulé "Caricature et démocratie, un vieux couple agité qui ne s'est jamais résolu à divorcer", de par sa conception. Charlie a "demandé à plusieurs responsables politiques de nous faire part de leur point de vue sur la caricature en démocratie, à travers parfois l'expérience qu'ils purent en faire eux-mêmes". Parmi les dix témoignages d'hommes ou de femmes politiques qui expriment leur position personnelle sur le dessin de presse, je relève celle de Nicolas Sarkozy (par ailleurs dessiné ou évoqué en tout quatre fois dans des dessins du Hors-série). Dans le contexte de la préparation des élections présidentiellles de 2007, il avait rédigé le 6 février 2007 un courrier de 15 lignes lu par l'avocat de Charlie lors du procès sur les caricatures publiées en 2006, et était déjà intervenu à ce sujet sur LCI le 2 février 2006. Dans sa réponse en 2019, il brode autour de ses formules successives: "je préfère l'excès de caricature à l'excès de censure" (2006) / "je préfère l'excès de caricature à l'absence de caricature" (2007), pour finir par: "Tirer sur le caricaturiste c'est en réalité tourner une arme contre soi car le rire est au coeur même de la condition humaine" (et hop, dans la poche, Rabelais et Malraux!).

Dans l'avant-dernier chapitre, une double page signée Riss présente une association via laquelle une ancienne journaliste de Charlie Hebdo mène des actions d'éducation au dessin de presse et à la caricature, dans différents milieux parfois hermétiques: établissements scolaires (de la primaire à l'université), bien sûr, mais aussi centres sociaux et prisons. L'association Dessinez Créez Liberté a été cofondéée en 2015 par Charlie Hebdo et SOS Racisme, pour débattre du fanatisme, de la liberté d'expression et de tous les sujets de société contemporains. Je pense, j'espère, que le chapeau de l'article peut servir de conclusion à chacune de ses interventions: "On se sent moins con lorsqu'on comprend une caricature!". 

P1110642 Il faut être capable de comprendre au moins le "second degré": par exemple, ici, un singe en caricature un autre, et cela donne... Trump (comique de répétition: peut-on rire de Trump?). Ensuite, on attend de pied ferme la plainte de la SPA.

P1110636  ... ou de comprendre le signifiant du "pigeon" (ensuite, on attend les attaques en piqué de la LPO).

Je vais enfin revenir sur quelques-uns des chiffres que j'ai relevés: ceux des dessins des dessinateurs décédés. Honoré, un seul. Wolinski, une couv'. Charb, 3 couv' et 6 autres dessins. Cabu, 6 couv et 5 autres dessins (tous étant © V. CABUT bien sûr). Si l'on en trouve aussi de Reiser ou de Gébé, il n'y en a aucun de Tignous: cela m'a frappé?

On peut toujours, bien sûr, se procurer ce Hors-série sur la boutique en ligne de Charlie Hebdo (ou une vingtaine de titres - certains déjà bien anciens - sont proposés à l'achat). Peut-être reviendrai-je un jour sur l'un ou l'autre parmi les six Hors-série qui figurent en p.4: Profs; Spécial jeux; C'était Calais; Cavanna raconte Cavanna; La laïcité, c'est par où? Enfin, je précise que l'hebdomadaire mettait en couverture le Hors-série, lorsqu'il était disponible en kiosque. Ainsi, la couv' du numéro ci-dessous. Si, si, regardez bien: propulsez votre regard en haut, à droite...

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*** Je suis Charlie ***

7 février 2020

Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux - Patrick Pelloux

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Ed. Robert Laffont, 2019, 324 pages (ce livre m'a été offert pour Noël)

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) lisais toujours, et j'appréciais, les chroniques de Patrick Pelloux (des histoires de malades!) dans Charlie Hebdo. J'ai déjà chroniqué l'un de ses ouvrages (dont le co-auteur était Charb), J'aime pas la retraite (cela reste une lecture plus qu'appropriée en 2020, et Pelloux en dit un mot p.310 de ce livre-ci, dans un chapitre consacré à Charb). Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux se présente comme le tome deux d'une série reliée par le sous-titre "Les derniers jours des grands hommes". Ses 21 chapitres classés par ordre chronologique (de Mahomet à Charb) comportent de 4 à 50 pages. Le premier volume, paru en mars 2013, était titré On ne meurt qu'une fois et c'est pour si longtemps et en comportait une trentaine (je ne l'ai pas - encore - lu).

Pelloux discourt donc ici sur la "fin de vie" de quatre rois de France, un empereur et une reine, deux hommes politiques, un prophète, un marin, trois hommes de cinéma, deux musicien(ne)s, un poète, deux peintres, et un dessinateur (j'oubliais le chef indien et la séquence révolutionnaire): comment ont vécu et sont morts ces différents personnages (artistes ou personnalités), d'après ce que l'on peut en savoir selon les sources historiques. Dans tel cas, le médecin qu'il est posera une tentative de diagnostic clinique basé sur les symptômes relevés à l'époques. A d'autres moments, il aura un regard plus empathique en mettant en évidence les souffrances endurées. Pour ma part, je me suis un peu interrogé sur la présence de Marie-Antoinette dans ce corpus, à côté des rois de France. A ma connaissance, elle n'est morte ni de maladie ni d'accident, ni même assassinée. On a tous appris à l'école républicaine de quoi elle est morte: d'un "souffle frais sur la nuque", envolée lyrique sans doute faussement attribuée au bon docteur Guillotin... Sauf erreur de ma part, il s'agit du seul cas d'exécution légale relevé dans le livre. Il aurait peut-être été plus original de l'aborder par le biais de ses enfants décédés jeunes. L'histoire de la Commune, elle, est abordée sous l'angle de sa médecine de guerre. 

Je remarquerai que ce livre souligne avec humilité les limites et parfois l'impuissance de la médecine et des médecins (hier comme aujourd'hui). Ce serait sûrement exagéré de faire de la psychologie à dix balles en rappelant à Patrick Pelloux qu'il hurlait à la mort n'avoir pu sauver ses amis en janvier 2015... L'auteur, dans le préambule de son livre, exprime en tout cas les difficultés de l'accouchement. Citation: "Je dois vous avouer, je ne sais pas comment faire un livre! (...) en fait, vous ne savez jamais quand le livre est fini. C'est là tout le savoir-faire de la directrice littéraire qui telle la patronne du restaurant [au grand chef] dit: «ça suffit, lâche le manuscrit!»."

Patrick Pelloux fait partie de ces membres de l'équipe de Charlie Hebdo qui s'en sont éloignés suite au massacre de janvier 2015 (il avait annoncé en septembre 2015, quelque temps à l'avance, la fin de sa collaboration). Mais il fait bien entendu partie aussi de l'histoire du journal, et à ce titre je ne manquerai pas de continuer à le suivre dans mes chroniques. Notamment, je vais tâcher de mettre la main sur les trois tomes de recueil de ses chroniques, Histoires d'urgences 1 & 2, parus en 2007 et 2010 aux éditions Les Echappés et suivis d'un troisième et dernier volume, Toujours là, Toujours prêt, Le Cherche Midi, en novembre 2015.

P.S. du 8 février 2020: suite aux commentaires concernant le titre, je rajoute une autre citation du préambule, expliquant ce choix: "Le titre est inspiré d'une phrase prononcée par mon ami Charb, "Je préfère mourir debout que vivre à genoux", et que j'utilise avec l'autorisation de ses parents; phrase qu'il avait lui-même reprise à Emiliano Zapata, révolutionnaire mexicain du début du XXe siècle. Mais aussi à Dolorès Ibarruri, membre du Parti communiste espagnol, dans son discours lors du rassemblement des républicains espagnols le 8 septembre 1936 au Vel d'Hiv' à Paris. Et encore à Germaine Tillion, anthropologue, résistante, dans Le Verfügbar des Enfers, son opérette sur l'expérience concentrationnaire de Ravensbrück. C'est une phrase de résistance et d'engagement absolu. Charb est mort debout, sans perdre ses lunettes auxquelles il tenait tant  - détail absurde mais qui l'aurait fait marrer."

*** Je suis Charlie ***

16 janvier 2020

Vie de Gérard Fulmard - Jean Echenoz

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Quand j'ai appris qu'un nouveau Jean Echenoz était paru, je me suis précipitée dans une de mes librairies préférées. Et voilà, je viens d'achever Vie de Gérard Fulmard (Les Editions de Minuit, 235 pages). Tout commence avec la chute d'un fragment d'un satellite soviétique obsolète s'écrasant sur un centre commercial à Auteuil, dans l'ouest parisien. Et l'histoire se termine près du pont Mirabeau. Nous suivons donc les (més)aventures de Gérard Fulmard, 45 ans, ancien steward licencié pour faute, qui devient un détective privé sans client. Cet homme aux "vie sociale et revenus proches de rien, famille réduite à plus personne" vit dans un deux pièces et demie où vivait sa maman, rue Erlanger dans le XVIème arrondissement. Une rue pas bien gaie où deux faits divers tragiques se sont déroulés. Par l'intermédiaire d'un psychologue dont il est le patient, Gérard Fulmard, à son corps défendant, va accepter un "contrat" sur un homme politique leader d'un petit parti mineur, la FPI (Fédération Populaire Indépendante). Racontée comme cela, l'histoire n'a rien d'extraordinaire, mais l'écriture d'Echenoz est un régal. "Le salon, chez Dorothée Lopez, relève du même genre fortuné que le salon d'été de Louise Tourneur près de sa piscine, mais en plus vaste et mieux adapté aux trois autres saisons. Les tapis et les meubles - guéridons stratifiés de livres d'art et de catalogues de salles des ventes, méridiennes, sofas, poufs - ainsi que la décoration - un Staël, un Klein, trois antiquités soclées - dénotent un goût et un matelas bancaire analogues." (p.40). Un roman que je conseille, tout comme Sandrine.

23 décembre 2019

Le loup - Jean-Marc Rochette

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C'est mon ami ta d loi du cine qui m'a parlé pour la première fois de cette BD parue en juin 2019. Le Loup (Edtions Casterman, 102 pages) se passe dans le Massif des Ecrins à notre époque. Gaspard, un berger vit retiré avec son chien Max et ses centaines de moutons et brebis. Le seul prédateur du troupeau est une louve. C'est la deuxième année qu'elle fait un carnage en égorgeant plusieurs bêtes. Gaspard, un homme frustre qui n'attend plus rien de la vie (son fils est mort comme soldat au Mali et sa femme ne va pas bien) tue la louve avec son fusil à lunettes dans une zone protégée où la chasse est interdite. La louve avait un louveteau blanc et c'est lui qui plus tard va affronter Gaspard. C'est une très belle histoire avec une fin que j'ai bien appréciée et qui se passe dans un environnement rude. Les températures dans cette région peuvent descendre très bas pendant l'hiver. J'ai aimé les dessins parfois réduits à une épure. Une BD à découvrir. Yv a aimé.

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J'en profite pour vous souhaiter un très bon réveillon de Noël!

14 décembre 2019

La vallée des immortels, Tome 2 - Yves Sente, Teun Berserik et Peter Van Dongen

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A la fin du tome 1 de la Vallée des immortels (Menaces sur Hong-Kong), nous avions laissé Philip Mortimer en fâcheuse posture puisqu'il vient d'être enlevé à Hong-Kong par un dénommé Nathan Chase qui n'est autre que l'infâme Colonel Olrik, ennemi mortel de Blake et Mortimer. Je rappelle que l'histoire se situe juste après Le secret de l'Espadon. d'Edgar P. Jacobs. Dans La Vallée des immortels, tome 2 (Le millième bras du Mékong) (Editions Blake et Mortimer, 56 pages), Francis Blake et les forces de police hong-kongaise sont à la recherche de Mortimer. Mortimer qui a perdu sa pipe lors de son enlèvement a été embarqué dans un petit bateau, puis par avion, pour être mené vers Xi Li, un des derniers Seigneurs de la Guerre qui ne rêve que de prendre le pouvoir en Chine, persuadé qu'il est le descendant de celui qui a aidé le premier empereur de Chine à unifier cet immense territoire. Il veut que Mortimer répare une "Aile rouge" avec lequel Olrik s'était enfui. Je vous passe pas mal de péripéties. Il faut vous laisser la surprise. La vallée des immortels est un endroit dans la province de Yunnan où l'on peut trouver des émeraudes et la perle de vie qui pourrait sauver quelqu'un. Dans cette vallée, il y a aussi des pandas géants plutôt agressifs, des serpents et surtout des dragons. Là, on vire dans le fantastique. Yves Sente s'éloigne assez de l'univers de Jacobs. On peut l'accepter ou non. Quant à Chase/Olrik, qui s'est allié à Xi Li, il espère bien pouvoir s'emparer du "Skylantern", un engin de guerre au système d'élévation vertical inventé par Mortimer.
Il faut noter que pour une fois, ni Blake, ni Mortimer ne reconnaissent Olrik sous le postiche de Chase.

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Le skylantern.

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Voici les pandas.

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Pour terminer, mon ami Ta d loi du cine s'est rendu à ma place (je n'étais pas à Paris) à une rencontre avec les auteurs dans une bibliothèque médiathèque à Paris, le 21 novembre 2019 (la veille de la sortie nationale de l'album) à partir de 19h. La présentation a duré une heure et à la fin, les auteurs ont dédicacé des exemplaires.

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