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Le blog de Dasola
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hommages
7 décembre 2021

Paris Pontoise - Charb

Je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) vous présente ce mois-ci, dans le cadre de mes hommages "Charlie Hebdo", un recueil paru très récemment. Je me rappelle avoir savouré certaines chroniquettes de Charb, lorsque j'achetais épisodiquement Charlie Hebdo au numéro à l'occasion de voyages en train lors de mes vacances. Le livre couvre la période 1992-2004.

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Charb, Paris-Pontoise, Charlie Hebdo 1992-2004, Les échappés, 180 pages, 8 euros, octobre 2021.

Charb prenait les transports en commun entre chez lui (Pontoise) et le journal, les oreilles grandes ouvertes aux conversations des autres voyageurs. Il en nourrissait sa colonne d'actualité dans Charlie Hebdo. Mais, selon la préface signée Riss d'où je tire ces informations, Charb avait très vite trouvé la formule définitive: "une simple phrase, dont la concision était inversement proportionnelle à la profondeur de la réflexion", accompagnée "d'un petit portrait du voyageur qui en était l'auteur".

Seules les pages 8-9 présentent la préhistoire de la chronique: deux dessins complexes, pleins de bulles. La quasi-totalité du corpus correspond au "canon": plus de 400 saynètes (dont il faut reconstituer l'ambiance, au-delà d'un visage croqué). Cela correspond bien à 8 années multipliées par une cinquantaine de parutions... Je suppose que le recueil est donc quasi-exhaustif? Pour le vérifier, il faudrait que je retourne en bibliothèque consulter la "série complète" papier comme je l'avais commencé il y a plus de deux ans... avec ce livre d'un côté et le journal de l'autre, pour pointer chaque date à coté de son dessin et de sa phrase!

Sans reprendre les classements "thématiques" du recueil, je me suis permis une petite sélection subjective (mes lecteurs reconnaîtront mon attrait pour l'agriculture, l'économie, la politique... ou la sociologie!).

P1140113 p.15 (encore de l'anti-blaireauisme primaire, bien sûr... Tout est dans la chaussure)

P1140114 p.16

P1140115 p.20

P1140117 p.32 et p.61 P1140121 (on trouve vraiment tout, à la FN*C).

P1140118 p.38

P1140119 p.44 (dasola m'a fait remarquer que le dessin du haut - repris en 4e de couv' - rappelait un crayon).

P1140120 p.60 (mais pas du tout, voyons: ce sont juste les conditions qui changent!)

P1140122 p.66 (deux dessins sur cette page... et un utile rappel qu'il faut que je recommence à m'occuper de la planète Mars!

P1140125 p.101 P1140126 p.110

P1140127 p.114 P1140124 p.85

P1140128 p.124 (sagesse populaire?)

P1140123 p.82 P1140129 p.149 (on sait enfin pourquoi il est colère, le monsieur de la couv...)

P1140132 p.156 (la concurrence épinglée?)

P1140134 p.167

P1140116 p.34 P1140133 p.161 (encore une phrase de dasola: "il ressemble à Bérégovoy!")

Quand j'aurai dit que les illustrations des quatre coins de la couverture proviennent des pp. 18, 121, 149 et 162, et celle de la 4ème de couv' de la p.44, ... il ne vous restera plus qu'à aller vérifier et voir les phrases et dessins qui vous parlent, à vous!

La parution est peut-être trop récente pour avoir généré beaucoup de critiques sur les blogs littéraires, en tout cas je n'en ai pas trouvé. Que les blogueur.euse.s. ayant chroniqué Paris-Pontoise n'hésitent pas à laisser un commentaire ici!

Charb prenait-il des notes dans sa poche, comme Cabu dessinait des portraits? Comment transmutait-il la matière brute? Est-il arrivé que certains locuteurs se reconnaissent dans la publication? Cette rubrique générait-elle un courrier des lecteurs? Il paraît que Charb répondait à chaque lettre qu'il recevait...

J'ai aussi repéré le livre Lettre à mon fils Charb écrit cette année par Denise Charbonnier, sa mère. Je tâcherai de me le procurer et de le chroniquer un prochain mois.

*** Je suis Charlie ***

7 novembre 2021

La divine sieste de papa (2) - Maryse Wolinski / illustrations de Georges Wolinski

Ca y est, j'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) enfin déniché d'occasion (dans une bouquinerie où il était en vente depuis près de trois mois, selon date sur l'étiquette) ce livre dont je connaissais l'existence depuis plusieurs années, et dont j'avais chroniqué le volume précédent ici. Curiosité!

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Maryse Wolinski, La divine sieste de papa (2), illustrations de Georges Wolinski, Massidor / La Farandole, 1986, 61 pages

En 2e de couverture, un court texte d'introduction et remerciements de Maryse Wolinski explique que lorsqu'elle avait publié en 1981 le premier livre, elle ne pensait pas que cette histoire d'un père amateur de sieste et de sa fille passionnée de contes serait adaptée pour la télévision - ce qui a été le cas (sur FR3 en 1985). 

P1120419Le livre présente les textes de six contes déjantés: Joe l'Enfer, Ricardo Siesto, XR 315, Carlus Premier, Oeil de Bille, Maître Mysterius. Leur thème commun? Un personnage de papa ventripotent autant qu'omnipotent n'aspire qu'à une chose: siester en paix. Mais sa fillette maligne et gourmande ne l'entend jamais de cette oreille dès que les ronflements s'élèvent. Et s'ensuit le récit truculent d'aventures pétaradantes et bonbonesques aux quatre coins de l'unvers, à la recherche de butins, de cités perdues, de trésor de pirates (avec un crocodile!), ou de planètes exotiques... (que d'histoires!). 

Chacun des contes bénéficie d'une belle illustration en couleurs, dont les principaux éléments (père et fille...) sont repris dans les pages suivantes en N&B en simili ainsi que dans une autre situation. 

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On nage en plein imaginaire... Au lieu d'un "Georges" comme dans le livre précédent, le papa ventripotent est figuré par un "Carlus aénobarbus" (Carlos oblige).

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Car j'oubliais les textes de chansons qui s'intercalent entre chaque conte. Le générique de l'émission (paroles de Maryse Wolinski et Claude Lemesle, chanté par Carlos, Sarah Mesguish et Bernadette Lafont), dont le texte ouvre le bouquin en p.5, est déjà kitchissime (le clip ici en vidéo!). Je vous laisse chercher si l'on peut (ou non) dénicher les autres chansons voire les contes eux-mêmes, diffusés semble-t-il un soir de Noël 1985...

*** Je suis Charlie *** 

7 octobre 2021

Du goudron et des plumes - Collectif

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) rends hommage ce mois-ci à Charlie Hebdo en citant un ouvrage paru il y a 10 ans. Du goudron et des plumes est sur-titré Charlie Hebdo fête les 100 ans de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux).

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Editions Les Échappés, 2011, 143 p.

On peut découvrir dans cet ouvrage un large panel (ou éventail) de plumes, avec même des dessinateurs anciens collaborateurs de Charlie hebdo que je n'avais encore jamais eu l'occasion de mentionner dans d'autres billets, pas forcément tous mentionnés dans la.présentation sur le site de la Maison d'édition, qui dit: "À quoi sert l’oiseau ? se demande Allain Bougrain-Dubourg, à l’occasion des 100 ans de la LPO. Marc Jolivet, Albert Jacquard, Luc Jacquet, Laetitia Barlerin, Maud Fontenoy, Patrick Pelloux, Laurent Baffie, Pierre Rabhi et François Cavanna ont pris la plume pour lui répondre et accompagner les meilleurs dessins d’oiseaux parus dans Charlie Hebdo, signés Bernar, Cabu, Catherine, Charb, Coco, Gébé, Honoré, Jul, Luz, Riss, Tignous, Willem, Wolinski. Dans ce livre à thème, c’est toute la société qui passe sous la « plume » des dessinateurs, au gré des marottes de chacun. Un regard d’aigle sur des problématiques toutes politiques, un angle original et ébouriffant sur notre société !". Comme l'écrit A. Bongrain-Dubourg dans sa préface de l'ouvrage (p.4-5), les dessins ont été ressortis de leurs cartons ou tracés, au gré de l'émotion. 

Voici ma propre sélection subjective, piochée sur 22 pages, parmi les plus de 240 dessins que comporte l'ouvrage.

P1120346 p.23, Gébé se payait l'appeau de Jospin.

P1120345 p.10, Honoré, le dodo.

P1120344 p.8, un magnifique dessin de Coco!

P1120343 ... précédé d'un autre (p.6).

P1120347 p.29, Tignous et Charb.

P1120348 p.35, sur le thème des colombes, Cabu et Gébé.

P1120349 Honoré brocarde p.44.

P1120350 Riss, en deux mots, beaucoup de bruit pour rien? (p.49).

P1120351 p.55, Jul, Cabu et Honoré.

P1120353 p.57, Bernar (très joli dessin!), Charb, et Wolinski (thème récurrent...).

P1120355 p.61 (Wolinski et Tignous)

P1120354 p.60, Honoré (je ne sais pas comment le prendre, si ce n'est qu'il ne faut pas confondre fiction et réalité?).

P1120356 p.62 (Tignous): déjà un virus asiatique effrayait la planète...

P1120357 p.66, Charb et Wolinski

P1120358 Willem, p.81.

P1120359 Gébé, p.93.

P1120360 Cabu, piquant... (p.98).

P1120361 p.105 (Riss, Willem, Catherine).

P1120362 Cabu, p.106 (Juppé hors contexte?).

J'en profite pour dire que la page de texte de Laurent Baffie, p.107, m'a fait rire.

P1120363 Charb (prémonitoire?) p.117.

P1120364 p.134, Lagarde en autruche, par Mougey (?).

P1120368 Kamagurka (p.79)

Bien entendu, on peut trouver des dessins d'oiseaux dans d'autres ouvrages de nos dessinateurs. 

P1120446 Mes fidèles lecteurs reconnaîtront le dessin de gauche, qui provient de Une vie compliquée...  P1120447 ... de Wolinski (chroniqué le mois dernier)... Je ne sais pas si les deux dessins sont contemporains ou non? 

P1140091 Et puisque je complète ce billet avec quelques autres dessins aviens, voici encore un dessin magnifique par Coco, dans son livre Dessiner encore que je chroniquerai un mois ou l'autre (il contient plusieurs autres images d'oiseaux). 

Pour cette fois-ci, j'espère que tout le monde aura bien noté que la LPO a 110 ans désormais? Quand j'étais jeune, pour moi, Allain Bougrain-Dubourg, c'était le masochiste qui allait une fois par an se faire casser la figure par les chasseurs de palombes. Ensuite, la LPO, ça a été le démazoutage médiatisé de quelques-uns des malheureux oiseaux touchés par les marées noires. Aujourd'hui, je suis davantage sensible à leurs actions de soutien au replantage des haies champêtres sur des terres agricoles...

J'ai trouvé mention de ce livre seulement sur quelques sites ou blogs de libraires, ou en rapport avec la LPO (partenaires, antennes locales...), mais pas sur des blogs de lecture. En tout cas, si vous avez des cadeaux à faire, Du goudron et des plumes est toujours en vente dans la boutique des éditions Les échappés...  

 *** Je suis Charlie ***

7 septembre 2021

Une vie compliquée / La vie compliquée de Georges le tueur! - Wolinski

Cette fois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) consacre mon hommage mensuel à Wolinski, avec deux de ses albums aux titres qui se ressemblent. Pour la petite histoire, je ne connaissais pas Une vie compliquée et suis tombé dessus récemment dans une solderie, tandis que j'avais l'autre album dans ma BDthèque depuis plusieurs décennies. Je commence par le plus récent (et sans doute le plus méconnu?).

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 Une vie compliquée, Albin Michel / SEFAM, mai 2005 (après une première édition en 2004?)

L'hstoire semble bien avoir été publiée dans L'Echo des Savanes, ce que les mentions "Albin Michel / SEFAM" me laissaient supposer. Ce magazine semble avoir eu lui-même une histoire compliquée... Est-ce que la fin abrupte serait en rapport avec la suspension de L'Echo des Savanes fin 2005, avant la reprise du mensuel en 2008 par Glénat?

Lors de sa sortie en album, Une vie compliquée avait été présenté (selon ce que j'ai pu lire ces jours-ci sur le web) comme la première "véritable" bande dessinée de Georges Wolinski. Le contenu consiste en une aventure "unique" qui court sur 48 pages, sans que le thème en soit trop introspectif (?). Comme on peut le lire partout (et notamment en 4e de couv'), le "Jules" héros de l'album est présenté comme un play-boy bien garni en femmes comme en comptes bancaires.

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Dans l'album de la SEFAM, notre Jules apparaît plutôt comme un membre de la classe moyenne supérieure, un Français normal, avec une double vie, quelques maîtresses par-ci-par-là, et aucune inquiétude à avoir pour ses fins de mois. A noter encore que, dès la première page, on aperçoit des oiseaux qui... P1120442  P1120443 Mais non, j'en parlerai le mois prochain. Disons que le héros se prélasse en hamac dans une île. Dès la page 3, sa légitime l'appelle (au téléphone). Retour prévu à Paris, en passant par Stockholm... Trajet comme retour sont torrides. Et générateurs de quiproquos. Et Jules se retrouve dans de mauvais draps. Notre infortuné héros est pris pour ce qu'il n'est pas, un tueur. Ce n'est pas lui, c'est l'autre, monsieur "X"! Ah, en passant, ne prêtez jamais votre PC à votre chérie, quel que soit le prétexte invoqué! Elle va le pister dans son paradis puis à Stockholm. Les mafieux comme la police sont aussi sur ses traces. Son seul soutien: "X", dont on découvre qu'il a embarqué Jules dans son repaire. Devenu méconnaissable, il s'ennuie. Mais ses poursuivant(e)s rappliquent... Bref, vous l'aurez compris, ça fourmille de péripéties. Les 48 pages ne sont absolument pas numérotées. Par moment, un court récitatif suffit à faire avancer l'action. En dernière page, cet album commencé par des oiseaux s'achève en queue de poisson (à suivre / suite attendue?).

Quelques images du refuge en montagne. P1120444  P1120445 "X" est un vrai professionnel.  

*

*     *

Je passe maintenant à l'autre ouvrage que je possédais de longue date [septembre 1998!], au titre un peu similaire: La vie compliquée de Georges le tueur! (éditions du Square, 1970 - 36 ans avant l'autre!). Ce second album (le premier chronologiquement) consiste, lui, en un regroupement de plusieurs épisodes plus ou moins philosophiques. Je dirais presque qu'il s'agit d'un album "à sketches". 

P1120441 Editions du Square, dépôt légal 4e trim. 1970

Le premier a pour titre "Le matraqueur". La première "victime" de celui-ci ne lui rapporte, comme butin, que deux sachets de graines... spéciales. Ces femmes empotées qui poussent doucement sont, je suppose, à ne pas prendre au pied de la lettre (ce serait bien trop méchant). Cette bande dessinée de 1970 nous montre une première "belle plante" dont le héros doit se séparer prématurément, tandis que la seconde s'attache longuement...  Faut-il voir dans cette historiette de 9 pages des (sex-symbol), entre celles qui dépérissent vite d'avoir été cueillies trop vite, et celles qu'il faut tenir à distance si on les a laissées nous envahir? Après quelques planches d'interlude, place à "La vie sentimentale de Georges le tueur", qui court en vain derrière le succès (10 pages d'histoire, + 2 planches-interlude).

Voici la planche d'ouverture du troisième épisode: le tueur réfugié dans le chalet, la grosse voiture qui vient le chercher... P1120561 ...Est-ce que ça nous rappelerait quelque chose? Il y est question d'un petit pays dangereux, s'il exporte une terrible invention: non, pas une religion, juste la découverte du professeur Cavanna, qui peut rendre l'humanité immortelle... 

Quatrième épisode: "C'est bien fait pour eux!". Georges (le tueur) revient, et il est plus méchant: dictateur, c'est à lui qu'il revient d'exterminer cette humanité qui le lasse. Encore deux pages d'interlude, et une conclusion ("Sex-shop") en dix pages encore: Georges est tout seul sur terre... ou presque.

Mais que je sache, à part sur le papier, Wolinski n'avait jamais agressé qui que ce soit!

*** 

Je profite de ce billet pour signaler l'appel co-signé par Maryse Wolinski et six dessinateurs de presse, dont Coco, Riss et Juin, pour réclamer la création, à Paris, d'une Maison du dessin de presse et du dessin satirique. Cette création avait été annoncée à grand son de trompe le 7 janvier 2020, à l'occasion du cinquième anniversaire de l'attentat contre Charlie, par le Ministre de la Culture, qui était à l'époque Frank Riester. Aujourd'hui, si j'ai bien compris, pour boucler le plan de financement, il ne manque plus que l'engagement financier de l'Etat... Peut-être n'est-ce plus assez "attractif"?
Appel publié dans le Journal du Dimanche du 05/09/2021, p.37.

*** Je suis Charlie ***

7 août 2021

Les grands espaces - Catherine Meurisse

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) viens de découvrir une bande dessinée parue en 2018. C'est un cadeau d'anniversaire qui m'y a amené. Ayant à offrir, pour la deuxième fois (à une deuxième personne), le roman graphique L'oasis (de Simon Hureau, 2020, Dargaud, mais qui n'est pas le sujet du présent billet), j'y ai rajouté cet album-ci, dont j'avais repéré l'argument il y a quelque temps déjà. Son auteur a longtemps été la seule femme membre de l'équipe permanente des dessinateurs de Charlie Hebdo (où elle signait ses dessins de presse "Catherine"). Elle a quitté Charlie peu après le massacre de janvier 2015.

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Les grands espaces, Catherine Meurisse, Dargaud, 2018, 90 pages (mise en couleur Isabelle Merlet - bravo!).

Cet album revisite avec poésie l'enfance de Catherine et de sa (grande) soeur dans les années 1980, à la campagne où ses parents, néo-ruraux avant l'heure, avaient acheté une ferme en ruine pour y faire vivre la famille. Une maman à la main verte et un papa bricoleur, rien de tel pour vous donner une éducation écologique! Nous assistons au fil des pages à la "construction" de Catherine (et de sa grande soeur), entre Pierre Loti, Proust, Versailles, quelques peintres... Tout un passé revisité a posteriori par l'adulte qu'elle est devenue.

Je me permets de citer quelques-unes des magnifiques planches: pas forcément les plus esthétiques, pas forcément les plus belles, mais celles qui résonnent et font sens, pour moi.

P1120452  p.2. L'idéal des parents?

 P1120454 p.38-39 ... et autant pour La faute de l'abbé Mouret de Zola (un peu trop imaginatif...).

 P1120453 p.30. Ah, "le" paysan (qui a dû s'adapter pour survivre)...

 P1120455 p.56-57. Cette double page illustre comme un léger décalage entre la famille et l'éducation de Catherine, et l'univers rural du Poitou s'ouvrant à la modernité (le Futuroscope a été inauguré en mai 1987). Mais, je vous rassure, une ex-Présidente de la région Poitou-Charente en prend aussi pour son grade dans d'autres pages... avec quelque anachronisme puisqu'elle ne l'a été qu'au XXIe s. (avant de devenir ambassadrice des pingouins - un jour, je reparlerai d'oiseaux)!

 P1120456 p.86. La planche qui, dans l'album, suit celle-ci explique que les parents ont tous deux perdu les "maisons d'enfance" où ils avaient grandi...

Catherine évoque dans l'album ses débuts de future dessinatrice professionnelle (un premier projet pour le Festival du Cabicou?), mais n'y parle pas de Charlie Hebdo. Elle l'avait déjà fait dans La légèreté, que j'avais chroniqué ici.

Au final, ces Grands espaces constituent une oeuvre magnifique et touchante. La longue liste des remerciements finit par une "Pensée pour Charb, qui attendait cet album". 

DesHistoiresetdesBullesMême si l'ouvrage ne figurait pas, avant que je l'y inscrive, sur le challenge ci-contre, nombre de blog ont chroniqué cet album bien avant moi, entre autres Violette, Hélène, Sabeli du blog Le carré jaune, le blog Enseigner dehors en ville, Lisou du blog Les pipelettes en parlent, StemilouElsy et CaramelMes échappées livresques, Le dragon galactique... sans oublier Aifelle.

Liste non exhaustive - je vous invite à en chercher encore d'autres et/ou à lire l'album bien entendu!

Terminons en signalant que Catherine a été la première auteur de BD élu(e) à l'académie des Beaux-arts (section peinture), en janvier 2020.

*** Je suis Charlie ***

7 juillet 2021

Trois essais co-signés par Philippe Labarde et Bernard Maris

C'est de nouveau à Bernard Maris, assassiné chez Charlie Hebdo, que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) voudrais rendre hommage ce mois-ci, neuf mois après le précédent billet que je lui avais consacré. Je vais tâcher de présenter les trois ouvrages qu'il avait co-signés, il y a une vingtaine d'années, avec Philippe Labarde.

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Cette fois-ci, ce n'est pas un, pas deux, mais trois livres parus aux éditions Albin Michel que je vais survoler (après celui co-signé Cayat / Fischetti). Pour en raconter l'histoire: j'ai trouvé deux de ces ouvrages dans une armoire de "livres à prendre" dans le hall en bas de chez la coordinatrice de l'AMAP dont je fais partie. Après les avoir lus, j'ai cherché à me procurer le troisième.

Commandé chez mon libraire de quartier, l'exemplaire que j'ai reçu m'a interpellé car il affichait un prix de 23 euros (bizarre pour un livre publié en 1998 et qui ne comportait aucune mise à jour bibliographique ni indication de date de réimpression!). J'ai quand même déniché la mention "Imprimé en France par Lightning Source [+ adresse]", et, en creusant un peu, j'ai découvert qu'il s'agissait de la filiale française d'un groupe d'impression à la demande... 

Pour le contenu des livres eux-mêmes, je trouve aujourd'hui difficile d'en parler à qui ne les a pas lui-même lus. Le ton en tient surtout de la diatribe (que, pour ma part, je trouve plutôt pleine de bon sens), mais tout le monde ne partagera sans doute pas les avis, aussi tranchés que tranchants, des auteurs. 

Dans Ah Dieu! Que la guerre économique est jolie (1998), le thème est la déconstruction du primat des fameuses "lois du marché" que l'on nous mettait (déjà depuis quelque temps) à toutes les sauces à la fin du XXe siècle. Les auteurs mettent, par exemple, quelques coups de projecteur venimeux sur l'angoisse du banquier quand il accorde des prêts (alors que les Etats se précipiteront à l'aide des banques en cas de défaillance des créanciers) ou la souffrance des malheureux patrons lorsqu'ils sont contraints de licencier... pour s'en gausser, bien sûr. Comme si les sacrifices demandés aux "petits" étaient partagés par les "gros". Citation p. 206: "...le capitalisme, dont le nom politiquement correct est devenu le marché, n'est pas fondé sur l'égalité, mais sur la puissance: le peon libre à la porte de l'hacienda choisissant de travailler ou non et choisissant son latifundiste accompagné de sa milice". Les 216 pages de ce (court) bouquin sont subdivisées en une préface (de Serge Halimi), un prologue, 5 chapitres et un épilogue.

La bourse ou la vie (mai 2000) apporte la déconstruction d'un discours assez dominant à l'époque par lequel la presse vantait fréquemment les "fonds de pension", l'actionnariat individuel... Les auteurs nous expliquent, preuves, exemples et statistiques à l'appui, en quoi fonder une "société meilleure" sur ce pur jus capitaliste serait ou sera (est?) une erreur. Citation p.124: "Où est la démocratie dans le système des stock-options, simple avance sur pillage? Actionnaire, ça s'achète. Citoyen, ça se mérite". Et encore, le bouquin date d'avant l'explosion de la "bulle internet", de l'économie virtuelle vantée à grands sons de trompette à la fin du XXe siècle. Cette fois-ci, le sommaire détaillé (toujours pour 5 parties précédées d'un prologue et suivies d'un épilogue) tient sur 3 pages, pour 197 pages de texte - mais le papier est plus "bouffant". 

Enfin, Malheur aux vaincus (janvier 2002) s'est avéré le dernier ouvrage publié en collaboration. Citation (p.161): "Trois livres, trois Labarde-Maris, et au final on retrouve la question essentielle: la propriété. Ça valait le détour. Montrer que le marché est morbide, raciste, inefficace. Reste à s'attaquer à son fondement". Je ne sais pas si la pub de Philip Morris de 2001, épinglée p.101 (en gros, un cancéreux du poumon qui trépasse, c'est 1227 dollars potentiellement économisés par la République tchèque) était à prendre au premier ou au dixième degré. Plus globalement, le libéralisme ne rêve que de faire argent de tout, y compris de ce qui devrait rester des "biens communs". 179 pages, même schéma que les précédents - 7 parties cette fois-ci, dont le détail des thèmes égrenés tient aussi sur 3 pages. 

Bref, une fois de plus, je ne peux guère que conseiller à mes lecteurs, qui n'avaient (qui sait?) peut-être jamais entendu parler de ces ouvrages avant de tomber sur le présent billet, de les lire eux-mêmes, pour se forger leur propre opinion. 

Les trois ouvrages contiennent bon nombre de citations d'articles de presse "contemporains"... (journaux économiques, mais aussi Le Monde... dont Philippe Labarde a été chef du service économique et directeur de l'information). Concernant ce co-auteur, j'ai trouvé une courte vidéo (45 secondes!) où Philippe Labarde dit quelques mots sur sa rencontre avec Bernard Maris. 

J'ai aussi trouvé sur le site de L'Express une chronique du 2e livre publiée il y a 20 ans. Ainsi que celle de Goguengris, concernant le premier, sur Sens Critique.  

 ***

PS: je viens de vérifier, mais l'histoire "officielle" (sur la page dédiée de son site internet) de Charlie ne va toujours pas plus loin que le 17 juillet 2015. Ne serait-il pas temps de rajouter une phrase ou deux à son histoire, pour le journal satirique, laïque, politique et joyeux?

*** Je suis Charlie ***

7 juin 2021

Marx [mode d'emploi] - Daniel Bensaïd / illustrations de Charb

J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) eu du mal à rédiger ma chronique sur une collaboration de Charb que je voulais traiter depuis des années, tout en respectant le planning de mes "hommages mensuels". Le dessinateur a illustré une des nombreuses oeuvres du philosophe et théoricien trostskiste Daniel Bensaïd, publiée originellement chez La Découverte en 2009 (coll. Zone): Marx [mode d'emploi]. L'édition "La Découverte / Poche" à laquelle je me réfère date, elle, de 2014.

P1120396bis_Marx-mode-d-emploi 

Je précise d'abord que ce n'est pas tant le texte de Daniel Bensaïd (décédé en janvier 2010, ancien acteur de Mai 68 chez les JCR, idéologue de la LCR, chercheur marxiste...) que les dessins de Charb qui m'ont attiré a priori vers cet ouvrage. J'aurais aimé savoir quels étaient leurs liens, s'il s'est juste agi d'une prestation rémunérée, ou si notre dessinateur y a mis aussi un peu de ses propres tripes. Dans la même collection, j'avais naguère chroniqué un livre de Michel Husson également illustré par Charb.

N'ayant pas pris le temps de bien le digérer, je vais me contenter d'une seule citation du texte de Daniel Bensaïd, avant de vous citer surtout les dessins de Charb que je trouve les plus remarquables.
p.64-65: "Alors que le libéralisme prétend développer l'individu, il ne développe en réalité que l'égoïsme dans la concurrence de tous contre tous, où le développement de chacun a pour condition l'écrasement ou l'élimination des autres. La liberté offerte à chacun n'est pas celle du citoyen, c'est celle du consommateur libre de choisir entre des produits formatés."

Et maintenant, place à un florilège de dessins décalés, choisis parmi les 73 dessins que comportent ces quelque 195 pages.

P1120375 p.12, pour illustrer "la thèse d'avril" [1841] du jeune Marx, sur La différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure.

P1120378 p.26 (personnellement, j'adhère de tout coeur à ce dessin - sans être marxiste pour autant).

P1120380 p.44 (vous disiez quelque chose?). Une bonne illustration du concept d'inachèvement dynamique de la définition des "classes" chez Marx.

P1120381 p.48 (pouf, pouf)

P1120382 p.61 & p.83 (pas si simple, de s'unir...) P1120383

P1120384 p.90 (on célèbre justement les 150 ans de la Commune, cette année 2021)

P1120385 p.105 (qui se rappelle encore, en 2021, de Besancenot?) P1120377 p.22 (vous avez dit médiatisation?)

P1120386 p.120 (l'exploitation de l'homme par l'homme... Le travail, tout simplement?)

P1120387 p.128 (admirez la taille respective des récipients...).

P1120388 p.122 & p.129: des dessins bien bonhommes? P1120389

P1120390 p.175 (il résiste, l'animal)

Petit élément de réponse en ce qui concerne les convictions du dessinateur: Philippe Corcuff a écrit le 8 janvier 2015 que Charb "pouvait voter pour la LCR ou pour le PCF en fonction des élections. Son casier à Charlie était d’ailleurs recouvert de deux autocollants, l’un du PCF, l’autre de la LCR."

Ceux qui veulent en apprendre davantage sur Daniel Bensaïd peuvent se reporter au site de l'association qui lui est consacrée, où figurent aussi différents éléments concernant le livre aujourd'hui chroniqué. Je pense qu'il faudra que je prenne le temps d'y revenir, un jour, à tête reposée...

 *** Je suis Charlie ***

7 mai 2021

Mai 68 - Wolinski, Cabu, Gébé, Siné, ...

Ce mois-ci, dans la série de mes hommages aux dessinateurs assassinés à Charlie Hebdo en 2015, je [ta d loi du cine, "squatter" chez dasola] vais présenter un livre plus ou moins anniversaire: Mai 68, vu par l'équipe de Hara Kiri. Je l'avais acheté (à prix bradé) en septembre 2020 sur une aire d'autoroute (je sais, c'est pas bien - c'était à l'époque où l'on pouvait voyager sans restrictions, ce qui n'excusait pas de prendre la bagnole).  

P1120314  P1120315

Nous sommes aujourd'hui cinquante-trois ans après les faits (lors desquels les vétérans fondateurs de Charlie Hebdo deux ans plus tard étaient déjà dans la force de l'âge, tandis que certains des participants à la seconde série étaient encore enfants [Tignous collégien et Charb sans doute porteur de couches!]), mais aussi 13 ans après l'édition originale, et 3 ans après la réédition que j'ai entre les mains. Voici le texte intégral de la présentation signée par l'éditeur (Michel Lafon): "En 2008, j'ai eu l'immense plaisir de publier ce Mai 68 d'anthologie, réunissant les extraordinaires dessins, mais aussi les textes de Cabu, Gébé, Reiser, Siné, Wolinski... Avec leurs mines acérées, ils ont observé, dépeint, critiqué, raillé, été les témoins de cette époque, sur laquelle un vent de révolution et de liberté a soufflé.
Aujourd'hui ils ne sont plus là pour nous croquer les cinquante ans de Mai 68, et depuis ce maudit 7 janvier 2015, leur liberté d'expression a été meurtrie. Cabu et Wolinski sont partis, les autres copains les ont précédés ou suivis... Mai 68 s'éloigne, mais le trait de ces dessinateurs de génie et la verve des irremplaçables Professeur Choron et Cavanna sont là pour nous empêcher d'oublier.
Alors nous avons décidé de rééditer ce Mai 68 sans changer un dessin, sans modifier un mot de ce que Cabu, Wolinski, Cavanna et les autres ont écrit. Pour leur rendre hommage à tous."

En le feuilletant, on y remarque beaucoup de Siné et de Wolinski avec un tout petit peu de Reiser (non mentionné sur la couverture). Une fois de plus, il s'agit d'un recueil de dessins ne comportant pas de numéros de pages! Cela ne m'a pas empêché de m'attacher à compter les dessins respectifs. En me fiant aux têtières des pages et au style de chaque dessinateur, voici les chiffres auxquels je suis arrivé (sachant que certaines "dessins" s'étalent sur plusieurs pages (jusqu'à six pour Wolinski) à raison d'une "case" par page. Pour Siné, j'ai compté 43 pages avec un seul dessin, 5 dessins sur deux pages et une série courant sur 4 pages (total 49 oeuvres en 57 pages). Avec Cabu, j'arrive à 11 dessins monopages, 5 sur deux pages, et une série sur 5 pages (total 17 oeuvres en 26 pages). Concernant Wolinski, j'ai trouvé seulement 6 dessins monopages (les autres courent de 2 à 6 pages - dont quelques bandes "Monsieur..."), mais un total de 20 oeuvres couvrant 67 pages. Figurent encore dans l'ouvrage deux oeuvres signées Gébé (4 et 1 pages), deux dessins signés Topor, 4 apparitions de Reiser (dont une sur 4 pages), un dessin avec la Marianne de Jean Effel (?), un de Sempé (sur deux pages), et une couv' d'Hara Kiri (octobre 68). Mais aussi (mais encore) 55 pages d'affiches (?) non signées (ou dont la signature est pour moi illisible, dans au moins deux cas!). Je ne sais pas si un certain nombre ne sont pas dues à Gébé, mais je suppose qu'il en aurait été crédité dans ce cas! On en a donc pour son argent puisque j'arrive à quelque 250 pages: 171 pages de dessins, plus une quinzaine de pages de témoignages écrits des quatre dessinateurs signataires (Cabu, Siné, Gébé, Wolinski), mais aussi de Cavanna, chacun sur 2 ou 3 pages, précédés d'un dessin de Cabu... et avec, par raccroc le Professeur Choron... sur une petite page et précédé d'un dessin de Reiser. 

Après ces quelques phrases un peu (ch...) austères, place à ce qui est le plus attendu par mes lecteurs je suppose: ma petite sélection subjective de dessins...

P1120297 Horrible, ou comble de l'erreur ?...

P1120301 Siné fait écho à Cabu... à moins que ce soit l'inverse! P1120299 

P1120304 Ce dessin de Reiser évoque pour moi deux échos particuliers, datant de l'occupation de la Sorbonne en... décembre 1986, avec des textes identiques ("il y a 18 ans, papa occupait la Sorbonne"). Premier écho (un père, visage sévère et lunettes aveugles): "Petit con!". Second écho (un CRS anonyme): "Papa aussi!". 

P1120298 Bravo pour l'image Siné... graphique. 

P1120307  P1120308 Wolinski: une, deux, une, deux... 

P1120302 Siné, encore (rien à voir, mais en 1968, Albert Dubout était toujours vivant...) 

P1120306  P1120310 Wolinski et Siné. Ah, ce dégaulisme primaire, qu'est-ce que ça apparaît daté en 2021...

P1120313 Reiser et le mot de la fin

P1120300  P1120303  P1120305  P1120309  P1120311  P1120312 Je termine par les auteurs de Hara Kiri / Charlie. Dans l'ordre: Cavanna, Wolinski, Siné, Géné et Cabu (croqués par ce dernier), et même le Professeur Choron croqué par Reiser. 

Comme ce n'est pas une année-anniversaire en "zéro" ou en "cinq", il y a peu de chances qu'on s'intéresse beaucoup à "mai 68" cette année...

*** Je suis Charlie ***

7 avril 2021

Coco: nature, culture et poil à gratter - Virginia Ennor

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) surfe sur l'actualité pour rendre aujourd'hui hommage à une dessinatrice de Charlie Hebdo, Corinne Rey dite Coco. Depuis le 1er avril 2021, elle a pris la suite de Willem (autre dessinateur de l'équipe de Charlie, qui a eu... 80 ans le 2 avril!) dans Libération. J'avais déjà eu l'occasion de citer quelques-uns des dessins de Coco à l'occasion d'un article sur le recueil collectif Tout est pardonné (2015).

Coco: nature, culture et poil à gratter, l'opuscule que j'ai choisi aujourd'hui comme "point d'encrage" de ma chronique, remonte à 2016 (Critère édition, coll. Les Iconovores, 95 p.).

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Les Iconovores, collection sur les dessinateurs de presse, "réaffirme que dans un monde bousculé, la liberté d'expression est une nécessité" (extrait de la présentation en 2e de couv'). L'ouvrage, le premier de la collection, contient 88 dessins de Coco. J'ai noté avec intérêt que l'ouvrage mentionne en p.96 les références des publications pour chacun des dessins (y compris, parfois, "proposé non publié"...). J'en citerai ci-dessous moins de 10%, ceux que j'ai le plus appréciés (au regard des années 2020-2021...). Selon le texte (signé Virginia Ennor) figurant en p.5, "dessinatrice de presse, [Coco] aime penser qu'un jour les cons cesseront de pourrir la planète, de maltraiter les animaux, de tuer et de torturer des innocents, de détruire vie et nature pour de l'argent (...)".

P1120275 p.86 (qui? [en 2015, pas en 2020])

P1120277 p.37 (et, en 2016, on ne parlait même pas encore du télétravail-covid-19!). P1120276 p.35 (c'est moi qui inverse l'ordre des deux dessins)

P1120278 p.40 (je me rappelle aussi que Coco a fait, il y a quelque temps, toute une série de dessins hebdomadaires dans Charlie autour de l'Origine du monde...).

P1120279 p.51 (le 22 septembre 2014, Patrick Bruel chantait au Royal Albert Hall de Londres la chanson de David Bowie Life on mars)

P1120280 p.61 (oui! "De n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur / (...) un cri qui vient de l'intérieur!"[comme chantait à peu près Bernard Lavilliers])

P1120282 p.80 P1120281 p.71 (tout est dans le titre du dessin?)

Je finis par la préface du livre. Elisabeth Quin y évoque à bras-le-corps la journée du 7 janvier 2015 et l'irruption des deux assassins à Kalachnikov dans la rédaction de Charlie, et surtout l'anecdote navrante d'un malotru (un lourdaud) qui interpelle Coco un an plus tard en sa présence. Je suppose qu'on a dû être des milliers et des milliers à se demander ce qu'on aurait fait, soi-même, sous la menace des armes des tueurs à la porte de Charlie. Réponse impossible. Et Coco, dans cette situation, a eu la présence d'esprit de commencer par tâcher de les balader vers une fausse destination (respect!). On peut lire un entretien publié par Marianne en deux parties, les 10 mars et 11 mars 2021, où elle explique comment elle s'est reconstruite, six ans après le massacre. 

Je voulais encore rappeler que la dessinatrice, entrée à Charlie en 2008, avait été primée aux 29e et 34e Salon de la caricature et du dessin de presse de Saint-Just-le-Martel en octobre 2010 puis 2015 ("Grand prix de l'humour vache"). 

Je n'ai pas trouvé beaucoup de mentions de ce livre sur internet aujourd'hui. A l'époque, le blog de Sophie Dauphin l'avait chroniqué. On peut encore apprécier la version de Coco d'une "Colombe de la paix" qui lui avait été demandée en 2017 par le Mouvement [du même nom].

P1120273 ci-contre, ce qu'elle disait en novembre 2019 au sujet du premier dessin satirique qui l'avait marquée.

Et si vous voulez découvrir régulièrement de nouveaux dessins de Coco, achetez Libé et Charlie.

Coco_Libe_01-04-2021_p23 Libération du 1er avril 2021, p.23

Surtout, Coco, continuez à nous produire des dessins mordants! 

PS : j'ai découvert dans le métro, alors que j'allais "boucler" mon billet, la campagne d'affichage pour le récent livre de Coco Dessiner encore (éd. des Arènes) dont elle parle dans l'entretien cité ci-dessus. Voici quelques photos cintrées des deux affiches. J'aurai certainement l'occasion de chroniquer ce livre un mois ou l'autre... [chroniqué le 07/03/2022].

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*** Je suis Charlie ***

25 mars 2021

Bertrand Tavernier est décédé...

 ... et je suis triste. Je viens d'apprendre cette très mauvaise nouvelle. Il est décédé 1 mois avant ses 80 ans.

 J'ai beaucoup apprécié les films de ce réalisateur qui a été attaché de presse, critique de cinéma dans plusieurs revues et producteur de ses films. 

Justement, parmi ses films, je retiens: L'horloger de Saint-Paul (1974), Que la fête commence (1975), Le juge et l'assassin (1976), Une semaine de vacances (1980), Coup de torchon (1981), Un dimanche à la campagne (1984), La vie et rien d'autre, un chef d'oeuvre (1989), L627 (1992), L'appât (1995) et plus récemment Quai d'Orsay (2013).

Bertrand Tavernier était un passionné de cinéma en général et du cinéma américain du XXème siècle en particulier. Il a d'ailleurs écrit un ou deux gros ouvrages sur le sujet. Et on l'entendait souvent présenter des westerns ou d'autres films dans des bonus de DVD. Ce Lyonnais était aussi le président de l'Institut Louis Lumière à Lyon. Avec sa disparition, c'est une mémoire du cinéma qui s'en est allé.

Voir le petit rappel d'Ideyvonne

7 mars 2021

Cavanna, paléontologue! - Pascal Tassy

Pour mon billet mensuel autour de Charlie Hebdo, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais évoquer un livre récemment publié et que j'ai découvert parce que tant le Canard Enchaîné que Charlie Hebdo en ont parlé à sa sortie. Cavanna, Paléontologue!, de Pascal Tassy, c'est l'histoire d'une amitié débutée entre un jeune lecteur de Hara Kiri et son "grand homme", Cavanna (fondateur dudit titre de presse qui a précédé Charlie Hebdo première série). Cavanna a aussi fait partie de l'équipe qui a relancé en 1992 Charlie Hebdo (série actuelle), jusqu'à sa mort intervenue fin janvier 2014 (moins d'un an avant le massacre de tant de ses amis).  

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Je trouve que le mammouth ci-dessus a une bonne tête anthropomorphe: il pourrait faire penser au "Manny" de L'Âge de glace. Ce dessin de couverture est dû à Julien Norwood, illustrateur naturaliste, dont je suppose qu'il fait partie des connaissances professionnelles de Pascal Tassy. Né vers 1949 (25 ans en 1974...), l'auteur de l'ouvrage est aujourd'hui professeur émérite au Muséum national d'Histoire naturelle (Paris). Pascal Tassy a écrit plusieurs autres livres, que je n'ai pas lus, sur l'histoire de sa science, la paléontologie, qui s'est construite en deux cents ans (en gros) pour faire triompher le concept de l'évolution des espèces à partir de l'étude de leurs fossiles, contre les théories basées sur le fixisme, le finalisme, et bien sûr les forces conservatrices de la théologie... qui sont loin d'avoir toutes désarmé à ce jour. 

Les 171 pages du livre sont divisées entre préface et introduction, 7 chapitres et une annexe (j'y reviendrai). Assez vite, on apprend que Pascal Tassy avait commencé lycéen à lire Hara Kiri puis Hara Kiri Hebdo devenu Charlie Hebdo en 1970. Il y dévorait entre autres les écrits de Cavanna, et a eu le culot de l'inviter à sa soutenance de thèse (qui concernait un squelette de mastodonte de 17 millions d'années découvert dans la Beauce), au motif d'un rapprochement hasardé en novembre 1973 par Cavanna sur mastodonte, mammouth et éléphant. Car Cavanna n'a pas seulement rédigé (ou romancé) ses souvenirs, à commencer par les Ritals, les Ruskoffs et autres titres - qu'il faudra que je lise ou relise un jour pour en tirer quelques billets (auteur prolifique, sa blbliographie complète comprend près d'une soixantaine de titres au total!). Il rédigeait notamment dans Charlie une chronique, "L'aurore de l'humanité", qui deviendra une série de trois livres parus de 1972 à 1977. Ou des billets sur des sujets variés, dont je donnerai une seule citation (page 27): "grâce à l'humour, l'homme supporte avec le sourire le malheur des autres". Bref, cette soutenance de thèse a marqué le début de quatre décennies d'amitié et de retrouvailles, pour un resto, pour bavarder... Car "l'évolution biologique passionnait Cavanna. Autant les avancées de la recherche que les attitudes anti-évolutionnistes." (p.47). P. Tassy n'hésite pas à dire que Cavanna était particulièrement fier de la chronique scientifique assurée tour à tour par plusieurs "signatures" dans Charlie seconde époque. 

Au moment de la fin de Charlie première époque en décembre 1981, Pascal Tassy était sur le terrain (de fouille), au Kenya. Il n'a donc vécu qu'à distance la fin de l'hebdomadaire dont il était un acheteur assidu et bien connu. Il nous brosse quelques pages (chapitrées "Interlude") pour rappeler que, comme le disait Cavanna, si l'hebdo a pu vivre grâce à Choron, il est mort aussi grâce à Choron... Le livre contient nombre d'indications bibliographiques en notes de bas de page sur l'histoire de Charlie.

Le nom de Cavanna revient pratiquement à chaque page. Mais ce livre est aussi le prétexte pour l'auteur de parler de son activité, de l'évolution de son métier, de sa propre carrière... On peut (malheureusement?) le croire quand il dit (p.49): "aujourd'hui, un bon chercheur c'est, avant tout, quelqu'un qui sait obtenir des crédits". L'auteur nous parle aussi de sa discipline, qu'il vulgarise avec précision. C'est évidemment l'occasion de parler de changements climatiques, changement de biotopes, extinction des espèces trop spécialisées et qui n'ont pas le temps de s'adapter ("stress écologique"), mais aussi extermination d'espèces, indéniablement, par l'homme (dodo, rhytine, entre autres). Bien sûr, en fait de paléontologie, ce qu'à mon avis l'auteur fait le plus ressortir, volontairement ou non (j'ose supposer que c'est volontairement), c'est le côté "humaniste" de Cavanna. Leurs discussions à bâtons rompus pouvaient porter sur bien des sujets ou questions quasiment philosophiques: citons, incidemment, la nécessité de faire en sorte d'empêcher (y compris en France) la dissociation de la médecine en médecine pour riches et médecine pour pauvres.

Ils avaient un projet de livre à écrire ensemble. La maladie n'a pas laissé à Cavanna le temps de le faire... En annexe, la retranscription d'une interview de Tassy par Cavanna, prévue pour les pages "sciences" de Charlie et restée inédite (il aurait fallu en couper les 9/10e!) occupe 55 pages (près du tiers de l'ouvrage). Ah, et il arrivait à Cavanna de dessiner, aussi. Je ne citerai qu'un des quatre dessins de lui que comporte ce livre (p.113).

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Pour résumer, il est question ici d'histoire des sciences, de rapports de l'homme avec la nature, de philosophie et de liberté de conscience, au fil de deux carrières entrecroisées... Je recommande ce livre.

*** Je suis Charlie ***

14 février 2021

Film vu en DVD en attendant la fin du couvre-feu et la réouverture des cinémas (10): Meurtre par décret - Bob Clark

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Ce billet me permet de rendre hommage à Christopher Plummer (1929-2021) qui interprète Sherlock Holmes. Dans Meurtre par décret de Bob Clark (1979), on demande à Sherlock Holmes, qui joue du violon et se drogue à l'occasion, d'enquêter avec John Watson (James Mason) sur les crimes horribles perpétrés en 1888 par Jack l'Eventreur, que la police n'arrive pas attraper. Quand le film débute, quatre des cinq victimes de Jack ont déjà été assassinées. Il ne reste que plus que Mary Jane Kelly, qui est morte de peur, car elle cache un secret qui va lui coûter la vie. Le scénario du film est tiré de deux ouvrages The Ripper File" (Le dossier Ripper) d'Elwyn Jones et John Lloyd, et Jack the Ripper : The Final Solution (Jack the Ripper : La solution finale) de Stephen Knight. On apprend que les cinq victimes se connaissaient. Une sixième femme a un rôle central dans l'histoire: Annie Crook, une jeune femme catholique qui n'aurait pas dû tomber amoureuse et avoir un enfant avec un personnage très haut placé. Le film évoque un peu l'arrière-plan social de misère dans l'East End où les gens de la haute société venait s'encanailler. Holmes est aidé par un médium, Robert Lees (Donald Sutherland), qui a eu des visions de Jack l'Eventreur. Il faut noter que le film ne fait pas peur, même s'il y a des moments inquiétants. Sans rien dévoiler d'autre, je peux vous dire que Jack l'Eventreur n'agissait pas seul. Comme beaucoup d'histoires se passant à Londres à la fin du XIXème, le brouillard est omniprésent, alors qu'a priori, les jours des meurtres, il n'y avait de brouillard. L'histoire, racontée telle quelle, a été reprise dans From Hell d'Alan Moore et en a inspiré d'autres comme Patricia Cornwell. Pour en venir à Christopher Plummer, je l'ai trouvé très bien dans son rôle qu'il arrive à humaniser. A un moment donné, il a même les larmes aux yeux. Il est moins sec et cassant que dans les romans de Conan Doyle. Un bon film que j'ai beaucoup de plaisir à revoir, 41 ans après sa sortie.

Pour conclure sur Christopher Plummer, l'acteur le plus âgé à avoir eu un oscar comme le relevait Ideyvonne, je retiens surtout ses seconds rôles dans quelques films: L'homme qui voulut être roi, Millenium: les hommes qui n'aimaient pas les femmes, La mélodie du bonheur, A couteaux tirés, Tolstoï, le dernier été ou Beginners...

7 février 2021

Qui a tué l'écologie? - Fabrice Nicolino

Ce mois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) m'étais dit que je pourrais facilement écrire un article en piochant dans mes stocks de bouquins achetés durant les six dernières annnées. Une petite phrase dans Charlie N°1488 du 27/01/2021 m'avait orienté vers une piste. Chroniquer (après l'avoir relu) mon "livre du jour", écrit par Fabrice Nicolino plusieurs années avant d'être blessé dans l'attentat contre Charlie Hebdo, s'est avéré plus ardu que je ne l'imaginais (j'ai déjà présenté plusieurs de ses bouquins).

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Qui a tué l'écologie? se présente comme un pamphlet, datant déjà de 2011, publié il y a dix ans aux éditions LLL (Les liens qui libèrent). Mon propre exemplaire a été imprimé en "poche" en février 2012 (collection Points, N°P2771, 307 pages). Cela reste un livre à lire, pour décryptage de pratiques (et) de manipulations toujours à l'oeuvre à l'heure actuelle. A l'époque, il visait (entre autres) la mascarade qu'avait constitué le "Grenelle de l'environnement" porté sur les fonts baptismaux par Nicolas Sarkozy, en septembre 2007. Cet ouvrage polémique, dur et désespérément pessimiste, déconstruit aussi Jean-Louis Borloo (et Brice Lalonde en passant, p.38), mais également NKM (Nathalie Kosciusko-Morizet). Je vais tout de suite "tuer le suspense" du titre en disant qu'il s'essuie sérieusement les pieds sur les quatre ONG qui ont été les interlocuteurs de l'industrie lors du Grenelle, à savoir Greenpeace, le WWF France, FNE (la fédération France Nature Environnement), sans oublier la Fondation Nicolas Hulot - le bandeau rouge le dévoilait déjà! 

Fabrice Nicolino plante rapidement un décor historique en montrant que, depuis le XIXe siècle, la "protection de la nature" a été accaparée par des personnages qui, soit étaient en rapport proche avec les pouvoirs officiels, soit faisaient montre d'une certaine naïveté (niaiserie?) à son égard en en appelant à lui. J'ai ainsi eu la mémoire rafraîchie sur les circonstances de la protection de la forêt de Fontainebleau. Sous le Second Empire, les "milieux artistiques" s'étaient montrés plus efficaces que les officiels "protecteurs de la nature". A noter qu'aujourd'hui, sur Wikipedia, ni l'article "Autoroute A6" ni l'article "Forêt de Fontainebleau" ne s'épandent sur l'histoire de la construction de l'autoroute à travers cette forêt telle que racontée par Fabrice Nicolino (dans l'article sur la forêt [consulté le 7 février 2021], il est mentionnée qu'elle est "fragmentée", entre autres par l'A6 depuis 1964...).

Les chapitres 2 à 6 reprennent l'histoire des ONG citées ci-dessus, capables de s'attribuer indûment telle ou telle action a posteriori, de taire fort pudiquement la liste de leurs dirigeants successifs ou de leurs financeurs privés... Ainsi, Nicolino rappelait, dans le récent N° de Charlie que j'ai cité plus haut, qu'il avait mis la main, en préparant ce livre paru en 2011, sur un document listant, pour l'année 1987, les grands donateurs du WWF rassemblés dans le discret "Club des 1001" (où figuraient, entre autres, Robert McNamara ou Mobutu). Par ailleurs, la perméabilité entre un poste de Président ou de directeur général d'une telle ONG, une carrière de politicien-ne, voire un siège dans telle ou telle instance publique ou au service de l'industrie, est démontrée par des exemples, biographies à l'appui. 

Au-delà du seul exemple du Grenelle et des sujets qui y ont été, ou plutôt qui n'y ont pas été, abordés (ou des associations qui n'y ont pas été invitées), l'auteur traite la question de la désinformation et de l'escroquerie intellectuelle que représente l'apparition du vocable "développement durable", présenté comme la mise à jour du discours d'après-guerre de Truman, lorsqu'il s'agissait de défendre les intérêts américains, sous couleur d'aider au "développement" des pays du Sud en leur faisant miroiter le mode de vie américain et en leur prêtant les fonds pour acheter les produits de la (future) société de consommation. Il explique également la différence sémantique entre "environnement" et "écologie" (p.183): "L'environnement place l'homme au centre de la vie sur terre et s'intéresse à ce qui peut nuire à ses projets grandioses de bâtisseur. L'écologie considère, elle, l'équilibre des écosystèmes, dont dépend tout le reste, donc le sort de l'humanité".

Il est bien sûr difficile de mentionner l'intégralité des sujets abordés. J'ai relevé l'opacité du choix des personnes invitées à participer aux différentes Commissions (Fabrice Nicolino n'évoque pratiquement pas le rôle des "groupes de travail" qui devaient élaborer des propositions entre les "séances plénières" du Grenelle, un aspect souvent capital dans ce genre d'instance). Le poids, dans les décisions d'aménagement et d'infrastructures en France, des ingénieurs des Mines, des Ponts et chaussées, des Eaux et Forêts... qui regardent passer les ministres éphémères en s'investissant dans des projets à long terme (et pas vraiment au bénéfice des petits oiseaux, des abeilles ou des crapauds), est, lui, mis au jour. L'auteur insiste aussi, à plusieurs reprises, sur le scandale que peut constituer le développement des "biocarburants" (pour nos bagnoles) alors qu'un milliard d'êtres humains souffrent de malnutrition. 

Au moment de la parution du livre, Jean-Louis Borloo (quelque peu démonétisé, en 2021) avait été évoqué comme possible Premier Ministre voire candidat à la Présidence de la République. Fabrice Nicolino se fait un malin plaisir de rappeler ses promesses de naguère autour de la Maison à 100 000 euros. Nicolas Hulot (qui n'avait pas encore été ministre, mais proche de plusieurs Présidents ou candidats), est égratigné ainsi que son "Comité de veille écologique" créé en 2000, et mis au niveau des écologistes qui se font toujours "avoir": "parler, parler, parler, quand (presque) rien d'autre n'a été fait, et ne surtout pas agir. Encore moins affronter" (p.124-125). Côté franco-français, je relèverai encore que Nicolino donne les références précises d'une citation de l'ultralibéral Denis Kessler (écrite dans Challenge, le 04/10/2007), que je vais recopier du livre [points de suspension entre crochets compris]: "C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception [...] Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance!". 

Bref, on ressort de la lecture de ce pamphlet, bourré de rappels utiles, un peu désabusé (au sens strict, c'est bien le but du livre), mais aussi avec la curiosité de se renseigner (internet est notre ami!) pour savoir ce qu'il en est, en 2021, de telle ou telle situation décrite, de tel ou tel avertissement émis, du non-respect des promesses passées, qui peuvent augurer du respect (à venir) de promesses faites cette année... Lisez-le donc.

PS1: les algorithmes qui gouvernent les moteurs de recherche ne font pas aujourd'hui remonter énormément de chroniques de cet ouvrage sur des blogs (j'ignore bien entendu ce qu'il en était en 2011). J'ai en tout cas trouvé trace, entre autres blogs plus ou moins professionnels, d'une chronique en avril 2017 sur le blog "Un jour un livre" de Jean-Michel Sady, bibiothécaire et écocitoyen très engagé (blog à l'abandon depuis 3 ans). Ou encore du blog de Laurent Samuel (à l'abandon depuis octobre 2015). Je rajouterais le "fantôme" d'une critique sur un blog qui s'appelait "ChezFab" en 2012 (mais il semble que l'article original ne soit plus en ligne et je ne suis pas certain que le nom de blog appartienne aujourd'hui à la même personne...). Le blog belge ExtraPaul en parle aussi. Citons encore le blog de Jean-Charles Houel (militant à Louviers) ou celui de Folfaeries. Et même ce qu'en disait F. Nicolino sur son propre blog à l'époque...

PS2: suite à la question de Miriam ci-dessous, je précise que ce "livre-coup de gueule" (dont certaines pages avaient été rédigées dès septembre 2010) reste valable pour tout ce qui touche l'éclairage des positions des uns et des autres (personnes morales ou personnes physiques) en rappelant les évolutions sur le temps long (plusieurs décennies parfois). Bien évidemment, il ne prend pas en compte ce qu'il s'est passé depuis sa parution, et c'est en ce sens que chacun doit faire l'effort de l'actualiser...

*** Je suis Charlie ***

7 janvier 2021

Le Rire de Cabu - Exposition (à la Mairie de Paris) & Livre

En ce 7 janvier 2021, six ans se sont écoulés depuis le massacre de Charlie Hebdo. 12 personnes ont été assassinées ce jour-là. Je leur ai rendu, je leur rends et leur rendrai hommage le 7 de chaque mois. Mais cette fois-ci encore, mon billet concerne Cabu.

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) m'étais rendu à l'Hôtel de Ville de Paris pour visiter l'exposition Cabu quasiment dès son ouverture, le 9 octobre 2020. Et puis il y a eu le deuxième confinement (à partir du 30 octobre), ce qui m'a empêché d'en tirer un article pertinent. 

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En ce début 2021, j'ai cru comprendre en regardant ce qu'il en était aujourd'hui que l'exposition, qui devait avoir lieu initialement du 9 octobre au 19 décembre 2020 (voire au 9 janvier 2021), serait relancée, ou réactivée, sur une nouvelle période, à compter du 12 janvier 2021. Mais avec le report plus ou moins sine die de la réouverture des "lieux culturels", pas sûr que ces dates soient toujours d'actualité...

Je n'ai en tout cas jamais reçu réponse du service de presse aux trois mails où je leur demandais des informations un peu plus spécifiques que ce qui figurait sur les outils de communications "officiels" (dossier de presse...). J'aurais aimé informer mes lecteurs sur l'historique de ce projet d'exposition (quand l'idée en est-elle née? Qui est à l'iniatitive du projet [Mairie, ou ayants droit de Cabu]? A quelle date le Conseil de Paris a-t-il eu à se prononcer sur cette exposition?), sur la synchronicité (sans doute volontaire) avec le procès des attentats de janvier 2015 (lui-même retardé par la crise de la Covid-19 [procès que la presse annonçait en juin 2019, sauf erreur de ma part, pour entre avril et juillet 2020]), et pouvoir donner de vrais éléments d'information chiffrés (nombre de visiteurs espérés ou attendus [avec ventilation entre scolaires et grand public], chiffres réels de fréquentation, comparaison avec d'autres expositions de ces dernières années à la Mairie de Paris [Exode de 1940, Libération de Paris...], et enfin budget de cet événement gratuit [c'est-à-dire payé par d'autres que ceux qui l'utilisent / le visitent]). Je dois donc me passer d'une réponse écrite dont j'aurais pu vous faire part. 

Par contre, je viens de découvrir la possibilité de visiter via internet, "virtuellement", l'exposition en ligne: la voix de Véronique Cabut nous y accueille en disant qu'Anne Hidalgo avait souhaité cette exposition dès janvier 2015. Bien entendu, pour ma part, j'ai préféré la visiter en présentiel (à la période où cela a été possible). 

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En ce qui, maintenant, concerne le livre, je me le suis procuré la veille du deuxième confinement (fin octobre 2020).

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Le Rire de Cabu, 194 pages, éditions Michel Lafon, 2020

Il se présente comme le catalogue de l'exposition. Parmi les différents textes introductifs (signés par Riss, par Jean-Luc Porquet [biographe], par Jean-François Pitet [commissaire de l'exposition]), je vais citer celui de Véronique Cabut: "Cabu était un homme libre. Il nous reste ses dessins, il me reste à construire sa mémoire. Visionnaire, il l'était. Il avait tout compris de notre époque et savait plus que personne anticiper les débats actuels. Le dessin de presse satirique est un élément essentiel de notre culture et de notre environnement démocratique. C'est sans doute pourquoi Cabu mettait autant de passion et d'énergie à le défendre avec talent, sans jamais sacrifier son humour. A travers cette exposition dont le principe était acté dès 2015 par Anne Hidalgo, la maire de Paris, une évidence commune s'est imposée: faire rire!". 

L'exposition débute avec la reconstitution de l'atelier de travail de Cabu, et nous présente sa célèbre (?) automobile "de collection", amenée sur place en tôle et en pneus.    

P1120158 le rabat de la 2e de couv' se déplie...  

P1120162 p.63, évocation de la "Trèfle" de Cabu

J'ai trouvé dans le livre les documents vus affichés en reproduction (ou "en original" dans des vitrines). Lorsque j'avais fait la visite, la circulation était suffisamment fluide pour qu'on puisse rester devant chaque dessin plus longtemps que devant la Joconde au Louvre. Je pense que j'avais bien dû y passer 90 minutes. Je vous cite ci-après quelques-uns des dessins que j'avais appréciés "en vrai". 

P1120160 p.21. C'est vrai que ce dessin date un peu (1986 - 35 ans): aujourd'hui, les habitants de la France doivent être quelque 67 millions. Mais la question (im)pertinente reste inchangée. 

L'exposition donnait aussi à voir et à entendre "en boucle" le témoignage d'un des protagonistes du canular Strasbourg-Paris en 1959, monté en sa ville natale de Châlons par le jeune Cabu avec deux complices. 

Le montage de trois dessins ci-dessous m'a parlé: combien de bourgs ont été "tués" par la déviation de la route nationale qui les traversait? Mais les conséquences vont encore plus loin, pour Cabu... 

 P1120164 p.97.

L'exposition comme le livre ambitionnent de rappeler tous les aspects d'une carrière de dessinateur de presse débutée dans les années 1950.   

P1120163 p.72. Cette seconde partie de "calendrier selon Cabu" était restée inédite car elle n'avait pu être diffusée dans l'émission Récré A2 (faute de temps) le 31 décembre 1981 (il y a près de 40 ans). 

P1120161 p.23. En 2022, la question de savoir quelle France nous voulons (celle des Beauf, ou pas) se posera sans doute une fois encore...

En conclusion, un livre (à défaut d'exposition) qui ambitionne de faire découvrir Cabu et ses sujets de prédilection à qui ne le connaissait pas, avec entre 300 et 350 documents et dessins, dont quelques inédits. La plupart sont "copyright V. Cabut", bien sûr.

A toutes fins utiles, je vous renvoie au dossier de presse officiel de l'exposition. Enfin, nettement plus intéressant, on peut aussi trouver la mise en ligne de ses planches exclusives pour la Mairie de Paris (collaboration à 50 numéros du magazine A Paris, entre 2002 et 2014). 

*** Je suis Charlie ***

7 décembre 2020

Les Falaises - Wolinski

Le procès des attentats de janvier 2015 vient tout juste de reprendre après avoir été suspendu pendant des semaines pour cause de Covid-19. De mon côté je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) poursuis sans interruption mes hommages mensuels par, cette fois-ci, un billet sur un recueil de dessins de Wolinski, que je m'étais procuré il y a déjà plus d'un an et demi.

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Les Falaises
, 159 pages, Seuil, novembre 2018 (copyright Maryse Wolinski, pour les dessins). En 4e de couv', ces 5 lignes: Georges Wolinski a tout au long de son travail porté un regard à la fois léger et mélancolique sur la vie. Ses dessins de falaises témoignent de ce regard. Falaises mythiques de son oeuvre, dont il affirmait: "Tout Wolinski est dans les falaises".

Ce recueil, je l'avais acheté à Touques en mai 2019 (6e Salon du dessin de presse - exposition Wolinski & Dubout). Il est constitué d'une sélection thématique posthume ("l'idée du livre revient à Maryse" selon la "note de l'éditeur" qui ouvre l'ouvrage)? Je ne suis pas pleinement convaincu par les onze pages de préface d'Elisabeth Roudinesco (psychanalyste!) quand elle parle de la falaise selon Wolinski. Je dois cependant remarquer que trois des dessins qu'elle cite expressément figurent aussi dans mon "choix subjectif de citations" ci-dessous. Certains dessins sont plus célèbres que d'autres. Pour ma part, n'étant pas de la force d'une Elsa Cayat, les euphonies "à l'aise", "malaise" ou "balèze" qu'on pourrait mettre en lien avec le mot même de "falaise" ne me font pas "penser" à grand-chose... Je ne m'interdis bien entendu pas les anachronismes (les dessins ne sont le plus souvent pas datés).

P1120121 p.83: c'est un "Monsieur" qui râle?

P1120122 p.93: le haut lieu serait (aussi) dans la tombe...?

P1120129 p.151: ce dessin daterait de 1987, selon la préface... Aujourd'hui, c'est une "tablette" (de la loi...) qui serait à jeter, et plus un minitel?

P1120124 p.111: bien vu quant au refus de l'assistance.

Problemes_p140 p.140: en 2020, il paraît que le confinement peut amener des "remises en question" chez les couples?

P1120128 p.23: c'est dur de se comprendre, de bas en haut...

P1120126 p.149: un dessin hélas trop connu... 

P1120127 p.103: 2015, la mise en selle (au bord du gouffre?) d'un de nos deux anciens Présidents désormais... Mais qui est ce rapace (qualifié de vautour par Elisabeth Roudinesco)?

Au total, l'ouvrage présente plus de 75 dessins (surtout si l'on compte que certaines planches sont composées de nombreuses vignettes). Il faudrait quand même m'expliquer l'utilité de publier 39 "pages de gauche" vierges de tout dessin (pages blanches à part le numéro de page...). L'oeuvre publiée par Wolinski de son vivant compte bien d'autres dessins "falaisiens" qui auraient aussi pu figurer dans ce livre! Je vous en mets un des premiers qui me soit tombé sous les yeux lorsque je vérifiais... et je crois en connaître quelques autres dans les albums que je possède (je ne les ai pas tous reparcourus).

P1120119 A bas l'amour copain (1980), p.41.

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En vrac et encore en lien avec l'actualité, je vous extrais trois dessins non-falaisiens mais signés Wolinski d'un album daté d'avril 1995: Nous sommes en train de nous en sortir.

P1120130 A l'époque de ce dessin daté de 1994, je pense que le personnage de dos était donc le Président François Mitterrand... (on croirait du Sempé!).

1988: Giscard après l'avoir été, Chirac avant... P1120131

Valéry Giscard d'Estaing vient de mourir (à 94 ans, plus de 39 ans après avoir perdu l'élection présidentielle de 1981 à la fin de son septennat). Je suppose que, comme cela s'était passé à l'occasion du décès de Jacques Chirac, le prochain numéro de Charlie (mercredi 9 décembre 2020) contiendra le florilège des "couv'" sur lesquelles VGE a été représenté...

Désormais, il ne nous reste plus que deux anciens Président de la République (dont l'un a été battu à la fin de son quinquennat et l'autre n'a pu se représenter - cf. dessin "2015" des Falaises). Enfin, peut-être peut-on même déjà dire... deux et demi (même si l'actuel n'est pas / n'a pas encore terminé!).

P1120132 Et de notre crise de 2020, sommes-nous en train de nous en sortir?

*** Je suis Charlie ***

23 novembre 2020

Mot-à-mots - présentation d'Alex-mot-à-mots (à l'occasion de ses 500 commentaires chez Dasola)

Voici une septième "mise à l'honneur" pour une blogueuse venant de faire son 500e commentaire sur le blog de Dasola (1). Alex-mot-à-mots a mis un peu plus de dix ans et demi pour franchir cette étape, puisque son premier commentaire ici remonte au 24 avril 2010 (plus de trois ans après les débuts du blog de dasola). Je (ta de loi du cine, squatteur et statisticien de dasola) lui ai aussimot, pardon, aussitôt, demandé si elle accepterait de se prêter aux quelques questions-réponses habituelles. En un week-end, ça a été fait!

Aujourd'hui, je n'oserais pas pronostiquer si le prochain témoignage viendra d'1 blogueur.euse ayant déjà accumulé plus de 400 commentaire chez dasola, ou, qui sait, plutôt de l'une de celles qui "progressent" désormais au rythme de 80 à 100 nouveaux commentaires par an...

Mais pour le moment, je vous souhaite une bonne lecture des réponses de Alex-mot-mots ci-dessous!

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Mot-a-Mots Bonjour Alex-mot-à-mots, pour que les lecteurs comprennent qui vous êtes, pouvez-vous vous présenter ? Derrière ce pseudonyme, pouvez-vous nous livrer quelques éléments biographiques?

Alex, 47 ans, mariée, deux enfants de 17 et 14 ans. J’habite à la campagne mais j’ai grandi dans une petite ville chargée d’histoire romaine. 

Avez-vous fait des études ou exercé une profession ayant un rapport avec la littérature ou l'art?

J’ai fait des études de lettres et travaille maintenant au milieu des livres. 

* Parlons un peu de vous et de votre blog: Mot à mots. Dans quelles circonstances avez-vous souhaité le créer? Vous utilisez aujourd’hui la plateforme « wordpress » (depuis février 2015), pourquoi avoir quitté la plateforme « canalblog »? Quid de l’achat du nom de domaine ?

J’ai commencé à bloguer quand mon premier fils est né, en 2003. Ma mère était partie travailler à Nouméa, c’était une façon de lui envoyer des photos et des nouvelles. Puis mes enfants ont grandi, ma maman est revenue, mais j’avais pris goût au blog.
Comme mes enfants grandissaient, j’ai pu de nouveau trouver du temps pour lire. J’ai alors décidé d’ouvrir un blog sur mes lectures (et un peu sur le thé, ma seconde passion).
J’ai commencé historiquement sur Canalblog, mais à cause de nombreux problèmes généraux sur cette plate-forme, j’ai d’abord migré sur Wordpress gratuit, puis sur Wordpress payant grâce à mon mari.
Eh oui, mon mari est aussi gestionnaire d’un blog de tekno (https://larajtekno.info/). C’est lui qui a payé le premier abonnement, et qui m’a parrainé.

* Vous n'y parlez pratiquement pas d'autre chose que de livres, à la notable exception des thés présentés sous la catégorie « A l’heure du chapelier fou »: pourquoi?

Parce que ma vie privée ne regarde que moi. Si vous voulez en savoir un peu plus, il faut me suivre sur les réseaux sociaux (ou je ne raconte rien de passionnant).
Je n’ose pas parler des films, ne me sentant pas encore assez à l’aise.
Parfois, je fais un article sur une fête du livre, mais en ce moment, c’est assez calme.
Toutefois, étant une adepte du Zéro déchet (dans la mesure du possible), dans le menu, vous trouverez des pages sur mes recettes ZD.

* La catégorie « En passant » semble, elle, rassembler des billets sur des livres «tombés des mains» ou sur des sujets divers… ?

En effet, il m’arrive d’abandonner des lectures peu à mon goût. Je les rassemble dans un même billet en expliquant succinctement pourquoi je les ai lâchement laissé tomber.

* Votre blog ne comporte aucun autre « index » de tous les livres chroniqués que l’initiale du nom de l’auteur ou bien le mois de rédaction (colonne de droite) : ni par genre de littérature, ni par pays… Pourquoi ce choix ?

Cela aurait fait une colonne de droite trop longue à mon goût. Question d’esthétique uniquement. Et puis, quand je cherche sur d’autres blogs ayant ces classements, je ne m’y repère pas.

* En ce qui concerne la lecture: quel est votre but avec ce blog ? Débroussailler le champ immense des lectures possibles, faire partager vos émotions de lectures…?

Egoïstement, ce sont d’abord des fiches de lecture en fonction des livres que j’ai envie de lire à certains moments : rentrées littéraires, festivals du polar…. L’envie de faire découvrir d’autres titres, d’autres auteurs parfois.

* En moyenne et à titre indicatif, combien lisez-vous de bouquins par mois? Et pour rester dans les chiffres, quelle est la moyenne de fréquentation de votre blog par jour?

Désolé Ta d loi du ciné, aucune statistique chez moi, ça a tendance à me déprimer ;-)

* Quelle blogueuse êtes-vous ? Challenges, tag, swap… Jouez-vous à ces jeux émérites ?

J’ai eu fait des swaps, challenges et autres tags. Mais je me suis aperçu que je ne lisais pas les réponses des tags des autres bloggueuses.eurs. Certains swaps m’ont déçu. Je ne participe plus non plus à des challenges, je préfère lire au gré de mes envies. Quant aux différents jeux, je n’ai dû gagner qu’une seule fois, alors je n’en fais plus non plus.

* Vos commentaires consistent en général en une phrase ou deux (courtes) : vous privilégiez la concision ? Mais vous répondez toujours aux commentaires chez vous?

C’est mon esprit de synthèse qui ressort, désolée !
Oui, je réponds toujours aux commentaires, c’est un signe de politesse.

* Question très intéressée : pourquoi et comment est réalisée la page de la liste des blogs visités (https://www.netvibes.com/motamots#LECTURES sur https://www.netvibes.com/fr)?

J’ai créé un compte Netvibes (agrégateur de flux) dont je me sers pour aller visiter les blogs amis. J’ai ensuite mis le lien sur Wordpress.

* En tant que lectrice, comment vous définiriez-vous? La lecture tient-elle un rôle important dans votre vie?

La lecture tient un rôle important, évidemment, mais moins qu’il y a quelques années ou je me jetais littéralement sur tout ce qui avait la forme d’un livre. Avec l’expérience, je sélectionne mieux mes lectures.

* Combien de temps consacrez-vous à la lecture chaque jour?

Cela dépend : beaucoup les week-ends, et à peu près une heure par soir (sauf en cas de grosse fatigue). Je lis beaucoup également pendant les vacances. Mes articles paraissent tous les 2 jours, mais c’est parce que mes billets sont programmés.

* Salons du livre, rencontres avec les auteurs et séances de dédicaces … Les recherchez-vous?

Quand j’en ai envie et seulement pour découvrir des auteurs. Les têtes d’affiche pour lesquels il faut faire la queue ne me disent rien.

* Votre endroit favori pour lire?

Mon fauteuil spécial devant la fenêtre, avec mon repose-pieds et mon plaid. La table pas loin pour poser ma tasse de thé.

* Etes-vous plutôt livre papier ou liseuse électronique?

Les deux, mon capitaine. J’emprunte également beaucoup à ma BM, car ma carte-bleue me dit souvent non.

* Comment choisissez-vous vos lectures? (bouche-à-oreille, cadeau, article de presse, hasard…)? Avez-vous un genre favori? Un auteur – vraiment – préféré?

J’ai la chance d’avoir une bonne librairie dans la grande ville à côté de chez moi ; de faire partie d’un groupe de lecture dans lequel nous échangeons nos découvertes. Certains blogueurs sont également de très bon conseil.
Un genre favori : j’aime souvent retourner vers le polar.
Un auteur vraiment préféré ? Après réflexion, je dirais Louise Penny et son personnage Armand Gamache. Chaque tome de la série (qui en compte une quinzaine) est passionnant à lire.

LOUISE PENNY UN BEAU MYSTERE

* A quoi êtes-vous sensible lorsque vous avez un livre en main?

A l’atmosphère qui se dégage des pages. Si l’auteur.trice a su créer une atmosphère, c’est gagné.

* Offrez-vous des livres? Si oui comment les choisissez-vous?

Rarement, je préfère les échanges. J’en offre ceci dit beaucoup à mes enfants sur leurs sujets de prédilection.

* S’il ne fallait en retenir qu’un? Quel livre vous a le plus profondément marquée, parmi tous ceux que avez pu lire?

Incontestablement : Les frères Karamazov de Dostoïevski. Lu quand j’étais ado, le roman m’avait fait forte impression : la psychologie des personnages, le tragique de l’histoire, et cette ambiance glauque sans hémoglobine.

LES FRERES KARAMAZOV

* Avez-vous un souvenir (bon ou mauvais) marquant d’une lecture enfantine ou adolescente?

Enfantine, non : je ne trouvais aucun intérêt aux histoires.
Et puis j’ai découvert Sherlock Holmes. Même si à l’époque je ne comprenais pas grand-chose à l’intrigue, j’adorais l’ambiance londonienne et le personnage tourmenté.

* Comme d’autres «dévoreuses de bouquins», êtes-vous vous aussi tentée par l’écriture?

Absolument pas. C’est un vrai métier qui doit partir des tripes parce que l’on a quelque chose à dire.

* Vous rappelez-vous comment vous aviez découvert le blog de Dasola? (réponse facultative!)

Ca remonte à tellement longtemps ! Sans aucun doute un excellent conseil de lecture. J’aime beaucoup les billets sur les polars (j’en ai découvert quelques-uns grâce à Dasola, mercis).

* La question suggérée par Dominique: "êtes-vous parfois tentée d'arrêter le blog?"

Ca m’arrive. Jusqu’à présent, je l’ai mis en pause, plus ou moins longues. Mais j’y reviens toujours. La littérature est vraiment essentielle à ma vie, même si parfois j’en ai marre de lire (souvent après un mauvais bouquin). Mais j’y reviens toujours.

* Un dernier mot pour conclure cet échange? Quelle autre question auriez-vous voulu que l'on vous pose?

Je ne sais pas qui m’aura lu jusqu’au bout….
Merci, Ta d loi du ciné, pour cette mise à l’honneur. 

Mot-a-mots_2

 

(1) Ci-dessous les six témoignages précédents (avec leur nombre de commentaires lorsqu'elles-ils avaient témoigné, et aujourd'hui):
Dominique (de A sauts et gambades) le 28 avril 2017 (500 => 659)
Aifelle (le goût des livres) le 25 octobre 2017 (750 => 1026), 
Maggie (Mille et un classiques) le 12 août 2018 (600 => 759) 
Ffred (le ciné de Fred) le 23 octobre 2018 (500 => 537).

Keisha (en lisant en voyageant) le 26 avril 2019 (500 => 570)
Matching points "pour les femmes mais pas seulement" le 12 mai 2020 (500 => 533)

7 novembre 2020

Charlie Témoignage: se réveiller dans un sarcophage en janvier 2015 - Simon Fieschi

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Je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) n'avais encore jamais trouvé l'occasion de rendre directement hommage, dans mes chroniques mensuelles, à l'un des membres de l'équipe de Charlie Hebdo qui s'est sorti vivant (mais grièvement blessé) de l'attentat du 7 janvier 2015. Dans Charlie Hebdo N°1474 du 21 octobre 2020, pp. 14-15, j'ai découvert le témoignage de Simon Fieschi sur l'après-attentat, premier article de lui que j'ai lu dans le journal (sauf erreur de ma part), illustré par cinq dessins en "regard subjectif" de Riss.

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Simon Fieschi, webmestre de Charlie et abattu à son bureau le 7 janvier, est sorti du coma le 14 janvier 2015 seulement. Très gravement blessé (une balle de fusil de guerre kalachnikov lui avait non seulement traversé le poumon mais aussi endommagé la colonne vertébrale), il était alors intégralement paralysé, sous respiration et alimentation artificielles. Son article raconte la douleur, ou plutôt les douleurs... au point de rêver au moyen de se suicider (alors que gisant incapable de quoi que ce soit seul), les délires, le désespoir de ces longues semaines vécues alité. 

Chaque mot de cette double-page est pesé et compté, même s'il s'agit d'un vécu personnel, intériorisé et intransmissible (cela transpire dans le texte lui-même), et je souhaite d'abord et surtout en signaler l'existence, pour que d'autres que moi puissent la lire. J'ai trouvé l'intégralité du texte publié en ligne et mis à disposition (en tout cas ces jours-ci) sur le site internet du journal

Je vais juste en citer un petit paragraphe: "Pendant plus d'une semaine, je n'ai eu qu'un pied dans le royaume des vivants. Quand j'apprends que nous avons été attaqués par al-Quaida, que tout le monde est mort, que les cloches de Notre-Dame ont sonné pour Charb, Cabu et les autres, que notre petit Charlie a rassemblé 4 millions de personnes et réalisé la plus grande vente de l'histoire de la presse française, ça devient difficile de distinguer entre la réalité et les hallucinations". 

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Jusqu'à présent, j'avais uniquement relevé que Philippe Lançon avait évoqué Simon Fieschi dans quelques pages du livre Le lambeau en parlant de leur séjour commun à l'hôpital des Invalides (p.420). Je n'avais en effet rien déniché venant directement de lui (comment savoir si c'est lui, ou bien un homonyme, qui a travaillé dans le cadre de ses études universitaires sur les gendarmes et le banditisme corse au début du XXe siècle?). J'aurais pu, c'est vrai, parler de lui dans un article dédié grâce à ce que la presse avait écrit le concernant... Je ne l'avais pas encore fait. 

Riss, lui, parle de Simon dans son livre que j'ai chroniqué en septembre, p. 117 à 120. Il raconte comment il l'a embauché, recommandé par une relation de Bernard Maris, pour "faire vivre le site du journal qui, avant son arrivée, était aussi dynamique qu'une pierre tombale". Dans les pages suivantes, il témoigne comment, déjouant les pronostics les plus pessimistes, "durant les semaines et les mois qui suivirent, au prix d'un travail acharné de rééducation, Simon retrouva très lentement l'usage de ses deux membres inférieurs sur lesquels il réapprit à se tenir debout, aidé d'une canne dont il ne se sépare jamais".

Profitons enfin du présent billet pour mentionner ici les chroniques de Yannick Haenel qui suit quotidiennement pour le site internet de Charlie Hebdo le procès des attentats de janvier 2015 (articles illustrés par Boucq). 

*** Je suis Charlie ***

2 novembre 2020

Sean Connery (1930-2020)

Le 31 octobre 2020 est décédé Bond, James Bond. Enfin, le Bond le plus célèbre selon un sondage récent lu je ne sais où. Mais Sean Connery qui aimait l'Ecosse, sa femme et le golf a interprété beaucoup d'autres personnages comme dans Traitre sur Commande de Martin Ritt, La colline des hommes perdus, The Offense, Le crime de l'Orient-Express, trois films de Sidney Lumet, Pas de printemps pour Marnie d'Alfred Hitchcock, L'homme qui voulut être roi de John Huston, La rose et la flèche de Richard Lester, Zardoz de John Boorman, La maison Russie de Fred Schepisi, A la poursuite d'Octobre rouge, Soleil levant de Philip Kaufman. Et bien entendu Le nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud et Indiana Jones et la dernière croisade de Steven Spielberg. C'était un acteur que j'appréciais beaucoup.

Il est vraiment temps que l'année 2020 se termine...

7 octobre 2020

Et si on aimait la France - Bernard Maris

Ce mois-ci, en hommage aux tués de Charlie Hebdo, c'est un essai de Bernard Maris que j'ai décidé d'aller piocher dans ma bibliothèque, l'ayant acheté et lu (et apprécié) en mai 2015. A l'époque, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) n'étais pas encore entré dans le rythme d'une chronique mensuelle. Je le relis 5 ans après, pour rédiger le présent billet, alors que notre Président a fini par rendre sa copie sur le "séparatisme" attendue depuis plusieurs années. Nous avons, nous (quelle chance!), la connaissance des événements des 5 ans écoulés. 

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La "note de l'éditeur" (signée Christophe Bataille) donne le contexte de cette oeuvre posthume que Bernard Maris était venu présenter à Grasset le 16 décembre 2014. L'auteur avait insisté pour que le titre sur lequel ils s'étaient mis d'accord ne comporte ni point d'exclamation ni point d'interrogation. Il s'agit bien d'un "livre inachevé" puisque Bernard Maris en envisageait, le 2 janvier 2015 quand il en a faxé ces pages à son éditeur, la parution pour avril 2015 (ce qui lui laissait encore du temps pour travailler dessus). Mais comme on sait, il a été assassiné cinq jours plus tard. La décision de publier l'ouvrage tel quel a été prise avec ses enfants.

Cet essai écrit avec verve commence par une citation de Michelet datant de 1846 mise en exergue: "La situation de la France est si grave qu'il n'y a pas moyen d'hésiter". Comme quoi, pas grand-chose de nouveau sous le soleil (même si celui-ci tape plus dur qu'avant). Bernard Maris balaie ensuite tant la grande Histoire que sa propre jeunesse. Comme souvent, il critique la droite et engueule la gauche. Il nous ouvre aux approches de plusieurs disciplines: la démographie (en évoquant à plusieurs reprises l'approche de Philippe Ariès à propos de la régulation volontaire des naissances en France dès l'Ancien Régime), l'histoire (BM rappelle au détour d'une phase que lui-même a "décroché la timbale" de l'agrégation d'Histoire à la quatrième tentative), la géographie (Christophe Guilluy et ses analyses sociologiques sont présentées dans le dernier quart de l'ouvrage).

L'économiste qu'est Oncle Bernard nous rappelle utilement que l'insistance mise sur le séparatisme en France peut permettre d'occulter avec habileté la question sociale. J'ai retenu la distinction (dont il crédite Christophe Guilluy) entre la France des banlieues et la France périurbaine. Dans la banlieue jadis communiste, celle où aujourd'hui se succèdent des populations essentiellement immigrées, cette banlieue irriguée depuis des décennies par les "politiques de la ville" successives, l'ascenseur social fonctionne... mais, dès qu'ils le peuvent, les individus les plus diplômés, les plus "intégrables", fuient ce terreau. Cependant que les populations que la politique du "regroupement familial" y a reléguées s'y succèdent et se replient, précisément, sur un fonctionnement où se construit un attachement faisant primer "la famille" (au sens mafieux) sur l'amour de la France ou de la République. Est-ce que les "jeunes" qui effrayent le bourgeois peuvent s'améliorer en vieillissant? Petite citation (p.120-121): "Avec beaucoup d'humour, Christophe Guilluy fait remarquer que les jeunes qui ont pris part aux émeutes de Vaulx-en-Velin [en 1990] ont aujourd'hui une bonne cinquantaine d'années... Evoquent-ils avec nostalgie leur guéguerre avec les CRS, comme l'évoquèrent longtemps les soixante-huitards, eux aussi brûleurs de voitures?". Quant à la France périurbaine, j'ai été frappé de voir, lors de ma relecture, que Bernard Maris avait en quelque sorte annoncé dans ses pages, avec 4 ou 5 ans d'avance, le mouvement des "gilets jaunes". La France pavillonnaire n'est pas celle des "classes moyennes", mais celle d'une population "morose, plutôt aigre, plutôt pauvre... et anti-immigrée". "Cette France périurbaine est méprisée. (...) Allez faire des barricades autour du rond-point, votre horizon indépassable..." (p.106).

Je vais encore citer quelques lignes que Maris a consacrées aux racines de cette France qu'il aimerait aimable et à son rapport au religieux (p.69): "Il faut aussi admettre que la France est un pays profondément chrétien, profondément marqué par le catholicisme - on ne canonise pas une Jeanne d'Arc pour rien -, même s'il n'a plus grand-chose à voir avec sa haute tradition, et que, précisément, la distance prise avec cette tradition peut lui rendre insupportable l'arrivée d'une religion, l'islam, dont les adeptes n'ont pas encore pris cette même distance".

Je pourrai encore citer des pages et des pages (je n'ai guère insisté sur les bouffées d'optimisme respirées, tout de même, dans le livre). Evoquons encore une jolie gauloiserie visant une (ancienne) dirigeante écologiste, qui ne serait sans doute plus "politiquement correcte" à écrire aujourd'hui. Je ne résiste pas à la citer (p. 75). "Prenons Cécile Duflot. Supposons que les Français vivent comme elle, qu'ils pratiquent le tri sélectif et le vélo, votent écolo et fassent quatre enfants. Dans 100 ans, la France compterait 960 millions d'habitants. Allez, un milliard. Est-ce vivable? Difficilement. (...)". Le paragraphe suivant commence par "Plus sérieusement, ...". Bien entendu, je ne peux pas savoir si l'attaque ad feminam serait restée ou non après un BAT donné par l'auteur. On glissera aussi sur la loi Neuwirth retardée de 1967 à 1969 (p.64) - il est vrai que les décrets d'application se sont fait attendre quelques années.

Pour finir, la plupart des blogs ci-après, trouvés après recherche sur internet comme ayant évoqué ce livre en 2015 ou 2016, sont plutôt ceux d'écrivains professionnels: Anne Bert, Thierry Savatier, quelques citations sur le blog de Thomas Roger Devismes. Mais on a aussi l'opinion parmi d'autres de Ludovic.

Bref, si ce n'est pas déjà fait, je vous engage à découvrir (enfin) ce livre. Et ce que j'aimerais bien savoir, c'est si Macron a lu Maris, ou bien Guilluy.

*** Je suis Charlie ***

7 septembre 2020

Une minute quarante-neuf secondes - Riss

Un peu comme cela s'était produit pour Le Lambeau, ce livre, Une minute quarante-neuf secondes (récit) par Riss, est arrivé en ma possession bien des mois avant que je m'y plonge - pour le lire d'une traite en quelques heures confinées. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) viens de le parcourir de nouveau, après l'avoir laissé reposer, pour publier le présent billet en lien avec l'actualité.

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Nous sommes bien en plein dans l'actualité: d'une part, Riss a pour ce livre obtenu il y a quelques semaines le Prix du livre politique 2020 (1ère édition de ce Prix en 1995), décerné par le jury de journalistes le 8 juillet à l'Assemblée Nationale, et accompagné du Prix coup de cœur des députés. D'autre part, le procès aux assises des attentats de janvier 2015 à «Charlie Hebdo», Montrouge et l'Hyper Casher a commencé le 2 septembre et doit durer jusqu'au 10 novembre 2020.

Pour ma part, ma première lecture avait été morbide: plus intéressé par ce qui touchait le plus directement le 7 janvier (et ses suites). Cette fois-ci, j'avais pour objectif d'en tirer le présent billet. C'est difficile. Impossible de le lire sans me dire, toutes les pages ou les deux pages, "oui", "ça sonne juste", "c'est joliment exprimé". Et après? Sauf à paraphraser ou à citer au moins 10 pour cent de cet ouvrage de mémoire, de témoignage, de "colère noire" aussi, je ne peux tout en retenir. Contentons-nous donc d'un paragraphe, dont deux des phrases suffisent à aller au fond des choses (c'est moi qui souligne la seconde de ces deux phrases importantes, p.162): "Le 7 janvier n'était pas un attentat aveugle frappant au hasard, comme au Bataclan, à Nice ou le 11 septembre 2001 à New York, des anonymes innocents, afin de créer un climat de terreur et de provoquer un rapport de force entre l'idéologie qui le commet et la démocratie qui en est la cible. Le but des terroristes du 7 janvier était de faire disparaître des idées, ceux qui les portaient et qui étaient parfois les seuls à les exprimer".

Dans son livre plus rageur qu'apaisé, Riss se dévoile un peu. Les quelques anecdotes qu'il nous livre donnent surtout de la cohérence à son cheminement et à son engagement dans le journal auquel il avait déjà, le 7 janvier, consacré près de la moitié de sa vie (chose faite en 2019: 27 années à 53 ans...). La continuation de Charlie Hebdo après l'attentat occupe une place essentielle. Le livre est dédicacé "aux innocents, vivants, morts ou fous". Il insiste bien sur l'emploi du mot "innocent" (qui s'oppose à "coupable"), préféré au terme "victime" fourre-tout et pouvant même servir à "dédouaner" abusivement des criminels durant un procès (victimes des circonstances, de leur milieu...). D'un côté, il rend hommage à ses collègues qui n'ont pas survécu, comme à ceux qui ont été blessés avec lui (vers le quart du livre prend place un chapitre tétanisant où l'heure, la minute, la seconde, suivis du constat "je suis vivant" sont égrené 107 fois.). De l'autre, Riss voue aux gémonies pas mal de monde, entre les intellectuels ayant abdiqué (qualifiés de "collaborateurs"), les membres du journal avec qui le fossé s'est creusé... Le tout sans citer de nom à ses lecteurs, avec la pensée que les intéressés, eux, se reconnaîtront bien eux-mêmes. Face à tout ce qui a pu être dit, il assène ses quatre vérités. A son retour à la rédaction quand il est sorti de l'hôpital, il a constaté les changements. Certains auraient souhaité que Charlie Hebdo s'arrête (pour se partager le gâteau?). Tout le monde n'a pas la capacité de produire de la satire. Début 2015, il venait de finir de rembourser la dette dont Charb et Riss avaient hérité en prenant la direction du journal fin 2008. Il justifie la direction que, seul maître à bord, il a impulsé pour maintenir à flot ce navire qui avait été créé collectivement par des individualités chacune très fortes.

Bref, je renonce à dérouler encore deux pages de citations, pour vous inviter directement à lire vous-même ce livre-manifeste, qui semble indiquer que Riss ne renoncera jamais à la vision de la liberté d'expression qui l'a amené à se faire tirer dessus par des fanatiques. A l'étonnement de ses soignants, il dit ne pas faire de cauchemars, mais rêver (des disparus).

Sur la Toile, lorsqu'on cherche qui a parlé de ce livre, on trouve d'abord la presse, puis des librairies, l'offre en e-book, et des médiathèques, pratiquement pas de blogueurs (mais peut-être s'agit-il d'un phénomène plus général: perte de vitesse des blogs, et méconnaissance, du coup, par les algorithmes). J'ai tout de même pu trouver les avis de Lilou (Ma passion les livres), Joëlle (les livres de Joëlle), Emmanuelle, sur le blog des CarpenterLa blbliothèque de Claire (une lectrice à Paris), ou encore de Pepère News (blog créé en 2018 par des étudiants de l'ESJ Lille)

*

*     *

Sans rapport direct avec le livre mais en lien avec l'actualité, je souhaite signaler que le n°1467 de Charlie Hebdo en date du 2 septembre 2020 met en avant un sondage IFOP / Charlie Hebdo touchant la perception, en France, des deux événements qu'ont été l'attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo il y a 5 ans et la publication, il y a quinze ans, des fameuses caricatures de M*h*m*t. Tiré à 200 000 exemplaires, ce numéro a dû être réimprimé - mais je doute qu'il atteigne les 5 ou 7 millions d'exemplaires vendus du numéro 1178 du 14/01/2015. Bref, j'ai consulté sur le site de l'IFOP l'ensemble du sondage. Les résultats de cette enquête y sont exposés dans leur intégralité par la Fondation Jean Jaurès

*** Je suis Charlie ***

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