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Le blog de Dasola
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billet de ta d loi du cine
3 juillet 2021

Jeff Hawke - Sydney Jordan

               cli9-3              DesHistoiresetdesBulles

Ce coup-ci, c'est en début de mois que paraît ma quatrième contribution pour le Challenge de la planète Mars (en tant que ta d loi du cine, "squatter" chez dasola). J'espère que la bande dessinée que je présente sera bien acceptée pour le challenge Des histoires et des bulles de Noctenbule. En tout cas, comme mes billets précédents, je l'inscris aussi au 9e Challenge de l'imaginaire proposé par Ma Lecturothèque (challenge dont voici le bilan des 6 premiers mois).

P1120339   P1120340   P1120341

Sydney Jordan, dessinateur des albums de la série de BD dont trois albums figurent ci-dessus, est toujours vivant (il a aujourd'hui, je crois, 93 ans - né le 28 mai 1928... selon une source sur la fiabilité de laquelle je m'interroge *), même si sa seconde série (Lance McLane - que je n'ai jamais lue) a cessé de paraître dans le Daily Mail en 1988. Sa première série, celle qui est le sujet de mon article du jour, Jeff Hawke, a été publié sous forme d'une "bande" (strip) quotidienne dans le Daily Mail (?) de 1955 ** à 1974. Il y a eu 6487 strips en N&B représentant 69 histoires. Parmi la dizaine d'albums qui semblent avoir paru en France, j'en possède aujourd'hui 9. Je ne vais évoquer que les trois photographiés.

Le héros éponyme, Jeff Hawke, entouré de quelques comparses, connaît, sur terre (ou sous la mer!) des aventures fantastiques, parfois aux prises avec des extraterrestres plus ou moins sympathiques. Il se retrouve aussi dans notre "banlieue proche" (en orbite terrestre ou au travail sur la lune), ce qui pourrait s'avérer réaliste dans la décennie qui s'ouvre (dans notre XXIe siècle, je veux dire). Mais il est également, quelquefois, transporté dans une [autre] galaxie très lointaine, ici ou là, par des civilisations venues des étoiles et infiniment plus avancées que la nôtre (pour le bien ou pour le mal!). 

Une édition intégrale, que Glénat a entrepris de publier en 1982, après avoir commencé au cours des années 1970 par faire paraître en albums la traduction en français d'épisodes choisis parmi les 69 déjà parus en anglais à l'époque, est restée inachevée sans explication (on peut subodorer des ventes insuffisantes?). Dans le premier tome, la première aventure, "Space rider", pose un cadre. Le capitaine Jeff Hawke, pilote d'essai de la RAF, pilote le prototype d'avion le plus rapide qu'aient construit les terriens. On fait appel à lui quand apparaît sur les radars une soucoupe volante et que des chasseurs classiques s'avèrent incapable de l'intercepter. Les bienveillants extraterrestres, ayant détruit son avion mais lui ayant sauvé la vie, lui offrent le choix, soit de le ramener illico sur terre après lui avoir effacé la mémoire, soit de le former pour qu'il devienne, en quelque sorte, celui qui guidera les terriens sur la "voie promise" vers les étoiles... Et s'ensuit, une fois son choix fait, une première "mise à l'épreuve" qui n'est pas sans rappeler quelque peu les aventures d'un Flash Gordon / Guy l'Eclair sur la planète Mongo! Le tout est bouclé en 138 "strips". 

La compagne d'aventures était apparue assez vite (p.41) P1120431 - forte tête (p.67). P1120435  P1120430 

Et maintenant, pour justifier cette présence dans le Challenge, les voici face aux Martiens! Ramené (comme promis) sur terre (à partir du strip N°139), notre Jeff Hawke va ensuite y être confronté à sa deuxième aventure, "L'invasion des Martiens" (nous y voilà!) pour de longues péripéties (jusqu'au "strip" 502, soit 92 pages). 

P1120427 Quelques méchants Martiens... (p.58-59) P1120428  P1120429 et des gentils... P1120432 (p.73)  P1120433 (p.78) P1120434 (et p.79). Hé oui, pour conquérir une nouvelle planète, il semble y avoir besoin de quelques modifications physiologiques... 

Mais si la troisième aventure du recueil voit encore la présence d'Ultar, désormais simple comparse (fin au strip 642), nos Martiens humanisés disparaîtront assez vite de la mémoire des scénaristes successifs (si j'ai bien compris).  

Dans le recueil titré Un corps étranger paru en 1981 (avant le début de l'Intégrale - le titre provient du "récit" N°30), la première aventure, "Un colis pour l'espace", ramène Jeff sur la planète Mars, où il supervise l'installation de la première base. On repart d'un terrain vierge (aucune allusion à Ultar ou à ses compatriotes). Le scénario postule la présence de quelques rares ressources en eau sur cette planète par ailleurs aride et désertique. Les terriens y réveillent un artefact extramartien ... et assoiffé. Mais je n'ai pas réussi à identifier, à partir seulement de la liste en anglais des épisodes publiés (qui figure dans le tome 2 de l'Intégrale), quelle peut être cette aventure (éventuellement, la N°24, "The changeling" ?). 

p.7: P1120436 p.19: P1120437 p.21: P1120438

Enfin, j'ai souhaité clore mon évocation de cette belle bande dessinée "classique" en évoquant mon épisode préféré (même s'il ne concerne pas Mars). Elle figure dans un mince recueil titré Chacondar, publié en 1979 et qui rassemble trois aventures, dont les deux premières s'intitulent "Coup de lune" et "Le naufragé de l'espace". C'est de celle-ci que je vais principalement parler: avec mon esprit "terre-à-terre", hé bien, c'est cette aventure-ci qui m'a toujours fait rêver... chaque fois que je l'ai relue, depuis son acquisition en 1990. Et bien plus que toutes les histoires d'extra-terrestres et de planètes autres que la terre à explorer.  

P1120423 Le naufragé de l'espace, dans sa capsule en perdition, croit avoir une hallucination... (p.22-23). P1120424

Tout s'explique après quelques recherches... (p.32) P1120426 (... et p.29) P1120425 

Terminons en disant que, outre les albums édités chez Glénat, il en existe aussi un publié naguère aux Editions du square, vu que quelques aventures sont parues dans Charlie mensuel. Quant au seul qui me manque à ce jour (et que je n'ai jamais eu entre les mains), paru chez Glénat, il s'appelle Les vents de Mars, et contient, je suppose, l'aventure n°67 (sur au moins 79 parues en "strips"). Je peux encore espérer le dénicher avant le 31 mars 2022 !

* Sur ce coup-là, il parait difficile de se fier à Wikipedia (consulté le 04/07/2021): l'article "Sydney Jordan" parle de publication dans le Daily Mail, cependant que celui sur "Jeff Hawke" parle de publication dans le ...Daily Express. Et Babelio donne 1931 comme année de naissance de l'auteur!

** D'autres sources disent (...si je comprends bien) qu'elle a débuté en février 1954 en Angleterre?

***

Edit du 12 juillet 2021: j'ai essayé hier de m'inscrire (et d'inscrire le présent billet) au Challenge Summer Star Wars The Mandalorian proposé par le RSF Blog [Lhisbei & Cie] et débuté officiellement le 21 juin. J'attends des nouvelles pour savoir si je pourrai mettre le logo en haut de mes prochains billets ou non... 

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1 juillet 2021

Coco chancelle - N°15

Il y a 10 mois, je [ta d loi du cine, "squatter" chez dasola] n'aurais jamais pensé à titrer ainsi... Humons donc notre plein air de liberté tant qu'on le peut!

En début de mois de juin 2021, le plaisir du déconfinement estompait les nouvelles du virus proprement dites (ou alors, c'est moi qui étais blasé?). Et puis, Delta est arrivé...

01/06/2021: et c'est reparti, mon Kiki? La Chine fait état d'un premier cas de grippe H10N3. Plus de nouvelles depuis?

01/06/2021 encore: l'OMS a demandé de changer le nom des variants, pour ne pas stigmatiser... Ah, on est bien dans une ère de com'... mondiale!

02/06/2021: oups, plus de 10 millions de morts dans le monde, et pas 3 millions et quelque? Bah oui: de nombreux pays n'ont même pas le moyen de "tester" leurs morts, dont une grande partie meurent à domicile (bizarrement, ce sont les mêmes pays - "non solvable"? - qui n'ont les moyens ni de soigner ni de vacciner...). Bah, n'en parlons plus... Démarche des pays développés pour aider les autres (si j'ai bien compris): "on vous donne de l'argent. Ensuite, soyons concurrents pour acheter des vaccins aux laboratoires...".

04/06/2021 - Jusqu'à quel point faut-il crier "Vive la distanciation sociale"? Cela se passe en Norvège... Restons gaulois!

10/06/2021: nouvelle attestation disponible à télécharger, avec 6 motifs de déplacement entre 23 h et 6 h du matin, jusqu'au 30 juin 2021. Ma première réaction: "c'est pas celle-là qui coûtera la vie à trop d'arbres!"...

10/06/2021: que faire si vous êtes cas contact alors que vous êtes bien dûment vacciné? Eh bien, exactement comme si vous n'étiez pas vacciné: à l'isolement! Parce que le vaccin ne garantit ni contre l'expression de la maladie ni contre sa transmissibilité (on manque d'informations...). Il paraît (jusqu'à preuve du contraire) qu'on ne développe, par contre, plus de forme grave. Donc, si je comprends bien, aujourd'hui, les vaccins ont pour unique finalité d'éviter l'engorgement de nos quelques milliers de lits de réanimation ou quelques dizaines de milliers de lits d'hôpitaux. Youpi.

12 juin 2021: aucun commentaire (ce serait malséant) sur le clofoctol de l'Institut Pasteur...

14/06/2021: une entreprise qui oblige ses salariés à lui dire s'ils ont, ou non, été vaccinés? Pour le moment, c'est aux Etats-Unis que cela se passe...

Les marins de notre marine nationale ont sans doute tous été vaccinés (au moins ceux du "groupe aéronaval" comprenant le porte-avions Charles de Gaulle). Je doute qu'on leur ait laissé le choix (ou alors, ils n'embarquaient pas?). Mais je ne suis pas sûr que les militaires soient des salariés comme les autres.

14/06/2021 - allez hop, un peu de pub: connaissez-vous déconfifoly?

14/06/2021: les anticorps que notre corps génère (normalement) après avoir été en contact avec le virus sont bien plus durables que ce qu'on envisageait jusque-là (13 mois!), surtout s'ils sont renforcés par un vaccin? Sans vaccin, déjà, c'est pas si mal...

16/06/2021: tous les jours, on en apprend, du nouveau... Utiliser deux vaccins différents pour les deux piqûres serait plus efficace qu'utiliser deux fois le même. Surtout si la marque du second utilisé ne commence pas par un A?

20/06/2021: le variant delta ne sera pas inquiétant pour cet été, selon Olivier Guérin, membre du Conseil scientifique. Je m'inquiète.

28/06/2021: six Français sur dix craignent un rebond de l'épidémie en septembre. Craindre, je sais pas (il parle d'où, ce sondage Yougov?). Mais attendre, ça, je suis tout à fait en phase avec (couvre-feu et/ou confinement à la clé?). On "calcule" notre Delta?

21/06/2021: le coronavirus pourrait changer la structure physique du cerveau et diminuer son volume (dans les zones de la mémoire et des émotions...). Par rapport à la courbe actuelle de l'abstention aux élections politiques, est-ce une bonne ou une mauvaise perspective?

23/06/2021: singularités - masque plus obligatoire mais gardé, anxiété sociale et psy... Pff...

23/06/2021: un espoir inespéré? Bientôt, en France, on devrait arriver à savoir combien de personnes vaccinées sont hospitalisées pour Covid-19 (ce n'était pas possible pour cause de bases de données incompatibles...). Ya-hoo!

Ce fameux variant "delta", il semble être passé en quelques semaines de 0,1% des cas à plus de 10%. On verra bien si, comme ailleurs, il peut non seulement contaminer certaines personnes dûment vaccinées, mais aussi en envoyer certaines à l'hôpital (lesquelles? Toujours les mêmes "populations à risques", ou bien d'autres?).
Et ces données qu'on nous distille... Comment les prendre? Quelle pilule passe mieux? Valeurs absolues ou pourcentages? Les deux bien sûr, mon capitaine. Mais s'il faut vraiment choisir, je préfère disposer de la valeur absolue, charge à moi de calculer le pourcentage que cela représente...

Suite au prochain numéro!

14 juin 2021

Podkayne fille de Mars - Robert Heinlein

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Je n'ai pas encore réussi à rattraper mon retard à l'allumage puisque voici seulement mon troisième billet (en tant que ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) alors que nous sommes dans le quatrième mois du Challenge de la planète Mars. Il s'agit encore d'un livre de Robert Heinlein, que j'ai dans ma pochothèque depuis 21 ans (achat le 27/05/2000). 

P1120401

L'illustration de cette édition est due à Wojciech Siudmak, peintre et illustrateur de couvertures de science-fiction souvent visionnaire: je trouve celle-ci un peu "nunuche". Je suppose qu'il s'est inspiré du dernier paragraphe (sur 4) de la 4ème de couv: "Podkayne, qui a recueilli un bébé-fée, une étrange bête vénusienne, est désormais en danger de mort. Son innocence écervelée et le génie diabolique de [son frère] Clark parviendront-ils à les sauver du piège qui leur a été tendu?". Ce paragraphe s'applique, peut-être, aux 10 dernières pages du roman. Mon avis est qu'il ne rend sûrement pas justice au livre, qui vaut mieux que sa couverture! A moins que ledit dernier paragraphe n'ait lui-même été rajouté après la livraison par l'artiste de la couverture, pour "coller" à celle-ci? L'édition, c'est un métier... Je ne le saurai jamais.

Toujours est-il que, même si l'action de Podkayne fille de Mars ne se déroule pas intégralement sur la planète en question, cette oeuvre de Robert Heinlein nous intéressera de par la vision qu'elle donne de Mars et surtout de ses colons terriens. L'essentiel du livre est écrit à la première personne par notre héroïne éponyme, gamine âgée entre 15 et 16 années terriennes et nantie d'un jeune frère qui en compte 11 (une fois effectué le calcul à partir du "taux" de conversion" qui consiste à multiplier par 1,88 le nombre d'années martiennes). La vie familiale, et les projets de vacances, de ces deux jeunes gens (visite de la Terre "en famille" avec papa et maman) sont perturbés par la "décantation" intempestive de leurs 3 jeunes frères et soeurs, dont la décongélation était censée intervenir seulement après le retour du voyage interplanétaire. Leur oncle leur sauve la mise en proposant que ses neveux l'accompagnent alors qu'il doit participer à une prochaine conférence triplanétaire (avec Vénus toute en tiers...) sur la Terre.

Comme souvent chez Heinlein, les jeunes héros bénéficient par ailleurs de QI exceptionnels hérités de leurs géniteurs (ingénieure généraliste pour la mère, archéologue spécialisé dans l'étude de la vieille civilisation des Martiens - il y a 50 ou 100 millions d'années! - pour le père), ce qui a donné respectivement 160 pour Clark et 145 pour Podkayne. A partir des "bavardages" de Podkayne, on peut reconstituer que l'on doit être à quelques décennies seulement (terriennes...) de l'autonomisation politique (et économique) des "hommes de Mars" par rapport à la Compagnie (terrienne) qui administrait initialement la planète rouge. Père et oncle sont des vétérans de cette "révolution".

Le thème sous-jacent dans le roman s'avère très "étatsunien": comment une colonie s'affranchit de la tutelle de ses fondateurs, pour prendre son indépendance politique et nouer des relations commerciales devant bénéficier de manière équilibrée aux deux parties. L'héroïne et son garnement de frère vont ainsi se trouver mêlés à des intrigues politiques qui les dépassent, alors qu'il s'agit de faire pression sur leur oncle, héros de l'indépendance et ambassadeur aussi extraordinaire que secret - en principe -, qui a pour mission de négocier un traité commercial avec la terre.

On trouve, ici ou là, des informations glissées par petites touches sur la vie des colons terriens sur la planète Mars. On relèvera, ainsi, dès les premières pages, la phobie de Podkayne par rapport à l'eau (l'idée d'une plage au bord de la mer l'angoisse), à l'exposition directe au soleil, et le rapport à la pesanteur. Cherchant sa voie, son rêve serait de devenir pilote d'astronef - mais elle prend durant le voyage conscience que personne ne l'attend sur ce genre de poste. C'est lors de l'escale sur Vénus - une sorte de gigantesque Las Vegas - que l'histoire dérape. Car tout le monde n'a pas les mêmes intérêts concernant la trop fameuse conférence tripartite. Afin de vous laisser quelques raisons de lire le livre, je dirai juste que j'ai cru comprendre qu'Heinlein a dû modifier, à la demande de son éditeur, la fin qu'il avait d'abord rédigée.

Grâce à quelques recherches sur la blogosphère, j'ai déniché à propos de cet ouvrage de vieux billets sur le blog Narcissique and co (dont la dernière publication remonte à décembre 2020), ainsi que sur celui de Lynnae (dans le cadre d'un "défi Robert Heinlein" en 2011?).

7 juin 2021

Marx [mode d'emploi] - Daniel Bensaïd / illustrations de Charb

J'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) eu du mal à rédiger ma chronique sur une collaboration de Charb que je voulais traiter depuis des années, tout en respectant le planning de mes "hommages mensuels". Le dessinateur a illustré une des nombreuses oeuvres du philosophe et théoricien trostskiste Daniel Bensaïd, publiée originellement chez La Découverte en 2009 (coll. Zone): Marx [mode d'emploi]. L'édition "La Découverte / Poche" à laquelle je me réfère date, elle, de 2014.

P1120396bis_Marx-mode-d-emploi 

Je précise d'abord que ce n'est pas tant le texte de Daniel Bensaïd (décédé en janvier 2010, ancien acteur de Mai 68 chez les JCR, idéologue de la LCR, chercheur marxiste...) que les dessins de Charb qui m'ont attiré a priori vers cet ouvrage. J'aurais aimé savoir quels étaient leurs liens, s'il s'est juste agi d'une prestation rémunérée, ou si notre dessinateur y a mis aussi un peu de ses propres tripes. Dans la même collection, j'avais naguère chroniqué un livre de Michel Husson également illustré par Charb.

N'ayant pas pris le temps de bien le digérer, je vais me contenter d'une seule citation du texte de Daniel Bensaïd, avant de vous citer surtout les dessins de Charb que je trouve les plus remarquables.
p.64-65: "Alors que le libéralisme prétend développer l'individu, il ne développe en réalité que l'égoïsme dans la concurrence de tous contre tous, où le développement de chacun a pour condition l'écrasement ou l'élimination des autres. La liberté offerte à chacun n'est pas celle du citoyen, c'est celle du consommateur libre de choisir entre des produits formatés."

Et maintenant, place à un florilège de dessins décalés, choisis parmi les 73 dessins que comportent ces quelque 195 pages.

P1120375 p.12, pour illustrer "la thèse d'avril" [1841] du jeune Marx, sur La différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Epicure.

P1120378 p.26 (personnellement, j'adhère de tout coeur à ce dessin - sans être marxiste pour autant).

P1120380 p.44 (vous disiez quelque chose?). Une bonne illustration du concept d'inachèvement dynamique de la définition des "classes" chez Marx.

P1120381 p.48 (pouf, pouf)

P1120382 p.61 & p.83 (pas si simple, de s'unir...) P1120383

P1120384 p.90 (on célèbre justement les 150 ans de la Commune, cette année 2021)

P1120385 p.105 (qui se rappelle encore, en 2021, de Besancenot?) P1120377 p.22 (vous avez dit médiatisation?)

P1120386 p.120 (l'exploitation de l'homme par l'homme... Le travail, tout simplement?)

P1120387 p.128 (admirez la taille respective des récipients...).

P1120388 p.122 & p.129: des dessins bien bonhommes? P1120389

P1120390 p.175 (il résiste, l'animal)

Petit élément de réponse en ce qui concerne les convictions du dessinateur: Philippe Corcuff a écrit le 8 janvier 2015 que Charb "pouvait voter pour la LCR ou pour le PCF en fonction des élections. Son casier à Charlie était d’ailleurs recouvert de deux autocollants, l’un du PCF, l’autre de la LCR."

Ceux qui veulent en apprendre davantage sur Daniel Bensaïd peuvent se reporter au site de l'association qui lui est consacrée, où figurent aussi différents éléments concernant le livre aujourd'hui chroniqué. Je pense qu'il faudra que je prenne le temps d'y revenir, un jour, à tête reposée...

 *** Je suis Charlie ***

1 juin 2021

Déconfinez-vous (pour le travail ou pour l'épargne?) - N°14

... comme disait à peu près Guizot - avec la probité en plus.

Ce mois-ci, mes brévouilles, c'est plus des humeurs, c'est une éphéméride (ça va tourner en creux à un "calendrier de l'avant!").

En tout cas, j'ai le plaisir de vous annoncer... que personne ne m'a approché en me proposant de me payer pour "dézinguer" Pfizer (24/05/2021). Bon, il faut que j'en prenne mon parti, je ne dois pas compter parmi les influenceurs les plus connus...

02/05/2021: à défaut de spectacle vivant... Saint-Quentin en Yvelines teste la nocturne pour son vaccinodrome! Faut-il applaudir?
30/05/2021 - à Toulouse, c'est un job d'été que s'arrachent les étudiants: bosser dans un vaccinodrome. Tant qu'on les paye...

- TILT! - Je crois que j'ai trouvé le bon pendant de la formule fameuse: "En France, quand on veut enterrer un projet, on crée une Commission".
Ce serait: "En France, quand on veut faire passer un projet, on (se) paie une Etude".

10/05/2021: ça y est, "Le" Robert 2022 écrira "le covid". Et qu'en dit la rousse (sur ses prunes)?

Je rigole un peu en lisant toutes les infos sur "l'inquiétude du gouvernement" sur le fait qu'"Astrazeneca" est boudé, tandis que "Pfizer" (dont davantage de doses que prévu en janvier 2021 vont arriver) est plébiscité. En prenant un peu de recul, ça m'évoque surtout la scène suivante: "Oh, bébé, tu ne veux pas de ta soupe? Lààà, regarde, maman éloigne l'assiette de soupe! ...Tiens, bébé, goûte-moi donc ce bol, avec du boooon potage dedans!".

10/05/2021: La nourriture salée étoufferait nos cellules immunitaires? Mais dites-nous donc plutôt à quelle sauce il va falloir manger, aux restos réouverts, pour tuer le covid-19...

- GRRRRR! - 25/05/2021: l'Académie de médecine préconise de rendre le vaccin obligatoire, au prétexte que les 15% d'hésitants et les 15% d'opposés au vaccin - estimés - ne permettraient pas d'attendre "un taux de couverture vaccinale qui assurerait une immunité collective suffisante pour contrôler l'épidémie", taux estimé à 80% de la population totale. Tiens, ils savent compter, nos académiciens?

Ah mais, attendez (17/05/2021), on va peut-être grignoter encore quelques pour-cent grâce à notre chauvinisme: Sanofi revient en deuxième semaine, pardon, deuxième sérum: la boite annonce une efficacité entre 95 et 100 pour ce successeur de son premier sérum (abandonné en décembre 2020...), qui vient de passer la phase 2 des essais... Et à l'international aussi, peut-être que le "Made in France" brillera de tous ses feux (pépètes pour qui?)...

07/05/2021: des chercheurs entraînent les abeilles à détecter le virus. Avec une goutte de néo-covidoïde?

27/05/2021: et maintenant, "les médecins alertent contre le "syndrome du vacciné"... (on se relâche trop vite après la piquouze, et hop!, à l'hôpital!). Dites-moi, est-ce que cela va être compté, et si oui comment, dans la communication sur le taux de succès (x... %) des vaccins?

Dans Le Canard enchaîné du 5 mai 2021, p.8, retour sur une étude parue l'été dernier dans The European Respiratory Journal, selon laquelle la nicotine protégeait du Covid-19 les fumeurs (j'avais dû en dire deux mots...). Il s'avère que les deux principaux auteurs de l'étude avaient oublié de déclarer qu'ils étaient au service des cigaretiers (consultant pour l'un, animateur d'une ONG faux-nez de Philip Morris pour l'autre). 

Encore un petit "suivi", sur un point abordé le mois dernier, "l'effet [de] moisson". J'ai continué à glaner des informations.

07/05/2021: les Danois, quand ils nous empoisonnent pas avec leurs caricatures, c'est avec leurs visons morts! Un bon conseil: si vous avez une cimenterie, voyez ça avec elle. C'est comme ça qu'on traitait nos vaches folles, une fois réduites en farine inconsommable...

07/05/2021: au hasard d'un article parlant de la situation aux Seychelles où le virus sévit malgré un fort "taux de vaccination", on peut lire noir sur blanc que le vaccin "a pour but non pas d’empêcher d’attraper le coronavirus, mais bien de stopper les formes graves et les décès". Ne me faites pas dire qu'on ne peut pas aussi le lire ou l'entendre à bien d'autres occasions.

05/05/2021: sur le "pass sanitaire", la CNIL sera naturellement saisie. Question: est-ce qu'elle pourra annihiler?
...Suite du feuilleton:
13/05/2021, la CNIL valide la mise en place du "pass sanitaire", avec quelques garde-fous pas si symboliques (j'ai pas dit gestes barrières!): obligation temporaire (juste le temps que la crise durera...), réservée aux événements rassemblant plus de 1000 personnes... Sérieusement, est-ce qu'elle pouvait faire autrement que valider?

16/05/2021: rions un peu en appréciant les listes de lieux avec pass sanitaire (ou pas) pour y accéder. Je prendrais bien des paris sur le fait que ça va râler sur le mode "pourquoi eux et pas nous?" parmi ceux où le pass sera exigé... en attendant sa suppression! A quand le mouvement des "masques oranges", entre bonnets rouges et gilets jaunes?

"Hikikomori" te salutant ? Comme l'écrit Delphine Bancaud dans 20 minutes, alors que la vie sociale redémarre mercredi 19 mai 2021, certains envisagent de rester chez eux. Messieurs-dames, va-t-il falloir aller chercher vos partenaires à la fourchette au fond de leur coquille, ou bien couper le ligament qui les y attache?

11/05/2021: la France va attribuer plus de 5% de ses doses de vaccin au dispositif Covax. De l'AstraZeneca à 100%, peut-être, les doses dont personne ne veut ici? (je hasarde une simple hypothèse, hein, faute de précisions...) [hypothèse qu'illustre de son côté un dessin cruel de Chappatte dans Le Canard Enchaîné du 12/05/2021, p.8...]. Cela permettra peut-être que le continent africain puisse vacciner ses 6,5 millions de soignants avec pour effet secondaire de contrer la "diplomatie sanitaire" de Pékin et MoscouLa realpolitik, c'est un métier...

12/05/2021: la pandémie aurait pu être évitée, selon des experts indépendants mandatés par l'OMS. Enchanté de l'apprendre... Ah, si on les eût écoutés en temps et en heure, ces mêmes experts, quelles merveilles n'auraient-ils pas accompli... Et du coup, personne ne se serait douté de ce qu'on aurait évité (sujet de  frustration intense...).

13/05/2021: les Américains vaccinés peuvent arrêter de porter un masque en extérieur, nous dit Europe 1. Ça, c'est une carotte motivante! Mais en France, la fin du masque pour les personnes vaccinées serait prématurée, parce que les Français ne sont pas encore assez nombreux à être allés se faire vacciner... Des carottes, encore des carottes. A votre avis, une fois que tout ceux qui le voulaient vraiment auront pu se faire vacciner, on en sera à quel pourcentage de couverture vaccinale, chez nous?

18/05/2021: selon Véran, "la fin du masque arrivera bientôt". Et est-ce qu'après-demain, être masqué dans la rue sera passible d'une amende de 135 euros, ...selon Darmanin?

LA question que tout le monde se pose: pourra-t-on un jour éradiquer totalement LE virus? C'est en tout cas conforme à mes espoirs les plus fous...
Vu sous un autre angle le 29/05/2021: pour l'OMS, pour en finir avec le virus, il faudra vacciner 70% de la population mondiale. C'est pas gagné.

21/05/2021: enfin une information que j'aurais bien envie de croire (elle correspond à ma "culture"). Par contre, dans l'Utah, ils ont aussi d'autres croyances, auxquelles je n'adhère pas du tout... Alors?

En début de mois (2 mai), j'entendais à la radio qu'Israël avait acquis l'immunité collective même avec "seulement" 60% de vaccinés... En fin de mois, le nombre de vaccinés y semble ne pas avoir dépassé les 65%? En France, je prends le pari que not'Manu se gargarisera, à échéance plus ou moins brève (une fois qu'on stagnera à notre tour à moins des 2/3 de la population totale vaccinée...), d'avoir laissé le virus circuler chez les jeunes, d'avoir commencé par vacciner les personnes "les plus fragiles", d'avoir décidé de maximiser les premières piqûres en arbitrant contre la "vaccination totale" à deux piqûres rapprochées, etc. Ou comment une contrainte devient un choix. Au fond, n'est-ce pas cela, la politique? Devoir trancher des noeux gordiens faisceaux de décisions avec chacunes leurs inconvénients...

Maintenant, je m'impatiente: après les articles sur la Covid-19, puis les polémiques sur les masques ou sur les tests de la Covid-19, puis la saga des vaccins contre la Covid-19 à jets continus, quand donc la presse va-t-elle pouvoir commencer à nous abreuver des contentieux concernant la Covid-19? 'va encore falloir attendre 2022 et les Présidentielles...

Déjà, on s'achemine vers un triomphe pour le marché libre: votre place de concert, vous la voudrez à 18, ou à 1000 dollars? (la carotte, là, elle est jolie...)

Week-end des 29-30 mai 2021: les Parisiens terrassés. Par le covid-19? Non, au soleil, par tablées entières...

Pour finir, une information totalement hors-sujet, mais qui vous prouvera le sérieux de mes informations. Aviez-vous entendu parler de cet homme tué par un dinosaure près de Barcelone (Espagne)?

24 mai 2021

La croisière du Snark - Jack London

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Bon, ça commence à devenir de moins en moins drôle que je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) me retrouve désormais tout seul à participer au Challenge Jack London proposé de mars 2020 à ... "plus soif, je veux dire plus lire!" par ClaudiaLucia. Du coup, cette parution sera la dernière de mes huit billets, pour lesquels j'aurai quand même soutenu un bon rythme de croisière, depuis le 08/02/2021.

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De son côté, le récit de voyage La croisière du Snark est paru en 1911. Il se présente sous l'apparence de 17 chapitres, peut-être (?) rédigés par Jack London sous forme de reportages concernant le voyage effectué avec sa femme Charmian, d'avril 1907 à novembre ou décembre 1908, depuis la Californie jusqu'en Australie (initialement, ils devaient être 7 ans absents et rêvaient de faire le tour du monde). Le texte est précédé d'Un mot sur le Snark, quatre pages rédigées par Louis Postif, le traducteur du texte publié chez Hachette en 1936. Pour ce qui me concerne, il s'agit de l'un des deux bouquins que j'ai retrouvé dans mes étagères, déclassés par rapport au gros de mes London parce qu'achetés à des années d'intervalle. Mon édition est parue cette fois chez Le Livre de poche (en date du 3e trimestre 1976), et j'ai acheté le bouquin (d'occasion) en 2006. J'ai regretté l'absence d'un "apparat critique" qui m'aurait informé des dates exactes de publication dans tel ou tel support. J'ai dû glaner ailleurs les informations m'apprenant que, en parallèle à ce "reportage au fil de l'eau", London a trouvé moyen de rédiger aussi Martin Eden (commencé à Honolulu et terminé à Papeete), L'AventureuseContes des mers du SudRadieuse aurore, et de nombreuses nouvelles, ce qui lui permettait de financer les frais du voyage. Il faudrait quand même que j'arrive à feuilleter une édition en 10-18... une année ou l'autre. Ça se finit un peu en queue de poisson... Jack London fait justice, dans le dernier chapitre, de la rumeur comme quoi tous les frais de la croisière étaient intégralement payés par un magazine. 

Le premier chapitre, titré La réalisation d'un rêve, expose comment est née l'idée du voyage sur une embarcation de moins de 15 mètres de long à la flottaison. J'en extirpe ce qui paraît une bonne "profession de foi" ou "philosophie de vie" de London, pour répondre à ceux (ses amis...) qui prenaient le projet pour une folie (p.15): "Et si cela me plaît, à moi! Voilà les mots qui résument tout. Plus profonds que la philosophie, ils poussent l'ivrogne à boire et le moine à endosser un cilice; ils incitent celui-ci à poursuivre la gloire, celui-là à conquérir l'or, cet autre à vivre pour l'amour, ce quatrième à ce consacrer à Dieu. La philosophie est très souvent pour l'homme, un moyen individuel d'exprimer ses goûts et ses désirs". 

Pour dire quelques mots des autres chapitres qui composent cette oeuvre quelque peu décousue, j'ai retrouvé dans la description des mésaventures du fameux bateau, avant et après l'appareillage, la verve qui était déjà à l'oeuvre pour raconter les déconvenues du "correspondant de guerre" en Corée. Dès le second chapitre, London "règle ses comptes" avec tous ceux qui sont intervenus sur la fabrication du bateau: budgeté pour 7000 dollars, celui-ci lui en a finalement coûté plus de 30 000, et a pris la mer sans avoir mené à bien tous les essais qui se seraient probablement imposés avant un départ pour le tour du monde. Je n'ai rien compris aux explications données dans le chapitre Le navigateur amateur. Tout le sel des plaisanteries m'est passé au-dessus de la tête... Plus généralement, les  différents chapitres peuvent porter sur un thème (ah, la découverte du "surf-riding" à Hawai par London: le chap. VI y est consacré!), ou décrire un lieu, une excursion à terre... Ou les rencontres avec des personnages hauts en couleurs, indigènes ou bien Européens expatriés "dans les Îles". J'ai tiré de cette lecture le constat qu'encore une fois, London a nourri de ses observations personnelles sur le terrain, qu'on peut qualifier de "sociologiques", nombre de ses oeuvres ultérieures. J'ai relevé (p.256) la première notation (chronologiquement) des oreilles percées des "naturels" des Îles Salomon (qui lui resserviront dans Jerry dans les Îles et dans Fils du soleil). Et (p.268-269) l'histoire de l'aveugle qui a résisté toute la nuit à coup de flèches aux trois hommes qui venaient le tuer (mais ici, il subit le sort de la chèvre de Monsieur Seguin...).

Pour sa part, son épouse Charmian London a rédigé et publié le "journal de bord", cependant que leur cuisinier réalisait une captation photographique de la croisière. Ce dernier s'est ensuite lancé dans un documentaire cinématographique sur les Îles, dont, semble-t-il, il a pu tirer un bon prix, en capitalisant sur la notoriété des London.

Bien conscient que ma description est trop sommaire (je trouve particulièrement difficile de résumer ce  livre!), je signale que Chinouk en a parlé en 2018, avec des photos d'une exposition "Jack London dans les Mers du Sud" de 2017-2018, qu'a aussi présentée dans un long article publié en 2018 le blog Casoar (créé par des étudiants de l'Ecole du Louvre). Sur le livre seul, voir aussi le blog tour du monde (de Grenadine)

Et c'est avec cette croisière du Snark que je vais arrêter mes propres survols 2021 de l'oeuvre de Jack London - un peu frustré d'être resté le seul participant au Challenge depuis que j'ai entamé ma participation, en février 2021. Peut-être reprendrai-je dans quelques années - qui sait, en proposant moi-même un Challenge London-ien? Pour le moment, dans les prochains mois (jusqu'au 31 mars 2022), je vais me concentrer sur mon Challenge de la planète Mars

PS: il y a quelques semaines, en librairie, j'ai eu une lueur d'espoir, en y apercevant Martin Eden en 10-18 "neuf". Mais en regardant les copyrights, j'ai découvert que "10-18 est une marque d'Univers Poche" (groupe Editis?), et c'est tout... Enfin non, j'ai découvert sur leur site internet une autre marque, "12-21", qui propose quelques titres de JL en édition numérique et bilingue! Je suppose que la marque "15-25" a déjà été réservée pour publier du "young adult"... 

16 mai 2021

La possibilité d'un livre (voyager) ?

J’ai (ta d loi du cine, « squatter » chez dasola) profité de l’absence de la propriétaire du blog (partie en province pour le long WE de l’Ascension, comme vous le savez) pour mettre le nez dans le cabas qui, chez elle, contient les livres en attente de départ, ceux dont elle envisage de se débarrasser. Hé oui, tant qu’à squatter, je ne fais pas les choses à moitié, moi. Cette fois-ci, il y en a vingt !

Et je me dis : « pourquoi ne pas les proposer en « livre voyageur » (comme cela se pratiquait souvent sur les blogs jadis) », plutôt que chercher à en tirer l’euro que l’aurait payé un Gibert repreneur d’occasion ? Peut-être que, si l’on ne voit plus beaucoup cette pratique, c’est à cause du renchérissement continu des frais postaux au fil des ans ? Bien entendu, dasola, je m’engage à les prendre en charge !

Voici la liste:

Quand il m’arrive de demander à Dasola pourquoi elle se sépare de tant de livres, la réponse est : je sais que je ne les relirai jamais, ceux-là / Je n’ai plus de place / ...

Et, au fond du sac, il y avait même quelques DVD:

  • The Outsider (série, non chroniquée)
  • L’aliéniste (série, non chroniquée)
  • The Killing (série - l’ultime saison, non chroniquée)
  • KORE-EDA Hirokazu : The Third murder (DVD encore emballé ! Un achat en double, je suppose…)

A votre choix, donc ! Signalez ici quel titre vous intéresse, puis dites en "contact privé" (échange par mail) vers quelle adresse le poster (ou, si vous êtes à Paris, on peut peut-être se croiser?). Rien ne vous interdira, ensuite, de les "mettre en quarantaine" quelques jours, à défaut de les badigeonner de gel hydroalcoolique...

Offre valable jusqu'au 15 juin 2021 !

PS : si ce billet en est arrivé au stade de la publication, c’est bien entendu qu’il y a eu, pour le moins, un Nihil obstat de la part de la propriétaire du blog.

14 mai 2021

La voie martienne - Isaac Asimov

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Cette fois-ci, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) mets en orbite une seconde contribution au Challenge de la planète Mars, en espérant que ce lancement me permettra bien de rester sur une trajectoire d'un minimum de 13 contributions. Ce billet devrait aussi pouvoir compter pour le 9e Challenge de l'imaginaire proposé par Ma Lecturothèque!

Quatre nouvelles figurent dans ce livre "hors cycles" d'Isaac Asimov, La voie martienne. La nouvelle qui donne son nom au recueil n'est pas la plus longue, avec une cinquantaine de pages seulement contre plus de 90 pour la dernière. Je peux également noter que mon édition (imprimée en novembre 2019) ne présente pas de préface d'Asimov comme d'autres de ses recueils où il évoquait les circonstances de rédaction, et notamment la réception des textes par les rédacteurs en chef des magazines de SF de l'époque. 

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La voie martienne dont il s'agit ici, c'est la voie étroite et propre (différente de celle de la planète Terre) que sont contraints d'emprunter la planète Mars et les colons qui la peuplent pour conquérir leur indépendance énergétique, en tout premier point par rapport au carburant indispensable aux voyages dans l'espace: H2O, autrement dit... l'eau, lorsque le gouvernement terrien envisage d'en restreindre l'exportation hors de notre "planète bleue". Après le gaspillage, quelques générations auparavant, du pétrole et du charbon, certains démagogues terriens s'appuient sur la peur de manquer d'eau pour demander que la terre cesse d'en exporter vers les colonies installées dans l'espace (Mars, Vénus, la Lune), au motif que les lourds investissement consentis pour ces colonies ne sont rentables ni financièrement ni en terme de retour de "ressources naturelles" (minerai de fer, magnésium, titane, récupération des métaux en quoi sont confectionnés les grands réservoirs jetables indispensables au départ des vaisseaux spatiaux, lesquels semblent propulsé par l'éjection de... vapeur d'eau?). Je n'ai absolument pas vérifié le calcul, mais il est dit qu'un kilomètre cube d'eau pèse 4,5 milliards de tonnes, tandis que 50 000 vols consommeraient moins de deux kilomètres cubes... arguments de politiciens! Les "récupérateurs" martiens sillonnent l'espace entre Mars et la terre ("récupérer fait partie de la condition martienne", p.9). L'installation des ex-terriens sur Mars semble récente, puisque la troisième génération de "martiens" ne consiste encore qu'en quelques centaines de bébés sur 50 000 âmes. En tout cas, lorsque commence la nouvelle, l'économie circulaire n'est pas "bouclée" puisque chaque vol spatial "consomme" 100 000 tonnes d'eau terrienne (alors que sur Mars, elle est sévèrement rationnée: en cas d'invitation à dîner, la politesse veut que l'on amène sa ration d'eau...). Je me suis d'autant plus posé la question de savoir si l'installation sur Mars n'était pas une parabole de la création d'Israël (1948 - et il a aussi été question là-bas de mobiliser de l'eau pour un sol aride!) que le leader démagogue se nomme Hilder. Bref, une fois le blocus sur l'eau instauré, les récupérateurs vont devoir mettre au service de Mars leurs aptitudes professionnelles (passer des mois dans des vaisseaux spéciaux bien plus "spartiates" que ceux utilisés par les Terriens "de souche"). La parution en anglais a eu lieu plus d'une vingtaine d'années avant le premier choc pétrolier (en 1973, les pays producteurs de pétrole ont tâché de restreindre l'accès de l'Occident à cette ressource jusqu'alors bon marché), celle en français après.

Je n'ai pas réussi à percevoir d'unité dans le recueil, mais l'agencement des nouvelles remonte à la première publication du recueil en anglais, en 1955 (publication de la nouvelle dans la revue Galaxy Science Fiction en 1952, première traduction en français chez J'ai Lu en 1978). Pour dire quelques mots des autres nouvelles comprises dans le recueil:

Ah! Jeunesse: deux garnements, en villégiature à la campagne, s'amusent avec de drôles d'animaux qu'ils ont mis en cage. De leur côté, leurs pères s'inquiètent du sort des ambassadeurs attendus d'une autre planète. Hé oui, on a souvent besoin de plus petit que soi!

Les profondeurs: La civilisation américaine des années 1950 peut-elle se montrer suffisamment accueillante pour des "réfugiés planétaires"?

L'attrape-nigaud: si ma propre mémoire est bonne, le thème de l'humain présentant des capacités supérieures à celles d'un ordinateur a aussi été utilisé par Asimov dans une tout autre nouvelle, La sensation du pouvoir (1957) du recueil Le robot qui rêvait (où il est envisagé d'utiliser des "calculateurs humains" sacrifiables pour piloter des missiles habités: "on peut plus facilement sacrifier un homme qu'un ordinateur", comme pérore un général). Ici, dans L'attrape-nigaud, les humains surdoués chez lesquels on a cultivé l'hypermnésie par une éducation intégralement dédiée après sélection jouent essentiellement un rôle d'"association d'idées" en recourant à l'index que constitue leur cerveau saturé d'informations hétéroclites accumulées par plaisir sans savoir si elles serviront un jour. Cependant qu'une société utilitariste ne retient, elle, que ce qui peut lui servir dans l'immédiat - et s'empresse d'oublier ce qui lui semble inutile. Belle démonstration de la différence entre recherche fondamentale et recherche appliquée... Je ne dirai rien de plus du contenu de cette longue nouvelle, si ce n'est qu'elle ne concerne pas Mars.

On peut aussi lire des chroniques sur le recueil chez AnudarCapitaine café (dernier billet en mai 2020) ou Je lis la nuit (en pause depuis septembre 2018). Anna du blog Scifilisons l'évoque aussi.

11 mai 2021

Le cabaret de la dernière chance - Jack London

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C'est grave, docteur? Je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) n'arrive plus à me détacher du Challenge Jack London proposé de mars 2020 à ... "plus soif, je veux dire plus lire!" par ClaudiaLucia. Pour soigner le mal par le mal, j'ai donc décidé de traiter d'un titre un peu à part dans l'oeuvre de London, dans la mesure où c'est l'histoire de sa vie (envisagée sous un certain angle) que l'écrivain revisite. Jack London y confesse s'adonner à la boisson, mais nie être en proie à une addiction physiologique, et prétend boire uniquement par choix. Il met dans la bouche de son épouse: "tu n'es ni alcoolique ni dipsomane; tu as simplement pris l'habitude de boire" (fin du 1er chapitre, p.29).

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Le Cabaret de la dernière chance est le titre trouvé par Louis Postif lorsqu'il a traduit en 1928 John Barleycorn, rédigé fin 1912 et publié en 1913 (trois ans avant la mort de Jack London). "A La dernière chance", chez Johnny Heinhold, c'est un bar, naturellement (p.80). Cet ouvrage est qualifié de "roman autobiographique" sur Wikipedia [consulté le 08/05/2021] - qui m'apprend aussi que Philippe Jaworski l'a retraduit en 2016 pour une édition dans La Pléiade (Gallimard). On pouvait traduire le titre original par "Jean Grain d'Orge" - cet orge qui permet de fabriquer aussi bien la bière que le whisky. Dans son enfance, Jack London a été emmené au bistrot par le mari de sa mère (même si le bambin n'y dégustait qu'un biscuit apéritif, ou exceptionnellement un soda au sirop [menthe ou grenadine?]), raconte-t-il. A cinq ans, il vide "pour ne pas gâcher" le trop-plein d'un lourd seau de bière qu'il devait porter pour l'amener aux champs. A sept, il a peur de refuser d'avaler les verres de vin qu'un imbécile pose devant lui. Mais c'est à partir de 14 ou 15 ans qu'il a pris conscience que la boisson était un rite social de convivialité, indispensable pour s'intégrer aux groupes humains à la reconnaissance desquels il aspirait. Impossible de refuser un verre offert. Pourtant, notre jeune homme nous affirme ne pas aimer, à cette époque, ni le goût de l'alcool, ni la sensation d'ivresse. "Boire était un des modes de l'existence que je menais, une habitude des hommes avec qui j'étais mêlé". Et le jeune London préférait pour sa part lire en suçant des sucreries! "Des dollars et des dollars gaspillés au comptoir ne pouvaient me procurer la même joie que ces vingt-cinq cents dépensés chez un confiseur". Pour son malheur, il "tenait" bien l'alcool: encore un moyen d'épater les autres! Alors, une fois qu'il a enfin compris que tout verre offert doit être rendu (toute tournée payée par un autre en appelant une suivante), la pompe s'est amorcée... même si London, tout au long du livre, prétend se distinguer des "ivrognes".

Tout est dit dans une longue citation (p.108) - qu'il s'évertue à ne pas prendre à son compte. "Ainsi procèdent les fidèles de John Barleycorn. Quand la fortune leur sourit, ils boivent. Si elle les boude, ils boivent dans l'espoir d'un de ses retours. Est-elle adverse? Ils boivent pour l'oublier. Ils boivent dès qu'ils rencontrent un ami, de même s'ils se querellent avec lui ou perdent son affection. Sont-ils heureux en amour, ils désirent boire pour augmenter leur bonheur. Trahis par leur belle, ils boiront encore pour noyer leur chagrin. Désoeuvrés, ils prennent un verre, persuadés qu'en augmentant suffisamment la dose, les idées se mettront à grouiller dans leur cervelle, et ils ne sauront plus ou donner de la tête. Dégrisés, ils veulent boire; ivres, ils n'en ont jamais assez". 

Marin, chercheur d'or, reporter, auteur à succès, maître à bord sur son yach en croisière: d'après ce témoignage, chaque étape de la vie de Jack London s'est déroulée au contact de l'alcool, d'une manière ou d'une autre. Y compris, sur la fin (p.262), quand boire a fini par devenir un besoin, parce que l'écrivain professionnel n'arrivait plus à rédiger ses mille mots quotidiens s'il n'avait pas sa dose d'alcool. Cette lecture est un peu désespérante de par les choix néfastes qui sont faits (et assumés). La fin du livre dépeint parfaitement la "tolérance", c'est-à-dire le besoin d'augmenter la dose pour obtenir l'effet souhaité... jusqu'à ce que le livre se termine comme il a commencé: par l'annonce d'un vote de London en faveur du suffrage féminin, dans l'espoir que les femmes s'engagent pour la prohibition de l'alcool. Vision pessimiste, p.307: "moi je crie que nos jeunes gens ne doivent plus avoir à se battre contre le poison. Pour qu'il n'y ait plus de guerre, il faut empêcher les batailles. Pour supprimer l'ivrognerie, il faut empêcher de boire. La Chine a mis fin à l'usage général de l'opium en interdisant la culture et l'importation de l'opium. Les philosophes, les prêtres et les docteurs de la Chine auraient pu prêcher jusqu'à extinction de voix, prêcher pendant mille ans, et l'usage de la Drogue aurait continué sans ralentir tant qu'il aurait été possible de s'en procurer. Les hommes sont ainsi faits, voilà tout."

Ma propre édition a été imprimée en août 1981, je l'ai achetée en 1995 (il existe aussi une édition orange que je ne possède pas). Ele est précédée, comme mes autres "10-18", d'une préface de Francis Lacassin. Celui-ci insiste sur la fin de vie de London, qui selon lui s'est conclue par un suicide, thèse que l'historiographie semble depuis avoir remis en doute (?). Bien évidemment, on ne peut s'empêcher de relever les récits où notre héros frôle la noyade, ainsi que la phrase (à propos de la possibilité de passer en 3 ans de l'état d'ouvrier à celui d'écrivain reconnu): "Martin Eden, c'est moi" (p.229).

Voir les billets de Shangols  et de Ruedeprovence. Pour l'anecdote, j'ai découvert lors de mes recherches l'existence d'une chanson d'Yves Montand portant le même titre que le livre (?), mais sans la trouver chantée par lui en ligne. 

Jack London est mort sans avoir connu le XVIIIe amendement de la Constitution des Etats-Unis (instaurant la Prohibition). Les Alcooliques Anonymes, popularisés par Joseph Kessel dont la troisième épouse avait une addiction à l'alcool (il a écrit Avec les alcooliques anonymes en 1960), sont apparus en 1935. Faire une liste des oeuvres littéraires ayant évoqué l'alcoolisme serait fastidieux (je me rappelle Polyphème enivré par Ulysse aux mille ruses dans l'Odyssée). L'alcoolisme est reconnu comme une maladie par l'OMS depuis 1978. 

7 mai 2021

Mai 68 - Wolinski, Cabu, Gébé, Siné, ...

Ce mois-ci, dans la série de mes hommages aux dessinateurs assassinés à Charlie Hebdo en 2015, je [ta d loi du cine, "squatter" chez dasola] vais présenter un livre plus ou moins anniversaire: Mai 68, vu par l'équipe de Hara Kiri. Je l'avais acheté (à prix bradé) en septembre 2020 sur une aire d'autoroute (je sais, c'est pas bien - c'était à l'époque où l'on pouvait voyager sans restrictions, ce qui n'excusait pas de prendre la bagnole).  

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Nous sommes aujourd'hui cinquante-trois ans après les faits (lors desquels les vétérans fondateurs de Charlie Hebdo deux ans plus tard étaient déjà dans la force de l'âge, tandis que certains des participants à la seconde série étaient encore enfants [Tignous collégien et Charb sans doute porteur de couches!]), mais aussi 13 ans après l'édition originale, et 3 ans après la réédition que j'ai entre les mains. Voici le texte intégral de la présentation signée par l'éditeur (Michel Lafon): "En 2008, j'ai eu l'immense plaisir de publier ce Mai 68 d'anthologie, réunissant les extraordinaires dessins, mais aussi les textes de Cabu, Gébé, Reiser, Siné, Wolinski... Avec leurs mines acérées, ils ont observé, dépeint, critiqué, raillé, été les témoins de cette époque, sur laquelle un vent de révolution et de liberté a soufflé.
Aujourd'hui ils ne sont plus là pour nous croquer les cinquante ans de Mai 68, et depuis ce maudit 7 janvier 2015, leur liberté d'expression a été meurtrie. Cabu et Wolinski sont partis, les autres copains les ont précédés ou suivis... Mai 68 s'éloigne, mais le trait de ces dessinateurs de génie et la verve des irremplaçables Professeur Choron et Cavanna sont là pour nous empêcher d'oublier.
Alors nous avons décidé de rééditer ce Mai 68 sans changer un dessin, sans modifier un mot de ce que Cabu, Wolinski, Cavanna et les autres ont écrit. Pour leur rendre hommage à tous."

En le feuilletant, on y remarque beaucoup de Siné et de Wolinski avec un tout petit peu de Reiser (non mentionné sur la couverture). Une fois de plus, il s'agit d'un recueil de dessins ne comportant pas de numéros de pages! Cela ne m'a pas empêché de m'attacher à compter les dessins respectifs. En me fiant aux têtières des pages et au style de chaque dessinateur, voici les chiffres auxquels je suis arrivé (sachant que certaines "dessins" s'étalent sur plusieurs pages (jusqu'à six pour Wolinski) à raison d'une "case" par page. Pour Siné, j'ai compté 43 pages avec un seul dessin, 5 dessins sur deux pages et une série courant sur 4 pages (total 49 oeuvres en 57 pages). Avec Cabu, j'arrive à 11 dessins monopages, 5 sur deux pages, et une série sur 5 pages (total 17 oeuvres en 26 pages). Concernant Wolinski, j'ai trouvé seulement 6 dessins monopages (les autres courent de 2 à 6 pages - dont quelques bandes "Monsieur..."), mais un total de 20 oeuvres couvrant 67 pages. Figurent encore dans l'ouvrage deux oeuvres signées Gébé (4 et 1 pages), deux dessins signés Topor, 4 apparitions de Reiser (dont une sur 4 pages), un dessin avec la Marianne de Jean Effel (?), un de Sempé (sur deux pages), et une couv' d'Hara Kiri (octobre 68). Mais aussi (mais encore) 55 pages d'affiches (?) non signées (ou dont la signature est pour moi illisible, dans au moins deux cas!). Je ne sais pas si un certain nombre ne sont pas dues à Gébé, mais je suppose qu'il en aurait été crédité dans ce cas! On en a donc pour son argent puisque j'arrive à quelque 250 pages: 171 pages de dessins, plus une quinzaine de pages de témoignages écrits des quatre dessinateurs signataires (Cabu, Siné, Gébé, Wolinski), mais aussi de Cavanna, chacun sur 2 ou 3 pages, précédés d'un dessin de Cabu... et avec, par raccroc le Professeur Choron... sur une petite page et précédé d'un dessin de Reiser. 

Après ces quelques phrases un peu (ch...) austères, place à ce qui est le plus attendu par mes lecteurs je suppose: ma petite sélection subjective de dessins...

P1120297 Horrible, ou comble de l'erreur ?...

P1120301 Siné fait écho à Cabu... à moins que ce soit l'inverse! P1120299 

P1120304 Ce dessin de Reiser évoque pour moi deux échos particuliers, datant de l'occupation de la Sorbonne en... décembre 1986, avec des textes identiques ("il y a 18 ans, papa occupait la Sorbonne"). Premier écho (un père, visage sévère et lunettes aveugles): "Petit con!". Second écho (un CRS anonyme): "Papa aussi!". 

P1120298 Bravo pour l'image Siné... graphique. 

P1120307  P1120308 Wolinski: une, deux, une, deux... 

P1120302 Siné, encore (rien à voir, mais en 1968, Albert Dubout était toujours vivant...) 

P1120306  P1120310 Wolinski et Siné. Ah, ce dégaulisme primaire, qu'est-ce que ça apparaît daté en 2021...

P1120313 Reiser et le mot de la fin

P1120300  P1120303  P1120305  P1120309  P1120311  P1120312 Je termine par les auteurs de Hara Kiri / Charlie. Dans l'ordre: Cavanna, Wolinski, Siné, Géné et Cabu (croqués par ce dernier), et même le Professeur Choron croqué par Reiser. 

Comme ce n'est pas une année-anniversaire en "zéro" ou en "cinq", il y a peu de chances qu'on s'intéresse beaucoup à "mai 68" cette année...

*** Je suis Charlie ***

1 mai 2021

Non mais "Au vaccin!" quoi - N°13

Le mois dernier, ça a été un peu l'inflation (en terme de nombre d'items relevés dans la presse puis à remettre en forme), entre la situation, la vaccination, la déconfination (pardon, le déconfinage). D'où le loooong billet qui suit (signé ta d loi du cine, squatter chez dasola). Espérons que ce 13ème billet de "rebuts de presse" nous portera chance (enfin, ça dépend de quel pied on le lit). Au travail et... bonne lecture! 

Je n'avais pas encore mis en exergue l'impossible quête du "Patient zéro Covid-19" en France... Il semble que l'expression vienne de celui du Sida aux Etats-Unis (échantillon de sang du steward étiquetté "O" [O majuscule] pour Outsider of California, et non "0" [zéro]). Bon, ça aura au moins abouti à une bande dessinée... (la vérité est alliée...?)
Le virus remonterait dans le temps? Il paraît qu'il circulait déjà en France en novembre 2019 (mais peut-être que l'info a été démentie depuis, j'ai pas vérifié...)? D'ici à ce que soit bien l'Occident qui ait contaminé les Chinois, il y a quand même de la marge.
En tout cas, si je comprends bien, avant que la vague médiatique déferle et qu'on commence à nous affoler avec la pandémie mondiale due à cet abominable virus, un certain nombre de malades seraient morts à bas bruit. Diagnostiqués comme décédés d'une banale pneumonie. Voilà qui change tout. Non?

27/04/2021: "350 000 contaminations par jour en Inde, un record mondial" annonce 20 minutes. En valeur absolue, soit (ça va de soi). On frémit. Ou encore: "3600 morts en 24 h, un nouveau record" selon BMFTV le 29/04/2021. On tremble (chaque défunt étant une personne ayant droit à la vie, bien individualisée parmi les 7 ou 8 milliards que nous sommes sur terre). Maintenant, rappelez-moi combien ils sont, en Inde? un milliard et trois cents vingt-six millions? Soit... quasiment vingt fois plus que nous en France (à 14 millions près...)? Alors, si on fait une petite règle de trois, cela correspondrait à 17 500 nouvelles contaminations ou 180 morts en France. Il me semble vaguement que nous avons connu voire connaissons encore des journées pires que ça, chez nous. Par exemple, lundi 2 novembre 2020, nous avions comptabilisé 52 518 contaminations et 418 décès (qui, multipliés par 20, donneraient respectivement 1 050 360 et 8 360) - et je ne suis même pas sûr que ce "record" n'ait pas été battu depuis. Oui, Messieurs-dames, avec une simple petite règle de trois (petite inquiétude sur la baisse de notre niveau en maths...). Maintenant, j'aimerai bien savoir pourquoi on nous a donné en pâture ce chiffre concernant l'Inde? Pour nous faire peur afin qu'on se vaccine?

14/04/2021 - Faut-il craindre l'apparition d'un Coronid pour le variant brésilien, va-t-il naître au bois de Boulogne? Non, je ne vais pas rire avec ça: en 2021, c'est politiquement incorrect. Mais quand on entend dire que "le variant sud-africain s'avère capable de "traverser" le Pfizer", ce coup-ci, c'est une image parlante...

16/04/2021: ça y est, il a avoué! "Coronavirus: une troisième injection "probablement" nécessaire, selon le PDG de Pfizer" ... suivie, bien entendu, d'une injection annuelle. Vous avez dit vaches, allez?

"Qui sont les 100 000 personnes décédées du Covid-19 en France?": Yahoo News ou l'art journalistique de parler pour ne rien dire. Aucune information nouvelle, aucune analyse (et pas le moindre humour). Donnez-moi les données brutes, et je compilerai le même article, à la virgule près (énumérations...). Ici, par contre, j'ai découvert "l'effet moisson". Humour, toujours?

La pauvreté, une comorbidité sous-estimée : tel que c'est parti, après-demain ou juste encore un peu plus tard, certains proposeront d'abréger leurs souffrances (aux pauvres), en affichant des préoccupations humanitaires bien entendu (libéral, nous voilà!)! OK, c'est pas drôle...

12/04/2021: un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme donnerait un argument juridique pour rendre obligatoire la vaccination, selon Euronews?

L'alternative de se faire ou non vacciner, ça va bientôt donner: "Ou bien tu te fais vacciner... parce que c'est raisonnable!". "- Ou bien... quoi?", que je rétorquais, quand j'étais gamin, à ce genre de "fausse alternative" assénée par mes parents. BON MAINTENANT CA SUFFIT, TU OBEIS, TU ENTENDS! Les arguments d'autorité à la c..., ça m'énervait déjà à l'époque, alors maintenant...!

15/04/2021: les personnes immuno-déprimées (greffées, sous dialyse, etc.) devraient avoir une troisième piqure pour être bien protégées par le vaccin (ou par le fait d'avoir été vaccinées...). Après-demain, le vaccin sous forme d'abonnement-rappel mensuel face aux nouveaux variants apparus le mois précédent?

Dérivé de la méthode de monsieur le pharmacien Emile Coué, pour le gouvernement, le mantra pourrait donner: "tous les soirs, à tout point de vue, je dis tout et son contraire!" (je ne sais pas s'ils utilisent une cordelette à 20 noeuds?).

Un exemple de la surenchère industrialo-sécuritaire! Au secours... Trop de science tue la science.

Dimanche 25 avril 2021, monsieur Castex a assuré que les variants avaient tendance à régresser en France et que toutes les précautions sont prises. Retenez-le ou il fera un malheur, celui-là...

Un an après les promesses présidentielles, il semble que les masques chirurgicaux "de fabrication française" n'aient pas réussi à trouver toute leur place dans les marchés publics (trop chers, qu'ils disent?). Salauds de consommateurs... Au fait, vous continuez à en acheter, vous, ou bien vous lavez vos masques?

La convivialité au "don du sang", c'est de pire en pire. Maintenant, c'est "collation à emporter, plus de restauration sur place". Et si jamais on s'hydrate d'un café ou d'un thé chaud, c'est "à la paille", sous le masque chirurgical obligatoire même à l'espace restauration. Quand j'ai demandé si "on" se fichait de moi lorsqu'il m'a dit ça, l'infirmier m'a montré l'affichette officielle et les instructions écrites à l'appui... Je pense qu'il devait y avoir un énarque qui s'ennuyait, et qui a pondu une circulaire sur l'accueil dans les centres de don du sang. A bas l'énarchie! Comment ça, je fais de l'ENAbasching? Ah bah désolé, l'exemple vient d'en haut, par les temps qui courent...

23/04/2021: Vladimir Poutine déclare dix jours fériés en mai pour lutter contre l'épidémieNos candidats aux Présidentielles savent sur quoi il leur reste à surenchérir!

Décès: en avril 2021, on aura tourné sur un petit 300 pépère par jour, en France. Une simple règle de trois (voir plus haut), "toutes choses égales par ailleurs", pourrait donner quelque 120 000 morts supplémentaires d'ici aux élections présidentielles de mai 2022. Je ne prendrai de paris ni dans un sens ni dans un autre.

Information médicale: un tiers des patients guéris après avoir subi une forme grave de la Covid développeraient des séquelles psychiatriques (tant mieux pour les psychiatres!). Question candide: et si celles-ci n'étaient pas les séquelles du virus en lui-même, mais des soins apportés aux patients pour les empêcher d'y succomber? (mourir sain d'esprit ou vivre fou? Mon choix est fait...).
Le 07/04/2021, ça commençait déjà à canonner: les psychiatres s'attendent à être encore plus débordés dans les mois à venir à cause de la Covid-19. Qui faut-il plaindre? 

Au moins trois facteurs en faveur de l'installation endémique de l'épidémie: cf. fin de l'article ("ainsi que... ainsi que..."). Youpi.

Salarié de plus de 55 ans, je suis bombardé de messages "no-reply" de mon centre de Médecine du travail m'informant que j'ai le "droit" de me faire vacciner (avec ou sans l'accord de mon employeur, d'ailleurs). Oui, c'est bon, ça va, j'ai compris, je suis pas intéressé, fichez-moi la paix, merci.

Et le fameux "variant breton" dont la presse commençait à parler vers la mi-mars? "De moins en moins épargnés, le Finistère et les Côtes d'Armor imposent de nouvelles mesures". On n'en parle plus? Les Bretons avaient obtenu la fermeture de leurs frontières? Les Korrigans y avaient patrouillé?

11/04/2021, gros titres dans la presse pour reprendre une déclaration de M. Véran: "dès demain, tous les plus de 55 ans pourront être vaccinés". Exégèse personnelle: "auront le droit de"? "Auront tous la possibilité de"? "Seront prioritaires pour"? "Auront la possibilité de demander, à condition qu'ils le souhaitent, à"? "Ne pourront se soustraire à"? "On pourra les vacciner de force"? Ce verbeux "Pouvoir" représente décidément un grand mot (j'ai pas dit gros!).

Ecartelé (ou crucifié?) entre l'épouvante face aux messages anxiogènes (l'épidémie est toujours là; les soignants n'en peuvent plus de voir mourir tant des patients qui arrivent jusque dans leurs lits trop rares; les variants se développent d'autant plus dangereusement que la vaccination est trop lente; d'ailleurs les vaccins, qui empêchent surtout les formes les plus graves, il faudra les renouveler chaque année, voire aussi vite que les laboratoires pourront les produire et les écouler...)... et l'impatience voire l'énervement qui grandit face aux contraintes collectives corsetant nos sociétés depuis début 2020. Pas moyen d'avoir une case à cocher pour dire "Bon écoutez, fichez-moi la paix maintenant, si je tombe malade d'une manière suffisamment grave pour que mon p'tit organisme ne puisse s'en tirer seul, foutez-moi en coma artificiel si nécessaire, mais il sera inutile de m'en sortir ensuite pour revenir dans votre monde restreint, merci!"?

Avril 2021, nouvelle procédure pour les visites en EHPAD: charlotte, surblouse et protège-chaussures à usage unique (et toujours le masque bien entendu). Par contre, on ne vous prend plus la température à l'accueil... 
Taux de contamination à la baisse en EHPAD. Grâce à la vaccination? En tout cas, ceux qui sont morts restent morts. Et je suppose qu'il y a exactement le même nombre de résidents en EHPAD aujourd'hui qu'il y a un an... (une place pour chaque personne et chaque personne à sa place - payante).

24/04/2021: scandale au Chili: près de 100 personnes vaccinées par un vétérinaire avec un vaccin pour chiens. Mais - quel dommage - l'histoire ne dit pas si certaines sont ou non tombées malades ensuite... 

19/04/2021: ai lu une analyse qui nuance (pour ne pas dire plus) ce qui me paraissait pourtant du bon sens (avec juste ma petite jugeotte personnelle...) concernant l'objectif d'une "immunité naturelle": plus le virus circule librement, plus il mute, et plus certaines de ces mutations peuvent s'avérer dangereuses? A l'heure où un certain nombre de pays sont en position de déconfiner, nous, en France, on resterait des cons finis (selon le mot de dasola)?

Le 19 avril, le robuste bon sens familial anticipait qu'on ne nous "libérerait" pas, en fait, avant le 15 mai, histoire de ne pas provoquer de "relâchement" pour le WE de l'Ascension. Mais on supposait aussi être trop bêtes pour que le gouvernement nous le dise franchement?

Tout de même, avec déjà 15 mois de recul, ce "petit joueur" de virus SARS-CoV-2, ce n'est ni le virus de la Peste noire de la grande époque (1347), qui aurait entraîné une baisse de population de 20 à 30% en quelques années (avec une forme aérobie systématiquement mortelle, tandis qu'on survivait parfois à la forme bubonnique), ni la "Peste écarlate" fictionnelle de Jack London (publiée en 1905), qui met fin à la civilisation de nos grands-parents dès l'aube du XXe. Va falloir attendre le suivant...

Je n'ai pas refait récemment le point sur la question, mais en septembre 2020, on découvrait que le virus et ses anticorps peuvent cohabiter un certain temps chez les enfants ("normalement", soit on détecte le virus, soit on détecte les anticorps qui empêchent sa présence - si j'avais bien compris). Et en plus, chez les jeunes, les filles restent positives plus longtemps que les garçons. Va-t-en donc comprendre quelque chose à ça... On n'arrête pas le progrès de nos connaissances scientifiques. 

J'ai mis un temps certain à y songer, mais... C'est vrai que maintenant que tout le monde (homme, femme ou ...autre) est masqué, au fil des mois, on a beaucoup moins prêté attention aux gamines qui voulaient "se faire remarquer" en portant un voile leur masquant les cheveux (si ce n'est le visage) pour des raisons de piété affichée! Banalisation... Chapeau Manu, bien joué.

Tous masqués à l'église, à la mosquée, à la synagogue ou au temple? "Dieu reconnaîtra les siens...".

Pour finir, rêvons un peu à un Sondage (une seule réponse possible):
De quoi me protège mon masque?
- des rares personnes pas encore vaccinées
- des variants (anglais, sud-africain, brésilien, indien, breton...)
- des postillons
- de la bave du crapaud
- des particules fines dues aux pneux et aux freins dans le métro ou en ville
- des caméras de télésurveillance
- d'une amende de 135 euros
- je n'en sais fichtre rien...
- [ah si!] de l'infection au Covid-19
question subsidiaire: donnez la date exacte à laquelle le mantra officiel "le masque est inutile et ne sert à rien" est devenu faux.

Dernière minute: ce 30 avril 2021, on apprend que le pays qu'on nous chantait naguère comme le plus avancé dans la vaccination totale de sa population, Israël, avec des projections de dates excessivement optimistes, plafonne à 60% de personnes vaccinées, en raison des réticences de certains clients citoyens de certaines catégories de la population. Le message "Vaccinez-vous!" s'avèrerait-il déjà un peu trop usé, comme si on criait de manière inappropriée "au feu!", "au fou!" ou "au loup!"?

30 avril 2021

Double étoile - Robert Heinlein

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Voici ma première contribution pour le Challenge de la planète Mars (en tant que ta d loi du cine, "squatter" chez dasola). J'espère arriver à la treizième dans maintenant moins d'un an (le challenge court jusqu'à fin mars 2022, rappelons-le!)... Mais ce billet devrait aussi pouvoir compter pour le 9e Challenge de l'imaginaire proposé par Ma Lecturothèque!

Kagemusha. Le prisonnier de Zenda. Aventure à Manhattan (la BD, pas le film!). Le sceptre d'Ottokar. Les cinéphiles bédévores (ou l'inverse!) auront peut-être compris l'intrigue de Double étoile par ces seules allusions. Ici aussi, un sosie est amené à remplacer un dirigeant dans une période cruciale. Mais là où Heinlein innove, c'est que le remplaçant est un acteur professionnel (même s'il n'a jamais obtenu le succès qu'il estime mériter), et dispose de tout un fichier pour lui faciliter son rôle... Quel rapport avec la planète Mars, me direz-vous? L'homme d'Etat disparu mettait la dernière main à une négociation pour faire admettre les Martiens à l'équivalent du Parlement planétaire des terriens. Or les Martiens sont une "race" belliqueuse et aussi susceptibles que ... [je ne citerai pas d'insulaires métropolitains, pour ne vexer personne]. Si la négociation capote, comme le souhaitent les factions conservatrices, d'un bord ou de l'autre, qui s'activent en sous-main, c'est le conflit dévastateur assuré! Nous suivons donc la progression de la performance du "remplaçant de fortune" pour tenir sa place, avec des hauts et des bas, et toutes les péripéties que cela comporte, jusqu'au rebondissement final.

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Ce court roman (220 pages, publié en anglais sous le titre Double Star en 1956 et traduit en français en 1958) s'inscrivait dans un futur qui a peu de chances d'arriver en l'état actuel de nos connaissances sur la planète Mars. D'autres auteurs ont eu une approche différente (et j'aurai l'occasion d'en reparler dans d'autres billets dans le cadre de ce challenge), en évoquant plutôt les relations souvent tendues entre des colons terriens sur Mars, et leur planète d'origine. 

Je vais conclure par la citation de quelques-unes des dernières phrases du livre:

"J'ai été au pouvoir et dans l'opposition trois fois de suite, maintenant. Et c'est peut-être ma dernière législature. La première fois, je suis tombé quand nous avons finalement ouvert la Grande Assemblée aux T.E. (1). Mais les non-humains sont toujours à la Chambre, et je suis revenu au pouvoir. On accepte une certaine dose de réforme, puis on a besoin d'un peu de repos.
Les réformes subsistent.
Mais, en réalité, personne ne désire vraiment que quoi que ce soit change, aucun changement du tout.
Et la xénophobie est un sentiment profondément enraciné.
Mais le Progrès ne s'en réalise pas moins."

(1) Territoires Extérieurs [note p.221]

Robert Heinlein (1907-1988 - mon édition du bouquin date d'avant sa mort, mais je l'avais acquis après!) a écrit de nombreux ouvrages de SF ou "d'anticipation", et on peut croiser la planète Mars dans d'autres de ses oeuvres. Peut-être y reviendrai-je au cours des 11 mois qu'il reste pour ce Challenge!

Lire aussi la chronique d'Erwelyn.

26 avril 2021

Trois recueils de nouvelles sur le Klondike - Jack London

Challenge jack london 2copie

Dans le cadre du Challenge Jack London proposé de mars 2020 à ... "plus soif, je veux dire plus lire!" par ClaudiaLucia, je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) poursuis mes relectures. J'ai un peu de retard puisque mon billet précédent est paru il y a plus de deux semaines... Je me suis replongé cette fois-ci dans les trois recueils de nouvelles parlant du Klondike que je possède (de longue date) dans ma pochothèque parisienne.

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Le fils du loup est le premier livre publié par Jack London, en avril 1900, alors qu'il avait 24 ans. Ce recueil reprenait 8 nouvelles publiées entre janvier et décembre 1899 dans le mensuel culturel Tho Overland Monthly à San Francisco, et une neuvième nouvelle publiée en janvier 1900 dans The Atlantic Monthly de Boston. Ces nouvelles ont lancé la carrière littéraire de Jack London. Elles lui ont été payées de 5 dollars à 7,50 dollars de l'époque. Louis Postif, Paul Gruyer ou "S. Joubert" ont traduit en français telle ou telle des nouvelles, selon la préface et la bibliographie de l'édition de Francis Lacassin en 10-18, qui a aussi repris l'introduction de Pierre Mac Orlan a la première édition française de 1920. Bref. London avait quitté Dawson en juin 1898, lesté de toutes les conversations qu'il avait eues dans les bars avec des pionniers de la ruée vers l'or pour laquelle il était arrivé trop tard, en même temps que des milliers de nouveaux venus dans le pays. Il exploitera ce matériau, ainsi que ses propres expériences de la vie dans le grand nord (piste, marche, conduite d'un traineau, bivouac, froid, faim, maladie...) pour en tirer une grande partie de son oeuvre écrite.

Dans ce recueil, par un procédé que London réutilisera, on retrouve dans la plupart des nouvelles Malemute Kid, acteur, deus ex machina, ou seulement cité. Il s'agit d'"un des premiers pionniers du Klondike (...). C'était un véritable colosse, aussi bon et doux qu'il était fort. Son aménité native, et la cordiale bienveillance qu'exhalait tout son être, étaient aussi propres à lui gagner la confiance d'un chien-loup qu'à lui attirer, sans qu'il les cherchât d'ailleurs, les confidences de l'homme le plus rude". Il peut être amené à agir "en équité" plutôt qu'à s'appuyer sur la légalité des autorités. Je noterais que le chien de traîneau "malamute de l'Alaska" ne supporte pas la solitude, et a besoin d'être en meute pour se sentir bien dans ses pattes (jolie formule trouvée sur le site wamiz). On voit aussi ici ou là agir Sitka Charley, le guide indien, ou le prospecteur Bettles, le jeune ingénieur des mines Stanley Prince, ou encore le Père Roubeau, à qui son état de prêtre interdit de mentir... 

Je m'étais offert en 1988 ce livre imprimé en 1975. Lu et relu, il tombe aujourd'hui en morceaux... L'ordre des nouvelles dans le recueil n'est pas celui de publication. J'ignore si c'est celui de The Son of the Wolf (en anglais). Tâchons de dire deux mots de chacune. 

P1120224Dans Le grand silence blanc (à ne pas confondre avec le livre de Louis-Frédéric Rouquette qui a repris ce titre en 1920), un couple et Malemute Kid affrontent les dangers de la piste en pays inconnu, alors que les vivres et les forces s'épuisent dans le désert glacé. Le fils du loup dépeint le mariage d'un "bushman", vivant depuis 25 ans dans l'ombre du cercle polaire arctique, avec la "squaw" qu'il vient chercher au sein de sa tribu. "Fils du loup" désigne ici le blanc, par opposition au "fils du corbeau" qu'est l'indien. Le blanc a tendance à prendre tout ce dont il a envie... Dans Ceux de Forthy-Mile (première ville créée au Yukon, aujourd'hui "ville fantôme"), Malemute Kid dissuade deux prospecteurs de se battre en duel pour un motif futile. En pays lointain (titre d'un des recueils que je lisais en bibliothèque verte) parle du naufrage de deux paresseux laissés pour compte dans une cabane isolée par l'expédition d'"argonautes" (un groupe de chercheurs d'or citadins) dont ils faisaient partie. A l'homme sur la piste étant ma nouvelle préférée, je la garde pour la bonne bouche. La prérogative du prêtre, c'est un peu Bérénice au Klondike, avec le père Roudeau contraint de conseiller une mauvaise solution. Sitka Charley est le justicier fataliste de La loi de la pisteBal masqué correspond à une des possibilités ouvertes par le Fils du loup, sous la responsabilité de Malemute Kid. Pour Une odyssée au Klondike, je ne trouve pas le titre si juste que cela au premier abord. Disons seulement que Malemute Kid est capable de prêter 1,7 kg de poudre d'or à un inconnu, un peu comme le journaliste de L'homme qui voulut être roi de Kipling accueille les deux aventuriers. Et puis, c'est vrai, ça parle d'une longue attente de l'être aimé, et de grands voyages... Pour en revenir à l'homme sur la piste, l'histoire se déroule comme un conte de Noël, et a été la première publiée, en janvier 1899. Elle dépeint magnifiquement les fatigues des voyages en traîneau dans la nuit polaire. J'ai toujours trouvé magnifique le rude toast: "A la santé de l'homme qui, cette nuit, avance sur la piste! Puissent ses chiens garder leur vigueur, sa nourriture lui suffire et ses allumettes toujours prendre! Que Dieu lui soit propice! Quel le bonheur l'accompagne!". Et que le diable emporte la police montée. 

Pas loin du quart du volume (pp.341-441) est constitué d'extraits des mémoires, titrés "Dawson tel qu'il fut", d'un certain Jeremiah Lynch, un aventurier (ancien sénateur, tout de même) qui n'a pas croisé London puisqu'il est arrivé à Dawson quelques semaines après le départ de ce dernier, mais qui a écrit Tree Years in the Klondike ("Trois années au Klondike") sur sa propre expérience là-bas entre 1898 et 1901.  

Pour en revenir à Jack London, L'amour de la vie est le deuxième "bouquin à couverture orange" (imprimé en 1974 et acheté par moi 17 ans plus tard) de ce billet. On connaît l'anecdote: Lénine grabataire demandant de la lecture, deux jours avant sa mort, sa femme lui a lu la nouvelle qui donne son nom au recueil.  

P1120223Nous avons ici huit nouvelles publiées entre 1904 et 1907, rassemblées dans le recueil titré Love of Life & Others Stories en septembre 1907 (l'avant-dernier recueil consacré par London au Grand Nord). L'amour de la vie retrace la longue piste sur laquelle se traînent deux hommes affamés, puis un seul, et le loup famélique qui le guette. Suit la nouvelle Le logement d'un jour: un professeur d'université donne une coûteuse leçon de savoir-vivre à un médecin et à sa patiente. La manière des blancs met en évidence l'incompatibilité de deux cultures: celle de l'indien, qui agit toujours de la même manière, année après année, tandis que le blanc traitera le meurtre de deux manières différentes... selon que le crime a été commis avant ou après l'organisation administrative de l'Alaska en district. L'histoire de Keesh a pu se dérouler à de nombreuses reprises au cours des millénaires: un jeune homme intelligent développe une nouvelle technique de chasse... L'Imprévu met plutôt en évidence la capacité, variable selon les êtres humains, à réagir et à s'adapter à une situation nouvelle lorsque les circonstances l'imposent. Jusqu'à aller devoir rendre la justice, toute la justice et rien que la justice. Dans Loup brun, en Californie, un chien du Klondike découvre le libre arbitre, alors que trois humains ont promis de ne pas tricher. La piste des soleils dépeint (c'est le mot) le récit par Sitka Charley d'une poursuite à mort d'un inconnu par un couple, on ne saura jamais pourquoi. C'est hallucinant à lire, on réalise seulement à la fin le but de la course folle qui nous est décrite. On ne peut qu'imaginer que le pourchassé a commis un acte inexpiable. Cette nouvelle est très habile, et attise la curiosité, je trouve, avec l'indien qui ne sait ni lire ni écrire, mais cherche à illustrer la différence entre l'image figée d'une gravure et les histoires de "vraie vie" qui doivent avoir un début, un milieu et une fin connus. Enfin, Negore le lâche montre le courage nécessaire pour accomplir une ruse de guerre et finir, peut-être, quasiment en épectase (oui je sais, j'ai parfois l'esprit mal tourné). 

Dans ce volume, le "document" est constitué d'un article racontant une histoire vraie qui a inspiré London pour au moins l'une de ses nouvelles: un homme affamé perdu dans le Grand Nord - et qui réussit à survivre. ll s'agit de Perdu dans le pays du soleil de minuit, par Augustus Bride et J. K. Mac Donald, publié en décembre 1901.

Je finis mon billet avec le recueil titré L'Appel de la forêt. Il faut lire la très belle présentation par Francis Lacassin de ce volume (une trentaine de pages) imprimé en 1974 et que j'ai acquis en 1992. J'ignore si nos éditions du XXIe siècle la reprennent. L'ouvrage contient quatorze nouvelles publiées entre 1901 et 1926 (Jack London étant mort en 1916), suivies par les 90 pages de L'appel de la forêt proprement dit, le tout dernier texte étant une réponse assez polémique au naturaliste John Burroughs, qui semble avoir critiqué les écrits de London mettant en scène des animaux.  

P1120222Trop d'or, ou tel est pris qui croyait prendre (c'est l'histoire d'une déveine qui se partage entre deux vieux durs à cuire et un nouvel arrivant, de la vente d'une mine d'or, et du respect de la parole donnée). La nouvelle titrée La Toison d'or est tirée, à peine embellie, de l'expérience personnelle de London en route pour arriver à Dawson, si j'ai bien compris (Liverpool-London: j'ai mis un certain temps à saisir la blague...). On y retrouve, ainsi que dans la nouvelle Les mille douzaines d'oeufs (qui auraient pu valoir 5000 $ si...), certains éléments que London a réutilisés plus tard dans Belliou la fumée, traités sur le mode comique ici, ou plus tragique là. La foi des hommes délivre un message ambigu sur le respect de la parole engagée en même temps que sur la capacité à croire en celle d'autrui. A mes yeux, elle est contrebalancée par celle titrée L'histoire de Jees-Uck (tiens, je n'avais pas songé jusqu'à maintenant à la manière dont ce "nom" pouvait sonner en terme de religiosité...). Bâtard, qui intervient avant dans le recueil, se range cependant dans la catégorie des histoires de chiens, le héros canin étant ici à la fois victime et bourreau. Le mariage de Lit-Lit traite, en gros et en détail, de l'émancipation féminine (vis-à-vis de la puissance paternelle) chez les indiens. On trouve aussi dans le recueil quelques histoires de chasse pas piquées des vers (quand il ne s'agit pas de chasse au dahu). Dans Un survivant de la préhistoire, c'est un malheureux mammouth qui sera la victime. Son cruel chasseur est aussi le héros d'Un breuvage hyperboréen, ou comment se rendre maître d'une tribu soiffarde grâce à un alambic bricolé, ainsi qu'à quelques pincées de bicarbonate de soude pour éliminer la concurrence. Gueule chauve est mis dans la bouche d'un Tartarin local, qui raconte comment il est arrivé à faire se battre à mort deux grizzlis (il sufit de courrir entre les deux!). Dans Le val tout en or, le filon dont rêvait tout mineur est déniché à force de peine. Mais la nouvelle peut aussi faire penser aux mots de Clint Eastwood dans Le bon, la brute et le truand, quelque chose comme: "dans la vie, il y a ceux qui ont un flingue et ceux qui creusent". La fin de l'histoire est de la même veine que L'histoire de Jess-Uck ou que la nouvelle Le logement d'un jour cité plus haut pour un autre recueil: adultère et pardon... L'enfant de la nuit, aventure de rêve, date de 1910. A la lecture de la description du héros masculin, vieilli prématurément par l'alcool 12 ans après son retour du Grand Nord, on ne peut qu'espérer que ce n'est pas trop autobiographique! Miracle dans le Grand Nord enfin, c'est l'histoire de quatre hommes à court de vivre, dont l'un (John Thornton) est accusé du vol de lard commis par un autre (Bertram Cornell, "un mauvais homme et un raté") - qui finira par faire le sacrifice de sa vie pour se racheter (la nouvelle semble dater d'entre 1900 à 1905, mais n'avoir été publiée qu'en 1926, à titre posthume?). Et puis, l'on arrive au plat de résistance: L'appel de la forêt. Il faudrait un billet entier pour parler de cette oeuvre très connue (court roman publié en 1903 en anglais et traduit en français dès 1906), divisée en six chapitres. Le chien Buck passe de main en main, depuis la Californie où il est né (dans un domaine qui rappelle celui où Croc-blanc - postérieur - finit ses aventures), et vit de longues aventures comme chien de traineau, jusqu'au retour à la vie sauvage après la mort violente de son dernier maître, John Thornton (le même, peut-être, qui avait été sauvé de justesse dans le Miracle... précédent). Notons qu'au fil des traductions successives, The Call of the Wild a aussi été titré L'appel du grand nord, L'appel sauvage, et enfin L'appel du monde sauvage (pour l'édition "Pléidade" en 2016).

Poour conclure ce billet, je voudrais au moins mentionner une nouvelle que je n'ai pas sous la main (le bouquin se trouve dans une "résidence secondaire" à bien plus de 10 kilomètres de Paris et que je ne peux donc pas fréquenter pour le moment), mais qui m'a toujours bien plu lorsque je l'ai lue et relue en "Bibliothèque verte" dans le recueil Les enfants du froid. Jack London y évoque de manière littéraire, dans la fiction, un combat désespéré. Pour The League of the Old Men, la traduction de Louis Postif donnait "La ligue des vieux" (dans les années 1930). Je ne connais pas les deux traductions suivantes, celle de Simone Chambon, "La ligue des vieillards" (1989), ni celle de Marc Chenetier, "La conjuration des anciens" (1989). Qu'en pensez-vous? Pour ma part, ayant essayé de "caractériser" toutes ces histoires de chiens ou d'êtres humains, blancs ou indiens, sans les raconter ni même les résumer, j'espère vous avoir donné envie de les lire vous-même...

Je remarquerais encore qu'aujourd'hui, les prospecteurs (autres que les grandes sociétés) s'acharnent et meurent, pour de l'or ou d'autres minéraux, en Amazonie, en Afrique... Mais on attend encore l'écrivain qui nous fera rêver en contant leurs aventures humaines. Nous sommes surtout sensibles aux rivières empoisonnées au cyanure et à l'environnement "naturel" détruit à jamais.

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Un zeste de bande dessinée encore. Pour qui aime bien les "histoires de canard" (Duck), je voudrais juste signaler que Picsou (Uncle Scrooge) a commencé sa fortune au Klondike, selon les histoires racontées par le dessinateur Don Rosa après Carl Barks. Dans son Intégrale publiée chez Glénat à partir de 2012, on peut dénicher quelques pépites. On y croise même Jack London en mémorialiste... affublé d'une truffe de chien! 

P1120325  P1120327  P1120328 (Don Rosa conclut chaque "aventure" d'un texte explicatif sur ses sources d'inspiration - ici p.146 du tome II)

7 avril 2021

Coco: nature, culture et poil à gratter - Virginia Ennor

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) surfe sur l'actualité pour rendre aujourd'hui hommage à une dessinatrice de Charlie Hebdo, Corinne Rey dite Coco. Depuis le 1er avril 2021, elle a pris la suite de Willem (autre dessinateur de l'équipe de Charlie, qui a eu... 80 ans le 2 avril!) dans Libération. J'avais déjà eu l'occasion de citer quelques-uns des dessins de Coco à l'occasion d'un article sur le recueil collectif Tout est pardonné (2015).

Coco: nature, culture et poil à gratter, l'opuscule que j'ai choisi aujourd'hui comme "point d'encrage" de ma chronique, remonte à 2016 (Critère édition, coll. Les Iconovores, 95 p.).

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Les Iconovores, collection sur les dessinateurs de presse, "réaffirme que dans un monde bousculé, la liberté d'expression est une nécessité" (extrait de la présentation en 2e de couv'). L'ouvrage, le premier de la collection, contient 88 dessins de Coco. J'ai noté avec intérêt que l'ouvrage mentionne en p.96 les références des publications pour chacun des dessins (y compris, parfois, "proposé non publié"...). J'en citerai ci-dessous moins de 10%, ceux que j'ai le plus appréciés (au regard des années 2020-2021...). Selon le texte (signé Virginia Ennor) figurant en p.5, "dessinatrice de presse, [Coco] aime penser qu'un jour les cons cesseront de pourrir la planète, de maltraiter les animaux, de tuer et de torturer des innocents, de détruire vie et nature pour de l'argent (...)".

P1120275 p.86 (qui? [en 2015, pas en 2020])

P1120277 p.37 (et, en 2016, on ne parlait même pas encore du télétravail-covid-19!). P1120276 p.35 (c'est moi qui inverse l'ordre des deux dessins)

P1120278 p.40 (je me rappelle aussi que Coco a fait, il y a quelque temps, toute une série de dessins hebdomadaires dans Charlie autour de l'Origine du monde...).

P1120279 p.51 (le 22 septembre 2014, Patrick Bruel chantait au Royal Albert Hall de Londres la chanson de David Bowie Life on mars)

P1120280 p.61 (oui! "De n'importe quel pays, de n'importe quelle couleur / (...) un cri qui vient de l'intérieur!"[comme chantait à peu près Bernard Lavilliers])

P1120282 p.80 P1120281 p.71 (tout est dans le titre du dessin?)

Je finis par la préface du livre. Elisabeth Quin y évoque à bras-le-corps la journée du 7 janvier 2015 et l'irruption des deux assassins à Kalachnikov dans la rédaction de Charlie, et surtout l'anecdote navrante d'un malotru (un lourdaud) qui interpelle Coco un an plus tard en sa présence. Je suppose qu'on a dû être des milliers et des milliers à se demander ce qu'on aurait fait, soi-même, sous la menace des armes des tueurs à la porte de Charlie. Réponse impossible. Et Coco, dans cette situation, a eu la présence d'esprit de commencer par tâcher de les balader vers une fausse destination (respect!). On peut lire un entretien publié par Marianne en deux parties, les 10 mars et 11 mars 2021, où elle explique comment elle s'est reconstruite, six ans après le massacre. 

Je voulais encore rappeler que la dessinatrice, entrée à Charlie en 2008, avait été primée aux 29e et 34e Salon de la caricature et du dessin de presse de Saint-Just-le-Martel en octobre 2010 puis 2015 ("Grand prix de l'humour vache"). 

Je n'ai pas trouvé beaucoup de mentions de ce livre sur internet aujourd'hui. A l'époque, le blog de Sophie Dauphin l'avait chroniqué. On peut encore apprécier la version de Coco d'une "Colombe de la paix" qui lui avait été demandée en 2017 par le Mouvement [du même nom].

P1120273 ci-contre, ce qu'elle disait en novembre 2019 au sujet du premier dessin satirique qui l'avait marquée.

Et si vous voulez découvrir régulièrement de nouveaux dessins de Coco, achetez Libé et Charlie.

Coco_Libe_01-04-2021_p23 Libération du 1er avril 2021, p.23

Surtout, Coco, continuez à nous produire des dessins mordants! 

PS : j'ai découvert dans le métro, alors que j'allais "boucler" mon billet, la campagne d'affichage pour le récent livre de Coco Dessiner encore (éd. des Arènes) dont elle parle dans l'entretien cité ci-dessus. Voici quelques photos cintrées des deux affiches. J'aurai certainement l'occasion de chroniquer ce livre un mois ou l'autre... [chroniqué le 07/03/2022].

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*** Je suis Charlie ***

5 avril 2021

La Corée en feu - Jack London / Corto Maltese, la jeunesse 1904-1905 - Hugo Pratt

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Dans le cadre du Challenge Jack London proposé de mars 2020 jusqu'après mars 2021 par ClaudiaLucia, je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) chronique encore un "10/18", que j'avais acheté en 1996. Et je fais ainsi d'une pierre deux coups avec le Challenge coréen proposé par Cristie (jusqu'au 21/04/2021 - il était temps!). Et même - hop! - trois coups avec le Challenge "Des histoires et des bulles" commencé le 1er avril 2021 chez Noctenbulle.

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La Corée en feu, c'est le titre sous lequel ont été regroupés et publiés en anglais en 1970, dans le volume Jack London Reports, 24 articles rédigés par notre auteur dans le cadre d'un reportage comme "correspondant de guerre" durant la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Le volume français comprend également une trentaine de lettres à Charmian Kittredge, secrétaire et future épouse de London (après son divorce d'avec sa première épouse et mère de ses filles). Le copyright indique "Union Générale d'édition, 1982" (le traducteur, Jean-Louis Postif [fils de Louis], adresse ses vifs remerciements à M. Michael Aaron, qui a bien voulu l'aider à résoudre certaines difficultés de traduction). Dans cet ouvrage, les articles écrits "sur le terrain" sont chapitrés de I (1) à XXII [22]. Ils ont été rédigés pour le quotidien de San Francisco The Examiner (appartenant à William Randolph Hearst). Oui, le même Hearst qui aurait dit quelques années plus tôt à son illustrateur Frederic Remington, à propos de la guerre hispano-américaine de 1898 à Cuba: "vous fournissez les images et moi je vous fournirai la guerre". Plusieurs journaux dont celui de Hearst avaient proposé à London, quelques semaines avant que la guerre, prévisible, n'éclate entre la Russie et le Japon, de partir la couvrir sur place. Dans ce livre, nous pouvons donc découvrir une autre facette de l'auteur Jack London, outre les oeuvres militantes, les fictions inspirées par ses propres aventures, les récits de croisières... Ici, ce sont la vie et les mésaventures d'un correspondant de guerre "embedded" par l'armée japonaise qui "montait", en Corée, à la rencontre des Russes, qui nous sont surtout racontées. 

Ouvrons une parenthèse que les blogueurs-euses qui ne s'intéressent pas à l'Histoire peuvent ne pas lire. Pour dire deux mots de l'arrière-plan historico-politique (l'actualité de l'époque, que tout le monde connaissait il y a 117 ans, et qu'il était donc inutile de rappeler aux lecteurs contemporains des faits): le Japon s'était révélé au monde comme puissance montante lors d'une guerre contre la Chine en 1894-95 pour le contrôle de la Corée. Mais il avait l'impression de s'être fait dépouiller de sa victoire sous les pressions de puissances européennes ("triple intervention" de la Russie, la France et l'Allemagne). La Russie y avait obtenu de la Chine la concession de Port-Arthur (à l'extrême sud de la péninsule du Liaodong) pour 25 ans. Moins de neuf ans plus tard, au début de 1904, le Japon cherche à se faire reconnaître comme puissance régionale à part entière face aux impérialismes européens, cependant que la Russie poursuit sa politique ancestrale d'accès aux "mers chaudes". La Corée, disputée entre les deux pays, était dirigée par Kojong (né en 1852, roi depuis 1864, empereur depuis 1897, il abdiquera en 1907 et mourra en 1919). Les raisons immédiates du conflit qui finit par éclater en 1904 sont le contrôle de la Corée et surtout de la Mandchourie (ultimatum du Japon à la Russie au sujet de la Mandchourie le 13 janvier 1904). Fin de la parenthèse historique, revenons à London.

Notre journaliste a quitté San Francisco le 7 janvier 1904 à destination de Yokohama avec "de belles idées sur ce que devait être le travail d'un correspondant de guerre. (...) En bref, je suis venu à la guerre dans l'attente d'émotions. Mes seules émotions ont été l'indignation et l'irritation" (article du 2 juin 1904). Ses articles ont été rédigés entre le 3 février 1904 et le 1er juillet 1904, mais publiés parfois plus de trois semaines après leur rédaction (ou même jamais publiés, pour le N°XIII du 13/03/1904). La guerre a officiellement débuté le 8 février 1904. Le premier article de London, écrit quelques jours avant au Japon, dans le port de Shimonoseki, a été publié à San Francisco seulement le 27 février. Il retrace ses mésaventures pour quelques photos prises au Japon (interrogatoire, appareil confisqué, jugement...). Le suivant date du 26 février: London est enfin parvenu en Corée, ayant débarqué à Chemulpo (aujourd'hui Incheon). Les différents épisodes du reportage sont d'abord traité sur le mode comique (la montée "au front" s'avérant... plus que difficile pour les correspondants de guerre!): London raconte essentiellement ses problèmes de la vie quotidienne, les différences de langue, de culture... Il faut se rappeler que la transmission de ses articles était soumise au bon vouloir des Japonais et de leur censure. Dans certains articles, il mentionne les deux collègues les plus proches de lui (Jones / Dunn, et McLeod / Mackensie), seuls à avoir pu passer du Japon en Corée - cependant que leurs confrères restés au Japon s'arrangeront pour les faire "ramener vers l'arrière" au nom de l'égalité de traitement. Les officiels japonais exigent des autorisations pour tout voyage, qualifient toute information de "secrète", ... et empêchent ainsi nos reporters de "faire leur travail" sur les opérations des belligérants, London "meuble" donc avec le récit de son propre quotidien.

La vraie guerre (avec des morts et des prisonniers - des "blancs aux yeux bleus" dont London se sent plus proche que des soldats Japonais qu'il accompagne) arrive au chapitre XVII (alors que le précédent, 10 ans avant la guerre de 14, annonçait avec optimisme "quand les machines de guerre deviendront pratiquement parfaites, il n'y aura plus du tout de massacres". Le tournant terrestre de cette guerre "en" Corée est la bataille du fleuve Yalou: London n'en a pas vu grand-chose (pas plus que Fabrice del Dongo à Waterloo - mais le héros de Stendhal n'était pas "correspondant de guerre"!). Pour ma part, c'est l'article on ne peut plus clair de Wikipedia "Bataille du fleuve Yalou (1904)", consulté le 28/03/2021, qui m'a permis de comprendre comment les combats s'étaient déroulés. London sera rentré en Amérique bien avant la capitulation de Port-Arthur en janvier 1905: son dernier article, dicté à San Francisco le 1er juillet 1904, est titré "Comment le Japon rend inutile la mission des correspondants de guerre". Il fait état d'observations que l'on peut aujourd'hui juger oiseuses sur les différences de mentalités entre Japonais et "blancs". L'ambiance locale en Corée contient parfois des considérations dignes des premiers Tintin d'Hergé (avant sa prise de conscience pour Le Lotus bleu). Concernant la présence à éclipse des villageois coréens dans les articles, on peut supposer que ceux-ci se rappelaient sans doute les ravages et exactions de la guerre sino-japonaise moins d'une décennie auparavant. Après les "Lettres de Corée à Chamian Kittredge", parfois redondantes avec les articles, le volume se termine par deux articles rédigés ultérieurement: "Le péril jaune", septembre 1904 (encore pour The Examiner), et "Si le Japon réveille la Chine..." (publié en 1910 dans le Sunset Magazine). Ce dernier n'est pas sans lien avec la nouvelle d'anticipation "L'invasion sans pareille" dont j'ai déjà parlé (1910 aussi). 

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Mais ce reportage de London sur la guerre russo-japonaise a aussi donné lieu, des décennies plus tard, à une oeuvre fictionnelle, dont je vais dire quelques mots. 

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Pour mémoire, l'album de BD d'Hugo Pratt Corto Maltese, la jeunesse 1904-1905 (Casterman 1983, réédité plus tard sous le titre La jeunesse de Corto) évoque la rencontre (fictive, bien sûr) de Jack London avec le héros prattien Corto Maltese. Dans cet album que j'avais acquis il y a plus de 20 ans auprès d'une collègue qui liquidait la BDthèque de son ex après leur séparation, le personnage de Jack London apparaît dès la 6ème planche (p.17), cependant qu'on ne découvre Corto Maltese, en pricipe le héros, qu'à la 17ème planche. Ensuite, il n'y a plus que quatre planches où l'on ne voit pas au moins une fois London. Corto, lui, figure au total dans à peine deux douzaines de vignettes (si, je vous jure, j'ai compté!), contre plus de 180 pour Jack London.

Dans cette fiction, notre reporter risque à plusieurs reprises sa vie dans des aventures qu'il n'a certes pas écrites. Pratt lui fait dire: "moi, j'écris des romans d'aventure, donc je dois vivre l'aventure" ou encore "j'ai souvent dû faire face à des situations difficiles. Avec les pêcheurs grecs, italiens, chinois. Avec les contrebandiers d'huîtres à San Francisco... On y mourrait facilement, dans ce port... En Alaska aussi, il était facile de mourir pendant la ruée vers l'or, ou bien de désespoir après un mariage raté...". 

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Selon ce que j'ai trouvé sur internet, cette aventure de Corto Maltese, publié en 1981-82 dans Le Matin de Paris, aurait dû avoir une suite, couvrant les années 1905-06, mais un désaccord avec le quotidien a empêché leur parution. Il semble que des éditions plus récentes que la mienne en contiennent les 27 premières pages? Je ne sais pas si London y apparaissait, sans doute que non, il devait suffire à Pratt de l'avoir "inséré" sur le front de Moukden, en Mandchourie, bien des mois après son retour réel en Amérique...

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Enfin, pour ceux et celles qui chercheraient chez les bouquinistes de vieilles éditions de London en français, je signale qu'on peut trouver pas mal d'informations sur une page web déjà ancienne.

Je sais, cet article est bien trop long. Si j'écoutais dasola, je devrais tout jeter, et recommencer en 20 lignes maximum!

(1) Je suppose que, si on les rééditait aujourd'hui, ils seraient numérotés en chiffres arabes et non en chiffres romains... alors que j'ai lu dans la presse l'abandon par le musée Carnavalet de cette "numérotation savante", suivant l'exemple (?) du Louvre. Quelle bêtise... 

1 avril 2021

Tous en Cène (qui pour le mauvais apôtre?) - N°12

Avez-vous remarqué le principal changement intervenu sur ce blog?

Réponse en fin de ce billet signé "ta d loi du cine (squatteur chez dasola)"!

Sans transition, enchaînons sur notre actualité - qui commence à s'éterniser, depuis plus d'un an. Un an, déjà! comme écrivait Anne Roumanoff dans sa chronique Rouge vif du JDD le 14/03/2021. J'ai failli ce jour-là renoncer à mon billet mensuel, tant elle avait tout dit! Et puis allez... Un coup de pied au derrière, et ça repart. Il me suffit de sortir (et noter) quelques mots de réactions face au flux ininterrompu d'infos...

Messages globaux du gouvernement sur la vaccination: "ne vous inquiétez pas, on gère". C'est bien ce qui nous inquiète.

La Ministre de la culture a beau jouer à guichet fermé pour le moment, cela ne l'a pas empêchée de rendre hommage à Bertrand Tavernier quand ce dernier est mort. Au moins, cette ministre-là a un bon cabinet pour la com'?

Relevé dans Charlie Hebdo N° 1493 du 3 mars 2021, dans la chronique de Philippe Lançon, p.11, tout un paragraphe où il raconte comment, après avoir ramassé un livre "à disposition" (abandonné dans la rue), il l'a mis dans un sac plastique (et s'est désinfecté les mains), puis a laissé le bouquin en quarantaine sur son balcon durant plusieurs jours... (non sans s'être relavé les mains après l'avoir sorti du plastique). "Mettre en quarantaine un livre abandonné et se désinfecter les mains après l'avoir touché, avant même de l'avoir lu, il fallait une époque comme la nôtre pour en arriver là". Sinon, on pourrait les chauffer, aussi... à 451 °F?

Autre info essentielle du même jour, dans CNews (N°2580, p.5) cette fois: "Très en pointe, la Corée du Sud a annoncé lundi que les chats et chiens de Séoul, la capitale, pourraient bientôt se faire tester pour le coronavirus". Et les poissons rouges?

Revenons en France: notre président avait bien dit que l'on aurait le choix de se faire vacciner ou non, il me semble (et je m'en réjouissais)... Mais bientôt, le principal choix ne sera peut-être plus qu'entre être piqué avec Pfiszer (mais il n'y en a pas?), Moderna (déjà passé de mode?) ou AstraZéneca (quoi? Mauvaise pub?), non? Justement...

AstraZeneca change de nom! L'histoire ne dit pas s'il y a un lien avec les polémiques trompeuses, pardon, thromboses. Le nouveau nom commercial de la chose serait en tout cas "Vaxzevria". Trop compliqué, beaucoup trop compliqué, moi je dis! Ils auraient dû prendre ViXagra, et ça aurait été la ruée pour au moins une certaine partie de l'humanité...

Les femmes devraient-elle se contenter d'une demi-dose? Ne faites pas la grimace, Mesdames,
c'est très sérieux.

Pour ma part, j'ai rarement été aussi heureux à cause de mes rhumes chroniques: ils me protégeraient de la Covid-19? Jusqu'à preuve du contraire, bien sûr (demain ou après-demain)...

Le gouvernement a-t-il misé sur une immunité "hybride", en laissant circuler le virus chez les plus jeunes qui en s'infectant vont s'immuniser? Je ne sais pas si c'est bien le calcul qui a été fait, mais cette logique me parle.

13/03/2021: résultats faussement positifs en Charente: on soupçonne que le lot de tests antigéniques utilisé dans un lycée n'avait pas été conservé à la bonne température. Vérification (re)faite, les malades ne le sont pas. Ça vaut mieux que la scarlat... pardon, que le contraire.

Le transfert de patients (d'une région à l'autre...) fonctionnerait moins bien que promis? Pour changer, on nous parle du transfert horizontal, qui, lui, serait en plein essor. Mais non, pas les pieds devant! Là où il y a gène, il n'y a pas de plaisir...

Nan mais comment il nous traite, Manu, le 23 mars? La France qui serait plutôt un diesel concernant la vaccination? A cause de la finesse des particules (élémentaires)? Ouais d'accord, elle était un peu facile...

Devinette: qu'est-ce qui émarge à deux pages le [jeudi] soir, à une page le [vendredi] matin, et à aucune page à midi? L'attestation nécessaire pour sortir de chez soi en Île-de-France, pour notre troisième confinement!

Hé oui, ça faisait déjà des semaines que le tout-Paris bruissait de rumeurs pour un 3ème confinement. A force de crier "au loup", le flou a fini par arriver...

Horreur: le variant anglais prend la place de la souche européenne. Et évidemment, il est plus contagieux et plus mortel, surtout pour les jeunes... Vite, fermons les écoles.

20/03/2021: le gouvernement semble se préoccuper de la santé mentale des Français et communique sur sa réelle inquiétude [par rapport à la] "peur" du virus, de la réanimation, de l'enfermement, des conséquences économiques. Peur... ou énervement?

43% des français adhèrent de moins en moins aux mesures restrictives? Les trois quart sont agacés? Pourtant, c'est simple: si vous devez aller travailler, vous le pouvez. Si vous n'avez pas à aller travailler (parce que senior, en arrêt maladie ou sans travail pour toute autre raison), restez chez vous SVP! Juste une question de formulation...

Sur l'air du "quelqu'un m'a dit, j'ai pas été vérifier, mais je vous le répète quand même": que ce soit par le couvre-feu le soir ou par le confinement le WE (qui empêche les gens en général et les jeunes en particulier de faire la fête et de se beurrer la gueule ensemble), le but n'est pas tant d'empêcher la circulation du virus, que d'éviter les incidents stupides causés par l'alcool (accidents de la route, rixes etc.) qui vont venir surcharger les urgences au moment où les personnels sont déjà en nombre réduit et sur les rotules... Si c'est pas vrai, c'est bien trouvé, non? 

Je me suis laissé dire cette année que demain, "vendredi saint", est férié non seulement  en Suisse - ce que m'apprend mon agenda -, mais même en Alsace - ce que j'ignorais. Bientôt un nouveau cluster local du Vendredi saint?

Si le rythme actuel se maintient, je présume que les 100 000 morts seront largement dépassés d'ici la fin du mois d'avril.
Pour ma part, en mars, j'ai pour la première fois eu connaissance d'un décès d'une personne que j'avais croisée dans un cadre professionnel, il y a déjà quelques quatorzaines. Ça s'est joué en deux semaines, mais les nouvelles m'ont atteint seulement la seconde. D'abord, il était "indisponible pour quelque temps" (entré à l'hôpital). Deux jours après, "il est en coma artificiel". Le lendemain, "il est malheureusement décédé". On est peu de choses, tout de même... Je veux qu'on marque sur ma tombe, quand ce sera mon tour: "Fui, non sum, non curo"!

Bon, pour finir sur un peu moins tragique:

Vous aviez remarqué ma petite farce, j'espère? 

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Du calme, c'est juste une blague, et je ne sais pas si la maîtresse de blog l'appréciera * - même si ça ne dure qu'un seul jour! Il avait quand même fallu que je prépare mon coup d'avance pour célébrer mon 135e billet (le sien remonte déjà au 21 mai 2007), ou mon 13e billets sur les 50 (y compris celui-ci) parus en 2021. Je vous rassure encore, c'est provisoire ("donne un poisson à un homme, ...")

Et je vous dis au mois prochain - pour le 1er mai - si tout va bien!

* Pas contente, elle a dès l'aube inversé: "... & de Ta d loi du cine" ! On a frôlé l'incident.
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26 mars 2021

Silver Spoon - Hiromu Arakawa

Le quinzième tome qui clôt le manga Silver Spoon est sorti en France le 11 février 2021. Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) l'attendais avec impatience (le T.1 était paru chez nous en février 2013). 

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Dessin & scénario: HIROMU ARAKAWA. Editeur: KUROKAWA. Shonen manga.
Publiée en volumes au Japon de juillet 2011 à février 2020 (série terminée).

Sur l'image ci-dessus, on notera que le héros principal, Yugo, est représenté dans 9 couvertures sur 15, et a trois fois l'honneur d'y figurer seul (si l'on ne compte pas les animaux - cinq chevaux!). Ses aventures se déroulent dans un univers lycéen original: celui d'un lycée agricole. Au long des huit ans qu'aura duré la publication française de cette chronique de classe, nous aurons pu découvrir la vie d'élèves de ce genre d'établissement. Dans ce manga, pas de lutte contre démons et zombies, pas d'alchimistes ou de super-transformations. Mais, au quotidien, la vie de jeunes comme vous et moi, qui ont choisi de se lever aux aurores pour changer la litière des chevaux, donner à manger aux cochons, ramasser les oeufs au cul des poules, aider aux vêlages et bien sûr jouer les chasse-neige en hiver.

Et, bien entendu, le dimanche comme les autres jours, il faut aussi s'occuper des animaux, traire les vaches, aller chercher les oeufs... C'est cette vie très "physique" qu'a découvert Yugo à sa rentrée en "Seconde" au lycée (agricole) Ohezu, en provenance d'un collège citadin. Nous le voyons, sur les 15 volumes, découvrir cet univers paysan souvent méconnu, au contact de ses condisciples tous issus du milieu agricole. Ici, l'enseignement est concret et pratique.

Deuxième partout, premier nulle part, Yugo Hachiken a certes la meilleure note moyenne de sa classe, mais... Mais il n'arrive à avoir un "sans faute" dans aucune matière, contrairement à ses "fils de paysans" de condisciples. Eux ont tous, depuis l'enfance, la pratique concrète d'au moins une de ce qui, pour lui, n'est que matières scolaires (sciences de l'agriculture, agro-alimentaire, mécanique, bio-technologies...). Yugo, pour sa part, découvre l'élevage des animaux et la vie paysanne. Son regard extérieur au milieu paysan remet en question beaucoup de routines. Il fait aussi l'expérience de l'équitation et de ses compétitions. Et que se passe-t-il ensuite, une fois finies les cavalcades entre veaux, vaches, cochons et chevaux? Outre les relations humaines, celles avec les animaux destinés à la consommation humaine ne sont pas simples. Elles s'enrichissent mutuellement. Jusqu'à amener notre lycéen à créer son entreprise avec des condisciples! Réussiront-ils à commercialiser les saucisses, le fromage, les pizzas (etc.) qu'ils ont appris à réaliser?

La "cuillère d'argent" du titre représente (entre autres) le symbole de la transmission d'un métier, au sein de ce lycée agricole. Nous avons suivi notre classe de l'adolescence à l'entrée dans l'âge adulte. Nous avions vu leur présentation dans les premières pages du T.1 à leur arrivée en lycée (kookoo!), venant de différents collèges. Nous les avons vu évoluer, trouvant - ou non - leur voie durant trois ans d'études lycéennes, plus ou moins développées par la mangaka Hiromu Arakawa. Elle aura tenu en haleine ses lecteurs français depuis février 2013 - soit plus longtemps que la période durant laquelle la scolarité de nos héros est censée se dérouler.

Nous avons vu, jour après jour, trimestre après trimestre, année après année, les relations entre Yugo, Aki, Ichiro, Tamako, Keiji, Mayumi, et les autres, sans oublier l'équipe enseignante, se construire, chacun peaufinant son orientation professionnelle. Nous les laissons à l'étape de l'Université ou de la vie active. Hiromu Arakawa voudra-t-elle bien un jour nous raconter ce qui s'est passé ensuite? L'auteur a dû beaucoup s'amuser à "réinventer" son propre parcours de fille de paysan à l'intense capacité de travail. A la ferme, lorsqu'on a fini ses premières 35 heures (dès mercredi soir...), on enchaîne jeudi à l'aube sur les 35 suivantes! La mangaka qui se représente sous forme d'une génisse évoque sa propre jeunesse dans une autre série, Nobles paysans, dont 5 volumes sont déjà parus, et dont j'espère qu'elle ne l'abandonnera pas.

Il semble que les inscriptions en lycée agricole aient connu au Japon une augmentation, grâce aussi, sans doute, aux deux saisons de série TV diffusées en 2013-2014. Et en France? Le 14ème tome nous montrait le couple de nos héros principaux affronter le concours d'entrée à l'Université. Dans le 15e volume, on constate la disparition d'un des personnages les plus anciens. 

Je ne vais pas mettre de pages complètes du manga (il doit être possible d'en découvrir sur la Toile), mais deux extraits du tome 15. Dans la plupart des volume, on trouve des "bonus" où l'auteur raconte à ses lecteurs les "dessous" de la création de l'oeuvre, ou ses à-côtés. Ici, j'ai appris que je n'étais pas seul à regretter que cela s'arrête...   

P1120235   P1120234  ... On se dit "rendez-vous dans dix ans"? 

22 mars 2021

Fils du soleil - Fabien Nury & Eric Henninot (d'après Jack London)

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Dans le cadre du Challenge Jack London proposé de mars 2020 à mars 2021 par ClaudiaLucia, je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) viens de relire une BD achetée il y a déjà quelque temps... et sur laquelle j'ai eu du mal à remettre la main!

 FilsduSoleil

Si cet album porte le même titre que le livre dont il est adapté, Fils du soleil, il ne s'agit pas d'une simple "mise en image "de celui-ci, mais bien d'une création originale "d'après Jack London". La page de garde, encore plus explicite, dit "Librement adapté des nouvelles de Jack London". Je parlerai plus bas du recueil de nouvelles en question, qui narre les aventures de David Grief aux Îles Salomon. Ce personnage, jeune homme déjà riche à son arrivée, aussi bon marin qu'homme d'affaires, administrateur ou négociant, est venu dans les Mers du Sud par goût du romanesque (un London idéalisé?). Ses moyens, son intelligence et son dynamisme lui ont permis de développer un véritable empire basé sur le commerce et la mise en valeur, à son profit, des ressources des îles (dans une logique de type colonialiste, bien évidemment).

Dans la bande dessinée parue en 2014, le scénariste (Fabien Nury) a pris les personnages (parfois en leur donnant le nom d'un autre), le cadre, et telle ou telle des anecdotes (cure de désintoxication pour ivrogne, naufrage provoqué, pantalon obligatoire dans un endroit perdu...) qui sont chacune au centre de l'une ou l'autre nouvelle, pour les évoquer d'une phrase ou en tirer quelques pages, et resserrer les péripéties d'une tragédie que l'on pressent dès les deux pages de prologue. Dans celui-ci, un capitaine reçoit mission de convoquer vers une île mystérieuse les plus hardis négociants des Îles Salomon - à l'exception de David Grief. L'action se concentre sur quelques jours, l'intrigue a été recentrée autour d'un fil conducteur tiré de la nouvelle qui clôt le recueil, avec quelques "morceaux de bravoure" pêchées par-ci-par-là. L'album est divisé en deux parties: Livre I, la dette (29 planches), et Livre II, les perles de Parlay (39 planches). L'Epilogue n'en comporte que trois. La vignette finale fait écho à celle qui concluait le prologue.

Venu exiger le remboursement d'une dette par un capitaine mauvais payeur (qui se nomme Jacobson - un autre personnage chez London), David Grief s'en tire, dans un premier temps, avec une blessure qui le plonge dans le délire: occasion de se remémorer ses débuts dans les îles, et d'entrevoir une mystérieuse silhouette féminine. Une fois Grief debout, la traque de la vengeance commence. On apprend le nom de son navire: le Wonder, commandé par le capitaine Ward. Parmi les personnages qui joueront un rôle jusqu'à la fin de l'album: le subrécargue (chargé de cargaison, mais sans rôle dans la navigation), Pankburn, et un indigène, Mapouhi. C'est à Goboto (d'où vient de repartir deux jours avant le Willi Waw de Jacobson) que David Grief arrache une information capitale, au terme d'une partie de cartes épique dont ce secret était l'enjeu: "le vieux Parlay vend ses perles". Ce qui le remet aussi sur la piste de son escroc. Il va le précéder et faire échouer le Willi Waw par ruse. Après avoir réglé cette affaire, direction l'île de Parlay. 

Le livre II commence par six pages de flash-back qui évoquent le triste destin d'Armande, fille chérie de Parlay, et femme aimée par David avant sa mort tragique. Une fois arrivés à Hirihoko, tous les candidats au rachat des perles se retrouvent dans le palais décrépit de Parlay, à admirer ces perles fabuleuses arrachées au lagon, au prix de nombreuses vies. Mais la tempête menace. Elle servira de détonateur pour exacerber la cupidité de la plupart des protagonistes. Le vieillard, à moitié fou, dénouera le drame tel un véritable maître du temps.

Outre les qualités du dessin et du scénario, on saluera aussi les couleurs dues à Marie-Paule Alluard (par ailleurs coloriste pour Les Maîtres de l'Orge ou pour certains volumes de Largo Winch, séries toutes deux scénarisées par Jean Van Hamme). Le style de dessin de Hennicot me fait penser à ceux de Christophe Bec ou de Christian Rossi. Le capitaine Ward (barbu brun) a un peu la même tête que le Joe du Chariot de Thespis dessiné par Rossi. Quelques vignettes évoquant les préludes d'un duel au couteau m'ont amené à visionner celui entre Feyd Rautha et Paul Muad'Dib dans le film Dune de David Lynch (1984): à l'occasion, jugez-en par vous-même... Enfin, j'ai déniché après quelques recherches sur internet une photo de Jack London, renversé dans un fauteil dans son bureau, tête nue et cheveux bouclés, où j'ai trouvé que son visage allongé rappelait celui du dessin de couverture (en plus souriant). Mais la photo semble ne pas être libre de droits (Getty...!), je ne la mets donc pas ici.

Sur la blogosphère, des chroniques datant de la sortie de l'album en 2014 sont toujours en ligne (même si certains blogs ne sont plus en activité en 2021). Par exemple, Le Merydien (janvier 2015) [dernier billet en avril 2018], Sin City (2014) ou Litoulalu (dernier billet en juin 2020). On trouve encore sur le blog Sine linea un entretien avec le dessinateur Eric Henninot dont quelques paragraphes donnent un bon éclairage sur le travail "d'extraction" d'une BD à partir de l'oeuvre originale. 

De son côté dasola s'est procurée le recueil de nouvelles Fils du soleil, l'oeuvre originale de Jack London (merci!). Je peux donc en dire quelques mots après l'avoir relu.

P1120228 (traduction Louis Postif, revue par Frédéric Klein)

Dans les huit nouvelles (publiées à l'origine dans The Saturday Evening Post, de mai à décembre 1911), David Grief navigue d'île en île, presque à chaque fois sur un navire différent (tous lui appartiennent, bien sûr). Ce sont tous des goëlettes (schooner en anglais: navires à deux mâts dont le mat arrière est plus grand que le mât avant...). Voici les titres de ces nouvelles, avec le navire concerné. Pratiquement tous les noms de lieux cités semblent fictifs.

  • Fils du soleil: le Wonder (sous les ordres du capitaine Ward) navigue du côté de Guadalcanal... Cette nouvelle introduit le personnage de David Grief et de ses règles d'existence: dur, mais juste, capable d'être aussi implacable qu'il l'estime nécessaire, et tout autant généreux que bon lui semble.
  • L'amour-propre d'Aloysius Pankburn: sur le Kittiwake, David Grief va mener en parallèle la cure de désintoxication d'un alcoolique, "à la dure", et la recherche d'un trésor que ce dernier affirme avoir été enfoui sur l'île Francis, ou Barbour, dont je ne suis pas certain qu'elle existe! On y évoque en passant un croiseur allemand venu canonner la jungle insulaire...
  • Les diables de Fuatino: le Rattler (le capitaine Glass y est victime de la crise de malaria attribuée dans la BD au capitaine Ward). Il faut bien chercher pour trouver dans la BD le nom de Fuatino, et l'intrigue de cette nouvelle (des pirates se sont emparés d'une île, provoquant de nombreuses morts) n'y figure pas.
  • Les plaisantins de New Gibbon: on y revoit le Wonder (qui a un subrécargue nommé Denby). Morale de l'histoire? "Abstenez-vous sérieusement de plaisanter avec les noirs. C'est un divertissement qui attire toujours des ennuis et qui revient très cher". 
  • Un petit règlement de compte avec Swithin Hall: David Grief commande en personne l'Oncle Toby (avec comme second un certain Snow). Ce dernier a fait faillite suite à une mauvaise spéculation sur une épave (il s'est fait "doubler" par un champion de billard). Les perles dont il est ici question ne sont pas celles de Parlay.
  • Une nuit à Goboto: le Gunga (capitaine Donovan). David Grief arrive à bord du navire, qui repartira probablement sans lui. Peter Gee apparaît dans cette nouvelle. On y suit une partie de cartes haletante avec pour enjeu quelques années de la vie d'un jeune prétentieux. Mon épisode préféré.
  • Plumes-du-soleil: le Cantani (capitaine Boig, et second Willie Smee). Ou comment un escroc commence par vous faire perdre votre chemise avant d'y perdre son fromage. 
  • Les perles de Parlay: le Malahini (capitaine Warfield). On y retrouve Peter Gee. Le gros de l'intrigue de la bande dessinée provient de cette dernière nouvelle. Le moteur de la goëlette y jouera son rôle.

Jack London a lui-même possédé successivement plusieurs voiliers, du sloop Rattle-Dazzle, qu'il a acheté à l'âge de quinze ans et dont il commandait l'équipage, au ketch le Snark, qu'il a fait construire en 1906 et avec lequel il navigue dans le Pacifique jusqu'aux Îles Salomon de 1908 à 1909. Côté navigation, encore une fois, il savait de quoi il parlait. Enfin, dans plusieurs de ces nouvelles (et comme dans Jerry chien des Îles), il est fait allusion à la "politique de la canonnière" lorsque telle ou telle des puissances occidentales qui se partageaient la souveraineté sur ces milliers d'ilots envoyait un croiseur tirer quelques obus sur un village, pour venger le massacre d'un gérant de plantation, d'un bateau de trafiquant ou de missionnaires... en opposant les "indigènes de l'eau salée" aux "indigènes du fond de la brousse". On y retrouve encore, presque mot pour mot, l'observation ethnologique des objets divers que les indigènes mettent dans les lobes de leurs oreilles percés de trous (douilles d'armes à feu, pipes en terre, ...).

8 mars 2021

Belliou la fumée - Jack London

Challenge jack london 2copie

Dans le cadre du Challenge Jack London proposé de mars 2020 à mars 2021 par ClaudiaLucia, je (ta d loi du cine, squatter chez dasola) poursuis mes relectures. Après tout, un billet toutes les deux semaines, c'est un rythme soutenable, non?

P1120196

L'édition en "10-18" ci-dessus, titrée Belliou la fumée (1982, 342 pages), regroupe les 12 nouvelles publiées en recueil en VO sous le titre "Smoke Bellew" en 1912. Elles étaient/avaient paru(es) initialement dans Cosmopolitan (mensuel) de juin 2011 à mai 2012. Pour ma part, cela fait encore partie des London que j'avais découvert dans de vieilles éditions "Bibliothèque Verte" - collection familiale que j'ai progressivement enrichie en courant les bouquinistes en mes jeunes années. Dans la Bibliothèque Verte, le second tome qui contient les nouvelles 7 à 12 (sauf erreur de ma part) est titré La fièvre de l'or.

Ce recueil dont Christopher "Kit" Belliou (Bellew en VO) et son copain Le courtaud (Shorty) sont les fils conducteurs comprend des nouvelles de différents genres, parfois picaresques et pleines d'humour, d'autre fois plus sombres... La Fumée représente ici le héros idéal: intelligent, fort, jeune, plein d'entrain et de grandeur d'âme... et assez chanceux, aussi! London tel qu'il se rêvait? Un jeune citadin cultivé qui part, un peu par hasard, participer à la ruée vers l'or de 1897 au Kondike y trouvera la gloire, la richesse et l'amour. Il s'agit pratiquement du dernier ouvrage de Jack London consacré au Klondike, qui a nourri son oeuvre durant 13 ans (comme le remarque Francis Lacassin dans l'introduction du volume en 10-18). Si London a ramené de l'or de ces mois passés dans le froid, c'est essentiellement celui que doit transmuter l'écrivain, "l'homme à la cervelle d'or" tel que le métaphorisait Alphonse Daudet. Pour ce qui est de l'or physique, il en a tout juste ramené l'équivalent de 4,50 dollars en poudre d'or, ayant semble-t-il passé davantage de temps dans les bars à faire parler les mineurs qu'à prospecter sur le terrain, même s'il a arpenté celui-ci suffisamment pour savoir de quoi il parlerait. 

L'oeuvre romanesque se nourrit donc de ce qu'a pu capter London lors de son propre séjour au Klondike, de l'automne 1897 au printemps 1898: des hommes rudes cherchant chacun la fortune, ce qui n'exclut pas une certaine solidarité entre pairs, ni ce qui apparaît au premier abord comme de l'altruisme désintéressé pour sauver des Amérindiens victimes de la famine (épisode à rapprocher cependant de la chasse à l'élan par laquelle nos héros avaient gagné leurs premiers sous, quelques nouvelles plus tot - concurrence pour les "ressources naturelles" locales!). L'organisation en nouvelles fait que chacune doit avoir un thème et une "chute". On a en arrière-plan la faim, le froid, la fatigue (manquent juste les fluides, et on a tout ce qui fait pleurer les bébés - encore que, tomber dans de l'eau glaciale sous une mince couche de glace...?), l'avidité, la maladie (nouvelle titrée "un rebut de l'humanité")... C'est après la mort de London que l'acide ascorbutique (ou vitamine C) a été identifié dans des fruits et légumes frais. Ma nouvelle préférée reste, je pense "la course pour le numéro trois", située au milieu du recueil, pour son côté épique et son final inattendu. On termine en tout cas le volume en se demandant ce qui pourrait arriver ensuite, sur place ou ailleurs, au héros et à la charmante fille de mineur - il y a aussi une héroïne, mesdames! - qu'il a conquise (enfin, ...il se sont conquis mutuellement). 

Je possède encore quelques "10-18" regroupant des nouvelles du Klondike, je tâcherai de publier quelque chose à leur sujet (puisque ClaudiaLucia a confirmé que le Challenge Jack London continue sans limitation de durée pour le moment). Aucun(e) autre participant(e) au Challenge n'a chroniqué à ce jour Belliou la fumée, mais Chinouk en parlait il y a 5 ans.

Je dois dire, pour finir, que j'ai été très déçu en regardant ce qui est disponible en "occasions" dans la pochothèque d'une grande librairie du Quartier Latin à Paris (celle qui ne va pas fermer...), alors que je souhaitais cette fois compléter ma collection pour découvrir enfin de nouveaux titres (je possède seulement un tiers des 43 -au moins- volumes parus naguère en 10-18!): ce ne sont plus les éditions que j'y voyais et achetais il y a vingt ans (celles imprimées quelques décennies avant) qu'on y trouve, mais seulement celles parues essentiellement au XXIe siècle... comme si on ne pouvait plus trouver couramment, en "occasion", que ce qui est également disponible en "neuf" (offre purement tarifaire, donc, et non "élargissement de choix" avec une politique de fonds). Non seulement le choix est moins large, mais j'ai surtout l'impression que "c'était mieux avant", c'est-à-dire quand j'étais moi-même plus jeune! Si je veux compléter ma série 10-18 "vintage", il va falloir que je recommence carrément à courir les bouquinistes, c'est essentiel (mais sans violer le couvre-feu pour autant: pas si facile quand on travaille en horaire de bureaux). Ou alors, les bibliothèques municipales...

7 mars 2021

Cavanna, paléontologue! - Pascal Tassy

Pour mon billet mensuel autour de Charlie Hebdo, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais évoquer un livre récemment publié et que j'ai découvert parce que tant le Canard Enchaîné que Charlie Hebdo en ont parlé à sa sortie. Cavanna, Paléontologue!, de Pascal Tassy, c'est l'histoire d'une amitié débutée entre un jeune lecteur de Hara Kiri et son "grand homme", Cavanna (fondateur dudit titre de presse qui a précédé Charlie Hebdo première série). Cavanna a aussi fait partie de l'équipe qui a relancé en 1992 Charlie Hebdo (série actuelle), jusqu'à sa mort intervenue fin janvier 2014 (moins d'un an avant le massacre de tant de ses amis).  

P1120221   P1120220

Je trouve que le mammouth ci-dessus a une bonne tête anthropomorphe: il pourrait faire penser au "Manny" de L'Âge de glace. Ce dessin de couverture est dû à Julien Norwood, illustrateur naturaliste, dont je suppose qu'il fait partie des connaissances professionnelles de Pascal Tassy. Né vers 1949 (25 ans en 1974...), l'auteur de l'ouvrage est aujourd'hui professeur émérite au Muséum national d'Histoire naturelle (Paris). Pascal Tassy a écrit plusieurs autres livres, que je n'ai pas lus, sur l'histoire de sa science, la paléontologie, qui s'est construite en deux cents ans (en gros) pour faire triompher le concept de l'évolution des espèces à partir de l'étude de leurs fossiles, contre les théories basées sur le fixisme, le finalisme, et bien sûr les forces conservatrices de la théologie... qui sont loin d'avoir toutes désarmé à ce jour. 

Les 171 pages du livre sont divisées entre préface et introduction, 7 chapitres et une annexe (j'y reviendrai). Assez vite, on apprend que Pascal Tassy avait commencé lycéen à lire Hara Kiri puis Hara Kiri Hebdo devenu Charlie Hebdo en 1970. Il y dévorait entre autres les écrits de Cavanna, et a eu le culot de l'inviter à sa soutenance de thèse (qui concernait un squelette de mastodonte de 17 millions d'années découvert dans la Beauce), au motif d'un rapprochement hasardé en novembre 1973 par Cavanna sur mastodonte, mammouth et éléphant. Car Cavanna n'a pas seulement rédigé (ou romancé) ses souvenirs, à commencer par les Ritals, les Ruskoffs et autres titres - qu'il faudra que je lise ou relise un jour pour en tirer quelques billets (auteur prolifique, sa blbliographie complète comprend près d'une soixantaine de titres au total!). Il rédigeait notamment dans Charlie une chronique, "L'aurore de l'humanité", qui deviendra une série de trois livres parus de 1972 à 1977. Ou des billets sur des sujets variés, dont je donnerai une seule citation (page 27): "grâce à l'humour, l'homme supporte avec le sourire le malheur des autres". Bref, cette soutenance de thèse a marqué le début de quatre décennies d'amitié et de retrouvailles, pour un resto, pour bavarder... Car "l'évolution biologique passionnait Cavanna. Autant les avancées de la recherche que les attitudes anti-évolutionnistes." (p.47). P. Tassy n'hésite pas à dire que Cavanna était particulièrement fier de la chronique scientifique assurée tour à tour par plusieurs "signatures" dans Charlie seconde époque. 

Au moment de la fin de Charlie première époque en décembre 1981, Pascal Tassy était sur le terrain (de fouille), au Kenya. Il n'a donc vécu qu'à distance la fin de l'hebdomadaire dont il était un acheteur assidu et bien connu. Il nous brosse quelques pages (chapitrées "Interlude") pour rappeler que, comme le disait Cavanna, si l'hebdo a pu vivre grâce à Choron, il est mort aussi grâce à Choron... Le livre contient nombre d'indications bibliographiques en notes de bas de page sur l'histoire de Charlie.

Le nom de Cavanna revient pratiquement à chaque page. Mais ce livre est aussi le prétexte pour l'auteur de parler de son activité, de l'évolution de son métier, de sa propre carrière... On peut (malheureusement?) le croire quand il dit (p.49): "aujourd'hui, un bon chercheur c'est, avant tout, quelqu'un qui sait obtenir des crédits". L'auteur nous parle aussi de sa discipline, qu'il vulgarise avec précision. C'est évidemment l'occasion de parler de changements climatiques, changement de biotopes, extinction des espèces trop spécialisées et qui n'ont pas le temps de s'adapter ("stress écologique"), mais aussi extermination d'espèces, indéniablement, par l'homme (dodo, rhytine, entre autres). Bien sûr, en fait de paléontologie, ce qu'à mon avis l'auteur fait le plus ressortir, volontairement ou non (j'ose supposer que c'est volontairement), c'est le côté "humaniste" de Cavanna. Leurs discussions à bâtons rompus pouvaient porter sur bien des sujets ou questions quasiment philosophiques: citons, incidemment, la nécessité de faire en sorte d'empêcher (y compris en France) la dissociation de la médecine en médecine pour riches et médecine pour pauvres.

Ils avaient un projet de livre à écrire ensemble. La maladie n'a pas laissé à Cavanna le temps de le faire... En annexe, la retranscription d'une interview de Tassy par Cavanna, prévue pour les pages "sciences" de Charlie et restée inédite (il aurait fallu en couper les 9/10e!) occupe 55 pages (près du tiers de l'ouvrage). Ah, et il arrivait à Cavanna de dessiner, aussi. Je ne citerai qu'un des quatre dessins de lui que comporte ce livre (p.113).

P1120227

Pour résumer, il est question ici d'histoire des sciences, de rapports de l'homme avec la nature, de philosophie et de liberté de conscience, au fil de deux carrières entrecroisées... Je recommande ce livre.

*** Je suis Charlie ***

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