Chroniques martiennes (série TV) - Michael Anderson & Richard Matheson (d'après Ray Bradbury)
Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) remercie le même collègue qui m'avait créé le logo de ce "challenge marsien (autour de la planète Mars) - 2e édition", pour m'avoir aussi fait connaître le DVD de la série TV tirée des Chroniques martiennes de Ray Bradbury, par lequel j'entame mes propres contributions à ce challenge réitéré.
Cette série en trois épisodes date de 1979-1980, du vivant de Ray Bradbury donc, et avant même la parution de l'édition ré-actualisée (avec recul des dates) des Chroniques martiennes (le livre). Je l'ai regardée avec intérêt. J'ai trouvé par moment le traitement de son "univers" quelque peu "kitsch" et proche de celui de la célèbre série TV Star Trek, mais la série lorgne aussi (à mon avis), par moment, vers Les envahisseurs. Le "livret" qui accompagne le DVD ne parle que du recueil de nouvelles et non de l'histoire de son adaptation à la télévision.
Les trois épisodes, qui durent une heure et demi chacun, condensent (ou font appel à) plusieurs nouvelles du recueil à chaque fois, et sont articulés autour du personnage qui ouvre et clôt le livre (mais que l'on n'y retrouve que dans deux ou trois nouvelles au total), qui apparaît ici à la fois comme témoin et "acteur", le colonel Wilder. C'est Rock Hudson qui incarne ce militaire que l'on apprécie pour l'humanisme (l'humanité?) dont il fait preuve.
L'introduction du premier épisode (titré Les expéditions) est astucieuse (1976 est déjà passé, à l'époque du tournage de cette série...). L'action commence véritablement en "janvier 1999" (comme dans l'édition de 1954 des Chroniques de Bradbury) avec des images d'un décollage de fusée plus authentiques que celles des films de James Bond. Bon, je n'en dirais pas autant des rendez-vous orbitaux. On peut apprécier à sa juste valeur le mélange de réalisme, et d'irréalisme, avec des opérations spatiales traitées sous forme quasi-poétique (durée du voyage vers Mars non précisé, communications radio qui semblent instantanées...). Les Martiens "dans leur état de nature" sont longilignes, chauves et évanescents. Ils ont des yeux impressionnants, et le même genre de relations de couple que les terriens. Et le sort de la première expédition est scellé à la 28e minute, cependant que le colonel Wilder et la salle de contrôle sur terre s'époumonent comme à la fin d'Objectif lune... Autre touche de réalisme "à l'américaine", entre deux expéditions, les dialogues entre officiers généraux, supérieurs ou subalternes sur le bien-fondé de leur mission (coloniser Mars)... Bref, nous sommes maintenant en avril 2000, et c'est au tour de la "deuxième" expédition de se poser... pour connaître la destinée de la troisième (dans le recueil de nouvelles), astucieusement traitée. A cette occasion, un Martien prend la parole, revendique la télépathie des siens et expose leur point de vue. Sans transition, nous sommes sur terre, à la veille de la troisième expédition (de la série), qui sera commandée par Wilder cette fois-ci. Lui et sa femme donnent d'ailleurs une soirée (on pense au "milieu" des astronautes américains d'Apollo, dont les familles se fréquentaient entre elles). En juin 2001, l'odyssée de la quatrième expédition (dans le livre) est donc transposée à cette expédition définitivement "victorieuse". Jeff Spender revient d'une exploration en autogyre et annonce "cette planète est morte, désormais" (varicelle, une maladie qui ne tue personne, sur terre). Même si quelques Martiens ont pu survivre en s'enfuyant dans les montagnes, leur civilisation qui avait évoluée durant un million d'années est anéantie. Et la lune luit toujours (selon le titre de la nouvelle originale, publiée en 1948). "Les Terriens sont doués pour détruire les choses"... Une ville martienne, même inhabitée, est impressionnante (très minérale). Spender (joué par Bernie Casey) prend parti contre les colonisateurs, jusqu'à la mort... au prix d'un petit western, et de débats philosophiques.
Le deuxième épisode est titré (en version française) Les colons. Nous sommes en février 2004, trois ans après l'expédition Wilder, c'est l'envol de la colonisation de masse en direction de Mars. Une voix off nous annonce que le colonel Wilder a été nommé coordinateur de la planète, pour sauver ce qui peut l'être de l'antique civilisation martienne face à l'avancée inexorable des humains, quelques mots condensent aussi une nouvelle (qui traite du renommage des lieux). Chacun des colons a sa propre motivation. En fait, cet épisode "entrecroise" plusieurs nouvelles, au lieu de les faire se succéder. Septembre 2006: un couple accueille sur Mars leur fils disparu sur Terre... mais ils ne sont pas les seuls à l'espérer. Dans le même temps, des missionnaires arrivent sur la planète, dont le Père Peregrine (Fritz Weaver), en quête de Dieu lui-même. Lui et son acolyte Stone ("Pierre"!) sont accueillis chez la famille Wilder, qui remarque que leurs 12 (!) communautés ont grand besoin de guides spirituels (c'est ici la nouvelle "Les ballons de feu" qui va être développée). Cet aspect "mysticisme-religieux", les tourments existentiels du Père Peregrine et leur traitement sont peut-être plus "corrosifs" pour la mentalité américaine que pour un mécréant comme moi. Les "anciens" qu'il rencontre (âmes? anges?) sont sans doute plus sages que lui - pour autant que son "dialogue" avec eux ne soit pas le seul produit de son imagination. Dans le même temps, on apprend incidemment, lors d'une visioconférence avec le général qui est le supérieur de Wilder sur terre, que la situation s'y aggrave, au point que les candidats à l'exil martien sont de plus en plus nombreux. Nous revenons ensuite chez le couple qui fête le retour de l'enfant prodigue. La mère ne saura malheureusement pas écouter celui-ci qui lui dit qu'il n'a pas envie d'aller en ville (lieu de perdition, comme chacun sait)... Celui qui a toutes les apparences de leur fils ne veut pas s'y faire "attraper"... Il s'y évapore pourtant très vite, cependant que le Père Peregrine rencontre le Christ dans son église (mieux que Don Camillo! - ou que l'oeuvre originale de Bradbury, pauvre Martien martyr!). L'aventure s'achève par un drame provoqué par la foule, sous les yeux de Wilder. Pendant ce temps-là, la guerre est prête à éclater sur terre. Les colons vont être évacués de Mars... au plus mauvais moment, pour certains (nouvelle "La morte saison"). On assiste à une sorte de course de chars à voile, assez onirique (et la musique est dans le ton). Puis la terre s'illumine...
Dans le troisième et dernier épisode (Les Martiens), fin 2006, "la terre est morte" dès le prologue. Wilder y fait un passage à la recherche de son frère, avec ce qui m'a paru des citations de Docteur Folamour comme du Prisonnier... Ensuite, le scénario s'appuie sur plusieurs des nouvelles les plus connues (j'ai été amusé de voir qu'il s'agissait de celles adaptées en BD). Dans "Les villes muettes", Dan Driscoll, qui pensait être seul sur Mars (depuis combien d'années?), entend le téléphone sonner dans une ville humaine désertée... ce qui l'amène à se lancer dans un long voyage en autogyre. Dans le même temps, alors que nous sommes dans "Les longues années", Peter Hathaway scrute le ciel. Il aperçoit une fusée dans le ciel étoilé, et entreprend de lui faire signe (La guerre des étoiles est passée par là!), en vain. De son côté, arrivé à destination, Driscoll a les yeux qui brillent autant que ceux d'un Martien. Puis il déchantera, jurant, mais un peu tard, que Geneviève Selsor ne l'y prendrait plus. Cependant, la fusée revient se poser à proximité de la maison d'Hathaway, à la grande joie de celui-ci. Wilder et le Père Stone en descendent. Mais quand ils font connaissance de la femme et de la fille d'Hathaway, quelque chose cloche... Mais tout est bien qui finit bien: Driscoll arrive! Nous sommes maintenant en mars 2007, et on revoit la belle "camionnette martienne" utilisée par Wilder dans les épisodes précédents. Il va enfin réussir à parler à un "véritable" Martien (comme dans la nouvelle "Rencontre nocturne"). Celui-ci lui donne une leçon de philosophie de vie, en lui parlant de sa propre planète, qu'il appelle non pas Mars, mais Tir... Finalement, Wilder emmène sa propre petite famille (femme et enfants) en pique-nique sur le canal (nouvelle "Pique-nique dans un million d'années"). A cette occasion, il entame un feu de joie en brûlant des paperasses inutiles (renvoyant ainsi dos à dos Le Capital et - il faut être très vigilant! - La richesse des Nations [d'Adam Smith]) et enfin "ses" (ou plutôt son) vaisseau(x).
Le troisième DVD contient un "bonus" de 28 minutes fort instructif. J'ai globalement bien apprécié ces visionnages.
De son côté, Rock07 s'était montré très critique, en 2015, sur cette série (édition DVD précédente).