A propos d'Elly - Asghar Farhadi
Ce très beau film iranien, A propos d'Elly (qui a été récompensé à juste titre d'un Ours d'argent du meilleur réalisateur au dernier festival de Berlin), est à voir s'il est encore projeté par chez vous. Je pense que vous ne le regretterez pas. L'histoire se passe en Iran de nos jours. Elly, jeune institutrice célibataire, est invitée par Sedipeh, la mère d'une de ses élèves, lors d'un week-end prolongé au bord de la mer Caspienne. Sedipeh souhaite faire rencontrer Elly à Ahmad, un ami, fraîchement divorcé d'une Allemande. C’est ainsi que trois couples, deux enfants, Elly et Ahmad se retrouvent dans une grande maison. Du sentiment d’insouciance au début, nous passons tout à coup à une atmosphère tendue quand Elly disparaît subitement. Est-elle morte ou vivante ? Au moment de sa disparition, elle aidait une des enfants du groupe à tenir un cerf-volant. Tout le monde s'interroge. Qu'est-elle devenue? Petit à petit, on apprend que personne ne connaissait Elly. Seule Sedipeh sait quelque chose mais elle se tait. C’est là que l’on se rend compte que nous sommes en Iran, pays pétri de traditions (même si les personnages décrits paraissent décontractés et d’un milieu aisé) où les femmes non mariées ne sont pas censées voyager seule, où une femme ne peut pas se trouver seule avec des hommes autour d’elle. D’ailleurs, au début, quand le groupe arrive dans la grande maison, il fait croire aux logeurs qu’Elly et Ahmad viennent de se marier. A aucun moment, il n’est fait mention de religion. Mais les femmes se baignent habillés ou alors gardent des foulards pour couvrir les cheveux. Dans une scène, pour la faire parler, un mari lève la main sur sa femme (il n’en revient pas lui-même de son geste). Ce film est presque un huis-clos sans être statique (bien au contraire) avec une unité de lieu, de temps et d’action. Filmé caméra à l’épaule, ce qui donne de la fluidité à l’ensemble, A propos d'Elly fait la part belle aux acteurs qui sont tous très bien. Leunamme et Alex en parlent aussi.