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Le blog de Dasola
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31 juillet 2008

Le sixième crime - Sébastien Fritsch

Titre découvert sur le blog de son auteur qui a visité le mien (et chroniqué par Florinette), Le Sixième crime m'a énormément fait penser, pour une partie de l'intrigue, à Les romans n'intéressent pas les voleurs d'Alain Rémond (billet du 15/01/08). Mais à l'envers. Jérôme Balbanic, inspecteur à la police judiciaire de Lyon, vient enquêter à Pensegarde, petit hameau dans la Drôme, sur une série de cinq meurtres. Il raconte à son unique habitant qu'après beaucoup de recherches, de recoupements et autres, lui et son équipe se sont rendus compte que le meurtrier s'était inspiré des cinq livres écrits par un certain Jacob Lieberman, entre 1956 et 1960. Cet auteur a disparu sans laisser de traces. L'unique habitant de Pensegarde est un écrivain coupé du mondé appelé Lex (tout court) et l'inspecteur pense que ce Lex, grand prosateur de talent, peut l'aider à trouver le meurtrier et surtout à empêcher un sixième crime. On peut deviner rapidement que Lex et Jacob sont une seule et même personne. Toute l'énigme policière tourne autour de nombres et de lettres. L'inspecteur est un personnage essentiel de l'histoire. Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue si ce n'est que le sixième crime n'est pas un crime de sang, et après tout, les cinq autres le sont-ils? Mon ami (qui a aussi lu le roman) m'a fait remarquer que ce hameau, qui est composé de plusieurs maisons vides et d'un seul habitant, serait un lieu idéal pour lui. Il pourrait changer de maison quand ça lui chante. Une personne viendrait s'occuper de l'entretien. Il n'y aurait pas de problème de voisinage. C'est une façon de voir que je ne partage pas. Le sixième crime aux éditions Pierregord (http://www.editionspierregord.com) se lit vite et avec plaisir (il fait 125 pages). Sébastien Fritsch semble un auteur prometteur à suivre.

29 juillet 2008

Films vus et non commentés depuis le 13 juin 2008

Ma pause estivale approchant, voici la mini-critique de trois films (vus il y a plus d'un mois pour 2 d'entre eux) que vous pouvez vous éviter de voir (selon mon opinion). [voir les précédents dans la même série].

Las Vegas 21 de Robert Luketic : aimant beaucoup Kevin Spacey, je me réjouissais à l'avance. Quelle déception! Cette histoire d'arnaque au black jack m'a parue interminable. Les scènes sont répétées encore et encore. L'action alterne un peu à  Las Vegas, un peu à Boston. Le film finit comme d'habitude dans la rédemption et la bonne conscience chères aux Américains. L'image en numérique fait mal aux yeux et Kevin Spacey n'a pas grand-chose à faire (à part être méchant). Dans le même genre, j'avais préféré Lucky you de Curtis Hanson (2007) (qui n'est pourtant pas un chef d'oeuvre).

Les orphelins de Huang Shi de Roger Spottiswoode se passe dans les années 30. Vu le sujet, je m'attendais à un film comme l'Auberge du 6ème bonheur de Mark Robson (1958) avec Ingrid Bergman et Curd Jurgens, et surtout à être aussi émue. On est loin du compte. C'est d'après l'histoire vraie survenue à George Hogg (Jonathan Rhys-Meyer - très beau gosse), jeune journaliste américain qui se retrouve en Chine pendant la guerre sino-japonaise et qui se trouve à escorter quelques dizaines d'orphelins chinois dans un périple de presque 1000 km à pied et en jeep dans les montagnes et les steppes. J'attendais mieux de R. Spottiswoode qui a quand même réalisé un James Bond (Demain ne meurt jamais, 1997). Il n'y a aucune émotion, pas une péripétie marquante. Quand George Hogg disparaît dans des circonstances tragiques, j'ai pris acte mais c'est tout.

Wanted de Timur Bemambetov avec Angelina Jolie, James McAvoy et Morgan Freeman. Je ne savais pas ce que j'allais voir mais j'aurais dû me méfier rien qu'à regarder l'affiche. Le film est une suite de scènes en images numériques où l'on voit des balles traçantes faire des écarts pour éviter des obstacles. Du grand art. J'ai aimé le dernier quart d'heure avec les rats en bombes ambulantes. Il se passe enfin quelque chose. Exclusivement pour les fans de ce genre de film.

27 juillet 2008

44, Scotland Street - Alexander McCall Smith

J'ai acheté ce roman (d'abord publié comme roman-feuilleton dans un quotidien écossais "The Herald") avant de lire la critique chez Amanda (blog disparu). 44, Scotland Street est un livre délicieux (au ton pince-sans-rire), idéal pour les vacances. Alexander McCall Smith précise dans sa préface qu'il s'est inspiré des "chroniques de San Francisco" d'Armistead Maupin. Tout le livre est composé de petits chapitres d'une page et demie ou deux avec un titre. On s'attache immédiatement aux personnages. Pat McGregor, jeune femme de 20 ans (dont le père est psychiatre) commence sa deuxième année sabbatique, après une première année sabbatique catastrophique (en Australie). Elle emménage en colocation avec un jeune homme, Bruce Anderson (dont elle croit tomber amoureuse), dans un grand appartement du 44, Scotland Street à Edimbourg. Dans cet immeuble vivent aussi Irène, Stuart et leur fils Bertie âgé de 5 ans. A cause de sa maman, Irène, qui a sur l'éducation des idées précises mais qui font frémir, Bertie joue du saxophone et apprend l'italien alors que son rêve, à lui, est de jouer au train électrique et au rugby. Il lui arrive quand même de faire les 400 coups dans son école maternelle. Il y a aussi une charmante dame de 60 ans, Domenica McDonald, qui roule dans une belle voiture. Veuve, elle mène une vie de rentière  et a son franc-parler, et elle se trouve être de bon conseil quand Pat vient pleurer chez elle. Bruce, lui, est un jeune homme narcissique, qui n'arrête pas de se regarder dans la glace pour s'admirer et de se mettre du gel capillaire. Il travaille dans une agence immobilière même si cela ne lui plaît pas trop. De son côté, Pat trouve un emploi dans une galerie d'art tenue par un jeune homme, Matthew, absolument ignorant en la matière et qui est un désastre ambulant en affaires (il a connu précédemment des faillites mémorables). Mais Matthew a la chance d'avoir un père homme d'affaires prospère (et qui aide financièrement la galerie). D'autres personnages apparaissent (comme le chien Cyril (qui dégage une odeur forte et qui cligne de l'oeil) et sa dent en or, accompagné de son maître, Angus), des liens se créent, une peinture joue un rôle important. Ces chroniques bénéficient d'un style simple très agréable à lire. J'en recommande vivement la lecture. D'ailleurs, une suite a été publiée (avec les mêmes personnages): Edimbourg Express, que je me suis empressée d'acheter et que je suis en train de lire. Les deux livres sont édités en 10/18.

25 juillet 2008

Sagan - Diane Kurys

Que dire de Sagan ? Sylvie Testud dans le rôle principal est très bien, Jeanne Balibar dans le rôle de Peggy, amante de Sagan, est très très bien, voire exceptionnelle. Tout commence quand Sagan vient de réussir à faire publier son premier roman, "Bonjour Tristesse". Le film se termine avec la mort misérable de cette femme à qui l'on n'a pas eu le temps de s'attacher pendant deux heures. Comme Piaf dans La Môme (mon billet du 15/02/07), cette pauvre Sagan fait tout pour s'auto-détruire. Victime d'un accident de voiture (comme Piaf), elle devient une "accro" de la drogue (comme Piaf), non parce qu'elle souffre mais parce que très vite elle ne peut plus s'en passer. Elle a une vie amoureuse tumultueuse (comme Piaf) ayant une préférence pour les femmes. Pourtant elle se marie avec un Américain (homosexuel ou bisexuel) dont elle aura un fils. Après son divorce, elle vit avec Peggy mais a des aventures avec quelques autres. Pour montrer qu'elle est écrivain, des scènes la représentent en train d'écrire dans son lit entre deux verres d'alcool (parce qu'en plus elle boit). Le montage prouve que le film a été coupé car on se rend compte qu'il manque des scènes. Des personnages disparaissent sans rime ni raison (le frère de Sagan, par exemple). Une version longue pour la télé est prévue. L'histoire est déroulée dans l'ordre chronologique mais il n'y a malheureusement pas une idée de mise en scène (à la différence de la Môme). La limite de ce genre de biographie cinématographique est qu'il est difficile d'évoquer un artiste en train de créer et pourtant c'est ce qui aurait été passionnant plutôt que d'être témoin de la déchéance d'une femme écrivain célèbre dans le monde entier. Sagan n'aurait pas dû s'appeler Sagan mais Bonjour Tristesse. C'est le sentiment que j'ai éprouvé en sortant du film que j'ai vu dans une salle de spectateurs plutôt BCBG.

23 juillet 2008

Bibliothèques pour tous

Suite au commentaire de Sylire sur mon billet du 11/06/2008, je suis passée l'autre jour à la Bibliothèque pour tous qui n'est pas loin de chez moi. Je la connaissais seulement parce que j'avais été y donner quelques livres, au lieu de les revendre chez Gibert. Ils m'avaient dit qu'eux-mêmes vendaient ce qu'on leur donnait, afin d'en racheter des neufs dont ils sont sûrs qu'ils plaisent à leur public. La personne qui était à l'accueil a d'abord cru que je venais rendre les livres que j'avais sous le bras, et que je venais d'emprunter à ma bibliothèque municipale, à quelques centaines de mètres. Ensuite, à ma demande, elle m'a donné quelques informations sur leur fonctionnement (cf. site http://www.uncbpt.com). Il existe un millier de BPT, fonctionnant essentiellement avec des bénévoles (souvent des retraitées), qui suivent une formation (qualifiante et reconnue par le Ministère du travail) de bibliothécaire pendant un an avant d'exercer, l'Union nationale Culture et bibliothèque pour tous étant, elle, reconnue d'utilité publique depuis 1999. Il y en a plusieurs dans mon arrondissement, mais aucune dans celui de mon ami. Je ne sais pas à quoi est due cette répartition dans Paris? Chaque bibliothèque dispose de quelques titres en gros caractères, mais cela dépend du profil de leurs inscrits (1 ou 2 seulement dans celle près de chez moi). Du coup, ils "font tourner" entre les bibliothèques ces livres, achetés de manière centralisée. Contrairement à une bibliothèque municipale, ce n'est pas gratuit: l'inscription annuelle (valable dans toute la France) coûte 18 euros, puis 1,50 euros par livre emprunté. Je me suis dit que, quand je serai à la retraite, ça ne me déplairait pas du tout de faire du bénévolat de cette manière, après avoir eu la formation de bibliothécaire!

21 juillet 2008

Films deux par deux (2)

Comme annoncé dans mon billet du 05/07/2008, je regroupe certains des films que je vois à la queue leu leu en ce moment dans mes billets estivaux.

A la différence de quelques blogueurs, je n'ai pas vu Ciao Stefano de Giani Zanasi par hasard mais parce que la bande-annonce m'avait paru prometteuse. Et je ne le regrette pas car ce film italien est une comédie sympathique avec des acteurs inconnus. Stefano, chanteur d'un groupe musical, découvre que sa copine a trouvé quelqu'un d'autre pour le remplacer. Dépité, il décide de partir voir sa famille: son père retraité joue au golf, sa mère a trouvé un gourou dans une secte dont elle suit les préceptes, sa soeur préfère se consacrer aux dauphins plutôt qu'à ses études qu'elle a laissées tomber. Enfin son frère, marié (mais avec des problèmes de couple) et père de 2 enfants, a repris l'usine familiale qui fabrique des bocaux de cerises en conserve. Malheureusement, la société en proie à une grosse financière n'a pas payé ses employés depuis plusieurs mois. La révolte gronde. Mais grâce à un ami du père qui va investir dans la société, celle-ci est peut-être sauvée (pour l'instant). Entretemps, le frère est tombé amoureux d'une call-girl (Caterina Murino). Portrait d'une Italie éloignée des clichés habituels et qui se laisse regarder.

On retrouve Caterina Murino (on ne voit plus qu'elle dans le même genre de rôle, attention, on va se lasser) dans Made in Italia de Stéphane Giusti dans lequel Gilbert Melki joue le double rôle du père et du fils. Cela commence comme une comédie musicale avec une chanson de variété italienne très entraînante. Le film est d'ailleurs ponctué de chansons pas désagréables à écouter. Luca Morandi (Gilbert Melki), écrivain né en Italie mais vivant en France, apprend que son père (qu'il n'a pas vu depuis des années) vient de décéder. A cette occasion, il retourne en Italie et rencontre beaucoup de femmes (jeunes et moins jeunes) qui ont été liées à son père. C'est l'occasion pour Luca et sa soeur de voir que l'Italie d'aujourd'hui a beaucoup changé et pas en bien avec la télé "berlusconienne" qui atteint des sommets de crétinerie. Made in Italia n'est pas un chef d'oeuvre, certes, mais se laisse regarder un soir d'été. Je ne me suis pas ennuyée.

19 juillet 2008

Gomorra - Matteo Garrone

Je viens de voir ce film en avant-première (sa sortie en France est prévue le 13 août prochain) devant une salle comble (à Paris) en présence de plusieurs membres de l'équipe technique et artistique (le producteur, deux des scénaristes, le réalisateur, et trois acteurs dont deux enfants). En préambule, je dirais que le réalisateur n'a pas prononcé un mot et que tous les autres n'ont fait que le remercier en souhaitant refaire un film avec lui. Le scénario est inspiré de l'essai de Roberto Saviano qui vient de paraître aux Editions Gallimard, Gomorra, Dans l'empire de la Camorra que j'ai lu et dont je ferai un billet prochainement [chroniqué le 13/08/2008]. La Camorra est la mafia napolitaine. Avec un parti-pris lorgnant vers le quasi-documentaire, le réalisateur et les scénaristes se sont attachés à quelques personnages évoqués dans le livre et les mettent en situation pour brosser un portrait réaliste. Des petites gens ou des caïds pas très jeunes et bedonnants survivent grâce aux services rendus à la Camorra. A priori, tout se passe dans un quartier de Naples entièrement bétonné et d'un sinistre épouvantable. Gomorra montre beaucoup de choses mais ne dit, ni n'explique, rien. Pas une fois n'est prononcé le mot Camorra (sauf à la fin quand des intertitres apparaissent sur l'écran juste avant le générique). Le film commence dans un bain de sang, des gangs rivaux se font la guerre, et se termine avec deux jeunes qui, ayant voulu faire les malins, sont chargés dans un camion-benne comme de vulgaires déchets après avoir été abattus dans un traquenard. Entre les deux, ce sont des tranches de vies misérables et dangereuses où même les femmes sont exécutées quand elles deviennent une menace. Les jeunes sont enrôlés très tôt pour servir d'intermédiaires. Ils subissent une épreuve d'initiation qui consiste à mettre un gilet pare-balles pour ensuite recevoir une balle qui provoque un hématome sur la poitrine. Ils peuvent aussi, à l'occasion, conduire des camions pleins de déchets toxiques (une des branches florissantes de l'économie "camorraise"). On suit aussi un homme, tailleur et couturier, qui fait de la contrefaçon de vêtements de marque. Il donnera même des cours clandestins à des Chinois à ses risques et périls. A part un ou deux, tous les acteurs sont des non-professionnels, ce qui donne d'autant plus de force au propos. Pour en revenir à l'avant-première, on aurait pu s'attendre à un débat plus qu'à une présentation minimaliste.

17 juillet 2008

Questionnaire cinéphile

Pour une fois, je vais me laisser faire. Nio, blogueur impénitent qui a beaucoup aimé Indiana Jones 4, m'a "taguée" sur un questionnaire cinéphile, "autoportrait chinois" sur DVD classik. Je félicite Nio qui a fait des choix "pointus" et très cinéphiles. Je ne mettrai pas de capture d'écran comme lui. Il y a 35 occurrences:
Si vous étiez...

Un film : Il était une fois en Amérique de Sergio Leone. Film testament du réalisateur.

Un réalisateur : Federico Fellini (même si je n'aime pas tous ses films) pour E la nave va (quel chef-d'oeuvre!).

Une histoire d'amour : Le patient anglais (Anthony Minghella) (même si le film n'est pas terrible pour la partie toscane).

Un sourire : Le sourire du "cheshire cat" dans Alice au Pays des merveilles de Walt Disney.

Un regard : Gary Oldman regardant Wynona Rider (quand il la voit pour la première fois) dans Dracula (Coppola).

Un acteur : c'est trop dur de choisir. En vrac: Louis Jouvet, Jules Berry, Pierre Fresnay, Pierre Blanchar, Bernard Blier (je sais, je ne fais pas dans le récent) mais aussi : Al Pacino, Robert de Niro, Christopher Walken, Marlon Brando, Robert Mitchum, John Garfield, Montgomery Clift (ce n'est toujours pas très récent...).

Une actrice : Sharon Stone (dans Basic Instinct - être une garce comme elle...), Kathleen Turner (dans la Fièvre au corps) Romy Schneider (dans Ludwig de Visconti), Gena Rowlands (dans les film de Cassavetes) et Isabelle Huppert (dans presque tous ses films).

Un début : La scène d'ouverture de Touch of Evil (La soif du mal) de Welles avec la musique d'Henri Mancini.

Une fin : La fin abrupte de There Will be blood.

Un générique : les génériques de Saul Bass (dont celui de Vertigo [Sueurs Froides]).

Une scène clé : toutes les scènes de Mulholland Drive de D. Lynch, pour ma part, je ne crois pas avoir tout compris au film.

Une révélation : le dernier film de John Huston, Gens de Dublin: un chef-d'oeuvre intimiste.

Un gag : Le chat flingué dans Adam's Apple, ou le chien écrasé dans Un poisson nommé Wanda (pauvres bêtes...).

Un fou rire : Bowfinger avec Steve Martin (le film est hilarant).

Une mort : celle du Pingouin dans Batman Returns : j'ai eu la larme à l'oeil.

Une rencontre d'acteur : Heat de Michael Mann (Al Pacino / Robert de Niro) incontournable.

Un baiser : L'affaire Thomas Crown (celui avec Faye Dunaway et Steve McQueen!).

Une scène d'amour: dans Le patient anglais, la scène de Noël 1938 entre Kristin Scott Thomas et Ralf Fiennes.

Un plan séquence : Le Christ accroché à un hélicoptère dans La Dolce Vita de Fellini.

Un plan tout court: Nicole Kidman, endormie de profil, entourée de pommes dans une camionnette dans Dogville (c'est le plus beau plan que j'ai vu de ma vie).

Un choc plastique en couleurs: Hero de Zhang Yimou.

Un choc plastique en N&B: Le secret de Véronika Voss de Rainer Werner Fassbinder.

Un choc tout court: La scène du lance-flamme dans Le vieux fusil de Robert Enrico.

Un artiste surestimé : Wong Kar Waï (je sais que je ne vais pas me faire que des amis), je trouve son cinéma un peu prétentieux.

Un traumatisme : Les promesses de l'ombre de David Cronenberg: les 3 scènes "Gore".

Un gâchis : Le réalisateur Laurence Kasdan qui ne tourne plus (ou presque). La Fièvre au corps (Body Heat), Les copains d'abord (The Big Chill), Voyageur malgré lui (The Accidental Tourist) font partie de mon Panthéon personnel. Il a aussi réalisé Silverado.

Une découverte récente : Le cinéma israélien (en général).

Une bande son : La maison du diable (Robert Wise). L'effet spécial du film est la bande-son (extraordinaire).

Un somnifère : N'importe quel film vu au magnétoscope et au lit dans le noir après 23 h 30!

Un monstre : Predator (parce que je ne le trouve pas si monstrueux que ça).

Un torrent de larmes : Mirage de la vie (Imitation of Life) de Douglas Sirk: (la fin). L'achat et l'emploi de deux paquets de mouchoirs est obligatoire.

Un frisson : Seven de David Fincher.

Un artiste sous-estimé : Valerio Zurlini, grand réalisateur italien trop méconnu : Le Désert des Tartares, Eté violent, La fille à la valise.

Un rêve : pas de réponse (toutes les suggestions sont bienvenues).

Un fantasme : pas de réponse (toutes les suggestions sont bienvenues).

Ces réponses sont très spontanées. Et en même temps, j'ai pris mon temps pour répondre. Si je devais recommencer la série de réponses demain, ce ne seraient peut-être pas les mêmes.

PS: ce questionnaire a rencontré un grand succès dans la blogosphère. A part ceux qui ont fait directement leur questionnaire en commentaire sur mon blog, allez jeter un oeil sur ceux (par exemple - liste non exhaustive!) de Baccawine, Sniff, Ffred, Dominique, Heavenlycreature, Pierrafeu, Inisfree, Dr Orlof, Edisdead, Stalker, CaptainNavarre (06/08/08), El pibe, Thierry.

15 juillet 2008

La maison muette - John Burnside

Ecrit par un écrivain écossais que je ne connaissais pas, je viens de finir La maison muette de John Burnside. Ce livre de 200 pages paru en poche aux éditions Metailié est absolument remarquable. Il raconte une histoire terrible avec un détachement qui m'a captivée et horrifiée en même temps. Dès le début, on connaît l'issue de tout ce que raconte le narrateur, Luke (on n'apprend son prénom que vers la fin du roman). L'histoire est divisée en trois parties: Karen, Lillian et Les jumeaux. Dès la première phrase du livre, Luke dit qu'il va tuer les jumeaux... Ce livre est un récit clinique qui brasse des problématiques de relation mère-fils, père-enfants, et de mort voire de meurtre. L'action se déroule sur au moins 3 ans, et se présente comme une confession. C'est absolument sinistre, des actes épouvantables sont amenés de manière à paraître naturels. Luke est fasciné depuis l'enfance par des expériences sur les êtres vivants. Cela vient peut-être de l'habitude qu'avait sa mère de lui raconter des histoires dont celle d'Akbar le Moghol qui a régné en Inde au 16ème siècle. Entre autre, Akhbar a fait bâtir "La maison muette" où des enfants en très bas âge ont été enfermés avec des serviteurs muets. L'expérience était "L'enfant vient-il au monde avec l'aptitude innée, divine à la parole?". Il s'intéresse d'abord à Karen et à son fils Jérémy. Ensuite, il séduit Lillian, de laquelle naîtront les jumeaux... Luke, socio- ou psychopathe, supprime tout ce qui le contrarie. Tout se passe dans sa maison. Je reste un peu mystérieuse à dessein. Le roman est très bien écrit (et traduit). Le style sans affèterie reflète bien la personnalité de cet homme sans état d'âme qui accomplit des actes odieux sans remord ni conscience. Et à la fin, il n'y a pas de raison que cela s'arrête. Cette histoire m'a fait un peu penser au roman de John Fowles, L'Obsédé (The collector), dont j'ai parlé dans mon billet du 28/02/07  et dont je vous conseille aussi la lecture.

PS: Suite au commentaire de Dominique ci-dessous, voici le lien vers son billet.

13 juillet 2008

Valse avec Bachir - Ari Folman

Valse avec Bachir d'Ari Folman (en compétition à Cannes cette année mais revenu bredouille [à cause de la membre du jury Marjane Satrapi?]) est un film d'animation qui ne ressemble à rien de ce que j'ai vu jusqu'à présent. Le réalisateur, né en 1962, a été le témoin muet des massacres des camps de Sabra et Chatila en 1982. Il a enfoui dans sa mémoire ces tristes événements. Ne voulant faire ni un film de fiction de fiction, ni du documentaire, il a choisi l'option film d'animation. Valse avec Bachir a d'abord été tourné en vidéo, puis monté comme un film de 90 minutes. Ensuite, Ari Folman et ses animateurs ont développé un story board en 2300 dessins, qu'ils ont enfin animé. Cela m'a plu mais ne m'a pas bouleversée et je le regrette. Le fait d'avoir choisi l'animation est une superbe idée mais (à mon avis) pas pour ce sujet précis. Visuellement c'est très beau. La scène des chiens au début est très réussie ainsi que quelques autres. Pour se remémorer cet événement douloureux, le réalisateur interroge plusieurs personnes qui ont assisté au drame. Nous sommes en pleine guerre du Liban. Bachir (Gemayel), chef des milices chrétiennes et nouvel élu comme président de la république libanaise, est assassiné par les Palestiniens en septembre 1982. La riposte des phalangistes chrétiens qui est immédiate a lieu les 17 et 18 septembre à Sabra et à Chatila, et les Israéliens ont laissé faire. Je pense que si Ari Folman avait fait un vrai documentaire avec les "vrais gens" et des images d'archives (comme les 2 ou 3 dernières minutes d'images diffusées à l'époque et dont je me rappelle), l'impact (selon moi) aurait été plus fort. Et c'est pourtant ce que le réalisateur ne s'est pas résolu à faire (c'est son choix).

11 juillet 2008

Du cinéma à la campagne

Afin de relativiser la vision parisiano-centriste d'un grand choix hebdomadaire de films à voir en salle, je voudrais analyser six semaines (du 25 juin au 5 août 2008) de programme d'un petit cinéma de province, dans une ville presque millénaire d'aujourd'hui 5 à 6000 habitants. Elle n'a ni caserne, ni tribunal, ni maternité, mais (encore) une gare, ainsi qu'une bibliothèque de + de 17 000 volumes ouverte 18 heures par semaine (fermeture annuelle en août).
Le cinéma ("Art & essai CNC", et "label jeune public") comporte 2 salles, et propose un maximum de 6 séances par jour (15 h, 17 h, 21 h [ou la 1/2 h précédente], exceptionnellement 23 h), qui vont couvrir les 4 à 6 films différents proposés chaque semaine (avec un billet à 6,70 euros, soit seulement les 2/3 du tarif de certaines salles parisiennes).
Dans la semaine du 25 juin au 1er juillet 2008, il y a eu: Narnia, le prince Caspian (11 séances, précédées d'une avant-première le mardi 24); Sagan (9); Jackpot (5); Le grand alibi (5); 2 jours à tuer (4); Bienvenue chez les Ch'tis (2). Ce dernier film passera jusqu'au 29 juillet, toujours à raison de 2 séances par semaine. Du 2 au 8 juillet, nous avons: Le journal d'une baby-sitter (6 séances); Indiana Jones IV (6); L'heure d'été (5); Mèche blanche (5). Du 9 au 15/07: Kung-Fu Panda (15 séances, et un total de 17 lors des 2 semaines suivantes); Il y a longtemps que je t'aime (6); Phénomènes (8 séances, et 4 la semaine suivante); Seuls two (5). Du 16 au 22/07: Narnia (5 séances, + au total 5 lors des 2 semaines suivantes); Le mariage chez les Bodin's (5). Du 23 au 28 juillet: Hancock (9 séances); Shine a Light (6). Et enfin, du 30 juillet au 5 août: Wall-E (11 séances); L'incroyable Hulk (8); Ciao Stefano (7).
Il s'agit là d'un programme pour les vacances, donc plus varié qu'à l'ordinaire. Voilà comment est lotie la province profonde. Pour ma part, c'est sans commentaire. Mais j'attends les vôtres (Parisiens ou non) avec impatience!

9 juillet 2008

La nouvelle vie de Monsieur Horten - Bent Hamer

Film norvégien plutôt étrange, La nouvelle vie de Monsieur Horten est celle d'Odd Horten, cheminot mécanicien qui vient d'avoir 67 ans et, après 30 ans de bons et loyaux services, reçoit comme "médaille" la locomotive d'argent et ses droits à la retraite. Il effectuait la liaison Oslo - Bergen. A l'occasion de son dernier parcours avant la fin de sa vie active, on a l'occasion de voir des paysages enneigés qui succèdent à des tunnels qui semblent en tôle. Son rêve est de faire le voyage du retour en avion. Le jour effectif de sa retraite, et après avoir quitté son logement (près de la voie ferrée), il va vivre une ou deux journées pas comme les autres pendant lesquelles il va (dans le désordre) escalader un immeuble pour pouvoir atteindre un appartement en étage où on l'attend pour fêter sa retraite, rendre une visite à sa mère (ancienne championne de saut à ski) qui est maintenant devenue mutique (sénile?), s'apprêter à vendre son bateau auquel il tenait tant à un ami, faire un arrêt à la piscine en nocturne (où quelqu'un lui prend ses chaussures), croiser le chemin d'un homme, Sassener, (avec un chien que recueillera Odd par la suite). Sassener fait cadeau à Odd de chaussures de femme à hauts talons rouge (pour éviter qu'il soit pieds nus). Plus tard, dans la nuit, ce même Sassener essaie de conduire les yeux bandés. Fumeur de pipe, Odd va apprendre aussi que le buraliste chez qui il allait est décédé, et que sa femme le remplace. Entretemps, il dînera chez une femme qui est peut-être un ancien amour et qui pourrait faire un bout de route avec lui. Tout ce que je décris est une suite de scènes qui s'enchaînent naturellement sans que l'on se pose trop de questions. C'est tout le talent du réalisateur-scénariste qui a tenu à prendre des acteurs âgés et qui font leur âge, et c'est magnifique. J'ai constaté, lors de certains gros plans, que Bard Owe (qui joue Odd Horten) a un visage parcheminé que l'on n'oublie pas. Le film finit bien ou mal, c'est selon l'opinion que l'on en a, avec un côté onirique. Après Nous les vivants du Suédois Roy Andersson, cette oeuvre norvégienne confirme qu'il existe un cinéma nordique qui sort des sentiers battus.

7 juillet 2008

Jouer les touristes à Paris

Une fois de plus, c'est mon ami qui m'a sortie de ma routine de Parisienne, métro, boulot et ballades à pied. L'autre jour, flânant sous la Tour Eiffel (j'aime bien me promener vers le Champ de Mars), il a avisé un "Car rouge" à impériale à l'arrêt. Ni une ni deux, nous nous sommes renseignés auprès du chauffeur sur les tarifs et la durée du trajet. La promenade dure presque deux heures. Le circuit est rodé depuis quelques années déjà.
Pour une somme qui est supérieure à 20 euros, les touristes en goguette peuvent, pendant une ou deux journées, monter et descendre à des arrêts spécifiques, pour prendre les photos de rigueur, faire du shopping ou faire le tour du pâté de maison (si je peux m'exprimer ainsi). Pour le prix, ils ont aussi droit à un commentaire par audiophone énoncé en 5 langues. Bien évidemment, nous nous sommes installés au premier étage à l'air libre. Le départ se fait donc au pont d'Iena, au pied de la Tour Eiffel. L'étape suivante se fait aux Invalides (tombeau de l'Empereur Napoléon Ier oblige). Le car se dirige ensuite vers la Concorde après avoir traversé le Pont Alexandre III, le plus beau pont de Paris (dixit la voix dans les oreilles). De là, nous avons longé le musée du Louvre, côté Seine. De notre premier étage, on regarde et admire les monuments avec un oeil différent. J'ai pu découvrir la façade du plus grand musée du monde avec attention. Petit arrêt de rigueur à Notre-Dame (à l'heure où nous sommes passés, il y avait la messe diffusée sur grand écran). Puis nous revenons sur nos pas. On contourne l'Opéra de Paris et on s'arrête juste derrière l'édifice, pas loin des magasins des grands boulevards (je ne ferai aucune publicité). Avant de retourner au point de départ, on a remonté les Champs-Elysées avec le commentaire ad hoc. C'est intéressant de prendre conscience de ce que voient les touristes qui visitent Paris (ou, du coup, de penser à ce que nous ne voyons pas en suivant les balises des "parcours organisés" dans les capitales étrangères). On ne voit pas la Rive Gauche (Panthéon etc.), ni le Sacré Coeur ni l'Est Parisien, etc. Le parcours reste concentré sur des endroits intéressants, certes, mais où la notion de "shopping" est très présente. Il est vrai que le public des "bus rouges" est composé de touristes ne faisant pas partie d'un groupe.

Une autre façon, très touristique aussi, de voir Paris est de prendre le bateau. Mon ami, pour mon anniversaire (il y a déjà trois mois!), m'avait offert un dîner-croisière sur un long bateau couvert. Pendant deux heures, nous avons navigué sur la Seine entre le pont de Bir-Hakeim dans le 15ème arrondissement jusqu'à Bercy dans le 12ème. C'est une autre façon de voir Paris (par en-dessous, si je puis dire) puisque nous sommes au niveau de l'eau. Là, à la différence des bateaux-mouches, nous n'avons pas eu de commentaire mais comme c'était le soir, Paris "by night" tout illuminé vaut le coup d'oeil (même pour les Parisiens).

5 juillet 2008

Films deux par deux (1)

J'ai vu quelques nouveautés dans les films récemment. Ne faisant qu'un billet tous les deux jour, les vacances étant proches et la fête du cinéma ayant battu son plein, je tiens à en commenter le plus possible en peu de billets tant qu'ils restent d'actualité. C'est pourquoi j'inaugure une nouvelle série avec deux films par billet; et puis, pour certains, je n'ai pas forcément grand-chose à en dire, mais cela n'enlève rien à leur qualité.

Dès le début d'Au bout de la nuit (Street Kings) de David Ayer (2008), j'ai eu peur que le film ne soit que violent et puis petit à petit, au-delà de la violence (il y a pas mal de morts), nous avons le thème du flic qui cherche une sorte de rédemption. Tom Ludlow (Keanu Reeves), qui appartient à une brigade de police spéciale, veut venger un collègue abattu lors d'une fusillade et se retrouve être le principal suspect. Il mène son enquête jusqu'au bout. Il n'avait pas pu le faire pour sa femme morte dans les bras d'un autre. Je ne me suis pas ennuyée même si je ne suis pas sûre d'avoir tout compris. Je n'avais rien lu sur le film avant et je ne savais pas que le scénario était de James Ellroy, je comprends mieux la thématique "des flics qui en éliminent" d'autres (comme L. A. Confidential). Keanu Reeves a pris de l'épaisseur au sens propre et figuré et Forest Whitaker est toujours impeccable. A noter l'intervention de Dr House, pardon de Hugh Laurie dans le rôle d'un flic (de la police des polices).

Je suis allée voir Bon Baisers de Bruges (In Bruges) de Martin Mc Donagh (2008). A la différence de ffred et de très bons articles dans la presse, j'ai été déçue. Les comédiens (tous très bien) ne sont pas en cause. Je reconnais aussi qu'il y a un ton original avec les deux tueurs à gages (Ray et Ken) bloqués à Bruges au moment de la période de Noël, leur rencontre avec un nain en train de tourner un film et quelques autres dont une charmante jeune femme. Mais j'ai trouvé le film lent et manquant de rythme. Cela s'accélère un peu quand le chef des deux tueurs apparaît à l'écran en la personne de Harry Waters (Ralf Fiennes) qui donne un peu de mouvement à l'ensemble. J'ai regretté qu'on ne le voie pas plus tôt. 

3 juillet 2008

L'affaire de Road Hill House - Kate Summerscale

Ce livre, L'affaire de Road Hill House de Kate Summerscale, éditions Christian Bourgois (2008), est le récit d'une affaire judiciaire qui a défrayé la chronique en 1860, en Angleterre dans la région de Bath. Dans une belle demeure bourgeoise, dans la nuit du 29 au 30 juin 1860, Francis Saville Kent, garçonnet plein de vie, est étouffé et poignardé. Son corps sera retrouvé dans la fosse septique (à l'écart de la maison) le lendemain. Sur place, des policiers font les premières constatations puis un détective de Scotland Yard de Londres est mandé sur place. Jonathan Whicher, tel est son nom, est un fin limier et presque une légende. Les premiers romans "de détective" publiés à cette époque (écrits par Wilkie Collins, Charles Dickens ou Mary Elizabeth Braddon) prennent Whicher ou un de ses collègues comme modèle. D'autres livres s'inspirant de l'affaire sont parus en grand nombre. Le livre de Kate Summerscale est une reconstitution précise et très bien documentée de toute l'affaire grâce aux archives judiciaires, journaux, magazines, livres et brochures. Kate Summerscale nous présente les protagonistes principaux qui ont vécu cette tragédie. Il y a le père de la petite victime, Samuel Kent, sous-inspecteur des manufactures, et sa deuxième épouse, Mary, enceinte au moment du drame. Sa première femme, Mary-Ann, morte prématurément, avait souffert de problèmes neurologiques. Cela n'a pas empêché Samuel de lui faire au moins 10 enfants dont seulement quatre ont survécu (trois filles et un garçon), qui vivent tous ensemble dans la demeure de leur père. D'ailleurs Mary, avant de devenir la deuxième Mme Kent, a été plus ou moins la nourrice de deux d'entre eux: Constance et William. A part le petit Francis, Samuel et Mary ont eu quatre autres enfants dont deux nés après l'assassinat. Cette même demeure abrite aussi trois jeunes domestiques. D'autres vivent dans le village voisin. Après un ou deux jours d'enquête, quelques interrogatoires et grâce à une pièce à conviction d'ordre vestimentaire trouvée et disparue ensuite, Whicher a rapidement une intime conviction, comme on dit en français, sur l'identité du ou de la coupable (quelqu'un de la maisonnée) mais il n'a pas de preuves. C'est seulement 5 ans plus tard, en 1865, lorsque l'affaire sera presque oubliée, que la personne coupable fera des aveux, sera condamnée à 20 de prison, finira sa vie en Australie et mourra centenaire (Kate Summerscale laisse planer un doute sur le fait que la personne ait agi seule ou avec quelqu'un qu'elle protège). Le mobile du crime (qui est prémédité) reste un peu flou. C'est vraisemblablement la jalousie au sein de la famille. Je tiens à ne pas tout dévoiler. Je complèterais en disant que Kate Summerscale évoque bien cette époque où la notion de "classe" est essentielle. Elle explique que l'intrusion de policiers dans ces grandes familles bourgeoises était vécue comme une atteinte à leur vie privée. Les policiers n'appartenaient pas au même monde. Elle montre aussi que Samuel Kent n'était pas très aimé par les villageois et les gens des environs de par sa profession d'inspecteur des manufactures. C'était une époque où les enfants travaillaient à l'usine dans des conditions épouvantables, mais le maigre salaire qu'ils rapportaient était nécessaire, et pourtant Samuel Kent en faisait renvoyer quelques-uns pour les sauver au grand dam des familles. Ceci étant, ce meurtre va bien évidemment laisser des séquelles au sein de cette famille qui déménage peu après et part au Pays de Galles. Kate Summerscale nous fait part de ce qui arrive à tous les personnages de l'histoire, détective compris. Elle complète son récit en publiant quelques photos d'époque. La photo de la couverture du livre (prise par l'écrivain) représente, en noir et blanc, la demeure de Road Hill, aujourd'hui. A mon avis, ce récit présente davantage d'intérêt qu'un roman policier classique.

PS: j'ai été très touchée de découvrir que M. Claude Le Nocher, qui reprend régulièrement certains de mes billets "polars" ou "suspense" dans une rubrique de son blog, a, cette fois-ci, rédigé une gentille introduction avant de publier intégralement mon billet.

1 juillet 2008

Eldorado - Bouli Lanners

Eldorado est le troisième film de l'acteur belge Bouli Lanners qui joue aussi l'un des deux rôles principaux (Yvan). Eldorado est une sorte de "film de route" où l'on découvre la Belgique comme un pays peu peuplée (pour partie) avec d'immenses étendues de terre et de forêts. Cela a beaucoup frappé mon ami qui a vu le film en ma compagnie. Yvan, revendeur de voitures américaines qu'il va directement acheter sur place, rentre un soir chez lui dans un hameau isolé. Là, il s'aperçoit que son appartement a été cambriolé et que le voleur (prénommé Elie, paraît-il) est planqué sous le lit par peur des représailles. Elie a "choisi" cette maison parce que c'est la seule où il n'y avait pas de chien. Son butin est maigre avec quelques euros dans un bocal mais il a semé beaucoup de désordre. De là, commence un voyage surréaliste dans lequel Yvan accepte d'emmener Elie (de son vrai nom Didier) jusqu'à la frontière française. C'est là qu'habitent les parents de ce dernier. Sur la route, ils feront des rencontres improbables : un collectionneur de voitures qui ont toutes des bosses (je ne vous dirai pas la cause de ces bosses), un naturiste prénommé Alain Delon, un chien jeté du pont, les pattes attachées. Arrivés à destination, la confrontation entre Elie et ses parents est mitigée. On entend hors champ que le père ne veut plus revoir son fils. En revanche, en compagnie d'Yvan, Elie va effectuer quelques travaux de jardinage afin d'aider sa mère. Le film se termine un peu abruptement avec Yvan qui se retrouve seul à enterrer le chien. Eldorado bénéficie d'une critique française élogieuse (à juste raison). Je donnerai une mention spéciale au chef opérateur photo: l'image est magnifique.

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