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Le blog de Dasola
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31 octobre 2009

Le démon des femmes - Robert Aldrich

J'ai enfin revu un film longtemps invisible qui m'avait marquée il y a plus de 25 ans (il date de 1968). C'était au temps du cinéma de minuit sur France 3. The legend of Lylah Clare (titre original et plus parlant que "Le démon des femmes") est un des trois films qu'Aldrich a consacré à l'univers impitoyable du cinéma en général et d'Hollywood en particulier (Les autres sont The big Knife et What happened to Baby Jane?). Lylah Clare, grande star d'Hollywood, est morte il y a plus de 20 ans sous les yeux de son mari et réalisateur Lewis Zarkan. Ce dernier, qui vit retiré, rêve de faire un film sur elle. Un impresario trouve un sosie de Lylah en la personne d'Elsa Brickman (qui est rebaptisée Elsa Campbell), jeune actrice pleine de fraîcheur, d'espoirs et d'illusions (Kim Novak, magnifique, tient les deux rôles: des flash-back ponctuent l'histoire). Le tournage va pouvoir se faire. Elsa, amoureuse de Zarkan, ira jusqu'au bout de l'expérience... Bien sûr, le spectateur saura, au fur et à mesure, comment est morte Lylah Clare. Ce n'est pas un film confortable, il prend à rebrousse-poil, il est dense et étouffant. Il y a pas mal de personnages tous plus monstrueux les uns que les autres, avec la femme à la jambe artificielle rapporteuse de ragots, l'impresario mourant, le producteur avide (Ernest Borgnine), le réalisateur égocentrique et l'actrice lesbienne disparue. Aux Etats-Unis, lors de sa sortie, le film fut un échec critique et donc commercial cuisant. Il faut dire que la fin, par exemple, atteint un niveau de cynisme rarement vu: une pub télé pour pâté pour chien "barkwell" (aboie bien) qui vient juste après l'annonce d'un décès. Je vous conseille de voir ce film pour les comédiens, pour la re-création de l'univers hollywoodien d'antan (comme on peut éventuellement l'imaginer), et pour le scénario riche. Je ne regrette pas de l'avoir revu. Comme Victime, il est projeté dans une seule salle. Dans le même ordre d'idées, il y a en ce moment à Paris une rétrospective Robert Aldrich à la cinémathèque française. J'espère que cela annonce de prochaines (re)sorties en DVD.

29 octobre 2009

Away we go - Sam Mendes

Vu dans le cadre d'une avant-première (je remercie Jérôme de Cinefeed et Cinefriends), je n'ai pas aimé (du tout!) ce film, Away we go (sortie le 4 novembre 2009), qui m'a paru sinistre à tout point de vue. Je l'ai même trouvé déplaisant par certains côtés, surtout le jeu des acteurs que j'ai trouvé outré voire insupportable (même si c'est leur rôle qui le veut); c'est flagrant pour Maggie Gyllenhaal et Alison Janney. Je ne sauverais du film que la jeune femme (Maya Rudolph, actrice pas très connue), qui irradie. Elle est belle et touchante, c'est un vrai bonheur. Pour le reste, cette vision d'adultes tous plus immatures, têtes à claques, les uns que les autres, m'a profondément énervée. Je plains les enfants qui sont avec eux. Verona et Burt, un jeune couple déjà installé ensemble (ils ont respectivement 34 et 33 ans), attendent un bébé. C'est au cours d'un dîner que les parents (un peu azimutés) de Burt annoncent qu'ils s'en vont deux ans à Anvers, en Belgique. De là, Vérona et Burt, avant de décider où s'installer pour élever le futur bébé (une fille), se rendent chez les uns ou les autres, qui sont soit des connaissances soit des membres de la famille (formant une belle brochette de fêlés ou de "disjonctés"). Ils vont de Miami à Phoenix, en passant par Madison et Montréal, pour se retrouver à la fin au bord du Mississippi. Je pense que je n'ai plus l'âge (à moins que je sois vieux-jeu) pour apprécier ce genre de film à l'humour qui me laisse de marbre (ce qui n'était pas le cas de d'une grande partie de la salle qui riait bien). Le public était jeune: 20 à 35 ans peut-être. Après Les noces rebelles qui fut une déception, Sam Mendes continue un parcours qui me laisse perplexe. J'avais tant aimé American Beauty et Jarhead... Que dire? Je ne sais pas.

27 octobre 2009

Rien, plus rien au monde - Massimo Carlotto

Suite à un billet de Dominique, je me suis procuré ce roman noir, très noir de Massimo Carlotto (éditions Métailié). Il est très court (50 pages) et se lit en moins d'une demi-heure. Une mère vient de tuer sa fille "accidentellement" avec un couteau et tout le roman (sauf vers la fin) est un monologue intérieur que nous débite la mère frustrée, alcoolique (4 bouteilles de Vermouth par semaine), aigrie à cause de sa petite vie médiocre. Elle est pleine de rancoeur, contre sa vie (elle fait des ménages "au noir"), son mari Arturo (pas très actif au lit), métallo au chômage et maintenant magasinier (il gagne moins), et enfin sa fille qu'elle appelle "la petite", qui ne répond pas à ses attentes et qui n'avait rien trouvé de mieux que de s'amouracher d'un Tunisien (heureusement que le problème est résolu). Rien, plus rien au monde est une phrase d'une chanson que cette femme avait apprise par coeur. Elle préfère se tuer plutôt que de finir dans un hospice. "Rien, plus rien au monde [ne] m'obligera à finir ma vie au milieu d'autres vieux, tristes et pauvres" (p.29), "Rien, plus rien au monde [ne] pourra remettre les choses à leur place" (p.9). Même si cette histoire est tragique, le ton de l'ensemble est drôle. J'ai souri souvent. Le seul gros défaut de ce roman, c'est son prix: 6 euros, cela fait cher la page.

26 octobre 2009

Invitations à une avant-première du film Rapt - Lucas Belvaux

Bonjour à tous et toutes, j'ai le plaisir d'inviter quelques fidèles de mon blog à une avant-première de Rapt (cf. mon billet du 11/10/2009) de Lucas Belvaux (sortie le 18/11/09) en présence d'Yvan Attal, le vendredi 6 novembre 2009 à 20 heures, Club de l'Etoile, 14, rue Troyon, 75008.
Si cela vous intéresse, merci de me contacter par mail ou avec un commentaire et je vous communiquerai l'adresse où vous inscrire (il y a 10 invitations et c'est 1 ou 2 par personne).

25 octobre 2009

Katalin Varga - Peter Strickland

Katalin Varga de Peter Strickland est un film d'atmosphère, de sons, d'images de forêts profondes menaçantes ou de plaines accueillantes. C'est une histoire de vengeance (sur la fin) qui se dénoue abruptement de façon assez logique. Ce film, joué en langue hongroise, se passe en Roumanie, et plus précisément en Transylvanie, pays de Dracula où l'on trouve encore la charrette tirée par un cheval pour se déplacer. Suite à une indiscrétion sur son passé, Katalin Varga, très belle jeune femme, est contrainte de partir: son mari la chasse avec son fils, Orban. Ils s'en vont sur les routes car Katalin Varga cherche quelqu'un. Elle a été violée, il y a douze ans. De ce viol est né Orban. Sa vengeance va être terrible mais elle paiera le prix fort car elle retrouve ses deux violeurs et la femme de l'un deux qui ignorait tout. Mais au bout du compte, on ressent un certain apaisement. Quand on sort de la projection, on est sonné. La fin ne s'oublie pas, notamment une scène sur une barque pendant laquelle Katalin raconte tout sur son viol. Les comédiens sont tous remarquables, en particulier l'actrice principale dont c'est le premier film: Hilda Péter. Il serait dommage que ce film reste un succès confidentiel. S'il se donne par chez vous, allez le voir. Rob dit beaucoup de bien du film.

23 octobre 2009

Seul le silence - R. J. Ellory

Moi aussi, j'ai d'abord cru à une faute de frappe, mais il ne s'agit effectivement pas de James Ellroy. En attendant que sorte Vendetta en poche, je viens de terminer Seul le silence, roman de presque 600 pages (Livre de Poche) de R. J. Ellory (qui a dédié son oeuvre à Truman Capote) où le narrateur Joseph est aussi le (triste) héros de l'histoire. Tout commence en 1939 et se termine en 2005. Entretemps, Joseph aura été le témoin direct ou indirect de 32 meurtres atroces de petites filles toutes âgées de 8 à 12 ans sur une période de plus de 30 ans. En 1939, en Georgie, Etat sudiste et conservateur, les étrangers sont vus d'un mauvais oeil. Une famille allemande, les Krüger, paiera un lourd tribut dans cette histoire. Joseph, 12 ans, est orphelin de père depuis longtemps. Il est très attachée à sa mère, celle-ci finit dans une institution psychiatrique. Joseph est doué pour l'écriture et encouragé par sa mère d'abord, puis par son institutrice et par quelques autres; il deviendra un écrivain reconnu. Ce long roman est rythmé (si je puis dire) par les meurtres des petites filles. On veut savoir qui est le meurtrier et pourquoi il fait cela, et pourtant toute cette histoire reste en arrière-plan. L'auteur montre les failles du système pour mener une enquête criminelle quand plusieurs circonscriptions sont concernées. Il n'y a pas de cohésion. Seul un shérif, ami de Joseph, mène l'enquête. Quant à moi, l'accumulation de malheurs sur la tête du héros narrateur me paraît un peu beaucoup à mon goût: deux femmes (enceintes de lui) qui meurent jeunes et tragiquement, 14 ans d'incarcération pour un crime qu'il n'a pas commis. Joseph semble supporter cet état de faits sans trop broncher. Il ne se révolte pas et pourtant il aurait des raisons. Surtout, ne commencez pas par lire les deux dernières pages (comme le fait souvent mon ami) car il n'y aurait plus de suspense. C'est un roman que je conseille même si je n'ai pas été complétement enthousiaste.

21 octobre 2009

Films vus et non commentés depuis le 03/10/09

Pour continuer ma série, voici 4 films qui n'ont aucun rapport entre eux mais qui sont à voir si les histoires vous inspirent.

Mères et filles de Julie Lopes-Curval. J'y suis allée pour les actrices (surtout Marina Hands et Marie-José Croze). Je trouve Catherine Deneuve assez antipathique (c'est son rôle qui le veut). Les scènes où le passé et le présent se mêlent sont bien faites. Louise, Martine et Audrey sont respectivement la grand-mère, la mère et la fille. Louise a disparu, il y a 50 ans. Les deux autres n'arrêtent pas de se chamailler pendant tout le film. Revenue du Canada pour passer des vacances auprès de ses parents, Audrey (jeune trentenaire) est enceinte (elle ne veut pas garder le bébé). Sa mère, Martine, médecin, vit pour son travail. Tout se passe du côté du bassin d'Arcachon. Il y a 50 ans, Louise était malheureuse. Elle faisait partie de ces femmes qui devaient demander la permission à leur mari pour travailler et/ou avoir un compte en banque. Audrey devine ce qui est arrivé à sa grand-mère après quelques retournements de situation. Le scénario n'est pas mal écrit mais cela manque de quelque chose. Et surtout, j'aurais aimé qu'il y ait plus de scènes avec Louise (LE personnage intéressant de l'histoire et puis Marie-José Croze est tellement jolie, les toilettes des années 50 lui vont bien).

Les joies de la famille d'Ella Lemhagen, ou comment un couple d'homosexuels suédois mariés, Goran et Sven, se retrouve après une demande d'adoption devant un garçon de 15 ans (pré-délinquant) et non de 1,5 ans (erreur de frappe malheureuse). L'histoire se passe dans une petite ville proprette en Suède où tous les voisins se connaissent et où l'hétérosexualité est de mise. L'arrivée de Patrick provoque une crise dans le couple. Goran veut garder Patrick, l'autre s'en va (temporairement?). C'est un film sans prétention plein de fraîcheur et les comédiens sont épatants.

La proposition d'Anne Fletcher, avec Sandra Bullock. Cette dernière est éditrice dans une grande maison d'édition à New-York. Etant Canadienne, elle doit être reconduite à la frontière car elle n'a pas régularisé son permis de travail. Qu'à cela ne tienne, elle propose le mariage à son assistant / souffre-douleur. L'employé de l'immigration n'est pas dupe. Pour apprendre à se connaître, nos deux tourtereaux, Margaret et Andrew, partent en Alaska chez les parents d'Andrew qu'ils doivent aussi convaincre de leur intimité. Il s'ensuit quelques situations parfois drôles mais j'ai trouvé cette comédie un peu molle et elle ne restera pas dans les annales. En revanche, j'aimerais bien passer quelques jours dans la maison des parents. Si vous allez voir le film, vous verrez.

Je garde pour la fin...
... District 9 de Neil Blomkamp: le film dont on parle, qui est un succès public et que je suis donc allée voir. Pour être honnête, je reconnais que c'est bien fait, on y croit: ce faux reportage avec interviews en direct d'humains et d'Aliens (appelés "crevettes") parqués comme des bêtes dans des bidonvilles de Johannesburg (Afrique du Sud) qui sont "rackettés" par des gangs qui leur fournissent de la pâté pour chats (un délice pour les extra-terrestres). Wikus, membre d'une multinationale en armement, est chargé par celle-ci de faire évacuer les Aliens pour les déporter dans un autre endroit. Wikus est l'incarnation de la condescendance envers ces êtres par ailleurs intelligents et qu'on humilie. Contaminé par inadvertance par un liquide extraterrestre, le cauchemar commence pour Wikus qui mute très vite. De chasseur, il devient chassé. On en veut à ses organes. La tension et le suspense sont tenus jusqu'au bout. En devenant Alien, Wikus s'humanise. C'est le genre de film où il ne faut pas rater le début. Cela va à tout allure. L'image n'est pas très belle. Et ce que l'on contemple à l'écran n'est pas toujours ragoûtant. Ceci mis à part, on peut le voir.

19 octobre 2009

Victime - Basil Dearden

Victime est un film rare, il n'a pas été beaucoup projeté depuis 1961, date de sa sortie. L'histoire, filmée dans un beau noir et blanc, se passe Angleterre (plus précisément à Londres) où l'homosexualité (considérée comme un crime) était punie de prison. Sa dépénalisation date de 1967 dans ce pays (en 1982 en France). Le film démarre sur les chapeaux de roue. On voit un jeune homme, Barrett, qui cherche à contacter un grand avocat, Melville Farr (Dirk Bogarde), qui fut son amant. Ce dernier croit que Barrett le harcèle pour une raison quelconque. En réalité, c'est Barrett lui-même qui est victime d'un chantage à cause d'une photo, et il veut prévenir Farr. Le jeune homme se suicide après avoir été arrêté (il avait volé son entreprise pour payer le maître-chanteur). Tout cela paraît compliqué (c’est le premier quart d’heure du film), mais l’histoire se met en place par la suite. Plusieurs hommes sont aux abois: homosexuels, ils ont reçu des lettres anonymes (les mêmes que celle de Barrett) leur demandant de payer de fortes sommes. Assez vite, on sait qui est l’un des «méchants», mais la personne responsable ne sera démasquée qu’à la toute fin (personnellement, je m’en doutais un peu). Entre-temps, il y aura eu une autre mort et une fausse piste. Dirk Bogarde joue donc le rôle de l'avocat qui s’implique dans l’enquête avec la police. Il met sa réputation et donc son avenir en jeu (risquant la radiation du barreau et la prison) puisque il n'avait pas révélé son homosexualité. Seule sa femme, Laura, avait accepté cette situation. Basil Dearden a réalisé un très bon film policier haletant avec en toile de fond un fait sociologique où des hommes étaient traités, il y a encore 40 ans, comme des criminels parce qu’ils préféraient les hommes aux femmes. Il paraît que ce film, à sa sortie, aurait fait bouger les choses et provoqué un débat. Victime n’est sorti (en octobre 2009) que dans une salle à Paris. Je ne sais pas ce qu’il en est des projections en province. Avec ce billet, je voudrais remercier les éditions de films Carlotta qui nous permettent de voir des films rares et de qualité (ce fut le cas cet été pour Signore et Signori et Divorce à l'Italienne de Pietro Germi). 

17 octobre 2009

Cadence - Stéphane Velut

Le roman Cadence (Editions Christian Bourgois, il fait partie de la rentrée littéraire 2009) pourrait être sous-titré "L'antre de la folie" (en référence au film de John Carpenter). L'histoire se passe entre février et septembre 1933, à Munich. Le Führer vient d'accéder au pouvoir. Le Narrateur (dont on ne connaîtra pas le nom) est chargé pour la gloire du Führer de peindre une représentation picturale d'une icône à la gloire de la Nouvelle Allemagne. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas ce qu'il va dessiner, mais le modèle qui va lui servir, en la personne d'une enfant qu'on lui amène un jour. Pendant tout le roman, il ne la désignera que par les vocables "petite", "pensionnaire", "chose", "mante", "poupée". D'ailleurs, quand la petite arrive chez lui, c'est "un dépôt" pour lequel il signe un reçu. En sept mois jour pour jour exactement, il doit avoir terminé son oeuvre. En attendant, il est logé et nourri (ainsi que sa pensionnaire). Il sera payé s'il rend l'œuvre à temps. Avec la complicité de sa logeuse, et surtout d'un ami, Werner Troost (spécialiste dans l'appareillage des handicapés), la "petite" devient une "poupée" grâce à un appareillage ingénieux qui lui enserre les membres supérieurs et inférieurs. Même ses cils sont maintenus. La petite, d’humaine, devient une poupée qui s’abîme. Les appareils lui provoquent des blessures et des lésions sur tout le corps. Un système de poulie la maintient souvent contre le mur comme un insecte. Quant au Narrateur, il n’explique pas ses raisons. Il se fait plaisir. Il est heureux loin de la tempête qui s’annonce. Il n’y a aucune connotation sexuelle dans les relations entre le narrateur et la petite. Tout est décrit de façon clinique sans état d’âme. Il ne veut pas de compassion. Il ne regrette pas ce qu’il fait. J’ai été frappée par la description très distanciée des souffrances endurées par la petite comme si de rien n’était. D’ailleurs la petite ne se plaint jamais. Le roman se termine en cauchemar éveillé avec, en fond historique, la peste brune s’abattant sur Munich et l’Allemagne. Pour un premier roman, Cadence (ce titre est un mystère) est une réussite. C'est une histoire que l'on n'oublie pas.

NB (en réponse aux trois premiers commentaires [Toinette80, Rosa et Thaïs] sur le billet) : Je suis désolée que celui-ci ne donne pas envie de lire ce roman car j'ai beaucoup aimé ce conte cruel qui est une parabole sur la montée du nazisme et des cruautés qui s'ensuivirent. Felice, la logeuse du Narrateur, symbolise bien ce qu'a été le comportement de certaines personnes envers d'autres, elles étaient payées et donc exécutaient les ordres sans discuter. Sous son air de bonhomie, c'est elle, le monstre. Elle aurait pu dénoncer le narrateur. Elle ne fait que s'enfuir. J'ai apprécié l'écriture et le rythme du roman. Et cela sort vraiment de l'ordinaire.

NB2: Nanne en parle très bien.

16 octobre 2009

Billet intermédiaire (de pas très bonne humeur)

Très récemment, M. Karl Lagerfeld a prononcé des mots pas très gentils sur les femmes (et pourquoi pas les hommes?) souffrant de surcharge pondérale. Je connais le problème, je fais partie de cette catégorie ou, plus exactement, je me considère comme une DH (expression apprise récemment): "Dodue Harmonieuse". Mais je ne me reconnais pas dans certains propos de M. Lagerfeld, disant à peu près que "les femmes rondes n'avaient pas leur place dans la mode, [que] de toute façon elles restaient devant la télé à manger des chips en trouvant les mannequins laids". Quand il m'arrive de temps en temps de regarder une collection de haute-couture, j'admire les robes plus que les mannequins. Quant aux chips, je n'en n'ai pas mangé depuis plus de 10 ans. Sinon, les hommes ne le disent pas forcément mais les femmes "rondes" ne sont pas toujours pour leur déplaire. Il y a en elles un côté moelleux, douillet. Et puis d'abord, les femmes rondes sont comme elles sont. La volonté ne fait pas tout. Il y a d'autres facteurs. Je crois que M. Lagerfeld a lui-même fait un régime draconien. C'est bien. Toutes mes félicitations, M. Lagerfeld, mais je vous aurais cru plus galant.

15 octobre 2009

La lamentation du prépuce - Shalom Auslander

J'ai beaucoup appris (enfin je pense) et je me suis bien amusée à la lecture de ce roman (paru en poche aux éditions 10/18) très drôle et caustique, plutôt iconoclaste voire blasphématoire, où le narrateur (qui porte le même nom que l'auteur) a du mal à suivre les préceptes de la stricte orthodoxie juive dont il est issu. Orli, la femme du narrateur, doit bientôt accoucher. Shalom (qui signifie paix en hébreu) se demande s'il va faire pratiquer, selon la tradition, la circoncision du prépuce du bébé à naître. Il voudrait que son fils ne soit pas comme lui: élevé dans la religion. L'histoire alterne entre Shalom depuis son entrée à l'école primaire et Shalom futur papa. On lui a enseigné ce qui se fait ou non ou non pendant Shabbat (il y a 39 activités prohibées ce jour-là) et les autres jours de la semaine. La religion est au centre de son éducation. L'alimentation qui est essentielle à la vie bénéficie de 6 bénédictions de base. Sinon, l'enfance de Shalom est marquée par ses relations houleuses avec ses parents (son père surtout, menuisier de talent mais homme un peu violent). La mère de Shalom, soeur de rabbin, voudrait que son fils le devienne. Shalom ne répond pas vraiment à cette attente. Il n'arrête pas de faire des entorses à la religion. Il devient pick-pocket, fume des joints, se voue au plaisir solitaire grâce à des revues licencieuses (qui sont cachées sous le lit de son père) (les termes du roman sont plus crus). Mais éprouvant du remord, il les brûle par la suite. Pourtant à 18 ans, il se retrouve à Jérusalem pendant deux ans (il y a un passage savoureux avec le Mur des Lamentations). A 20 ans, il est encore puceau. La religion n'a rien arrangé. Par la suite, il devient "free-lance" dans la pub après avoir été croque-mort. Tout le roman est une suite de plaintes contre le "Tout-Puissant" qu'il craint et défie en même temps. D'ailleurs, il a peur d'être puni et que sa femme et de son fils meurent (jusqu'au moment de l'accouchement). Petite anecdote humoristique, il donne comme prénom à son fils: Pax (paix en latin). Pour résumer le roman, ce n'est pas facile d'être Juif orthodoxe à Monsey dans l'Etat de New-York et même ailleurs. Je recommande ce roman bien écrit au style alerte et distrayant.

13 octobre 2009

Mary et Max - Adam Elliot

Ce film d'animation australien en pâte à modeler, Mary et Max, est mon coup de coeur de ce quatrième trimestre 2009. Mary Daisy Dinkle, une brunette de 8 ans, portant des lunettes, pas jolie avec sa tache de vin sur le front mais intelligente, vit en Australie aux paysages marron. Mary vit entre une mère qui boit du sherry (beaucoup) et un père dont le passe-temps est d'empailler des animaux victimes d'accidents et dont le gagne-pain (depuis des années) est de relier la marque au sachet sur une chaîne de montage de fabrication de thé (Earl grey). Mary se sent seule. Sa vie change quand elle écrit à Max Jerry Horowitz dont elle a trouvé l'adresse par hasard sur un bottin. Max Jerry Horowitz, âgé de 44 ans, obèse et atteint du syndrome d'Asperger (un genre d'autisme), vit seul à New-York, dessinée comme une ville toute grise foncée tirant sur le noir, oppressante, où même la statue de la Liberté fait la tête. L'histoire se passe sur vingt ans pendant lesquelles la relation épistolaire de Mary Daisy (qui écrit un livre sur le syndrome de Max) et de Max Jerry (dont l'état mental s'aggrave) connaît des hauts et des bas et même une interruption. Le récit alterne entre l'Australie et New York dans un parfait équilibre pendant lequel un narrateur omniprésent donne de l'élan à l'ensemble. Il faut voir le film en VO avec les voix de Toni Colette (Daisy adulte), de Philip Seymour Hoffmann (Max Jerry) et du narrateur (Barry Humphries). Ce film dégage une grande tristesse (surtout la fin), de la déprime mais aussi de l'espoir, c'est la vie. L'humour n'est pas absent de cette histoire où les personnages sont tous laids physiquement (même un bébé) mais si attachants (ils ont tous des "tronches" improbables). Ils sont plus humains que nature. L'animation est une réussite (qui n'a rien à voir avec celle de Wallace et Gromit) renforcée par de beaux moments musicaux. Je conseille Mary et Max toutes affaires cessantes aux adultes qui liront ce billet (ce n'est pas du tout un film pour enfants). Vous n'oublierez pas de sitôt les personnages de Mary et Max et ceux qui les entourent. Beaucoup de blogueurs en parlent, notamment: Céline/Diane_Selwyn, Ffred, FredMJg, Rob, Tinalakiller, Alain, Leunamme et Rom_J.

11 octobre 2009

Rapt - Lucas Belvaux

Décidément, je n'arrête plus de voir des films en avant-première. Grâce à Jérôme de Cinefeed et Cinefriends (que je remercie), j'ai eu la chance de voir, le 30 septembre dernier, Rapt de Lucas Belvaux qui sort le 18 novembre prochain dans toutes les bonnes salles. Quand j'ai accepté, je ne savais pas quel était le sujet. Dès que j'ai su qu'il y avait une histoire de doigt coupé, je me suis dit que cela me rappelait quelque chose. En effet, Lucas Belvaux s'est librement inspiré de l'affaire du Baron Empain (qui s'est passée en 1978). Dans le film, le personnage s'appelle Stanislas (1) Graff. Il s'agit d'un homme d'affaires aisé (avec une grande fortune personnelle), dont on voit, pendant les premières minutes de Rapt, la vie quotidienne en accéléré. Marié, père de deux filles et patron d'un grand groupe industriel, passant d'un rendez-vous à l'autre, il mène en parallèle une existence où se mêlent le jeu (poker) et quelques maîtresses. Il joue gros et perd beaucoup. Un matin, Stanislas Graff est enlevé. Une rançon de 50 millions d'euros est demandée. Pour montrer qu'ils ne plaisantent pas, les ravisseurs lui coupent le majeur de la main gauche. Le film alterne les scènes de détention et l'"extérieur" où la famille de Sébastien (sa femme en particulier) ainsi que les collaborateurs du groupe essaient de trouver la rançon. Petit à petit, la situation évolue et pas forcément en faveur de l'otage humilié, enchaîné avec des ravisseurs encagoulés. Je ne raconterai pas la fin, assez proche de la réalité et qui est passionnante (on pourrait même en faire une suite). Les acteurs, Yvan Attal et Anne Consigny en tête, sont bien dans leur rôle. C'est un film qui m'a beaucoup plu grâce à un scénario très bien écrit, une réalisation nerveuse et sans temps mort. Les dialogues ont été considérés comme un peu littéraires au goût d'au moins un spectateur (qui a trouvé que cela faisait "théâtre" et que seul Yvan Attal semblait naturel; il a trouvé le jeu des autres acteurs un peu trop retenu). Quant à moi, j'ai apprécié d'entendre des dialogues intelligibles (même les ravisseurs parlent "bien"). Cette projection s'est déroulée dans une salle avec des fauteuils moelleux, nous étions une vingtaine de spectateurs, des blogueurs qu'avait invités Jérôme. A la fin de la projection, Lucas Belvaux en personne s'est prêté gentiment au jeu des questions/réponses. Je lui ai tout de suite demandé s'il s'était inspiré de l'affaire du Baron Empain, il m'a répondu oui. Je lui ai demandé après: pourquoi cette affaire? et pourquoi maintenant? Il a répondu que c'était une affaire qui l'intéressait depuis longtemps et qu'il avait lu le livre du baron Empain, dont il avait vu une interview à la télé il y a quelques années. L'histoire est transposée de nos jours. Parmi les autres réponses, Lucas Belvaux nous a expliqué qu'il avait rencontré des "vrais" inspecteurs de police qui travaillent en groupe de 6 ou 7 et dont la tâche principale est d'écrire. Il nous a exposé comment il avait choisi les acteurs, etc. A priori, le baron Empain avait vu le film le même jour (on ne sait pas ce qu'il en a pensé). Lucas Belvaux est un homme passionné qui reste simple. Je lui souhaite du succès pour son film qui le mérite. Merci encore à Jérôme (pour m'avoir invitée de nouveau après Looking for Eric) et à son assistant Florian.

(1) et non Sébastien comme je l'avais écrit. Merci à Rom_J qui m'a fait rectifier le 08/11/2009 cette erreur par son commentaire ci-dessous.

9 octobre 2009

Mademoiselle Chambon - Stéphane Brizé

J'ai été invitée le 6 octobre 2009, avec mon ami "ta d loi du cine", à une avant-première en petit comité pour voir ce film qui sort le mercredi 14 octobre 2009 (je remercie l'attachée de presse). Il y avait une vingtaine de femmes dans la salle, contre seulement 5 hommes (sans doute tous venus "pour accompagner"?). Pour résumer, j'ai aimé, mon ami moins. Il trouve que le film n'est pas nerveux du tout, que si le film avait été un court-métrage de 20 minutes, cela aurait été suffisant (il dure 1H40), que s'il revoyait le film, il le ferait en accéléré sur 10 minutes (avec une télécommande) en s'arrêtant sur quelques scènes. Il m'a redit que le cinéaste aurait pu tourner un film plus dense, moins intériorisé voire statique. En revanche, il admet que les acteurs sont très bien. La collègue de l'attachée de presse nous a souhaité une bonne projection. Elle a demandé à celles qui tenaient un blog (sic!) d'en parler si on avait apprécié le film ou de ne rien dire dans le cas contraire (ceci dit sur le ton de la plaisanterie). Avant le film proprement dit, on nous a projeté la bande annonce (avec une chanson de Barbara que je ne connaissais pas et qui est la chanson du générique de fin du film) qui reflète bien ce qu'est Mademoiselle Chambon, film peu bavard, presque contemplatif, qui donne la part belle aux acteurs. Jean (Vincent Lindon, une fois de plus très crédible) est maçon, il forme, avec Anne-Marie (Aure Atika) sa femme et Jérémy leur fils, une famille sans histoire. Jean s'occupe beaucoup de son père qui va fêter ses 80 ans. Il se trouve que Jean va rencontrer l'institutrice de Jérémy, Véronique Chambon (Sandrine Kiberlain). Quand il la voit pour la première fois, elle est appuyée sur un bureau d'élève de trois quart profil dans sa classe. Elle attend. Il la regarde et on comprend que sa vie et ses sentiments sont chamboulés. Pendant tout le film, ces deux êtres ne vont pas arrêter de se regarder sans rien dire (ou presque), d'ébaucher des gestes tendres, de se rencontrer pour des raisons plus ou moins futiles, de se séparer, de se revoir et de se quitter à nouveau. Mlle Chambon joue du violon, on entend en particulier une belle mélodie d'Elgar. L'histoire prend son temps avec des petits riens et c'est ce qui m'a plu (le couple Lindon/Kiberlain fonctionne bien), mais il faut adhérer au parti pris du réalisateur qui semble ne pas avoir fait l'unanimité parmi les spectateurs (mâles). Dans le press book, Stéphane Brizé parle de la relation qu'il a construite depuis 12 ans avec ses producteurs, TS Production. J'ai vu que ceux-ci ont aussi entre autre produit deux films récents que j'ai bien aimés et chroniqués (Séraphine et Le fils de l'épicier) ainsi que Violence des échanges en milieu tempéré (2003) qu'avait aussi apprécié ta d loi du cine.

7 octobre 2009

Fish Tank - Andrea Arnold

Fish Tank veut dire littéralement "bocal à poisson". En effet, on ressent assez vite une impression de tourner en rond dans cette banlieue du grand Est de Londres. Les personnages vivent comme dans un bocal dont on peut difficilement sortir. Dès que le film commence, on suit Mia, jeune adolescente de 15 ans, "vilain" petit canard (l'actrice est ravissante) dans la cité "dortoir" (sinistrée) se trouvant dans l'Essex. Parlant comme un charretier, elle marche vite en arpentant les rues où des HLM affreux alternent avec des terrains vagues. En échec scolaire, elle ne se gêne pas pour insulter des filles de son âge (elle les trouve nulles en "break dance", elle-même s'entraîne dans son coin); mais dans le même temps, elle essaie de libérer une jument de ses chaînes. Mia ne fait que de courtes apparitions chez elle où vivent sa petite soeur, Tyler, qui parle aussi crûment qu'elle, et leur mère, Joanne (elle non plus n'a pas un langage châtié), encore jeune et qui vient de trouver un petit ami, Connor. Mia ne reste pas insensible au charme de ce dernier qui l'encourage à travailler sa "break dance". Il lui apporte une certaine sérénité. Ce qui pouvait arriver se passe et Connor disparaît de leur vie. J'ai craint à un moment donné que Fish Tank ne sombre dans le mélo avec une petite fille qui tombe à l'eau, mais non. Mia a la rage au coeur car elle se sent trahie par Connor, mais elle réagit, sa vie va peut-être changer, elle va sortir de son bocal. Je recommande vraiment ce film qui est l'occasion de découvrir Katie Jarvis, une belle révélation présente à l'écran de la première à la dernière image. Connor (Michael Fassbender assez charismatique) est très ambigu. Il abuse d'une certaine situation, il a en définitive un comportement minable. En revanche, on s'attache à Joanne et Tyler vers la fin. Et il y a une très belle scène où la mère et les deux filles dansent ensemble. Alex en parle ainsi que Rob.

5 octobre 2009

Netherland - Joseph O'Neill

Netherland qui vient de paraître aux éditions de l'Olivier a eu un grand retentissement aux Etats-Unis, (où il a reçu de nombreux prix) lors de sa parution. Le président Barack Obama l'a aimé et l'a dit. Ceci étant, Netherland de Joseph O’Neill (Irlandais né à Cork mais vivant à New York) est un roman dense de moins de 300 pages qui se lit plutôt lentement. C’est assez difficile d'en parler car il y a plusieurs histoires, des retours en arrière. Le narrateur, Hans, est d'origine hollandaise. Marié avec une avocate anglaise, Rachel, il a un petit garçon, Jack. Quand le roman commence, en 2002 (il se termine en 2005), Hans vit à New York séparé de sa femme (repartie en Angleterre avec leur fils, suite aux événements de 11 septembre). Perturbé par cette situation, il a pris pension dans un hôtel. Analyste financier doué, Hans travaille dans une banque. Pendant ses moments de liberté, il se remet à jouer au cricket, sport qu’il a découvert durant sa jeunesse aux Pays-Bas. Né au Royaume-Uni, le cricket, à la différence du base-ball et du football (américain), est peu connu en Amérique. Les quelques passionnés qui y jouent sont issus d’anciennes colonies britanniques ou autres. C’est à l’occasion d’un match de cricket qu’Hans fait la connaissance de Chuck Ramkissoon, noir de Trinidad qui veut lancer le cricket à New-York pour qu’il devienne un sport populaire. Le livre parle de New-York et de quelques-uns de ses habitants (très bien, cela m’a donné envie d’y retourner), d’un couple en crise et aussi de cricket (mais ce n’est pas le sujet central), quoi qu’en disent les critiques et la 4ème de couverture qui présente ce beau roman, que je vous conseille.

PS: Suite au commentaire de cuné ci-dessous, "WASP" veut dire "White Anglo-Saxon Protestant" (c'est-à-dire, en traduction littérale, un anglo-saxon blanc protestant).

3 octobre 2009

Films vus et non commentés depuis le 01/09/09

Voici à nouveau (cf. série précédente ici) quatre films chroniqués dont trois français dont on a beaucoup parlé et que vous pouvez vous dispenser (à mon avis) de voir.

Bienvenue à cadavres les bains de Wolgang Murnberger est un film à voir pour l'humour autrichien (si, si). C'est adapté d'un roman policier, l'histoire se passe (contrairement à ce que dit le titre) dans les montagnes autrichiennes dans une auberge. C'est sanglant, un peu "gore", et pourtant le criminel qui est un aubergiste ne le fait pas par plaisir mais plutôt pour se défendre et/ou pour éviter qu'on l'embête. Il déteste les maîtres-chanteurs. Pour se débarrasser de ses victimes, je vous laisse le plaisir de voir comment il fait (le film n'étant malheureusement plus à l'affiche, il faudra attendre le DVD). En même temps, cet aubergiste fait de bonnes actions en recueillant un transexuel et une prostituée en détresse. Et puis, il n'est pas gâté avec son fils qui voudrait bien prendre sa place à l'auberge (même s'il ignore les actes criminels de son père). J'avais lu que cela ressemblait au thème de "L'auberge rouge": je ne suis pas d'accord. C'est un film qui ne peut pas plaire à tout le monde mais j'ai passé un bon moment. Rien que le titre est savoureux.

A part ça, je voudrais évoquer trois films français vus coup sur coup qui m'ont beaucoup déçue.

Rien de personnel de Mathias Gokalp ou les malheurs de certains cadres dans une entreprise. Lors d'une soirée cocktail avec pince-fesses et petits fours, des cadres sont mis à l'épreuve (sans le savoir) en passant des genres de tests notés avec un coach. L'entreprise va être rachetée et donc des licenciements de certains cadres sont programmés dont celui du personnage joué par Mélanie Doutey. Ce sont les meilleurs qui resteront. Les acteurs font ce qu'ils peuvent: les incontournables Jean-Pierre Darroussin et Bruno Podalydès (les réalisateurs ne peuvent plus se passer d'eux) jouent un coach pour le premier et un responsable syndical du CE pour le deuxième. Zabou Breitman en DRH se demande bien ce qu'elle fait là. D'ailleurs, à un moment donné, son personnage enferme le PDG dans les toilettes (elle règle un compte personnel). Peu de temps avant, ce même PDG chantait du Eugène Chabrier pour adoucir l'atmosphère. Il y a une idée de scénario mais pas plus. La seule petite originalité est que l'on voit la même scène répétée plusieurs fois dans des mises en situation différentes avec les mêmes protagonistes dont, tous comptes faits, on finit par comprendre certaines réactions. Le film se termine en queue de poisson.

L'armée du crime de Robert Guédiguian a été une vraie déception. Vu le sujet qui a été peu traité au cinéma, je m'attendais à mieux. Les acteurs (surtout la jeune génération) ne sont pas en cause. Le film raconte l'histoire de Missak Manouchian et de tout un groupe de Juifs étrangers et de communistes qui ont commis des sabotages et des attentats contre l'occupant nazi à Paris pendant la seconde guerre mondiale. Il y a bien entendu une courte évocation de la rafle du Vel d'Hiv en juillet 1942 pendant laquelle un flic joué par Jean-Pierre Darroussin (encore lui) montre un certain zèle à traquer les Juifs: il est ignoble. La police française n'est pas décrite sous son meilleur jour. On nous montre comment on arrivait à faire parler les gens. A part ça, la mise en scène est trop sage. Il manque les tenants et les aboutissants. J'ai assisté à une suite de scènes sans véritable lien. Je m'attendais à être émue, bouleversée. Je suis restée en dehors. On est loin du chef d'oeuvre de Jean-Pierre Melville, l'Armée des Ombres (1969). Pour avoir un avis très différent, lire le billet de Edisdead.

L'affaire Farewell de Christian Carion fut ma troisième déception. Ffred l'avait bien dit! L'histoire est pourtant passionnante (j'en ai lu des comptes-rendus récemment). Elle est une des raisons de la chute du bloc soviétique. J'ai quand même appris pourquoi les Français avaient baptisé l'affaire "Farewell" (pour tromper les Américains). Guillaume Canet a un rôle effacé (il était mieux dans Espions). J'ai noté pour l'anecdote que Philippe Magnan qui joue le rôle de François Mitterrand est d'une ressemblance frappante avec son modèle. David Soul (Hutch de Starsky et Hutch) joue le conseiller de Ronald Reagan (Fred Ward). Je trouve que ce qui nous est narré n'est pas très clair. Et j'ai tout juste compati au sort réservé à Grigoriev (Emir Kusturica), le "traitre". C'est d'ailleurs lui qui est la seule raison de voir ce film très lisse. En y repensant, j'aurais dû me méfier en sachant qui était le réalisateur (celui du catastrophique Joyeux Noël).

Voilà donc mes avis, à vous de juger.

1 octobre 2009

Firmin - Sam Savage

Firmin (Autobiographie d'un grignoteur de livres) de Sam Savage (Actes Sud, 200 pages) a eu les honneurs, en mai dernier, de panneaux publicitaires dans le métro parisien (je ne sais pas pourquoi ce roman plus qu'un autre). Je dois dire que c'est une des raisons qui m'a incitée à l'acheter. J'avoue que je m'attendais à autre chose peut-être de plus amusant. La vie de Firmin est aussi déprimante que le quartier en déliquescence où il vit. Il se trouve être le 13ème à la douzaine d'une portée de rats nés vers le 9 novembre 1960 à Boston. C'est un rat pas comme les autres qui se découvre être un passionné de lecture. Après avoir commencé par les grignoter, il se met à lire des livres sur des sujets divers et variés. Firmin a un cerveau hors norme qui lui permet de lire très très vite: des milliers de pages en quelques heures. De plus, Firmin vit au-dessus d'une librairie dont le propriétaire est un dénommé Norman. Mais son goût pour la lecture ne l'empêche pas de se rendre dans un vieux cinéma pas loin de la librairie pour voir des "mignonnes" (comme il dit) ou Ginger Rogers. Sa condition de rat n'est pas facile. Même Norman qu'il croyait être son ami tente de l'empoisonner. Firmin trouve un autre humain, Jerry (un marginal), qui le protège. Mais la transformation du quartier où vit Firmin remet tout en question. Et puis la vie d'un rat est brève sans parler d'une mort violente prématurée. Le texte est agrémenté de quelques illustrations d'un dessinateur, Fernando Krahn, où Firmin est toujours présent avec ses gros yeux et son museau fin. J'ai ressenti un sentiment de tristesse jusqu'au bout même si Firmin a eu accès à la culture, aux mots (il semble que cela lui ait suffi). Je donnerai comme conseil d'attendre que le roman paraisse en poche ou de l'emprunter dans une bibliothèque.

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