Silex taillé - XXIème s. après J.-C.
Mon ami m'a entraînée hier samedi 28 juin 2008 à une "journée Portes ouvertes" sur un chantier archéologique à quelques stations de métro de chez moi, dans le 15ème arrondissement de Paris. Rue Henry Farman, les archéologues de l'INRAP, intervenant en archéologie préventive avant la construction d'un centre de tri sélectif des déchets, ont pu "fouiller dans les poubelles" d'un campement provisoire de chasseurs-cueilleurs remontant au Mésolithique (9000 à 6000 avant J.-C.). Seuls les piliers de fondation de l'ancien bâtiment qui a été démoli ont perturbé le site. Sur ce chantier de fouilles débuté depuis février et qui se terminera fin juillet, la journée Portes ouvertes, annoncée par voie de presse, était prévue de 10 à 12 h et de 14 à 18 h. Arrivés à 11 h, nous avons découvert une longue queue d'attente. Mais finalement, ils prenaient des groupes de 30 personnes toutes les 7 minutes. J'ai entendu une archéologue se réjouir qu'il y ait tant de monde manifestant un intérêt pour ce patrimoine archéologique. Une fois à l'intérieur, nous passions d'archéologue en archéologue, chacun expliquant un aspect (contexte préhistorique, stratigraphie, méthodes de fouilles...). La première intervenante nous a expliqué qu'ils ont d'abord ouvert une tranchée pour le diagnostic, fouillé rapidement un niveau "premier âge du fer" (-800 -500 av. J.-C.), puis décapé près de la surface de cette fameuse couche mésolithique (la plus intéressante, seulement la 2ème fouillée en Ile-de-France) à la pelle mécanique, avant de réaliser des sondages d'un mètre carré chacun. Je me suis un peu ennuyée ensuite durant la partie stratigraphie (devant une paroi de terre marron-grise séchée): c'était un peu aride, je n'y voyais rien, l'intervenant ne parlait pas assez fort, c'était un peu l'anarchie. Je me suis dit après coup qu'il aurait pu décaper un peu la terre desséchée devant nous et rafraîchir la coupe à la truelle, on aurait sans doute davantage apprécié les différences de couches. Pour l'aspect "exemple de fouilles", deux jeunes femmes, à genoux, remplissaient de terre des seaux en plastique, après avoir décapé délicatement presque à la petite cuillère quelques décimètres carrés, pendant qu'une autre parlait, parlait, parlait... L'équipe a dégagé plus particulièrement quelques emplacement où la densité de "microlithes" (petites lames de silex destinées à des pointes de flèches) était plus importante. Ils ont trouvé des ossements, des coquilles d'escargots. Les trouvailles seront examinées plus à fond dans quelques mois. Mon ami, lui, a été fasciné par l'atelier final, où avaient lieu des démonstrations d'allumage de feu par frottement de bois, du lancer de javelot, de sagaie avec un propulseur, de tir à l'arc, le tout par un excellent intervenant, très pédagogue, attentif aux enfants qui se trouvaient dans l'assistance... Sa maîtrise du sujet, de l'oral, m'a fait repenser au guide de Bourges qui m'avait bien plu l'an dernier (cf. billet du 01/09/07). Pour en revenir à Paris, j'ai appris des choses intéressantes et que j'ignorais, mais, au bout de presque trois heures de station debout, je commençais à trouver le temps long, et le soleil à taper... J'ai "zappé" le dernier atelier, la taille du silex (il faut choisir des nuclei qui ne soient pas gélifs!). Et il y avait encore un groupe derrière nous! J'ai peur que les archéologues n'aient pas disposé des deux heures de coupure de repas qu'ils avaient prévu. En tout cas, je n'aurais pas voulu être à leur place, au printemps, sous la pluie et dans le froid, pour dégager ces mètres carrés et cubes de terre!