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Le blog de Dasola
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29 novembre 2010

Les Mystères de Lisbonne - Raul Ruiz

Par manque de temps, j'ai ralenti mes lectures tout dernièrement. C'est pourquoi je continue de faire des billets "cinéma" sur des films (à voir en ce moment) que j'ai beaucoup appréciés.
Pour commencer, voici un film hors norme (4H30!) sorti depuis le 20 octobre et que je vous conseille vivement d'aller voir. Vu qu'il est projeté en VO sous-titrée, vous aurez le plaisir d'écouter la belle langue portugaise. Les Mystère de Lisbonne (hommage aux Mystères de Paris d'Eugène Sue) du réalisateur d'origine chilienne (
naturalisé français) Raul Ruiz sont adaptées d'un roman (non traduit en français (1)) de Camilo Castelo Branco (1825-1890), écrivain lisboète que l'on a pu comparer à Alexandre Dumas. L'histoire se passe au 19ème siècle à Lisbonne et un peu ailleurs (en France et à Venise). Un jeune garçon Joao, s'appelant en réalité, Pedro da Silva va découvrir quelles sont ses origines, qui sont ses parents. Pensionnaire dans un internat religieux lisboète, on le traite de bâtard. C'est grâce à un prêtre, le père Dinis, qui s'attache à cet adolescent, que l'on va découvrir peu à peu la famille de Joao/Pedro: il fait d'ailleurs la connaissance de sa mère. J'ai été frappée par le rythme immuable du film. Il n'y a aucun ralentissement ni accélération. La musique est belle. On se laisse porter par cette histoire qui nous est contée dans des décors magnifiques. Les costumes ne sont pas en reste. Tout est feutré. De nombreux personnages (interprétés par des acteurs portugais remarquables que je ne connaissais pas) apparaissent au fur et à mesure de ce récit foisonnant sous des identités différentes pour certains (comme le père Dinis par exemple). Tout le talent de Raul Ruiz est de ne jamais nous faire perdre le fil de l'histoire. En revanche, malgré un entracte bienvenu à la moitié du film, j'ai ressenti une certaine fatigue sur la fin (La séance commençait à 19H00 et s'est terminée à minuit!). J'essaierai de revoir Les Mystères de Lisbonne en version longue, soit 6 téléfilms d'une heure chacun qui doivent être diffusés sur Arte au printemps prochain. Voici le lien sur le site du film.

(1) Rectificatif du 26/04/2011: le roman a été traduit et publié en mars 2011 aux éditions Michel Lafon

27 novembre 2010

Le braqueur - Benjamin Heisenberg

Sorti uniquement dans trois salles à Paris, le film autrichien Le braqueur de Benjamin Heisenberg aurait mérité mieux, car c'est un film de qualité qui bénéficie d'un scénario sortant de l'ordinaire. A Vienne, en Autriche, Johann Rettenberger est un coureur à pied (marathon et autre) d'un excellent niveau, mais aussi braqueur de banque. Quand le film commence, il sort de prison où il n'a pas arrêté de s'entraîner. A peine sorti, il recommence ses braquages avec une arme mais sans violence. On est immédiatement frappé par le style du récit qui ne s'embarrasse d'aucune psychologie: aucune explication ne nous est donnée. Il y a très peu de dialogues. C'est pour cela que l'on s'attache peu au personnage bien qu'il soit fascinant. Il est déterminé dans ce qu'il fait. Son seul but est de ne pas se faire reprendre. Il a une grande maîtrise de lui-même, à une exception près. Ses relations avec sa copine qui l'héberge à sa sortie de prison sont aussi distanciées. On assiste à quelques scènes mémorables, comme celles où il s'enfuit du commissariat suite à son arrestation, la traque dans les montagnes aux alentours de Vienne avec ce nombre incroyable de policiers à la poursuite d'un seul homme, et la fin que je ne vous dévoilerai pas. L'acteur qui interprète le rôle de Johann est assez monolithique mais son visage ascétique ne s'oublie pas. Le scénario est adapté d'un livre, L'envolée belle de Martin Prinz, qui lui-même s'est inspiré de faits réels. S'il est projeté par chez vous, je vous le conseille.

25 novembre 2010

Le fils de l'ombre - Jon Sprunk

Dans le cadre d'une opération spéciale "Masse Critique" de Babelio dédiée aux littératures de science-fiction, fantasy et aux mondes de l'imaginaire, j'ai choisi un livre paru aux Editions Bragelonne, Le fils de l'ombre (1er tome d'une trilogie), d'un écrivain américain, Jon Sprunk. Il s'agit de son première roman, qui est paru en même temps dans plusieurs pays. Je ne sais pas quand seront publiés les deux autres tomes. J'annonce tout de suite que c'est la première fois que je lis ce genre de littérature. Je voulais tester. Ce ne fut pas désagréable du tout. Dans une époque indéfinie plus moyenâgeuse que futuriste, l'histoire se passe à Othir en proie à des querelles de pouvoir. Caim, le héros, est un assassin. Il tue sur commande. Il devient lui-même une proie pour des plus "méchants" que lui. On se situe dans un univers de sorcellerie où tous les combats se font à l'arme blanche. Caim est doté de pouvoirs surnaturels de par sa mère. Il a des principes et un esprit chevaleresque quand il doit sauver une jeune fille, Joséphine, qui n'est pas une simple donzelle écervelée. Caim est épaulée par une sorte d'elfe, Kit (il n'y a que lui qui la voit), une jeune femme au caractère bien trempé et qui éprouve un peu de jalousie vis-vis de Joséphine. Les ennemis de Caim s'appellent Ral et Levictus (ce dernier étant un grand sorcier). Tous les noms des lieux et des villes sont inventés (en revanche, on parle de fiacre et de moquette!). Cela peut sembler déstabilisant car on manque de repères, mais on s'habitue. Quelques termes péjoratifs sonnent très contemporains (cela détonne un peu). Quand le roman s'achève, on a envie de savoir quelles nouvelles aventures va vivre Caim. Vivement la suite! Et merci Babelio.

23 novembre 2010

Tag des quinze écrivains

Comme annoncé dans le questionnaire précédent du 19/11/2010, voici le 2ème tag que m'a transmis Lystig: "citer quinze auteurs en 15 minutes". Je reviens toujours aux mêmes.

Nicolas Gogol pour les Ames mortes. Un chef-d'oeuvre.

Thomas Mann pour La montagne magique et Docteur Faustus ainsi que pour avoir été le géniteur d'un écrivain de talent comme Klaus Mann.

Knut Hamsun pour La Faim.

Yukio Mishima pour Mme de Sade.

Arthur Schnitzler pour Mlle Else et La Ronde.

Thierry Jonquet pour l'ensemble de son oeuvre (découverte récemment).

Daniel Pennac pour les Malaussène.

Honoré de Balzac pour Le Père Goriot.

Guy de Maupassant pour tous ses romans et toutes ses nouvelles.

Agatha Christie dont j'ai lu tous les romans avec Poirot, Marple et les autres à l'âge de 15 ans.

Kénizé Mourad pour De la part de la princesse morte (très beau roman duquel je rêve de voir un film tiré).

Nikos Kazantsakis pour La dernière tentation du Christ.

Philip Roth pour sa narration.

Paul Auster pour son univers.

Henri Troyat pour ses sagas.

Et, non, moi je ne tague décidément pas d'autres blogueurs/euses...

21 novembre 2010

Films vus et non commentés depuis le 31/07/2010

Comme j'ai repris du retard dans mes critiques de films, voici un billet sur quatre films vus depuis un petit moment et dont je voulais absolument parler.

Nostalgie de la lumière de Patricio Guzman, documentaire chilien qui se passe dans la région du désert d'Atacama, là où sont installés les télescopes les plus puissants du monde car l'air y est d'une grande pureté. Les astronomes peuvent étudier le ciel, les étoiles, les galaxies dans des conditions optimales. Mais Atacama fut (et cela, je l'ignorais) un des endroits où furent emprisonnés et tués des milliers de personnes sous la dictature de Pinochet. Le documentaire se concentre sur ce douloureux sujet en montrant quelques femmes qui sont à la recherche dans ce désert des os des squelettes de victimes, qui un frère, qui des parents. A mesure que le temps passe (35 années se sont écoulées), elles sont de moins en moins nombreuses à chercher. Elles voudraient que l'on n'oublie pas ces disparus. L'une d'elle dit que les télescopes devraient servir à radiographier le sol pour trouver les corps. J'ai aussi noté le témoignage d'un rescapé d'un camp (à ciel ouvert) qui a appris à lire la cartographie du ciel pendant sa détention. Ce documentaire nous fait entendre une voix off un peu pompeuse, mais je trouve que c'est un documentaire intéressant et émouvant.

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu de Woody Allen, comédie douce-amère qui a un début, un milieu mais pas de fin (en tout cas, on ne la voit pas à l'écran). Retour à Londres pour une histoire pessimiste et misanthrope où l'on sent un certain désenchantement de la part de Woody qui se fait peu d'illusions sur les relations entre les personnes. Tout se rapporte au sexe et à l'argent, même s'il y a un peu de sentiment (le veuf qui essaye de communiquer avec sa femme défunte dans l'au-delà). Mais tout est raconté de façon suffisamment légère pour amener un sourire de temps en temps. Pour résumer, un homme, Alfie (Anthony Hopkins), ne supportant pas de vieillir, quitte sa femme, Helena (Gemma Jones), avec qui il était marié depuis plus de 30 ans. Il se remarie avec une jeune femme écervelée qui fait de la musculation, et il prend du V**gr*. La mère, pour se rassurer, écoute les conseils de voyance d'une bonimenteuse, et finit par se réfugier dans le spiritisme. La fille du couple séparé, Sally (la délicieuse Noami Watts), est quittée par son mari Roy (Josh Brolin), écrivain en mal d'inspiration, qui trouve la jeune voisine de l'immeuble d'en face très à son goût. Non seulement ce mari est un goujat, mais en plus il est malhonnête: il pique le manuscrit d'un copain qu'il croit mort dans un accident, mais qui en fait est "seulement" dans le coma. Sally, elle, travaille dans une galerie d'art, mais est convaincue que sa mère va lui prêter de l'argent pour ouvrir sa propre galerie. Le film virevolte d'un personnage à l'autre, d'une situation à l'autre. Je sais que ce film ne fait pas l'unanimité dans la blogosphère. Personnellement, je l'ai beaucoup apprécié.

Moi, moche et méchant de Chris Renaud et Pierre Coffin: et oui, vous avez bien lu, j'ai vu ce film en 2D dans ma province. Je ne sais pas ce que donnait la 3D, mais là, j'ai beaucoup apprécié l'histoire de ces trois orphelines qui arrivent à apprivoiser Gru, le "méchant" qui veut voler la lune en la miniaturisant. En revanche, les minions n'ont pas de rôles marquants, mais ils aident à sortir Gru et les petites de situations dangereuses.

Divorce à la finlandaise de Mika Kaurismaki (le frère d'Aki). On croit à une simple histoire d'un couple qui se sépare, mais pas du tout. Ce n'est même qu'un prétexte. Les personnages qui gravitent autour de Tuula et Juhani sont hauts en couleur, comme un proxénète ou une chef de gang jouée par Katie Outinen (habituée des films d'Aki). Rien que le voisin qui surveille la maison du couple vaut le détour. C'est foutraque, ça part dans tous les sens mais j'ai trouvé le film sympathique.

19 novembre 2010

Tag de la petite enfance

A cause d'une activité professionnelle intense, je suis un peu à la traîne pour rédiger des billets. J'en profite que Lystig m'ait "taguée" 2 fois, ici et là. pour faire d'une pierre deux coups. Voici le 1er épisode (Tag de la petite enfance):

1/ Quand vous étiez petit(e), que répondiez-vous à la question : "Et toi, que veux-tu faire quand tu seras grand(e)?"
Professeur de français et puis professeur d'histoire. On m'en a dissuadé.

2/ Quels ont été vos BD et dessins animés préférés?

Tintin, Tintin et Tintin.

3/ Quels ont été vos jeux préférés?

Les jeux de société (j'étais malheureuse de ne pas y jouer très souvent, je suis fille unique).

4/ Quel a été votre meilleur anniversaire et pourquoi?

Mes 18 ans, j'étais majeure.

5/ Qu'est-ce que vous auriez absolument voulu faire que vous n'avez pas encore fait?

Ecrire (ou adapter) un scénario pour le réaliser ensuite.

6/ Quel était votre premier sport préféré?

La balle au prisonnier et jouer à l'élastique.

7/ Quelle était votre première idole de musique?

Jacques Brel, Joe Dassin ex-aequo.

8/ Quel a été votre plus beau cadeau de Noël (ou équivalent) que vous avez reçu?

Tous les cadeaux de Noël étaient beaux.

Mes réponses au 2ème tag sont à paraître prochainement... [publié le 23/11/2010]

17 novembre 2010

Potiche - François Ozon (d'après la pièce de Barillet et Grédy)

Sorti le 10 novembre, Potiche de François Ozon est l'adaptation d'une pièce de théâtre à succès de Barillet et Grédy créée par Jacqueline Maillan dans les années 80 (les deux auteurs semblent toujours vivants). Dans le film, on peut voir dans la première séquence, Catherine Deneuve courir dans les bois en bigoudis et en tenue de jogging et écrire des petits poèmes. Elle joue le rôle de Suzanne Pujol née Michonneau mariée depuis 30 ans à Robert (Fabrice Luchini, peut-être le moins convaincant de tous), un rustre et un goujat qui la trompe allègrement depuis plusieurs années avec sa secrétaire Nadège (Karine Viard assez irrésistible) et quelques autres. Il considère sa femme comme une potiche qui doit tenir son rang. C'est pourtant Suzanne qui a apporté en dot l'usine de parapluies dont Robert s'occupe d'une poigne de fer. Suzanne et Robert ont deux enfants, Joëlle et Laurent. La première jouée par Judith Godrèche (qui a le rôle le plus antipathique du film) est très proche de son père, le deuxième, Jérémy Renier (clone de Claude François), a un tempérament artistique. Nous sommes en 1977 à Sainte-Gudule, la révolte gronde dans l'usine occupée où Robert est pris en otage par des syndicalistes. Les revendications sont légitimes. C'est Suzanne qui se montre à la hauteur pour négocier et faire libérer son mari. Elle a eu l'appui du député maire communiste de la ville, Babin (Gérard Depardieu), dont on apprend qu'il fut son amant 25 ans auparavant. L'histoire nous montre l'émancipation d'une femme qui est peut-être "une potiche mais pas une cruche" (dernière réplique du film dite par Robert Pujol sur sa femme). Le film donne l'occasion d'entendre quelques chansons de ces années-là par Michèle Torr et le groupe Il était une fois. Quelques répliques comme "Travailler plus pour gagner plus" (Pujol aux ouvriers) ont été ajoutées par rapport à la pièce originale ("casse-toi pauv' c..." a été ajusté). Et on a le plaisir d'écouter à la toute fin Catherine Deneuve chanter une chanson de Jean Ferrat: "C'est beau la vie". Pour résumer, allez voir Potiche (1H40 de bonheur). La salle où nous avons vu le film, mon ami et moi, était bourrée et les spectateurs semblaient enchantés.

Une fois rentrés à la maison, nous avons regardé le DVD de la pièce (2H15, dans la collection "Au théâtre ce soir"). Le film est fidèle à la pièce tout en l'ayant aérée et resserrée.

15 novembre 2010

Les dessous de table - Nicole Versailles

Grâce à Aifelle que je remercie, je me suis procurée directement en Belgique le recueil de 18 nouvelles écrites par Nicole Versailles (alias Coumarine pour la blogosphère). Ce sont 18 nouvelles à la belle écriture fluide, 18 nouvelles qui racontent des moments de vie de personnages jeunes ou vieux, autour de la table qui sert à manger et à écrire en général. Ces courtes nouvelles (moins de 10 pages chacune) se passent pendant les repas de famille ou en solitaire, à la cuisine, au restaurant ou dans un monastère. Des non-dits, des secrets ou des annonces sont révélés - ou pas. Les repas peuvent être des moments où l'on attend. J'ai beaucoup aimé trois nouvelles parmi Les dessous de table:

Une bonne soupe en sachet: un vieux monsieur prend son repas dans la cuisine. Il mange de la soupe en sachet. Sa femme est morte. On apprend pourquoi et comment.

Une seule rose: dans un appartement, une femme attend un homme. Elle prépare la table et mitonne comme tous les jours de bons petits plats. Pour une fois, il est en retard. Que se passe-t-il?

3, rue de l'Escadron: une femme et son mari Pierre n'ont plus de nouvelles de leur fille Céline qui est partie sur un coup de tête en traitant ses parents de tous les noms. Cette dernière a griffonné sur un ticket chiffonné son adresse où la joindre en cas d'absolue nécessité. Sa mère (qui est la narratrice) lui écrit régulièrement en se servant de la table de la cuisine sans obtenir de réponse. La fin est terrible.

Ce recueil que vous pouvez commander chez l'éditeur Memory Press vaut vraiment la peine. J'aime beaucoup le style et l'écriture. Merci Coumarine pour ce bon moment de lecture.

13 novembre 2010

The American - Anton Corbijn

J'ai adoré The American. Ce film est un thriller très élégant. Le héros, un fabricant d'armes de précision, se retrouve lui-même une cible pour des tueurs. Cela commence en Suède où Jack/Edward (je n'ai pas bien compris, on le connaît sous l'une ou l'autre identité?) tue deux ou trois personnes dont une jeune femme avec qui il venait de passer la nuit. Il s'enfuit en Italie dans les Abruzzes (aux paysages sublimes qui servent à quelques courses poursuite mémorables), au nord-est de Rome. Georges Clooney (Jack/Edward) y donne la réplique à deux femmes très belles: l'une est une prostituée, et l'autre est une tueuse à gages qui a le même employeur que lui. Les dialogues sont minimalistes et la photo très travaillée (visuellement, on en prend plein les yeux). Voulant se retirer des affaires, Jack/Edward se laisse quand même convaincre par son employeur, un Hollandais, de fabriquer encore une arme pour tirer sur une cible (dont on ne connaîtra jamais l'identité). Il reçoit ses instructions par téléphone. Ce que j'ai beaucoup apprécié dans le film, c'est que l'on ne sait rien, on ne nous dévoile rien ou presque, l'intrigue reste un mystère jusqu'au bout. On ne sait pas qui est Jack/Edward, quelles sont ses motivations. Pourquoi veut-on le tuer? A un moment donné, le réalisateur semble nous lancer sur une piste avec un curé un peu trop curieux, ce dernier est-il au courant de quelque chose? Clooney a une présence étonnante. Je n'ai pas vu Control du même réalisateur. Pour conclure, The American (adapté d'un roman de Martin Booth que je pense lire un jour) fut une belle surprise. Leunamme en dit beaucoup de bien.

11 novembre 2010

Exposition "Habiter à Paris" au Pavillon de l'Arsenal

Je voulais évoquer, avant qu'il ne soit trop tard, une exposition visitée il y a déjà quelque temps avec mon ami. J'en ai profité pour découvrir le Pavillon de l'Arsenal, qui sert pour les expositions de la ville concernant l'architecture à Paris (article sur Wikipedia pour en savoir plus). L'entrée est libre et gratuite. Une partie est permanente (avec notamment des vidéos sur les politiques et efforts d'aménagement de Paris à travers les décennies), l'autre dédiée à des expositions temporaires.

L'exposition "Habiter 09.08/09.09", qui se tient du 14 octobre au 15 novembre 2010 au Pavillon de l'Arsenal, présente 29 récents résultats de concours d'architecture publics et privés pour la construction de logements à Paris. Projets retenus et non-retenus (en général, au moins 4 projets différents) sont exposés de manière identique: une maquette et un panneau (suspendu par un ingénieux système d'accrochage) comportant images de synthèse, plans et coupes. Apparemment (je suis profane!), les cabinets d'architecte qui concourent doivent souvent utiliser les mêmes outils pour la réalisation des maquettes. Dans certains cas, les projets sont très similaires les uns aux autres (en raison des contraintes de l'appel à projet: forme de la parcelle...); dans d'autres, on distingue de réelles traces d'originalité. Je dois dire que les lauréats ne sont pas forcément ceux que j'aurais choisis. Au demeurant, le lieu lui-même est un beau morceau d'architecture (un pavillon métallique). D'après les mots échangés devant les projets, on sentait que beaucoup de visiteurs venaient à titre professionnel: des étudiants en architecture, ou des architectes... Il y avait aussi des parents avec des enfants qu'ils avaient bien du mal à empêcher de toucher aux maquettes. Mon ami a été sensible à une grande maquette en bois de plusieurs mètres carrés datant de 1960, qui représente Paris centre à cette époque, qu'il a jugée le clou de l'exposition. Je reprend ce qu'il me disait: restera-t-il autant, dans un demi-siècle, des petites maquettes-projets en carton, en balsa ou en plastique?

9 novembre 2010

Indignation - Philip Roth

Le dernier roman de Philip Roth, Indignation (Editions Gallimard, 195 pages), est une grande réussite. Le récit est écrit à la première personne par Marcus Messner (Juif athée), et l'on apprend vers la page 50 qu'il est décédé. Nous sommes en 1951, un an après le début de la guerre de Corée. Marcus, fils d'un boucher casher de Newark, suit sa deuxième année universitaire à 800 km de chez lui, loin de la maison familiale et des relations conflictuelles avec son père. Il se retrouve à l'université traditionaliste de Winesburg où les Juifs (comme lui) sont peu nombreux. Il est de bon ton d'écouter les sermons religieux toutes les semaines et il est conseillé d'appartenir à une fraternité (deux choses que Marcus refuse). Les premières semaines passées, Marcus, qui est un être solitaire, et ne s'entend pas avec ses coturnes (il se retrouve dans une chambre isolée) est convoqué par le doyen de l'université Caudwell. L'entretien que ce dernier fait passer au jeune homme est l'un des deux passages essentiels (pp. 78 à 100) du roman. Il permet à Marcus d'exprimer son indignation en face de questions très personnelles sur sa vie, ses goûts, ses pensées politiques, et autre. L'autre point fort du roman se situe à la fin (pp. 181 à 188) avec une diatribe du président de l'université Albin Lentz qui donne une leçon de morale à tous les étudiants masculins suite des comportements malheureux envers les filles du campus. Lui aussi exprime son indignation. Je ne vous dévoilerai rien d'autre de l'histoire mais je vous le recommande absolument. Je n'avais rien lu de Philip Roth depuis La bête qui meurt. Je suis toujours aussi enthousiaste.

7 novembre 2010

No et moi - Zabou Breitman

Voici un deuxième film vu en avant-première (il sort le 17 novembre 2010). No et moi de Zabou Breitman est une adaptation du roman de Delphine Le Vigan (que je n'ai pas lu). No, c'est Nora, une jeune SDF de 19 ans abandonnée par sa mère depuis l'âge de 12 ans. Elle erre de gare en gare. C'est à la gare d'Austerlitz qu'elle rencontre Lou, une lycéenne précoce âgée de 13 ans qui est déjà en Seconde au lycée. Lou a décidé de faire un exposé (qui recueille les louanges du prof et de la classe) sur les SDF (surtout les femmes). No accepte d'être interviewée et pourtant même si elle parle beaucoup, elle dévoile peu d'elle-même et de sa vie. En revanche, elle boit pas mal (surtout de la vodka). Lou, qui vit entre sa mère dépressive et son père qui fait ce qu'il peut pour maintenir une vie de famille, se sent mal-aimée et n'a pas d'amis en classe. Leur rencontre va changer la vie de ces deux jeunes filles. Un garçon dans la classe de Lou (qui lui aussi a ses problèmes) va se lier avec No et Lou. Cette dernière arrive à convaincre ses parents d'héberger No pour un temps. Mais rien n'est simple, car No, qui a trouvé un travail de femme de chambre dans un hôtel, a des difficultés d'adaptation malgré l'attachement de Lou à son égard. En revanche, la mère de Lou semble sortir de son état dépressif. Au bout du compte, l'histoire qui se termine presque au même endroit où elle a débuté, dans une gare (la gare du Nord), a permis à quelques personnages d'évoluer, de se sentir moins seuls, de changer tout simplement, même si leur futur est dans l'incertain. C'est un beau conte triste et gai à la fois sur l'amitié. Je vous conseille ce film rien que pour les deux jeunes actrices, Julie-Marie Parmentier qui joue No et Nina Rodriguez qui interprète Lou. Elle a un sourire qui ferait fondre un iceberg. Zabou Breitman a réalisé un joli film qui mérite que l'on s'y attarde.

Voir la bonne critique d'Ariane.

5 novembre 2010

Harold - Louis-Stéphane Ulysse

J'ai acheté, parmi d'autres, ce livre pour la bibliothèque dont je m'occupe, et j'en ai profité pour le lire. J'avais vu quelques critiques positives. J'ai été d'abord attirée par la couverture de ce roman, Harold (Edition Le serpent à plumes), qui représente Tippi Heddren et un corbeau dans ses bras. Tippi Hedren, pour ceux qui ne le savent pas, fut l'inoubliable actrice des Oiseaux (1963) et de Marnie (1964) d'Alfred Hitchcock. Quant à Harold, c'est le prénom d'un corbeau venu aux Etats-Unis avec son maître, Lazlo, en provenance de Hongrie en 1957. Sur place, et après quelques péripéties dont je ne dirai rien, Harold se retrouve chez un éleveur d'oiseaux, Chase, et c'est comme cela qu'il finit par arriver sur le tournage des Oiseaux. Harold permet à Louis-Stéphane Ulysse, que je ne connaissais pas (c'est pourtant son 8ème roman), d'évoquer le Hollywood du début des années 60, et en particulier le tournage du film Les oiseaux, pendant lequel "Hitch" éprouve des sentiments ambigus pour Tippi peu enthousiaste. Il veut en faire sa muse, mais on sent qu'elle le craint. Tippi (objet de désir) fascine tout le monde sur le plateau, en particulier Harold et Chase. D'autres personnages apparaissent, tels Lew Wasserman (patron des studios Universal à l'époque), Peter Lorre, Sean Connery, les redoutables frères Gianelli, Mickey Cohen, et bien d'autres. Car en arrière-plan, Louis-Stéphane Ulysse décrit les liens qui unissaient Hollywood et le monde de la pègre. Il fait aussi un aparté sur Abraham Zapruder, celui qui a filmé l'assassinat de Kennedy en 1963, et la fameuse image 313 manquante. Il est même fait mention d'un "snuff-movie" dont la doublure lumière de Tippi Hedren dans les Oiseaux, Eva Beaumont, fut la tragique héroïne. Et Harold, me direz-vous? Que devient-il après le tournage? Il reste dans l'ombre de Tippi. Il devient son ange-gardien, mais attention, Harold est jaloux et il peut être dangereux. Harold, roman foisonnant, se lit d'une traite grâce à ses chapitres courts. Il m'a donné envie de revoir le film Les oiseaux. Il est à noter qu'après Marnie, Tippi Hedren n'a plus jamais tourné de films marquants, et qu'Alfred Hitchcock (mort en 1980) ne tourna plus que 4 films, et il ne fut plus tout à fait le même.

PS: Pour celles et ceux qui passent par Paris, dans les prochains jours, je viens d'apprendre que Louis-Stéphane Ulysse dédicacera son roman à la Librairie Ciné reflet, le mardi 9 novembre 2010 à partir de 18h30.

3 novembre 2010

Vénus Noire - Abdellatif Kechiche

Je dois dire tout de suite que ce film est une épreuve émotionnelle et visuelle mais je ne la regrette pas. En effet, on n'oublie pas de sitôt ce film qui dure 2H48 dont plus d'1H assez insoutenable pour le spectateur qui assiste à l'humiliation d'une femme, Saartjie (Sarah) Baartman, traitée tour à tour comme un animal de foire, un objet sexuel et un sujet d'étude pour des savants français fascinés par les attributs sexuels hors norme et les fesses proéminentes de cette femme hottentote. Le cadavre de cette dernière (morte à 25 ans) finit disséqué comme une (pauvre) grenouille par ces mêmes savants/anatomistes du musée d'histoire naturelle de Paris à la fin de 1815. Le film commence d'ailleurs par la fin, avec un exposé fait en 1817 par Georges Cuvier dans un amphi "démontrant" que cette femme était un être inférieur apparenté au singe.
Pendant le reste du film, le spectateur assiste impuissant à la lente descente aux enfers de Saartjie, née dans une tribu d'Afrique du Sud, d'abord exhibée à Londres en 1810
, dans une sorte de mini-salle de spectacle obscure, par son "maître", Ceasar (un Afrikaaner). Pour elle et surtout pour gagner de l'argent, il a quitté femme et enfants (dont Saartjie fut la nourrice). Pour tenir le coup, Saartjie a pris la mauvaise habitude de boire de l'alcool. Elle parle peu et uniquement l'afrikaaner. On apprend qu'elle a perdu son petit garçon de deux ans quelques années auparavant. Quelques Londoniens s'étant émus de la condition de Saarttjie, elle et Ceasar (devenu persona non grata à la suite d'un procès) quittent Londres pour Paris en compagnie d'un Français, Réaux (Olivier Gourmet), montreur d'ours. Les scènes des spectacles de foire et plus tard celles dans un salon parisien sont longues (interminables?) et mettent le spectateur mal à l'aise. Et je vous épargne les scènes de bordel. En revanche, je m'arrêterais sur celle, édifiante, où Sarah, à qui on demande de se déshabiller entièrement devant un anatomiste comme Cuvier, refuse énergiquement en s'accrochant à son pagne qui cache sa nudité.
Je trouve que le film vaut la peine d'être vu, rien que pour l'actrice Yamina Torres qui joue Saartjie. Elle est magnifique. Pour le reste, on peut reprocher au réalisateur le côté complaisant de certaines scènes qui se répètent sans se renouveler. On pourrait dire au réalisateur "on a compris le message, c'est bon, stop". Il nous martèle trop les choses. On se lasse. C'est un film que j'ai vu une fois. Je ne le reverrai pas car il est trop perturbant. Je rappelerai pour finir que le réalisateur, Abdellatif Kechiche, est connu pour avoir réalisé La graine et le mulet.

1 novembre 2010

Des éclairs - Jean Echenoz

Après Courir qui narrait la vie d'Emile Zatopek (cf. mon billet du 07/11/2008), voici Des éclairs (Editions de Minuit), une fiction sur la destinée d'un certain Gregor (alias l'ingénieur Nikola Tesla [1856-1943]), hongrois d'origine, né entre 23H et 01H du matin. Il ne saura jamais précisément l'heure et surtout le jour de sa naissance, veille ou lendemain. Tout cela à cause d'un orage violent puis d'un vent de force majeure qui a fait s'éteindre les bougies. Il est né dans l'obscurité. C'est lui qui sera à l'origine de l'invention de l'électricité, du radar, de la radio, du courant alternatif et j'en passe. Gregor fut un être antipathique mais génial. C'était un surdoué qui a appris 6 langues en 5 minutes, une sorte de "Géo-trouvetout". Son problème fut qu'il était nul en affaires et qu'il n'a pas su déposer ses brevets d'invention à temps. D'autres se sont servi de son génie et lui ont tout volé. Emigré aux Etats-Unis, il a pu mener des expériences grâce à des mécènes comme Westinghouse, Edison et Pierpont. Il a mené grand train mais cela n'a pas duré. Il a vécu dans des chambres d'hôtels luxueux, il est mort dans la misère. C'était un misanthrope qui, tel Howard Hugues, avait peur des microbes et du contact avec les autres. Il portait des gants. Ses relations avec les femmes étaient inexistantes. Sa seule passion furent les pigeons qu'il a soignés toute sa vie, réparant les ailes et les pattes cassées. C'est d'ailleurs au milieu de ceux-ci qu'on le retrouva mort, un jour. Comme pour Courir, j'ai adoré le style d'Echenoz. C'est une merveille d'écriture. Le livre fait 170 pages et vaut 14,50 euros. Je le conseille.

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