Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Dasola
Le blog de Dasola
Archives
Derniers commentaires
Challenges terminés

Pour les challenges de l'année en cours, 
voir colonne de droite

30 avril 2024

Pas de vagues - Teddy Lussi-Modeste

Voici un film qui nous a secoués, Ta d loi du cine et moi. Je n'étais pas forcément encline à voir ce film avec un sujet dans l'air du temps mais c'est lui qui m'y a emmenée. Le sujet du harcèlement y est traité de manière abrupte. Julien Keller (François Civil, très convaincant), un jeune professeur de français fraîchement nommé dans un collège de banlieue, semble s'être bien intégré dans l'établissement jusqu'à ce qu'il fasse une remarque à Leslie, la meilleure élève de sa classe. Il s'agit d'un compliment mais la jeune fille le prend mal. Elle se plaint par un courrier avant de porter plainte à la police et là tout se dérègle dans la vie de Julien qui, après avoir été soutenu par ses collègues, est mis sur le banc de touche, d'autant plus que le proviseur du collège ne veut "pas de vagues". Par ailleurs, le grand frère de Leslie, un garçon terrifiant, s'en mêle. Même si la fin reste ouverte, on se demande ce que va devenir Julien. Personnellement, je trouve que ce film ne donne pas du tout envie d'être professeur même si je peux me tromper. Lire les billets de Pascale, Miriam, Djayesse, Géraldine, Carole Nipette.

29 avril 2024

Ces guerres qui nous attendent (2030-2060) - Red Team

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) chronique aujourd'hui trois livres dont j'ai pris connaissance dans un cadre plus ou moins professionnel (j'ai eu à en rédiger des présentations pour un journal!). 

Il s'agit d'ouvrages réalisées dans le cadre d'un "programme" financé par le Ministère des Armées. Le titre commun, c'est Ces guerres qui nous attendent. L'auteur (collectif) qui signent ces pages, c'est la "Red Team". Du temps déjà lointain où madame Florence Parly était ministre, deux millions d'euros avaient été investi sur une idée (certainement inspirée des Etats-Unis?): faire appel à l'imagination d'auteurs de fiction ("science-fiction", bande dessinée...) pour "challenger" des professionnels (les militaires!) sur ce que pourraient être les guerres à livrer par nos armées à l'avenir (d'ici quelques décennies...). Du coup, selon les informations que l'on peut aujourd'hui trouver en ligne, un marché de deux millions d'euros avait été remporté par l'Université de Paris Lettres et Sciences pour accompagner cette "équipe rouge" dans sa mission. 

Ces livres s'inscrivent dans le champ de ce que l'on appelle la "Hard SF", c'est-à-dire que les sociétés qu'ils nous présentent sont des évolutions "vraisemblables" de ce que nous connaissons aujourd'hui. S'agirait-il d'anticipation? Cela, c'est l'avenir qui nous le dira. Quant aux auteurs... Pourquoi sont-ils nommés la "Red Team", qu'est-ce que c'est? Hé bien, dans les exercices auxquels se livrent régulièrement nos armées (seules ou en coopération avec nos "alliés"), le terme désigne les "adversaires", ceux dont nos vaillants soldats doivent déjouer les attaques et les pièges (par définition, "nos" soldats, marins et capitaines [etc.] sont la "Blue Team"). 

Vous allez comprendre pourquoi je commence par le troisième volet de cette série: Red Team, Ces guerres qui nous attendent, 2030-2060, saison 3, PSL / Editions des Equateurs, 2024, 21 euros, 152 pages. Ce volume contient deux "scénarios" indépendants. Dans ces deux parties, il ne s'agit pas réellement de "roman" à proprement parler. Nous découvrons successivement des "contextes" mêlant causes (plausibles) et conséquences (envisageables) pour aboutir au terme d'un "paroxysme" à un affrontement (imaginaire). Titré Face à l'hydre, le premier scénario imagine la possibilité d'une "extension de mémoire vive" qui permet d'acquérir et d'utiliser des connaissances via un simple "branchement" d'implant pour tout humain équipé du récepteur" nécessaire. Comme toute technologie, celle-ci s'avère à la fois la meilleure et la pire des choses. Ici, pour "prévoir le pire", il est considéré que des "guérilleros", en fait de vulgaires civils de tous âges équipés d'un récepteur, sont capables instantanément d'utiliser tout armement, tout véhicule à leur portée. Guérilleros qui ne peuvent être discernés des milliers d'êtres humains parmi lesquels ils se fondent: or les "corps expéditionnaires" de soldats professionnels censés les combattre ne sont, en ce XXIe siècle, pas (plus) autorisés à commettre des massacres aveugles, et partent donc perdants. 

Le second scénario est titré La ruée vers l'espace. A mon avis, il aurait pu s'intituler "De la terre à la lune (et même jusqu’à Mars !)". Il me permet d'inscrire ce billet dans mon "challenge marsien"...

Au-delà désormais de notre seule planète, différentes entités (des nations "imaginaires" [appelés Le cercle, le Trigone, le Cube, Le polyèdre, les Sphères...], qui ont suscité des "sociétés industrielles capitalistiques" avec lesquelles leurs intérêts sont liés) s'affrontent pour les gains économiques comme politiques que peuvent leur apporter le contrôle des ressources minières spatiales. Tous les coups sont permis tant qu'ils restent discrets et non-revendiqués (dans l'espace, personne ne vous entend crier): intrusions par logiciels malveillants, détournement de satellites, sabotages de robots anonymes... Cependant que vers 2070, la construction et l'approvisionnement de cargos minéraliers et des véhicules de fret vers Mars devient possible (p.135)...

Six auteurs ont participé à ce volume, sur les 11 d’origine que l’on peut découvrir sur le site internet dédié. Laurent Genefort figure parmi eux. 

 

Même s'ils sont (forcément) un peu plus anciens, je voulais aussi dire quelques mots des deux premiers volumes.

Ces guerres qui nous attendent, 2030-2060, PSL / Editions des Equateurs, 2022, 18 euros, 222 pages
Ces guerres qui nous attendent, 2030-2060, saison 2, PSL / Editions des Equateurs, 2023, 22 euros, 204 pages

Le premier tome, qui "essuyait" donc les plâtres, contenait quatre scénario d'inégales densités, formes... et longueurs (avec plus ou moins de subdivisions). C'est aussi celui dont la liste des signataires est la plus longue (Xavier Dorison, par exemple, n'apparaît plus dans les volumes suivants). Malgré l'avertissement et la préface, on met un certain temps à adhérer à la forme de l'ouvrage. 

La première partie, Les pirates de la P-nation attaquent Kourou, surfait sur le plausible, à propos de l'actuel "aéroport spatial européen" destiné à devenir, dans quelques décennies (2060), le siège de l'ascenseur spatial européen permettant d'exploiter les ressources minières de la lune et de la ceinture d'astéroïdes... voire même de Mars. Le contexte ici prévu s'inscrit dans la continuité de la société industriel-capitalistique que nous connaissons. Désormais, le "puçage" des individus est devenu obligatoire (en... 2034) afin de contrôler les déplacements et l'immigration. En 2040, la puce contient toutes les données de son porteur. "Il continue à y avoir des gens sans puce, comme il y avait au début du siècle des sans-papiers. Une minorité la refuse pour des raisons idéologiques: les "papelards". Mais les "sans-puce" sont surtout les nouveaux apatrides, les migrants climatiques ou leurs descendants" (p.36). Et devinez qui sont les pirates?

La deuxième partie, Barbaresques 3.0, se déroule en Méditerranée. Deux pages évoquent l'évolution du contexte géopolitique de cette région entre 2020 et 2060, incluant le développement de la piraterie à l'encontre des navires de commerce En parallèle, le recours à l'intelligence artificielle, par exemple pour "piloter" des essaims de drones, s'est développé dans l'Armée... jusqu'à la mise en place d'un "interfaçage neural". Et devinez qui va "pirater" les marins d'un navire de guerre français?

Troisième partie: Chronique d'une guerre culturelle annoncée. Cette fois-ci, dans cette "réalité alternative"-là, les différentes nations se sont décomposées puis recomposées. Quant à leurs populations, elles ont la possibilité de se réfugier dans des "univers virtuels" correspondant à leurs goûts, et de passer leur temps au sein de ces "communautés". Et devinez qui a intérêt à les y manipuler, et qui va tenter de les en extraire malgré eux?

Dernière partie, La sublime porte s'ouvre à nouveau m'a surtout évoqué le retour au "flottes de ligne" du début du XX siècle, avec leurs monstres cuirassés destinés à affronter et vaincre d'autres monstres semblables à eux. Mais c'est dans une Méditerranée aux noms antiques (Troie, Carthage, Etrusques, Ligue Hellénique...) que des porte-aéronefs hyperprotégés mais lents sont en butte à des missiles hypervéloces. Et devinez quels espaces il faut contrôler pour éviter la défaite?

 

Le deuxième tome (Ces guerres qui nous attendent, 2030-2060, saison 2) renouvelait le genre par rapport au premier, avec seulement deux parties, mais qui s'avéraient... touffues. Il bénéficiait de cinq pages titrées "Du rôle des imaginaires dans la pensée stratégique", cosignées par deux "animateurs du programme Red Team Défense" afin d'expliquer la démarche (le recours à des auteurs de science-fiction pour "explorer des futurs", en produisant des "récits" pour que les services des armées puissent les exploiter comme de véritables sources de menaces et infléchir directement leur doctrine). 

Les deux scénarios de ce volume prennent en compte la biologie d'une part, l'énergie carbonée de l'autre, pour imaginer les vulnérabilités et les menaces lies à ces thématiques: utilisation d'armes à base de biotechnologies, recours aux micro-organismes... nécessitant la mise en place de moyens de protection et de défense. Le premier scénario dépeint une guerre bactériologique posant de nombreuses questions (comme à la télé, trois experts y répondent...). Dans le second scénario, les énergies fossiles étant quasiment épuisées, les armées ont dû se recentrer sur l'économie d'énergie pour continuer la guerre par d'autres moyens... que le pétrole: technologies plus sobres, basse énergie. Mais même ainsi, place est faite à la "subversion", à l'infiltration de "rebelles" dans un pays "allié", à l'hypothèse de l'envoi d'un corps de "forces spéciales" pour exfiltrer des scientifiques... 

 

Au final, si l'on regarde la totalité des trois volumes, y sont brossées, de manière souvent impersonnelle, des sortes de chroniques d'affrontements qui, dans le futur, se déroulent ou se sont déroulés. Chaque scénario dépeint un univers différent des autres. Les actions sont souvent succinctement présentées en quelques lignes. Ce qui est frustrant, c'est qu'on n'a pas de héros pour sauver le monde. En général, il n'y a même pas de vraie fin (à défaut de happy end) dans ces histoires, qui sont davantage des "outils de réflexion". Peut-être l'étape suivante attendue consisterait-elle à faire rédiger des romans, nouvelles, séries télévisées, téléfilms, bandes dessinées... pour faire exister avec davantage de "substance" les univers futuristes seulement esquissés dans ces trois volumes?

Leur logique m'a un peu fait songer aux "Rapports de la CIA" que publiait jadis en français Alexandre Adler (en 2005 pour 2020, en 2009 pour 2025), et qui étaient censées donner une analyse prospective de ce que pourrait être le monde avec 15 ans d'avance. Ici, les "travaux" à partir desquels ces scénarios ont été rendus publics ont, semble-t-il, servi de « poil à gratter » disruptif au Ministère des armées: cela valait bien le prix de quelque 500 obus de 155 (estimés à environ 4000 euros l’unité), non ? On peut tout de même se demander dans quelle mesure l'agression de l'Ukraine par Monsieur P. a "perturbé" ou influencé (ou non) le déroulement en cours de ce travail de prospective voire sa non-prolongation au-delà du marché conclu? 

Bref, grâce à tout ce "jus de crâne", peut-être arriverons-nous (nous, la France et son Ministre des Armées) entre 2030-2060, cette fois-ci, à être prêts à remporter la victoire dans ces guerres de demain, et non dans celles d'hier? Tous les éléments produits par notre cénacle d’auteurs n’ont pas été rendu publics, certains sont classifiés. Il se dit dans les milieux informés que la conception du "PANG" (porte-avion de nouvelle génération, qui devrait être prêt dans une quinzaine d'années...) aurait été influencée par les réflexions issues des travaux de la Red Team, dont tous les produits n'ont certes pas été publiés.

Je citerai pour finir un extrait de la préface du premier volume par le Vice-président de l'Université Paris Sciences et Lettres (PSL): "Jamais le futur ne sera certain. Cet ouvrage en présente une version possible. je vous invite à le relire dans dix ans: vraies ou fausses, ces prédictions amènent à la réflexion". 

Ces livres avaient été diversement commentés sur la blogosphère. Le nocher des livres avait chroniqué la saisons 2 et la saison 3, Julien Amic (blog Les Cahiers dystopiques) la saison 1, de même Thomas du blog Constellations. Je rajouterai peut-être d'autres liens si j'en trouve par la suite.

Désolé pour la longueur de ce billet. Peut-être aurais-je dû en faire un pour chacun de ces trois volumes, ou bien faire un choix entre ces trois que l'on peut estimer inégaux par essence... Je n'en ai pas eu le courage. 

28 avril 2024

V13 Chronique judiciaire - Emmanuel Carrère

J'ai lu avec grand intérêt V13 d'Emmanuel Carrère, désormais paru en folio poche (343 pages). A la fin de l'ouvrage, il y a des remerciements de la part d'Emmanuel Carrère et une postface. V13 est le nom de code du procès des attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris au Bataclan et à des terrasses de cafés et aussi aux abords du Stade de France et qui ont fait en tout 131 victimes. L'ouvrage est une synthèse des articles qu'Emmanuel Carrère a publiés dans Le Nouvel Obs. Le procès a duré 9 mois à partir de septembre 2021. L'ouvrage est divisée en trois grandes parties : les victimes (c'est bien entendu, le récit le plus émouvant où les parties civiles se succèdent à la barre, en particulier les parents de victimes). Puis, c'est au tour des accusés, tous assez minables, certains en libre comparution. Je n'en nommerai aucun. La troisième partie fait le portrait de la cour et particulier des avocats de la défense, car tout accusé a le droit d'être défendu. Le dossier de l'instruction fait 53 mètres de haut (impressionnant!). Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est que j'ai appris des choses sur les attentats, sur les accusés et on ressent une grande empathie envers les 1800 personnes de la partie civile. Un livre que je conseille. Nanou l'avait lu avant moi.

25 avril 2024

Borgo - Stéphane Demoustier

Borgo réalisé par Stéphane Demoustiers est un film plutôt réussi avec un suspense qui tient en haleine jusqu’au bout. L’histoire se passe de nos jours en Corse du côté d’Ajaccio. Melissa, son compagnon et ses deux enfants sont venus sur l’île de Beauté pour prendre un nouveau départ. Melissa est « matonne » dans une prison où ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. Elle est la seule femme parmi les gardiens. Elle prend ses marques rapidement. Un jeune détenu, Severiu, qu’elle a connu dans un autre centre de détention, se rappelle à son bon souvenir. Quand il est libéré, il la contacte pour lui demander « un service ». En parallèle, on assiste à l’assassinat de deux hommes qui sont tués à bout portant au moment où ils sortent de l’aéroport d’Ajaccio. Pendant un moment, on croit qu’il y a deux histoires séparées et pourtant elles se rejoignent et n’en font qu’une que je vous laisse découvrir. Hafsia Herzi domine le film de bout en bout avec son air buté et déterminé en même temps. Un film que je vous conseille vraiment tout comme Pascale et Selenie.

24 avril 2024

Monsieur Parent - Guy de Maupassant

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) vais pouvoir incrémenter une participation de plus au challenge "2024 sera classique aussi!" de Nathalie, grâce à Guy de Maupassant. 

Guy de Maupassant, Monsieur Parent (et autres nouvelles)
Le livre de Poche (N°4210), 4e trim. 1975, 186 p.

Ce recueil de nouvelles de Maupassant ne figure certes pas parmi les plus connus, la preuve: je ne le connaissais pas... Il est passé entre les mailles du filet que j'avais chargé une de mes tantes de me "remplir", lorsque j'étais ado: je possède depuis plus de 40 ans pour certains une grosse quinzaine de Maupassant en "Poche" (Le livre de Poche pour la plupart, et quelques autres). Je me le suis offert dans une "bouquinerie-salon de thé" (1) récemment ouverte dans le XVIIIe arrondissement de Paris. 

A la mode des livres de poche de cette époque, il ne contient, à part le "texte intégral" des nouvelles annoncé en couverture, qu'une page mi-biographie (12 lignes!) mi-"résumé" (deux lignes par nouvelle!) de son contenu. Pour ma part, j'ai trouvé que la majorité des neuf nouvelles regroupées dans ce volume avaient en commun le thème de la famille (parentalité - forcément!, filiation - ou son absence, fraternité - ou sororité...). Après, évidemment, il ne s'agit certes pas des plus célèbres parmi les centaines de nouvelles écrites par Maupassant. Je vais dire quelques mots de chacune, en espérant, comme toujours, donner envie...

* Monsieur Parent nous montre en une soixantaine de pages un "brave homme" bafoué et trompé dès l'origine (le mariage) par sa femme et son meilleur ami. Son univers s'écroule lorsque sa vieille servante lui ouvre les yeux, et la moitié de sa rente de 20 000 francs va finir en pension alimentaire (même si le divorce n'était guère pratiqué à l'époque). Il s'agit d'une étude sociologique dans laquelle je lis peut-être davantage que ce que Maupassant avait voulu y mettre: ce "petit-bourgeois" oisif est un "inutile", qui n'a jamais travaillé, n'est pas un intellectuel, n'a pas grand-chose pour lui à part sa candeur. Une fois seul, il va passer le reste de sa vie dans un troquet, où il arrive le matin pour un bock de bière, déjeune (puis café, puis cognac en pousse-café), puis sieste, et re-bocks, jusqu'à la fermeture. De nos jours, il resterait vautré devant une télé... Sa "vengeance" finale pourrira à coup sûr la vie du bambin qu'il adorait des années plus tôt. 

* Par un soir de printemps évoque un cousin et une cousine issus de germains (leurs mères sont soeurs) qui se laissent nonchalamment marier (solution de facilité!). Une tante (la troisième soeur), elle, est restée vieille fille... Cela tient en 10 pages. 

* Un lâche: dans d'autres nouvelles (d'autres recueils), on a connu tels ou tels gros bourgeois qui se tiennent mieux devant l'éventualité d'un duel au pistolet que le vicomte Gontran-Joseph de Signoles. Il serait intéressant de savoir s'il arrivait à Maupassant d'écrire des nouvelles "à clé"... mais je suppose que l'Université se penche sur la question depuis bien longtemps déjà!

* La chevelure est une nouvelle d'une douzaine de pages dans le genre morbide. 

* Le champs d'oliviers est, je crois, la nouvelle que j'ai préférée (40 pages). Un curé, ancien homme du monde et bienfaiteur de la cure obscure dans laquelle il s'est retiré, voit arriver un rappel de son passé... 

* Mademoiselle cocotte est un conte animalier de huit pages, tout aussi amer que Coco ou Pierrot (deux autres nouvelles d'autres recueils). Ici, il s'agit d'une chienne... à caractère spécial. 

* Le loup est une aventure de chasse... narrée par l'arrière-petit-fils de l'un des protagonistes, qui explique en une douzaine de pages pourquoi, dans sa famille, on ne chasse plus, depuis plusieurs générations.

* Malades et médecins est marqué "inédit" et daté du 11 mai 1884. Mais c'est ambigu: la nouvelle a-t-elle juste été éditée directement en volume sans être publiée dans la presse, ou bien était-elle inédite jusqu'à sa publication chez Albin Michel en 1957, avant l'édition en livre de poche? Bref, la nouvelle "démonte" de manière fort ironique la mode des "villes d'eau" et les espérances que peut nourrir un curiste, encore en une douzaine de pages. 

* En wagon permet aussi de "voir le loup"... tout en en privant des collégiens (12 p.!). En terme d'aventures en "chemin de fer", j'inscrirais un peu cette nouvelle dans la même veine que la nouvelle Idylle, bien connue.

Décidément, Maupassant avait bien de l'imagination... Encore une fois, je me demande d'où lui venait son inspiration, je suppose qu'il faudra que je cherche une biographie pour l'apprendre...

Je n'ai pas trouvé de blog parlant de Monsieur Parent et autres nouvelles, que ce soit dans mon édition ou dans une autre. Je suis passé en vain par "moteur de recherche", ce qui m'a au moins permis de découvrir que la première édition sous ce titre, du vivant de Maupassant (fin 1885), comportait non pas 9, mais 17 nouvelles, parues pour la plupart dans l'année dans des journaux. J'ai regardé dans les près de 70 blogs littéraires en activité et figurant dans la "blogroll" (colonne de droite) à ce jour: on y trouve des billets essentiellement sur les romans (Une vie doit être le plus représenté), ou sur quelques nouvelles isolées (La parure)... J'ai même trouvé trace d'une activité "lecture de Maupassant" fédérée par l'ancien blog d'Une comète en 2019-2020. 

(1) Lien rajouté après le commentaire de Parisianne (merci!).

22 avril 2024

Le sang des innocents - S. A. Cosby

Après Les routes oubliées et La colère, je voulais lire le troisième roman écrit par S. A. Cosby, Le sang des innocents (Sonatine Editions, 397 pages) publié cette année 2024. L'histoire se passe à Charon en Virginie, un ancien état confédéré où les Noirs sont toujours moins bien considérés que les Blancs. Comme dans les deux autres romans de Cosby, le racisme est un thème récurrent. Titus Crown, un Afro-Américain ancien agent du FBI, a été élu shérif de comté de Charon. Quand le roman commence, une fusillade vient d'avoir lieu. Latrell, un jeune Noir, vient de tirer sur Monsieur Spearman, le professeur préféré du lycée où il enseigne. Spearman meurt, mais Latrell aussi. Un policier lui a tiré dessus. Une enquête difficile commence car les populations blanche et noire ne comprennent pas ce qui s'est passé. On apprend assez vite que Spearman n'était pas le professeur modèle que tout le monde croyait. Il avait du sang sur les mains avec la complicité de Latrell et d'un troisième homme qui portait un masque de loup.   C'est ce troisième homme que Titus et ses collègues recherchent. Ils doivent arrêter un humain qui est devenu un monstre. On s'attache à tous les personnages dont Titus, son frère dont le prénom est Marquis ainsi que leur père Albert. Titus a une vie sentimentale pas simple avec Darlene. C'est un roman qui se lit bien mais La colère reste, pour le moment, mon roman préféré. Lire les billets de Blacknovel, Motspourmots, Meséchappéeslivresques, Belette2911, Aude bouquine, MAM et BMR

19 avril 2024

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant - Ariane Louis-Seize

C'est Ta d loi du cine qui, après avoir lu le billet de Pascale, m'a emmenée voir Vampire humaniste cherche suicidaire consentant (quel titre!). J'avoue que je suis moins enthousiaste que Pascale (et Ta d loi du cine) car j'ai trouvé que le film, un peu longuet (bien qu'il soit court), manquait de rythme même si Sasha, la vampirette (qui joue très bien du piano) et ses parents sont plutôt sympathiques. C'est eux qui fournissent des poches de sang à Sasha, âgée de 68 ans bien qu'elle paraisse cinquante ans de moins, car le problème de Sasha est qu'elle n'arrive pas à tuer des humains en buvant leur sang. Pourtant ses canines poussent enfin et le papa et la maman décident de confier Sasha à la cousine Denise qui, elle, adore tuer pour se nourrir. Sasha, de plus en plus dégoutée devant l'attitude sanguinaire de sa parentèle, ne sait plus quoi faire jusqu'à ce qu'elle rencontre Paul, un lycéen dépressif qui veut se suicider. Sasha a donc l'idée de se nourrir du sang de Paul, mais auparavant elle propose à ce dernier d'accomplir quelques dernières volontés (comme se venger d'élèves qui le harcèlent). Le film lorgne du côté d'un film comme Morse. La jeune actrice Sara Montpetit (Sasha) avec ses cheveux très longs, couleur aile de corbeau, et son teint blafard, m'a fait penser à Morticia de la famille Adams. J'ai un sentiment en demi-teinte pour ce film. Lire le billet de Trillian. Le blog Baz'artWilyrah et Jipéhel en parlent aussi.

16 avril 2024

Les doigts coupés - Hannelore Cayre

J'ai été convaincue de lire Les doigts coupés d'Hannelore Cayre (Edition Métailié noir, 191 pages) après avoir lu quelques billets dont celui de Simone. Le récit alterne entre de nos jours et 35000 ans avant le présent au temps de l'Aurignacien, en Dordogne, à l'époque où quelques groupes de Sapiens ont rencontré des Néandertaliens. J'avoue que j'ai appris que les Sapiens avaient la peau foncée. Pour en revenir à l'histoire, en Dordogne, près de la Vézère, une de nos contemporaines veut creuser une piscine dans son jardin et elle est aidée par des ouvriers polonais. Pendant qu'ils creusent, ces ouvriers découvrent deux squelettes qui semblent être très vieux. Et en effet, à partir de là, Hannelore Cayre nous raconte l'histoire des ces personnes qui ont vécu il y a très longtemps. L'un des deux squelettes, un homme, a connu une mort violente. Le deuxième squelette, une femme qui semble avoir vécu plus de 60 ans, est entouré d'objets hétéroclites. Et à partir de là, on fait la connaissance d'Oli, une jeune Sapiens qui est l'héroïne de l'histoire. N'ayant pas 20 ans, c'est la seule femme du groupe qui n'a pas encore enfanté. Elle ne rêve que de chasse et de vivre sa vie sans que les hommes de son clan (quelle plaie!) se mêlent de la manière dont elle le fait. Sa soeur Wilma qui meurt en couches a le temps de lui apprendre à chasser avec une sorte de javelot alors que la chasse jusqu'alors se pratiquait au plus près des animaux. C'est une histoire où les femmes s'émancipent, où elles essayent de se libérer de la domination masculine. Car déjà, à cette époque, il existe la division sexuée du travail: les hommes chassent et les femmes font tout le reste et se nourrissent de ce que les hommes veulent bien leur laisser. "La ligne, c'est l'homme. La femme, c'est le cercle". C'est pourquoi, pour maintenir l'ordre, les hommes mutilent les femmes en leur coupant des doigts dès qu'elles ne se soumettent pas. Grâce à Oli, les femmes de son clan apprennent que de faire l'amour avec un homme aboutit immanquablement à tomber enceinte sans forcément en avoir envie. C'est un roman sur le féminisme au paléolithique. L'histoire n'est pas amusante mais c'est passionnant à lire et vous apprendrez qui est l'homme mort et comment il est décédé. Hannelore Cayre s'est beaucoup inspirée du travail d'une paléontologue italienne, Paola Tabet et en particulier l'un de ses ouvrages "Les doigts coupés, une anthropologie féministe". Lire les billets de Zazy, Actu Du Noir, Cathulu, Je lis, Je blogue et La chèvre grise.

14 avril 2024

Boléro - Anne Fontaine

Je pense que la mutation du canalblog avec la migration forcée vers overblog fait que je souffre de "flemmingite " aiguë pour rédiger des billets. Toujours est-il que voici, tout de même, un billet sur un film que j'ai bien apprécié... en attendant que j'aie le courage d'en rédiger sur une demi-douzaine d'autres.

Je commence donc avec Boléro d'Anne Fontaine, vu il y a 3 semaines, qui est une évocation de la vie de Maurice Ravel en général et de la création du Boléro, "tube" mondialement célèbre du compositeur, en particulier. J'avais lu Ravel, le livre de Jean Echenoz (que je vous conseille), mais Anne Fontaine s'est inspirée d'une biographie écrite par un musicologue et journaliste, Marcel Marnat. Le film grâce à des flash-back évoque l'enfance de Maurice Ravel (1875-1937) qui a été couvé par sa maman (Anne Alvaro, très bien). Devenu adulte, Ravel a échoué au Prix de Rome, mais il ne se décourage pas. On le voit entouré de femmes comme Ida Rubinstein (Jeanne Balibar, égale à elle-même) grâce à qui Boléro fut créé. Il tombe amoureux de Misia Sert (Dora Tillier), déjà mariée, tandis que Marguerite Long (Emmanuelle Devos), la célèbre pianiste, est souvent là pour l'encourager. C'est en 1928 que Ravel compose enfin le Boléro qui est un triomphe, puis c'est le Concerto en sol majeur et le Concerto pour la main gauche, et après c'est fini. Maurice Ravel souffre d'une maladie qui le prive de l'usage de ses mains, de sa motricité et du langage, alors qu'il avait gardé ses facultés intellectuelles. J'ai beaucoup aimé l'interprétation de Raphaël Personnaz dans le rôle de Ravel, et on a le plaisir d'écouter des extraits du Boléro et d'autres oeuvres comme La Valse. Un film que je conseille. 

Pascale en avait parlé le mois dernier. Voir aussi les billets de Selenie, Princecranoir, Martin.

13 avril 2024

Une étoile m'a dit - Fredric Brown

Je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) continue mes explorations via le challenge marsien. Dasola m'a déniché dans son fonds de bibliothèque (avant déménagement) un recueil de nouvelles publié chez Denoël (coll. Présence du futur, N°2, 1954 pour la 1ère édition), Une étoile m'a dit, de Fredric Brown. La fois précédente, c'est une autre oeuvre de cet auteur de SF qui avait été lue et chroniquée (son célèbre Martiens, go home!). 

Fredric Brown, Une étoile m'a dit, 1981 [imprimé en], 252 p.

Mars est citée dans ce recueil (sinon, bien sûr, je ne pourrais pas en parler ici), mais n'en forme pas le sujet principal. Seules deux nouvelles y font référence.

* Dans Quelque chose de vert..., la planète rouge dont il est principalement question, et où erre un pilote perdu, n'est pas Mars. Mais quand son sauveteur y arrive enfin, celui-ci lui propose, à défaut de la Terre, de lui faire gagner Mars, "les belles collines jaune et brun de Mars"... 

* La nouvelle Cauchemar cite incidemment le dégoût d'être "souillé par du sang martien". Nous sommes sur la colonie de Callisto, un des satellites de Jupiter. En principe, est déjà lointaine l'"époque où les peuples se prenaient à la gorge les trois quarts du temps, à l'époque des guerres, des haines, de la lutte pour la suprématie. Ceci s'était passé avant que le Conseil Solaire, réunit d'abord sur une planète inhabitée, puis sur une autre, eût ramené l'ordre et l'union grâce à son arbitrage. Maintenant, la guerre appartenait au passé. Les différentes parties habitables du système solaire (la Terre, Vénus, Mars, et deux des lunes de Jupiter) se trouvaient toutes régies par un seul gouvernement. Jadis, au cours de cette période sanglante, les peuples avaient dû éprouver les mêmes sentiments auxquels il avait été en proie pendant son rêve: au cours de cette période où les nations de la Terre, unies par la découverte des voyages intersidéraux, avaient conquis la planète Mars, la seule qui fût déjà habitée par une race intelligente, pour fonder ensuite des colonies partout où l'Homme avait pu prendre pied."... Mais cette looongue citation n'est, bien sûr, qu'une des éléments de contexte de cette nouvelle. La bête immonde (du racisme, du fascisme) risque toujours de resurgir si nul ne réagit... 

Je vais dire deux mots des six autres nouvelles du recueil (sans rapport, elles, avec Mars).

* Anarchie dans le ciel m'a fait songer au roman La chasse au météore de Jules Verne. D'autres lecteurs (plus ou moins jeunes?) y verront peut-être les prémices de Z comme Zorglub (album de la série Spirou dû à Franquin). 

* Tu n'as point tué est une jolie nouvelle psycho-policière. Le détecteur de mensonges favorise la rédemption... 

* Mitkey est en partance pour la lune (et non pour Mars), lorsque la fusée est déviée...

* Les Myeups utilise le même argument que Martiens, go home! : un auteur en proie au syndrome de la page blanche est amené à divaguer... 

* Tu seras fou se déroule, en grande partie, à l'asile... 

* Enfin, figurez-vous que la découverte d'Un coup à la porte a représenté, pour moi, une jolie petite madeleine: j'y ai enfin lu une "nouvelle" que mon père nous racontait, lorsque j'étais gamin, alors qu'il avait sans doute dû la lire lui-même à parution, une vingtaine d'années auparavant... Quel plaisir de lire cette "nouvelle d'épouvante": Le dernier homme sur la terre était assis tout seul dans une pièce. Il y eut un coup à la porte...

 

Comme à mon habitude (et même si c'est c'est plus en plus pénible à réaliser), j'ai cherché d'autres chroniques de ce livre. Nebal avait consacré à une autre édition de ce recueil un billet en 2009. Baroona aussi, plus récemment (en 2020). Si d'autres font leur apparition plus tard, je ne m'interdis pas de les rajouter!

 

Avec ce titre, je participe encore au "12e challenge de l'imaginaire" repris par Tornade en 2024 et au challenge "2024 sera classique aussi!" chez Nathalie

 

10 avril 2024

La promesse verte - Edouard Bergeon

J'ai été tentée de voir La promesse verte d'Edouard Bergeon, ayant été attirée par la bande-annonce, et je n'ai pas regretté d'y être allée. L'histoire se passe de nos jours entre l'Indonésie, Paris et la Vendée. Carole (Alexandra Lamy) a un grand fils, Martin (Félix Moati), qui est parti en Indonésie sur l'île de Bornéo, pour travailler dans une ONG qui gère un dispensaire. Martin est bien reçu par Paul Lepage (d'origine québecoise) qui y travaille. Martin fait la connaissance de Nila Jawad, une activiste qui lutte contre la déforestation des forêts primaires de la région. Un soir, le village où habitent Nila et son cousin est attaqué. Les maisons sont brûlées et il y a au moins un mort. Martin filme tout avec son appareil. Peu de temps auparavant, une milice privée au service d'une entreprise fabriquant de l'huile de palme avait proféré des menaces envers les villageois pour les obliger à partir. Quand Martin décide de quitter l'Indonésie, son cauchemar commence, car il se trouve que l'on trouve 600 grammes de cocaïne dans son sac à dos. Il est arrêté, jugé et condamné à mort. Comme par hasard, la carte mémoire de son appareil photo a été détruite. Il ne peut pas prouver son innocence et montrer ce qu'il a vu. Sa mère fait tout pour le faire libérer mais Felix devient un pion dans un bras de fer économique à l'échelle internationale, car on trouve de l'huile de palme dans presque tous les aliments, cela sert aussi d'énergie verte. L'impact financier est énorme. J'ai trouvé le film bien fait avec un scénario solide avec plein de rebondissements en 2H04 minutes. Un film que je conseille, servi par des acteurs bien dans leur rôle. 

7 avril 2024

Arcachon, le long exil des marins sénégalais - Coline Renault (texte) & Riss (dessins)

Il est rare que je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) consacre un billet à un article paru dans Charlie Hebdo, mais il y a eu au moins un précédent, lorsque j'avais présenté le témoignage du webmestre de Charlie blessé lors de l'attentat, "Se réveiller dans un sarcophage". Cette fois-ci, mon intérêt a été attiré par la double-page centrale (rubrique "Charlie reporter") consacrée à une communauté dont j'ignorais l'existence, celle des marins-pêcheurs sénégalais qui travaillent dans le Bassin d'Arcachon (Gironde, 33). 

Le "E" du mot "Exil" au centre de la page a été un peu trop "étroitisé" à l'impression.

C'est dans le numéro 1650 daté du 06/03/2024 que j'ai pu lire un article qui commence par l'histoire dramatique d'un naufrage, celui d'un petit bateau de pêche, survenu fin décembre 2023. Si le capitaine a survécu, les deux matelots, tous deux sénégalais, se sont noyés. Puis l'article déroule l'histoire de ces marins-pêcheurs originaires du Sénégal et qui se retrouvent à travailler dans ce port de pêche. A partir des années 1970, des marins sénégalais sont venus renforcer les équipages d'armateurs arcachonnais dont les navires et leurs capitaines avaient connu ces marins lorsqu'ils pêchaient, quelques années auparavant, au large du Sénégal. Des marins efficaces, ne rechignant pas à la besogne, ne buvant pas puisque musulmans... La journaliste cite dans son article de nombreux témoignages de ces marins africains venus travailler sur des navires de pêche sur la côte atlantique française. La raison de leur venue? l'argent! Gagner davantage qu'au Sénégal, et y envoyer la plus grande partie de l'argent gagné. Les plus âgés de ces marins sont désormais à la retraite, mais pas encore tous repartis rejoindre femme et enfants restés au pays. 

Car l'article évoque aussi, à Arcachon, des univers qui ne se côtoient que de loin, si ce n'est à l'occasion des catastrophes, comme lorsque la presse locale voire nationale avait parlé de la perte du Cynos (le "fileyeur" cité ci-dessus), et de la mort de ses deux matelots sénégalais. Le métier de la mer est dur et reste périlleux. J'ai appris que le Banc d'Arguin n'existe pas seulement au large de la Mauritanie (là où s'est échouée La Méduse), mais qu'un autre borde aussi le dangereux goulet permettant de sortir du Bassin d'Arcachon vers la pleine mer. 

Après la lecture de ce reportage dont le sujet m'avait intéressé, j'ai cherché à en apprendre davantage. Pour aller plus loin, on peut découvrir un documentaire de près de 25 minutes titré Les immigrés de l’océan, France 3 Ouest, 2006, accessible depuis 2017 sur Y**t*b*. Si j'ai bien compris, les images en ont été réalisées par Philippe Lespinasse (déjà auteur en 1999 d’un documentaire de 41 minutes sur les passes du bassin d’Arcachon), produit et co-distribué par la société Grand angle productions, créée en 1997 et établie en Gironde, qui revendique de "privilégier[er] une implication forte sur les thématiques Histoire, Société, Mer & Découverte". 

Dans ce documentaire, j'ai trouvé entre autres intéressant le moment où un des Sénégalais témoigne, tout en tenant la barre d'un chalutier, qu'il a préparé les certificats pour devenir patron de pêche (si j'ai bien compris), mais s'est heurté au "plafond de verre" quand on lui a fait comprendre que, diplômé ou non, il ne pourrait jamais commander son propre navire à Arcachon faute d'être de nationalité française (ou du moins européenne, je suppose?). D'où une certaine frustration (même s'il a du mal à mettre les mots sur ce qu'il ressent). Un Européen y témoigne aussi de l'adaptabilité de ces marins, qui viennent de la pêche sur pirogue: en deux semaines, il apprennent à travailler au filet, à entretenir ceux-ci (épissures...). Y sont aussi interviewés tels ou tels de ces Sénégalais qui, visiblement, ne souhaitaient pas devenir pêcheurs comme leur entourage, mais qui ont bien dû constater que ce dur métier pratiqué comme "expatrié" était rémunérateur, tandis que leurs diplômes locaux ne leur donnaient pas accès à un métier permettant de gagner de quoi vivre au Sénégal. Quelques chiffres: en 2006, un mois avec de bonnes "marées" pouvait rapporter entre 2500 et 2800 euros en France. Déduction faite du loyer et des dépenses indispensable en France, cela permettait d'envoyer quelque 1400 euros au Sénégal, de quoi y faire vivre une famille (au sens large: ascendants et collatéraux compris) de quelque 20 personnes!

 

Enfin, je signalerai l'existence d'un polar local (que je n’ai pas lu): Le bassin broie du noir, Fabrice Duffour, Latitude Sud, 2020. 

En plus de mon "hommage du 7", faire connaître ici cet article m'a permis de présenter aussi bien un "métier" qu'une aventure maritime (et de participer ainsi aux deux "challenges bloguesques" dont j'ai mis les logos, chez Fanja pour l'un et chez Ingannmic pour l'autre).

Les internautes qui ne se sont jamais encore connecté sur le site de Charlie devraient pouvoir y lire l'intégralité du texte

 

Edit du 10/04/2024: je viens de voir que depuis hier, en raison de modifications apportées par les récentes tempêtes, il y a des restrictions (interdictions) pour les entrées et sorties du Bassin d'Arcachon, essentiellement pour les navires de plaisance. Pour les professionnels, des conditions en terme de possession de brevet (STCW...) sont posées.

*** Je suis Charlie ***

6 avril 2024

Heureux gagnants - Maxime Govare et Romain Choay

Je ne m'attendais pas à voir un film aussi "trash" après avoir vu la bande-annonce d'Heureux gagnants où il est montré que gagner de l'argent au loto ne fait pas forcément le bonheur et peut virer au cauchemar. En quatre sketches à l'humour noir et où les gains vont crescendo (5, 10, 40 et 60 millions d'euros à "Top millions"), un couple fauché avec deux enfants, une jeune femme en mal d'amour un peu naïve, trois apprentis terroristes et cinq personnes d'un Ehpad, vont vivre des émotions fortes qui ne se terminent pas forcément très bien. Le film va à tout allure comme la voiture du couple dans le premier sketch. C'est plutôt bien joué. Les scénarios des quatre sketches tiennent bien la route car le constat de départ est crédible.

Et personnellement, je me pose la question : admettons que quelqu'un meurt devant vous avec un ticket de loto gagnant à la main : qu'est-ce que vous faites? Vous prenez le ticket ou pas? Après tout, le gagnant est mort. Il  n'est pas évident de choisir. J'ai passé un bon moment (on sourit souvent) mais je ne suis pas sûre de revoir le film. Lire le billet d'Henri Golant et celui de Selenie.

2 avril 2024

Les Aiguilles d'or - Michael McDowell

J'ai déjà lu les deux premiers tomes de la série Blackwater de Michael McDowell (1950-1999) et comme ça m'a plu, je vais continuer mais en attendant, je viens de terminer Les aiguilles d'or du même auteur (Edition Monsieur Toussaint Louverture, 517 pages, édité en français en 2023). J'avoue que j'ai dévoré ce roman (un vrai "page-turner") qui se passe entre le jour de l'An 1882 et la fin 1883 à New-York. D'un côté, on a une famille de notables qui habite dans des quartiers cossus de la ville, à Washington Square et Gramercy Park, les Stallworth dont James, le patriarche septuagénaire, veuf par deux fois et qui exerce encore comme juge d'instruction mène sa famille d'une main de fer. Il a un fils, Edward, qui est pasteur presbytérien et auteur de nombreux sermons. Lui aussi est veuf et il est le père de Benjamin (garçon faible et joueur invétéré), et de Helen. James Stallworth a aussi une fille, Marian mariée à Duncan, un avocat. Tous les deux sont parents de deux jeunes enfants, Edwin et Edith. Cette famille décide d'éradiquer la corruption et le crime dans un quartier de New-York. Ce quartier situé entre Canal Street, McDougal Street et Bleecker Street (merci de vérifier sur un plan de New-York où ces rues se situent dans Manhattan) est surnommé "Le triangle noir". C'est là que vit la tribu des Shanks dont la matriarche, qui est prêteuse sur gages, s'appelle Lena (la noire). D'origine allemande, elle arrivée par bateau, 30 ans auparavant, en compagnie de son frère. Lena s'est mariée et a eu quatre enfants dont deux filles qui ont survécu: Daisy et Louisa (devenue muette). Daisy qui 22 ou 23 ans s'est spécialisée dans les avortements et elle a des jumeaux de 8 ans, Rob et Ella. Le mari de Lena a été pendu des années auparavant. La sentence avait été prononcée par le juge James Stallworth. Mais c'est le meurtre d'un avocat appelé Cyrus Butterfield le Jour de l'An 1882 qui va déclencher l'affrontement entre les Stallworth et les Shanks aboutissant à plusieurs morts violentes. Butterfield a été tué avec une aiguille en or qui sert à la préparation de pipes à opium. Cette aiguille appartenait à Maggie, une jolie mulâtre, belle-soeur de Lena. La vengeance des Shanks envers les Stallworth va être terrible car Maggie est reconnue coupable. Je vous laisse découvrir ce qui va se passer. Le roman est haletant de bout en bout. Lire les billets de Titine, Mimipinson, Eva

1 avril 2024

Pot-pourri de poissons (sans numéro)

Après m'être abstenu depuis 18 mois de publier une revue de presse chaque 1er, je (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) ne relance pas ma série sur le covid-19... Mais j'ai voulu m'amuser voire amuser un peu avec des nouvelles (mêlant le vrai et le faux?) que l'on peut pêcher en ce moment grâce aux news de Y*h** dans des articles de presse sur internet (sachant que, par exemple, un hebdomadaire toujours en vente le 1er avril a dû paraître quelques jours plus tôt...). Tout n'est bien entendu pas faux là-dedans, mais disons que tout est remarquable, à mon avis - que je partage. On peut en tout cas s'émerveiller de la "puissance de démultiplication" apportée par internet. Je ne parle même pas des réseaux sociaux, mais de la reprise, par plusieurs titres, d'une même information, parfois avec exactement les mêmes mots, parfois avec de plus en plus d'informations...
A vos zygomatiques!

Ouvrons le bal avec la planigale, dont j'ai découvert l'existence grâce à Slate: un minuscule rongeur féroce, un marsupial arrivé en Australie caché dans un bateau... 

Gare à vos orteils! Des punaises d'eau géantes envahissent Chypre, selon Ouest France (mais aussi moult titres en ligne vous demandant d'accepter leurs cookies ou de s'abonner). Cette info-là, elle semble avoir été programmée de longue date, en tout cas.

En Histoire, voire en Préhistoire, une nouvelle sensationnelle: des empreintes de dinosaures "sur" des gravures rupestres... C'est un feu d'artifices avec des gros titres plus racoleurs les uns que les autres. Ça m'intéresse, Le tribunal du net, Sciencepost... Dis, grand-mère, tu as déjà vu des dinosaures, toi?

En restant dans le culturel, Le Point qui nous présente une exposition aux Archives nationales présentant le blasphème ou le crime de lèse-majesté... Je n'ai surtout pas voulu vérifier, de peur que ce ne fût point vrai.

J'avais rigolé quand Mer et Marine nous a montré il y a quelques jours notre Mistral national peint en rouge (bah oui, ce genre de navire qu'on a failli vendre naguère aux rouges, pardon, aux Russes).

Grave impact du changement climatique selon Sciences et avenir: la vitesse de la terre s'en trouve modifiée (bien vu, ça agit même sur la vitesse de désintégration des éléments radioactifs... Bah oui, d'une heure en hiver et d'une heure en été). 

A 20 minutes, ils n'ont pas dû prendre trop de temps pour réfléchir... Ils veulent la mort du petit commerce, ou quoi? Et encore, qu'est-ce que c'est que cette attitude anti-sportive?

20 minutes, encore, pour tenter de vous calculer l'empreinte écologique d'une banane quand on la mange? Laissez-vous berner si vous voulez...

Ça balance sec, la politique américaine, aujourd'hui. Entre Trump qui serait atteint de démence sénile (selon The Mirror... d'après Closer) et Meta qui supprimerait son outil de lutte contre la désinformation (selon RFId'après l'AFP) en vue des prochaines élections... que croire?

En France, nous avons une grave interrogation: Michel-Edouard Leclerc en politique, bonne ou très mauvaise affaire... pardon, idée? 

On voudrait nous endormir qu'on ne s'y prendrait pas autrement... 

Et ce reportage montrant des requins qu'on dresse pour leur apprendre à manger les poissons-lions qui broutent les coraux, sur Arte, vous l'avez vu?

Ça m'intéresse nous liste en titre nos objets du quotidien que l'on doit à la Nasa. Ah, Ça m'intéresse ... Tout un poème! On se demande parfois, à longueur d'année, si le choix de leur image d'appel systématiquement décalée est dû à une intelligence artificielle ou à celle d'un stagiaire pas doué. 

Bon, je vais relever mes filets et cliquer sur "publier", sinon ce billet ne verra jamais le jour, ce qui serait dommage. Dès demain, je commence celui pour l'an prochain. Après tout, nous avons bien connu, en 2024, un journal qui ne reviendra qu'en 2028... mais à quelle date (La bougie du sapeur)?

Le blog de Dasola
  • CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR. Critiques et opinions sur films, livres et spectacles. [Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (215 commentaires, du 17/01/07 au 14/04/24)].
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
83 abonnés
Liens (en cours de mise à jour)

** INDEX AUTEURS (LITTÉRATURE), FILMS & REALISATEURS (CINÉMA) **

*** CHALLENGES DE L'ANNEE EN COURS ***


** LE SITE DU STATISTICIEN **


*** LIENS ***
(BLOGUEURS COMMENTANT SOUVENT LE MIEN)

  • = Dix blogueuses et blogueurs ayant fait au moins 500 commentaires chez dasola se présentent =
  • On crée un lien lorsqu'un blogueur a commenté au moins cinq billets en venant à (au moins) deux dates différentes sur ce blog. 
  • Une adresse de mail (xxx@yyy.fr ou com...) [non publiée!] est exigée par Canalblog pour enregistrer votre commentaire. 
  • Vous ne voyez pas tout de suite apparaître votre commentaire, car je dois d'abord le valider (cela peut prendre quelques heures)
CINÉMA (22 blogs en activité)

DIVERS - CULTURE (57 blogs en activité)

LIVRES (69 blogs en activité)

QUELQUE TRISTESSE

QUELQUES BLOGS DÉSORMAIS EN PAUSE (À MON GRAND REGRET)

QUELQUES INFIDÈLES (NE ME RENDENT PLUS MES COMMENTAIRES...)

QUELQUES INTROUVABLES (BLOGS SUPPRIMÉS OU DISPARUS?)

SANS BLOG (COMMENTATEURS SUR LE MIEN)

STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)

  • * Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
  • 2709 billets (au 30/04/24), dont tous ont eu au moins un commentaire
  • 33 189 commentaires (au 29/04/24 [+ 6 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 261 dasola] par au moins 1276 personnes, dont 106 (re)venues en 2024
  • 407 blogueurs [dont 156 actifs en 2024] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1211 (au 28/04/2024) commentaires (voir ci-dessus)
  • Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 77 au 07/03/2024 (via "Newsletter" ci-dessus)
  • Billet commenté par le plus de personnes: 77 commentaires par autant de commentateurs/trices (billet du 09/01/2014)
  • Billet comptant le plus de commentaires: 123, par 46 commentateurs/trices différent(e)s (billet du 10/06/2023)
  • Record de commentaires en 1 an de date à date par 1 même blogueur-euse: 146 par DocBird (du 15/07/22 au 14/07/23)
  • Record de commentaires en un mois: 355 en janvier 2014
  • Record de commentaires en une année civile (même blogueur-euse): 143 par Manou en 2023
  • Record de commentaires en une journée: 44 le 09/04/2009
  • Records de nouveaux commentateurs en un mois: 24 (dont 22 blogueurs) en mai 2008 et mars 2009
Pages