Voici deux romans français distrayants chacun dans leur genre. Ce n'est pas de la grande littérature, mais, de temps en temps, cela fait du bien de faire marcher ses zygomatiques.
En l'occurrence, vous ne devriez pas résister à Tout le monde n'a pas le destin de Kate Middleton de Fred Ballard (Pygmalion, 300 pages) chroniqué par quelques blogueuses, dont Cathulu chez qui je l'avais découvert. Capucine Guillon (c'est le patronyme de son 1er mari), née Poute, est rédactrice de questions pour jeux télévisés. Elle est surtout la mère de trois garçons adolescents (nés de trois pères différents): Paul, Emile, et Victor. Habitant avec ses trois fils dans un 63 m2 en banlieue, Capucine (qui se trouve trop grosse) a des fins de mois difficiles. L'histoire se déroule sur toute une année fertile en rebondissements. Chaque chapitre représente un mois. J'avoue avoir beaucoup ri à certaines situations qui sont assez irrésistibles mais dont Capucine se sort très bien. Comme Cathulu, j'ai retenu l'épisode du "trikini" quand Capucine part en Bretagne après avoir fait cet achat de dernière minute sans savoir s'il lui irait. Sans dévoiler la fin, Capucine deviendra peut-être célèbre en costume bigouden sur des boîtes de galettes bretonnes: tordant vous-dis-je. Fred Ballard (c'est une femme) est journaliste à France Bleu.
Je passe au roman suivant que je qualifierais de fable. Il s'agit de Le retour du Général (Folio poche, 210 pages) de Benoît Duteurtre. L'histoire commence de nos jours, un 13 mai à Paris. Le narrateur est réfractaire à cette manie du tout "sécurité" qui sévit dans notre société actuelle comme dans les gares, sur les ponts, près des guichets dans le métro où on remarque les patrouilles de police et l'armée. Tout cela ne l'empêche pas d'aimer déambuler au quartier latin (là où il habite) et d'entrer dans un bistrot afin de déjeuner au bar en savourant d'avance un oeuf mayonnaise (composé de 3 moitiés d'oeuf dur) surmonté de mayonnaise "maison". Mais catastrophe, à cause d'une directive de Bruxelles et d'une nouvelle norme d'hygiène, la mayonnaise est faite industriellement. A partir de là, le narrateur décide de mener la révolution de l'oeuf mayonnaise. Ceci n'est que le début du roman dans lequel le Général de Gaulle revient parmi les vivants, tel Hibernatus (son film préféré), lors d'une allocution à la télévision. Il rêve de mener une bataille pour la "grandeur de la France", pour que celle-ci "soit vraiment libre, Halte à la dictature de l'économie de marché", "Vive l'Europe des nations, Vive l'Europe des différences, Vive la mayonnaise aux oeufs frais" (p.69). On sent que l'auteur regrette l'orientation économique que prend l'Europe en général et la France en particulier. Il souhaiterait peut-être revenir à ce qu'a été la France dans les années 60 mais avec des choses au goût du jour comme "la dépénalisation de certaines drogues douces, la déréglementation de l'oeuf mayonnaise, droit une mort paisible assistée médicalement..." (p.115). Cette "fantaisie romanesque", comme c'est écrit en 4ème de couverture, constitue une lecture agréable qui fait réfléchir. J'ai trouvé la fin du roman assez pessimiste, espérons que l'on n'en arrivera pas là.