Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan de Ken Scott est une comédie sympathique d'après un récit autobiographique de Roland Perez (dont je n'avais pas entendu parler). En 1963, Roland, le 6ème enfant d'une fratrie, naît avec un pied bot. Sa mère Esther prend les choses en main car pour elle, son fils pourra marcher et aller tout seul à l'école malgré son handicap qui, pour elle, n'existe pas. Roland, qui est le narrateur du film, se déplace assis car sa mère refuse qu'il soit appareillé. Elle a une foi qui déplace les montagnes. Elle arrive même à faire patienter et attendrir une assistante sociale (Jeanne Balibar, très bien) alors que Roland à 5 ou 6 ans, ne va pas à l'école et ne sait pas lire. Ce qui va tout changer, c'est l'incursion des chansons de Sylvie Vartan dans la vie de cette famille. Grâce aux chansons de Sylvie Vartan et à un des frères de Roland, ce dernier apprend à lire. Devenu adulte, Roland se marie et devient père de famille mais sa mère n'est jamais loin, elle veille sur lui. Elle a tout sacrifié pour lui, même sa vie de couple. Le film vaut pour la prestation de Leïla Bekhti dans le rôle de la mère. Elle crève l'écran. Elle est drôle, touchante, crispante, envahissante. Elle est l'incarnation de la mère juive surprotectrice. J'ai entendu des critiques mitigées. C'est vrai que ce n'est pas le film de l'année mais il fait passer un bon moment. Lire les billets de Pascale, Selenie.
Au contraire de Lire Lolita à Téhéran du réalisateur israélien Eran Riklis que j'ai trouvé ennuyeux, mou, pas intéressant malgré le sujet. C'est plan plan au possible. Les actrices font ce qu'elles peuvent mais elles ne sont pas aidées par le scénario et la réalisation. L'histoire qui est tirée d'un récit autobiographique se passe entre 1979, avec l'arrivée de l'Ayatollah Khomeini au pouvoir, et 1997 lorsque Azir Nafisi, le personnage principal, repart avec mari et enfants aux Etats-Unis. Cette professeure d'université pense qu'avec la chute du Shah en 1978, les choses vont changer en Iran. Et bien a priori, les choses ne s'améliorent pas, en particulier pour les femmes qui sont obligées d'être voilées. Le film se découpe en au moins quatre parties avec des titres comme Gatsby le Magnifique, Lolita, Daisy Miller et Orgueil et préjugés. On peut s'attendre à ce que ce soit un film qui parle de littérature, et bien pas vraiment ou si peu. Il y a des débuts de scène qui ne vont pas au bout de leur propos. Une grande déception en ce qui me concerne et je ne sais pas ce que vaut le livre d'Azir Nafisi. Lire les billets de Pascale, Selenie (qui a aimé).
J'ai suivi le conseil de Pascale et d'un collègue et je viens donc de voir Berlin, été 42 du réalisateur allemand Andreas Dreisen. Le récit raconte l'histoire pendant presque 2 ans de Hilde et Hans Coppi, entre 1941 et 1943, en Allemagne, dans les environs de Berlin. L'été 42 fut, pour ce couple et d'autres connaissances, une parenthèse enchantée de calme et presque d'insouciance malgré leurs activités "subversives" pendant ces deux années. Le film alterne, sans que le spectateur soit perdu, les périodes avant et pendant la détention de Hilde Coppi (Liv Lisa Fries, lumineuse) dans une prison pour femmes à Berlin. Hilde est tombée amoureuse de Hans, un peu plus jeune qu'elle. Il mène une activité clandestine dangereuse en envoyant par radio des messages en Russie juste après l'attaque de l'Allemagne contre la Russie. Hilde est enceinte de Hans alors qu'elle pensait ne pas pouvoir avoir d'enfant et elle accouche en prison avant terme. On suit cette jeune femme courageuse, qui ne se plaint jamais car totalement absorbée par son fils dont elle s'occupe au mieux. Le dernier quart d'heure est bouleversant, surtout quand Hilde est séparée de son fils. Un film qui ne peut qu'émouvoir. Le destin de Hilde Coppi fait évidemment penser à celui de Sophie Scholl à Munich.
Voici un beau film que je conseille absolument. J'espère que Le joueur de go de Kazuya Shiraishi est distribué dans toutes les bonnes salles en France. Il sort aujourd'hui, mercredi 26 mars 2025. L'histoire se passe à Edo (l'ancien nom de Tokyo) en 1871. Kakunoshin Yanagida, un Ronin (un samouraï errant), vit chichement avec sa fille. Ils ont du retard dans leurs loyers. Yanagida est veuf. Plusieurs années auparavant, Yanagida avait été contraint de quitter le service de son maître suite à une fausse accusation de vol. Depuis, il est devenu graveur de sceaux et il joue au jeu de go (qui se joue agenouillé) où il excelle mais il n'ose pas le montrer. Il exerce son métier de graveur et sa passion de jouer avec honnêteté et sincérité. Un jour, son passé le rattrape et tout bascule pour lui et sa fille. J'ai été fascinée par la manière dont les joueurs posent les "pierres" blanches ou noires du jeu avec beaucoup de délicatesse dans le geste. Il y a un très beau travail sur la lumière, les décors et les costumes. Les acteurs sont tous excellents. Je le répète, un film à voir cette semaine.
Je viens de voir On ira d'Enya Baroux avec mon ami Ta d loi du cine qui a été secoué par l'histoire. Marie, une octogénaire (Hélène Vincent, épatante) souffrant d'un cancer en stade terminal, a décidé de mettre fin à sa vie dans le cadre du protocole du droit de mourir dans la dignité. Ce suicide assisté encore interdit en France aura lieu dans la banlieue de Zürich. Pour ce dernier voyage, elle est accompagnée par Rudy (Pierre Lottin, épatant lui aussi) qui est au courant de sa démarche. Rudy est un auxiliaire de vie en pleine galère qui a un unique compagnon, Lennon, un rat noir. Rudy n'a pas d'illusion sur sa condition, lui, le fils de médecins. En tant qu'auxiliaire de vie, c'est comme s'il était le petit gros dans une équipe de sportifs. Bruno (David Ayala) et Anna (Juliette Gasquet), le fils et la petite-fille de Marie, sont du voyage mais ils ignorent longtemps la vraie raison de ce déplacement. Ils vont faire de belles rencontres comme un groupe de gens du voyage. Ce périple va permettre aussi une meilleure entente entre un père et sa fille car Bruno est un immature toujours entre deux combines pour gagner sa vie. C'est un très joli film plein d'émotion que je conseille rien que pour Hélène Vincent et Pierre Lottin. Lire les billets de Pascale, Henri Golant et Selenie.
La convocation (sous-titré Armand) est un film norvégien qui a été réalisé par le petit-fils d'Ingmar Bergman et Liv Ullmann. J'ai été attirée par la bande-annonce. Ce huis-clos se passe de nos jours dans une très grande école avec des escaliers et des couloirs. Ce décor m'a fait plus penser à un hôpital ou à une prison qu'à une école. Six personnes vont se réunir dans une salle de classe à la veille de vacances scolaires. Trois font partie de l'administration de l'école et les trois autres sont des parents d'élèves, Anders et Sarah, un couple, et Elisabeth, une mère célibataire. Un incident s'est produit peu de temps auparavant dans cette école: Armand, le petit garçon de six ans d'Elisabeth, semble avoir agressé sexuellement Jon qui est du même âge. C'est le fils du couple. Le cinéaste filme tous les visages au plus près, en particulier quand Elisabeth est prise d'un fou rire irrépressible qui dure un certain temps. Néanmoins, il y a plusieurs "respirations" pendant le film qui permettent de respirer et de s'échapper de cette salle de classe dans laquelle une des personnes de l'administration se met à saigner du nez. Il y a quelques retournements de situations bien amenés. Je n'ai pas forcément compris ce que le réalisateur voulait nous dire mais il sait instiller une atmosphère étouffante. Le film se termine en extérieur sous une pluie battante. Lire le billet de Pascale.
Un billet sur trois films français qui se regardent agréablement.
Avec Dis-moi juste que tu m'aimes, la réalisatrice, Anne Le Ny, a de nouveau donné un rôle inquiétant à José Garcia qui excelle dans ce registre. Directeur financier d'une entreprise à Vannes, Thomas (José Garcia), lors d'un audit, jette son dévolu sur Marie, une femme mariée depuis plusieurs années à Julien (Omar Sy). En effet, Marie est perturbée en apprenant le retour d'Annaëlle (Vanessa Paradis) qui fut le premier amour de Julien. Bien entendu, Thomas va semer le désordre, il devient envahissant et menaçant envers Marie envers laquelle il fait une fixation. J'ai trouvé ce film très regardable grâce aux acteurs, en particulier Omar Sy qui est très sobre et à l'aise dans son rôle. Il m'a agréablement surprise...
Tout comme Jamel Debbouze qui tient le film Mercato de Tristan Séguéla de bout en bout. Il joue le rôle d'un agent de joueurs de foot pendant la période de "mercato" où les joueurs sont transférés d'un club à l'autre à coup de millions d'euros. Driss (Jamel Debbouze) est dans la panade car il doit une grosse somme d'argent à des associés alors que lui-même est en faillite et dort dans son bureau. Il faut voir la course effrénée qu'il mène pour trouver de l'argent. Dans ce film, il ne fait pas dans l'humour, il reste sérieux. On se demande comment il va s'en sortir. Le film est très rythmé. Je n'ai pas regretté de le voir même si le sujet à la base ne m'attirait pas plus que cela.
Je passe, pour terminer, au Secret de Khéops de Barbara Schulz qui est plutôt une fantaisie, une course au trésor du pharaon Khéops. Quand le film débute, Christian Robinson (Fabrice Luchini), un archéologue reconnu, est au Caire avec un collègue égyptien. Puis grâce à des notes laissées par Dominique Vivant-Denon ("DVD", 1747-1825) qui a participé à la campagne d'Egypte avec Bonaparte, Robinson revient à Paris après quatre d'absence. Il retrouve sa fille et son petit-fils. Sa quête l'emmène au château de Malmaison, puis dans des coins mystérieux de Paris. Il est poursuivi par de méchants trafiquants d'oeuvres archéologiques. Un film sympa à voir éventuellement. Lire le billet d'Anne.
Aujourd'hui, mercredi 5 mars 2025, sort un film chinois singulier. L'histoire se passe en Chine près du désert de Gobi, dans le nord de la Chine. Le premier plan large nous montre un paysage lunaire avec une végétation rare et des cailloux. Dans le fond, on voit des collines et surtout des chiens, partout il y a des chiens de toutes races qui semblent attendre. Un mini-car arrive sur la gauche de l'écran et il se renverse, voulant peut-être éviter les chiens qui se mettent à aboyer. Nous sommes en 2008, trois mois avant les JO de Pékin. Lang, un grand échalas, revient dans sa ville natale, qui est une des villes principales de la région. Lang est un taiseux (le personnage prononce à peine quatre phrases pendant tout le film). Il sort de prison où il a purgé une peine de 10 ans, a priori pour homicide. Sans qu'on sache vraiment pourquoi, la ville a décidé d'attraper tous les chiens et de les mettre dans un grand chenil. On craint la rage. Lang se fait embaucher pour ce travail. Les chiens ne se laissent pas attraper facilement, surtout un: un grand chien noir efflanqué qui mord Lang. A force, les deux vont s'apprivoiser mutuellement. Pendant ce temps, on voit la ville partir en déliquescence, des bâtiments abandonnés et plus ou moins en ruines sont détruits. Le zoo héberge encore quelques animaux, dont des singes et un tigre de Mandchourie. Le gouvernement chinois semble vraiment loin et puis les JO se préparent. On voit une ville en friche. Il semble que l'on veut la reconstruire et l'embellir, même si on peut avoir des doutes sur le sujet. Le film montre une Chine à l'abandon. Le constat n'est pas brillant. Un film d'ambiance qui m'a plu. Lire le billet de Rue2Provence.
Ayant appris que Timothée Chalamet avait été récompensé comme meilleur acteur d'un SAG award (Screen Actor Guild award) la semaine dernière, je me suis décidée à aller voir Un parfait inconnu de James Mangold. Pour ceux qui l'ignorent le "SAG award" est décerné exclusivement par les acteurs d'Hollywood qui sont membres de l'académie des Oscars. La plupart du temps, les récompensés du SAG award reçoivent l'Oscar dans la foulée. Et donc je reconnais que Timothée Chalamet, dont je ne suis pas forcément fan, est époustouflant dans le rôle du chanteur Bob Dylan (né en 1941 et prix Nobel de Littérature en 2016). J'avoue que je ne connais pas trop l'oeuvre de ce chanteur mais ce film donne envie de mieux connaître ses chansons. C'est un vrai film musical qui se passe entre 1961 et 1965, au début de la renommée de Bob Dylan. En 1961, ce dernier est parti du Minnesota où il est né et a débarqué à New-York avec sa guitare sous le bras et son harmonica en poche. Il est venu pour rencontrer son idole Woody Guthrie (1912-1967), un des pionniers de la musique folk, hospitalisé depuis quelques années. Bob Dylan, dans les années 60, a rencontré Joan Baez avec qui il a eu une liaison cahotique. Dans le film, on n'apprend rien de la vie de Bob Dylan ou ce qu'il peut penser. Il reste un parfait inconnu. Timothée Chalamet s'est approprié le personnage en apprenant à chanter et à jouer de la guitare et de l'harmonica. Il crève l'écran sans en faire trop. La performance devrait être récompensée aux Oscars. De James Mangold, j'avais déjà bien apprécié Walk the line (2005) sur la vie et l'oeuvre de Johnny Cash. Lire les billets de Pascale et Selenie.
--------------------------------------------
Je passe au palmarès des César 2025 que j'ai vu en partie. Je suis très contente pour L'histoire de Souleymane qui été récompensé de quatre César dont un pour Abou Sangare (meilleur révélation masculine) et un pour Nina Meurisse (meilleur second rôle féminin). Je suis aussi contente de la récompense de Karim Leklou (meilleur acteur pour Le roman de Jim) et pour Hafsa Herzi (meilleure actrice pour Borgo). Je suis ravie pour la récompense pour La ferme des Bertrand de Gilles Perret (j'ai bien apprécié le discours de ce dernier). En revanche, dommage qu'En Fanfare n'ait rien reçu et que La zone d'intérêt ait été préféré au film Les graines du figuier sauvage de Mohamad Rasoulof. Et par ailleurs, à part une allusion de Justine Thieret, il n'y a pas eu d'hommage à David Lynch et les femmes n'ont pas été trop à l'honneur. Franck Dubosc avec son "Césariot", le César de ceux qui ne l'on jamais eu, a fait un discours très amusant.
-------------------------------------------
Je termine avec le décès de Gene Hackman (95 ans) et de son épouse (63 ans). J'appréciais bien Gene Hackman (1930-2025) qui était un acteur très éclectique qui a joué des rôles parfois ambigus. Il a joué dans des grands films comme L'épouvantail de Jerry Schatzberg (1973) et Conversation secrète de Francis Ford Coppola (1974, deux Palmes d'or à Cannes). D'autres films à retenir, French Connection de William Friedkin (1971), La firme de Sydney Pollack (1993) et bien entendu Impitoyable de Clint Eastwood (1992) ainsi que Mississipi Burning (1988). Un grand acteur qui n'avait plus rien tourné depuis 20 ans.
Après avoir lu une critique dithyrambique dans un hebdo télé que je lis et une bande-annonce prometteuse, je viens d'aller voir L'attachement de Carine Tardieu et j'ai beaucoup aimé, surtout la prestation de Valeria Bruni-Tedeschi (qui à elle seule vaut la peine d'aller voir le film). Heureusement que je n'avais pas encore lu le billet de Pascale. Alex (Pio Marmaï) accompagne sa femme qui est sur le point d'accoucher. Elliot, le garçon de la famille âgé de 6 ou 7 ans, est confié momentanément à Sandra (Valeria Bruni Tedeschi), la voisine de palier. Cette dernière n'est pas mariée, n'a pas d'enfant et elle s'occupe d'une librairie féministe. Donc, la vie de cette famille est loin de son univers. La parturiente décède subitement et Alex se retrouve à devoir élever tout seul Lucille, la nouvelle-née, et Elliot. Heureusement que Sandra est là car Elliot s'est très vite attaché à elle. Le film se déroule sur pendant les deux premières années de Lucille où on la voir grandir à la différence d'Elliott (le seul bémol du film). C'est une histoire sur la vie qui aborde de nombreux sujets sur le deuil, de la résilience, le bonheur, l'amour. J'ai passé un bon très moment sans m'ennuyer.
Je voudrais vous narrer sur ce qui s'est passé pendant la projection à laquelle j'ai assisté. À peine cinq minutes après le début du film, j'entends un ronflement (je me suis dit, le film semble ennuyer quelqu'un!) et ce ronflement a duré presque toute la projection. Je n'ai pas osé émettre une remarque derrière mon dos. A la fin de la projection, je me lève et que vois-je? Un labrador ou un golden retriever avec ses deux maîtresses. Il avait dormi comme un bienheureux pendant la projection avec un ronflement régulier. Je pense que c'est un chien d'aveugle (?) en période de dressage. Je n'ai pas eu la présence d'esprit de demander.
Je passe à Haut les mains de Julie Manoukian, une petite comédie très sympathique avec Vincent Elbaz, qui interprète le rôle de Bernard, un veuf inconsolable qui joue au cambrioleur, un as de l'ouverture de coffres. Il n'est plus de la première jeunesse pour escalader des murs. Lors d'un cambriolage, il fait la connaissance d'un trio qui se livrait à la même activité: les "Green Panthers", deux femmes et un homme qui font tout pour dénoncer les ravages que certaines sociétés capitalistes font subir à la nature sous couvert d'écologie et accessoirement, l'abus de pouvoir contre les femmes. Vincent et les trois autres vont devoir affronter Kramer, un flic ripoux relégué aux archives de la police, qui rêve d'appréhender les trois Green Panthers. Il a un vieux compte à régler que je vous laisse découvrir. Je crains malheureusement que le film ne reste pas longtemps à l'affiche et c'est bien dommage. Lire le billet d'Henri Golant.
J'ai hésité avant de me décider à voir ce film en avant-première dimanche dernier, 9 février 2025, dans l'une des salles que je fréquente à Paris. The Brutalist de Brady Corbet est un film de 3h30 divisé en deux par 15 minutes d'entracte décomptées sur l'écran. 1h40 pour la première partie qui se passe entre 1947 et 1952 et la deuxième partie dure 1h50 et se déroule à partir de 1952 jusqu'au début des années 60, et enfin un épilogue qui se passe en 1980. The Brutalist, c'est Lazlo Toth (Adrian Brody, absolument remarquable), un architecte juif hongrois qui débarque d'un bateau à New-York avec une simple valise en 1947. Sa première vision du Nouveau Monde est la statue de la liberté filmée en diagonale au large de Manhattan. Il a laissé derrière lui sa femme Erzsébet et sa nièce Zsofia qui sont restées coincées en Europe. Il est d'abord hébergé à Philadelphie dans un cagibi sans fenêtre par son cousin Attila (marié à une catholique), qui fabrique et vend des meubles que Lazlo trouve assez laids. Puis Laszlo et Attila acceptent d'honorer un contrat inespéré: créer et fabriquer une immense bibliothèque dans la demeure d'une famille fortunée. À partir de là, le destin de Laszlo bascule: il se lie d'amitié avec un Noir et son fils, il est rejeté par son cousin, il est renvoyé par le père du commanditaire de la bibliothèque avant d'être rappelé. Le père Harrison Van Buren (Guy Pearce, impérial) lui propose de construire un grand projet communautaire dans le style "brutaliste". Mais on rappelle bien à Laszlo qu'il n'est que toléré. Le racisme est sous-jacent en permanence dans cette Amérique d'après-guerre. Il y a un très beau travail sur la musique, le cadre, les couleurs, la lumière. Le film est aussi une belle histoire d'amour, mais tragique, entre un homme et une femme (Felicity Jones dans le rôle d'Erzébet est sensationnelle). Cette dernière est devenue handicapée à cause de l'ostéoporose. La nièce, elle, ne parle pas depuis son arrivée aux Etats-Unis. Je pourrais continuer à vous raconter les péripéties de ce film très maîtrisé mais Wiki*** le fait très bien. Pour résumer, on ne voit pas passer les 3h30. Au bout d'une heure 40, on n'a qu'une hâte c'est de voir la suite sans attendre. Le film ne plaira pas à tout le monde mais moi j'ai aimé (sauf l'architecture brutaliste assez écrasante), tout comme Pascale et Selenie. Une dernière remarque: The Brutalist m'a fait penser à There Will Be Bloodde Paul Thomas Anderson, d'un point de vue style de film.
C'est après avoir lu le billet de Pascale que je suis allée voir Maria de Pablo Larrain, qui sur déroule pendant les sept derniers jours de Maria Callas, ponctués de nombreux flash-back. Le film commence le 16 septembre 1977 dans un immense appartement avenue Georges Mandel à Paris, quand Maria Callas est retrouvée inanimée par terre. A partir de la séquence suivante, on est dans l'intimité de Maria pendant les sept derniers jours de sa vie, pendant lesquels elle espère encore retrouver sa voix quand elle était "La Callas". En guise de nourriture, elle prend du mandrax (méthaqualone), un sédatif très en vogue dans les années 70 qui lui donne des hallucinations. Elle n'est pas toute seule dans son appartement car Bruna, sa cuisinière et gouvernante ainsi que Ferrucio, le majordome, homme à tout faire et chauffeur veillent sur elle mais ils sont impuissants devant l'état de Maria. Et puis il y a les deux chiens de Maria. Dans les nombreux flash back filmés en noir et blanc, on a des bribes de la vie qu'a mené Callas, le triomphe de ses prestations vocales, sa rencontre avec John Fitzgerald Kennedy, avec Aristote Onassis et sa rivalité avec Jackie Kennedy, ou même lorsque sa soeur et elle ont chanté devant un officier allemand pendant la seconde guerre mondiale. Car même si Maria est née à New-York, elle a passé une grande partie de sa jeunesse et de sa vie de jeune femme à Athènes. Concernant le film, les parties chantées sont plutôt bien faites, même si on n'oublie jamais que l'on a Angelina à l'écran. En revanche, il est dommage que les personnages très intéressants que sont Bruna et Ferrucio ne soient pas plus développés. Ils ne sont que des faire-valoir. On ne sait rien d'eux et on ne saura rien d'eux, alors qu'ils sont interprétés par deux très bons acteurs comme PierFrancesco Favino et Alba Rohrwacher, et je n'oublie pas Vincent Macaigne dans le rôle du médecin qui annonce des mauvaises nouvelles à Maria. Un film que j'ai vu sans déplaisir mais c'est tout. Lire les billets de Pascale et Selenie.
Voici une histoire qui sort un peu des sentiers battus, par une cinéaste, Naoko Ogigami, dont c'est le premier film distribué en France sur les six qu'elle a réalisés. Cela se passe à Tokyo au Japon en 2011 au moment de la catastrophe de Fukushima. Le jardin zen raconte l'histoire d'une femme, Yoriko, de son mari Osamu, de son fils et de son beau-père grabataire dont elle s'occupe avec répulsion. Ils vivent tous ensemble dans un pavillon avec un jardin rempli de fleurs dont Osamu prend soin. Un jour, rentrant du travail, Osamu après avoir écouté la télé juste avant de diner, disparaît en laissant le tuyau d'arrosage du jardin ouvert. Quelques années plus tard, on retrouve Yoriko, adepte d'une "secte de l'eau", qui en suit les préceptes. Cette femme qui n'est pas souriante voire revêche parle peu mais elle semble être douée pour la cuisine. Il y a désormais des bouteilles d'eau partout chez elle. En revanche, le jardin est devenu un jardin sec (ou karensensui en japonais) avec des graviers blancs où l'on voit des formes rondes dessinées grâce à un râteau. L'ensemble est complété avec quelques rochers. J'avoue que quand je l'ai vu la première fois à l'écran, je l'ai trouvé très beau. Quand son mari revient sans crier gare quelques années plus tard, Yoriko n'est pas contente mais elle ne se révolte pas vraiment car elle apprend qu'Osamu a un cancer à un stade très avancé. Cependant Yoriko est capable d'humanité quand il s'agit de son fils (il est tout pour elle) ou d'une femme d'entretien avec qui elle se lie d'amitié et à qui elle parle de problèmes typiquement féminins. Je ne vous dirais rien de plus (il y a quelques moments savoureux que je vous laisse découvrir dans le supermarché où travaille Yoriko comme caissière). Le film se termine sur un air de flamenco. C'est un film surprenant qui évoque un pays où les Japonaises n'ont pas une vie facile dans une société très machiste.
Voici un film dont on ressort rendu heureux. Enfin, c'est ce que j'ai ressenti. La pie voleuse de Robert Guediguian est d'abord le nom d'un magasin qui vend et loue des instruments de musique à Marseille de nos jours. La pie voleuse, c'est certainement aussi Maria (Ariane Ascaride), une aide-ménagère qui s'occupe de personnes âgées ou handicapées. Elle les aime. Elle leur fait les courses et le ménage. Maria n'a qu'un défaut, elle garde la monnaie qu'elle devrait rendre et elle vole des chèques en imitant les signatures. Elle fait tout ceci pour payer des leçons de piano à son petit-fils qui est tout pour elle. En effet, Maria tire le diable par la queue avec son petit salaire et son mari Bruno (Gérard Meylan), retraité qui est un joueur de cartes et qui perd beaucoup. Parmi les personnes dont Maria s'occupe, il y a Monsieur Moreau (Jean-Pierre Darroussin), en fauteuil roulant. Il voit très peu son fils Laurent (Grégoire Leprince-Ringuet). Ce dernier qui est agent immobilier en veut à son père depuis longtemps, il voudrait que son père (ancien instituteur) vende sa maison trop grande pour lui (pour toucher sa part d'héritage) et il s'interroge sur le fait que son père loue un piano au magasin "La pie voleuse". De fil en aiguille, on fait la connaissance de Jennifer (la fille de Maria - jouée par Marilou Aussilloux) caissière de supermarché, de son mari Kevin (Robinson Stevenin), chauffeur poids lourds. C'est aussi l'histoire d'un coup de foudre (je vous laisse découvrir entre qui et qui). Ce moment m'a surprise mais enchantée en même temps. Un film qui m'a mis de très bonne humeur et que je vous recommande.
Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin, sorti le 22 janvier 2025, est un drame familial dans lequel Pierre (Vincent Lindon qui a reçu un prix d'interprétation au dernier festival de Venise en 2024), un caténairiste veuf depuis plusieurs années, a élevé tout seul ses deux fils, "Fus" (Felix - joué par Benjamin Voisin) et Louis (Stefan Crépon). Les deux sont désormais adultes et libres de faire ce qu'ils veulent. Les trois habitent une grande maison dans l'Est de la Francen, pas loin de Nancy. J'ai été frappée par le fait qu'il n'y ait aucune figure féminine dans le décor et pas de petite amie en vue. Fus, passionné de football, fait une formation en métallurgie mais il n'est pas encore diplômé. Louis, le cadet, fait des études littéraires et il vient d'être admis à la Sorbonne à Paris. On comprend assez vite que Fus se détache du cocon familial. Il fréquente depuis peu des personnes qui ne plaisent pas à Pierre. En effet, Fus s'est lié d'amitié avec des "potes" d'extrême-droite qui n'hésitent pas à commettre des exactions contre des grévistes ou des syndicalistes de gauche. Fus, quand il s'adresse à son père, tient un discours assez inquiétant. Et Pierre se demandera jusqu'au bout, car il se sent responsable, pourquoi Fus est devenu ainsi. Pierre sent qu'il a raté quelque chose. La fin m'a plutôt surprise. Je ne m'attendais pas à ce que l'histoire aille dans cette direction. Personnellement, j'ai aimé ce film bien joué mais vu le sujet, j'ai trouvé qu'il manquait un peu d'émotion, un peu de chair. Lire les billets de Pascale et Selenie.
Décidément, l'année cinéma 2025 commence bien avec ce film brésilien, Je suis toujours là de Walter Salles, qui a permis à l'actrice principale, Fernanda Torres, d'être récompensée d'un Golden de la meilleure actrice dans un film dramatique en 2025. Je suis toujours là est adapté d'un récit de Marcelo Rubens Paiva. En 1971, le Brésil est en plein dictature. J'avoue que j'ignorais cet état de fait. Rubens Paiva (le père de Marcelo) a fait de la politique. Député travailliste, il a été destitué, il est devenu ingénieur et il gère son entreprise. Pendant presque trois quart d'heure, on suit la vie insouciante de la cette famille Paiva, Rubens, sa femme Eunice (Fernanda Torres) et leurs cinq enfants (quatre filles et un garçon). Ils vivent dans un joli pavillon juste au bord d'une plage de Rio de Janeiro. Et puis, c'est le chaos. Rubens est emmené pour un interrogatoire et on ne le reverra jamais. Eunice en mère courage va être arrêtée avec une des ses filles et être interrogée pendant plusieurs jours et puis relâchée. Pendant plus de vingt-cinq ans Eunice attendra de savoir ce qu'est devenu son mari. Elle reprend des cours de droit, devient avocate. Avec ses enfants, elle s'installe à Sao Paulo. Quand elle obtient enfin le certificat de décès concernant son mari, elle est soulagée et presque heureuse. Triste histoire. Fernanda Torres qui vient d'être nommée aux prochains Oscars mériterait d'être récompensée. Elle est vraiment très bien dans le rôle d'Eunice. Il faut noter que sa mère Fernanda Montenegro qui joue Eunice très âgée est la propre mère de Fernanda Torres. C'est le troisième film de Walter Salles que je vois après Central do Brasil (1998) et Carnets de voyage (2003, sur la jeunesse de Che Guevara) qui étaient déjà très réussis. J'ai vu Je suis toujours là un dimanche soir en avant-première dans une salle pleine où j'ai beaucoup entendu parler portugais. Lire les billets de Pascale, Henri Golant et Selenie, ainsi que Ritournelle.
Après Mary et Max qui m'avait énormément plu, j'ai été contente de voir quinze ans plus tard le nouveau film de l'Australien Adam Elliot. Mémoires d'un escargot raconte, en stop motion (image par image) et en pâte à modeler, l'histoire de Grace Pudel et de son frère jumeau Gilbert nés d'un père français et d'une mère australienne morte en couches. C'est le père tétraplégique (suite à un accident) qui va les élever en Australie, tant bien que mal. À son décès, Grace et Gilbert âgés de 8 ans sont séparés et confiés à des familles d'accueil, à deux extrêmes du continent. Grace a été confiée à un couple échangiste sympathique adepte au développement personnel qui la laisse très seule. Gilbert, lui, est mal tombé, dans une famille qui cultive des pommes. Des vrais fous de dieu effrayants, en particulier Ruth, la mère.
Grace, avec son bec de lièvre mal rafistolé après une opération manquée, est une fille avec de grands yeux tristes mais expressifs. Elle a un corps dont elle ne sait pas quoi faire et un bonnet sur la tête orné d'antennes qui ressemblent à des yeux d'escargots. Les escargots, justement, qu'elle adore et auxquels elle s'identifie. Elle monologue pendant presque tout le film en s'adressant à un de ces gastéropodes qu'elle a appelé Sylvia. L'autre personne dont elle est proche est Pinky, une vieille dame excentrique (avec de grandes lunettes rouges) très attachante qui a mené une vie trépidante. Grace et Gilbert ne cesseront de s'écrire pendant leur séparation. Comme Mary et Max, ce n'est pas un film pour les jeunes enfants. Il faut noter le travail sur les couleurs, les objets entourant Grace. Déjà, le générique du début est un film en soi. L'ensemble dégage de la tristesse mais aussi de l'espoir pour les laissés-pour-compte, les sans-grades. Je vous conseille vraiment d'aller voir ce film. Lire la chronique de Selenie (moins convaincue).
Avec La chambre d'à côté, Pedro Almodovar vient de réaliser son deuxième film en langue anglaise et ça lui a réussi. Il faut dire qu'il a réuni deux très bonnes actrices, Tilda Swinton et Julianne Moore. J'ai aussi apprécié de revoir John Turturro. Ingrid (Julianne Moore) et Martha (Tilda Swinton) renouent après des années de séparation. Elles s'étaient connues en travaillant dans un magazine. Ingrid apprend que Martha a un grave cancer et qu'elle suit un traitement lourd. Martha se remémore sa jeunesse quand elle était tombée amoureuse d'un garçon qui, parti pendant un an au Vietnam, ne s'en est jamais remis. Elle narre le fait que la fille qu'elle a eue est en froid avec elle. On ne saura pas grand-chose de la vie d'Ingrid. Martha, ayant décidé d'arrêter de souffrir et de subir de lourds traitements, demande à Ingrid de l'accompagner dans une maison à deux heures de voiture de New York. Elles y attendront sa fin de vie, de la date de laquelle elle décidera. Je vous laisse découvrir les modalités. Résumer comme cela, on peut s'attendre à un film pesant avec du pathos. Et bien pas du tout, Pedro Almodovar, étant le réalisateur qu'il est, donne une certaine légèreté à l'histoire avec des pauses comme le dialogue entre Damian (John Turturro) ou les séances en salle de fitness. Il y a, comme d'habitude, un superbe travail sur les décors et les couleurs chaudes, et les deux actrices sont subtiles dans leur interprétation. Un beau film que je conseille.
Au tout début de cette année 2025, je suis allée voir deux films d'animation intéressants, mais quand je suis sortie de chacune des deux projections, mon moral était au plus bas.
Le premier, Flow, d'un jeune réalisateur letton, peut se définir comme un film survivaliste sans paroles. Flow, un petit chat noir, va tenter de survivre dans un monde envahi par les eaux où toute humanité semble avoir disparu. Il se retrouve sur un bateau à voile en compagnie d'un labrador sympathique, d'un capybara (un genre de gros rongeur), d'un grand oiseau (un messager sagittaire) et d'un lémurien. Ils vont naviguer au gré du courant entre de la végétation et des bâtiments. Malgré leurs différences, ces animaux vont s'entraider. Flow n'hésite même plus à sauter à l'eau pour attraper des poissons. J'ai trouvé le film empreint d'une grande tristesse, et son ton m'a chamboulée. Le film vient de recevoir le Golden Globe du meilleur film d'animation aux Etats-Unis début janvier 2025. Lire les billets de Pascale, Selenie.
Je passe à La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius, qui est très différent dans le style, mais l'histoire n'est vraiment pas gaie non plus. Elle évoque la deuxième guerre mondiale et la Shoah, certainement en Pologne, pas loin de camps d'extermination, dans les années 40. Le narrateur est le regretté Jean-Louis Trintignant, qui raconte l'histoire d'un pauvre bûcheron et d'une pauvre bûcheronne qui vont recueillir une petite fille encore bébé, jetée par son père d'un train en route pour la mort. Il s'agit d'une adaptation d'un roman du dramaturge Jean-Claude Grumberg. Le film est rythmé par le passage des trains et des arbres qu'on abat. Grâce à un voisin à la gueule cassée et à sa chèvre, la petite fille est nourrie. Il y a des moments joyeux mais d'autres beaucoup moins. La plupart du temps, cela se passe dans un paysage désolé et neigeux. Il y a un long passage sur le tragique destin des déportés dans les camps avant leur libération. La fin délivre une note d'espérance, mais elle est ténue. J'ai trouvé l'animation réussie. Mais je ne suis pas sortie guillerette de la projection. Lire les billets de Miriam, Pascale, Selenie.
Acte manqué? Quand j'ai (ta d loi du cine, "squatter" chez dasola) voulu revoir le film que je présente aujourd'hui, afin de terminer le billet que je projetais de longue date pour ces "dix ans" écoulés depuis le massacre de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, je me suis aperçu, dimanche dernier, que je n'arrivais pas à remettre la main sur le DVD! Il m'a donc fallu attendre de l'avoir déniché d'occasion pour parachever mon billet.
En cette journée de commémoration, je suppose que chacun a préparé l'événement depuis des mois, en pesant soigneusement ses mots. Pour ma part, ce film, je l'ai vu et revu. À l'époque de sa sortie, il pouvait encore prêter à l'optimisme: il date de 2008, soit 7 ans avant...
Daniel Leconte, C'est dur d'être aimé par des cons, 2008, 1 h 42
Bien sûr, je revois ce film en sachant ce qui a eu lieu 8 ans après le procès (c'était déjà le cas lors de ma première vision, largement postérieure à 2015). Il s'agit d'un documentaire sur le "procès des caricatures". Il commence bien entendu par égrener le rappel des faits (qui ont été rappelés par Richard Malka, l'avocat de Charlie, dans ses ouvrages): l'assassinat par un islamiste de Theo Van Gogh en novembre 2004; la publication de 12 "caricatures de Mahomet" sélectionnées après appel à concours par le journal danois Jyllands-Posten en septembre 2005; la tromperie réalisée par des imams danois en diffusant dans les pays musulmans ces caricatures augmentées d'images rajoutées sciemment aux 12 initiales dans le but d'attiser la haine. La publication par France Soir, la décision de L'Express (sous la responsabilité de Denis Jembar) et de Charlie de publier une nouvelle fois ces caricatures, en février 2006. Enfin, le sujet du film: le procès intenté par la Mosquée de Paris à Charlie Hebdo (et à Charlie seul: ni à France Soir ni à L'Express), visant deux des caricatures danoises ainsi que la couverture de Charlie Hebdo avec le dessin de Cabu.
Le documentaire contractualise le déroulement du procès en filmant la rédaction en réunion, au restaurant, en déplacement... Le procès proprement dit commence le 7 février 2007 (oui, cela fera 18 ans dans un mois!). Val (alors Directeur de la publication) court de journal télévisé en intervention à la radio (lors de l'une d'elles, il est évoqué que ce procès se tient avec l'aval au moins tacite de l'Elysée, où Jacques Chirac acheait son second mandat, à l'époque).
Daniel Leconte n'a pu bien entendu filmer les audiences elles-mêmes. Mais il filme souvent la "salle des pas-perdus" et les échanges (?) qui s'y déroulent. Caroline Fourest est très présente à l'écran. Le film alterne entre les images "captées sur le vif" et des entretiens réalisés a posteriori sur fond noir, avec des membres de l'équipe (Val est omniprésent), les avocats de Charlie, des témoins, ceux des parties adverses (Francis Szpiner entre autres), la procureur(e) de la République, qui sont amenés à répéter, à commenter, ce qu'ils ont déclaré.
Je retiens, quand il est question du procès en conférence de rédaction, Cabu disant (vers la 16e minute) "L'humour est complètement évacué chez les Talibans, tu ne dois pas plaisanter... j'avais lu un truc là-dessus". Ou Riss disant qu'on peut rire pour de multiples raisons, positives ou négatives (insulter ou intégrer...). En ce qui le concerne, "ça peut vous paraître étonnant mais je riais pour dire aux Musulmans: vous faites partie de la démocratie française".
On rigole à la noria des différentes parties pour se rendre aux (mêmes?) toilettes lors des interruptions de séance (36e minute). Parmi les personnes qui témoignent à portée de micro dans le palais de justice, il y en a certaines que je trouve... pénibles. On sent que des "militants" se sont mobilisés pour venir, non pas débattre, mais marteler un argument unique avec ce que je considère comme une pensée pauvre. Il y a, devant les micros tendus par la presse dans la salle des pas-perdus, quelques grands moments, comme le témoignage d'Elisabeth Badinter disant qu'elle espère que, surtout, la justice ne donnera pas tort à Charlie Hebdo, parce qu'alors on aurait tellement peur qu'on ne pourrait plus rien dire... Elle est admirative du courage des journalistes, en disant "on sait tous ce qui pourrait arriver maintenant, ce ne sont pas des fantasmes...".
Dans sa plaidoirie, Richard Melka a réussi à faire rire toute la salle d'audience avec l'argument: "c'est l'égalité de traitement avec les autres religions que vous voulez pour l'islam? Donc, vous voulez qu"il soit traité ainsi? (et d'exhiber d'innombrables dessins anti catholiques, antichrétiens...)? Voyons du côté du bouddhisme. Vous voulez ceci? Peut-être Charlie est-il boudhophobe?... Et les Sikhs... etc." (ces dessins ne sont pas montrés à l'écran. Mais il n'est que de parcourir des recueils de dessins des différents dessinateurs ayant oeuvré à Charlie à l'époque pour voir desquels il pouvait être question).
Le verdict est rendu le 22 mars 2007, relaxant Charlie Hebdo. L'insert final informe que le verdict a été confirmé après l'appel interjeté par l'UOIF et la ligue islamique mondiale, avec ce commentaire de la cour d'appel de Paris le 12 mars 2008: "les caricatures poursuivies comme toutes celles qui figurent dans ce numéro de l'hebdomadaire ont, par leur publication, participé au débat d'intérêt général sur la liberté d'expression."
PS2 (du 16 janvier 2024): Charlie Hebdo N°1695 du 15 janvier 2025 signale en p.3 le petit film (7 mn 43) produit par l'association Dessinez Créez Liberté: Tout ça pour ça. L'histoire du dessin de Cabu publié le 8 février 2006. On peut le découvrir sur le site cabu-officiel.com.
*
* *
Dix ans se sont désormais écoulés depuis le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.
Pour ma part, j'avais rédigé "à chaud" quelques billets en réaction à l'événement dès début 2015, tout en en commençant un certain nombre sans parvenir ensuite à les finaliser... Après le 7 janvier 2017 (deux ans après), j'ai enfin trouvé ma formule actuelle. J'ai décidé que je publierai désormais un billet tous les mois (le 7 de chaque mois), en lien plus ou moins proche ou lointain avec Charlie Hebdo, ses morts et ses vivants, et je m'y suis tenu depuis. J'en suis désormais à 107 billets, auxquels on peut ajouter les deux billets "Je suis Charlie" de dasola.
Dans mon billet du 7 janvier 2020 (il y a 5 ans), j'avais recensé ceux (49) parus à cette date. J'adopte la même logique pour ceux (60, exactement) que j'ai rédigés et publiés depuis: vous en trouverez ci-dessous un classement par collaborateur de Charlie concerné, eux-mêmes étant regroupés sous différentes rubriques.
== Ceux qui ont (heureusement) survécu == Fabrice Nicolino[blessé] Qui a tué l'écologie? (7 février 2021) Bidoche (7 novembre 2022)
Fabrice Nicolino & Catherine Meurisse : Ma tata Thérèse (7 décembre 2023)
== Autres collaborateurs de Charlie Hebdo [passés, présents, ...] == Catherine [Meurisse] Les grands espaces (7 août 2021) Scènes de la vie hormonale (7 septembre 2024) cf. Fabrice Nicolino
Je voudrais signaler que j'ai bien entendu acheté le numéro spécial publié par Charlie Hebdo (mais ne l'ai pas encore lu. J'aurai vraisemblablement l'occasion d'en reparler un prochain mois.
*
* *
Pour finir, je souhaite citer ce que j'avais relevé dans la Lettre N° 90 - janvier 2024 du Souvenir Français (créé en 1887 pour entretenir le souvenir des combattants - ceux de la guerre de 1870, à l'époque?) concernant les commémorations (la mise en gras est de moi):
"Les commémorations décennales jouent un rôle essentiel dans la vie commémorative française. Il en a été ainsi en particulier pour le bicentenaire de la Révolution en 1989 et le centenaire de la Première Guerre mondiale (2014-2018).
(...) Mais tous ces anniversaires décennaux n’ont pas le même « poids commémoratif ». En fonction de l’allongement de la vie, trois sont essentiels :
- Les 40ème anniversaires : c’est le moment où l’on peut rassembler le plus grand nombre d’acteurs d’une page d’histoire, dont une majorité ont atteint la retraite.
- Les 70ème anniversaires : c’est le moment où les derniers acteurs, ceux qui étaient jeunes au moment des faits peuvent encore témoigner d’avoir participé à l’événement commémoré.
- Les 80ème anniversaires enfin : c’est le moment où les acteurs cèdent la place aux derniers témoins, ceux « qui ont vu se dérouler l’événement ».
À partir du 90ème anniversaire, la place est cédée intégralement aux historiens, aux descendants et aux nouveaux acteurs mémoriels.
J'ai vu ce film en avant-première le 29 décembre dernier. Un ours dans le Jura est sorti le 1er janvier 2025 et j'espère qu'il rencontrera du succès. J'avais été attirée par la bande-annonce très amusante. C'est une comédie noire avec au bout du compte huit ou neuf morts. On apprend qu'il y a en effet un ours dans le Jura qui sème la panique et la mort sans l'avoir vraiment fait exprès. L'histoire se passe entre un 20 et un 27 décembre d'une année. Michel (Franck Dubosc), un pépiniériste spécialisé dans la vente de sapins, écoute Marie Laforêt dans son pick-up quand tout à coup, il croise la route d'un ours qui vient de semer la panique parmi un groupe de clandestins. Michel fait une embardée et percute une voiture à l'arrêt. Un couple meurt : une femme et un homme. Ce dernier est empalé sur une branche. En parallèle, le chef du groupe des clandestins (des "mules" qui transportent des boules de drogue) tombe dans un ravin. Michel est paniqué et le soir il révèle tout à sa femme Cathy (Laure Calamy, très bien). Ce couple mène une vie routinière sans passion, ils sont criblés de dettes et ils ont un garçon surnommé Doudou, mutique et un peu bizarre. Dans la voiture percutée, en plus des cadavres, Cathy et Michel trouvent un sac avec beaucoup d'argent. La police s'en mêle avec le gendarme divorcé plein d'humanité Benoit Poelvoorde (un de ses meilleurs rôles) et ses collègues Florence et Samy. Le film enchaîne des péripéties sans temps mort avec l'intervention d'un prêtre, d'un "parrain" mexicain et de son neveu, de la tenancière d'un club libertin et d'une juge d'instruction. Un très bon film français pour débuter l'année. Lire les billets de Pascale, Selenie et Henri Golant.
CINEMA, LIVRES, DVD, SPECTACLES, TV - BILLETS DE BONNE ET (parfois) MAUVAISE HUMEUR.
Critiques et opinions sur films, livres et spectacles.
[Secrétaire de rédaction et statistiques: "ta d loi du cine" (243 commentaires, du 17/01/07 au 21/06/25)].
STATISTIQUES, INFORMATIONS, RECORDS (DEPUIS LA CRÉATION DU BLOG)
* Blog créé le 09/01/2007, transféré sur Canalblog en juin 2007, migré à l'insu de son plein gré sur l'outil Overblog en février 2024 *
2933 billets (au 22/06/25) dont tous ont eu au moins un commentaire
35 490 commentaires (au 21/06/25 [+ 2 [anciennement 203] "égarés" lors de la migration"]) [dont 262 dasola] par au moins 1288 personnes, dont 96 (re)venues en 2025
418 blogueurs [dont 136 actifs en 2025] m'ont fait au moins 5 et jusqu'à 1272 (au 29/05/2025) commentaires (voir ci-dessus)
Abonnés (être prévenu à chaque nouveau billet publié sur le blog): 83 au 07/05/2025 (via "Newsletter" ci-dessus)